France Navigation 4/5

1937/1938 : Alors que l’Espagne du Front populaire est victime de la non-intervention, lâchée par Paris et Londres, les communistes mettent sur pied une compagnie maritime pour nourrir et armer les Républicains.

(Illustration : un Polikarpov I-16 aux couleurs des Républicains espagnols)
Dans l’histoire de France-Navigation s’amorce bientôt ce que Ceretti appelle la « deuxième période » où la compagnie pour l’essentiel va transporter de l’aide soviétique à l’Espagne. Paradoxalement cette phase est la moins risquée. Les navires de France-Navigation en effet montent s’approvisionner dans l’extrême nord russe, à Mourmansk, port important sur la mer de Barents, la plus grande ville au nord du cercle arctique. Là, ils embarquent des techniciens, des tankistes, des pilotes d’avion, des officiers, mais aussi du matériel de guerre : avions démontés, tanks, canons.
Ces cargaisons sont déchargées au Havre ou à Bordeaux puis acheminées par la route ou par le train vers Puigcerda et la Catalogne : « un flux continu qui dura des semaines et des mois ». Au troisième trimestre 1938, France-Navigation transfère ainsi 200 avions (en pièces détachées).
L’armée républicaine disposera au total de 276 exemplaires du Polikarpov, l’avion de chasse le plus rapide de l’époque. Il était surnommé « Mosca » (mouche) par les Républicains et les fascistes l’appelaient « Rata » (rat).
« Malheureusement cette aide précieuse venait avec un an de retard », constate Ceretti. Si la livraison d’armes tarde, c’est en raison, semble-t-il, de divergences entre républicains espagnols mais surtout, répétons-le, par la faute de la politique de « non-intervention », une politique de capitulation qui va conduire, en septembre 1938, aux accords de Munich.
Janvier 1939 : Barcelone tombe, le ravitaillement par la Catalogne est désormais impossible. Dans les cahiers de Georges Gosnat, une brève annotation, comme toujours écrite dans un style télégraphique, raconte en quelques mots ce drame. À Bordeaux, en effet, le navire Winnipeg, le plus gros des bateaux de France-Navigation, arrive de Mourmansk bourré d’armes. Mais on fait comprendre au capitaine qu’il ne faut pas débarquer le matériel ; il arrive trop tard, la frontière franco-espagnole est impraticable. L’équipage ne comprend pas, il y a de la castagne dans l’air ; finalement le matériel est réembarqué et Winnipeg repart vers le grand nord.
Au printemps, des navires de France-Navigation qui se trouvent en Méditerranée (ils font le trajet Marseille-Espagne-Oran) vont pouvoir aider l’évacuation de républicains à Valence, mais ils seront en échec à Alicante.
Été 1939 : Suite au pacte germano-soviétique, le PCF est dissout, la société France-Navigation est dans le collimateur des autorités ; elle est l’objet d’une perquisition dès le mois d’août. Pourtant on retrouve le Winnipeg en septembre 1939 à Bordeaux (Alain Ruscio raconte cet épisode dans l’Humanité du 3/9/2019). Ce navire va transporter 3 000 républicains vers le Chili du Front populaire, grâce à l’entremise du consul chilien à Paris, chargé de l’émigration espagnole : Pablo Neruda.
Gérard Streiff 
« France Navigation » disposera jusqu’à 22 navires (certaines sources parlent de 25 bâtiments) ; en dépit des dangers, aucun ne sera coulé. Un seul est arraisonné à Ceuta (Maroc espagnol) et un autre séquestré à Constanta, en Roumanie. Voici les noms de certains de ces navires : Lézardrieux, Ploubazlanec, Perros-Guirec, Cassidaigne, Trégastel, Daissiguernec, Nemours, Mostaganem, Île Rousse, Guilvinec, Lola, Biscarosse, Grand-Quevilly, Gravelines, Paimpol, Saint-Malo, Boujaroui, Aine El Turk, Navarissou, Cap Pinède, Winnipeg.

A posteriori

Regards croisés sur notre compagnon Emilio Marco et François. Emilio est né en 1921 à Falset (Catalogne).Il combattra dans la centurie de Juan Peñalver, cénétiste de Sant Feliu de Llobregat pendant la Guerre d’Espagne. Il passe la frontière en 1939 et sera, comme beaucoup de compagnons, interné dans de nombreux camps. Anti-fasciste convaincu, il s’engagera rapidement dans la Résistance. A la fin de la Seconde guerre mondiale, il s’intégrera petit à petit dans la société française et finira à Saint-Pierre-des-Corps où il militera jusqu’à sa mort le 30 janvier 2013.

Documentaire de Mickaël Foucault et Maëlle Maugendre

France Navigation 3/5

Avant de poursuivre notre récit sur la livraison d’armes par France-Navigation à la République espagnole, il faut évoquer une séquence particulièrement dramatique de l’histoire de la compagnie : l’évacuation de réfugiés de Bilbao. En juin 1937, la capitale du pays basque tombe aux mains des fascistes. Pour fuir, les réfugiés, femmes, enfants, malades, n’ont que la mer. France-Navigation dispose de bateaux (notamment le Ploubazlanec) qui pourraient évacuer une partie de cette population mais ils risquent de subir les attaques des franquistes. Solution ? il faudrait le soutien de la marine de guerre française.
Aussi, une nuit de juin 1937, une délégation du Comité international pour l’aide à l’Espagne se rend chez le premier ministre Léon Blum pour demander l’aide des militaires. Blum et son gouvernement, on le sait, ont opté pour « la non-intervention ». Telle est l’orientation officielle mais celle-ci, on va le voir, se heurte, au sein même de l’administration, à des réticences, des résistances. La délégation est composée du physicien Paul Langevin, d’Émile Dutilleul, trésorier du PCF, et de Giulio Ceretti, alias Pierre Allard. « À 22 heures, on tirait la sonnette Quai Bourbon au domicile du Président du Conseil. » Léon Blum les reçoit en compagnie de Max Dormoy, ministre de l’Intérieur du Front populaire. Blum écoute Langevin qui se fait l’avocat, avec beaucoup de force, d’une intervention de nature humanitaire à Bilbao. À la suite de Langevin, Ceretti intervient, il explique en détail le plan de sauvetage. Le ministre de l’Intérieur déclare alors : « Comme par le passé, le gouvernement n’ordonnerait pas d’enquête sur ces mouvements clandestins de bateaux ». Ce qui est déjà un signe. Ceretti apprécie mais il rappelle que ce qui est demandé, c’est une aide militaire de la France pour accompagner les bateaux de France-Navigation jusqu’au port basque.
Blum hésite. Dans ses Mémoires, Ceretti décrit le premier ministre marchant de long en large dans le salon. Paul Langevin insiste : « Il s’agit de sauver des enfants, Monsieur le Président. » Blum demeure encore tout un temps indécis, puis il assure qu’il va parler au ministre de la Marine et demande à la délégation d’aller tout de suite voir ce dernier. C’est le radical César Campinchi qui reçoit la même nuit le trio dans son ministère. Blum vient de lui téléphoner. Ceretti raconte : « Il ne posa aucune question mais il appela son chef de cabinet et l’ordre fut donné à tous les bâtiments se trouvant au large de Bordeaux d’appareiller et de se diriger rapidement sur Bilbao pour prendre sous protection de la France les bateaux de tout genre chargés de réfugiés basques. (…) Pour une fois, un ministre prenait ses responsabilités.»
Sur cette opération, la marine (l’amiral Tavera notamment) joue le jeu ; elle fait prévenir les bâtiments de guerre espagnols qu’elle attaquerait tout navire qui intercepterait les bateaux en provenance de Bilbao et transportant des enfants, des femmes, des malades.
« Nous avions gagné, écrit Ceretti. La caravane flottante, escortée par la marine militaire française, put rejoindre les ports les plus rapprochés de la côte atlantique. »
Cette séquence montre que si la volonté avait été là, dès 1936, une autre politique que la « non-intervention » aurait été possible, efficace. Elle indique aussi que la position communiste d’aide à la République espagnole est alors largement partagée à gauche (les meetings de l’époque, communistes mais aussi socialistes, résonnent du mot d’ordre « Des canons, des avions pour l’Espagne ! ») ; cette position a l’oreille de toute une partie de l’opinion, elle trouve un écho dans certains milieux dirigeants de l’État. Comme le dit le ministre de l’Intérieur, l’État n’ordonna pas d’enquête sur « ces mouvements clandestins de bateaux ». On peut ajouter que l’aide discrète d’une partie de l’administration française, même de la haute administration, on pense notamment aux douanes, aux transports, sera importante pour permettre d’acheminer à travers tout le territoire, sans trop de complications, de l’armement militaire vers l’Espagne. 
Gérard Streiff

Disparition de Colette Flandrin-Dronne

Suite à la disparition de Colette Flandrin-Dronne, Mar y Luz Carino, fille d’un combattant de La Nueve, membre de Retirada 37 – association membre de Caminar – qui connaissait très bien Colette, a souhaité s’exprimer dans un texte que vous trouverez ci-dessous.

Le bureau de Caminar

C’est avec beaucoup d’émotion et une grande tristesse que j’ai appris le décès de Colette Flandrin-Dronne, la fille de celui qui est resté pour toutes et tous le capitaine de La Nueve, son père Raymond Dronne.

Fidèle et infatigable, Colette était toujours présente lors des commémorations ou divers évènements à Paris, Madrid, Ecouché ….

Pour évoquer les hommes de La Nueve, elle s’est toujours investie, en particulier auprès des jeunes, pour transmettre leur mémoire et leur combat.

Elle avait des souvenirs et des anecdotes qui les rendaient vivants.

Bien souvent, elle parlait plus des hommes de La Nueve que de son père, et ainsi elle pense avoir plus appris sur son père grâce à eux, en mettant toujours en avant le lien si particulier qui les unissait.

Elle était de ces personnes dont on pensait qu’elle serait toujours là pour eux.

Comme une évidence, presque toujours ses interventions se concluaient par : « Que voulez-vous, ils étaient ma famille ».

Elle va terriblement manquer aux descendants de cette famille.

Mar y Luz Cariño

A propos du film JOSEP, l’histoire amnésique

Le succès du film « Josep »remet en mémoire occultation de la révolution espagnole, le Poum dont Bartoli était un commissaire ,la propagande ,rouleau compresseur stalinienne.

Le film « Josep » que l’association 24 aout 1944 a présenté le 29 septembre, date de sa sortie sur les écrans en compagnie du réalisateur Aurel, « aux sept parnassiens », et qui a été sélectionné à Cannes, vient de recevoir le « Bayard spécial du jury » au festival de Namur. En quinze jours, il a enregistré 120 000 entrées. Chiffre considérable pour un film d’animation, sur un sujet quasi inconnu du public français : « La RETIRADA », du nom de l’épisode tragique de l’exil en France des républicains espagnols en 1939. Le catalan BARTOLI et ses dessins, reconnu mondialement, disparu en 1995, l’est tout autant, et cette découverte de l’homme, de l’œuvre, et d’une histoire oubliée ou volontairement tue, est le grand mérite d’Aurel et du scénariste de « Marius et jeannette » Jean Louis Milési .

Aurel a voulu, dit-il, partir d’un homme, et de son œuvre pour déboucher sur une page d’Histoire, qu’il ignore qu’il veut connaitre, et qu’ainsi il met au jour.
BARTOLI, dessinateur estimé est aussi un militant révolutionnaire. « LA RETIRADA » telle que nous la restitue Aurel, c’est son histoire, celles des 500 000 républicains espagnols réfugiés en France en janvier-février 1939, celle de la guerre d’Espagne et de la révolution.
Josep BARTOLI, commissaire politique du POUM (parti ouvrier d’unification marxiste) franchit les Pyrénées dans une colonne sous commandement anarchiste. Il fuit comme tous, les armées franquistes mais également parce que révolutionnaire et poumiste, les tueurs de la GPU, comme tous ses camarades de parti et bon nombre des militants « des amis de Durruti, » .Pour cela, il a dû rejoindre et s’y incorporer, l’armée dite régulière du gouvernement Négrin, exigée par Staline. Combattre les fascistes et être à l’abri d’un assassinat des hommes de main de Staline, nécessite de trouver un bataillon dont le commandement leur échappe, lui ce sera celui qui porte le nom du cénétiste, révolutionnaire ASCASO. C’est dans ses rangs qu’il entrera en France.

C’est la RETIRADA pour tous les républicains espagnols, mais leur lutte contre le fascisme n’est pas terminée, pour un grand nombre, ils la reprendront les armes à la main, dans les maquis, l’armée de Leclerc, la légion étrangère ou le

subiront dans les camps de la morts, quand prisonniers des allemands dans l’armée française, ils seront remis aux nazis et déclarés apatrides.

Pour tous, femmes enfants vieillards, ce seront, dès leur arrivée de ce côté des Pyrénées, les camps de concentration du gouvernement Daladier. Cependant qu’en Espagne se multiplient les bagnes, les exécutions, qu’on se prépare à assassiner plus de cent mille « rouges », souvent sans sépulture, comme en témoignent les centaines de fosses qu’on ne cesse encore de découvrir.

LA GUERRE D’ESPAGNE, LA REVOLUTION ? CONNAIT PAS

Pendant des dizaines d’années on a occulté la guerre d’Espagne, d’avantage encore la révolution

*La guerre au cinéma, quelques exceptions notables, « mourir à Madrid », « la guerre est finie »…

*La révolution : il a fallu attendre Ken Loach « Land and freedom », ( terre

et liberté).

*Le sort réservé aux 500 000 exilés, réfugiés en France, l’existence des camps de concentration de la troisième république de Daladier sur les plages et le long des Pyrénées (le camps du Vernet dans « la lie de la terre » d’Arthur Koestler). Au début des années 90, les travaux de Geneviève Dreyfus Armand..

*La retirada, une allusion lors d’hommages tardifs à Antonio Machado…

*La résistance : « le roman des Glières » de Véronique Salou, qui a eu le prix littéraire de la Résistance pour connaitre le rôle des républicains espagnols dans le maquis de Haute Savoie (2007).

L’histoire de la « nueve » composée de républicains espagnols sous le commandement du capitaine Dronne , de l’armée Leclerc , et qui arrive à paris Le 24 aout1944 , émerge peu à peu grâce à l’association « 24 aout 1944 » dont la présidente est Véronique Salou.

*L es 9000 républicains espagnols dont la quasi-totalité appartenant aux compagnies de travailleurs, sous commandement français et qui seront après les accords Pétain, Hitler,Franco déclarés apatrides et déportés à Mauthausen

Grace aux archives de la FEDIP, l’ouvrage en français et en espagnol de Pierre et Véronique Salou « les républicains espagnols dans le camp de concentration nazi de Mauthausen ».

L’HISTORIOGRAPHIE AMNESIQUE

Et puis la chape de plomb sur l’historiographie, qui obéit à la nécessité de ne pas traiter des raisons de la défaite, taire la révolution qui s’est dressée pour faire face au coup d’état fasciste.

Pendant des dizaines d’années les historiens, ont regardé ailleurs, trop avaient un fil à la patte et certains depuis 1936. Le souci qui domine, évacuer la révolution, est tellement partagé .La révolution, les collectivisations spontanées ont été au cœur de la prise de position pendant la guerre de trop de protagonistes, encore puissants. Il s’agit de ne pas en parler, car si par malheur elle avait été déterminante dans l’histoire de ce qu’on préfère appeler une guerre civile.

Il y a ceux qui dès le 19 juillet 1936, l’ont craint puis tuée. Et tout d’abord staline et les républicains de droite qui réussiront à s’imposer grâce à lui avec Négrin, le dernier président du conseil, quand la contre révolution prend le dessus et les responsables du POUM, et de la CNT, éliminés des centres de décisions du pouvoir central.

Et puis les fils spirituels des dirigeants des démocraties occidentales qui ne veulent pas chercher les raisons de la non intervention, socialistes, qui ont fait de Blum une icône, et radicaux ,mais aussi le parti communiste qui préfère qu’on laisse ,ignorée, la position de Staline favorable en 1936 à la non –intervention.

Paradoxalement les amis français de Franco qui présente le pronunciamiento comme une croisade, un sursaut de l’occident chrétien contre Moscou, dans une période où avec la guerre froide, il ne peut y avoir que deux camps, dont les capitales sont Moscou et Washington. Il convient donc de renforcer l’idée, comme dans la propagande franquiste, que les ennemis, les seuls combattants républicains étaient les communistes. Exit le POUM, la confédération nationale du travail (CNT), les anarchistes .Il n’y a jamais eu de révolution en Espagne. Cela convient à tout le monde.

CELA A COMMENCE DES 1937

Des 1937 la propagande stalinienne déroule le rouleau compresseur de sa puissante propagande. avec agents qui travaillent avec le NKVD comme l’envoyé spécial de l’Humanité en Espagne, Georges Soria qui deviendra après-guerre, un historien du mouvement ouvrier et de la Révolution française, au-dessus de tout soupçon. Il est à ce moment en 1937, le complice d’Alexandre Orlow, agent du NKVD (GPU) chargé d’éliminer les communistes anti staliniens ,et qui organisera l’assassinat d’Andreu Nin, le dirigeant du POUM en mai 1937.Il écrit une brochure contre le POUM, si évidemment mensongère qu’on lui préférera , le titre « l’espionnage trotskyste en Espagne. » Mais il faut quand même viser coute que coute le POUM, et il n’hésitera pas dans un des articles de « Ce soir » à l’intituler « le POUM organisation de terrorisme et d’espionnage au service de Franco »

CE SOIR : Staline a demandé à Thorez de produire un journal, grand public. Thorez en confie la direction à Aragon qui s’entoure des meilleures plumes, certaines honnêtes comme Louis Guilloux qui comprenant qu’il s’agit d’un instrument stalinien de propagande, s’en ira, mais discrètement, sans esclandre. Ce soir atteindra les 240000 exemplaires, distillant la vérité vraie, stalinienne aux militants ouvriers et a toute la très grande communauté espagnole, qui n’auront que le son de cloche sur ce qui se passe en Espagne , celui d’Aragon qui sait faire, il le prouvera quand il écrira « les communistes » et qu’ après Thorez qui l’aura traite de flic, il fera de Nizan un traitre. Tous les compagnons de route ne s’appellent pas Guilloux, même quand on est Malraux, tout le monde n’est pas Gide ou Panait Istrati. Les compagnons de route suivent .Il n’y aura donc chaque jour qu’une version officielle. Elle va perdurer des dizaines d’années. Que pourront cénétistes et poumistes après-guerre ?

Faute d’explication, on ne pourra que constater que la communauté espagnole aura intégré cette vérité sur la défaite, qui fait l’affaire de tout le monde « nous oui hélas, les espagnols on n’est bons qu’à se battre entre nous » Bref des immatures.

DONC CONCERNANT LE POUM, IL N’EXISTE PAS

Qui a accès à Orwell, Victor Serge, David Rousset, Daniel Guérin, Dos Passos, Marceau Pivert, Fred Zeller encore moins Benjamin Perret… qui a lu Arthur Koestler, et « la lie d la terre » et « le testament espagnol » décrété agent de l’impérialisme après « le zéro et l’infini » ?

Edgar Morin, après la résistance, attendra comme beaucoup d’autres 1956 Budapest et le rapport Kroutchev, il rencontrera le secrétaire des jeunesses du POUM Wilebaldo Solano dont il deviendra l’ami, pour accéder pleinement à cette histoire que les relais français de Staline, y compris à l’université, comme Soria auront tout fait pour occulter. Il faudra attendre Broué, Temine , leur histoire de la guerre et de la révolution en Espagne.

Le lien très fort entre la culture et la révolution continue à vivre porté comme en Espagne par le monde libertaire. Confiné, interdit d’expression grand public,

Ni lui ni le POUM n’ont d’existence visible. Hommage à la Catalogne d’Orwell devra attendre le film fidèle de Ken Loach « land and freedom ».

Qui connaissait le révolutionnaire du POUM, Bartoli, reconnu du monde des arts, comme l’était TOSQUELLES de celui de la médecine et de la psychiatrie ? Il faut du temps pour se libérer de la chape de plomb.

Tosquelles , est membre du POUM, il est catalan lui aussi de Reus dans la province de Tarragone, à deux pas du Vendrell d’Andreu Nin.

Frances Tosquelles, psychiatre, psychanalyste, est un des inventeurs de la psychanalyse institutionnelle. Membre du BOC, le bloc ouvrier et paysan de MAURIN, il participe à la création du POUM en septembre 1935. Quand en France on accueille les antis fascistes allemands ou d’Europe centrale en les enfermant dans des camps comme celui du Vernet où fut Koestler au début de la guerre, Barcelone en 1936 devient « une petite Vienne » Mais en même temps il combat dans les milices du POUM en Andalousie. Lors de la Retirada lui sera interné au camp de Septfonds en septembre 1939. Plus tard en Lozère, il dirige l’hôpital psychiatrique de San Alban où il développe sa pratique de la lutte contre l’aliénation sociale et les thèses de Lacan. C’est aussi un lieu de résistance. Il contribue à la formation de Frantz Fanon.

Ces hommes Bartoli, Tosquelles allient leur soif de culture et leur idéal révolutionnaire. Et ce n’est pas par hasard que Bartoli se retrouve au Mexique au sein du groupe Frida Kahlo, Rivéra, Vlady, le fils de Victor Serge, qui signe à la place de Trotsky , avec André Breton, « le manifeste pour un art révolutionnaire » . Pourquoi ? Parce que c’est le règne du « réalisme socialiste » entendons, stalinien et que pour reprendre l’expression de Victor Serge « il est minuit dans le siècle ».

Bartoli, Tosquelles, Orwell, Victor Serge, Benjamin Perret (le plus entêté, le plus fidèle, après Breton au surréalisme) .Le plus intransigeant aussi. En désaccord avec la direction du POUM, et de la CNT il préféra se battre et rejoindre la colonne DURRUTI, dans le bataillon « Makhno ».

L’art, la science, l’esprit au service de l’idéal révolutionnaire, on est forcément très loin du franquisme et du stalinisme et après la guerre du ronron social-démocrate qui va couvrir les camps qu’il a ouvert en 1939 d’Argeles ,de Septfonds, d’Agde, du Vernet…

LA REPRESSION CONTRE LE POUM, C’EST AUSSI LA DEFAITE DE LA CNT, LA CONTRE REVOLUTION VOULUE PAR STALINE, SOUHAITEE PAR LES REPUBLICAINS DE DROITE

Orwell ,engagé dans les combats sur le front d’Aragon, dans une colonne du POUM, après sa blessure découvre après les combats qu’ont menés vainement les comités d’ouvriers ,sur les barricades, le 4 mai 1937 pour défendre « la téléfonica » contre les gardes d’assaut gouvernementaux ,les communistes et les membres du PSUC encadrés par les agents de Staline, concrètement le reflux de l’esprit révolutionnaire .Les femmes désormais ne portaient plus de fusils écrit –il dans « hommage à la Catalogne », elle sont redevenues cantinières ou infirmières.

Fred Zeller, un moment secrétaire de Trotsky, et qui deviendra grand maître du Grand Orient écrit « Partout la révolution sociale accompagne la guerre civile. Pour écraser le fascisme, les travailleurs s’emparent des terres, des usines et les font marcher après avoir chassé les capitalistes et face au vieil état bourgeois, construisent leur propre état ouvrier » et il pose la question suivante « Quel était le programme politique de Staline-Négrin pour l’Espagne sinon restaurer la société capitaliste en torpillant la révolution ».

Alors bien sûr, ceux qui ne se plieront pas aux plans de Staline seront pourchassés et exterminés, ceux du POUM, de la CNT, de la FAI. Les comités ouvriers qui se sont spontanément créés dès le 19 juillet1936 doivent être démantelés, les terres et les usines collectivisées restituées dans le respect de la propriété privée.

Cette stratégie était dénoncée dans le journal du POUM, « la Batalla » le 15 novembre 1936 qui résume l’option de Moscou « ce qui intéresse vraiment Staline ce n’est pas le sort du prolétariat espagnol ou international, c’est la défense de son propre pouvoir, suivant la politique des pactes conclus par des états ,face à d’autres états et d’ailleurs le parti communiste espagnol, après avoir proclamé en mars 1936, « qu’il fallait lutter pour un gouvernement ouvrier et paysan, s’appuyant sur les alliances ouvrières et paysannes » En juin 1936déclare que son seul but est « la défense de l’ordre républicain dans le respect de la propriété »

Staline après s’être rallié dans un premier temps à la non-intervention de Paris et de Londres, comprend qu’une telle politique laisse le champs libre aux communistes anti- staliniens du POUM et aux anarchistes, et surtout à la révolution dont il ne veut à aucun prix.

Le PCE, pratiquement inexistant il lui faut démontrer qu’il maitrise le prolétariat espagnol.

L’envoi d’armes en quantité et qualité dérisoire, contre le rapt des neuf dixièmes des réserves d’or espagnol, l’Espagne possède à ce moment-là, la troisième des réserves mondiales, doivent lui procurer la sympathie du camp républicain complétement démuni.

Cette stratégie implique la main mise sur les rouages de l’Etat, et sur les brigades internationales qui se sont formées spontanément et qu’il doit diriger.
Marty entre autre sera à la hauteur de la tâche que contrôlent les agents envoyés par Staline. Il gagnera le surnom « de boucher d’Albacete ».Les talents d’oratrice de la pasionaria permettront de s’approprier une des plus belles des pages de la solidarité ouvrière et démocratique, la lutte héroïque en particulier des brigades dans la défense de Madrid.

Devant la réaction ouvrière et paysanne, les collectivisations, les premiers soviétiques engagés, pourraient espérer « un octobre espagnol »,ils seront perçus au moments ou se multiplient à Moscou ,les procès , comme d’éventuels opposants. Rappelés, ils seront fusillés.

Une politique qui convient à la bourgeoisie républicaine, aux sociaux-démocrates anglais et francais. Marceau Pivert propose à Blum de libérer Abd el Krim, assigné à résidence en France, pour soulever le Maroc espagnol, Blum refuse .David Rousset fait la même proposition au gouvernement espagnol et à Compagnys président de la généralité catalane. C’était la défaite assurée de Franco en le prenant en tenaille .Il reçoit la même réponse. Un tel soulèvement, serait insupportable aux anglais, ce serait un signal pour les colonies.

La stratégie de Staline ne peut que trouver un échos favorable chez la bourgeoise républicaine, prête a s’offrir, c’est ce que fera Négrin qui exigera après les évènement du 4 mai à Barcelone, des magistrats qui hésitent ,la condamnation des dirigeants du POUM, alors que des milliers de ses militants sont au front.

Staline n’a-t-il pas déjà déclaré le 20 mars1937, a la veille de l’attaque de « la téléfonica » et de la persécution des militants du POUM :

« Il faut dire au peuple et au monde entier : le peuple espagnol, n’est pas en état d’accomplir la révolution prolétarienne. La situation intérieure et surtout internationale n’est pas favorable »

Pourtant les collectivisations, au Levant, en Aragon, En catalogne, sur le plan économique, et commercial sont un succès total, productions et échanges sont supérieurs à ceux d’avant-guerre. Partout le pouvoir échappe au contrôle d’un parti ou d’un syndicat institué, partout la démocratie est directe. Dans les milices les officiers sont élus.

A partir de mai 1937, la répression va prendre les formes voulues par les envoyés de Staline. Andreu Nin est enlevé, par les tueurs d’Orlow, .A la question des militants du POUM, placardée sur les murs : « a donde esta Nin », la réponse des agents du Kominterm est « A Salamanca o à Berlin ». La torture doit obtenir que NIN dise qu’il est un agent nazi, selon la pratique employée contre Zinoviev et Kamenew. Pour justifier une répression totale et rapide du POUM.

Les mêmes calomnies qui pourvoient le goulag sont désormais ouvertement à l’œuvre en Espagne.

Quant aux collectivités, elles doivent résister aux assauts des agents gouvernementaux, et des responsables du parti communiste, c’est le cas en Aragon où le général communiste Lister, n’a de cesse de restituer les terres et les fabriques aux anciens propriétaires.

L’aliance Negrin –Staline peut enfin répondre totalement à ce que demandait Santiago Carillo dès janvier 1937 quand le POUM fut écarté du gouvernement de la généralité en Catalogne « les revendications révolutionnaires et socialistes constituent un obstacle pour l’unité de toute la jeunesse, les dirigeants du POUM sont des agents de Franco et de Mola .Il faut s’orienter vers la création d’une alliance nationale de la jeunesse espagnole, sans distinction de classe ni d’opinion.

Lors de la formation du gouvernement Négrin, « le Temps »indique la réelle signification de la chute du socialiste Largo Caballero au profit de Négrin et du bloc stalino-bourgeois : « le gouvernement de Valence (donc officiel) a atteint le point où il doit prendre une décision. Il ne peut plus longtemps demeurer dans l’ambiguïté dans laquelle, il s’est tenu jusqu’ici. Il doit choisir entre la démocratie et la dictature du prolétariat. Entre l’ordre et l’anarchie.

Jean Estivill

bibliographie

Louis Gil: George Orwell, de la guerre civile espagnole à 1984

Ma guerre d’espagne à moi de Mika Etchebehere (seule femme commandant de

milices , elle est du poum)

Antoine Gimenez, collect ,les « gimenologues » , Les fils de la nuit »

Libertalia

ma guerre d’espagne, les brigades internationales ,Sygmund Stein, seuil

(la mainmise sur les brigades par les staliniens et le GPU)

Bien sur G.Orwell qui fut dans les brigades : « hommage à la Catalogne » et le film de Ken Loach qui s’en est inspiré « Land and Freedom » terre et liberté

Pierre Broué et Emile Témine :la révolution et la guerre d’Espagne, 1961 Editions de Minuit

Godicheau ; la guerre d’Espagne : république et révolution en Catalogne

Wilebaldo Solano : Le POUM, Révolution dans la guerre d’Espagne Syllepses

Un témoignage : Guerre, exil et prison d’un anarcho syndicaliste CIPRIANO MERA ,les Coquelicots.

Les mouvements d’émancipation nationale d’ ANDREU NIN Syros

Julien Blanc « le temps des hommes » roman auto biographique ( sur l’engagement de l’immense écrivain, au côté de la république)

Et un formidable roman historique ,meilleure vente, plusieurs mois en Espagne en 2015 de Padura qui dévoile le parcours de Mercader l’assassin de Trotsky ,organisé par le GPU en Espagne des 1936 : « L’homme qui aimait les chiens »

Association 24 aout 1944

https://www.24-aout-1944.org/L-association-24-aout-1944

Les cahiers du CTDEE, centre toulousain de documentation sur l’exil espagnol( treize numéros parus.

Les camps sur la plage,un exil espagnol Geneviève Dreyfus-Armand. Emile Témine .Autrement.

France-Navigation – Une épopée rouge (2/5)

Trouver des bateaux, des capitaines avertis, des équipages motivés, cela ne s’improvise pas ; et puis cela coûte cher. En temps ordinaire, il faudrait prendre conseil, s’adresser aux autorités portuaires, jusqu’à Londres ou Amsterdam, pourquoi pas, suivre un protocole très précis, et surtout, pour pouvoir sortir des cargos, payer des assurances d’un montant pharamineux à la fameuse société britannique « Lloyd’s ».
Mais les temps ne sont pas ordinaires, il faut faire très vite, avec assez peu de moyens. Ceretti explique dans son livre (À l’ombre des deux T) comment l’aventure commence. « France-Navigation », qui aura son siège respectivement carrefour Richelieu-Drouot, rue Lamennais dans le 8e arrondissement parisien et 1 boulevard Haussmann, recrute des capitaines à la retraite, des commandants de sous-marins en chômage, « de véritables loups de mer ». Les marins viennent de différents ports, certains arrivent de Tunisie. La compagnie débute avec un, deux navires, qui prennent la mer sans être assurés. L’avantage, c’est qu’en évitant de payer des primes exorbitantes, elle fait de grosses économies qui lui permettent « d’acheter un bateau tous les trois voyages ». Pour déjouer les contrôles des douanes d’ici, des militaires franquistes là-bas, des espions de tout poil qui pullulent ces années-là, les navires de « France-Navigation » n’hésitent pas à user de méthodes de pirate, de la piraterie pour la bonne cause. Les bateaux de la compagnie sont capables durant leur trajet de changer d’identité et de se transformer du tout au tout. « Toutes les ruses étaient bonnes », dit Ceretti : par exemple, si un navire à une seule cheminée se savait signalé aux franquistes, il arrivait dans les eaux territoriales espagnoles avec deux cheminées, un autre nom, une immatriculation différente et peint d’une autre couleur… « Une fois il nous arriva même de changer de bateau en pleine mer et, en raison du danger de plus en plus menaçant, les transbordements furent désormais fréquents. »
Dans les cahiers de Georges Gosnat (cf. numéro précédent), qui est alors sans conteste le plus jeune dirigeant de compagnies maritimes au monde, on voit comment ce commerce avec l’Espagne se développe. Madrid a besoin de tout, et les échanges croissent à grande vitesse, la taille de la compagnie aussi puisqu’elle a, de fait, le monopole du ravitaillement.
On peut lire des brèves comme « 2/10/37, Bonifacio part ce soir 18h30, pièces détachées, tracteurs », ou « 12/4/38, Smith veut voir Pierre entre 5 et 6h » : on peut parier que Smith est un pseudo (pour un patronyme qui aurait peut-être un accent d’Europe centrale ?) et Pierre, c’est Pierre Allard, ou Giulio Ceretti, on l’a vu.
Si les méthodes de « France-Navigation » ne sont pas toujours très orthodoxes, la compagnie prend soin de se présenter sur le marché comme une société « normale ». Elle a le fonctionnement d’une société capitaliste, c’est une entreprise comme une autre.
On lit avec émotion, dans les cahiers en question, entre deux infos sur les transports des bateaux, les recommandations de Gosnat, écrites à la hâte, sur la marche à suivre : France-Navigation est une société par actions ; l’identité des actionnaires est régulièrement mentionnée : « Penser à la répartition des actions, à l’entrée de nouveaux administrateurs », est-il écrit. Il faut un conseil d’administration, des réunions régulières, des jetons de présence, une périodicité des réunions de direction (elles se tiennent le premier et troisième vendredi du mois…). Une bonne tenue de livres de compte est importante. On peut même lire cet avis : « Bien timbrer les délibérations des Assemblées générales ». C’est dire si on est méticuleux.
« France-Navigation » est donc juridiquement irréprochable. Dans ces années d’extrême tension, d’anticommunisme virulent, où la presse d’extrême droite (Action française, Gringoire) est à l’affut, cet aspect est tout à fait important et va expliquer – en partie – pourquoi cette société, on y reviendra, guettée de toutes parts, convoitée, jalousée, saura traverser (osons la métaphore) les pires tempêtes.
Bref, une compagnie rouge aux allures marchandes. On retrouve cette ambivalence dans certains papiers à en-tête de « France-Navigation ». Officiellement, son logo est un drapeau rouge bordé de bleu avec l’inscription Compagnie France Navigation. Mais un autre logo a aussi existé ; il ressemble un peu à la lettre grecque « phi » (oublions vite toute référence à l’actualité…), plus exactement il s’agissait d’un I majuscule traversant un O où les initiés pouvaient lire Internationale Ouvrière.
Gérad Streiff

SIGNEZ L’Appel des descendants et amis des républicains espagnols à Emmanuel Macron Président de la République

Bonjour veuillez prendre connaissance de notre appel à Emmanuel Macron
à l’occasion de sa rencontre avec Pedro Sanchez lundi 15 mars à Montauban

Rencontre de Pedro Sanchez et Emmanuel Macron: ASEREF lance un appel à cette occasion. Tous les signataires sont les bienvenus et seront ajoutés à l’appel ci-dessous. Transmettre par mail à: eloimartinez34@gmail.com

ASSOCIATION POUR LE SOUVENIR DE L’EXIL REPUBLICAIN ESPAGNOL EN FRANCE (ASEREF)

le 10 mars 2021

Rencontre d’Emmanuel Macron Président de la République française avec Pedro Sanchez Premier Ministre d’Espagne le 15 mars 2021 à Montauban (Tarn et Garonne). A cette occasion Les deux chefs d’Etats vont fleurir la tombe de Manuel Azaña Président de la République espagnole en exil et enterré dans cette ville.

Appel des descendants et amis des républicains espagnols

à Emmanuel Macron Président de la République

Guerre d’Espagne, camps de concentrations en France : Monsieur le Président de la République

· La France doit reconnaître la part de sa responsabilité de dans la chute de la République espagnole de par sa politique de non-intervention
· La France doit reconnaître son attitude indigne dans l’accueil des républicains espagnols en février 1939 internés dans des camps de concentration
· La France doit reconnaître le rôle des républicains espagnols dans les combats pour la libération de la France

En préambule, nous souhaitons la bienvenue à Pedro Sanchez chef du gouvernement d’Espagne, nous formulons le vœu que l’Espagne avance rapidement vers l’élimination de tous les symboles du franquisme et qu’elle mette fin à l’impunité des ses crimes, que les moyens soient donnés aux associations de récupération de la mémoire historique pour mener à bien les recherches des disparus assassiné par les franquistes et pour mettre à jour cette histoire largement occultée. Nous savons les obstacles qui se dressent en Espagne avec la résurgence grave de l’extrême droite mais c’est en affrontant sans concessions, fermement et démocratiquement les nostalgiques du franquisme qu’il sera possible d’éradiquer les idéologies nauséabondes.

L’appel au Président de la République française

Le 13 février 1941 le dictateur Franco rencontrait Philippe Pétain à Montpellier. Ce 15 mars 2021, 90 ans plus tard à Montauban Pedro Sanchez Premier Ministre et chef du gouvernement espagnol rencontre Emmanuel Macron Président de la république française.

Évidemment rien de comparable fort heureusement entre ces deux rencontres. Il s’agissait à Montpellier, entre Pétain et Franco deux vieux complices, de peaufiner les plans de répression à l’égard des républicains espagnols, les plans pour renvoyer en Espagne notamment les enfants réfugiés en France

Rien de comparable en effet, sauf le fait que cette rencontre de Montauban pourrait permettre, par la voix du Président de la République, de dire enfin la responsabilité historique de la France sur le déroulement de la guerre d’Espagne qui s’est conclue par la dictature de Franco et sa responsabilité pour la mort de milliers de républicains espagnols dans les camps de concentration français dès février 1939.

Ø Rappelons la décision du gouvernement de la France pour la non-intervention dès le début de la guerre d’Espagne de concert avec la Grande Bretagne, décision qui a laissé les mains libres à Hitler et Mussolini pour aider Franco à abattre la République espagnole.
Ø Rappelons le rôle héroïque des volontaires internationaux (venus de 53 pays) pendant la guerre d’Espagne dont près de 8500 français, 3000 d’entre eux sont morts au combat en terre d’Espagne pour défendre la République, pendant que dans les salons dorés de la finance française et anglaise, dans les coulisses de la politique gangrénée par ces derniers ont cherchait le moyen d’entraver la lutte de la république espagnole contre l’invasion fasciste.
Ø Rappelons, l’exil républicain espagnol en février 1939 et l’internement dans des camps de concentration français de plus de deux cent mille républicains espagnols, dès les premiers mois, sur les plages du Roussillon notamment (Argelès sur mer, Saint-Cyprien, le Barcarès…) des milliers sont morts dans ces camps, faute de soins et victimes de la répression.
Ø Rappelons que dès février 1939, le Président du Conseil Edouard Daladier et son gouvernement renvoyaient à Franco par convois entiers dans des trains réquisitionnés pour l’occasion des milliers d’espagnols qui à l’arrivée étaient emprisonnés, torturés, fusillés…
Ø Rappelons, l’esclavage qu’ont eu à subir les républicains espagnols lorsque la France en septembre 1939 payant ses fautes (non-intervention en Espagne, traité de capitulation à Munich…) devait entrer en guerre contre l’Allemagne nazi. Oui esclavage, car ces espagnols étaient sortis des camps pour remplacer à très bon marché la main d’œuvre française mobilisée pour la guerre. Ils étaient recrutés tel du bétail souvent en tâtant leurs muscles, les plus faibles étaient renvoyés dans les camps. L’indignité et l’humiliation.
Ø Rappelons que dans cette guerre de nombreux espagnols sortis des camps de concentration français, se sont engagés dans l’armée française et que nombre d’entre eux sont tombés au combat notamment à Sedan au début de l’avancée des forces nazis, la France les mettaient en première ligne comme de la chair à canon.
Ø Rappelons, que parmi les résistants, les espagnols et d’autres étrangers qui avaient été dans les brigades internationale sont été dans les premiers à prendre les armes pour combattre l’occupant nazi afin de libérer la France ce pays qui les avaient si mal accueillis en février 1939. Ils avaient derrière eux l’expérience militaire après près de trois ans de guerre en Espagne contre le même ennemi.
Ø Rappelons que nombreux se sont engagés dans la deuxième DB avec Leclerc et qu’ils participèrent aussi à la libération de Paris les 24 et 25 août 1944
Ø Rappelons, qu’après le gouvernement de la troisième République celui qui nomma Pétain ambassadeur de France auprès de Franco alors que la République espagnole n’avait pas encore chuté, Vichy a envoyé en déportation en Allemagne des milliers de républicains espagnols.
Ø Rappelons, qu’après la libération, la France a lâché une nouvelle fois les républicains espagnols qui voulaient pousser la victoire contre le fascisme jusqu’en Espagne.
Ø Rappelons la répression à l’encontre des républicains espagnols en France dans les années cinquante l’opération dénommée « Boléro Paprika »

Pour toutes ces raisons les descendants, amis, associations mémorielles de l’exil républicain espagnol signataires demandent au Président de la République Emmanuel Macron présent à Montauban le 15 mars 2021 de prendre position clairement sur la responsabilité historique de la France

• La France doit reconnaître la part de sa responsabilité de dans la chute de la République espagnole par sa politique de non-intervention

• La France doit reconnaître son attitude indigne dans l’accueil des républicains espagnols en février 1939 internés dans des camps de concentration

• La France doit reconnaître le rôle des républicains espagnols dans les combats pour la libération de la France

Eloy Martinez Monegal Président l’Association pour le Souvenir de l’Exil Républicain Espagnol en France (ASEREF)

Bien cordialement

Eloy Martinez Monegal
Président d’ASEREF