Les 23 de l’Affiche rouge vont être honorés, et nous nous en félicitons.

Notre association RETIRADA37 a participé à de nombreux hommages en direction des antifascistes espagnols. Hier encore 18 février 2024 Juan Francisco Ortiz, à travers ses œuvres musicales à la guitare nous faisait vivre avec une profonde émotion les souvenirs de son père emprisonné dans le camp d’extermination de Mathausen.
En plus de ces 23, de nombreux étrangers ont participé aux combats de la Résistance, certains ont été emprisonnés, déportés et fusillés. D’autres ont pu témoigné de leurs luttes antifascistes comme tous ces Espagnols qui après la guerre d’Espagne ont rejoint la Résistance pour défendre la France, les valeurs de la République bafouées lors de leur entrée en territoire français dans les camps de concentration d’Argelès, de Septfonds, du Vernet….Malgré tout cela ils furent les premiers à entrer dans Paris avec La NUEVE, ils constituèrent dans la Résistance le noyau dur des combattants avec leur expérience de la « guerrilla », ils furent avec d’autres étrangers, « et nos frères pourtant » comme le dit Aragon, plus patriotes que beaucoup de Français.

Se souvenir de cette période devrait nous inciter à avoir un minimum de lucidité pour mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui. La montée des extrêmes droites en Europe devrait nous alerter. La lepénisation des esprits, la montée du FN appelé aujourd’hui RN devrait nous inciter à la réflexion. Comment un parti qui a été créé par d’anciens collabo proches de Déat ou Doriot, anciens membres de la Waffen SS, ex-membres de l’OAS (Organisation Armée Secrète, qui organisa de nombreux attentats en Algérie et en France), néofascistes de toutes variétés, et autres négationnistes et associé aujourd’hui à l’AFD au parlement européen, peut aujourd’hui être « dédiabolisé » et séduire autant de personnes.

Ce qui s’est passé pendant cette période ne peut être effacé d’un trait de plume. Les héritiers idéologiques, historiques qui se revêtissent d’ une tenue de camouflage les faisant apparaître comme présentables ne peuvent nous faire oublier ce qu’ils sont réellement. L’Histoire ne peut être malmenée, détournée, falsifiée. Les faits sont les faits. Ce qu’ont vécu les antifascistes espagnols doit être raconté et raconté.
Certains pensent aujourd’hui qu’il n’est pas utile de rappeler cette Histoire, que cela ne sert à rien, que dénoncer l’extrême droite sous cette forme serait contre-productif, qu’il faudrait seulement montrer que leur politique est libérale et contraire à l’intérêt des travailleurs, pour que les gens comprennent. En quelque sorte participer à leur « dédiabolisation » sous une autre forme, sans dénoncer le caractère fascisant de leurs orientations. Ayons le courage d’appeler un chat un chat ! Et cessons de tourner autour du pot en les dédouanant de leur passé ignoble qu’ils veulent faire oublier. Le danger est bien réel aujourd’hui, rassemblons tous ceux qui veulent vivre en paix, en liberté, en démocratie contre tous ceux qui sans se réclamer de ce passé immonde sont les héritiers directs de ces idéologues de la peste brune des années 30.
Se souvenir des 23 et de tous ces étrangers, « qui criaient la France en s’abattant » c’est aussi leur rendre hommage par notre combat antifasciste, de façon claire.
Luis

L’affiche rouge

Vous n’avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.

Louis Aragon.​

Communication CAMINAR

​ Des FTP-MOI honorés à travers Missak Manouchian

​ Missak Manouchian entre au Panthéon
Le jour même de l’entrée de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée au Panthéon, le mercredi 21 février 2024, plus de 25 associations dont la Coordination Caminar,  l’Association des Parents de Familles Espagnoles Emigrées en France  et Terres de Mémoires et de Luttes, vont leur rendre un hommage à Bordeaux, à Paris et Montrouge.

Dans ces trois villes auront lieu des conférences de presse, des cérémonies et dépôts de gerbes, à Bordeaux, la projection du film « Ni Travail, Ni Famille, Ni Patrie » – suivi d’un débat – et des émissions radios.

Cet hommage sera aussi celui de tous ces milliers de combattants et résistants étrangers, qui ont lutté avec courage, les armes à la main, afin de défendre la République française et ses valeurs et ainsi de combattre le nazisme.

Alfonso Celestino (1916-1944)
Rappelons que le 21 février 1944, au fort du Mont-Valérien, les Allemands ont fusillé 22 membres du groupe FTP-MOI de Missak Manouchian, parmi lesquels figurait un Espagnol : Celestino Alfonso.
Originaire de la province espagnole de Salamanque, Celestino Alfonso arrive en France en 1927. En 1934, il adhère aux Jeunesses Communistes et en 1936, rejoint le combat des Républicains espagnols en s’engageant dans les Brigades Internationales. A partir du 27 août 1936, il est mitrailleur avec le grade de sergent dans la 3ème Brigade. Blessé en 1938, il a le grade de capitaine au moment de la Retirada. En février 1939, il est interné au camp de concentration d’Argelès-sur-Mer. Camp qu’il quitte en décembre 1939 pour être intégré dans une compagnie de Travailleurs Etrangers.
De retour à Paris en juin 1940, il est arrêté et passe un mois en prison avant d’être envoyé en Allemagne. Revenu en France, en juin 1941, il adhère au Parti Communiste clandestin. En juillet 1943, il intègre les FTP-MOI. Il participe à de nombreux attentats dirigés contre les forces d’occupation allemandes, jusqu’à son arrestation, le 17 novembre 1943, à Paris. Condamné à mort, il est fusillé le 21 février 1944
​ Liste des 23 membres du groupe Manoukian :
1. Alfonso Celestino, Espagnol, 27 ans
2. Bancic Olga, Roumaine, 32 ans (seule femme du groupe, décapitée en Allemagne le 10 mai 1944)
3. Boczov Joseph, Hongrois, 38 ans
4. Cloarec Georges, Français, 20 ans
5. Della Negra Rino, Italien, 19 ans
6. Elek Thomas, Hongrois, 18 ans
7. Fingercwajg Maurice, Polonais, 19 ans
8. Fontanot Spartaco, Italien, 22 ans
9. Geduldig Jonas, Polonais, 26 ans
10. Glasz Emeric, Hongrois, 42 ans
11. Goldberg Léon, Polonais, 19 ans
12. Grzywacz Szlama, Polonais, 34 ans
13. Kubacki Stanislas, Polonais, 36 ans
14. Luccarini Cesare, Italien, 22 ans
15. Manouchian Missak, Arménien, 37 ans
16. Manoukian Armenak Arpen, Arménien, 44 ans
17. Rajman Marcel, Polonais, 21 ans
18. Rouxel Roger, Français, 18 ans
19. Salvadori Antoine, Italien, 24 ans
20. Schapiro Willy, Polonais, 29 ans
21. Usseglio Amedeo, Italien, 32 ans
22. Wajsbrot Wolf, Polonais, 18 ans
23. Witchitz Robert, Français, 19 ans

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