« La commode aux tiroirs de couleurs »

Olivia Ruiz « La commode aux tiroirs de couleurs » aux éditions JC Lattès

C’est un roman. Un premier roman pour celle qui jusqu’alors creusait les territoires contrastés de l’exil au travers de l’écriture de ses chansons. Olivia Ruiz passe du sprint plumitif à une course d’endurance. Un marathon maîtrisé qui ressemble à sa quête d’identité.

Depuis toujours Olivia Ruiz porte en elle les dénis familiaux du déracinement. La parole est son langage. Avec l’énergie de toutes les héroïnes d’une Espagne libre et libertaire, elle cherche à trouver les mots précis pour incarner les maux d’une condition sociale et émotionnelle qui est celle d’une émigrée. Dans ce corps à corps entre les maux et les mots, Olivia Ruiz exulte à jouer avec les clous de la mémoire. « Volver » dansait elle jusqu’au sang, avec Jean Claude Galotta. Exilée, en talons aiguilles pour transpercer le cœur des tempéraments obstinés, elle ne lâche rien. L’oiseau piment a pris son envol et plane au-dessus de son destin. Une commode, des tiroirs, et la clé à la recherche de petites épopées non perdues. Puisqu’elle leur donne cent vies, mille couleurs, une symphonie de sons et un bouquet d’odeurs pour rassembler les morceaux de toutes ces vies éparpillées. « On revient de sa jeunesse comme d’un pays étranger » disait Federico Garcia Lorca. Il ajoutait « rien n’est plus vivant qu’un souvenir ».

Olivia Ruiz avec ses mots et sa poésie sanguine venge, dans une transfusion littéraire bouleversante, les silences contraints d’au moins deux générations enfermées dans la peur de voir revenir la bête immonde. La fierté de l’abuela est celle de toutes les femmes, vraies ou imaginaires d’un Sud tragique et brûlant à la fois. Ce Sud qui est pourtant bien, et qui nous fera vivre encore plus d’un million d’années.

AVEC LES « SANS PAPIERS », ENFANTS DE REPUBLICAINS ESPAGNOLS ET DE BRIGADISTES.

https://www.change.org/p/tous-publics-avec-les-sans-papiers-enfants-de-republicains-espagnols-et-de-brigadistes-8a9b945f-4590-4cd8-b333-67f1281e2e50?source_location=petitions_browse

Comme des millions de Françaises et Français, nous sommes enfants, petits-enfants d’«indésirables», les Républicains espagnols, ceux aussi des volontaires des Brigades Internationales. Nous affirmons notre soutien total à la marche et à toutes les revendications des «sans-papiers» qui manifesteront à Paris le 17 octobre.

Ce n’est pas la même histoire, ce ne sont pas les mêmes personnes, cependant le malheur est le même. 80 ans après, nous refusons la répétition de l’ignominie.

En 1939, les nôtres, 500 mille Espagnols qui fuyaient l’horreur franquiste, les bombes et la misère, furent parqués dans les camps de concentration sur la plage où les femmes creusaient des trous dans le sable, les premières nuits, pour protéger les enfants, où des milliers moururent de leurs blessures, de maladie, de désespoir, où des gendarmes à cheval chassaient ceux qui s’approchaient des barbelés pour leur venir en aide.

Nos parents, si maltraités, si humiliés par la France officielle, furent ensuite parmi les premiers à se lever contre l’occupant nazi. Dés 1941, les guérilleros espagnols entrèrent dans la lutte armée. C’est La Nueve, la compagnie de la 2ème DB, composée de Républicains espagnols, qui entra la première dans Paris. En même temps qu’au général Leclerc, c’est à un brigadiste français, le colonel Rol Tanguy, que le général nazi commandant la place de Paris, restitua les clefs de la capitale. Depuis, nous mêmes, par notre travail, notre amour pour la France, avons largement remercié la solidarité que le peuple et ses organisations témoignèrent aux nôtres.

Aujourd’hui, 350 000 mille migrants, chassés par les bombes et la misère, sont sur notre sol. A Calais, des femmes, des nourrissons, dorment à même le sol, cachés dans des buissons, quelles que soient les conditions climatiques. Il est interdit aux associations de leur distribuer des vivres en ville. A Paris, 500 mineurs ont dormi dans la rue, à la veille de la rentrée scolaire. Le dernier rapport de la Cimade souligne que de plus en plus d’enfants sont placés derrière les barreaux des centres de rétention.

Les Moussa, Mamadou, Siaka, Fatima, tous les «sans papiers», les clandestins, sont nos amis. Pendant le confinement, nous les avons vus prendre le métro, le train, le bus, pour aller entretenir les rues et les bureaux déserts, faire la plonge et le ménage dans les maisons de retraite, poursuivre les travaux sur les chantiers, ramasser nos poubelles. Et puis, rentrer dans des squats surpeuplés et insalubres. Ils vivent ici, ils travaillent ici, ils sont et seront d’ici.

Enfants des maçons, journaliers, femmes de ménage, médecins, enseignants et intellectuels espagnols, enfants des volontaires des Brigades Internationales, notre mémoire française est emplie des souffrances et humiliations des nôtres, de leur espoir invaincu. Elle ne se confine pas au musée, elle ne se contente pas de témoigner, de commémorer. Elle est vivante et solidaire, elle interprète le présent et anticipe l’avenir. Nous refusons que d’autres générations grandissent parmi nous, la mémoire pleine de cicatrices.

Avec les 230 associations et les syndicats qui les soutiennent, nous exigeons:

– la régularisation de tous les «sans papiers».

– la fermeture des centres de rétention.

– Un logement pour tous.

Nous affirmons que, pour mettre fin aux trafics d’être humains, il faut aller chercher ceux qui se noient en mer, ceux qui, début septembre, ont vu brûler le camp grec de Moria (12 700 personnes dont 4 000 enfants). Alors que l’hiver approche, les pays de l’Union Européenne négocient misérablement lequel en accueillera 10 ou 50.

L’Europe, la France, qui, au fil des siècles, ont envoyé des millions de migrants se réfugier au «Nouveau monde», coloniser l’Afrique, dont les ports se sont enrichis avec le commerce d’esclaves, traitent les migrants d’aujourd’hui comme des chiens. Nous ne laisserons pas faire.

Derrière chacun des maltraités, humiliés d’aujourd’hui, nous voyons se dresser l’ombre de nos parents. La négation des droits des «sans-papiers», de leur humanité, est telle qu’elle autorise un commentateur comme Zemmour à affirmer sur CNews que «tous» les enfants migrants sont «violeurs, sont assassins, sont voleurs».

Nous avons été ces enfants, sommes leurs enfants et petits-enfants. Nous sommes emplis d’effroi et de chagrin. Nous sommes en rage, la mémoire nous brûle. Cela suffit!
Nous espérons que ceux qui partagent nos souvenirs, celles et ceux qui connaissent, s’indignent et s’émeuvent encore devant ce chapitre de l’histoire signeront et relaieront cet appel. D’ores et déjà, des amis de l’Espagne Républicaine ont tenu à s’y associer.

Sylvie Allouin. Administratrice de «Réfugiés Espagnols En France».

Marie Thérèse Anton. Traductrice-interprète.

Diego Arrabal. Écrivain.

Aline Barbier. Enseignante d’arts plastiques.

Francisco Barreira. Administrateur de «Réfugiés Espagnols en France».

Georges Bartoli. Photographe.

Cali. Auteur, compositeur, interprète.

Pierre Carles. Réalisateur.

Raymond Cubells. Président de l’Amicale Du Camp De Concentration Du Vernet.

Gonzalo Dorado. Cadre Territorial.

Geneviève Dreyfus Armand Auvray. Historienne.

Claudine Ducol. Journaliste.

Céleste Escudero. (veuve de Lény Escudero)

Henri Farreny. Président De l’Amicale Des Anciens Guérilleros Espagnols En France-FFI.

José Fort. Journaliste.

Geneviève Feixas. Psychologue.

José Gonzàlez. Infirmier psychiatrique.

Anna-Maria Guerrero. Éclairagiste spectacle.

Maria Lorente. Administratrice de «Réfugiés Espagnols En France».

Eloy Martinez Monegal. Président de l’ASEREF (Association Pour Le Souvenir De L’exil Républicain En France).

Jean Ortiz. Universitaire.

Joachim Pano. Administrateur de «Réfugiés Espagnols En France».

Maité Pinero. Journaliste. Écrivaine.

Sabine Reynosa. Informaticienne.

Madeleine Riffaud. Résistante, poétesse, correspondante de guerre.

Claire Rol Tanguy. Militante associative.

Olivia Ruiz. Auteure-compositrice-chanteuse. Réalisatrice. Écrivaine.

Raymond San Geroteo. Directeur commercial.

Marie-Françoise Sanchez. Cadre action sociale de l’énergie.

Laurent Sanchis. Éducateur spécialisé.

Émile Turlan. Cadre territorial.

Maxime Vivas. Écrivain. Administrateur du site legrandsoir.

« Josep », un film d’animation poignant sur un réfugié républicain espagnol en France

L’histoire vraie et méconnue d’un dessinateur de presse, réfugié politique espagnol interné dans le Sud de la France en 1939, sort ce mercredi au cinéma.

C’est la première fois qu’Aurel, dessinateur de presse et auteur de bandes dessinées, réalise un film : Josep, sélectionné à Cannes cette année, sort ce mercredi 30 septembre au cinéma. Ce dessin animé à vocation historique – qui est accompagné d’un dossier pédagogique à destination des écoles – évoque les camps de concentration installés dans le Sud de la France en 1939 pour parquer les réfugiés républicains espagnols fuyant le franquisme. Parmi eux : le dessinateur Josep Bartoli, qu’un gardien va prendre en amitié.

Le réfugié oublié

En février 1939, un groupe de réfugiés républicains espagnols est arrêté par les autorités à la frontière française. Parqués dans le camp de concentration d’Argelès-sur-Mer, ils sont victimes de maltraitances et de brimades. Un gendarme va se rapprocher de Josep, malgré la violence de ses collègues qui ne comprennent pas sa compassion à l’égard du dessinateur.

Josep, c’est donc l’histoire d’un dessinateur qui réalise un film d’animation sur un autre dessinateur. De Barcelone à New York en passant par le Mexique, de 1939 à 1995, Aurel retrace une histoire vraie, le destin exceptionnel et oublié d’un homme au cours d’un épisode peu glorieux de l’histoire française.

Le film dépeint les conditions de concentration ignobles, l’insalubrité, la cruauté et le racisme des gardiens à l’encontre des Espagnols et les tirailleurs sénégalais qui les assistent. La liaison de Josep avec l’artiste mexicaine Fridda Kahlo et sa reconnaissance comme peintre à New York nourrissent également un film dense dont la beauté émane autant de son sujet que de son économie de moyens.

Le trait et la couleur

Aurel privilégie le graphisme à l’animation. Dessinateur, comme le modèle de son film, il joue d’un mouvement syncopé, plus proche du manga que de la tradition Disney. Cette approche, qui évoque une succession d’arrêts sur image, exalte le trait, le dessin et sa contemplation. Très inventif et puissant de ce point de vue, Aurel s’avère par ailleurs être un grand coloriste, donc créateur d’ambiance. Il est de plus servi par des voix exceptionnelles pour ses personnages, avec notamment Sergi López, Gérard Hernandez, Bruno Solo, François Morel et Valérie Lemercier.

Regard sur l’histoire et drame humain, Josep illustre combien l’animation se prête au traitement de sujets graves. C’était déjà le cas de Valse avec Bachir de Ari Folman en 2008, à l’origine de cette veine aux nombreuses réussites (Les Hirondelles de Kaboul, Bunuel après l’âge d’or, Chriss the Swiss…). Le film méritait sa sélection à Cannes, comme celui de Folman en son temps, autant par son sujet, son traitement que sa forme. Magnifique.

Du 7 au 13 octobre au cinéma les STUDIO, rue des Ursulines, à Tours.

“Guérilleros, France 1944. Une contre-enquête” par Christophe Castellano & Henri Melich

Un témoignage et une enquête pour l’histoire

La connaissance historique ne progresse pas de façon linéaire. Il faut, bien souvent, la conjonction de recherches et de témoignages mais aussi la conviction qu’un aspect important d’une période est mal connu, voire occulté, et qu’il mérite d’être mis en lumière afin de mieux comprendre la complexité des événements. La volonté de savoir et de comprendre est donc nécessaire. La volonté aussi de reconstituer des itinéraires méconnus et de redonner une identité à des personnes éliminées physiquement par d’autres sous des prétextes plus ou moins obscurs et longtemps restées dans les oubliettes de l’histoire.

Cette publication réunit ces trois composantes : le témoignage d’un acteur, l’enquête menée par lui-même et son coauteur ainsi que le souci d’éclairer les mystérieuses disparitions – treize – survenues dans le département de l’Aude à l’été et à l’automne 1944. Treize exilés espagnols antifranquistes assassinés par d’autres Espagnols également en exil et se réclamant de la 5e brigade de guérilleros de l‘Aude, mouvement armé de résistance. Comment expliquer de tels actes ? C’est ce à quoi les deux auteurs s’emploient.

Afin d’éviter immédiatement toute fausse interprétation ou tout mauvais procès, les auteurs, Christophe Castellano et Henri Melich, déclarent d’emblée qu’en en aucun cas ils ne veulent remettre en question le courage et l’engagement de l’immense majorité des guérilleros espagnols qui ont combattu dans la Résistance en France au sein du XIVe Corps de guérilleros, organisation armée autonome mais étroitement connectée aux mouvements français de la Résistance. En effet, les unités de guérilleros ont été particulièrement actives dans tout le Sud-Ouest, des Pyrénées à la Dordogne et, à l’été 1944, les Espagnols ont joué un rôle important dans les combats menés pour retarder la retraite allemande et ont pris une part active à la libération de nombreux départements. Ils ne veulent pas non plus stigmatiser tous les guérilleros de la 5e brigade de l’Aude, dont l’engagement résistant, les souffrances et l’héroïsme ne sont pas en cause, mais seulement tenter de comprendre pourquoi et comment certains membres de cette formation – ou supposés tels – ont pu commettre ces méfaits. De même, les deux auteurs préviennent qu’ils ne comparent en aucune manière des crimes commis dans cette période avec la politique de terreur systématique et la volonté exterminatrice du franquisme vis-à-vis de ses opposants. Les intentions des auteurs sont claires et affirmées. Mais des hommes ont péri dans des conditions inexpliquées, voire mystérieuses, et on devrait ne pas en parler, passer ces faits sous silence ? Aucun crime ne peut être justifié par un plus grand, disent-ils à juste titre.

Ces faits ne surgissent pas du néant au tout début de cette troisième décennie du XXIe siècle, plus de soixante-quinze ans après. Henri Melich, acteur et témoin, résistant dans les maquis audois à 17 ans, militant antifranquiste durant de longues années, a déjà apporté son témoignage sur ces exécutions au début des années 1980[1] et les a évoquées dans une autobiographie récente[2]. Mes propres travaux faisaient état de cas analogues il y a plus de vingt ans[3]. Henri Melich se rappelle particulièrement de Ramón Mialet, l’une des premières victimes, militant de la Confédération nationale du travail (CNT) comme lui ; il a encore présent à l’esprit le rendez-vous manqué avec celui-ci alors que lui-même partait dans une opération Reconquista de España impulsée par l’Union nationale espagnole (UNE), direction politique des guérilleros. C’est que les antagonismes entre l’UNE, où les communistes étaient prépondérants, et les mouvements espagnols non communistes sont apparus au grand jour à la libération de la France ; il ne s’agissait plus seulement de divergences politiques et il fut imputé à l’UNE la disparition et l’assassinat de récalcitrants et d’opposants.

Il est exact d’affirmer que l’UNE a acquis une prépondérance incontestable dans la structuration politique de l’exil espagnol pendant la clandestinité, qu’elle a rassemblé à titre individuel des Espagnols exilés de toutes tendances – communistes, socialistes, républicains ou anarchistes – et que le Parti communiste espagnol (PCE) était le seul mouvement organisé en son sein. Et, encore une fois, le rôle des guérilleros a été important dans la libération du grand Sud-Ouest. Mais il ne faut pas oublier non plus que des républicains espagnols ont combattu aussi dans des mouvements français de Résistance, que les réseaux de passage clandestin des Pyrénées ont été organisés par des militants de la CNT et du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM, parti communiste non stalinien) et que des formations espagnoles de résistance ont existé en dehors de l’UNE tel le groupe anarchiste du barrage de l’Aigle, aux confins du Cantal et de la Corrèze. La réalité historique est toujours beaucoup plus complexe que certains veulent parfois le faire croire ; il est nécessaire de l’appréhender dans sa globalité[4].

La situation d’hégémonie politique de l’UNE, et par voie de conséquence celle du PCE, qui a prévalu au sein de l’exil espagnol pendant la clandestinité était en voie d’éclatement rapide après la libération de nombreuses régions. Les organisations politiques et syndicales espagnoles non communistes remettaient en cause la volonté de l’UNE à une représentation exclusive de l’exil républicain et se regroupèrent dans une Alliance démocratique espagnole (ADE), devenue Junte espagnole de libération (JEL). Il est vraisemblable que l’UNE a voulu alors engager une épreuve de force et une course de vitesse non seulement contre le franquisme mais aussi face aux Alliés – afin de les mettre devant le fait accompli – et aux autres courants politiques de l’exil, de manière à conserver sa prééminence. Mais la tentative d’invasion du val d’Aran, à l’automne 1944, s’est soldée par un double échec, militaire et politique, pour l’UNE. Henri Melich qui, dans l’euphorie de la Libération, a participé à cette opération porte témoignage de ses conditions de réalisation.

D’où, avant l’opération et juste après, dans la suite des combats de la Libération, la survenue de règlements de comptes politiques ou d’assassinats sordides aux motifs troubles, faisant que des groupes plus ou moins contrôlés par l’UNE – du moins se réclamant d’elle – aient pu mettre à profit leur toute-puissance du moment pour se débarrasser d’opposants ou régler des différends. L’Aude ne fut pas le seul département touché. Les journaux de la JEL firent état de nombreux meetings perturbés du fait de l’intervention de sympathisants de l’UNE et même d’assassinats ; ce fut le cas à Toulouse, dans l’Ariège, l’Aveyron, le Lot ou la Haute-Garonne, avec détentions, menaces de mort, disparitions voire exécutions. Les auteurs analysent la genèse, depuis la guerre d’Espagne, des pratiques des tenants du stalinisme. Pour ne citer qu’un exemple récemment réexploré, celui de Decazeville, dans l’Aveyron, où se produisirent des manœuvres d’intimidations, des menaces, des arrestations de militants libertaires ou socialistes et même l’exécution de certains[5]. Il faut prendre en compte que cette période d’après la Libération a été extrêmement troublée en France, avec les excès de l’épuration extra-judiciaire ou les actes crapuleux masqués derrière des « assassinats politiques » de pseudo-traitres par des résistants de la 25e heure.

Que quelques exilés espagnols qui avaient connu huit ans de guerre aient pu se livrer à des exactions semblables à celles de Français de leur époque n’enlève rien, au contraire, au courage et à l’abnégation de l’immense majorité d’entre eux. Toutefois, dans ce cas comme dans bien d’autres, la phrase bien connue de George Orwell trouve son sens : « En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ».

Geneviève Dreyfus-Armand

Historienne

[1] Les Dossiers noirs d’une certaine Résistance : trajectoire du fascisme rouge, Perpignan, éd. du CES, 1984, pp. 130-141.

[2] Henri Melich, À chacun son exil. Itinéraire d’un militant libertaire espagnol, La Bussière, éditions Acratie, 2014.

[3] Cf. L’Exil des républicains espagnols en France, Paris, Albin Michel, 1999, pp. 162-178.

[4] Depuis des décennies, je m’efforce à cela, même si certains lisent une page qui leur convient en rejetant ce qui ne convient pas à leur schéma de pensée

[5] Jean Vaz Aransáez, « Les réfugiés espagnols en Aveyron », in Espagne, un exil républicain, Toulouse/Caminar et Nérac/les éditions d’Albret, à paraître en 2020.