EXILÉS DE L’ESPOIR

L’association 24 août 1944
vous invite à l’hommage

en deux parties aux

EXILÉS DE L’ESPOIR

MERCREDI 24 AOÛT 2022

À PARTIR DE 18H

1 rue de Lobau 75004

Jardin de la Nueve (dans le jardin)

Cette année, nous voudrions dédier cet hommage à notre amie, disparue cette année sans crier gare, fille d’un combattant espagnol de la Nueve, José Cortes, blessé rue des Archives le 25 août 1944 et qui épousa l’infirmière qui lui sauva la vie. Sa fille, notre regrettée Marie José fut toujours présente à toutes les actions et interventions concernant la mémoire de son père et de ses compagnons.

Ce 24-Août- 2022 Dans le contexte actuel de repli identitaire, nous avons choisi de rappeler l’attitude des étrangers réfugiés en France :

Ceux qui fuyant le nazisme et le fascisme n’ont pas hésité à s’engager pour la Liberté. Outre des Espagnols en grand nombre, il y avait au sein de la Nueve , entre autre, un patchwork de nationalités, citons notamment:

CARRASCO Joaquin – (Brésil)

CATIZONE Guiseppe – (Italie)

CORTESI Daniel – (Italie)

MENDELSON Félix – (Allemagne)

PIRLIAN Krikor – (Arménien de Turquie),

PORESKI Wilhelm – (Allemagne)

REITER Johann – (Allemagne)

Et avec ces Espagnols, ils étaient les soldats de première ligne, les francs-tireurs de la première heure, agents de liaison, passeurs de lignes et de frontières, porteurs d’armes, de tracts, ou de messages. Ils ont été de tous les combats, dans les pires conditions ; ils ont enduré les pires souffrances pour ne pas permettre que le fascisme leur arrache leur dignité.

Puis nous filerons en cortège à la Halle des Blancs manteaux où nous attend l’exposition :

VISAGES D’EXIL 1939-2019

Chemins d’exil, photos inédites 1939, Philippe Gaussot

La sangre no es agua, photos 2019, Pierre Gonnord

Composée de deux expositions de photos :

Chemins de l’exil de Philippe Gaussot, qui a saisi sur le vif la retirada et les camps sur les plages en février 1939, mais auparavant avait aussi photographié le secours aux enfants basques et catalans en 1937.

La Sangre no es agua de Pierre Gonnord qui en 2019, à la demande du gouvernement socialiste espagnol partit à la recherche de survivants exilés ou de leurs enfants et trouva facilement son bonheur (et le nôtre de le rencontrer) l’adresse du 33 rue des Vignoles dans le 20e arrondissement de Paris.

Présenter ces deux expositions s’est imposée à nous comme une évidence.

Aux foules anonymes que capte Philippe Gaussot en 1939, répondent les portraits et témoignages de Pierre Gonnord 80 ans après.

Car ce que dit Pierre Gonnord en 2019, c’est que chaque homme, chaque femme, chaque enfant de 1939 a une histoire.

Halle des Blancs Manteaux, 48 rue Vieille Du Temple 75004 Paris à 19h le 24 août 2022.

Vous pourrez visiter cette exposition exceptionnelle

Du 25 au 31 août 2022

De 14 à 19h. Visites guidées à 15h et à 17h tous les jours.

Ay, Carmela !, le cri des républicains espagnols

Chant de résistance repris d’un air composé pendant la guerre d’indépendance espagnole, le titre prend son essor en 1938, lors de la grande offensive de l’Èbre. Il a été chanté par Francesca Solleville, Leny Escudero, Zebda…

Mercredi 20 Juillet 2022

Aurélien Soucheyre

journal Humanité

Les franquistes, pendant la guerre d’Espagne, chantaient Cara al sol, qui peut se traduire par « Visage au soleil ». Grand bien leur fasse. Mais ils avaient aussi pour cri de ralliement « Viva la muerte ! », soit « Vive la mort ! ». Donner sa vie pour une cause que l’on pense juste n’est pas le souci. Après tout, les révolutionnaires français de 1789 disaient bien « La liberté ou la mort », preuve qu’il n’y avait pour eux que deux chemins possibles, soit l’impérieux aboutissement de leur combat, soit le néant. Mais « Vive la mort »… Voilà qui n’a rien à voir. Jamais des assassins n’ont trouvé meilleur slogan. Il y a là une célébration de la mort pour elle-même, non pas au nom d’une cause, mais en tant que cause. Soit une passion de la destruction aveugle. Celle des autres, qui plus est, à savoir des adversaires des franquistes : les républicains. Eux clamèrent pour leur part «  Ay, Carmela !  », chant de résistance absolu, également connu sous le nom d’ El paso del Ebro, d’ El Ejercito del Ebro, ou encore de Viva la Quinta Brigada, dans la version adaptée par les volontaires des Brigades internationales.

«Une bonne raclée aux envahisseurs »

À chaque fois, la mélodie est la même, reprise d’une chanson populaire composée en 1808 pendant la guerre d’indépendance espagnole face aux troupes napoléoniennes. Elle fut très largement diffusée au moment de la bataille de l’Èbre, la plus grande offensive républicaine jamais lancée, le 25 juillet 1938. L’objectif : briser l’étau franquiste qui a séparé en deux le territoire républicain. Mais aussi montrer au monde que la guerre n’est nullement perdue, dans l’attente d’une jonction avec d’autres armées internationales, le chef du gouvernement, Juan Negrin, restant persuadé qu’une « guerre mondiale » contre le fascisme est sur le point d’éclater. En deux jours, les « rouges » reprennent 600 kilomètres carrés. Personne, alors, ne pensait la République espagnole capable d’une telle contre-attaque. Près de 100 000 combattants s’opposent des deux côtés pendant cent treize jours particulièrement meurtriers.

Que raconte la chanson ? « L’armée de l’Èbre une nuit passa le fleuve/Ay Carmela !/Et aux troupes d’envahisseurs, elle donna une bonne raclée/La fureur des traîtres abat ses avions sur nous/Mais les bombes ne peuvent rien, là où il y a plus de cœur qu’il n’en faut/À ces contre-­attaques enragées, nous devrons résister/Comme nous avons combattu, nous promettons de résister. » Tout au long de la chanson revient le « Ay, Carmela ! », qui prend à témoin une femme, voire l’allégorie de l’Espagne, et lui assure une détermination sans faille, malgré un « Ay ! » qui peut renvoyer à une douleur et une peine. La version en hommage aux Brigades internationales s’adresse, elle, à « Manuela » : « Nous luttons contre les Maures (les troupes marocaines de Franco – NDLR), les mercenaires et les fascistes/Notre seul désir est d’en finir avec le fascisme/Sur le front de Jarama, nous n’avons ni avions, ni tanks, ni canons/Et nous sortons d’Espagne, pour nous battre sur d’autres fronts, Ay Manuela ! »

Prélude à la seconde guerre mondiale

Mais les républicains, malgré leur héroïsme, vont perdre la bataille de l’Èbre et la guerre d’Espagne. La chanson devient un symbole de la lutte acharnée contre le franquisme et s’impose dans les familles d’exilés républicains. Elle sera chantée en France, notamment par Francesca Solleville en 1972, mais aussi par Leny Escudero en 1997. Puis par les membres du groupe Zebda et du collectif Motivés !, tout en étant reprise par plusieurs groupes anglo-saxons. Elle évoque aujourd’hui le destin des soldats républicains, pour beaucoup anarchistes, communistes et socialistes, en plus des volontaires du monde entier partis combattre pour un idéal, celui de la République espagnole, et contre un coup d’État franquiste très vite soutenu par les fascistes de Mussolini et les nazis d’Hitler. À coup sûr, l’avenir du monde, entre 1936 et 1939, se jouait en Espagne, dont la guerre civile fut un véritable prélude au conflit international qui suivit. « Ay, Carmela ! », trop nombreux sont ceux qui n’ont pas voulu le voir. Quant aux républicains espagnols, vaincus chez eux, ils ne furent pas les derniers à poursuivre la lutte, participant à la libération de Paris en 1944, avec la Nueve, et à la prise du nid d’aigle d’Hitler, en 1945. Preuve que ceux qui chantèrent Ay, Carmela ! sur les rives de l’Èbre avaient suffisamment de cœur pour tout un continent, à défaut que celui-ci en ait pour eux.

Aucun sujet de côté !

Penser rend libre : épreuve écrite d’espagnol de spécialité 2023, aucun sujet de côté !

Je me présente : M. Jean-François GRIVAUX, professeur agrégé d’espagnol depuis 2013 et en poste fixe au lycée Jean Moulin de Torcy (77200) depuis 2014.

Je souhaitais ici vous faire part d’une très vive inquiétude, partagée par de nombreux collègues de la communauté enseignante d’espagnol cosignataires de ce courrier, suite à la lecture des « recommandations » suivantes, émises dans la note officielle aux concepteurs de corpus pour l’épreuve écrite de LLCER espagnol 2023 et transmises le 9 juin 2022 par l’inspection d’espagnol de l’académie de Paris :

« Recommandations :

Les documents pouvant heurter la sensibilité des candidats (disparitions d’enfants, enlèvement, torture, viol, attentats) mais aussi les sujets d’actualité trop polémiques et récents (nationalisme et régionalisme en Espagne, la violence d’état en Amérique Latine) doivent être évités.

Attention : des extraits des ouvrages au programme peuvent être considérés comme polémiques pour un sujet national. Cela signifie que que votre corpus ne sera pas choisi pour être travaillé car aucun recteur ou rectrice ne prendra le risque de le signer.

Ainsi, nous éviterons, dans la mesure du possible :

Les textes faisant référence à la Guerre Civile espagnole, à la dictature franquiste ou aux dictatures latino-américaines afin de proposer une réflexion ouverte sur des objets d’études plus divers et sur des enjeux plus contemporains.
Les textes également présents dans les manuels scolaires. »

Jamais, de toute ma carrière d’enseignant, je n’aurais pu imaginer être amené à lire des attentes d’une telle teneur, et encore moins les savoir transmises par l’inspection d’espagnol. J’ai cru littéralement tomber de ma chaise au moment d’en prendre connaissance.

Depuis ma prise de poste, au-delà des compétences linguistiques et des objectifs culturels travaillés avec mes lycéens, je n’ai jamais perdu de vue l’importance capitale d’aiguiser leur esprit critique. L’intérêt est bien de pouvoir les amener à réfléchir précisément sur ce qui fait problème dans le monde hispanique (socialement, historiquement), de pratiquer un débat contradictoire fécond autour de sujets d’actualité ou de thèmes historiques parfois complexes et délicats, en prenant soin d’écarter le risque de réappropriation(s) politique(s) ou d’instrumentalisation, notamment médiatique, des discours.

La confrontation respectueuse des idées et la sensibilisation des élèves à la pluralité des perspectives, en classe comme lors des épreuves, sont le meilleur moyen de former des citoyens éclairés et instruits, désireux de protéger les valeurs démocratiques qui nous animent. Enfin, la pensée critique qui émerge du débat est plus souvent encline à soulever des interrogations qu’à imposer des jugements péremptoires, ce qui est d’autant plus précieux. Telle est, selon moi, l’essence de notre devoir républicain et le sens même notre pratique professionnelle qui ne devrait rien discriminer des sujets qu’elle aborde (bien que certaines précautions méritent évidemment d’être prises).

Or l’histoire, contemporaine comme passée, est à mon sens notre meilleur matériau de travail, le vivier et la matrice de tout ce qui a traversé et continue de secouer nos sociétés, parfois certes sans ménagement. Prétendre ainsi l’écarter en partie ou en faire abstraction, même seulement à l’occasion d’une épreuve, c’est à mes yeux faire le choix d’un évitement périlleux -et moyennement responsable- dans un monde qui, lui, n’attend pas pour se radicaliser dangereusement et venir porter régulièrement atteinte à la démocratie. Face à des polarisations toujours plus vives et déjà particulièrement patentes en milieu scolaire, nous avons grand besoin de force de volonté, de détermination, de fermeté et non de pusillanimité. Nous avons été formés à l’école de la pensée libre, alors défendons-la.

Les soubresauts de l’Histoire sont indissociables de notre mémoire collective. Difficile dans ce cas de ne pas pouvoir librement aborder la question de la violence d’État en Amérique latine, ou encore de devoir éviter de proposer un sujet sur la guerre civile espagnole, alors que les enseignants abordent bien souvent Guernica avec leurs élèves dès le collège…Que recherche-t-on exactement par là ? À lisser la moindre aspérité, à déserter la réflexion historique, à ignorer soigneusement un devoir de mémoire pourtant mené avec une remarquable dignité ces dernières décennies ? Combien d’auteurs actuels, d’écrivains, d’essayistes, d’historiens et plus généralement de penseurs tomberaient probablement des nues devant la lecture de pareilles « recommandations » ?

D’autant que l’enseignement de spécialité a pour vocation, entre autre, de préparer nos élèves aux attentes et aux contenus universitaires. Or peut-on raisonnablement imaginer que dès les premiers mois de L1, les facultés écartent quelque sujet que ce soit en littérature ou en civilisation ? Alors pourquoi donc nous demander de le faire lors des épreuves ? Même d’un point de vue purement et strictement disciplinaire, nous ne rendons pas service aux élèves. PRAG, maîtres de conférences ou enseignants-chercheurs : eux aussi seraient certainement abasourdis devant de telles restrictions de choix de sujets en spécialité LLCER.

Si l’Éducation nationale se raidit de peur face au moindre risque (de recours ou d’autre nature) et que l’on antépose le principe du « pas de vague » aux bienfaits émancipateurs de la réflexion critique sur des sujets complexes ou délicats, alors oui, la bataille pour la pensée libre semble perdue d’avance. Je pense cependant avoir bien compris, étant donné le caractère explicite de certains passages de la note, qu’il s’agissait, avant même de ménager la sensibilité des élèves, de protéger prioritairement monsieur le recteur face à la responsabilité engagée par la validation des sujets.

Je m’interroge alors : de quoi sera fait l’avenir ? Comptons-nous vider progressivement les programmes de leur substance « sensible », rogner notre liberté pédagogique, faire la promotion de l’amnésie collective ou encore maquiller d’opaques stratégies évoquant lointainement la censure (le terme « recommandations » ne semblant pas le plus honnête et approprié pour s’ajuster au contenu du paragraphe de cette note) ?

Ce message, entendu et soutenu par de nombreux collègues de la communauté d’enseignants d’espagnol, semble appeler une réponse : pourriez-vous clarifier les fondements de ces nouvelles directives inquiétantes ?

En mon nom et celui des cosignataires de ce courrier, nous vous remercions tous par avance de l’attention portée à notre demande.

Cordialement,

M. Jean-François GRIVAUX, professeur d’espagnol au lycée Jean Moulin de Torcy (77200)

Signer la pétition ici : https://www.change.org/p/penser-rend-libre-%C3%A9preuve-%C3%A9crite-d-espagnol-de-sp%C3%A9cialit%C3%A9-2023-aucun-sujet-de-c%C3%B4t%C3%A9?signed=true