Mardi 12 février à 18h30 à la Bibliothèque de Saint-Pierre-des-Corps Conférence par Enrique Lister Lopez sur « Un épisode peu connu de l’Histoire de France: l’interdiction du P.C. espagnol en France en 1950 »

Enrique Li­ster Lopez est né à  Moscou en 1941. Il a vécu en France, Hongrie, Tchécoslovaquie et URSS. Il est Docteur en Lettres et diplômé en Histoire moderne de l’Université Lomonosov de Moscou et titulaire d’un DEA de la Faculté de Sciences Humaines de Poitiers, avec une thèse de doctorat sur «L’Exil communiste espagnol en France et un URSS (1936-1950). Contribution a l’histoire d’une émigration ».». Il a été Maître de conférences à  Poitiers et Directeur du Département d’Etudes Slaves jusqu’en 2009, après avoir commencé comme lecteur de russe en 1969. Militant communiste, il a été expulsé du PCE en 1970 et a participé en 1973 à  la fondation du PCOE (Parti Communiste Ouvrier Espagnol). Il a été responsable de la Commission Idéologique du PCOE et a écrit de nombreux articles anti-eurocommunistes et deux livres « Carrillo, les deux faces d’une même pièce»1971 et « Léninisme et opportunisme »1976 et en 2008 « Prague, août 1968. Pages d’un journal personnel »

Enrique Lister Lopez est spécialiste de l’immigration républicaine en France, URSS et pays socialistes d’Europe de l’Est ».

Exposition sur GUERNICA

L’Association « Retirada 37 » vous propose, du 12 au 16 février 2019,
à la médiathèque de La Riche, une exposition sur GUERNICA.

Petite localité de la province de Biscaye, Guernica était célèbre pour son chêne, sous lequel les monarques espagnols promettaient, selon la tradition, de respecter les libertés basques. Le bombardement massif de cette ville par la légion Condor, le 26 avril 1937, eut un grand retentissement dans le monde entier, dont s’est fait l’écho Picasso dans son célèbre tableau, « Guernica » :

De riches panneaux thématiques retracent l’histoire de ce bombardement meurtrier, analysent le contexte historique et politique et l’œuvre de Picasso.
Venez les découvrir à la médiathèque de La Riche, près de la mairie, ouverte selon les horaires suivants :

Mardi 14:00–19:00 Mercredi 10:00-18:00 Vendredi 14:00-19:00 Samedi 10:00-18:00

Le samedi 16 février à 15 heures, l’association « Retirada 37 » vous invite à une réunion-débat avec une introduction de Joséphine Bargès sur le martyre infligé au peuple de Guernica par le franquisme et ses alliés nazis.

Un vin d’honneur viendra ensuite clôturer l’exposition.

ROMANCERO DES OMBRES


« Et un matin tout était en flamme
et un matin les foyers sortaient de terre dévorant les vivants,
et dès lors ce fut le feu,
ce fut la poudre dès lors, et dès lors ce fut le sang
. »
Pablo Neruda

En cette année qui marque le quatre-vingtième anniversaire de la
Retirada (l’exil de 500000 républicains espagnols en France), en
ces temps où une Europe nauséabonde renaît de ses cendres, le
«Romancero des ombres» est un geste artistique nécessaire pour
continuer à vivre debout.

Deux matériaux sont au cœur de cette création :

un film documentaire (Compañeras) et le témoignage de Manuel
Cano Lopez (En remontant le temps lointain), le père du metteur.
Compañeras, le film de Jean Ortiz et de Dominique Gautier,
donne la parole à des femmes « courage » qui racontent leur rôle,
effacé de la mémoire collective espagnole, dans la défense de la
République espagnole et dans l’anti-franquisme.

Depuis leur condition d’avant l’avènement de la République,
en 1931, jusqu’à nos jours, elles évoquent leurs espoirs et leurs
souffrances.

En remontant le temps lointain est composé d’une dizaine de
pages, que Manuel Cano Lopez écrivit à la demande de son fils.
Un récit émouvant des souvenirs d’un enfant de onze ans perdu
dans le tourbillon de la guerre civile en Andalousie.

Les témoignages de ces femmes et le récit de ce petit garçon
s’entrelacent étroitement et nous renvoient avec force les douleurs
passées mais toujours vivaces.

Partager aussi ce qui a été profondément enfoui, et nous permettre
ainsi de mieux penser (panser) et vaincre nos incertitudes et nos
peurs d’aujourd’hui.

RÉSERVATIONS ET RENSEIGNEMENTS
02 47 38 29 29 // info@ciecanolopez.fr

1969, Paco Ibáñez : l’Espagnol d’Aubervilliers

Le 2 décembre 1969 le chanteur en exil donnait à l’Olympia un concert devenu légendaire, incarnation fervente de la résistance au franquisme. 50 ans plus tard et avant de ressusciter cette prestation le 24 janvier prochain au Casino de Paris, il revient sur cette histoire.

Né en 1934 à Valence, fils d’anarchiste, forcé par la guerre civile à s’exiler au pays basque puis à Perpignan, Paco Ibáñez débarque à Paris en 1952. Sa rencontre, quelques années plus tard avec Georges Brassens consacre sa révélation pour la poésie. Dès lors, il n’aura de cesse que de mettre en musique les plus grands poètes de langue espagnole (Rafael Alberti, Gabriel Celaya, Antonio Machado, Pablo Neruda, José Agustín Goytisolo etc).

Vivant à Aubervilliers, il fréquente de nombreux artistes espagnols ou latino-américains et publie deux albums en 1964 puis 1967.

En 1968, il assiste aux événements de mai à Paris et, profitant d’un assouplissement temporaire du régime espagnol, se produit pour la première fois en Catalogne et à Madrid. Pourtant début 1969, Franco resserre la vis et instaure l’état d’exception : contraint de retourner à Paris, Paco Ibáñez se produit cette année-là dans la cour de la Sorbonne puis à l’Olympia, au cours de deux soirées restées dans les mémoires en raison de la communion entre le chanteur et son public.

A l’occasion du concert qu’il donnera le 24 janvier prochain au Casino de Paris, recréation de la performance de l’Olympia (augmentée d’autres chansons) Juke-Box modifie sa formule habituelle et reçoit le chanteur espagnol pour une interview exceptionnelle.

Pour un 11 novembre 2018 antimilitariste !

La folie guerrière et militariste ne cesse de faire florès à travers le monde : aux Etats Unis, l’ahuri Trump joue avec l’avenir de la planète avec ses menaces inconsidérées d’agressions militaires, en Corée du Nord, le « guide suprême » saigne son peuple au sang pour maintenir une armée pléthorique et développer un arsenal nucléaire qui fait froid dans le dos. De la Russie à la Chine, en passant par les pays occidentaux et leurs prétentions hégémoniques en Afrique, une seule chose va bien dans ce monde, c’est l’industrie de l’armement !

Cette « pourvoyeuse » d’emplois qui ne devrait pas exister, continue à engendrer ça et là des massacres, corollaires à de gros profits pour les industriels (industrie aéronautique avec EADS, Dassault Aviation, SAFRAN/SNECMA ; terrestre, avec NEXTER ou PANHARD ; naval avec DNCS ; électronique avec THALES, DASSAULT Systems ou SAFRAN/SAGEM ; missiles avec MBDA ; espace avec EADS/ASTRIUM…).

En france, en 2016, la seule Direction Générale de l’Armement a passé près de 10 milliards d’euros de contrats pour l’équipement des armées (sur un total de 20 milliards de prises de commandes), et a investi 800 millions d’euros dans la recherche. L’industrie de l’armement devrait passer de 165 000 emplois à plus de 200 000 en 2018 selon le ministère de la Défense. En 2015, 16 milliards d’euros de commandes à l’exportation ont été réalisées, soit deux fois plus que l’année précédente et quatre fois plus qu’en 2012 !

Mais ce n’est pas tout, l’armée ne se contente pas de faire « des opérations extérieures » : le renforcement des lois antiterroristes lui permet d’occuper le territoire métropolitain et ultra marin comme l’autorise, notamment, l’instruction interministérielle de mai 2010, le ministère de la Défense qui prévoit de déployer dans le cadre d’un plan spécial 10 000 militaires sur l’hexagone en « cas de crise majeure ». Le SGDSN (Secrétaire Général à la Défense et la Sécurité Nationale) dans la revue Armées d’octobre 2010, définissant un « cas de crise majeure » comme « Un événement – pandémie, attaque terroriste, catastrophe, crise d’ordre public – dont la gravité et la portée conduisent les autorités gouvernementales à activer le dispositif interministériel ».

Nous ne pouvons tolérer cette politique militariste !

Disons le haut et fort Dimanche 11 novembre, 10h30, parvis

de l’université François Rabelais, rue des Tanneurs, à Tours.

Rappelons que la France est toujours un pays en guerre !

Pour un 11 novembre antimilitariste !

Premiers signataires :SUD/SOLIDAIRES 37, Les Amis de Demain Le Grand Soir, Alternative Libertaire 37, Retirada 37, NPA 37.

Avec la présence de la chorale militante « La P’tite Rouge de Touraine ».

 » UNE LONGUE MARCHE DE LA RÉPRESSION FRANQUISTE AUX CAMPS FRANÇAIS « 

Albino GARRIDO SAN JUAN : « UNE LONGUE MARCHE DE LA REPRESSION FRANQUISTE AUX CAMPS FRANÇAIS ». Publié aux EDITIONS PRIVAT .

 » Une longue marche – De la répression franquiste aux camps français  » retrace le parcours d’Albino Garrido San Juan, jeune journalier de Castille, pris dans le tourbillon de la guerre d’Espagne. Agé d’à peine 17 ans il s’enrôle dans la colonne des milices populaires du colonel Julio Mangada puis dans la 34ème Brigade Mixte et lutte pour défendre la République, dans la Sierra, aux confins des provinces d’Avila et de Madrid. Démobilisé au printemps de 1937, il s’engage alors dans l’aviation. Affecté à plusieurs aérodromes à l’arrière du front, la fin de la guerre le surprend en Estrémadure. Dans des conditions particulièrement dramatiques il est fait prisonnier par les troupes franquistes et est interné dans le terrible camp de concentration de Castuera dans la province de Badajoz. Après plus de huit mois de réclusion dans un univers où l’arbitraire, les privations et la brutalité des vainqueurs règnent en maîtres, il parvient à s’évader accompagné de cinq camarades.

Commence alors, au coeur de l’hiver, une longue et périlleuse marche à travers l’Espagne. Se déplaçant de nuit, s’aidant d’un petit manuel de géographie pour tracer leur route, s’orientant lorsque le temps le permet à l’aide de l’étoile polaire, il réussit avec trois camarades à atteindre le 22 mars 1940 la frontière française à Urdos. Son périple a duré 79 jours.

Itinéraire approximatif suivi par Albino Garrido et ses compagnons lors de leur évasion du camp de concentration de Castuera. Leur pérégrination à travers l’Espagne dura 79 jours, du 4 janvier au 22 mars 1940. Elle les conduisit jusqu’à Canfranc puis Urdos, en France

Interné dans le camp de concentration de Gurs puis dans celui d’Argelès sur Mer il réussit à en sortir et travaille dans l’agriculture dans le département de l’Hérault. Après l’entrée des troupes allemandes à Paris il s’enfuit et rejoint Marseille. Commence alors une vie d’errance. Emprisonné à Aix en Provence pour défaut de papiers d’identité il rejoint les Groupements de Travailleurs Etrangers afin de régulariser sa situation. Passant d’un GTE à l’autre pour se soustraire aux réquisitions des autorités de Vichy qui veulent le mettre au service de l’organisation Todt, il quitte le midi de la France pour rejoindre Royan en juillet 1943. Il s’y trouve à la fin de la guerre. La longue nuit de la dictature franquiste anéantit tout espoir de retour en Espagne. Il fonde une famille et s’établit définitivement en France.

Ce récit a été traduit par son fils Luis qui, s’appuyant notamment sur des recherches dans différents services d’archives tant en Espagne qu’en France, l’a enrichi de nombreuses notes pour l’éclairer aussi bien sur le plan général de la guerre et de ses conséquences, que sur celui de ce parcours si particulier.

Le livre d’Albino GARRIDO sera présenté par son fils Luis qui parlera et debattra du système concentrationnaire franquiste et du combat pour la mémoire le : Samedi 13 Octobre de 14 h 30 à 18 heures

Salle 121 aux Halles à Tours

COMPTE RENDU 24 août 1944 – 24 août 2018 « Qui étaient ces soldats de la liberté ? »

Plus de 250 personnes se sont rassemblées ce vendredi 24 août pour rendre hommage aux antifascistes espagnols de la Nueve.
Anne Hidalgo, maire de Paris était accompagnée d’Evelyne Zarka pour la mairie du 4e, de Catherine Vieu-Carrier élue chargée de la mémoire combattante et de la représentante nationale du PSOE, du Directeur de la Mémoire historique d’Espagne Monsieur Fernando Martinez, de l’ambassadeur espagnol à l’OCDE et de l’ambassadeur espagnol à l’UNESCO, pour annoncer le décret de déplacement des cendres du dictateur et la volonté du gouvernement espagnol d’oeuvrer pour une véritable reconnaissance des crimes franquistes.

Le 23 août 2018, vers 19h, sont arrivés tranquillement les descendants des hommes de la Nueve, qui devaient intervenir le lendemain lors de l’hommage rendu à leur parent.

Nous étions au 33 rue des Vignoles, dernier lieu historique parisien de l’exil libertaire espagnol et surtout lieu vivant et populaire en passe d’abriter, entre autres, le centre mémoriel du mouvement libertaire français et espagnol en exil.

Nous sommes une bonne trentaine, réunis dans la grande salle, où trônent les portraits peints par Juan Chica-Ventura.
Une partie des gens se connaissent, contents de se retrouver autour de cette table amicale, d’autres font connaissance et tout le monde est heureux de saluer la famille Campos, Teresa la fille de Miguel Campos, et ses enfants : Isana, Mundi, Luis-Miguel.

Colette Flandrin Dronne, fille du capitaine Dronne est venue également, pour honorer cette famille qui cherche depuis 1945 ce qu’est devenu leur père et grand-père.

Les conversations vont bon train, historiques, politiques, amicales, et bien entendu… gastronomiques.

On rit, on pleure, on chante, enfin on évoque surtout l’empreinte de ce peuple, bâtisseur d’une société nouvelle, sur leurs héritiers biologiques et idéologiques. On se sépare tard dans la nuit.

24 août 2018, 16h30, nous sommes concentrés devant le jardin des combattants de la Nueve, 3 rue de Lobau.

La mairie comme chaque année depuis 2014, a fait disposer des fleurs aux couleurs de la République espagnole, un pupitre et une sono pour les intervenants et des chaises pour ceux qui viennent écouter. Inutile de dire que malgré leur nombre, elles seront insuffisantes et beaucoup devront rester debout pour assister à l’ensemble des prises de parole.
De notre côté, nous avons amené nos grilles d’exposition et nous les disposons le long des murs qui entrourent le jardin. Nous y accrochons les portraits des hommes qui seront évoqués ce jour. Nous tendons, de l’autre côté du portail du jardin, notre immense banderole qui doit être visible depuis les étoiles, tant elle est grande.

Comme tous les ans, le maire du 4e arrondissement, qui nous accueille sur son territoire, nous souhaite la bienvenue, à travers les mots chaleureux et amicaux de Madame Evelyne Zarka, première adjointe à la mairie et indéfectible soutien à notre action.

Le large trottoir se couvre spontanément des couleurs rouge et noir, jusque là indésirables si près de la maison des élus et mainenant saluées par eux…

L’hommage commence sous les yeux attentifs de plus de 250 personnes. Nous voulons évoquer cette année, ces hommes dans leur humanité, leur quotidien d’être humain, de père, de grand-père et de passeurs de l’expérience sociale qui fut la leur.

Notre association a présenté le cadre des interventions :
« En 2018, nous voulons donner la parole aux descendants des hommes de la Nueve de la 2e DB. Elles et ils nous invitent à partager leurs souvenirs des hommes que furent leur père ou leur grand-père. Les traces qu’ils ont laissées en eux et en nous, puisque nous sommes aujourd’hui ce qu’ils ont semé hier par leur opiniâtreté à défendre la justice et la liberté. » (voir document « introduction » )

Le ton était donné.

Nous avons lu une lettre de Rafaël Gomez, dernier survivantde cette compagnie, qui voulait saluer ce rassemblement sans pouvoir se déplacer :

« Un combat pour la liberté au cours duquel tombèrent beaucoup de nos compagnons. (…) Je crois que La Nueve fut une compagnie unique (…). Malgré la distance qui nous sépare aujourd’hui, je vous assure que je suis près de vous. »

Carmen Góngora évoque son grand-père, José Góngora Zubieta, comme un lointain souvenir et la découverte en 2015 seulement qu’il avait été un des hommes de la Nueve. C’est alors que commence sa quête :

« Grande émotion ! Mon grand-père, un héros ! J’ai voulu en savoir plus, partant ainsi vers une quête laborieuse mais passionnante à partir d’une photo et d’un article de journal. (…) »

C’est Agnès Pavlowsky, notre secrétaire, qui prêtra sa voix à César Vázquez à sa fille Marianne pour évoquer leur père et grand-père, Joaquin Tejerina Vázquez : « Antifranquiste jusqu’au bout des ongles, il a combattu dès son adolescence le fascisme et le racisme. Parcours étonnant et extraordinaire que celui de cet homme idéaliste et généreux, quelque part un Don Quichotte des temps modernes (…), en quête constante de liberté, de vérité et toujours à l’écoute des autres. Pourtant(…), c’était un modeste, refusant tous les honneurs (…) disant que ce qu’il avait fait était tout à fait normal. »

Les frères Solé, Miguel et Pedro sont évoqués par Juan Chica-Ventura & Ramon Pino ; Miguel qui survit à son frère au bout de tant de danger, sera poursuivi par la justice militaire, affublée d’œillères, pour désertion de la Légion Étrangère : « C’est proprement incroyable, mais un mandat d’arrêt contre moi court depuis le 28 février 1945. Il émane du tribunal militaire d’Oran. Le 26 septembre 1946, je suis arrêté à mon domicile de Saint-Denis. Il faudra l’intervention du directeur de la Maison des anciens de la 2e DB, rappelant mes états de services dans l’armée Leclerc, pour que je sois définitivement relaxé, en octobre 1946. J’étais abasourdi par cette mésaventure, qui n’aura pas touché que moi, car nous étions nombreux dans ce cas, les Espagnols : inculpés et décorés à la fois. »

Gérard Salinas, réservé, vient nous parler de son papa, Manuel Salinas qu’il a si peu connu : « (…) Peut-être en a-t-il découvert les réalités aux côtés de ses compagnons républicains, communistes et anarchistes de la Nueve. Pour ma part, je n’en retiens que le courage physique et moral de ces hommes venus de loin pour combattre une idéologie totalitaire, dans un pays qu’ils ne connaissaient pas. Manuel, mon père, m’aura permis de découvrir l’épopée des hommes de la Nueve et de ne pas oublier leurs souffrances. »

Daniel Pinos, membre de notre association, a débusqué, pour nous un air de guitare tout particulier avec le récit du témoignage de Victor Baro alias Juan Rico : « Anarchiste espagnol ! Je suis l’un des seize survivants de ceux qui sont entrés les premiers dans Paris. J’étais le plus jeune et j’avais une guitare. Le capitaine Dronne m’a dit : « Rico, ce n’est pas le régiment des mandolines. » J’ai caché ma guitare sur le tank. Il n’était pas commode, nous non plus. C’est le seul qui a voulu de nous, … et nous de lui. Il parlait espagnol, nous on se débrouillait en français mais le cœur y était. »

Notre ami et cinéaste Richard Prost avait la charge de parler de Manuel Lozano, dont il est, comme beaucoup d’anarchistes, l’héritier de son expérience menée à bien en Espagne et défendue jusqu’à son dernier souffle. Richard, sous son parapluie rouge et noir, nous explique ce que furent les réalisations sociales des anarchistes en Espagne et combien ils avaient mille fois raison, en avance sur leur siècle. Il dénonce aussi la falsification de l’histoire et les légendes qui viennent se substituer aux faits réels, laissant derrière elles une amertume mensongère : « C’est bien Manuel Lozano qui avait raison, si on l’avait écouté lui et ses camarades hommes et femmes, on ne parlerait pas aujourd’hui de changements climatiques. (…) C’est pourquoi Je m’adresse avec Manuel Lozano aux jeunes de l’assistance : Ne vous laissez pas guider par la façade de la connaissance et les recherches faciles. Cherchez toujours la vérité avant de faire vos choix personnels. » (lire l’article sur le lien suivant http://www.globalmagazine.info/2018…)

Madame Colette Flandrin Dronne nous a offert un exercice sans filet sur son papa, le Capitaine Raymond Dronne, commandant de la Nueve et cette compagnie qui fut la famille de sa famille, un belle émotion : « La Nueve a combattu avec gloire et courage pendant toute la campagne, souvent en première ligne, toujours plus unie (malgré la mosaïque des opinions), toujours plus soucieuse d’obtenir la victoire, et toujours avec l’espoir d’un retour au pays après la chute de Franco.
Mon père est parti, à la demande de Leclerc, un an en Indochine. La 9 dans sa presque totalité ne l’a pas suivi. « Les jaunes ne m’ont rien fait » disaient-ils. Démobilisés, ils ont eu l’immense amertume de découvrir que les alliés s’accommodaient du régime franquiste. (…)
Ils étaient des civils dans l’âme. Ils étaient courageux. Ils ont participé à tous les moments marquants de notre vie. Ils étaient ma famille. Quand mon père leur écrivait, c’était à « mon cher camarade » ou « cher ami ». Ils ont toujours été ses camarades. »

Marie-José Cortès, timide et craintive, a pris son courage à deux mains pour honorer la mémoire de José Cortès, son papa : « le 24 au soir, papa entre dans Paris avec ses compagnons. Il participe à la bataille de Paris. Le 25 août, en avançant dans la rue des Archives (4e arrondissement), il est touché par un tireur isolé (aujourd’hui, on dirait un snipper) par trois balles explosives. Une infirmière n’est pas insensible à son charme ibérique et à son aura de vainqueur. Elle lui prodiguera tous les soins possibles, émue par cet homme jeune aux portes de la mort. Ils se marièrent très vite. Après guerre, il retrouve son compagnon Martín Bernal, à Choisy le Roi qui lui apprend le métier de cordonnier… »

Mar y Luz nous a émus aux larmes en parlant de son père, Ángel Cariño López : « Il n’a jamais renoncé à ses valeurs ; il ne les inculquait pas, mais il les vivait.
Il avait un total désintérêt pour les biens matériels. La maison était toujours ouverte. Certains sont passés pour une simple visite, un repas. Lui qui n’était pas croyant : c’était pourtant un peu « la maison du bon Dieu » pour les gens et les animaux. D’autres venaient pour de l’aide pour des papiers ou des courriers… Mon père, s’il a eu la joie de disparaître après Franco, n’est jamais retourné en Espagne. Ce qui lui manquait le plus, c’était sa Galice, la mer et la pêche. »

Et elle lie la personnalité de son père à la résistance des exilés d’aujourd’hui : « Alors que je vous lis ces lignes, sur les bords de la Méditerranée d’autres exilés partent : eux aussi ont des familles, eux aussi fuient des dictatures, eux aussi veulent tout simplement survivre. Alors oui : dans les circonstances actuelles, comment voudrait-on que je ne pense pas à mon père et à tous ses combats ? »

Pour la première fois en France et en Espagne, nous allons entendre le témoignage déchirant de la famille de Miguel Campos, El Canario de la Nueve et disparu durant la campagne d’Alsace. Séparée dès son plus jeune âge de son père qu’elle ne revit jamais, Teresa fut jetée en prison avec sa maman dès juillet 1936. Ils ne se revoient pas mais Miguel écrit, jusqu’en 1942 où sa trace est définitivement perdue, jusqu’à ce documentaire qui fait sauter Luis-Miguel le petit-fils : « documentaire à la télévision publique espagnole, intitulé La Nueve, les oubliés de la victoire, d’Alberto Marquardt, dans lequel il raconte l’histoire de 150 républicains espagnols et où les témoins évoquent Miguel Campos. (…) C’était aussi très émouvant de lire le nom de mon père sur le mémorial Leclerc. Ce voyage fut l’une des choses les plus exaltantes que j’ai jamais vécues. J’ai obtenu beaucoup d’informations sur la vie de mon père. Grâce à M. Coale, nous avons appris que le capitaine Dronne parle de lui dans ses Carnets de route. »
Aimable Marcellan, secrétaire adjoint l’association, terminera ce « Marathon » évocateur avant que la Maire de Paris, Anna Hidalgo, prenne la parole.

Tout en rappelant les raisons de l’existence de l’association, il remercie la mairie de Paris pour l’avancée des travaux prévus pour le Centre mémoriel du mouvement libertaire espagnol en exil. Quoique la surveillance ne se relâche pas autour des locaux à transformer, au 33 rue des Vignoles. Un petit tour d’horizon sur la destination prestigieuse de ce lieu d’histoire populaire et parisienne, liée à l’exil, nous conduit à l’évocation des personnalités passées au 33 mais aussi des luttes qui y furent mener sans concession : « Nous savons, et les générations qui nous ont précédés nous l’ont montré, que rien n’est jamais acquis, que la mémoire comme la vie sont des combats de tous les jours, tournés vers l’avenir. Ces combats, nous les poursuivrons ! » (voir document Conclusion )

Nous avons terminé cette journée par l’intervention de Madame la Maire de Paris qui après s’être rejouie de parler ainsi, depuis plusieurs années maintenant, face à une forêt de drapeaux rouge et noir, a affirmé que la mémoire du peuple espagnol devait être mise au grand jour et qu’elle ne cesserait jamais de porter cette ambition : remettre le fleuve Histoire dans son lit de vérités, loin des falsifications, officielles ou autres.

Accompagnée tout au long de cet hommage par des officiels de l’État espagnol, (ambassadeur à l’OCDE, ambassadeur à l’UNESCO, représentante nationale du PSOE…) elle céda la parole au Señor Fernando Martinez qui annonça le décret signé par le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, de relève des cendres du dictateur Franco del Valle de los Caidos, et son intention de mener durant son mandat une vraie réhabilitation des combattants antifascistes espagnols en ouvrant les fosses communes, identifiant chaque corps pour le remettre à sa famille, et en travaillant en harmonie avec les associations de mémoire espagnoles et celles de l’exil, conscient qu’une grande part de l’histoire du peuple espagnol se trouve hors de ses frontières.
La réconcilaition en Espagne est à ce prix : exhumer la vérité et en tirer les véritables leçons, rien n’avancera sans ce passage obligé.

Le 25 août 2018, nous avons accompagné la famille Campos aux cérémonies officielles de la libérations de Paris. Une grande joie , un beau cadeau les attendait, la rencontre avec Alberto Marquardt, l’homme par lequel la quête de cette famille a commencé à devenir réalité.

Mais lors de la célébration officielle, très militaire et protocolaire (rien à voir avec celle de la veille) à nouveau la chappe de plomb s’est installée par ommission : pas un mot des Espagnols, de la Nueve entrant dans Paris ou martyrisée à Écouché.

La cérémonie s’est terminée par la projection du film Paris brûle-t-il ; film grand public qui tisse les ommissions avec le fil des extravagances historiques, jamais remises en cause.

Il reste encore beaucoup de chemin pour que ce qui se dit un jour se dise toujours et qu’on ne perde pas ce fil ténu de la vérité en une nuit.

Le bureau de l’association
24-août-1944

Tous les textes des interventions seront publiés en bilingue dans une brochure illustrée.

En l’attendant je tez un oeil à cette vidéo :

Les photos sont de : Mireille Mercier Balaz, Cristine Hudin, Didier Auroi, Alain Rameau Frias, Richard Prost

Faire vivre les mémoires et les valeurs des Républicains espagnols exilés

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