« La commode aux tiroirs de couleurs »

Olivia Ruiz « La commode aux tiroirs de couleurs » aux éditions JC Lattès

C’est un roman. Un premier roman pour celle qui jusqu’alors creusait les territoires contrastés de l’exil au travers de l’écriture de ses chansons. Olivia Ruiz passe du sprint plumitif à une course d’endurance. Un marathon maîtrisé qui ressemble à sa quête d’identité.

Depuis toujours Olivia Ruiz porte en elle les dénis familiaux du déracinement. La parole est son langage. Avec l’énergie de toutes les héroïnes d’une Espagne libre et libertaire, elle cherche à trouver les mots précis pour incarner les maux d’une condition sociale et émotionnelle qui est celle d’une émigrée. Dans ce corps à corps entre les maux et les mots, Olivia Ruiz exulte à jouer avec les clous de la mémoire. « Volver » dansait elle jusqu’au sang, avec Jean Claude Galotta. Exilée, en talons aiguilles pour transpercer le cœur des tempéraments obstinés, elle ne lâche rien. L’oiseau piment a pris son envol et plane au-dessus de son destin. Une commode, des tiroirs, et la clé à la recherche de petites épopées non perdues. Puisqu’elle leur donne cent vies, mille couleurs, une symphonie de sons et un bouquet d’odeurs pour rassembler les morceaux de toutes ces vies éparpillées. « On revient de sa jeunesse comme d’un pays étranger » disait Federico Garcia Lorca. Il ajoutait « rien n’est plus vivant qu’un souvenir ».

Olivia Ruiz avec ses mots et sa poésie sanguine venge, dans une transfusion littéraire bouleversante, les silences contraints d’au moins deux générations enfermées dans la peur de voir revenir la bête immonde. La fierté de l’abuela est celle de toutes les femmes, vraies ou imaginaires d’un Sud tragique et brûlant à la fois. Ce Sud qui est pourtant bien, et qui nous fera vivre encore plus d’un million d’années.

Une réflexion sur « « La commode aux tiroirs de couleurs » »

  1. Bonsoir Éric, je viens de le commander sur un site d’occasion. Je pense que nous aurons du temps libre pour lire dans les jours et mois à venir, au vu de cette seconde vague et du couvre-feu (pour l’instant). Je l’avais vue l’an dernier à Argelès sur Mer pour le 80ème anniversaire de la Retirada, elle avait évoqué son histoire et son père, guitariste, était sur scène et elle. Merci de nous avoir accordé cette publication.

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