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Jean Ortiz nous a quitté

Nous avons la tristesse d’apprendre le décès de Jean Ortiz. Ami de notre association Retirada37 il était venu à Saint-Pierre-des-Corps en février 2018 nous parler avec la passion qui le caractérisait des Brigades internationales et de bien autres choses. Il avait présenté en juin 2016 avec émotion son film Compañeras réalisé avec Dominique Gauthier. José Manuel Cano López touché par ce film, nous a raconté dans sa pièce de théâtre documentaire « Romancero des ombres » la vie de ces « femmes aujourd’hui âgées qui ont été plongées dans les horreurs de la guerre, ont connu la disparition d’êtres chers, l’exil vers la France. Ces témoignages bouleversants sont tirés du commentaire « Companeras » de Jean Ortiz et Dominique Gautier. »

l’Article dans l’Huma
Disparition : Jean Ortiz, rouge passion
Spécialiste de l’Espagne républicaine et de l’Amérique latine, l’ancien correspondant de l’Humanité à Cuba s’est éteint, samedi, à l’âge de 74 ans.
Publié le
Dimanche 23 juillet 2023
Patrick Apel-Muller314091.
«  L’ennemi s’est infiltré », disait-il de sa maladie et de ce « diable de scanner qui a marqué un avant et un après », rendant plus épisodiques ses textes sur son blog de l’humanite.fr. Mais, bien conscient de la « défaite à venir », Jean Ortiz était de ces « insomniaques qui guettent angoissés l’aurore afin de reprendre la marche, chaque jour plus claudicante ». Pour ce « rojo, fils de rojo », une retirada n’interrompait pas le combat. Il s’est éteint, samedi, à l’âge de 74 ans.

De l’histoire tragique de l’Espagne qui avait marqué sa famille, comme de la Résistance dans laquelle son père avait combattu dans l’Aveyron, Jean Ortiz tirait une leçon de courage et se faisait un devoir par ses livres d’enquêtes historiques et ses documentaires de rétablir l’ampleur du crime franquiste avec ses massacres, ses enfants volés, ses tombes effacées. En 2010, il avait vigoureusement appuyé le juge Garzon qui voulait que les crimes des partisans du Caudillo soient jugés, malgré la loi d’amnistie de 1977.

« Je suis du pays de Jaurès, disait aussi Jean Ortiz, du pays des prolétaires du textile, de la sidérurgie, de la mine »

« Je suis du pays de Jaurès, disait aussi Jean Ortiz, du pays des prolétaires du textile, de la sidérurgie, de la mine. » Cet enracinement de classe l’avait naturellement conduit à l’engagement communiste. Il fut même candidat du PCF à deux reprises, lors d’élections législatives dans ses terres tarnaises à Castres (1973), puis en 9 e position dans le Sud-Ouest lors des élections européennes de 2009.

« Être révolutionnaire, affirmait-il, c’est contribuer à faire de l’humanité le moteur d’une vie. » Il tissait son militantisme de tout ce qui faisait son être singulier – pouvait-il faire autrement ? –, de ses passions, de ses « provocations jamais gratuites », de son verbe enfiévré, de ses colères parfois injustes sur lesquelles il savait revenir, de ce sentiment d’urgence qui ne le quittait pas et qui le conduisait à téléphoner au beau milieu de la nuit au directeur de la rédaction de l’Humanité. Comment lui en vouloir de partager ses insomnies ? Sa sensibilité à vif mettait souvent le doigt sur une arête de l’actualité, sur le revers d’un fait ou une information incomplète.

Devenu correspondant de l’Humanité à Cuba de 1977 à 1981 – il succédait à José Fort et précédait Maité Pineiro –, Jean Ortiz réalise aussi de grands reportages en Amérique latine. Il est ainsi au cœur de la révolution au Nicaragua et accompagne une colonne de guérilleros sandinistes jusqu’à la prise de Managua. Épopée inoubliable.

Après un bref passage parisien comme collaborateur du comité central du PCF sur l’Amérique latine, il quitte le journalisme pour une carrière d’enseignant, même si l’écriture d’un « papier » le démangeait toujours et qu’il y revenait comme à une féconde addiction.

En 1982, Jean Ortiz soutient une thèse de troisième cycle et le jeune agrégé d’espagnol devient maître de conférences à l’université de Pau.

CulturAmerica, un festival devenu vite incontournable

Ses passions l’y accompagnent et il crée un festival, CulturAmerica, dont il fait un pont avec l’Amérique latine, accueillant les personnalités progressistes et les intellectuels du continent, questionnant les expériences citoyennes qui y naissent et nouant des amitiés, avec Evo Morales notamment.

Le rendez-vous devient vite incontournable pour les chercheurs comme pour les amoureux de cette région du monde. Devenu un spécialiste reconnu de l’Amérique centrale et du Sud, il produit plusieurs ouvrages – dont l’un consacré à Che Guevara (2) – et secoue les consciences sur les crimes de Pinochet avec l’avocat chilien, son ami, Eduardo Contreras.

Producteur d’articles universitaires, Jean Ortiz touche à de multiples domaines, scénariste et metteur en scène avec son ami Dominique Gautier (3), mais également aficionado averti. Dans l’Humanité, il rédige plusieurs articles de défense de la corrida et publie un ouvrage de référence, Tauromachie et représentation du monde en Amérique latine (éditions Atlantica, 2005).

Les équipes de l’Humanité expriment leurs condoléances et leur amitié à la famille de Jean et à ses proches.

(1) Lire notamment chez Atlantica : Mi guerra civil (2005) ; Rouges. Maquis de France et d’Espagne. les guérilleros (2006) ; Guérilleros en Béarn. Étranges « terroristes » étrangers(2007) ; chez la Librairie des territoires : Franco n’est pas mort culo al sol ! (2019). (2) Le Socialisme à la cubaine, avec Georges Fournial (Éditons sociales, 1983) ; Fulgencio Batista et les communistes. Qui a trompé le diable ? (l’Harmattan, 1998) ; Vive le Che ! (Arcane 17, 2017) ; Julio Antonio Mella, l’ange rebelle. Aux origines du communisme cubain (l’Harmattan, 1999). (3) Rouge miroir(2005) ; Le Cri du silence (2007) ; Confidences cubaines (2007) ; Paroles d’anciens (2008) ; Fils de rojo (2009).

Poema a Jean Ortiz

Fallecido el 22 de julio de 2023.

Rojo camarada Juan Ortiz,

Rojo como la sangre de España.

Rojo como la solidaridad obrera,

La tuya, siempre con la mano tendida.

Con Eloi y el Comandante Robert

Quisiste echarnos una mano amiga,

Desde Pau hasta París.

Gracias, Rojo camarada indisciplinado Jean Ortiz.

Tu guerra civil fue la nuestra.

Rojos maquis de Francia y de España

Los Guerrilleros,

Rojas vidas, rojas memorias.

Rojo audaz de todos los combates,

Sindicales, universitarios,

Sociales, culturales, políticos

Sin olvidar al humilde obrero,

A tu padre Enrique, obrero,

Al mío, Daniel, obrero también,

Quienes en España,

En Francia soñaron con Lenin.

Tus nobles ideales : Cuba y el Che,

Chile, Evo Morales, Hugo Chaves,

Cecilio Gordillo, la reforma agraria en Andalucía.

Hijo de rojo, allez, allez !

Compañeras, Dominique Gautier.

La République est de retour

S í, como no, ya vuelve la Niña Bonita

Para tí, su gran paladín,

Para todos los rojos, para hombres nuevos, de ideales nuevos.

Rêvons, c’est pour bientôt, camarade Jean Ortiz.

Duerme en paz, camarada, amigo Juan Ortiz,

¡ Aquí, con nosotros, con la Tricolor,

Para siempre estás !

Rose-Marie Serrano

(Amis des Républicains Espagnols de RP, París 25/07/23).

Une vídeo de Jean Ortiz prise par Elizabeth Maugars lors de son passage à la bibliothèque de Saint-Pierre-des-Corps le 20 février 2018 à l’invitation de Retirada37 :

Douzièmes rencontres transfrontalières des associations de la Mémoire historique, démocratique et antifasciste

L’antidote de la Mémoire – Un peuple qui oublie son passé est condamné à le
revivre.

Programme des Rencontres Transfrontalières 2023

Vendredi 29 septembre 2023 :

Maison de la Vie Associative de Villeneuve sur Lot – GPS: 44.400909, 0.702389
10 heures : Ouverture des Rencontres

Avec les interventions des associations Caminar, MER 47, ACEPF (Expresos
Politics del Franquisme) et La Barranca- La Rioja.

12 heures : Présentation et visite guidée de l’exposition – «Cuarteles que
cuentan – La Mujer en la Guerra de España » par Luis Arduña Lapetra de la
Fondation 14 Avril

13 heures : Repas au restaurant Le Terminus à Villeneuve sur Lot

15 heures : Conférence d’Enzo Traverso, historien, professeur à l’université de
Cornell aux Etats Unis (New York) sur le fascisme, l’extrême droite, son histoire, ses stratégies et sa résurgence aujourd’hui.

Présentation et modération :

– Anélie Prudor, Docteure en anthropologie sociale et historique de l’Université
Toulouse-Jean Jaurès

– Luis Arduña Lapetra, militant de la Mémoire et élu ayant participé à
l’élaboration de la loi de Mémoire Démocratique d’Aragon, commissaire de
l’exposition «Cuarteles que cuentan – La Mujer en la Guerra de España ».

18 heures : Cérémonie devant le monument départemental de l’exil
républicain, à Villeneuve-sur-Lot. Dépôt de gerbe.

La Base au Temple sur Lot- GPS : 44.224715, 0.312809

20 heures : Repas au restaurant de La Base

21 heures 30 : Présentation et visite guidée de l’exposition « Libertad – La
Gironde et la Guerre d’Espagne – 1936-1939 » par Bernard Lavallé, professeur
de civilisation hispano-américaine à l’université de la Sorbonne Nouvelle et
commissaire scientifique de l’exposition.

Lecture de poèmes.

Samedi 30 septembre 2023 : La Base au Temple sur Lot
10 heures : réunion des trois groupes de travail

– Transmission de la Mémoire et éducation

– La loi de mémoire démocratique

– Communiquer la mémoire, stratégies et moyens – Des outils pour
parler de la République, de l’exil républicain et de la guerre d’Espagne.

13 heures : Repas au restaurant de La Base

15 heures : Table ronde sur le féminisme

“Evolution des politiques d’égalité de genre depuis la transition espagnole »
Analyse des législations française et espagnole. Pratiques institutionnelles.
Par :

• Maria Freixanet Mateo,Licenciée en sciences politiques de l’université Pompeo Fabra.

• Christine Roul, avocate à la Cour d’Appel d’Agen

Présentation et modération : Consol Hernández García, vice-présidente de
l’Amical de las Brigadas Internacionales de Catalunya-ABIC et Pascale Perez,
secrétaire de MER 47

18 heures : Restitution et propositions des trois groupes de travail

20 heures : Repas au restaurant de La Base – Temple sur Lot

21 heures 30 : Projection du documentaire « François Tosquelles – Une
politique de la folie » consacré à Francesc Tosquelles, psychiatre initiateur de lapsychothérapie institutionnelle. Chargé des services de psychiatrie de l’armée
républicaine en Extremadure et Aragon, il a créé après la retirada un service de
psychiatrie au sein du camp de concentration de Septfonds. Il a ensuite rejoint
l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban en Lozère puis a terminé sa carrière à
Agen en Lot et Garonne (près du lieu des RTF).

Dimanche 1er octobre 2023 :

Hôtel du Département à Agen- GPS: 44. 192635, 0.614782
10 heures : réunion plénière pour l’actualisation du Manifeste sur la base des
conclusions des trois groupes de travail.

12 heures 30 : Clôture des Rencontres et cocktail déjeunatoire.

EXPOSITIONS

– «Cuarteles que cuentan – La Mujer en la Guerra de España » à la Maison de la
Vie Associative de Villeneuve sur Lot

– «Libertad ! La Gironde et la Guerre d’Espagne » à La Base – Temple sur Lot.
– « Vivre debout : des femmes au camp de Gurs » à La Base – Temple sur Lot.
Participent à l’organisation des Rencontres : AFFNA 36, Ay Carmela, Brigadas
Internacionales de Catalunya, Associacio Catalana Ex presos Politics del
Franquisme, Caminar , Fundación 14 de abril – Huesca, La Barranca – La Rioja,
MER 47, MER 64, TML, Txinparta RMC.L’antidote de la Mémoire – Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre.

Formulaire d’inscription à charger ici :Inscriptions RTF 2023

« Cerdos: La guerre n’est pas finie”

« 1939 : entre 25 000 et 30 000 soldats républicains espagnols sont déportés vers le camp de concentration français de « Judes » à Septfonds, situé dans le Tarn-et-Garonne, à 60 km de Toulouse.

2019 : le projet d’extension d’un élevage intensif, porté à 6 500 porcs par an, voit le jour sur l’emplacement de l’ancien camp.

Ce documentaire tente de faire le lien entre les faits qui construisirent le passé et ceux qui construisent le présent. »

bande-annonce:

https://vimeo.com/manage/videos/830349027

Les dons se feront, sur le compte bancaire de La jetée films (IBAN: FR76 1027 8022 8100 0203 9040 292 – BIC : CMCIFR2A).

A partir de 15€, les donateurs se verront attribuer des contreparties dont le détail figure en pièce jointe.

Merci de diffuser le plus largement possible cette information afin que ce projet d’intérêt général voie le jour.

« Verdad Justicia y Reparación »

Communiqué de Caminar

Les résultats des récentes élections municipales et autonomes en Espagne permettent aujourd’hui au PP allié à VOX de gouverner les plus grandes villes d’Espagne et l’essentiel des communautés autonomes.

Cela sera de nature à entraver la mise en œuvre de la récente loi de mémoire démocratique qui repose pour une part importante, notamment en matière éducative, sur les communautés autonomes.

En effet, dès la publication au BO du 20 octobre dernier de la Loi de Mémoire Démocratique, le nouveau chef de l’opposition, Núñez Feijóo, avait déclaré qu’elle était un hymne à « l’oubli démocratique » et s’était engagé à l’abroger dès son arrivée au gouvernement avec la complicité de son partenaire VOX qui, de son côté, la considérait comme un « révisionnisme historique plus typique des régimes totalitaires ».

Pedro Sanchez vient par ailleurs d’annoncer que des élections législatives anticipées se dérouleront le 23 juillet prochain.

Une des premières conséquences de la dissolution anticipée des Cortes est que la « Ley de bebés robados » dont l’examen avait déjà été différé depuis plusieurs mois ne pourra être votée dans le cadre de la présente législature.

Caminar regrette que trop d’atermoiements et de pertes de temps aient conduit à une telle situation.

Caminar réaffirme sa volonté d’agir en coordination avec les associations mémorielles espagnoles pour que les avancées contenues dans la loi de Mémoire démocratique du 20 octobre 2022 ne soient pas remises en cause quelles que soient les alternances politiques et que cette loi puisse effectivement trouver une application concrète sur tout le territoire espagnol et pour ceux de l’exil républicain.

Les Rencontres Transfrontalières, qui réuniront du 29 septembre au 1er octobre prochain les associations mémorielles espagnoles et françaises, seront l’occasion d’affirmer que rien n’arrêtera l’action de ceux qui demandent, au travers de leur lutte, « Verdad Justicia y Reparación » .

¡ Democracia real ya !

Le Bureau de Caminar

L’opération Bolero-Paprika

Un « Bolero » très anti-communiste
7 septembre 1950 , nom de code : « Opération Bolero-Paprika ». Une rafle du gouvernement Pleven, socialistes et « radicaux » entre autres, contre les « communistes étrangers » réfugiés en France… essentiellement espagnols.
Mercredi 8 août 2018
Jean Ortiz

Les guérilleros… A la Libération, nombre d’entre eux furent décorés pour leur contribution à la victoire sur le nazisme. Mais pour eux, guérilleros antifascistes espagnols, pas d’euphorie ; la guerre n’était pas terminée. La lutte frontale pour chasser Franco, ils la poursuivaient… Et seuls. Quasiment seuls. Le parti communiste d’Espagne, le front « Union Nationale » (UNE) et la « Agrupación de guerrilleros españoles (AGE-UNE-FFI)  », préparaient l’opération armée « Reconquista » (« Reconquête ») de l’Espagne. Bouter Franco à la mer ! Le contexte, celui de la victoire sur le fascisme, selon le PCE , s’y prêtait. L’initiative n’était donc pas insensée. Son échec a servi cependant à régler de nombreux comptes, internes et externes au PCE. « Il n’existe à ce jour, aucun document, aucun témoignage de l’époque, attestant du désaccord de quelque dirigeant communiste (espagnol) que ce soit avec l’opération»[1].
 
OPERATION « RECONQUISTA »
 
Du 19 au 29 octobre 1944, 3000 guérilleros espagnols pénètrent en Espagne, au Val d’Aran, qu’ils occupent. A « l’attentisme », à la « stratégie diplomatique » , les guérilleros opposent « le volontarisme ».
Les gouvernements français, anglais et américain, considèrent, eux, que « l’Espagne ne les concerne pas », et ils se drapent dans une sorte de nouvelle « non-intervention », en réalité tout à fait interventionniste. Les combattants antifascistes espagnols se retrouvent une nouvelle fois lâchés par les « démocraties occidentales » et même persécutés, des deux côtés de la frontière. Non seulement ils entrent au Val d’Aran dans de mauvaises conditions, mais on les abandonne, et on poursuivra même ultérieurement des militants qui ont pris pourtant leur part de sang à la Libération du pays qui les expulse. L’échec des « invasions » militaires provoque dans le PCE (et hors PCE) d’interminables controverses et manipulations.
 
Santiago Carrillo « en profite » pour écarter de la direction l’homme de la reconstruction autonome du PCE, dès le début de 1939, et artisan de l’Union Nationale Espagnole, Jesús Monzón. Deux ouvrages analysent cette période et notamment le rôle de Monzon…[2] La CIA jette de l’huile sur le feu. A posteriori, le 2 décembre 1948, elle le confirme en publiant un rapport dans lequel elle affirme que la direction du PCE aurait délibérément envoyé au casse-pipe les meilleurs des guérilleros »[3]. Des historiens avaient déjà plus ou moins suggéré cette hypothèse, non établie, propagandistique, et relevant plutôt d’une « littérature du ressentiment »[4].
La situation internationale a pesé dans l’échec… Dès mai 1944, un message de Churchill indiquait : l’ESPAGNE, affaire des Espagnols. Au moment où les guérilleros pénètrent, une note des RG indique que « Franco a le soutien de la presse occidentale et des Anglo-Américains »[5].
 
COMPRENDRE LE CONTEXTE
 
La résistance postérieure à 1945 était en Espagne majoritairement communiste ; (quelques groupes libertaires s’organisèrent en maquis surtout urbains), mais le PCE était le seul parti espagnol à porter cette ligne de lutte armée insurrectionnelle antifranquiste ; et il l’abandonnera en 1948. Sur « ordre » de Staline, a-t-on trop souvent écrit. Rien à ce jour ne permet de le fonder vraiment. Le PCE a « infiltré » des centaines de militants armés en Espagne, dans le cadre de sa stratégie de « Reconquista », d’insurrection nationale…
 
Dès l’automne 1944, les autorités françaises déclarent la frontière « zone interdite ». Le 27 juillet 1945, elles en éloignent les guérilléros, afin qu’ils ne puissent plus la franchir. Le capitalisme espagnol soutient plus que jamais son camp, qu’il a grassement financé : la dictature . Et Franco, « sentinelle de l’occident », multiplie les gages envers la France  (et vice-versa), pour un rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
 
Les brigades de guérilleros, dissoutes le 31 mars 1945 par le  gouvernement provisoire de libération, pour s’en débarrasser, deviennent des « bataillons de sécurité ». Par la suite, De Gaulle invitera les guérilleros espagnols à partir combattre en Indochine, dans une sale guerre coloniale.
 
Au pied des Pyrénées, pour beaucoup d’ antifascistes espagnols d’alors, la « Guerre froide » commence dès l’automne 1944. Objectif principal des « Alliés »: isoler le PCE, consolider plus ou moins discrètement Franco. Le PCE a construit en France un appareil clandestin, (surveillé de près par la DST) pour soutenir ses « maquis » de l’intérieur : guérilleros, passeurs, agents de liaison, dépôts d’armes… Franco souhaite normaliser rapidement les relations avec Paris, à condition que la France « nettoie » le grand sud-ouest, en élimine les « rouges », présentés en Espagne comme exagérément influents en France. Depuis 1948, les rapports se dégèlent lentement entre la dictature franquiste et le gouvernement français. La « Guerre froide » va faire du communisme le mal absolu. « L’opération Boléro-Paprika  va porter un coup sérieux au PCE mais au-delà, aux autres organisations antifascistes, à la France progressiste et à la cause républicaine, qui n’avait pas besoin de cela…
Le gouvernement français (22 ministres) socialistes et radicaux, (on dirait aujourd’hui de « centre-gauche »), en place depuis juillet 1950 et présidé par René Pleven, réprime sans ménagement les grandes grèves ouvrières… Le gouvernement comporte 9 ministres MRP, 8 Radicaux dont Edgar Faure, 4 PRL (Antoine Pinay) trois UDSR Union Démocratique, socialiste, de la Résistance. (Pleven, Mitterrand (secrétaire d’Etat), Claudius Petit ), etc.
Le 7 septembre 1950, à 5h du matin, commence brutalement « l’Opération Boléro-Paprika » ; des portes volent en éclats. A l’aide de gros moyens, la rafle apparaît comme l’une des plus importantes de la « Guerre froide »[6] L’Opération Boléro-Paprika vise des dizaines de militants exilés en France, communistes espagnols (« boléro ») 13 Italiens, et quelques autres militants d’Europe de l’est : 59 Polonais, 4 Roumains, 14 Soviétiques (« Paprika »)… Au total la rafle, cette page noire, cette honteuse persécution de « héros », sépare des familles, accentue la dureté des conditions de vie de l’exil et des « doublement déportés » (une soixantaine en Corse)… Capturés, 288 militants (selon les archives policières) dont 177 communistes espagnols, sont déportés, placés en résidence surveillée, en Corse (61), en Algérie, et même en « Allemagne de l’Est », en Tchécoslovaquie, assignés à résidence, ou en France métropolitaine, par décret (toujours pas abrogé), loin de chez eux. Ces anciens guérilleros font valoir leurs états de service… Rien ne dissuade Paris. Les intérêts de classe priment sur tout le reste. La « Guerre froide » percute de plein fouet un exil très investi contre Franco…
La presse espagnole, « Arriba », « La Vanguardia »… exulte. Peu avant l’opération, le PCE et le PSUC (communistes catalans) et leurs organisations féminines, de jeunesse, syndicales… proches, leurs journaux et publications : « Mundo Obrero », « Lluita » (organe du PSUC), « Nuestra Bandera » (revue théorique), « El Obrero español », « Solidaridad española » avaient été interdits le 26 août et le premier septembre les organisations communisantes illégalisées.
 
La plupart des hauts dirigeants du PCE (Líster, Carrillo, Claudín, Mije, Uribe, Antón, Luis Fernández…)° échappent à l’arrestation. La direction communiste du puissant PCF parvint à les informer afin qu’ils puissent se cacher…
 
(fin de la première partie)
 
 
[1] « Rouges. Maquis de France et d’Espagne. Les guérilleros », coord Jean Ortiz, Biarritz, ed. Atlantica, 2006, p. 260
 
[2] AZCARATE, Manuel (ancien dirigeant communiste) « Derrotas y esperanzas… », Tusquets ed., Barcelona, 1994) et MARTORELL, Manuel, (journaliste et historien) Jesús Monzón, el líder comunista olvivado por la historia » (Pamiela ed., Pamplona, 2000)
 
[3] Rapport CIA, 2/12/ 1948, Barcelona, La Vanguardia, 17/11/2005
 
[4] ARASA, Daniel, “Años 40: los maquis y el PCE”, Barcelona, ed. Argos Vergara, 1984, MORÁN, Gregorio, “Miseria y grandeza del PCE, 1939-1985”, Barcelona, ed. Planeta, 1986
 
[5] Note des RG, Préfecture des Basses Pyrénées, 2 oct. 1944, n 5249, Pau, ADPA, 1031W237
 
[6] Archives nationales, Paris, F.7 161114

UN « BOLERO » TRÈS ANTI-COMMUNISTE . 2ème partie
Le général communiste Enrique Líster a joué un rôle de premier plan dans l’organisation et la direction des « maquis » espagnols.
Mercredi 8 août 2018
Jean Ortiz

L’opération « Reconquista de España» supposait également qu’un hôpital de l’arrière, en France et pas loin de la frontière, serve de « retaguardia » médicale (arrière-garde) aux guérilleros blessés. Le PCE et « l’Amicale des anciens FFI et résistants espagnols » aménagent à Toulouse, quartier Saint-Cyprien, un vieux bâtiment qui devient « l’Hôpital Varsovie », au 15 de la rue du même nom, un hôpital de qualité, solidaire, militant, qui peu à peu opère et soigne bien au-delà des guérilleros. La plupart des médecins sont militants du PCE ou proches de lui.
 
L’hôpital sera lui aussi, impitoyablement, victime du déploiement policier du gouvernement de « centre-droit et gauche », de l’ Opération de  « Guerre froide »  « Boléro-Paprika » ; « el hospital de los guerrilleros », véritablement décapité, et ses médecins espagnols arrêtés, déportés eux aussi, ou assignés à résidence, etc. Dans la journée même, des médecins communistes français prennent le relais, et l’hôpital prendra le nom de « Joseph Ducuing » en hommage à celui qui reprit la direction et le flambeau. La grande rafle suscite peu de réactions en France de l’époque. Plus il est gros et répété, mieux le mensonge passe… « L’Humanité », la CGT, le PCF, la Ligue des Droits de l’Homme… mènent une campagne de dénonciation et de solidarité. Le chef d’accusation finalement unique appliqué à tous les détenus, au-delà du grotesque : « intelligence avec une puissance étrangère », c’est l’accusation « d’appartenance communiste », et de surcroît étrangère.
 
Léon Blum vole au secours des « boléristes » et lance : « le communisme international a déclaré la guerre à la démocratie »[1].
 
Les militants espagnols, intégrés aux syndicats français, luttent avec leurs camarades. Les autorités françaises, de droite, gaullistes, socialistes, radicales, de « troisième force », haïssent ces « rouges espagnols » révolutionnaires, « bouffeurs de curés », et de patrons. Une belle « union sacrée » ! Le 29 octobre 1948, le président du gouvernement, en pleine grève minière, accuse « la foule criminelle des communistes espagnols » d’avoir « attaqué les forces de l’ordre… ». Il fait porter aux Espagnols la responsabilité des affrontements sanglants, fruits de sa terrible répression contre les puits d’Alès, de Saint-Etienne, du Nord… et les mineurs grévistes. A partir de 1947, la France tourne le dos totalement aux Républicains espagnols et se place ouvertement sous la tutelle des Etats-Unis.
 
La presse française, « Le Figaro » en tête, accusent, eux-aussi, « la cinquième colonne » qui préparerait une « invasion soviétique » du sud de la France. Un danger mortel, totalement fantasmé, mais matraqué jusqu’à plus soif. Une telle parano , il faut le faire ! Ces propos sont repris par le très référentiel « Le Monde », et même « Le Populaire », journal du PS, « France Soir »… « L’Humanité » s’insurge contre l’arrestation de 300 antifranquistes, et le gouvernement qui cède aux pressions de Madrid[2], maltraite des héros de la Résistance, veut « nettoyer » de leur présence le grand sud de la France.
 
Peu à peu, la lutte des classes reprend ouvertement son cours normal. « Mieux vaut Franco que le ‘frente crapular’ ! ». Les socialistes jouent l’attentisme ; en septembre 1945, le plenum du PSOE condamnait l’organisation « de révoltes et d’incidents » qui pourrait légitimer, au plan international, l’existence d’un gouvernement de fait en Espagne »[3]. Le premier août 1950, le sénat nord-américain avait autorisé l’octroi d’un prêt de 62,5 millions de dollars à l’Espagne franquiste. Le 4 novembre 1950, l’ONU revient sur sa résolution du 12 décembre 1946 et autorise désormais ses membres à rétablir les relations diplomatiques avec l’Espagne. Décembre 1951, en ce qui concerne la France… Quelques semaines après « Boléro-Paprika ». Tout est là. Le 8 mai 1948, et le 14 juin 1949, la France et l’Espagne avaient déjà signé des accords commerciaux et financiers.
 
Le 23 septembre 1953, le président Eisenhower paraphe à Madrid avec Franco, en grande pompe, les « Accords de Madrid », en toute « cohérence » : reconnaissance diplomatique du fascisme espagnol contre soutien économique et militaire de Washington, et quatre bases militaires.
 
Comme Somoza, Franco était un « fils de pute », mais c’était « notre fils de pute », comme le déclara, un jour d’inhabituelle lucidité, le président nord-américain.
 
 
[1] DENOYER Aurélie, « Résonances françaises de la guerre d’Espagne », HAL, Archives ouvertes, ed. D’Albray, 2011, p. 295-312.
 
[2] Archives nationales, Paris, f 7/16114, Boléro-Paprika
 
[3] SERRANO Segundino, « Maquis », Madrid, ed. Temas de hoy, 2001, p. 145.

Winnipeg, le navire qui a mené vers l’exil des centaines d’Espagnols opprimés.

Le 4 août 1939, après la défaite des républicains dans la guerre civile, des centaines de familles espagnoles exilées et survivant dans les camps de concentration français montent à bord d’un vieux cargo pour fuir vers le Chili. Et ce plan avait un père : le poète Pablo Neruda. C’est une histoire où la solidarité finit par vaincre la douleur.

MARCEL BELTRAN@BELTRAN_MARCEL
Toutes les histoires de guerre sont marquées par la cruauté et la souffrance. Certaines, cependant, s’échappent des lignes et avancent dans une direction opposée, comme si quelqu’un les avait écrites à l’envers. En voici une d’entre elles. Lola Patau avait cinq ans lorsqu’elle est montée sur le bateau qui a changé sa vie avec sa mère et son père. Aujourd’hui, à 88 ans, lorsqu’elle décroche à l’appel du journal Público et qu’on l’interroge sur ce voyage plein d’incertitudes, elle répond avec un enthousiasme implacable : « C’était une belle aventure. »
Lola est une de ces plus de 2 000 personnes de nationalité espagnole qui, le 4 août 1939, embarquent à bord du Winnipeg depuis le port de Pauillac, près de Bordeaux, pour se rendre au Chili. Des centaines de familles qui, après avoir perdu la guerre civile, avaient traversé la frontière avec bien d’autres pour finir entassées, la plupart, dans des camps de concentration français, où les conditions de vie étaient misérables. Ils n’ont pas hésité à s’inscrire lorsqu’ils ont appris que Pablo Neruda y Abraham Ortega Aguayo, ministre des Affaires étrangères et du Commerce du gouvernement chilien de Pedro Aguirre Cerda, s’étaient lancés dans l’organisation d’un voyage avec un vieux cargo pour emmener des victimes du franquisme de l’autre côté de l’Atlantique. Ce voyage,deviendrait en fait celui avec le plus grand contingent de passagers de toute l’histoire de l’exil républicain espagnol. Même si personne ne savait alors comment ils seraient reçus lorsqu’ils arriveraient à destination.
« Les filles et les garçons du Winnipeg étaient les plus choyés par les membres de l’équipage. Tout le monde veillait sur nous. On jouait toute la journée, il y avait même des professeurs qui nous donnaient des cours. Pour les adultes, peut-être pas tant que ça, mais pour nous , sans aucun doute, ce furent quelques semaines très heureuses », explique Lola, la voix claire, sans égratignure. Elle est née à Barcelone, ville dans laquelle elle est revenue après avoir vécu 24 ans à Santiago du Chili. Son père travaillait pour la Generalitat de Catalunya et, après le déclenchement du conflit, il fut le premier à franchir les Pyrénées. Il fut interné dans l’un des camps situés au bord de la frontière, et arriva plus tard à Toulouse, où il avait de la famille. Sa mère a traversé les montagnes pour le retrouver, puis est revenue la chercher, elle qui était sa fille unique. Quelques mois après, ils obtenaient une autorisation pour repartir de zéro à l’autre bout du monde. Le jour de leur embarquement, Neruda, qui était en France personnellement chargé des préparatifs, a donné aux plus petits une mallette avec des produits d’hygiène de base pour le voyage.

Le poète, aujourd’hui très remis en cause par la gauche et le féminisme en raison de certains passages polémiques de ses mémoires, a sympathisé avec la cause républicaine puisqu’il a été Consul du Chili en Espagne quelques années plus tôt. Après la fin de la guerre civile et apprenant la situation dans laquelle des milliers de réfugiés étaient piégés, il proposa d’en aider quelques-uns en convainquant Aguirre Cerda de leur ouvrir les portes du Chili. Le président le nomma Consul spécial pour l’émigration espagnole à Paris pour coordonner le transfert. Le voyage fut financé par le Service d’Evacuation des Réfugiés Espagnols (SERE), la Fédération des Organisations Argentines pour les Réfugiés Espagnols (FOARE) et le Comité Chilien d’Aide au Réfugié Espagnol (CChARE), et compta aussi sur l’appui financier de l’Uruguay et de la Colombie.
Bien que les secteurs les plus conservateurs et une grande partie de la presse du pays d’accueil aient d’emblée manifesté leur rejet de cette idée. « Cela ne facilite pas l’immigration, cela remplit nos rues de voyous », s’est plaint un député de droite dans les couloirs du Congrès chilien alors que le Winnipeg avait déjà tracé sa route qui, une fois avoir traversé l’Atlantique, devait passer par le canal de Panama et se diriger vers le sud à travers le Pacifique. Le débat gagna les rues et prit de l’ampleur, beaucoup interprétant qu’ils tendaient la main à des « rouges purs et à des communistes ». Aguirre Cerda lui-même menaça de faire marche arrière. Mais à ce moment-là, grâce à la pression d’Ortega Aguayo, l’un des visages les plus connus de son cabinet, prêt à mettre sa démission dans la balance s’il faisait avorter le projet. Pour le ramener à la raison, il lui assura que le navire amènerait de nombreux ouvriers qualifiés au Chili.

« Ce qui s’est passé avec Winnipeg est un exemple de la façon dont l’immigration peut devenir un modèle de succès absolu pour n’importe quel pays », affirme Laura Martel, une écrivaine et scénariste canarienne qui a fait des recherches pendant des années pour connaître tous les détails de cette histoire. En 2014, elle lui dédie la bande dessinée Winnipeg : le bateau de Neruda, avec des dessins d’Antonia Santolaya, qui deviendra plus tard une pièce de théâtre et pourrait bientôt être un film. « Le poète lui-même était chargé de sélectionner les membres de l’équipage et de rédiger les rapports pertinents pour le ministère des Affaires étrangères. Il a fait du bon travail, bien que Neruda ait été un désastre pour ces choses là, ce qui fait penser que la responsable du ce succès était son épouse, Delia del Carril, « la petite fourmi » raconte Laura.
Le gouvernement chilien avait ordonné que l’on choisisse des profils de techniciens avant tout, mais de nombreux pêcheurs, paysans, maçons, cordonniers, artistes montèrent également sur le cargo. Et leurs enfants, bien sûr.
Tous, un mois seulement après leur départ, ont atteint la côte chilienne. Certains ont débarqué à Arica, où il n’y avait même pas de port et où le navire devait mouiller. La plupart sont descendus à Valparaíso. Au moment de son arrivée, la Seconde Guerre mondiale venait de commencer. Le dernier tronçon du voyage devait se faire de nuit, pour éviter d’éventuelles attaques de sous-marins allemands. Ce que les migrants ont trouvé sur cette autre côte était loin de ce qu’ils avaient tant craint. Le Chili les a reçus avec les honneurs. Une foule impressionnante s’est bousculée sur la jetée, grimpant sur les grues et les toits des immeubles pour les saluer. Il y avait des drapeaux, des bannières et de la musique, ainsi que des stands de collecte de nourriture et de vêtements.
Dans la foule, un jeune homme à lunettes au sourire franc tentait de gagner une place au premier rang en tant que représentant du gouvernement. C’était le ministre de la Santé. Votre nom? Salvador Allende. Tous les doutes sur le bien-fondé de l’accueil des réfugiés ont été effacés d’un trait de plume. Laura confirme ce rebondissement : « Les journaux chiliens, à cette époque, avaient deux éditions. Le 3 septembre 1939, au matin, ils rapportaient que la guerre avait commencé en Europe. Et le soir, ils répétaient tous les mêmes titres. : ce sont des hommes, des femmes et des enfants pauvres qui ont tout perdu : accueillons-les. Le sentiment de solidarité a été instantané. Personne n’allait plus leur tourner le dos.

« Je n’ai jamais entendu de mauvaises paroles contre moi ou ma famille », se souvient Lola. « Jamais ». Dès le moment où l’équipage a posé le pied sur la terre ferme, ils ont su qu’ils avaient trouvé une nouvelle maison. Ce voile d’espoir et de générosité qui a fini par couvrir le voyage du Winnipeg est ce qui a fasciné Laura dès le début, ce qui l’a poussée à vouloir en savoir plus. « Chaque fois qu’on nous raconte des histoires de cette époque, ce sont des histoires tragiques et cruelles qui montrent le pire des êtres humains « , raconte-t-elle. « Mais cette histoire m’a semblé être l’antidote à tout ça. C’était une histoire de solidarité. Et la solidarité est l’antidote à la guerre »

Pour écrire la bande dessinée, qui devait d’abord être un documentaire, l’écrivain s’est rendu au Chili en 2010 pour interviewer ces exilés encore vivants. À sa grande surprise, après tant de temps, loin du pays où ils sont nés, elle a trouvé des personnes pleines de vie et agréables qui lui ont offert de l’aide de manière désintéressée. Ils lui ont remis les dossiers et les objets qu’ils gardaient, ils lui ont raconté les anecdotes dont ils se souvenaient du voyage, ils l’ont mise en contact avec d’autres passagers. Tout, sans rien demander en retour. « Les gens qui ont à un moment donné bénéficié de la solidarité des autres sont des gens heureux », estime-t-il. « Et prêt à vous aider dans tout ce qu’il faut. »
Les passagers ont trouvé au Chili une deuxième patrie dans laquelle ils ont tenter de reconstruire leur vie. Et le Chili a trouvé en eux une poignée de citoyens reconnaissants et prêts à s’intégrer dans leur société. Certains resteront pendant des décennies avant de retourner en Espagne (dont quelques-uns ont dû faire leurs valises après le coup d’État de Pinochet en 1973, avec lequel ils ont dû faire face à un deuxième exil). D’autres, directement, ne reviendraient jamais. Mais ils ont tous laissé leur empreinte sur le pays qui les a accueillis.
Sur la liste des passagers de Winnipeg, par exemple, le nom de Víctor Pey apparaît, un ingénieur de Madrid qui a combattu pendant la guerre civile avec les républicains dans la colonne Durruti, et qui finira par devenir le propre conseiller d’Allende lorsqu’il a été nommé président. . Soit dit en passant, Pey, avec son frère Raúl, a été chargé de construire le premier port commercial d’Arica dans les années 1960. La même ville que vingt ans auparavant ils avaient vue du pont du vieux cargo avec les yeux mouillés après 30 jours de navigation en haute mer. Voyageaient également sur le bateau Leopoldo Castedo, un historien renommé qui a fini par travailler à la Bibliothèque nationale du Chili ; le peintre José Balmes, lauréat du Prix national des arts plastiques en 1999, ou Carmen Machado, la nièce des poètes Antonio et Manuel. Et, bien évidemment, Roser Bru, qui débarqua avec sa famille à Valparaíso en 1939 à l’âge de 16 ans et est aujourd’hui considérée comme l’une des figures les plus influentes de l’histoire de l’art chilien moderne, après avoir exposé ses peintures dans les musées les plus importants de monde, comme le MoMA de New York.
Roser Bru a continué à voir Lola pendant des années à Santiago. Plus précisément, au Centre Català, que les exilés de la région ont transformé en un point de rencontre régulier pour parler et se se mettre à jour. Dans le même but, le Centre Basque, ou Centre Républicain, situé au Café Miraflores de cette même capitale, a été fondé. « Nous n’avons pas laissé le lien se perdre. Nous étions comme une grande famille. Avec certaines personnes que j’ai rencontrées à Winnipeg, nous avons continué à rester en contact même lorsque nous étions déjà retournés en Espagne », explique Lola.
Dans son cas, elle est rentré chez elle en 1963, sur décision de son père. Pour elle, peut-être un peu trop tôt. « J’ai été la plus touchée, car toute ma jeunesse, ma carrière et mes amis étaient au Chili », raconte-t-elle. Installée à Santiago, la famille subvient à ses besoins pendant des années grâce à une cave à vins, Viña Santa Lucía. Elle s’est inscrite à l’université. Et plus encore : au fil du temps, elle est devenue la première journaliste chilienne diplômée, en se présentant et réussir avec deux autres camarades de classe aux examens de l’École de journalisme récemment créée. Elle reconnait que ces années intenses et passionnantes sont encore très fraîches dans sa mémoire : « Comme on me le dit souvent, je suis plus chilienne que les haricots porotos chiliens, car j’ai été éduquée là-bas, et cela me semble toujours être un pays merveilleux. » Elle y est retourné en plusieurs occasions. Dans l’une d’elles, elle réalise un rêve : que ses enfants, catalans, connaissent la terre où leur mère a grandi.
Le Winnipeg a quitté le port de Pauillac il y a 84 ans. Ce jour d’août, alors que le navire venait de lever l’ancre, Neruda ouvrit son carnet et lui dédia quelques mots : « Que la critique efface toute ma poésie, si cela vous arrange. Mais ce poème, dont je me souviens aujourd’hui, personne ne pourra l’effacer. » Pour Laura Martel, malgré le fait que personne n’ait pu l’effacer, il est moins présent qu’il ne devrait l’être, notamment en Espagne, où beaucoup ne savent même pas qu’il a existé. Le poème de Winnipeg, un antidote à la douleur. « C’est un épisode peu connu ici, mais parce que dans ce pays, pour des raisons absurdes, il y a une partie de la société qui ne veut rien entendre de la guerre civile », explique l’auteur. Pour elle, il n’y a qu’un seul remède pour combattre ce silence : « Raconter l’histoire encore et encore, et encore et encore, jusqu’à la nausée, de toutes les manières possibles. C’est ce qu’il continuera à faire.
Traduction par mes soins de l’article du journal Publico de Marcel Beltran Winnipeg, el barco que llevó al exilio a cientos de represaliados españoles

​ Winnipeg, el barco que llevó al exilio a cientos de represaliados españoles

​ El 4 de agosto de 1939, tras la derrota del bando republicano en la guerra civil, cientos de familias españolas que se habían exiliado y malvivían en campos de concentración franceses se subieron a un viejo carguero para huir a Chile. Y aquel plan tenía un padre: el poeta Pablo Neruda. Esta es una historia en la que la solidaridad le gana el pulso al dolor.

MARCEL BELTRAN@BELTRAN_MARCEL
Todas las historias de guerra están marcadas por la crueldad y el sufrimiento. Algunas, sin embargo, escapan de los renglones y avanzan en dirección contraria, como si alguien las hubiera escrito al revés. Esta es una de ellas. Lola Patau tenía cinco años cuando se subió con su madre y su padre al barco que le cambió la vida. Hoy, a los 88, cuando descuelga la llamada de Público y le preguntan por ese viaje colmado de incertidumbres, responde con un entusiasmo implacable: « Fue una gran aventura ».
Lola fue una de las más de 2.000 personas con nacionalidad española que el 4 de agosto de 1939 zarparon a bordo del Winnipeg desde el puerto de Pauillac, cerca de Burdeos, para dirigirse a Chile. Cientos de familias que, después de perder la guerrra civil, habían cruzado la frontera junto a muchas otras para acabar hacinadas, la mayoría, en campos de concentración franceses, donde las condiciones de vida eran miserables. Y que no dudaron en postularse cuando supieron que Pablo Neruday Abraham Ortega Aguayo, ministro de Relaciones Exteriores y Comercio del Gobierno chileno de Pedro Aguirre Cerda, se habían embarcado en la organización de una travesía con un antiguo carguero para llevarse a represaliados del franquismo al otro lado del Atlántico. Aquel viaje, a la postre, se convertiría en el de mayor contingente de pasajeros de toda la historia del Exilio republicano espanol. Aunque entonces nadie sabía cómo iban a ser recibidos cuando llegaran a su destino.
« Las niñas y los niños del Winnipeg éramos los más privilegiados de la tripulación. Todo el mundo estaba pendiente de nosotros. Jugábamos todo el día, incluso había algunas profesoras que nos daban clase. Para los adultos, quizá no tanto, pero para nosotros, sin duda, fueron unas semanas muy felices », explica Lola, la voz clara, sin un raspeo. Nació en Barcelona, ciudad a la que volvió después de vivir 24 años en Santiago de Chile. Su padre trabajaba en la Generalitat de Catalunya, y, tras estallar el conflicto, fue el primero en atravesar los Pirineos. Ingresó en uno de los campos situados al borde de la frontera, y más tarde llegó a Toulouse, donde tenía familia. Su madre cruzó las montañas para encontrarlo, y luego volvió a por ella, su única hija. A los pocos meses conseguirían un permiso para empezar de cero en la otra punta del mundo. El día que embarcaron,Neruda que estaba en Francia encargándose personalmente de los preparativos, les regalaba a los más pequeños un maletín con productos básicos de higiene para que los acompañara en el trayecto.
El poeta, hoy muy cuestionado por la izquierda y el feminismo debido a algunos pasajes polémicos de sus memorias, simpatizaba con la causa republicanadesde que ejerciera unos años antes como cónsul chileno en España. Tras acabar la guerra civil y conocer la situación en la que habían quedado atrapados miles de refugiados, se prestó a ayudar a unos cuantos convenciendo a Aguirre Cerda para que les abriera las puertas de Chile.El presidente lo nombró Cónsul Especial de Emigración Española en París para que coordinara el traslado. El viaje lo financiarían el Servicio de Evacuación de los Refugiados Españoles (SERE), la Federación de Organizaciones Argentinas pro Refugiados Españoles (FOARE) y el Comité Chileno de Ayuda al Refugiado Español (CChARE), y también contaría con el apoyo económico de Uruguay y Colombia.
Aunque los sectores más conservadores y gran parte de la prensa del país receptor mostraron desde el primer momento su rechazo a aquella idea. « Esto no es facilitar la inmigración, esto es llenar nuestras calles de maleantes », llegó a quejarse un diputado de derechas en los salones del Congreso chileno cuando el Winnipeg ya había trazado su ruta, que, una vez cruzado el Atlántico, debía pasar por el Canal de Panamá y dirigirse por el Pacífico hacia el sur. La discusión saltó a las calles y subió de tono, al interpretar muchos que se estaba tendiendo la mano a « puros rojos y comunistas ». Aguirre Cerda, incluso, amagó con echarse para atrás. Pero en ese punto fue clave la presión de Ortega Aguayo, una de las caras más conocidas de su gabinete, que le comunicó que estaba dispuesto a presentar su dimisión si abortaba el proyecto. Para que entrara en razón, le aseguró que aquel buque traería muchas trabajadoras y trabajadores cualificados a Chile

« Lo que ocurrió con el Winnipeg es un ejemplo de cómo la inmigración puede ser un caso de éxito absoluto para cualquier país », reivindica Laura Martel, escritora y guionista canaria que se documentó durante años para conocer todos los detalles de la historia. En 2014 le dedicó la novela gráfica Winnipeg: el barco de Neruda, con dibujos de Antonia Santolaya, que luego fue obra de teatro y pronto podría ser película. « El propio poeta se encargaba de seleccionar a los tripulantes y de redactar los informes pertinentes para el Ministerio de Relaciones Exteriores. Hizo un buen trabajo, aunque Neruda era un desastre para estas cosas, lo que hace pensar que mucha culpa de ese éxito la tuviera su esposa, Delia del Carril, la Hormiguita », detalla Laura. El Gobierno chileno había ordenado que se eligieran sobre todo perfiles técnicos, pero al carguero subieron también muchos pescadores, campesinos, albañiles, zapateros, artistas. Y sus hijos, claro.
Todos ellos, un mes justo después de partir, alcanzaron las costas chilenas. Algunos desembarcaron en Arica, donde ni tan siquiera había puerto y el barco tuvo que fondear. La mayoría bajó en Valparaíso. En el momento de su llegada acababa de empezar la Segunda Guerra Mundial. El último tramo del trayecto se tuvo que hacer de noche, para evitar posibles atentados de submarinos alemanes. Aunque lo que los desplazados encontraron en el otro costado distaba mucho de lo que tanto habían temido. Chile los recibía por todo lo alto. Una multitud impresionante colapsaba el muelle, subiéndose a las grúas y a los tejados de los edificios para saludarlos. Había banderas, pancartas y música, además de puestos de recogida de ropa y comida.
Entre la muchedumbre, un jovencito con gafas y una sonrisa prominente trataba de hacerse un hueco en la primera fila como representante del Gobierno. Era el ministro de Sanidad. ¿Su nombre? Salvador Allende.Todas las dudas acerca de la conveniencia de acoger a los refugiados se habían borrado de un plumazo. Laura confirma ese giro: « Los periódicos de Chile, en aquella época, tenían dos ediciones. El 3 de septiembre de 1939, por la mañana, informaron de que la guerra había comenzado en Europa. Y por la noche, todos repetían los mismos titulares: Son pobres hombres, mujeres y niños que lo han perdido todo: démosles la bienvenida. El sentimiento de solidaridad fue instantáneo. Nadie les iba a dar la espalda ».

« Nunca escuché una mala palabra contra mí o contra mi familia », recuerda Lola. « Nunca ». Desde el instante en el que la tripulación pisó tierra firme, supieron que habían encontrado un nuevo hogar. Ese velo de esperanza y generosidad que acabó cubriendo el periplo del Winnipeg es el que fascinó a Laura desde el principio, lo que la empujó a querer conocer más. « Siempre que nos cuentan historias de aquellos tiempos, son historias trágicas, crueles, que muestran lo peor que tiene el ser humano », razona. « Pero esa historia me pareció que era el antídoto a todo eso. Era un relato de solidaridad. Y la solidaridad es el antídoto a la guerra »

Para escribir el cómic, que primero tenía que ser un documental, la escritora viajó a Chile en 2010 para entrevistarse con aquellos exiliados que todavía vivían. Para su sorpresa, después de tanto tiempo lejos del país en el que habían nacido, se encontró a personas vitales, agradables, que le brindaban ayuda desinteresadamente. Ponían en sus manos los archivos y los objetos que conservaban, le contaban las anécdotas que recordaban de la travesía, la ponían en contacto con otros pasajeros. Todo, sin pedir nada a cambio. « La gente que ha sido en algún momento beneficiaria de la solidaridad de los demás, es gente feliz », reflexiona. « Y dispuesta a ayudarte en lo que haga falta ».
Los tripulantes encontraron en Chile una segunda patria en la que intentar reconstruir sus vidas. Y Chile encontró en ellos un puñado de ciudadanos agradecidos que estaban dispuestos a integrarse en su sociedad. Algunos se quedarían por décadas antes de volver a España (de esos, unos cuantos tuvieron que hacer las maletas tras el golpe de estado de Pinochet en el 73, con lo que tuvieron que afrontar un segundo exilio). Otros, directamente, ya no regresarían nunca. Pero todos dejaron su huella en el país que los acogió
En la lista de pasajeros del Winnipeg, por ejemplo, aparece el nombre de Víctor Pey, ingeniero madrileño que luchó en la guerra civil por el bando republicano en la Columna Durruti, y que a la larga acabaría siendo consejero del propio Allende cuando este fue nombrado presidente. Pey, por cierto, se encargó junto a su hermano Raúl de la construcción del primer puerto comercial de Arica en los 60. Sí, la misma ciudad que veinte años antes habían visto desde la cubierta del viejo carguero con los ojos húmedos después de 30 días navegando en alta mar. En la embarcación también viajaban Leopoldo Castedo, reconocido historiador que acabó trabajando en la Biblioteca Nacional de Chile; el pintor José Balmes, que fue galardonado en 1999 con el Premio Nacional de Artes Plásticas, o Carmen Machado, la sobrina de los poetas Antonio y Manuel. Y, por supuesto, Roser Bru, que desembarcó con su familia en Valparaíso en el 39 con 16 años y hoy está considerada como una de las figuras más influyentes de la historia del arte moderno chileno, tras exponer sus cuadros en los museos más importantes del mundo, como el MoMA de Nueva York.

Roser Bru se siguió viendo durante años en Santiago con Lola. Concretamente, en el Centre Català, que los exiliados provenientes de la región convirtieron en un punto de encuentro habitual para conversar y ponerse al día. Con idéntico propósito se fundó el Centro Vasco, o el Centro Republicano, ubicado en el Café Miraflores de la misma capital. « No dejamos que el vínculo se perdiera. Éramos como una gran familia. Con algunas personas que conocí en el Winnipeg seguimos quedando incluso cuando ya habíamos vuelto a España », precisa Lola.
En su caso, regresó a casa en 1963, por decisión de su padre. Para ella, tal vez demasiado pronto. « Yo fui la más perjudicada, porque toda mi juventud, mi carrera y mis amigos estaban en Chile », señala. Instalada en Santiago, la familia se mantuvo durante años gracias a una bodega de vinos, Viña Santa Lucía. Ella se apuntó a la universidad. No solo eso: con el tiempo, se convirtió en la primera periodista titulada chilena, al presentarse y aprobar junto a otros dos compañeros los exámenes de la Escuela de Periodismo, creada hacía poco. Admite que aquellos años intensos y apasionantes siguen muy frescos en su memoria: « Como suelen decirme, yo soy más chilena que los porotos, porque me eduqué allí, y me sigue pareciendo un país maravilloso ». Ha vuelto en varias ocasiones. En una de ellas, cumplió un sueño: que sus hijos, catalanes, conocieran la tierra en la que creció su madre.
El Winnipeg dejó atrás el puerto de Pauillac hace 84 años. Aquel día de agosto, cuando el barco acababa de levar anclas, Neruda abrió su cuaderno y le dedicó unas palabras: « Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie ». Para Laura Martel, pese a que nadie haya sido capaz de borrarlo, se tiene menos presente de lo que se debería, sobre todo en España, donde muchos ni tan siquiera saben que existió. El poema del Winnipeg, un antídoto contra el dolor. « Es un episodio que aquí se conoce poco, pero porque en este país, por motivos absurdos, hay una parte de la sociedad que no quiere oír hablar de nada que esté relacionado con la guerra civil », dice la autora. Para ella, solo hay un remedio para combatir ese silencio: « Contar la historia una y otra vez, y otra más, hasta la saciedad, de todas las formas posibles ». Es lo que seguirá haciendo.

DESIRS PARTAGÉS AVEC LA RETIRADA 37, VENDREDI 7 AVRIL

Dans le cadre des désirs partagés, le Plessis a une fois de plus le plaisir d’accueillir la Retirada 37. Une soirée consacrée à la mémoire des volontaires étrangères et la solidarité internationale féminine durant la guerre d’Espagne. En écho aux luttes d’aujourd’hui !

Projection, mise en voix, rencontre, dégustations

19H

Bar à tapas

20H

Projection du film LAS MAMAS BELGAS de Sven Tuytens
et rencontre avec Edouard Sill autour de son livre SOLIDARIAS

Infos et réservation : 02.47.38.29.29

ou info@plessis-tierslieu.fr

Tarifs : Libre à partir de 5€

LAS MAMAS BELGAS

LAS MAMAS BELGAS est un film documentaire qui explore l’histoire de la présence des femmes européennes dans la guerre d’Espagne.

Le premier mai 1937 un groupe de 21 femmes originaires de l’est de l’Europe, venant de Belgique, arrive à l’hôpital militaire d’Ontinyent (province de Valence), fondé par le mouvement ouvrier socialiste belge avec l’aide d’Albert Marteaux, du Pob, parti ouvrier belge. Parmi elles, Anna et Adela Korn. Elles ont soigné les soldats dont beaucoup étaient des Brigadistes venant de Belgique, pour la défense de l’Espagne républicaine.

¡Solidarias!

La participation des femmes étrangères durant la guerre civile (1936-1939) -et notamment celles qui s’engagèrent dans les Brigades internationales pour défendre la République et combattre le fascisme- n’avait fait l’objet jusqu’à présent que de très peu de travaux historiques.

Il s’agit pourtant d’une dimension majeure de l’histoire de l’antifasciste et des engagements internationalistes féminins.

A l’initiative de l’ACER (Amis des combattants volontaires en Espagne Républicaine) et de partenaires institutionnels et universitaires, l’ouvrage¡Solidarias! met en valeur cette mobilisation solidaire, humanitaire, militaire et sanitaire de centaines d’étrangères.

EDOUARD SILL

Edouard Sill est docteur en Histoire de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE PSL) en 2019, avec la réalisation d’une thèse portant sur le sujet suivant : Du combattant volontaire international au soldat-militant transnational : le volontariat étranger antifasciste durant la guerre d’Espagne (1936-1938).

Il obtient en 2021 la qualification de Maître de conférence, et remporte le premier accessit au prix d’excellence Joinet (ex Varennes) en 2020 dans la catégorie « Histoire politique et sociale depuis 1870 ».

Edouard Sill est aujourd’hui chargé de cours en Histoire contemporaine et en science politique à l’Institut catholique de Paris (ICP).

Ses thèmes de recherche de prédilection sont variés : Histoire sociale et politique de l’entre-deux-guerres en Europe, Histoire culturelle du mouvement social au XXe siècle, Histoire visuelle, Histoire des femmes, Histoire militaire, Guerre civile espagnole, Volontariat international combattant, Mobilités transnationales armées, Volontariat armé féminin, Enfance en guerre, Marginalités militaires, Engagements/désengagements, Mercenariat moderne et contemporain, Antimilitarisme, Communisme/Anticommunisme, Anarchisme, Fascisme/Antifascisme…

Numérisation Archives des réfugiés espagnols par l’OFPRA

INFOS

L’OFPRA va numériser ses archives sur les réfugiés espagnols

Lors du dernier sommet franco-espagnol du 19 janvier 2023, une déclaration d’intention a été signée entre le directeur de l’OFPRA et le représentant du ministère de la Culture espagnole pour mener à bien la numérisation des archives de l’OFPRA sur l’exil espagnol. Cela fait suite à l’adoption par l’Espagne en octobre 2022 d’une loi sur la mémoire démocratique. Celle-ci comporte d’importantes dispositions sur les archives de l’exode espagnol, sur la protection des fonds et leur centralisation. C’est l’Espagne qui va financer la numérisation des fonds conservés par l’OFPRA sur ce thème.

Aline Angoustures, cheffe de la mission Histoire et exploitation des archives à l’OFPRA explique que le projet comporte deux étapes : « Dans un premier temps, nous allons numériser le fichier manuel, qui est un fichier papier comprenant environ 200.000 fiches. Ces fiches classées par ordre alphabétique comportent les noms et prénoms des protégés, quelques informations et surtout les numéros qui renvoient aux dossiers eux-mêmes. Dans un second temps, le projet vise à numériser les dossiers eux-mêmes. C’est un périmètre beaucoup plus large, avec 140.000 dossiers contenant chacun une trentaine de documents en moyenne ».

Les fiches et les dossiers seront indexés afin de constituer une base de données interrogeable. Les modalités de mise à disposition ne sont pas encore définies, mais il n’est pas prévu de mettre l’intégralité de ces fichiers en ligne, car ils comportent des mentions et des données personnelles et pour certains, leur délai de communicabilité de 50 ans n’est pas encore atteint. Toutefois, une dérogation générale est évoquée afin de permettre une diffusion plus large, les craintes de répression sur les personnes concernées et leurs descendants n’ayant pas lieu d’être.