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Miguel Hernandez dans la mémoire.

Miguel Hernández en la memoria

Miguel Hernandez dans la mémoire.

Mar Campelo Moreno

Publico du 26 mars 2022

A Elvira Hernandez Gilabert, ma grand-mère.

Ma chère grand-mère :

Il y a plus de 25 ans que tu es partie et aujourd’hui c’est le 80ème anniversaire de ta dernière visite à ton frère Miguel en vie, mais je n’ai pas oublié les anecdotes que tu m’as racontées à maintes reprises depuis que j’étais toute petite fille jusqu’à cette maudite maladie qui a emporté tes souvenirs ; même quand tu avais perdu les capacités de t’exprimer, tu ouvrais les yeux et quelque chose remuait en toi en voyant une photo de ton frère.
De la même façon tu riais quand tu me racontais les remontrances que tu lui lançais chaque fois que son esprit s’égarait dans ses promenades dans la montagne d’Orihuela pour aller lire ou écrire et que tu devais te justifier avec une quelconque excuse ou quand tu clouas les volets pour qu’il ne les ouvrit pas aux heures de fortes chaleur.
Il riait aussi quand tu lisais ses poèmes et que tu lui demandais qu’il t’expliquât ce qui se cachait derrière chaque figure de rhétorique, sans te lasser jusqu’à ce que tu ais tout compris. Et quand tu le reprenais pour ses expressions d’une tonalité osée. Quand tu parlais de votre enfance et de votre jeunesse, toujours tu souriais, tes yeux s’illuminaient en revivant ces instants, et tu dessinais l’image d’un garçon joyeux, spontané, affectueux et plein de vie, avec une énorme empathie pour la souffrance d’autrui.
Vous avez été compagnons de jeux, toujours complices et amis. Il te parlait de ses lectures, de sa passion créatrice – tu fus la première lectrice de beaucoup de ses poèmes- de son fervent désir d’aller à Madrid, mais aussi de ses expériences, de ses amis, des femmes qu’il avait aimées…Avec cette précision du détail qui te forçait à te retenir en riant du bout des lèvres « Miguel ne me raconte pas de telles choses »

Avec ce sourire en coin, tu me racontais que ta mère et toi vous trayiez les chèvres par deux fois pour récupérer quelques sous que vous envoyiez à Miguel pour qu’il survive à Madrid.

Tu t’es mariée et tu es partie à Madrid avec ton mari et ta fille (ma mère) ; l’oncle Miguel retourna à Madrid à cette même époque et bien que vous habitiez dans une pension de famille, il venait presque tous les jours pour manger et faire laver son linge.

Quand tu lus l’élégie qu’il écrivit pour son ami Manolo, mort noyé, tu lui demandas de ne pas l’éditer parce qu’elle aurait causé plus de douleur encore et il te l’offrit pour que tu en fasses ce que tu voulais. Tu l’as gardée dans ton classeur des trésors, celui qui contenait toutes les coupures de presse où on parlait de lui ; ce classeur se remplit tout le reste de ta vie avec chacune de ses lettres, de ses photos, chacune de ses publications, tout ce qui concernait ton frère, pour la plus simple raison.

Pourquoi retourna-t-il à Orihuela à la fin de la guerre ? Pourquoi n’écouta-t-il pas votre père quand il lui dit « va-t-en Miguel, c’est maintenant que vont venir les exterminations » ? Parce qu’il voulait embrasser sa famille et qu’il se savait innocent. Et ils l’ont emprisonné dans le Séminaire, dans cette montagne où il aimait se perdre pour écrire, pour lire, pour s’imprégner de la nature.

Ses lettres de prison tentaient de transmettre l’espoir, et il se permettait même quelques plaisanteries ; il vous cacha qu’il avait été condamné à mort jusqu’à ce qu’ils commuèrent la peine à la prison à perpétuité. Ces lettres qui passaient par la censure ou cachées sur le rebord du pot à lait, écrites sur du papier hygiénique. Et toi tu écrivais ou rencontrais tous ceux qui pouvaient intercéder pour qu’il puisse être libéré.

Tu habitais déjà à Alicante quand ils le déplacèrent dans un établissement pénitentiaire pour adultes, là où devait être sa dernière prison. A pied tu allais le voir chaque fois qu’on autorisait un parloir et tu lui portais de la nourriture envoyée par tes parents depuis Orihuela et tout ce que tu pouvais obtenir par le marché noir ; ces pots à lait si difficiles à remplir et que les matons laissaient tomber. Le jour de Notre Dame de Mercédès, le 24 septembre, les enfants pouvaient rendre visite aux prisonniers ainsi pouvaient entrer son fils et les trois tiens. Ma mère, à sept ans était l’ainée et tu lui faisais mémoriser les messages à lui transmettre. A la sortie, tu la sollicitais pour qu’elle te répétât chaque parole de ton frère.

Tu m’évoquais ce jour où vous allèrent le voir avec Josefina : il n’avait plus la force de marcher et il s’appuyait sur deux de ses compagnons. Dès qu’il vous aperçut, il se redressa, gonfla le torse et sourit.
– Miguel, tu es en pleine forme ? Tu vas mieux ?
– Ils sont venus m’offrir de l’argent et la liberté si je me rétracte sur tout ce que j’ai écrit et que je mets ma plume au service du régime.
-Tu as répondu que oui !
– J’ai dit que non.
« Mon frère était comme ça » tu concluais.
Sa santé s’aggravait. Tu parcourais tout Alicante, d’un bout à l’autre, sans arrêt, cherchant un appui, pour que puisse être levée l’interdiction qu’un médecin puisse lui rendre visite, jusqu’à ce que tu l’obtiennes. Il l’aida à mieux respirer, sans les moyens suffisants, il ne pouvait faire plus. L’idéal aurait été de le transférer au Sanatorium pour tuberculeux de Porta Coeli, où à l’écart de l’insalubrité de la prison, il aurait pu se récupérer. Mais tant que ton frère n’acceptait pas de retourner au sein de l’église, cela était impossible.
Quand tu allais pour lui rendre visite à l’infirmerie où il s’étouffait parmi la crasse ça te brisait le coeur. Tu le lavais, tu l’habillais avec du linge propre et tu lui faisais sortir le liquide de ses poumons comme te l’avait montré le médecin.

Conscient que c’était bientôt la fin, il accepta de se marier à l’église, prostré dans son lit, pour protéger sa famille (les mariages civils étaient non valides). Quelques jours après le transfert à Porta Coeli fut accepté, mais c’était déjà trop tard.

La nuit du 27 mars tu lui rendis visite avec Josefina. Ta voix se brisait quand tu me racontas que tu le lavas et l’aidas à respirer pour la dernière fois. Il mourut au matin.

Arrivèrent les années de silence, de peur à prononcer son nom, de l’hypocrisie, des livres des éditions Losada qui arrivaient mystérieusement d’Argentine, des conversations à mi-voix. Tu étais indignée par l’injustice, par la haine et les mensonges, toujours les mensonges. Tu me parlais de l’oncle Miguel entre des murmures et tu me demandais de parler moins fort quand je te demandais des précisions. « Ne raconte rien » « Ne te fais pas remarquer » Et bien à présent je le raconte, grand-mère, ma mémoire est ta mémoire.

Au début de la démocratie, tu allais à toutes les réceptions et tu répondais à toutes les interviews. Tu étais épuisée, mais c’était ton « devoir » de rendre hommage et de faire connaître le nom et l’oeuvre de ton frère. Ce fut la travail de toute ta vie.

Tu aurais été ravie de savoir que 2017 fut « l’année Miguel Hernandez », toi qui étais inquiète qu’ils le fassent disparaître. Ravie de savoir que je donne des conférences sur cet héritage de souvenirs dont tu m’as fait cadeau, que j’ai publié l’élégie à Manolo, comme tu le souhaitais, que le lit de ton frère (qui t’accompagna dans tous les lieux où tu as habité) est maintenant dans dans ta chambre, dans la maison de la rue de Arriba, qui aujourd’hui s’appelle Miguel Hernandez, et que c’est une maison-musée. Il n’a pas été oublié grand-mère, même une gare porte son nom, un aéroport, une université et des écolee et centres culturels.

Repose en paix, grand-mère, la poésie de ton frère résonne dans le monde entier ; son nom est écrit en lettres de feu ; et je continuerai à partager cet héritage que tu m’as transmis jusqu’à le laisser graver dans ma mémoire. Miguel Hernandez est, indiscutablement, un grand poète ; mais pour moi il restera toujours l’oncle Miguel.

traduction de l’article de Publico du 26 mars 2022 par Luis

Miguel Hernández en la memoria
MAR CAMPELO MORENO
Publico 26 de marzo 2022
• A Elvira Hernández Gilabert, mi abuela
Querida abuela:
Hace más de 25 años que te fuiste y hoy se cumplen 80 de la última vez que viste a tu hermano Miguel con vida, pero no he olvidado las anécdotas que me contaste una y otra vez desde que era una niña hasta que la maldita enfermedad se llevó tus recuerdos; aunque, incluso cuando habías perdido la capacidad de expresarte, abrías los ojos y algo se removía dentro de ti si veías una foto de tu hermano.
Cómo te reías cuando me contabas las regañinas que le echabas cada vez que « se le iba el santo al cielo » en sus excursiones a la sierra de Orihuela para leer o escribir y tenías que justificarlo con cualquier excusa, o cuando clavaste las contraventanas para que no las abriera en las horas de calor.
También se reía él cuando leías sus poemas y le hacías que te explicara lo que se escondía en cada juego retórico, no descansabas hasta que lo entendías todo. Y cuando lo reprendías por sus expresiones subidas de tono. Siempre sonreías cuando hablabas de vuestra niñez y juventud, se te iluminaban los ojos reviviéndolo y dibujabas la imagen de un muchacho alegre, espontáneo, cariñoso y vital, con una enorme empatía con el sufrimiento ajeno.
Fuisteis compañeros de juegos y siempre cómplices, amigos. Te hablaba de sus lecturas, de su pasión creadora –fuiste la primera lectora de muchos de sus poemas-, de su deseo vehemente de ir a Madrid, pero también de sus vivencias, de sus amigos, de las mujeres a las que amó… Con esa atención al detalle que tenías que reprimir entre risas pudorosas: « Miguel, no me cuentes esas cosas ».
Con esa sonrisa tuya de medio lado, me contabas que tu madre y tú ordeñabais las cabras por segunda vez para sacar unas perricas que le enviabais a Miguel para que sobreviviera en Madrid.
Te casaste y te fuiste a Madrid con tu marido y tu hija (mi madre); el tío Miguel volvió a Madrid en esa misma época y, aunque vivía en una pensión, iba casi a diario a tu casa a comer y a que le lavaras la ropa.
Cuando leíste la elegía que le escribió a su amigo Manolo, que había muerto ahogado, le pediste que no la publicara porque causaría más dolor y te la regaló para que hicieras con ella lo que quisieras. Tú la guardaste en tu carpeta de los tesoros, la que contenía todos los recortes de prensa en los que se hablaba de él; esa carpeta que fue creciendo durante el resto de tu vida con cada carta suya, cada foto, cada publicación, cada referencia a tu hermano por mínima que fuera.
¿Por qué tuvo que volver a Orihuela cuando acabó la guerra? ¿Por qué no escuchó a vuestro padre cuando le dijo « vete, Miguel, que ahora viene el exterminio »? Porque quería abrazar a su familia y se sabía inocente. Y lo encarcelaron en el Seminario, en esa sierra en la que le gustaba perderse para escribir, para leer, para empaparse de naturaleza.
Sus cartas desde la cárcel trataban de transmitir esperanza, incluso se permitía alguna broma; os ocultó que lo habían condenado a muerte hasta que le conmutaron la pena por cadena perpetua. Esas cartas que llegaban censuradas o escondidas en el borde de las lecheras, escritas en papel higiénico. Y tú escribías o visitabas a cualquiera que pudiera interceder para su excarcelación.
Ya vivías en Alicante cuando lo trasladaron al Reformatorio de Adultos, la que sería su última cárcel. Caminabas hasta allí cada vez que se permitía una « comunicación » y le llevabas los alimentos que enviaban tus padres desde Orihuela y los que podías conseguir a través del estraperlo; esas lecheras que tanto costaba llenar y que los carceleros dejaban caer.
El día de las Mercedes los niños podían visitar a los presos y entraban su hijo y los tres tuyos. Mi madre, con siete años, era la mayor y le hacías memorizar los mensajes que querías transmitirle. Cuando salían, la interpelabas para que repitiera cada palabra de tu hermano.
Me hablabas de aquel día que fuiste a verlo con Josefina: no tenía fuerzas para caminar y se apoyaba en dos compañeros. Cuando os vio, se irguió, hinchó el pecho y sonrió:

• Miguel, qué bien te veo, ¿estás mejor?
• Han venido a ofrecerme dinero y la libertad si me retracto de todo lo que he escrito y pongo mi pluma al servicio del régimen.
• ¡Habrás dicho que sí!
• He dicho que no.
« Ese era mi hermano », concluías.
Su salud empeoraba. Recorrías Alicante de punta a punta sin descanso buscando una recomendación que traspasara el bloqueo para que lo visitara un médico, hasta que lo conseguiste. Lo ayudó a respirar mejor aunque, sin los medios suficientes, no podía hacer más. Lo ideal era trasladarlo al sanatorio para tuberculosos de Porta Coeli, donde, fuera de la insalubridad de la prisión, se recuperaría. Pero mientras tu hermano no accediera a volver al seno de la iglesia, era imposible.
Se te rompía el corazón cuando entrabas a visitarlo a la enfermería y lo encontrabas ahogándose entre suciedad. Lo lavabas, lo vestías con ropa limpia y le extraías el líquido de los pulmones como te había enseñado el médico.
Consciente de que se acercaba el final, accedió a casarse por la iglesia, postrado en la cama, para proteger a su familia (los matrimonios civiles habían quedado invalidados). Pocos días después se aprobó el traslado a Porta Coeli, pero ya era tarde.
La noche del 27 de marzo fuiste a visitarlo con Josefina, se te quebraba la voz cuando me contabas que lo aseaste y lo ayudaste a respirar por última vez. Murió esa madrugada.
Y llegaron los años del silencio, del miedo a pronunciar su nombre, de la hipocresía, de los libros de Losada llegados misteriosamente desde Argentina, de las conversaciones a media voz. Te indignaba la injusticia, el odio y las mentiras, siempre las mentiras. Me hablabas del tío Miguel entre murmullos y me pedías que bajara la voz cuando te pedía detalles: « No cuentes nada », « no te signifiques ». Pues ahora lo estoy contando, abuela, mi memoria es tu memoria.
Ya en democracia, ibas a todos los actos y accedías a casi cualquier entrevista. Te quedabas exhausta, pero era tu « deber » homenajear y propagar el nombre y la obra de tu hermano. Esa fue la labor de toda tu vida.
Te habría encantado saber que 2017 fue el « Año de Miguel Hernández », a ti que te preocupaba tanto que lo hicieran desaparecer. Que de vez en cuando doy una charla sobre ese legado de recuerdos que me regalaste. Que publiqué la elegía a Manolo, como tú querías. Que la cama de tu hermano (que te acompañó a todos los lugares donde viviste) está ahora en su cuarto, en la casa de la calle de Arriba, que ahora se llama de Miguel Hernández, y que es su casa-museo. No lo han olvidado, abuela, hasta la estación de tren lleva su nombre, y un aeropuerto, y una universidad, y colegios, y centros culturales.
Descansa en paz, abuela, la poesía de tu hermano resuena en todo el mundo; su nombre está marcado a fuego; y yo seguiré compartiendo este legado que me transmitiste hasta dejarlo grabado en mi memoria. Miguel Hernández es, indiscutiblemente, un gran poeta; pero para mí siempre será el tío Miguel.

« LA PLUS GRANDE FOSSE COMMUNE DE LA RETIRADA DÉCOUVERTE AU CIMETIÈRE OUEST DE PERPIGNAN

C’est le journal L’INDEPEDANT dimanche qui le révèle à travers un article de Thierry Bouldoire du 20 mars
Merci à Paco Ortiz pour nous l’avoir communiqué.

841 exilé républicains reposent dans le plus grand ossuaire de la Retirada de 1939.
Jusque-là oubliée dans un recoin du carré Obis du cimetière ouest de Perpignan, cette fosse commune a été mise au jour par trois historiens catalans . Ce 18 février 2022, une cérémonie a salué la mémoire de ces disparus des camps de Saint-Cyprien ou du Barcarès, dont l’exil résonne de nouveau aujourd’hui sur les routes de l’exode ukrainien.

Inhumation N°728 ; nom Gelercan Ubach, âge 19 ans ; date inhumation 27 mars 1939. Méticuleusement imprimées sur une vaste bâche beige, 841 références identiques dévoilent ces victimes oubliées de la Retirada, dans un coin du cimetière de l’ouest de Perpignan, à deux pas de la cité des Baléares. 841 mémoires retrouvées grâce au travail de trois historiens catalans Jordi Oliva, Marti Picas et Noemi Riudor. Grau, Guasch, Gonzales, Garcia et tant de patronymes espagnols et catalans ont ainsi droit à un vrai repos.
« C’est la plus grande fosse commune d’exilés républicains en France » précise Mithé Pull membre de la Xarxa Cebrianenca i Collectiu « Joves del Rosello ». « Les historiens évaluent à au moins 2888 les victimes non retrouvées dans les Pyrénées-Orientales. Ceux décédés dans les camps d’Argelès, au Barcarès ou Saint-Cyprien sont très souvent inhumés dans les cimetières de ces communes, mais les registres ne disaient rien jusque-là des victimes à l’hôpital de Perpignan, loin de leur famille. On mourrait beaucoup de maladies, de faim ou de blessures mal soignées dans ce camps de misère sur nos plages. C’est toute la qualité et la pertinence du travail des trois historiens catalans. Ils leur ont redonné une mémoire ici. »
Non sans mal. L’accès à tous les registres n’a pas été simple. Impossible même au consulat d’Espagne de Perpignan, compliqué à l’état civil de la ville de Perpignan. Ce 18 février 2022 date anniversaire du premier corps d’exilé enterré, celui de Manuela Garcia le 18 février 1939 – un hommage a donc enfin été rendu à ces victimes de l’exil. Une délégation d’une centaine de personnes , dont Quim Torra l’ancien président de la Generalitat, un temps successeur de Carles Puigdemont, et de nombreuses associations, a fléché, fleuri et réclamé la sanctuarisation du site. Aujourd’hui, un simple parterre de béton aux trop rares pensées fleuries.
« Il y a eu des témoignages très émouvants. Comme cette dame venue d’Alabacete (centre de l’Espagne) retrouver la trace de son père perdu en 1939. Jusque-là, elle pensait qu’il avait abandonné sa famille et refait sa vie en France au lendemain de la guerre, sans donner le moindre signe de vie. En fait il est décédé à l’hôpital de Perpignan dès 1939. Ses mots si forts et si pudiques » témoigne Pierre Rossignol, membre de l’association Les amis de la Retirada de Saint-Cyprien.
A Cerbère,, au Perhus, à Prats-de-Mollo, en Vallespir, plus de 250 000 exilés ont franchi les frontières à partir de février 1939, fuyant la répression de la dictature franquiste. « Ils étaient pourchassés pour avoir choisi le camp de la démocratie, comme les Ukrainiens aujourd’hui. »

17000 KM pour récupérer la bague et la montre que les nazis dérobèrent à un prisonnier espagnol

Article traduit
https://www.eldiario.es/sociedad/17-000-kilometros-recoger-anillo-reloj-nazis-arrebataron-prisionero-espanol_1_8838769.html

Le 13 novembre dernier je lançais sur ce site un appel suite au message reçu d’Isabel et Jesus de Madrid qui recherchait la famille de Gabriel Alvarez Arjona, déporté au camp de Neuengamme en Allemagne pour récupérer des effets personnels (une montre à gousset et deux bagues, dérobés par les nazis. Aujourd’hui cet article de Carlos Hernandez paru dans le diario.es nous révèle l’issue de cette histoire.
Article de Carlos Hernandez du 20 mars 2022
El diario.es
traduit par mes soins : Luis

Manuel et son fils veulent entreprendre un voyage en Espagne depuis l’Australie pour récupérer les effets personnels que des chercheurs ont sauvé et qui appartenaient à son oncle, survivant du camp de concentration de Neuengame.

Le carillon de la porte retentit avec insistance. C’est la maison d’une famille espagnole : Los Montes. Il y a 60 ans que Manuel et son épouse Herminia ont abandonné leur patrie pour ce pays où ils ont cherché à construire un avenir pour leurs enfants : Mari Trini et Manuel.

Ils ont fait partie de la fameuse opération « Kangourou » un accord entre le régime franquiste et les autorités australiennes. Le pays océanique avait besoin de main d’oeuvre et son gouvernement recherchait en dehors de leurs frontières des travailleurs qui devaient être « blancs et catholiques ». La précaire situation économique en Espagne incita près de 8000 compatriotes à faire les valises et à se déplacer pour toujours à l’autre extrémité de la planète.

Il s’est passé beaucoup de temps, trop de temps. Manuel a aujourd’hui 88 ans et vit seul depuis que son épouse Herminia est partie pour son dernier voyage. Il vit seul, mais ses enfants restent proches de lui. C’est pourquoi, il n’a aucun doute sur sur celui qui sonne à la porte, son fils ainé. La seule chose que Manuel n’imagine pas un instant est la nouvelle qu’il va bientôt apprendre.

Camp de prisonnier de Sandbostel, Allemagne, le 29 avril 1945.

Gabriel Alvarez Arjona continue sans croire un instant ce qu’il est entrain de vivre. Plusieurs véhicules militaires étasuniens viennent d’entrer dans le camp. Le cauchemar prend fin. Derrière il y a 24 mois d’emprisonnement et deux grandes guerres. Tout avait commencé 9 ans avant.

Le coup d’état franquiste l’avait surpris dans sa terre natale, Madrid. Gabriel n’hésita pas un instant à laisser le pinceau de peintre en bâtiment et à s’enrôler comme volontaire dans les MAOC, les Milices antifascistes ouvrières et paysannes, pour défendre la démocratie républicaine et empêcher que la capitale ne tombe entre les mains des rebelles. Trois années de combats plus tard, Gabriel se vit obligé de s’enfuir en France avec un demi million d’autres Espagnols.

Après être passé dans plusieurs camps de concentration français le madrilène put s’installer dans la ville du Mans, où il reprit son travail de peintre-décorateur. La paix ne dura pas plus d’un an, parce qu’en juin 1940 la ville fut occupée par les troupes nazies. Gabriel continua son métier de peintre jusqu’en mai 1943 où il fut arrêté par ordre des autorités de la collaboration française. Dans le rapport de police il fut accusé d’être le chef d’un groupe d’agitateurs, financés par le Mexique, dans lequel il y avait des communistes espagnols et des anarchistes de Paris.
Les témoignages et les documents présentés pour réduire les charges contre lui ne servirent à rien. Il fut considéré comme un ennemi et un danger pour le Reich. En novembre il fut envoyé dans un camp d’internement pour prisonniers politiques à Voves.

Une enceinte contrôlée directement par le gouvernement collaborationniste du régime de Vichy. Les conditions de vie n’étaient pas excessivement mauvaises et les prisonniers arrivèrent à organiser des activités culturelles, éducatives et sportives en plus de tisser des réseaux de résistance clandestine. Grâce à cela des évasions purent se produire avec un pic dans la nuit de 5 au 6 mai 1944.

42 prisonniers s’enfuirent par un tunnel de 148 mètres qu’ils avaient creusé pendant trois semaines. Gabriel n’était pas parmi les évadés mais paya le prix fort pour cela. Les SS s’emparèrent du camp, ils le clôturèrent et transférèrent les prisonniers vers les camps de Buchenwald et de Neuengamme. C’est dans ce dernier camp qu’atterrit Gabriel.

Là il lui enlevèrent toutes ses affaires personnelles, entre autres une montre et deux bagues. Après il reçut le costume rayé , un triangle rouge inversé qui le distinguait comme prisonnier politique avec le numéro 32 040. Les 10 mois suivants il souffrit de la faim, des mauvais traitements, du manque d’hygiène et dut travailler comme un esclave. Mais le pire était devant lui.

Devant l’imparable avancée des troupes britanniques, les nazis durent déplacer les 9500 déportés depuis Neuengamme jusqu’au camp de Sandbostel. Un tiers d’entre eux périrent dans cette marche de la mort et dans les jours suivants en arrivant à leur nouvelle destinée. Gabriel fut victime, témoin et survivant de ce terrible périple.

Madrid 2022
Jesus et Isabel depuis 2019 font connaître et installent les STOLPERSTEINE en souvenir et en hommage aux madrilènes déportés dans les camps de concentration nazis. Il s’agit de petits pavés, avec une plaque dorée où figurent les principales informations des victimes, qui se placent sur sur le trottoir, en face du dernier domicile connu.
Sachant que les Archives internationales Arolsen, les plus importantes sur la répression nazie, conservent des objets personnels de quelques déportés espagnols, Jesus et Isabel ont décidé de participer à la remise des effets personnels aux héritiers des prisonniers madrilènes. En coordination avec l’historien Antonio Munoz, ils ont pu localiser les adresses de certains d’entre eux. Arolsen avait deux bagues et une montre gousset que les nazis avaient réquisitionnées à leur arrivée à Neuengamme appartenant à un Espagnol Gabriel Alvarez Arjona.

Les recherches sur Gabriel arrivaient toutes à une voie sans issue. Ils savaient qu’il était mort en France, très probablement dans les années 60, mais comment retrouver les descendants directs. En 1939 le madrilène apparaissait dans les registres comme veuf sans enfant et rien ne prouvait qu’il avait eu des enfants et ils durent approfondir les recherches.

Gabriel avait deux sœurs ; l’une n’avait pas eu d’enfant et l’autre donna naissance à un garçon et deux filles. Le chemin commençait à s’éclaircir jusqu’à ce que les différentes archives révélèrent qu’aucun des trois neveux n’avait eu d’enfant. Tout paraissait perdu quand un des documents révélait qu’une des nièces avait adopté un enfant après la guerre, en 1940. Son nom était Manuel Montes Exposito et son existence ouvrait ainsi une nouvelle voie de recherche pour retrouver les descendants de Gabriel.

Les archives permirent de reconstruire la vie de Manuel. Il se maria avec Herminia Martinez et eu deux enfants. Par contre entre 1960 et 1965 la piste documentaire de la famille disparaissait. Au moment de jeter l’éponge, ils tirèrent du fil généalogique d’Herminia et tombèrent sur deux de ses sœurs. C’est elle qui leur apporta la clef « ils émigrèrent en Australie dans les années 60 »

Jesus et Isabel partagèrent leurs avancées avec deux chercheurs. L’un d’entre eux, Unai Eguia, connaissait un Espagnol qui résidait en Australie et qui avait été animateur dans un programme radiophonique en direction des migrants espagnols. Ce n’est que quelques jours après qu’Unai était interviewé dans l’émission « Pain et chocolat, l’émission de radio de Brisbane 4EB » Pendant plus d’une heure il apporta les précisions sur les informations dont il disposait, il évoqua Gabriel, les bagues et sa montre et lança un appel pour que les auditeurs collaborent à la recherche de Manuel.

Manuel Montes Exposito peut à peine croire ce que lui raconte son fils Manuel. Ils sont entrain de le rechercher en Espagne pour lui remettre les objets personnels que les nazis dérobèrent à son oncle Gabriel à Neuengamme. Il n’arriva jamais à le voir en personne parce qu’il grandit dans l‘Espagne franquiste pendant que son oncle demeurait dans son exil forcé en France. Malgré tout cela une forte relation s’installa entre les deux. C’est pour cela qu’il conserve avec beaucoup d’affection la dernière photo qu’il lui envoya du Mans en septembre 1960. Au verso, d’une main tremblante, Gabriel lui avait dédicacé « pour vous Herminia et Manolo avec tout mon coeur ». L’ex-prisonnier de Neuengamme avait seulement 62 ans, mais les séquelles de sa dure existence on peut les sentir dans ses mots d’adieu «  je ne l’ai pas envoyé avant car je suis paralysé »

« Je ne savais même pas que mon oncle avait été déporté dans un camp de concentration nazi » avoue Manuel fils au Diario.es. « Jamais mon père ne me le raconta ni me parla de cela jusqu’au jour où je reçus la nouvelle qu’il le recherchait depuis l’Espagne, à travers une émission de radio. » La vérité est que je ne savais même pas que des Espagnols avaient été renfermés dans ces camps. »
Manuel fils n’avait que deux ans quand il laissa l’Espagne avec sa sœur Mari Trini plus jeune de 6 mois. Tous les deux se sont élevés et ont été éduqués en Australie où contrairement à ce qui se passe dans notre pays, l’histoire contemporaine a toujours été étudiée. « A l’école on enseigne la participation des Australiens à la guerre. Ici il est très important de savoir. Il y a une journée par an où sont commémorées les victimes et les soldats qui sont tombés pendant la deuxième guerre mondiale. C’est un grand jour. Est-ce qu’il y a cela en Espagne. ? Non.
La mémoire lui joue des tours, mais malgré cela Manuel Montes Exposito est inondé d’une grande émotion en pensant que bientôt il va avoir entre ses mains les bagues et la montre de son oncle Gabriel. « ça lui fait un énorme plaisir et à moi aussi, affirme Manuel fils. Ces évènements ne peuvent s’oublier. Si la santé de mon père le permet nous voyagerons jusqu’en Espagne ces prochains mois. » 
La remise des objets personnels volés par les nazis ne sera pas l’unique motif de cette visite. Jesus et Isabel sont entrain d’organiser la pose des « stolperstein » en souvenir de Gabriel Arjona. Un pavé de la mémoire qui sera installé devant le domicile du combattant antifasciste et victime du nazisme qui vécut à Madrid avant d’entreprendre son dramatique périple en 1936.
Manuel père et Manuel fils parcourront 17000 km pour récupérer une montre gousset, deux bagues et se retrouver enfin avec leur oncle Gabriel.

La guitare au service de la mémoire que joue Juan Francisco Ortiz, fils d’une victime républicaine de l’Holocauste nazi

Avec un concert dans le Musée Séfarade de Tolède, le musicien franco-espagnol et son fils David ont rendu hommage aux victimes de la répression par Adolphe Hitler, le Jour International de la Commémoration des Victimes de l’Holocauste.

Tolède – Le guitariste franco-espagnol Juan Francisco Ortiz a voulu rappeler et évoquer son père, Francisco Ortiz, prisonnier 4252 à Mauthausen-Gusen (Autriche), dans le concert qu’il a offert jeudi au Musée Séfarade de Tolède, y qui s’est transformé en même temps en un hommage aux Espagnols qui furent déportés dans les camps d’extermination nazi.
« Que je sois invité pour rappeler l’histoire est un orgueil pour moi » faisait remarquer dans une interview à l’occasion de son concert à Tolède le jour de la Commémoration des Victimes de l’Holocauste.
Juan Francisco Ortiz a déjà une certaine expérience pour mettre sa musique « au service de la mémoire » il le fit en 2015 en jouant au Mémorial de Mauthausen pour le 70ème anniversaire du Camp, un an après le décès de son père, originaire de Santisteban del Puerto, un village de la province de Jaen.
Après sa mort, Ortiz se demanda ce qu’il pouvait faire avec le peu de chose que son père avait rapporté du camp de concentration – un drapeau signé par ses camarades prisonniers, un pull fait à la main et un pistolet qu’il déroba à un SS – pour les protéger de l’oubli ; il eut l’idée de les offrir au musée en échange d’un concert.
Son père, Francisco Ortiz, s’engagea à presque 16 ans dans l’Armée républicaine et une fois la guerre perdue, il partit en France pour continuer la lutte contre le fascisme avec l’idée qu’un jour ou l’autre il pourrait renverser le dictateur Francisco Franco, mais il fut capturé par les Allemands et déporté à Mauthausen, où il fut maintenu prisonnier pendant quatre ans « très difficiles » raconte son fils.
Un jour les nazis le matraquèrent jusqu’à le laisser pour mort et les amis de Francisco Ortiz, aussi prisonniers, le cachèrent dans la partie basse, appelée le camp des russes, où il y avait une infirmerie. Le natif de Jaen survécut à base de sucre, de lait et de pâtes, des aliments qu’il refusa de goûter durant tout le reste de sa vie.
Une fois libéré par les Alliés, sa seconde destination fut la France, mais il ne put retourner en Espagne, et là bas il se maria et éleva son fils, Juan Francisco, qui se retrouva depuis son enfance avec les amis de son père, ex-prisonniers, et il assure que l’émotion liée à ces histoires n’a jamais disparu.
« C’est un traumatisme qui se répercute chez mes proches. J’ai joué dans la prison de Carabanchel (Madrid) et dans le public qui est venu il y en avait qui avait eu un proche en prison ici. A la fin du concert ils se sont embrassés en pleurant. » affirme-t-il.

Juan Francisco n’a pu venir en Espagne qu’en 1961 avec un décret qui autorisait le retour des fils d’exilés. Ce fut lors d’un voyage d’été chez son oncle Aurelio pendant lequel il pu enfin connaître le village de son père, sa famille paternelle et même sa future femme. Et de plus il acheta une guitare.
L’art le fit voyager depuis son enfance, son père était chanteur de flamenco, mais quand il annonça officiellement qu’il voulait vivre de la musique, la réaction de la famille « fut un drame ».
« Mon père, après ce qu’il avait vécu, voulait que je sois médecin ou avocat, quelque chose de sérieux. Ma chance fut qu’à Paris arrivèrent beaucoup d’artistes fuyant le franquisme et je connus des maîtres de grande qualité qui m’enseignèrent la musique d’une très belle manière. » se rappelle Ortiz qui fut élève du virtuose Andrès Segovia.
Ortiz ne se prend pas pour « une vedette célèbre » mais il « a parcouru le monde » et a joué au Costa Rica avec Paco de Lucia et au Chili avec Manolo Sanlucar et avec Carmen Linares. « Quand je voyage dans un pays et que je rencontre un musicien, il n’est pas nécessaire de parler. Nous nous comprenons. La musique est universelle et d’un humanisme supérieur. »
Le guitariste, qui a exercé comme professeur pendant plus de cinquante ans, prend pour exemple un cours qu’il donna au conservatoire Ho Chi Minh au Vietnam dans lequel il put partager « sans aucun problème » malgré les barrières culturelles et linguistiques.
Il se souvient du musicien argentin et grand pianiste Daniel Barenboin qui réussit à rassembler dans un même orchestre des musiciens palestiniens et juifs, un « exemple grandiose de ce que représente la musique. » rapporte Ortiz pour qui il lui semble « incroyable » qu’aujourd’hui, il y a encore des gens qui nient ce qui s’est passé dans les camps, parce que selon lui « l’humanité n’a pas de mémoire et n’en tire pas les enseignements ».

Le guitariste qui a maintenant 75 ans, continue à se produire en concerts, alorq qu’il est à la retraite depuis 8 ans aujourd’hui même, accompagné sur scène par son fils David, et ce de façon gratuite en offrant un répertoire qu’il appelle son programme de la mémoire et ajoute qu’il faut lutter « pour la maintenir ».

Dans ce programme il évoque son père, le camp de Mauthausen avec l’Histoire d’un drapeau, une œuvre composée par lui-même inspirée par le fameux escalier de la mort, 190 marches que les prisonniers étaient obligés de monter avec des charges de blocs de pierre de plus de cinquante kilos « beaucoup d’entre eux périrent succombant à l’épuisement» rappelle Ortiz.
Il interprète également « El Emigrante » de Juanito Valderrama, un texte que son père « chantait beaucoup » en souvenir de l’Espagne ; une suite juive de trois morceaux et une en Yiddish ; une autre composition de sa création sur les Treize Roses « Que mon nom ne s’efface pas » ; un hommage aux poètes Lorca, Machado et Hernandez et pour terminer trois œuvres symboliques de la Résistance « La Liste de Schlinder », « El Cants dels Ocells » et il a clôturer avec ‘Bella Ciao »

Article traduit par mes soins

Luis

PROCHAINEMENT AU THEATRE DU PLESSIS, 37520 LA RICHE :

Vendredi 11 mars, à 20h :

Concert de Juan Francisco Ortiz « Concierto para la Memoria »
DÉSIRS PARTAGÉS avec l’association Retirada37

La guitare au service de la mémoire dont joue Juan Francisco Ortiz,
fils d’une victime républicaine de l’Holocauste nazi

La guitarra al servicio de la memoria que toca Juan Francisco Ortiz, hijo de una víctima republicana del holocausto nazi

​ La guitarra al servicio de la memoria que toca Juan Francisco Ortiz, hijo de una víctima republicana del holocausto nazi
Con un concierto en el toledano Museo Sefardí, el músico franco-español y su hijo David homenajearon a los represaliados por el régimen de Adolf Hitler con motivo del Día Internacional de Conmemoración de las Víctimas del Holocausto.

TOLEDO.- El guitarrista franco-español Juan Francisco Ortiz quería recordar y evocar a su padre, Francisco Ortiz, preso número 4252 en Mauthausen-Gusen (Austria), en el concierto que este jueves ofrecía en el Museo Sefardí de Toledo, y que se convertía a su vez en un homenaje a los españoles que fueron deportados a los campos de exterminio nazi.

« Que me inviten para recordar la historia es un orgullo », señalaba Ortiz en una entrevista con motivo de su concierto en Toledo el Día de Conmemoración de las Víctimas del Holocausto.
Juan Francisco Ortiz ya tiene tablas en poner su música « al servicio de la memoria »; ya lo hizo en 2015 tocando en el Memorial de Mauthausen en el 70 aniversario del campo, un año después del fallecimiento de su padre, natural de Santisteban del Puerto, un pueblo de Jaén.

Tras su muerte, Ortiz se preguntó qué podía hacer con las pocas cosas que su progenitor se había traído del campo de concentración -una bandera firmada por sus compañeros presos, un jersey hecho a mano y una pistola que robó a las SS- para protegerlas del olvido y se le ocurrió ofrecérselas al museo a cambio de tocar.
Su padre, Francisco Ortiz, se alistó con apenas 16 años en el Ejército republicano y, una vez perdida la guerra, partió a Francia para seguir luchando contra el fascismo con la idea de que, algún día, podría derrocar al dictador Francisco Franco, pero fue capturado por los alemanes y deportado a Mauthausen, donde estuvo preso durante cuatro años « muy difíciles », relata su hijo.


Un día, los nazis lo apalearon hasta darlo por muerto y los amigos de Francisco Ortiz, también prisioneros, lo escondieron en la parte baja, llamada el campo de los rusos, donde había una enfermería. El jienense sobrevivió a base de azúcar, leche y pasta, alimento que se negó a volver a probar durante el resto de su vida.

Una vez liberado por los Aliados, su siguiente destino fue Francia, pues no pudo regresar a España, y allí se casó y crió a su hijo, Juan Francisco, que se relacionó desde niño con los amigos expresos de su padre y asegura que la emoción de esas historias nunca se va.
« Son un trauma que también repercute a los familiares. Toqué en un concierto en la cárcel de Carabanchel (Madrid) y el público que acudió había tenido algún familiar preso ahí. Al final del concierto venían llorando, abrazándose entre ellos », asegura.
Juan Francisco pudo pisar España en el año 1961 por un decreto que consintió el regreso de los hijos de los exiliados. Fue un viaje de verano a casa de su tío Aurelio durante el cual, finalmente, pudo conocer el pueblo de su padre, a su familia paterna e, incluso, a su futura mujer. Y, además, se compró una guitarra.

El arte le viene desde pequeño, su padre era cantante de flamenco, aunque cuando a los 17 años le comunicó oficialmente que quería vivir de la música la reacción familiar « fue un drama ».

« Mi padre, después de lo que vivió, quería que yo fuera médico o abogado, algo serio. Mi suerte fue que a París llegaron muchos artistas huyendo del franquismo y conocí a maestros buenísimos que me enseñaron de una forma muy hermosa », recuerda Ortiz, que fue alumno del virtuoso Andrés Segovia.

Ortiz no se considera una « figura muy famosa » pero ha trotado « por todo el mundo » y ha compartido público en Costa Rica con Paco de Lucía y en Chile con Manolo Sanlúcar y con Carmen Linares: « Cuando viajo a un país y me encuentro con un músico, no hace falta hablar. Nos entendemos. La música es universal y de un humanismo mayor ».

El guitarrista, que ha ejercido como docente durante más de cincuenta años, lo ejemplifica con una clase que dio en el conservatorio Ho Chi Minh de Vietnam, que pudo impartir « sin ningún problema » pese a las barreras culturales e idiomáticas.
Rememora al músico argentino y gran pianista Daniel Barenboim, que consiguió hacer una orquesta juntando a palestinos y judíos, un « ejemplo magno de lo que representa la música », opina Ortiz, a quien le parece « increíble » que, a día de hoy, todavía haya gente que niegue lo ocurrido en los campos porque, a su entender, « la humanidad no tiene memoria ni aprende ».
El guitarrista, que ahora tiene 75 años, sigue dando conciertos a pesar de llevar ocho años jubilado y este mismo jueves, acompañado en el escenario por su hijo David, ofrece de manera gratuita al público un repertorio que él llama su programa de la memoria, que hay que luchar « por mantener », incide.

En él, evoca a su padre y al campo de Mauthausen con Historia de una bandera, una obra compuesta por él mismo inspirada en la famosa escalera de la muerte, 190 peldaños que los prisioneros eran obligados a subir cargando bloques de piedra de hasta cincuenta kilogramos, « muchos de ellos murieron desplomados de agotamiento », señala Ortiz.
También interpretaba « El Emigrante », de Juanito Valderrama, un tema que su padre « cantaba mucho » en memoria de España; una suite judía de tres piezas y una yidish; otra composición suya sobre las Trece Rosas, « Que no se borre mi nombre »; un homenaje a los poetas Lorca, Machado y Hernández, y para finalizar tres obras simbólicas de la resistencia: « La lista de Schlinder », « El Cant dels Ocells” y cerraba con « Bella Ciao ».

José Cabrero Arnal, Pif le chien, documentaire « D’après Arnal itinéraire d’un crayon rouge « 

Chers amis,

Nous résistons ensemble depuis de nombreuses années, non seulement pour ne pas oublier les luttes de nos ancêtres, mais aussi pour qu’en ces temps incertains, où les vieux démons se réveillent dans toute l’Europe, rappeler que, s’il n’y a pas de Mémoire, l’histoire se répète.
Ici, depuis cette « petite tranchée » du Pays basque, nous avons essayé d’apporter notre contribution avec la réalisation d’un documentaire sur José Cabrero Arnal, ce grand dessinateur qui a commencé très jeune une brillante carrière dans la Barcelone de la République et dont la vie fut tronquée par le fascisme.
Comme pour beaucoup, son itinéraire fut « complet » : la guerre, l’exil, les camps en France et Mauthausen. Quand il en sortit, il n’a pas baissé les bras, il a repris son crayon comme un bouclier contre le malheur. Embauché par le journal l’Humanité , il y publie les aventures de Pif le Chien. Ce chiot jaune est devenu un véritable phénomène de presse, traduit dans de nombreuses langues, et Pif le Chien était le « fils » d’un autre chien Top el Perro, qu’il avait déjà créé à Barcelone.
Cabrero Arnal n’a jamais pu retourner en Espagne, il n’a jamais obtenu la nationalité française car « Rouge ». Il est mort sans revenir ,comme il en rêvait et l’écrivait à son neveu, « prendre quelques bières à Barcelone ».
Si on connait ses personnages, on sait très peu de choses sur ce grand dessinateur, ce documentaire veut lui rendre hommage.
La famille de José Cabrero Arnal nous a généreusement offert des dessins, des lettres, des photos, des documents de presse et son neveu Daniel, qui vit à Barcelone, est un témoin privilégié parmi les interviews de ceux qui ont rencontré et travaillé avec l’artiste.
D’après Arnal itinéraire d’un crayon rouge a déjà été projeté dans plusieurs salles en France, et sélectionné dans plusieurs festivals, aussi bien en France qu’en Espagne. Le réalisateur et les auteurs ont participé à des conférences-débats qui s’organisent autour de la projection du film qui dure 52′.
Bien sûr, la pandémie a souvent paralysé les rencontres. Mais comme nos ancêtres qui n’ont jamais baissé les bras, aujourd’hui nous proposons d’organiser dans les associations de vos régions respectives, quelques projections et nous sommes prêts à nous déplacer pour participer à tout débat si vous le souhaitez.
Le documentaire est en trois langues (français, espagnol, anglais).
A bientôt
Salud y República
Rubi
PS : infos pratiques. Nous avons négocié avec le producteur pour laisser aux associations une petite marge bénéficiaire si elles veulent vendre des DVD lors de ces réunions ou organiser des projections au moment où elles le jugeront opportun.
Les tarifs.
De 1 à 15 = 15 euros par DVD
De 16 à 35 = 12 euros par DVD
A partir de 36 = 10 euros le DVD
(Plus frais de port)
Contact
Didacthéque de Bayonne c/o Rubi Scrive- Loyer
9 Place d’Albret
Square Lidia
64100 Bayonne
Tlf (+33 )6 33 40 75 45
courriel ( rubiscrive@gmail.com)

RECHERCHE DESCENDANTS DE GABRIEL ALVAREZ ARJONA

Ci-dessous un échange de messages pour la recherche de descendants de Gabriel Alvarez Arjona en France. Janine Molina de Ay Carmela de Bordeaux nous donne de premières pistes. Nous sommes preneurs d’autres informations pour aboutir à cette recherche

S y R
Luis

Reçu d’Isabel de Madrid

Hola, buenas noches.
Jesús y yo queremos pediros un favor.
Estamos buscando descendientes de Gabriel Álvarez Arjona, natural de Madrid, estuvo en el campo de concentración de Neuengamme. Sobrevivió y se quedó a vivir en Francia.
En Arolsen hay algunas pertenencias suyas y nos gustaría que sus familiares pudiesen recuperarlas.
Hemos localizado una rama de la familia aquí en Madrid y otra en Australia. Pero querríamos descartar que hubiese tenido hijos y hubiese una rama más directa.
Si podéis averiguar algo os lo agradecemos.”

Adressé à TML
Bonjour 
Je me présente Luis Lopez je réside en Touraine et suis membre de Retirada37 association adhérente à Caminar. Une amie de Madrid m’a envoyé le message ci-dessous de recherche de famille d’un déporté républicain espagnol. Mar y Luz Cariño López une amie adhérente de notre association m’a conseillé de vous contacter pour que ce message soit largement porté dans les associations de Caminar ou par tout moyen.
Je vous remercie pour tout ce que vous pourrez faire
S y R
Vous pouvez m’adresser vos réponses si vous le souhaitez
à Luis López 
luis.a.lopez@wanadoo.fr

Réponse de TML

Merci, je diffuse à toutes nos adresses française et espagnoles et autres…
 
Monique Demay Pour TML

première réponse
Bonjour,
Peut-être que le document que j’ai élaboré pourrait vous être utile…
Très  imparfait il ne demande qu’à être amélioré grâce à vos contributions.
Le site de AROELSEN m’a fourni pas mal de renseignements sur mon oncle Juan Molina Olmos mort/assassiné à Mauthausen.
En revanche je n’ai rien trouvé sur ma sœur qui est morte bébé et enterré dans une fosse commune entre Los Olivares (prés de Granada) et Jaen.
Bon courage.
Un saludo fraterno. 
Janine Molina 
Ay Carmela Bordeaux 
Janine Molina Lagunas. Novembre 2021
Pour rechercher un de nos proches :
France.Archives. Les réfugiés de la guerre d’Espagne en France :
https://francearchives.fr/article/239450434
et tout particulièrement :
Les Archives de l’Aude ont mis en ligne les listes et les fiches individuelles de réfugiés
espagnols internés dans les camps de Bram, Couiza et Montolieu :
https://archivesdepartementales.aude.fr/les-archives-des-camps
Les Archives des Pyrénées-Orientales, la base nominative des camps d’internement du
département pour la période de septembre 1939 à novembre 1942 :

Les ressources sur les camps d’internement


France. Les réfugiés en France à la suite de la Guerre civile espagnole (1936-1940)
https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/cms/content/helpGuide.action;jsessioni
d=CC0EA3FC9D3A59E5A6B95C4E773BD2CF?preview=false&uuid=5329796d-b79d-4ee2-
aa21-c229c0b01e46
Espagne. Buscar combatientes.
https://buscar.combatientes.es/
Espagne. Sources proposées par
https://www.culturaydeporte.gob.es/cultura/areas/archivos/mc/archivos/cdmh/bases-de-dato
s.html
En Allemagne, la ville de Bad Arolsen abrite la plus grande collection d’archives au monde
documentant les victimes et les survivants du régime nazi. Malgré son inscription au
programme de l’UNESCO Mémoire du monde, l’existence de cette collection n’est toujours
pas connue du grand public.
https://arolsen-archives.org/fr/rechercher-decouvrir/recherche-dans-les-archives-en-ligne/
Bon courage…
Bien fraternellement…

De la guerre civile au 15 Mai 2011 : les échos de la Commune de Paris qui ont atteint l’Espagne

De la guerre civile au 15 Mai 2011 : les échos de la Commune de Paris qui ont atteint l’Espagne
Les réminiscences du soulèvement français ont marqué une Espagne divisée : le mouvement cantonaliste, la persécution de l’Internationale, le symbolisme partagé et les commémorations de la révolution parisienne sont quelques-uns des marqueurs arrivés du pays frontalier.

Paris était un véritable bouillonnement de liberté et de ferveur patriotique. Cette révolution du 18 mars 1871 a mis en place le premier gouvernement de la classe ouvrière dans le monde. Cela dura peu de temps, 72 jours seulement, le temps qui s’écoulerait jusqu’à l’implacable répression qui en finirait avec les nouvelles lois inspirées du socialisme autogestionnaire.
La Commune de Paris a pris fin le 28 mai , et avec elle les décrets qui ont donné plus de pouvoir au peuple, entre autres : l’obligation des églises d’accueillir des assemblées de quartier, la laïcité, la création de crèches pour les enfants d’ouvriers, l’autogestion des usines abandonnée par leurs patrons et la suppression des intérêts sur les dettes.
En Espagne, la révolution est largement diffusée par la couverture médiatique des journaux de l’époque dans leurs différentes lignes éditoriales. « L’arc politique a été partagé entre ceux qui l’ont soutenue et ceux qui l’ont décriée, mais il y a des références explicites à La Commune jusqu’en 1937 », a commenté Marie-Angèle Orobon , professeure à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 (La Sorbonne), specialiste du sujet. 
 
 
Une France qui venait de sortir du chaudron de la guerre franco-prussienne et devint le principal héros de la presse Espagnole. « Les journaux républicains espagnols, très importants à l’époque, ont immédiatement souligné la légitimité de la réaction du peuple face à ce qu’ils ont considéré comme une attaque gouvernementale, tandis que les milieux monarchiques, libéraux, conservateurs et même les carlistes dénoncèrent l’anarchie et le desordre qui régnaient à Paris », explique madame Orobon. En Espagne, en plein dans sont mandat démocratique de six ans, (sexenio democratico) entre 1868 et 1874, les idées républicaines perçoivent la Commune comme le modèle d’un nouvel ordre social, allant jusqu’à la qualifier de «temple de la liberté, de l’égalité et de la fraternité» .   
Les premières conséquences de la révolution parisienne ne se font pas attendre «Les milieux internationalistes font preuve de prudence pour soutenir le soulèvement populaire, mais le 2 mai, date importante qui marque le début de la résistance anti-française, la section madrilène de l’Internationale organise une soirée fraternelle en soutien à la Commune; un évènement qui finit par être réprimé « , selon les termes de Marie Angèle Orobon.
Presque immédiatement après la révolution, on assiste à plusieurs  façons d’écrire cette histoire en Espagne. « Les républicains en Espagne n’appuyèrent pas la Commune de façon unanime, et par la suite certains d’entre eux écrivirent des ouvrages pour aider les citoyens afin de clarifier la compréhension de ce que fut le mouvement des communards », commente le professeur d’université .
 
 Illégalisation de l’Internationale
Cette première fois où les masses entrèrent dans l’histoire, eut des répercussions dans la société espagnole, là où les milieux sympathisant voyaient avec le soulèvement leurs idéaux se réaliser, bien que contrecarrés.

 En fait, quelques années plus tard, le mouvement cantonaliste espagnol s’inspirera de certaines des revendications portées par la Commune: « Antonio de la Calle participa à l’action dans le canton de Carthagène en 1873, il avait été aussi présent à Paris. S’il est vrai que le mouvement cantonal , surgi pendant la Première République espagnole, eu quelques corrélation avec la Commune, je ne crois pas qu’il en fut pour autant le produit des événements de Paris », précise M-A Orobon.  
La répression contre l’Internationale en Espagne fut une des conséquences directes que laissa le bref triomphe de la Commune Parisienne.  « Fin mai 1871, Mateo Sagasta , ministre de l’Intérieur de l’époque, réprima les membres de cette organisation par des persécutions et emprisonnements ; même les dirigeants de l’Internationale durent s’enfuir au Portugal. En Espagne, ils finirent par l’illégaliser en octobre 1871. Elle était considérée comme une organisation susceptible de mettre en danger la sécurité de l’État, alors que Fernando Garrido, Francisco Pi i Margall, Nicolás Salmerón et Emilio Castelar s’opposèrent à cette décision lors du débat au Congrès des députés », explique l’experte.  
Le pétrole : chaos et désordre
En conséquence la répression subie par le peuple parisien cristallisa les divergences qui couvaient dans les rangs républicains en Espagne. Les différences entre l’ouvriérisme et le républicanisme fédéral commençaient à devenir insurmontables , dès lors que les républicains espagnols étaient liés à cette France qui avait perpétré le massacre contre la Commune.  Les symboles laissés par la révolution parisienne furent très présents en Espagne. À titre d’exemple, le pétrole devient un symbole de désordre et de chaos 
 
 
C’est ainsi que l’explique M-A orobon, elle-même: «La Commune s’est terminée par un terrible incendie pendant la Semaine sanglante, quand elle fut abattue. Malgré le fait qu’il y ait eu nombre d’incendies, l’idée commença à circuler que presque tous étaient causés par des femmes, que l’on appelait Les Pétroleuses. 

On disait que les communards voulaient en finir avec Paris en la détruisant. Mais la vérité est que les premiers foyers ont commencé avec les bombes incendiaires lancées par les ennemis de la Commune. Cette symbolique, celle du pétrole, se propagea en Espagne depuis 1871jusqu’à la décennie des années 80 devenant ainsi un symbole intégré par le monde de la culture politique espagnole et reproduite de façon indépendante dans différentes caricatures publiées dans la presse de l’époque. »
De la commune à la guerre civile
L’Espagne n’oublia pas ce qui s’était passé, et encore moins ceux qui défendirent les idées qui avaient porté le peuple de la capitale française au pouvoir. Lors du premier anniversaire du soulèvement, des banquets et des fêtes eurent lieu dans diverses villes et au cours des années suivantes, les cercles socialistes et anarchistes ont commémoré la révolution comme une expression de la mémoire collective des travailleurs qui peu à peu se développe progressivement à la fin du 19e. siècle.  
Un militant en Catalogne, en 1887, disait déjà : « Ce que nous commémorons ici nous appartient, appartient au Parti socialiste ouvrier, car les idées qui ont donné à la Commune son véritable caractère révolutionnaire étaient les nôtres », une citation recueillie dans El Socialista sur 1er avril. Les cercles anarchistes organisent des soirées artistiques avec le même objectif, comme cela s’est produit avec le magazine mensuel catalan Acracia à l’occasion du 15e anniversaire de la Comuna dans un théâtre de Barcelone. L’entrée du XXe siècle n’a pas perturbé les réminiscences communales en Espagne. Ainsi, le théâtre Ensanche de Bilbao a creé le 18 mars 1904 la pièce La Grande Lutte , de Francisco Olabuénaga.       
 
 
Dans la guerre civile, l’expérience parisienne était encore chaude. Le 14 mars 1937, à Valence, la ministre anarchiste Federica Montseny a célébré l’insurrection avec une conférence intitulée La Commune de Paris et la Révolution espagnole . Dans cette intervention, la dirigeante libertaire fit le parallèle entre les aspirations de la Commune et de l’Espagne républicaine à cette époque. Orobon cite les paroles de Montseny: « Il y a toute une cause mondiale unie à la nôtre. La Commune vaincue déclencha la répression dans le monde entier . La révolution espagnole, vaincue, serait le début d’une agonie d’une révolution internationale en Europe et en Amérique. Le fascisme s’étendrait comme une tache d’huile.  »  
« Une prophétie qui s’est réalisée », fait remarquer la professeure de la Sorbonne. Au XXIe siècle, selon l’experte, quelque chose de La Commune pourrait aussi être vu dans le mouvement des indignés et du 15-Mai:  » Anti-système , comme on dit maintenant, mais aussi spontané, venant des bases populaires et avec une certaine projection internationale en dehors des partis politiques où se rassemblent différentes idéologies qui convergent vers l’autonomie sont les principaux aspects partagés ».  
Si la Commune fonctionne comme une sorte de mythe, dans lequel le mouvement spontané surgit des entrailles de la société et de ceux qui ne s’étaient jamais exprimés, il faut également voir cet évènement comme une révolution, comme le soutient notre experte. « Ce fut une révolution profondément sociale pour la défense de la République démocratique et sociale, qui fait appel à la République avec toutes ses conséquences», a conclu Orobon.   
 
traduction Luis Lopez

TEXTE EN ESPAGNOL tiré du journal Publico

De la Guerra Civil al 15M: los ecos de la Comuna de París que llegaron a España
Las reminiscencias del levantamiento francés impregnaron a una España que se dividió: el movimiento cantonalista, la persecución a La Internacional, la simbología compartida y las conmemoraciones de la revolución parisina fueron algunos de los hechos que llegaron del país fronterizo.

París era un hervidero de libertad y fervor patriótico. Aquella revolución del 18 de marzo de 1871 dio comienzo al primer gobierno de la clase obrera del mundo. Duraría poco, tan solo 60 días, el tiempo que trascurrió hasta que una implacable represión acabaría con la novedosa legislación vertebrada en torno al socialismo autogestionario.
La Comuna de París murió el 28 de mayo, y con ella los decretos que daban más poder al pueblo, entre otros: la obligación de las iglesias a acoger asambleas de vecinos, la laicidad del Estado, la creación de guarderías para los hijos de las obreras, la autogestión de las fábricas abandonadas por los patrones y la abolición de los intereses de las deudas.
En España, la revolución fue ampliamente difundida por la cobertura que hicieron los periódicos de la época con sus diferentes líneas editoriales. « El arco político se dividió entre aquellos que la apoyaron y los que la denostaban, pero hay referencias explícitas de La Comuna hasta 1937 », comenta Marie-Angèle Orobon, profesora en la Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 (La Sorbona) y estudiosa del tema.

Una Francia en el calderero que acaba de salir de la guerra franco-prusiana se convirtió en la protagonista de la prensa española. « Los diarios republicanos españoles, muy importantes en aquella época, recalcaron en seguida la legitimidad de la reacción del pueblo ante lo que consideraban un ataque gubernamental, mientras que los medios monárquicos, liberales, conservadores e incluso carlistas denunciaron la anarquía y el desorden que reinaba en París », explica Orobon. En España, inmersa en su sexenio democrático, el republicanismo percibe a La Comuna como un modelo de nuevo orden social, llegándolo a tildar de « templo de la libertad, igualdad y fraternidad ».
Las primeras consecuencias de la revolución parisina no se hacen esperar: « Los círculos internacionalistas son prudentes con el apoyo al levantamiento popular, pero el 2 de mayo, una fecha muy señalada al marcar el inicio de la resistencia antifrancesa, la sección madrileña de La Internacional organiza una velada de té fraternal en apoyo de La Comuna; un acto que terminó siendo reprimido », en los términos de Orobon.
Casi de forma inmediata a la revolución se produce una gran historiografía sobre la misma en España. « Los republicanos en España no apoyaron La Comuna de forma unánime, y después algunos de ellos escribieron algunas obras como un servicio a la ciudadanía para aclarar qué fue el movimiento comunal », comenta al respecto la profesora universitaria.

Ilegalización de La Internacional
La primera vez que las masas ascendieron a la historia repercutió en la sociedad española, donde los círculos adheridos al levantamiento vieron realizados sus ideales, aunque frustrados.

De hecho, un par de años después el movimiento cantonalista español bebería de algunas de las reivindicaciones efectuadas en La Comuna: « En el cantón de Cartagena de 1873 participó Antonio de la Calle, quien también había estado en París, pero aunque el movimiento cantonal surgido en la Primera República española tuviera cierta relación, no creo que sea producto de lo ocurrido en París », puntualiza Orobon.
La represión contra La Internacional en España fue una de las consecuencias directas que dejó el corto triunfo de La Comuna parisina. « A finales de mayo de 1871, Mateo Sagasta, Ministro de Gobernación en aquel momento, reprimió a sus miembros con persecuciones y encarcelamientos; incluso la cúpula de La Internacional tuvo que huir a Portugal. En España terminaron por ilegalizarla en octubre de 1871 al ser considerada como una organización que podía poner en peligro la seguridad del Estado, pese a que Fernado Garrido, Francisco Pi i Margall, Nicolás Salmerón y Emilio Castelar se hubieran pronunciado en contra de la decisión durante el debate en el Congreso de los Diputados », se explaya la experta.
El petróleo: caos y desorden
De esta forma, la represión que sufrió el pueblo de París fue la cristalización de la separación que ya se venía fraguando dentro de las filas republicanas en España. Las diferencias entre el obrerismo y el republicanismo federal empezaron a ser insalvables, ya que los republicanos españoles eran ligados a aquella Francia que había perpetrado la masacre anticomunera, parafraseando a Orobon. La simbología que dejó la revolución de París también tuvo gran presencia en España. Como ejemplo de ello, el petróleo se convirtió en un símbolo de desorden y caos

Así lo explica la propia Orobon: « La Comuna terminó con un incendio terrible durante la Semana Sangrienta, cuando la derrotan. Pese a que hubo muchos incendios, empezó a circular la idea de que casi todos ellos eran provocados por mujeres, a las que se denominó las petroleras. Se dijo que los comuneros querían arrasar París para destruirlo, pero en realidad los primeros fuegos empezaron con las bombas incendiarias que tiraron los enemigos de La Comuna. Este símbolo, el del petróleo, circuló por España desde 1871 hasta la década de los 80, llegando a ser un símbolo asimilado por la cultura política española debido a que ya era utilizado de forma independiente en diferentes caricaturas publicadas en la prensa de la época ».
De La Comuna a la Guerra Civil
Pero España no olvidaba lo ocurrido, y mucho menos lo hacían quienes defendían las ideas que habían aupado al poder al pueblo de la capital francesa. En el primer aniversario del levantamiento se celebraron banquetes y fiestas en varias ciudades y durante los próximos años, tanto los círculos socialistas como anarquistas, conmemoraron la revolución como una expresión de memoria colectiva obrera que poco a poco se va elaborando a finales del siglo XIX.
Un militante en Catalunya, ya en 1887, diría: « El hecho que aquí conmemoramos es puramente nuestro, del Partido Socialista Obrero, pues las ideas que dieron a la Commune verdadero carácter revolucionario fueron las nuestras », cita recogida en El Socialista el 1 de abril. Los círculos anarquistas organizan veladas artísticas con la misma vocación, como ocurrió con la revista mensual catalana Acracia con ocasión del XV aniversario de La Comuna en un teatro de Barcelona. La entrada del siglo XX no perturbó las reminiscencias comunales en España. Así, el teatro del Ensanche de Bilbao estrenó el 18 de marzo de 1904 la obra La gran lucha, de Francisco Olabuénaga.

En la Guerra Civil la experiencia parisina seguía candente. El 14 de marzo de 1937, en Valencia, la ministra anarquista Federica Montseny conmemoró el levantamiento con una conferencia denominada La Comuna de París y la Revolución española. En ella, la líder libertaria hizo un paralelismo entre las aspiraciones de la Comuna y la España republicana en aquel momento. Orobon cita las palabras de Montseny: « Hay toda una causa mundial unida a la nuestra. La Commune vencida, fue la represión en todo el mundo. La revolución española, vencida, sería el principio del fin de una revolución internacional en Europa y en América. El fascismo se extendería como una mancha de aceite ».
« Una profecía que sí se cumplió », puntualiza la profesora de La Sorbona. En el siglo XXI, según la experta, también se pudo ver algo de La Comuna en el movimiento de los indignados y el 15-M: « Antisistema, como se dice ahora, pero también espontáneo, procedente de las bases populares y con cierta proyección internacional al margen de partidos políticos en donde se aglutinaban diferentes ideologías distintas que convergían en la autonomía son los aspectos que comparten ».
Aunque La Comuna funciona como una especie de mito, en el que el movimiento espontáneo surgió de las entrañas de la sociedad y de los que siempre habían callado, hay que verla como una revolución, tal y como defiende la experta. « Fue una revolución profundamente social en defensa de la república democrática y social, lo que en aquel momento denominaban como la República con todas sus consecuencias », concluye Orobon.

France Navigation 5/5

1940 : Les nazis occupent le pays, Vichy s’installe, l’extrême droite pavane. France-Navigation a été mise en gérance, trois concurrents se partagent ses navires, la Transatlantique, les Chargeurs et Worms. La direction de la compagnie passe en procès en août, à Toulon. Il s’agit en fait de quatre de ses responsables dont Auguste Dumay et Simon Pozner (Georges Gosnat a été fait prisonnier sur le front belge par les Allemands en mai 40 et Allard/Ceretti a pu échapper à la police).
La presse collabo couvre largement le procès, elle parle de « compagnie étrange » qui se livrait à une « étrange activité ». Pourtant la justice a du mal à trouver la faille, et l’argent. Les preuves manquent, et l’avocat (Maître Moro-Giafferi, vedette du barreau et homme politique fameux) est bon. Les quatre dirigeants sont acquittés le 27 août 1940, et France-Navigation la rouge est blanchie, si l’on peut dire.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. La société suscite bien des appétits. Nombreux sont ceux qui veulent mettre la main sur les fonds de France-Navigation, des aventuriers en tout genre, trafiquants d’armes ou aigrefins, des affairistes vichystes et l’occupant allemand. Tous sont à la recherche des actions (30 000) et des actionnaires. Tous multiplient les enquêtes, les procédures. La Gestapo veille.
Dans les archives de France-Navigation, on peut lire les commentaires de l’administrateur judiciaire de la société, ces années-là ; il y est beaucoup question des investigations d’un officiel allemand, un certain Rosenchaft, gestapiste. Chargé de suivre le dossier, il se montre très actif ; pourtant, de procès en procès devant le tribunal de commerce de Paris, les choses n’avancent pas. « Rien ne semble pouvoir résoudre l’affaire », écrivent les auteurs de l’ouvrage Les brigades de la mer. Puis, coup de théâtre : les Allemands s’aperçoivent que Rosenchaft est en fait un rouge infiltré, un juif hollandais qui travaille pour l’Internationale ; il est arrêté, déporté. Le dossier de France-Navigation est au point mort. On bute sur des questions juridiques, de propriété, d’identité des actionnaires, de secret bien gardé.
Juin 44 : Paris se libère. Le même administrateur, qui tient toujours une sorte de journal de bord, décrit l’ambiance parisienne : « ça tire de partout ». Paniqué, et prudent, il s’enfuit.
1945, Georges Gosnat rentre du camp disciplinaire nazi de Lübeck. Il se retrouvera bientôt, on l’a dit, secrétaire d’État à l’Armement. Il récupère la société, re-identifie petit à petit les différents actionnaires (qu’on retrouve jusqu’en Suède…), remet la main sur les 30 000 actions (volées par un patron de presse indélicat). Et France-Navigation repart. Mais sur un mode marchand plus traditionnel. La compagnie sera vendue en 1953 ; celui qui s’occupe de cette transaction s’appelle Raymond Aubrac.
Pas de conclusion mais une remarque : lorsque les deux livres mentionnés plus haut sur l’histoire de « France-Navigation » sont sortis, dans les années 70, les médias de droite ou de gauche, du Figaro de Giscard au Matin de Mitterrand, ont réservé à ces ouvrages des critiques assez hargneuses. On ne discutait pas les faits, avérés, on traitait le dossier avec mépris. Pourquoi cette attitude ? Sans doute qu’il ne fallait pas créditer les communistes de cette histoire puissante. Ainsi fonctionnait à l’époque l’anticommunisme ambiant. N’empêche, les faits sont là, il reste une formidable histoire rouge.
Gérard Streiff

France Navigation 4/5

1937/1938 : Alors que l’Espagne du Front populaire est victime de la non-intervention, lâchée par Paris et Londres, les communistes mettent sur pied une compagnie maritime pour nourrir et armer les Républicains.

(Illustration : un Polikarpov I-16 aux couleurs des Républicains espagnols)
Dans l’histoire de France-Navigation s’amorce bientôt ce que Ceretti appelle la « deuxième période » où la compagnie pour l’essentiel va transporter de l’aide soviétique à l’Espagne. Paradoxalement cette phase est la moins risquée. Les navires de France-Navigation en effet montent s’approvisionner dans l’extrême nord russe, à Mourmansk, port important sur la mer de Barents, la plus grande ville au nord du cercle arctique. Là, ils embarquent des techniciens, des tankistes, des pilotes d’avion, des officiers, mais aussi du matériel de guerre : avions démontés, tanks, canons.
Ces cargaisons sont déchargées au Havre ou à Bordeaux puis acheminées par la route ou par le train vers Puigcerda et la Catalogne : « un flux continu qui dura des semaines et des mois ». Au troisième trimestre 1938, France-Navigation transfère ainsi 200 avions (en pièces détachées).
L’armée républicaine disposera au total de 276 exemplaires du Polikarpov, l’avion de chasse le plus rapide de l’époque. Il était surnommé « Mosca » (mouche) par les Républicains et les fascistes l’appelaient « Rata » (rat).
« Malheureusement cette aide précieuse venait avec un an de retard », constate Ceretti. Si la livraison d’armes tarde, c’est en raison, semble-t-il, de divergences entre républicains espagnols mais surtout, répétons-le, par la faute de la politique de « non-intervention », une politique de capitulation qui va conduire, en septembre 1938, aux accords de Munich.
Janvier 1939 : Barcelone tombe, le ravitaillement par la Catalogne est désormais impossible. Dans les cahiers de Georges Gosnat, une brève annotation, comme toujours écrite dans un style télégraphique, raconte en quelques mots ce drame. À Bordeaux, en effet, le navire Winnipeg, le plus gros des bateaux de France-Navigation, arrive de Mourmansk bourré d’armes. Mais on fait comprendre au capitaine qu’il ne faut pas débarquer le matériel ; il arrive trop tard, la frontière franco-espagnole est impraticable. L’équipage ne comprend pas, il y a de la castagne dans l’air ; finalement le matériel est réembarqué et Winnipeg repart vers le grand nord.
Au printemps, des navires de France-Navigation qui se trouvent en Méditerranée (ils font le trajet Marseille-Espagne-Oran) vont pouvoir aider l’évacuation de républicains à Valence, mais ils seront en échec à Alicante.
Été 1939 : Suite au pacte germano-soviétique, le PCF est dissout, la société France-Navigation est dans le collimateur des autorités ; elle est l’objet d’une perquisition dès le mois d’août. Pourtant on retrouve le Winnipeg en septembre 1939 à Bordeaux (Alain Ruscio raconte cet épisode dans l’Humanité du 3/9/2019). Ce navire va transporter 3 000 républicains vers le Chili du Front populaire, grâce à l’entremise du consul chilien à Paris, chargé de l’émigration espagnole : Pablo Neruda.
Gérard Streiff 
« France Navigation » disposera jusqu’à 22 navires (certaines sources parlent de 25 bâtiments) ; en dépit des dangers, aucun ne sera coulé. Un seul est arraisonné à Ceuta (Maroc espagnol) et un autre séquestré à Constanta, en Roumanie. Voici les noms de certains de ces navires : Lézardrieux, Ploubazlanec, Perros-Guirec, Cassidaigne, Trégastel, Daissiguernec, Nemours, Mostaganem, Île Rousse, Guilvinec, Lola, Biscarosse, Grand-Quevilly, Gravelines, Paimpol, Saint-Malo, Boujaroui, Aine El Turk, Navarissou, Cap Pinède, Winnipeg.