« ÁNGEL », A TRAVERS LES YEUX DES ENFANTS. UN FILM DE STEPHANE FERNÁNDEZ.

 

Angel a 86 ans. Né à Barcelone, il voit sa mère mourir sous ses yeux en 1937. À 10 ans, part en exil sur les routes catalanes, seul responsable de sa sœur et de son frère âgés de 6 et 4 ans. Enfermée dans les camps de concentration français d’Argelès-sur-Mer, la fratrie retrouve finalement à Sarlat le père disparu. Plusieurs années plus tard, Angel revient en Espagne et se fait arrêter, torturer et condamner à mort.

Tout au long du film, Angel sera accompagné par son ami Dominique, lui-même fils d’exilés espagnols. Son père est mort des suites d’une blessure reçue durant la guerre d’Espagne. C’est à Dominique qu’Angel va confier son histoire, raconter ses souvenirs, montrer ses notes, ses photos, ses dessins…Le réalisateur, Stéphane Fernandez, a su nous captiver en entrecoupant les scènes de récits de séquences graphiques animés, une vraie belle trouvaille.

Venez nombreux, pour la première fois à Paris ce film d’histoire, d’émotion et de vie !
Le jeudi 15 juin 2017 à 19h suivi d’un débat avec le réalisateur
Paris Anim’Centre Place des Fêtes
2/4 rue des Lilas
75019 Paris
Entrée gratuite

 

Merci à Véronique Salou pour cette information :

Véronique Salou Olivares

Mémoires partagées
24-août-1944

 

 

PROJECTION DU FILM « FEDERICA MONTSENY L’INDOMPTABLE » LE JEUDI 22 JUIN 2017 A LA RICHE

L’association Retirada 37 s’associe à la Compagnie Cano López et vous invitent le jeudi 22 Juin à20h au Château du Plessis à La Riche (Indre et Loire) à la projection du film « Federica Montseny L’Indomptable » en présence de son réalisateur Jean-Michel RODRIGO.

Cette projection s’inscrit dans le cadre des « Kabinet Havel » nouvelle programmation du Plessis Théâtre. Elle met plus particulièrement l’accent sur le parcours du réalisateur, le film étant un support à cette découverte.

Vous pouvez déjà retrouver la présentation de ce parcours sur le site du Plessis.

https://www.leplessis.net/

La projection sera suivie d’échanges avec J-M Rodrigo et nous pourrons poursuivre par un moment de convivialité.

Les cheminements d’une histoire singulière

■ Guillaume GOUTTE
PASSEURS D’ESPOIR
Réseaux de passage du Mouvement libertaire espagnol 1939-1975
Saint-Georges d’Oléron, Les Éditions libertaires, 2013, 230 p
.

AU FOND de l’histoire, indiquait Lucien Febvre, il y a toujours des sentiments. Longtemps le récit de cette histoire-là – notamment celle de la résistance libertaire antifranquiste des années 1950 – fut raconté de manière sentimentale et avec l’idée qu’il fallait revendiquer le parcours tragique de ces quelques hommes qui marchèrent vers la mort au nom de leurs convictions. On était alors dans une double nécessité : la première relevait d’une dette morale envers ces combattants disparus et la seconde d’une mise en cause des instances du Mouvement libertaire espagnol en exil dans la gestion approximative et cahotante de la stratégie d’action armée contre l’État franquiste. Cette tâche, Antonio Téllez Solá (1921-2005) fut le premier à la mener à bien en consacrant partie de son existence à raconter cette histoire qui fut aussi la sienne. D’où le caractère indiscutablement affectif de ses récits, par ailleurs bien informés [1]. Avec le livre de Guillaume Goutte, qui assume clairement l’héritage de l’ « œuvre fondatrice » de Téllez Solá, nous entrons à l’évidence dans une autre dimension, celle qui tient à égale distance, et avec constance, l’histoire froide, antiquaire et dématérialisée, des universitaires à prétention objectiviste et l’histoire héroïque à vocation militante plus encline à manier l’émotion que le bilan. C’est sans doute le principal mérite de cette étude, fruit d’un travail universitaire transformé en livre, que de s’efforcer d’éviter ces deux écueils en tenant fermement le cap de l’histoire critique pour restituer sur le long terme – trois décennies et demie – les cheminements complexes d’une résistance libertaire.

CENTRÉ sur la figure du « passeur » – et plus largement sur la question de « l’organisation de la traversée de la frontière » –, le livre de Guillaume Goutte adopte, en effet, un angle de vision original par rapport à la production historiographique dominante sur le sujet. Il s’agit ici de comprendre, à ras de terre pourrait-on dire, comment fonctionnèrent ces réseaux de passage mis en place par les anarchistes espagnols, mais aussi de montrer comment ils évoluèrent, sur le long terme, en regard des conditions de la clandestinité et des changements de ligne stratégiques du Mouvement libertaire espagnol en exil. Sur cet aspect du problème, Passeurs d’espoir offre une vision globale bien documentée des conflits internes que suscitèrent, au sein de l’exil libertaire, les activités des groupes de la résistance intérieure tout en se gardant de les réduire, comme c’est souvent le cas dans la sphère de l’histoire héroïque, à une éternelle dichotomie entre une « juste ligne » (activiste) et les pesanteurs bureaucratiques visant à la paralyser. Ici, les évidentes sympathies de l’auteur pour l’activité de la résistance libertaire n’oblitèrent pas son jugement quant à ses faiblesses et ses contradictions, mais aussi quant à l’entêtement qu’elle manifesta à se maintenir, malgré son faible rendement, dans les pires conditions.

Indépendamment de son principal objet – « réévaluer l’intense activité antifasciste à laquelle se sont livrés les anarchistes espagnols » entre 1939 et 1975 –, Passeurs d’espoir peut induire, tant son champ est vaste, plusieurs niveaux de lecture. On y trouvera, au choix, une description fouillée de l’exil anarchiste espagnol en France, un exposé méthodique des motivations du passage clandestin de la frontière pyrénéenne dans les deux sens durant toute cette période, une analyse précise de l’organisation de l’activité des réseaux de passage anarchistes et un relevé circonstancié des politiques de répression que suscita, des deux côtés de la frontière, cette délictueuse activité. De quoi penser, en somme, les divers éléments configurant un dispositif complexe où le « passeur anarchiste » (ou « passeur de guérilla ») représente une « pièce maîtresse » de la résistance libertaire contre le franquisme.

Cet homme, qui est-il ? À la différence du passeur « classique » – ou encore du guide salarié par d’autres organisations antifascistes –, le passeur anarchiste fait intimement corps avec le projet qu’il sert. Cette adéquation entre son idéal militant et son activité constitue, sans doute, sa grande singularité. Il est un combattant conscient des risques qu’il encourt, risques qu’il partagera avec ses compagnons en cas d’échec – d’autant qu’il est parfois passeur et guérillero, comme c’est, par exemple, le cas de Ramón Vila Capdevila, dit Caraquemada. En clair, avant d’être « passeur », cet homme est d’abord un militant anarchiste qui met sa connaissance du terrain au service d’une cause qu’il fait sienne et qui, sans lui, ne pourrait pas prospérer. Le reste est affaire de circonstances et d’opportunités. Le moins qu’on puisse dire, c’est que, suivant le long cours de cette histoire, les conditions et les enjeux du passage changeront souvent.

On aurait tort, en effet, de voir dans cette résistance un continuum mythique de l’esprit de rébellion fondé sur le seul refus anarchiste de la dictature. Elle épouse, au contraire, jusque dans ses moments de recul ou d’hésitation, les mouvements, plus ou moins favorables, d’une histoire hésitante. D’où la nécessité de la saisir dans le détail en s’attachant aux ruptures d’approche qui la caractérisèrent d’une période à l’autre. La première saison de la résistance s’inscrit, de 1939 à 1945, dans le mouvement plus général de la lutte contre le nazi-fascisme et engage, très tôt, au sein du réseau Ponzán notamment [2], des anarchistes convaincus que l’issue de ce combat déterminera forcément l’avenir de l’Espagne. Atypique, cette phase reste marquée par le pragmatisme des réseaux libertaires qui s’y impliquent et n’hésitent pas à travailler pour des alliés provisoires en échange de certains avantages pour leur propre cause [3]. La deuxième saison se subdivise en deux périodes : l’une, qui va de 1946 à 1950, voit éclore des groupes d’action apparemment soutenus par l’exil mais fonctionnant plutôt de manière autonome ; l’autre, qui court de 1951 à 1960, se caractérise par la persistance de l’activisme armé des derniers groupes d’action malgré l’abandon de cette ligne par les instances de l’exil en 1951. La troisième saison (1961-1967) est liée à la fondation de l’organisme Défense Intérieur, puis à l’« insurgence » d’une nouvelle génération d’activistes des Jeunesses libertaires à travers les activités du Groupe 1er-Mai. Enfin, la quatrième et dernière saison, celle des années 1970, met en mouvement des groupes sans lien organique direct avec le Mouvement libertaire espagnol (ou ses dissidences), comme les GARI et le MIL.

LA LUTTE contre la dictature franquiste demeure, du début à la fin de cette histoire singulière, la principale raison d’être des passeurs anarchistes (de la France vers l’Espagne – pour y transférer des combattants, des fonds, des armes et de la propagande – ou de l’Espagne vers la France – pour y rapatrier des militants en danger). Chevilles ouvrières de la résistance, le succès des missions dont ils ont la charge repose essentiellement sur leurs épaules.

À la différences d’autres ouvrages où la question de la rémunération des passeurs se voit souvent reléguée aux oubliettes de l’idéalisme, le livre de Guillaume Goutte apporte, sur le sujet, quelques éléments d’information chiffrés intéressants, notamment sur la première saison de la résistance. On y apprend, par exemple, que le réseau Ponzán demandait de 2 000 à 3 000 pesetas aux services britanniques pour chaque personne passée à leur demande [4]. Pour ce qui concerne le transport de Juifs vers l’Espagne – que le réseau prit parfois en charge contre la volonté des services britanniques, qui n’en faisaient pas une priorité –, les tarifs exacts ne sont pas connus, mais il semble qu’ils n’aient rien eu à voir avec ceux – exorbitants – pratiqués par les passeurs classiques. Jusqu’en 1942, l’argent perçu par le réseau Ponzán était, nous dit Guillaume Goutte, « intégralement versé à une caisse commune » destinée à subvenir aux besoins de ses membres et de leurs familles, mais aussi à financer les activités proprement anarchistes du réseau [5] et ses infrastructures (hébergeurs, faussaires, imprimeurs, agents de liaison).

Les passeurs des années suivantes – dont certains exerçaient, pour leur propre compte, des activités de contrebande – n’étaient, semble-t-il, rémunérés que lorsqu’ils passaient, de l’Espagne vers la France, des « migrants “économiques” ou “familiaux” ». Cela dit, on peut penser, que, même s’ils travaillaient souvent pour la gloire, il leur arrivait aussi, à l’occasion, d’être défrayés par les groupes d’action de la résistance [6]. De même, sur les bases d’appui dont disposait la résistance des années 1950 – notamment, du côté français, le mas Tartas et le mas Graboudeille et, du côté espagnol, Can Moreno et Can Flaquer –, sur les itinéraires de passage clandestin et sur les expéditions elles-mêmes, Passeurs d’espoir fourmille de données fort utiles pour comprendre comment fonctionnaient, dans le détail, ces réseaux.

Essentiel dans les deux premières saisons de la résistance libertaire, le rôle des passeurs tend à décliner à partir des années 1960, date à laquelle, avec le début de la grande migration touristique, s’ouvrent d’autres voies, moins dangereuses, de passage vers l’Espagne. « Nombre de jeunes activistes anti-franquistes, nés en exil, [étant] de nationalité française », la plupart des entrées se font alors, indique Guillaume Goutte, « par les postes frontaliers, avec des papiers le plus souvent en règle ». Presque « légalement », en somme. Reste que, certaines traversées clandestines demeurant encore nécessaires, « notamment pour évacuer des militants recherchés par la police », les passeurs ne disparaissent pas complètement. En cas de besoin, ils reprennent le collier, en adaptant, il est vrai, leurs activités aux nouvelles formes de déplacement motorisées. Ce changement de méthode est ici évoquée par Jordi Gonzalbo et Jeanine Lalet, qui participèrent de près, dans les années 1960 et 1970, aux activités de passage liées au groupe des Jeunesses libertaires de Perpignan [7].

SI, D’UNE PHASE À L’AUTRE de la résistance libertaire au franquisme, perdure un même imaginaire réactivant les mêmes vertus combattantes, les différences sont évidemment nombreuses, comme le montre Guillaume Goutte, entre la résistance à mort des premiers temps, l’extrême solitude des maquisards des années 1950, l’activisme à vocation spectaculaire des années 1960 et l’illégalisme assumé des années 1970.

Guillaume Goutte accorde une attention particulière – et attendrie – aux maquisards des années 1950, seconde époque, dont le seul – mais vrai – mérite fut probablement de sauver symboliquement l’honneur des vaincus d’une déjà lointaine guerre civile. Ceux qui s’adonnèrent, en ces temps de désarroi, à cette résistance solitaire étaient en réalité de drôles de types incapables d’admettre d’autre manière de vivre – et de mourir – que celle-là. Porteurs de flamme côtoyant des fantômes, ils se battaient non pour vaincre, mais pour ne pas démériter. Cette configuration mentale si particulière d’une résistance ultra minoritaire, le franquisme la perçut comme un réel danger, non pour sa survie – elle était assurée au vu du déséquilibre des forces engagées –, mais parce qu’elle ravivait constamment la mémoire du peuple des ombres. D’où la constance qu’il mit à l’éradiquer. Qu’on entende bien : il ne s’agit pas, ici, de sur-valoriser la « dangerosité » anti-franquiste des Sabaté, Facerías et autres Caraquemada – au bout du compte, leurs clandestines activités n’eurent aucun effet déstabilisateur réel sur le régime –, mais d’insister sur l’exceptionnelle motivation individuelle de ces combattants solitaires que rien ne fit céder : ni l’adversité, ni le rejet dont ils furent l’objet de la part de leur organisation. C’est sans doute cette étrange prédisposition à l’entêtement et au refus qui les firent passer pour des aventuriers quand ils n’étaient que des irréductibles.

Au tournant des années 1960, les adeptes d’une nouvelle forme de résistance, moins lyrique et plus méthodique, critiquèrent, dans les rangs d’un mouvement libertaire en voie d’apparente réunification, la facture par trop improvisée de l’ancienne. Pour Guillaume Goutte, si l’on « peut assurément parler d’impasse de la lutte armée » à la fin des années 1950, cet échec s’explique surtout par la féroce répression qu’elle subit et par « l’inadéquation entre le soutien supposé de l’appareil confédéral de la CNT “apolitique“ à la lutte armée et la réalité des moyens qu’il était capable ou souhaitait mettre en œuvre pour l’assumer ». Il poursuit : « Cette dualité permanente entre les intentions et les actes induisit indubitablement, du côté des groupes d’action, autant de faux espoirs que de sourdes rancœurs ». Pour la nouvelle génération résistante, celle qui fit ses premières armes dans le cadre de l’organisme Défense Intérieur (DI), il s’agissait, en revanche, d’opérer un « saut qualitatif » – pour reprendre l’expression d’un de ses stratèges, Octavio Alberola [8] –, en rompant avec le côté « romantique » et « désorganisé » de la vieille garde. Pour un autre « jeune libertaire » de l’époque, Tomás Ibáñez, dont Guillaume Goutte rapporte les propos, les principales différences entre ces deux âges de la résistance étaient au nombre de quatre : la tactique d’action directe ne devait plus être « l’affaire d’individualités », mais engager « l’ensemble du MLE » ; les braquages devaient être exclus ; les opérations devaient être menées dans l’intention de susciter des « effets médiatiques » ; l’objectif essentiel de cette résistance devait être d’abattre Franco [9].

Au terme de deux années d’activités régulièrement contrariées par ceux-là mêmes dont la présence au sein du DI n’avait, depuis sa création, d’autre but que celui-là [10], un bilan honnête de la courte existence de cet organisme « conspiratif » impose de reconnaître, comme le fait Guillaume Goutte, que, malgré sa louable aspiration au « saut qualitatif », ses « lacunes » furent aussi évidentes que ses difficultés « à gérer correctement ses entreprises » [11]. Pour s’en convaincre, nous dit-il, il suffit de s’intéresser, « au-delà des imprévus que toute action clandestine peut connaître, [à l’] amoncellement d’erreurs [qui lui sont] directement imputables », notamment au moment de la confuse opération madrilène de l’été 1962 – qui deviendra la tragique « affaire Granado-Delgado » et « entamera définitivement son crédit » [12]. Par la suite, le flambeau fut repris par les seules Jeunesses libertaires qui persistèrent, à travers le Groupe 1er-Mai, à emprunter, pendant quelques années encore, la voie activiste avant qu’une nouvelle vague d’insurgés, plus proche de l’illégalisme armé post-soixante-huitard que de la résistance libertaire antifranquiste classique, n’occupe, au début des années 1970, le devant d’une scène où tout se décidait dans les coulisses – y compris le tempo d’une transition démocratique déjà programmée. Quelque dix ans après Francisco Granado et Joaquín Delgado, Salvador Puig Antich, militant du MIL, sera le dernier garrotté – mais non le dernier exécuté – d’un généralissime exterminateur qu’aucune résistance ne parvint, hélas, à éliminer.

S’IL CONVIENT de saluer le travail de Guillaume Goutte, c’est qu’il est rare que, sur un tel sujet, l’équilibre soit à ce point tenu entre l’évidente empathie ressentie pour les fantômes de cette résistance au long cours et la claire volonté d’en retracer l’histoire sans sombrer dans sa mythification. Centré sur la figure du passeur anarchiste, un des grands oubliés – notons-le – de cette longue épopée, le récit qu’il en tire nous replace au centre de cet entrelacs de passions et de refus qui poussèrent quelques hommes à poursuivre un combat bien trop inégal pour pouvoir être remporté. La première leçon qui se dégage de cette épopée, la principale peut-être, c’est qu’il existe, quelles que soient les circonstances, des individus – rares – qui se sentent portés par un défi nécessaire et que rien n’abat, pas plus la défaite que la solitude. La seconde, c’est que cette histoire leur appartient en propre, et non pas à l’organisation à laquelle ils étaient liés et qui, souvent, les lâcha sans jamais le leur dire clairement. Quant à supposer que cet abandon valut trahison, ce serait évidemment ignorer qu’aucune organisation, aussi libertaire fût-elle, ne pouvait lier son sort et ses intérêts à une stratégie qui risquait, à terme, de remettre en cause le statut légal qu’elle avait acquis en exil. Son grand tort fut de jouer sur les deux tableaux, et même de surenchérir dans le martyrologe, en laissant accroire, par pure démagogie, qu’elle était, encore et toujours, le centre névralgique d’une résistance qui la gêna plutôt aux entournures – double langage qui conduisit, au début des années 1960, à la création d’un organisme « conspiratif » dont les concepteurs firent tout pour qu’il ne conspire surtout pas.

Il n’est plus temps, cela dit, de se demander si la voie de la résistance armée contre le franquisme était possible. Ni même de savoir dans quelles conditions elle aurait pu l’être. Elle fut tentée, sous diverses formes, et elle échoua, quelles que fussent les méthodes employées, à atteindre la plupart de ses objectifs. Sauf un : maintenir vivante la mémoire des vaincus et, avec elle, ouverte la perspective qu’il n’était jamais vain d’arpenter les chemins d’insoumission. Au risque de s’y perdre en cherchant un passage. À l’heure des bilans, c’est sans doute ce qui demeure, et c’est bien comme ça.

José FERGO

[1] Deux livres de cet auteur sont disponibles en français : Sabaté. Guérilla urbaine en Espagne (1945-1960), Toulouse, Repères-Silena, 1990, et Le Réseau d’évasion du groupe Ponzán. Anarchistes dans la guerre secrète contre le franquisme et le nazisme (1936-1944), Toulouse, Le Coquelicot, 2008.

[2] Francisco Vidal Ponzán (1911-1944) demeure indiscutablement la figure dominante de cette « première résistance ». Ancien agent du Service d’intelligence spéciale périphérique (SIEP) de l’armée républicaine, cet anarchiste aragonais, instituteur de profession, fut, de 1939 à sa mort, au cœur d’un vaste réseau de passage de frontière travaillant de concert avec les services secrets britanniques.

[3] Dans une perspective parallèle, il faut noter que leurs commanditaires – ici, les services britanniques, mais il y en eut d’autres, notamment dans les rangs gaullistes – surent le plus souvent réutiliser, pour la cause résistante, les compétences particulières que des combattants anarchistes comme Ponzán – mais aussi Agustín Remiro ou Juan Catalá – avaient acquises, pendant la guerre d’Espagne, sur le front d’Aragon, en matière de renseignement, d’évasion et d’infiltration.

[4] Juan Catalá et Joaquín Baldrich touchaient, eux, 3 000 pesetas par agent ou aviateur transporté en Espagne, en 1943.

[5] Entré clandestinement en France en 1947, Cipriano Mera racontait que la vie d’un condamné à mort valait alors, en Espagne franquiste, 500 pesetas. Autrement dit, avec 500 pesetas on pouvait corrompre un fonctionnaire de prison. Partant de là, Mera, lui aussi pragmatique en diable, s’évertua à convaincre les instances dirigeantes de la CNT en exil qu’il était sans doute plus urgent, pour l’heure, de faire sortir un maximum de compagnons libertaires des geôles franquistes que de publier livres et journaux en quantité. Sans succès. L’anecdote vaut ce qu’elle vaut, mais elle restitue assez précisément une réalité que connaissaient Ponzán et ses camarades, qui réinvestirent dans cette tâche partie des prestations reçues des services britanniques.

[6] Les passeurs les plus célèbres de cette époque seront Francisco Denís Diéz, dit Catalá, et Ramón Vila Capdevila, dit Caraquemada – voir, à leur sujet, l’entretien avec Mariano Aguayo Morán publié dans ce numéro –, mais aussi Antonio Gónzalez Péres, dit Tono, Antonio Cereza Grasa et Antonio Cuesta Hernández.

[7] On lira, dans ce numéro, une recension du livre récemment paru de Jordi Gonzalbo : Itinéraires Barcelone-Perpignan. Chroniques non misérabilistes d’un jeune libertaire en exil.

[8] Dans l’entretien accordé à Guillaume Goutte, Octavio Alberola affirme curieusement que la situation internationale de l’époque – guerre froide, mouvements de décolonisation et, surtout, révolution cubaine – joua un rôle dans la réunification, en 1961, de la CNT. L’hypothèse est hardie mais sans fondement. Ce qui, en revanche, n’est pas discutable, c’est l’influence évidente que joua le processus révolutionnaire cubain sur Alberola, qui en fut longtemps un ardent panégyriste.

[9] Hormis les illusions d’époque sur une implication réelle – c’est-à-dire logistique et financière – des instances dirigeantes du MLE en exil dans ce genre d’activités et l’intérêt manifeste, lui aussi d’époque, porté aux impacts médiatiques de telle ou telle action, l’idée d’attenter à la vie du dictateur n’était pas, elle, à proprement parler originale, comme le prouve l’entretien avec Mariano Aguayo Morán que nous publions dans ce numéro.

[10] C’est ainsi que Germinal Esgleas et Vicente Llansola, représentants de la très immobiliste orthodoxie faïste, furent tout à la fois les inspirateurs et les fossoyeurs du DI.

[11] Sans parler des infiltrations policières qu’il subit et ne soupçonna pas. Sur ce chapitre, Goutte situe à ses justes proportions l’ampleur de la calamiteuse insouciance du DI, puis du Groupe 1er-Mai, vis-à-vis d’un indicateur qui sévit quatorze années durant dans le milieu activiste.

[12] Sur cet épisode, on peut se reporter, malgré ses lacunes, au livre de Carlos Fonseca, Le Garrot pour deux innocents : l’affaire Granado-Delgado – Éditions CNT-RP, 2004 – recensé dans le n° 16 – avril 2004 – de ce bulletin sous le titre : « De “l’innocentisme” et de ses limites ». Sur l’activisme des années 1960, on peut puiser, avec mesure, au livre de Salvador Gurucharri et Tomás Ibáñez, Une résurgence anarchiste. Les Jeunesses libertaires dans la lutte contre le franquisme : la FIJL dans les années 1960 – Acratie, 2012 –, dont l’édition espagnole fut longuement recensée dans le n° 39 – janvier 2011 – de ce même bulletin sous le titre : « Au temps des “Jeunesses” ardentes : l’histoire en héritage ».

« LE FANTOME DE LA GUERRE D’ESPAGNE »

À la fin des années 1930, face à la guerre qui ravage leur pays, de nombreux Espagnols cherchent l’asile en France. Tandis que le Front populaire, arrivé au pouvoir en 1936, impose un accueil solidaire des réfugiés, les derniers gouvernements de la IIIe République mettent en place une législation restrictive qu’utilisera le régime de Vichy.
par Geneviève Dreyfus-Armand

 

 

Dans les années 1920, la France, touchée par la première guerre mondiale et les pertes d’hommes jeunes, est amenée à recruter des travailleurs étrangers et à accueillir des réfugiés. Elle devient, à l’aube des années 1930, le premier pays d’immigration du monde. Des travailleurs entrés individuellement ou recrutés collectivement par la Société générale d’immigration, créée par le patronat, se mêlent aux réfugiés. Mais les effets de la crise économique de 1929 provoquent une poussée de xénophobie.

De l’été 1936 au printemps 1938, les premiers bombardements de l’histoire de villes européennes et les représailles exercées par les franquistes provoquent l’arrivée de plusieurs vagues de réfugiés espagnols. Souvent suivis de retours, ces flux représentent plus de 150 000 personnes. Quarante-huit heures après le putsch de Francisco Franco, à la mi-juillet 1936, le gouvernement du Front populaire recommande de pratiquer à l’égard des réfugiés un accueil conforme à la « tradition ». Le 18 août 1936, il est demandé aux préfets des départements situés entre Garonne et Loire de procéder à un recensement des locaux susceptibles de recevoir les démunis. Une « Instruction générale sur l’hébergement des réfugiés espagnols », édictée en mai 1937, détermine la liste des départements concernés et synthétise les prescriptions en matière de conditions d’accueil.

 

 

Après la chute du gouvernement de Léon Blum, en juin 1937, il se produit une inflexion restrictive sensible. Le 27 novembre, il est décidé qu’en dehors des femmes, des enfants, des vieillards et des malades, qui peuvent encore être hébergés aux frais des collectivités publiques, les réfugiés doivent pouvoir subvenir à leurs besoins.

Le gouvernement d’Édouard Daladier, constitué en avril 1938, marque un net changement dans la politique d’admission des étrangers. On considère désormais que les réfugiés sont trop nombreux et menacent la sécurité nationale. Le 14 avril, le ministre de l’intérieur réclame « une action méthodique, énergique et prompte en vue de débarrasser notre pays des éléments indésirables trop nombreux qui y circulent ». Le 2 mai, un décret prévoit que, si un étranger frappé par un arrêté d’expulsion ne parvient pas à obtenir le visa qui lui permettrait de quitter la France, le ministère de l’intérieur « pourra assigner à l’intéressé une résidence déterminée qui rendra sa surveillance possible ». Le 12 novembre de la même année, un décret estime que, pour les « indésirables » qui « sont dans l’impossibilité de trouver un pays qui les accepte », l’assignation à résidence prévue en mai représente une « liberté encore trop grande » : ils seront dirigés vers des « centres spéciaux » où ils feront l’objet d’une surveillance permanente.

 

 

En janvier et février 1939, face à l’exode d’un demi-million de personnes consécutif à la conquête de la Catalogne par les franquistes, la principale préoccupation du gouvernement est d’assurer l’ordre et la sécurité, tout en incitant les arrivants à repartir en Espagne. Malgré les avertissements répétés des diplomates, rien n’a été prévu pour préparer le moindre hébergement. L’asile est certes consenti ; mais, dépassés par des événements qu’ils n’ont pas su ou voulu anticiper, les pouvoirs publics gèrent le grand exode de 1939 de manière sécuritaire.

La séparation des familles, quand elles ont pu partir groupées, s’effectue dès la frontière : les femmes, les enfants et les personnes âgées sont généralement évacués vers des centres d’hébergement en province où ils sont tant bien que mal accueillis. Quant aux combattants et aux hommes jeunes, ils sont conduits sous bonne escorte dans des camps aménagés à la hâte sur les plages du Roussillon. Ces camps sont dits alors « de concentration » dans les textes administratifs, au sens où l’on entend « concentrer », afin de les surveiller, ceux que l’on juge « indésirables ». Les réfugiés se retrouvent dispersés sur tout le territoire pour de longs mois, voire des années.

Chaos et improvisation dominent : les premiers camps poussent sur les plages du Roussillon, à Argelès-sur-Mer et à Saint-Cyprien, dans les Pyrénées-Orientales. Ce sont de simples espaces délimités par des barbelés, sans baraquements ni installations sanitaires, placés sous la surveillance de corps de troupe (gendarmerie, gardes mobiles, troupes coloniales). Les réfugiés doivent, en plein hiver, s’enfouir dans le sable pour se protéger des intempéries. Des épidémies se répandent, tant ces populations sont affaiblies par des mois de guerre et par de longues marches.

 

 

Ces camps se révèlent vite insuffisants ; les autorités en ouvrent d’autres : au Barcarès, non loin, pour les réfugiés en instance de rapatriement ; à Bram, dans l’Aude, à Agde, dans l’Hérault, à Septfonds, en Tarn-et-Garonne, puis au Vernet d’Ariège et à Gurs, près de Pau. En février 1939, quelque 275 000 Espagnols sont internés. Fin mars 1939, des réfugiés parviennent à gagner l’Algérie, où les autorités, souvent profranquistes, les accueillent rudement ; des camps précaires, tels Morand (à Boghari) et Suzzoni (à Boghar), attendent les combattants près d’Alger.

Les autorités françaises incitent les internés à retourner en Espagne, malgré les risques encourus, ou à s’engager dans la Légion étrangère. Les autres se retrouvent, de gré ou de force, employés à la fortification des frontières ou embarqués dans l’économie de guerre : enrôlement dans les compagnies de travailleurs étrangers, militarisées, et, sous Vichy, dans les groupements de travailleurs étrangers.

 

Ravitaillement en pain.

Les Espagnols attendront 1945 pour bénéficier du statut de réfugiés politiques, après avoir participé en grand nombre à la guerre et à la Résistance. Entre-temps, ces camps et d’autres nouvellement créés — comme celui de Rivesaltes — auront été utilisés par le régime de Vichy, qui en aura fait les instruments de sa politique d’exclusion à leur égard et à celui d’autres « indésirables », notamment des Juifs. Le sécuritaire avait toutefois pris le pas sur l’humanitaire dès la fin de la IIIe République.

Geneviève Dreyfus-Armand
Historienne, auteure de L’Exil des républicains espagnols en France. De la guerre civile à la mort de Franco (Albin Michel, Paris, 1999) et, avec Odette Martinez-Maler, de L’Espagne, passion française. 1936-1975. Guerres, exils, solidarités (Les Arènes, Paris, 2015).

Source :
https://www.monde-diplomatique.fr/2017/05/DREYFUS_ARMAND/57481

INAUGURATION D’UN JARDIN EN L’HONNEUR DE « LA NUEVE » A MADRID : LA VIDEO.

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On remarquera en particulier la présence de Rafael Gómez (et de son fils Jean-Louis) le dernier survivant de La Nueve  ; de l’écrivaine Almudena Grandes ; d’Anne Hidalgo (discours) ; de Manuela Carmena (discours) ; de Pablo Iglesias et de Íñigo Errejón de Podemos ; Evelyn Mesquida auteure de l’ouvrage de référence sur La Nueve ; Colette Dronne, fille du commandant de La Nueve  et Mar y Luz Cariño López, vice présidente de notre association Retirada 37 dont le papa commanda le char « Guernica » de La Nueve.

Luisa Royo dépose dans le colombarium du cimetière de La Almudena les cendres de son père, Luis Royo, décédé l’an dernier.

Un hommage très émouvant.

 

Source :

http://www.tmex.es/el-jardin-de-la-nueve-y-las-cenizas-de-luis-royo-en-madrid/

Á PROPOS DES PHOTOS DU CAMP DE MAUTHAUSEN, ANTONIO GARCÍA ET FRANCISCO BOIX : QUELQUES VERITES.

Merci à Véronique Salou Olivares pour ces précisions en réponse à notre article :

PARÍS DARÁ EL MAYOR RECONOCIMIENTO AL FOTÓGRAFO DE MAUTHAUSEN

 

Juste dire qu’au-delà de tous les mérites et les risques pris par Francisco Boix pour collecter ce témoignage précieux de photos et les sortir du camp ou les cacher dans le camp, il n’était pas seul. Il a beaucoup oeuvré pour ce devoir collectif de résistance et de survivre. Mais son décès très jeune en a fait un martyr idéal pour ceux qui voulaient créer une figure « d’Épinal » pour la résistance du camp, et pour cause il ne pouvait plus rien dire.
Antonio Garcia Alonso par son fils Claude : (extraits)

Lorsque Boix arrive à L’Erkennungsdienst (labo photo du camp de Mauthausen) il y a déjà une résistance organisée au sein de ce Kommando:
« Six déportés travaillaient au labo photo en mai 1941 : un socialiste autrichien, Hans, était le Kapo; un jeune républicain espagnol, Antonio García Alonso, ( N°4665) travaillait depuis début mai au labo photo; Stefan Grabowski, le « Polonais rouge », qui avait combattu en Espagne dans les Brigades internationales, Miroslav Lastowka, un autre Polonais ; Johann Gralinski ; enfin un autre Espagnol, Ruiz.
Antonio García s’est vite rendu compte que Grabowski, responsable avant son arrivée du développement, tirait clandestinement un sixième exemplaire de certaines photos et cachait cette collection dans le labo. Il continua lui-même ce travail qui, découvert, leur aurait valu une mort atroce, et a probablement mis de côté quelques clichés de la visite de Himmler du 31 mai. Fin 1942, García demanda un assistant, étant donné la surcharge de travail due aux arrivées massives de déportés, et proposa à Paul Ricken (adjudant SS responsable du labo) un nom, choisi en fait par les dirigeants clandestins à Mauthausen du parti communiste espagnol : un autre Catalan, Francesc Boix Campo, appelé couramment Francisco Boix. en 1944, arriva dans le service photo un dernier Espagnol : José Cereceda.
Trois déportés étaient au courant de la collection secrète : Grabowski, mort fin 1944, García et Boix. Très malade, García fut hospitalisé au Revier (hôpital) de février à mars 1945. À son retour, la collection, d’environ 200 clichés, avait disparu de sa cachette. Boix, devenu dans l’intervalle Kapo du labo (mais il le nia au procès de Nuremberg), finit par dire à García l’avoir remise aux dirigeants communistes clandestins, qui l’avaient dispersée et camouflée dans le camp. Après le suicide de Hitler le 30 avril, annoncé à la radio le lendemain, le commandant de Mauthausen ordonna à Paul Ricken de détruire l’ensemble des négatifs et des photos de l’Erkennungsdienst, pour effacer les traces de l’esclavage et de la barbarie à l’oeuvre dans le camp. García et Boix réussirent alors à soustraire encore des négatifs et des photos.
L’organisation clandestine espagnole avait, quelques semaines avant, décidé de faire sortir du camp les clichés cachés depuis quatre ans, grâce à deux jeunes communistes catalans, Jacinto Cortés et Jesús Grau, qui portaient chaque jour ses repas à un Kommando d’Espagnols travaillant au village de Mauthausen. Ils avaient sympathisé au fil des mois avec Anna Pointner, une habitante voisine du chantier, qui accepta de dissimuler les photos dans une lézarde du mur de son jardin. Et le 5 mai, donc, le camp fut libéré.

Boix, apparemment, récupéra le lot de clichés et l’emporta en France où il travailla pour la presse communiste : le 1er juillet, l’hebdomadaire Regards publia 21 des photographies ; le 1er août, le quotidien Ce soir leur consacra un numéro spécial. En 1946, Boix s’attribua le mérite d’avoir sauvé 20 000 photos… Mais « sa » collection fut éclatée : García récupéra certains tirages, Boix en vendit à des agences de presse, notamment tchèques, avant sa mort survenue en 1951, à l’âge de 31 ans, de tuberculose – il est enterré au cimetière parisien de Thiais. Boix devint ensuite un héros porté par la mémoire du Parti communiste espagnol, clandestin sous Franco, et du PCF. García, lui, soupçonné de sympathies trotskystes, n’a pas bénéficié de la même valorisation. L’historien américain David Wingeate Pike, qui a très longuement interviewé García, décédé en 2000, a réhabilité aujourd’hui son rôle dans la soustraction et le sauvetage des photos.

NDLR : Les restes Francisco Boix seront tranférés au cimetière du Père Lachaise à Paris lors d’une cérémonie prévue le 16 juin 2017.

 

Antonio Garcia Alonso :

Né le 19 mai 1913, à Tortosa, province de Catalogne, décédé le 10 juillet 2000. Il écrivit sur le bulletin de la FEDIP sous le pseudonyme de « Juan de Portado ». Au camp il fut très actif dans son kommando le Erkennungdiens, service anthropométrique des prisonniers, pour collecter les preuves des assassinats. (informations données par sa femme Odette) Matricule N° 4665.
Des photos SS présentées comme preuves aux procès de Nuremberg et Dachau
Francisco Boix fut le seul Espagnol appelé à témoigner devant le tribunal militaire international de Nuremberg, les 28 – le même jour que Marie-Claude Vaillant-Couturier – et 29 janvier 1946. Six photos apportées par Boix furent projetées devant le tribunal et versées au dossier des preuves. Dans sa déposition, il certifia, par le biais des photos développées et tirées à l’Erkennungsdienst, la présence de Kaltenbrunner (en compagnie de Himmler) et de Speer (en mars 1943) lors de visites officielles de Mauthausen ou de l’annexe de Gusen – alors que les deux accusés niaient connaître le camp. C’était là la raison d’être de la comparution de Boix, cité comme témoin de l’accusation par Charles Dubost, procureur adjoint de la délégation française.
C’est à Dachau qu’eut lieu, du 7 mars au 13 mai 1946, le procès de 61 responsables, médecins, gardes et Kapos du camp de Mauthausen. Ils furent jugés par un tribunal militaire américain, bien que Mauthausen fît partie de la zone d’occupation soviétique : c’était en effet l’armée américaine qui avait libéré le camp. Francisco Boix témoigna de nouveau, le 11 mai, et fournit 30 photographies qui furent versées au dossier d’accusation comme preuves.

Mémoires Partagées, Association 1901
62 rue du 11 Novembre, 91600 Savigny sur Orge,

http://www.24-aout-1944.org/

 

 

PARÍS DARÁ EL MAYOR RECONOCIMIENTO AL FOTÓGRAFO DE MAUTHAUSEN

Le cercueil de Francisco Boix sera transféré du cimetière de Thiais (Val de Marne) à celui du Père Lachaise à Paris. Un hommage lui sera rendu en présence d’Anne Hidalgo et de Ramiro Santisteban dont le père fut sauvé de la mort à Mauthausen par Francisco Boix.

La cérémonie aura lieu le vendredi 16 juin à 13h30.

Sa reconnaissance officielle est tardive mais bien méritée. Il est méconnu en Espagne.

Photographe espagnol interné au camp de Mauthausen, Boix a réussi à sauvegarder 2000 clichés qui ont servi de preuves au procès de Nuremberg (il est le seul témoin espagnol au procès). Des photos montrent une visite de hauts responsables nazis dont le chef du Bureau de la Sécurité du Reich, Ernst Kaltenbrünner. Celui-ci avait  pourtant nié avoir visité le camp… Il avait probablement perdu la mémoire, mais les victimes, elles, ne peuvent oublier.

Au cimetière du Père Lachaise reposent  également Juan Negrín López dans la 88e division et, dans la 97e division, en face du Mur des Fédérés, sont inhumés plusieurs participants de la Guerre d’Espagne, espagnols et étrangers, notamment membres des Brigades Internationales, à proximité du tombeau de Francisco Largo Caballero.

Cette même 97e division accueille le Mémorial des Espagnols morts pour la Liberté (environ 35 000 dont 10 000 déportés, principalement à Mauthausen, de 1939 à 1945). Erigé à l’initiative de la Fédération Espagnole des Déportés et Internés Politiques, ce Mémorial est aujourd’hui la propriété de l’Etat Espagnol.

Il doit de ce fait être considéré comme un monument national espagnol.

 

Sa biographie en français :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Francisco_Boix

 

París dará el mayor reconocimiento al fotógrafo español de Mauthausen
Los restos de Francesc Boix serán trasladados al Père Lachaise, el cementerio más conocido de la capital francesa

Al acto asistirá la alcaldesa de la ciudad y el deportado Ramiro Santisteban, a cuyo padre salvó Boix de la muerte en el campo de concentración de Mauthausen

El fotógrafo catalán organizó el robo de las fotografías que probaban los crímenes cometidos por los SS y testificó en los Juicios de Núremberg

Carlos Hernández

eldiario.es
07/04/2017

 

Francesc Boix fotografiado en Mauthausen / MHC (Fons Amical de Mauthausen)

MÁS INFO (véase eldiario.es)
• « Si los españoles terminaron en Mauthausen fue gracias al cuñadísimo Serrano Súñer »
• Un convoy de 22 españoles acabó en Mauthausen porque Buchenwald no era lo bastante duro

 

 

El viaje de Eugenio Sánchez a la cámara de gas nazi

 » Boix merece un monumento. Tenía la cara más dura que el cemento, pero ayudaba todo lo que podía en el campo de concentración ». Quien así habla es Ramiro Santisteban, un cántabro que sobrevivió a Mauthausen y que aún puede contarlo. A sus 95 años de edad la memoria a corto plazo le juega malas pasadas, pero lo que no olvida son los casi cinco años que pasó en el infierno de los campos nazis junto a su hermano Manuel y a su padre, Nicasio.
« Mi padre era mayor y si hubiera trabajado mucho tiempo en la cantera de Mauthausen habría muerto como tantos otros. Yo quería colocarle en la cocina, pelando patatas, y Boix lo hizo posible. Él tenía buena relación con algunos SS porque les conseguía cosas en el mercado negro del campo. Coincidió que sorprendieron a un cocinero alemán robando un salchichón; así que le mandaron a la cantera y mi padre cubrió su hueco pelando patatas. Eso le salvó la vida y fue gracias a Boix », recordaba Ramiro con los ojos enrojecidos por la emoción.
El viejo luchador de Laredo tiene previsto desafiar una vez más a sus achaques para asistir en primera fila al gran homenaje que París prepara al fotógrafo de Mauthausen. En el mediodía del próximo 16 de junio, los restos mortales de Francesc Boix serán trasladados desde su humilde tumba de la necrópolis de Thiais hasta un privilegiado sepulcro del Père Lachaise, el cementerio de las celebridades de la capital francesa.
Reposar en este lugar no es una posibilidad al alcance de cualquiera porque simboliza el más alto reconocimiento de la ciudad. Buena prueba de ello será la presencia de la alcaldesa, Anne Hidalgo, de la asistencia de representantes del Gobierno central y de los honores de Estado con que contará la ceremonia.
Este apoyo institucional no ha sido espontáneo, sino que es fruto del intenso trabajo realizado durante años por la Amicale de Mauthausen de París. Desde su sede central en la capital francesa, se realizó una colecta popular para sufragar los gastos del traslado y se negoció hasta la saciedad con el Ayuntamiento parisino para conseguir ayudas, permisos y hasta su implicación directa en el evento. « Es un mérito de toda la asociación », afirma una de sus dirigentes, que insiste en no ser identificada para no apropiarse de un éxito que, asegura, « tiene muchos nombres ».

Photos et vidéos. Sur la première vidéo, à 2’20“, on assiste à son témoignage – en français – au tribunal de Nuremberg. Des images peuvent choquer :

https://alchetron.com/Francisco-Boix-762703-W

 

Ramiro Santisteban estuvo casi cinco años compartiendo cautiverio en Mauthausen / Carlos Hernández

 

Olvidado en España, reconocido en Francia

Analizando el simbolismo del acto, Juan Ocaña, hijo de un deportado español superviviente de Mauthausen, afirma que este reconocimiento a Francesc Boix tiene dos lecturas: « En clave francesa es un paso extraordinario porque, tras la guerra, De Gaulle ocultó el decisivo papel que los republicanos españoles habían jugado en la Resistencia y también el sufrimiento de miles de ellos en los campos nazis. Si Boix fuera francés, tendría desde hace muchos años una estatua en París. Esa injusticia, poco a poco, se va corrigiendo y ahora este acto servirá para poner en primer nivel la figura de ese gran hombre. En clave española, el acto creo que dejará más en evidencia al Estado español que sigue ignorando a todos estos hombres y mujeres que lucharon contra el fascismo ».
Otros hijos y nietos de compañeros de Boix en Mauthausen también se preguntan por qué no tiene una estatua en Madrid, Sevilla o Barcelona. Su vida, que muy pronto se convertirá en película, atravesó dos guerras. En la de España trabajó como fotógrafo en las filas republicanas; en la europea apenas pudo hacer nada antes de ser capturado por las tropas nazis y deportado a Mauthausen. Fue en este campo de concentración donde el catalán escribió sus páginas más gloriosas.
Los SS aprovecharon su experiencia como fotógrafo para colocarle como ayudante en el laboratorio fotográfico. Allí, junto al también español Antonio García, empezaron a robar copias y negativos en los que se veían los crímenes cometidos en el campo. Boix organizó un plan para sacar del recinto ese material con la ayuda de tres jóvenes prisioneros españoles: Jacinto Cortés, Jesús Grau y José Alcubierre. El paquete acabó en las manos de una vecina del pueblo de Mauthausen, simpatizante antifascista, que lo guardó hasta el final de la guerra.
Tras la llegada de las tropas estadounidenses, Boix recuperó los negativos que acabarían siendo exhibidos en los Juicios de Núremberg en los que se juzgó a la cúpula del régimen nazi. El fotógrafo catalán fue el único español que testificó ante ese histórico tribunal, armado con sus fotografías.

 

Monumento a las víctimas de Mauthausen en el cementerio de Père Lachaise / Carlos Hernández

 

Además de todo tipo de crímenes, en las imágenes se veía a algunos de los jerarcas nazis recorriendo Mauthausen. Entre ellos estaba el Jefe de la Oficina de Seguridad del Reich, Ernst Kaltenbrünner, que había negado previamente haber visitado el campo de concentración. El general de las SS enmudeció al verse en las fotos exhibidas por Boix. Meses después pagaría sus crímenes en la horca.
Boix volvió a testificar en el juicio de Dachau en el que comparecieron algunos de los responsables nazis que dirigieron Mauthausen. La tuberculosis y otras secuelas que le dejó el campo le acompañaron hasta su fallecimiento, el 7 de julio de 1951. Estaba a punto de cumplir los 31 años de edad. Sesenta y seis años después, sus restos mortales realizarán un último viaje hacia el cementerio de las celebridades.

 

Morada de personalidades, lugar de conmemoraciones

Una de las calles del gigantesco Père Lachaise está dedicada a recordar a las víctimas de los campos de concentración nazis. En medio de un conmovedor silencio y entre los árboles, se alza un monumento por cada campo. Esqueléticas figuras de bronce arrastran un carro con un compañero muerto para conmemorar el sufrimiento en Auschwitz III; dos grandes manos, atadas, recuerdan a las mujeres cautivas y asesinadas en Ravensbrück; un agónica figura, acarreando una piedra por una inacabable escalera, representa el sufrimiento vivido por los deportados de Mauthausen.
Este cementerio es el más visitado del mundo y es la última morada de cientos de celebridades históricas como Molière, Georges Bizet, Frédéric Chopin, Marcel Proust, Oscar Wilde o más contemporáneas como Jim Morrison o Édith Piaf. El que fuera presidente de la República española, Juan Negrín, y la mítica fotoperiodista Gerda Taro, colega y compañera de Robert Capa, también descansan en un rincón de sus más de 40 hectáreas. Difícil imaginar un lugar mejor para que reposen los restos mortales del fotógrafo de Mauthausen.

 

Source :

http://www.eldiario.es/sociedad/Ciudadanos-Gobierno-Francesc-Boix-Mauthausen_0_634487443.html

Camp d’internement de Gurs, en Béarn : un documentaire à voir en replay

« Gurs, un silence assourdissant » a été diffusé lundi 24 avril 2017. Un documentaire sur ce sombre pan de l’histoire, à revoir en replay

« Gurs, un silence assourdissant » a été diffusé lundi 24 avril 2017 sur France 3. Ce documentaire de 52 minutes revient sur ce sombre pan de l’histoire française.

Le camp de Gurs, situé près de Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques), est créé en janvier 1939, après la débâcle des Républicains espagnols face aux troupes du Général Franco.

Des Républicains espagnols, des membres des brigades internationales sont placés dans 428 baraques, organisées en 13 îlots ceinturés de barbelés.

L’enfer de Gurs

Au début de la Seconde Guerre mondiale, « le camp s’ouvre, et la plupart des Espagnols décident de partir […] Le camp se dégrade […] Il doit être détruit. Mais les événements se précipitent. La IIIe République agonise, la France capitule […] Le camp de Gurs est une aubaine pour les autorités. Gurs devient une prison, ou plutôt un enfer », relate le documentaire.

« De 1939 à 1945, 60 000 personnes sont internées au camp de Gurs. Après les Espagnols, des opposants politiques, des réfugiés ayant fui l’Allemagne, des Tziganes, des homosexuels, mais en majorité des Juifs. »

Dans l’un des plus grands camps d’internement de France, 1074 personnes perdront la vie, selon l’historien, Claude Laharie.  « A Gurs, on ne meurt pas de torture, on ne meurt pas parce que l’on vous fait mourir. On vous laisse mourir ».

Les déportations des prisonniers débuteront l’été 1942.

Le camp sera dissout le 31 décembre 1945. Dans les mois qui suivront, une forêt sera plantée à la place. Il faudra attendre plusieurs années pour que l’histoire refasse surface.

Le documentaire, à revoir ici, en replay :

http://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/emissions/les-documentaires-en-aquitaine/gurs-silence-assourdissant-film-ne-jamais-oublier-1240321.html

 

Source :

http://www.sudouest.fr/2017/04/25/video-camp-d-internement-de-gurs-en-bearn-un-documentaire-diffuse-sur-france-3-3395654-4693.php