Certains ? Plus précisément les fascistes de tout poil qui relèvent la tête en Espagne où la bataille autour de la « Mémoire historique » fait rage. Un avant-projet de « Mémoire démocratique » concocté par le gouvernement de Pedro Sánchez (PSOE) circule actuellement et met déjà en rage les héritiers du franquisme. Normal, il est question de rappeler les crimes perpétrés pendant la guerre civile et sous la dictature de Franco. Les énervés de l’idéologie nationale-catholique contre-attaquent à coups de mensonges et contre-vérités, afin de faire disparaître toute évocation de personnalités antifascistes et révolutionnaires de l’Espagne de 36.
À Madrid la bataille des plaques de rue ou commémoratives est bien lancée. La mairie de droite (PP et Ciudadanos) s’est empressée de répondre favorablement à la demande de VOX (extrême-droite) en retirant les plaques des rues aux noms des anciens dirigeants socialistes Francisco Larco Caballero et Indalecio Prieto.
Mieux, une stèle à la mémoire de Largo Caballero a été détruite à coups de marteau sur ordre de la mairie, et des tags à son encontre sont apparus : « Assassin. Rouges : Non ».
300 historiens ont signé un manifeste pour le réhabiliter et rappeler ce qu’a été en réalité la « Paix franquiste ».
Évidemment les anarchistes n’ont pas été oubliés par nos néo-fascistes ; ainsi dans la capitale, plus de rue au nom de Melchior Rodriguez, ce militant CNT-FAI qui épargna lui, pendant la guerre civile, la vie de centaines de prisonniers franquistes, et qui ferma aussi les tchékas créées en Espagne par le PCE. Melchior mettait ainsi en pratique le caractère humaniste de l’idéal libertaire.
Dans le viseur de nos nazillons : Lucía Sánchez Saornil, poétesse et cofondatrice de Mujeres Libres : une place devait porter son nom à Arganzuela (communauté de Madrid). Exit le projet. PP et Ciudadanos ayant conquis la mairie de la capitale grâce aux voix d’extrême-droite du parti VOX, n’en finissent pas d’envoyer à ce dernier des signes d’allégeance. Rien d’étonnant, le PP servait à recycler les héritiers du franquisme, et Ciudadanos est la même chose (en plus jeune et avec les dents plus longues).
Au-delà de ces batailles de plaques commémoratives, c’est tout le combat pour faire enfin connaître ce qu’a été réellement le régime franquiste qui est en question. Et en même temps, pour rappeler les réalisations sociales dans la zone républicaine, réalisations notamment dues au Mouvement libertaire, et à la révolution qu’il avait initiée.
Révolution. C’est sans doute ce mot que les nazillons de tout poil n’ont pas envie de revoir à l’ordre du jour, et qui les rends si nerveux.
Plus que jamais la formule de Durruti est d’actualité : « On ne discute pas le fascisme, on le détruit ».
Ramón Pino
Groupe Salvador Seguí (FA)