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Ce révisionnisme qui veut blanchir le génocide du dictateur Francisco Franco

À la suite de la parution dans Le Figaro Histoire d’un entretien avec Pio Moa, auteur des Mythes de la Guerre d’Espagne, Emilio Silva Barrera, Président de l’Association pour la Récupération de la Mémoire Historique en Espagne (ARMH), nous a adressé le texte suivant.

Pendant de nombreuses années après le retour de la démocratie, il n’y a pas eu de débat dans la société espagnole sur les conséquences des violations des droits humains par la dictature. Les élites du franquisme, qui le sont restées sous la démocratie, ont gagné leur impunité grâce à une Loi d’amnistie, et elles ont établi un nouveau modèle de démocratie dans lequel les institutions de l’État sont devenues des fabriques d’ignorance pour occulter ce passé.

Pendant les vingt-cinq années qui ont suivi la mort du dictateur, le Parlement espagnol n’a pas débattu des crimes du franquisme. Les manuels scolaires occultaient l’histoire de la dure répression de la dictature. Et tout ce silence négationniste a fait survivre dans l’imaginaire collectif le récit franquiste, qui justifiait la nécessité qu’un général fasciste fasse un coup d’État et attaque violemment le pouvoir avec l’aide des armées de Hitler et Mussolini.

Pendant la transition, on a appelé « réconciliation » le fait d’occulter le passé, de laisser les fascistes normaliser leur présence dans la vie démocratique et de laisser les victimes sans justice ni réparation.

Le passé semblait clos et résolu, sans dettes en suspens. Mais en 2000, dans un fossé du village de Priaranza del Bierzo, un groupe d’archéologues et de médecins légistes a commencé à exhumer les corps de treize civils républicains assassinés par des fascistes le 16 octobre 1936. C’est à ce moment que sont nés l’Association pour la Récupération de la Mémoire Historique et un mouvement social qui a commencé à dénoncer les crimes de la dictature. Ce fut une petite fissure dans un gigantesque mur d’impunité.
N’importe quel assassinat, attentat terroriste ou délit violent commis pour des motifs politiques contre la République depuis son premier jour d’existence était déclaré légal.

C’est ainsi que s’est mis en marche un mouvement citoyen pour rechercher les disparus de la répression franquiste. Les images des fosses communes ont commencé à circuler dans les médias, des personnes qui ne connaissaient pas ces faits se sont indignées en en prenant connaissance et d’autres, qui les avaient vécus mais qui, par peur, s’étaient tues, ont commencé à en parler.

Face à cette preuve physique, scientifique de la répression, les mouvements de la droite espagnole liés au franquisme avaient besoin d’apporter une réponse, parce que le récit monolithique imposé pendant la transition se fissurait. Et comme ils ne pouvaient attaquer ni les enfants, ni les petits-enfants de ces républicains assassinés, enterrés loin de cimetières et avec des impacts de balle dans les os, ils ont décidé de reconstruire le récit franquiste sur le plan éditorial, médiatique et culturel.

Deux auteurs, César Vidal et Pío Moa, sont devenus les principaux défenseurs et diffuseurs de l’explication franquiste : la guerre était de la faute de la révolution des mineurs de 1934 ou de cette secrète intention du gouvernement de la République de vendre l’Espagne à Staline pour en faire une république soviétique.

Mais le fait est que le dictateur Francisco Franco a signé dans le Bulletin officiel de l’État l’explication de ce qu’il s’est passé. Il s’agit de la Loi du 23 septembre 1939 qui considérait comme non délictuelles les actions menées entre le 14 avril 1931, jour de la proclamation de la Seconde République, et le 18 juillet 1936, jour de son coup d’État. Les actes que Franco ne considérait pas comme des délits étaient : n’importe quel délit contre la Constitution, contre l’ordre public, les infractions à la Loi sur la détention d’armes et d’explosifs, les homicides, les coups et blessures, les menaces et les contraintes commises par des personnes dont il était attesté que leur idéologie coïncidait avec celle du Mouvement national. C’est-à-dire que n’importe quel assassinat, attentat terroriste ou délit violent commis pour des motifs politiques contre la République depuis son premier jour d’existence était déclaré légal.
Apartheid espagnol

L’objectif de Franco n’était pas de mettre de l’ordre mais de maintenir une structure sociale quasi médiévale, avec un taux extrêmement élevé d’analphabétisme et un modèle d’exploitation des travailleurs inhumain et très avantageux pour les grands propriétaires du pays, y compris l’Église catholique.

Le phénomène du révisionnisme a bénéficié d’énormes soutiens médiatiques, parmi lesquels la télévision publique sous le gouvernement de José María Aznar. Mais le mouvement pour la récupération de la mémoire a continué d’exhumer des fosses, a dévoilé des milliers d’assassinats, a impliqué les Nations Unies et a fait de millions d’Espagnols des témoins de ces crimes.

À la fin de la guerre, Franco a récupéré les cadavres de « ses » morts, donné réparation à leurs familles avec des bourses scolaires, des pensions spéciales, des postes de fonctionnaire à vie, une reconnaissance sociale et tout le soutien économique. Mais on n’a pas laissé les familles qui n’ont pas soutenu le coup d’État chercher leurs morts. On leur a confisqué leurs biens sous la menace des pistolets et on a créé un apartheid espagnol où les défenseurs du fascisme avaient des droits et des avantages sociaux. Tandis que les familles antifascistes n’avaient d’autre choix que de travailler au service des vainqueurs, vivre dans la misère ou émigrer, comme l’ont fait près de deux millions de personnes de familles républicaines qui ont émigré dans les années 1950 et 60.

Franco a fait disparaître au moins 114 226 civils ; il a créé 300 camps de concentration, l’un d’eux spécifiquement pour les homosexuels ; il a fait appliquer des électrochocs aux lesbiennes pour les guérir de leurs perversions ; il a volé des bébés aux prisonnières républicaines sur les théories d’un psychiatre, Antonio Vallejo Nájera, qui a mené des recherches sur la transmission d’un prétendu gène marxiste ; même lorsqu’il a acheté les premiers vaccins contre la poliomyélite, c’était seulement pour les enfants des vainqueurs

Il faut comprendre la publication en France d’ouvrages qui justifient la dictature franquiste, la nécessité de son coup d’État et qui cherchent à humaniser le fascisme comme un phénomène européen. L’extrême droite cherche un récit du passé qui ne fasse pas peur et qui explique que les vieux fascismes ont été utiles pour sauver l’Europe. L’ombre ravivée du fascisme voyage dans les pages de livres, dans des programmes électoraux et s’étend dans des villes, des médias et des Parlements.

Le révisionnisme espagnol justifie la dictature de Franco en affirmant que les autorités de la République étaient en dehors de la légalité. Mais ce qu’a réellement fait le gouvernement de la République a été de construire des milliers d’écoles pour combattre l’analphabétisme, séparer l’Église de l’État, organiser des élections démocratiques au suffrage universel masculin et féminin, avoir des gouvernements de gauche et de droite, légaliser le divorce, avoir la première femme ministre ou apporter la culture dans le dernier village du territoire espagnol pour améliorer le pays.

C’est en Espagne qu’a eu lieu la première grande victoire militaire du fascisme européen. C’est là que les armées de Franco, Hitler et Mussolini ont commencé leur route pour essayer d’entraîner le monde vers leur enfer. Certains veulent laver leur image pour ouvrir de nouvelles voies vers le fascisme. Tandis qu’il y a en Espagne 114 226 civils disparus à cause de la violence franquiste et qu’aucun responsable de ces crimes n’a jamais été jugé.

Les personnes qui ont bâti la Seconde République modernisaient le pays. L’Espagne a fait sa transition démocratique dans les années 30, au siècle dernier. Les personnes qui ont lutté contre Franco voulaient défendre cette démocratie. Les républicains espagnols qui ont fui l’Espagne de Franco ont continué leur lutte pour la démocratie sur le sol français, en faisant partie de la Résistance et des forces qui ont libéré Paris du nazisme. Leurs corps sont enterrés du nord de la Norvège jusqu’au sud de la France.

Ceux qui veulent laver l’image de Franco ont besoin de délégitimer la République. Mais cela fait des années que nous voyons leurs crimes dans des milliers d’os, de vies brisées et de civils assassinés dans des fossés. Le récit qui veut adoucir le fascisme cherche à tracer un chemin et les seuls chemins qui respectent la diversité et protègent les droits passent par le territoire de la démocratie.

Emilio Silva Barrera, petit-fils d’un civil disparu, victime de la répression fasciste en Espagne, Président de l’Association pour la Récupération de la Mémoire Historique (ARMH).

Ils ne passeront pas !

Après leur avoir donné le soutien de sa division azul, le régime franquiste a recyclé des anciens nazis qui ont résidé tranquillement jusqu’à leur mort sur la Costa Brava.

Il a recyclé des dignitaires pétainistes dont le plus célèbre était Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives sous l’occupation en France.
Il a recyclé les anciens de l’O.A.S, organisation criminelle créée grâce au soutien de Franco le 11 février 1961 à Madrid.

Voilà que maintenant la France des Droits Humains, après avoir connu au cours de sa dernière campagne présidentielle la tentative de réhabilitation de Pétain par un triste personnage qui se prétendait historien qualifié, voit le groupe de presse qui l’avait promu tenter la même opération avec les auteurs du coup d’État du 18 juillet 1936.

Le 20 novembre 2002 le congrès des députés espagnol, à majorité P.P, a condamné à l’unanimité ce coup d’État.

Le parlement européen a fait de même le 17 mars 2006.

En recyclant un pseudo historien de la guerre d’Espagne, le quotidien Le Figaro prend une lourde responsabilité et donne une publicité indécente à la thèse révisionniste selon laquelle le coup d’État du 18 juillet 1936 « n’était qu’une réaction de légitime défense face au chaos» ( https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/le-figaro-accuse-de-revisionnisme-sur-franco-par-ces-politiques-et-historiens_206516.html ).

Personne en Espagne n’accorde le moindre crédit à l’auteur de ces propos qui est totalement déconsidéré dans les milieux de la recherche historique.

Pourquoi chercher à lui donner en France une audience qu’il a définitivement perdue dans son pays d’origine ?

Nous devons face à cette triste opération conserver à l’esprit le « Plus jamais ça » que nous ont légué nos amis et nos proches qui ont vécu ces périodes historiques.

Ils ne sont plus là pour témoigner et les forces de la haine et de l’exclusion y voient l’occasion, en profitant de la banalisation et de l’oubli que permet le temps passé, de renverser les digues que les démocraties ont érigées contre le fascisme et l’extrême droite.

Ils ne passeront pas !

Coordination Caminar

EXILÉS DE L’ESPOIR

L’association 24 août 1944
vous invite à l’hommage

en deux parties aux

EXILÉS DE L’ESPOIR

MERCREDI 24 AOÛT 2022

À PARTIR DE 18H

1 rue de Lobau 75004

Jardin de la Nueve (dans le jardin)

Cette année, nous voudrions dédier cet hommage à notre amie, disparue cette année sans crier gare, fille d’un combattant espagnol de la Nueve, José Cortes, blessé rue des Archives le 25 août 1944 et qui épousa l’infirmière qui lui sauva la vie. Sa fille, notre regrettée Marie José fut toujours présente à toutes les actions et interventions concernant la mémoire de son père et de ses compagnons.

Ce 24-Août- 2022 Dans le contexte actuel de repli identitaire, nous avons choisi de rappeler l’attitude des étrangers réfugiés en France :

Ceux qui fuyant le nazisme et le fascisme n’ont pas hésité à s’engager pour la Liberté. Outre des Espagnols en grand nombre, il y avait au sein de la Nueve , entre autre, un patchwork de nationalités, citons notamment:

CARRASCO Joaquin – (Brésil)

CATIZONE Guiseppe – (Italie)

CORTESI Daniel – (Italie)

MENDELSON Félix – (Allemagne)

PIRLIAN Krikor – (Arménien de Turquie),

PORESKI Wilhelm – (Allemagne)

REITER Johann – (Allemagne)

Et avec ces Espagnols, ils étaient les soldats de première ligne, les francs-tireurs de la première heure, agents de liaison, passeurs de lignes et de frontières, porteurs d’armes, de tracts, ou de messages. Ils ont été de tous les combats, dans les pires conditions ; ils ont enduré les pires souffrances pour ne pas permettre que le fascisme leur arrache leur dignité.

Puis nous filerons en cortège à la Halle des Blancs manteaux où nous attend l’exposition :

VISAGES D’EXIL 1939-2019

Chemins d’exil, photos inédites 1939, Philippe Gaussot

La sangre no es agua, photos 2019, Pierre Gonnord

Composée de deux expositions de photos :

Chemins de l’exil de Philippe Gaussot, qui a saisi sur le vif la retirada et les camps sur les plages en février 1939, mais auparavant avait aussi photographié le secours aux enfants basques et catalans en 1937.

La Sangre no es agua de Pierre Gonnord qui en 2019, à la demande du gouvernement socialiste espagnol partit à la recherche de survivants exilés ou de leurs enfants et trouva facilement son bonheur (et le nôtre de le rencontrer) l’adresse du 33 rue des Vignoles dans le 20e arrondissement de Paris.

Présenter ces deux expositions s’est imposée à nous comme une évidence.

Aux foules anonymes que capte Philippe Gaussot en 1939, répondent les portraits et témoignages de Pierre Gonnord 80 ans après.

Car ce que dit Pierre Gonnord en 2019, c’est que chaque homme, chaque femme, chaque enfant de 1939 a une histoire.

Halle des Blancs Manteaux, 48 rue Vieille Du Temple 75004 Paris à 19h le 24 août 2022.

Vous pourrez visiter cette exposition exceptionnelle

Du 25 au 31 août 2022

De 14 à 19h. Visites guidées à 15h et à 17h tous les jours.

Ay, Carmela !, le cri des républicains espagnols

Chant de résistance repris d’un air composé pendant la guerre d’indépendance espagnole, le titre prend son essor en 1938, lors de la grande offensive de l’Èbre. Il a été chanté par Francesca Solleville, Leny Escudero, Zebda…

Mercredi 20 Juillet 2022

Aurélien Soucheyre

journal Humanité

Les franquistes, pendant la guerre d’Espagne, chantaient Cara al sol, qui peut se traduire par « Visage au soleil ». Grand bien leur fasse. Mais ils avaient aussi pour cri de ralliement « Viva la muerte ! », soit « Vive la mort ! ». Donner sa vie pour une cause que l’on pense juste n’est pas le souci. Après tout, les révolutionnaires français de 1789 disaient bien « La liberté ou la mort », preuve qu’il n’y avait pour eux que deux chemins possibles, soit l’impérieux aboutissement de leur combat, soit le néant. Mais « Vive la mort »… Voilà qui n’a rien à voir. Jamais des assassins n’ont trouvé meilleur slogan. Il y a là une célébration de la mort pour elle-même, non pas au nom d’une cause, mais en tant que cause. Soit une passion de la destruction aveugle. Celle des autres, qui plus est, à savoir des adversaires des franquistes : les républicains. Eux clamèrent pour leur part «  Ay, Carmela !  », chant de résistance absolu, également connu sous le nom d’ El paso del Ebro, d’ El Ejercito del Ebro, ou encore de Viva la Quinta Brigada, dans la version adaptée par les volontaires des Brigades internationales.

«Une bonne raclée aux envahisseurs »

À chaque fois, la mélodie est la même, reprise d’une chanson populaire composée en 1808 pendant la guerre d’indépendance espagnole face aux troupes napoléoniennes. Elle fut très largement diffusée au moment de la bataille de l’Èbre, la plus grande offensive républicaine jamais lancée, le 25 juillet 1938. L’objectif : briser l’étau franquiste qui a séparé en deux le territoire républicain. Mais aussi montrer au monde que la guerre n’est nullement perdue, dans l’attente d’une jonction avec d’autres armées internationales, le chef du gouvernement, Juan Negrin, restant persuadé qu’une « guerre mondiale » contre le fascisme est sur le point d’éclater. En deux jours, les « rouges » reprennent 600 kilomètres carrés. Personne, alors, ne pensait la République espagnole capable d’une telle contre-attaque. Près de 100 000 combattants s’opposent des deux côtés pendant cent treize jours particulièrement meurtriers.

Que raconte la chanson ? « L’armée de l’Èbre une nuit passa le fleuve/Ay Carmela !/Et aux troupes d’envahisseurs, elle donna une bonne raclée/La fureur des traîtres abat ses avions sur nous/Mais les bombes ne peuvent rien, là où il y a plus de cœur qu’il n’en faut/À ces contre-­attaques enragées, nous devrons résister/Comme nous avons combattu, nous promettons de résister. » Tout au long de la chanson revient le « Ay, Carmela ! », qui prend à témoin une femme, voire l’allégorie de l’Espagne, et lui assure une détermination sans faille, malgré un « Ay ! » qui peut renvoyer à une douleur et une peine. La version en hommage aux Brigades internationales s’adresse, elle, à « Manuela » : « Nous luttons contre les Maures (les troupes marocaines de Franco – NDLR), les mercenaires et les fascistes/Notre seul désir est d’en finir avec le fascisme/Sur le front de Jarama, nous n’avons ni avions, ni tanks, ni canons/Et nous sortons d’Espagne, pour nous battre sur d’autres fronts, Ay Manuela ! »

Prélude à la seconde guerre mondiale

Mais les républicains, malgré leur héroïsme, vont perdre la bataille de l’Èbre et la guerre d’Espagne. La chanson devient un symbole de la lutte acharnée contre le franquisme et s’impose dans les familles d’exilés républicains. Elle sera chantée en France, notamment par Francesca Solleville en 1972, mais aussi par Leny Escudero en 1997. Puis par les membres du groupe Zebda et du collectif Motivés !, tout en étant reprise par plusieurs groupes anglo-saxons. Elle évoque aujourd’hui le destin des soldats républicains, pour beaucoup anarchistes, communistes et socialistes, en plus des volontaires du monde entier partis combattre pour un idéal, celui de la République espagnole, et contre un coup d’État franquiste très vite soutenu par les fascistes de Mussolini et les nazis d’Hitler. À coup sûr, l’avenir du monde, entre 1936 et 1939, se jouait en Espagne, dont la guerre civile fut un véritable prélude au conflit international qui suivit. « Ay, Carmela ! », trop nombreux sont ceux qui n’ont pas voulu le voir. Quant aux républicains espagnols, vaincus chez eux, ils ne furent pas les derniers à poursuivre la lutte, participant à la libération de Paris en 1944, avec la Nueve, et à la prise du nid d’aigle d’Hitler, en 1945. Preuve que ceux qui chantèrent Ay, Carmela ! sur les rives de l’Èbre avaient suffisamment de cœur pour tout un continent, à défaut que celui-ci en ait pour eux.

Aucun sujet de côté !

Penser rend libre : épreuve écrite d’espagnol de spécialité 2023, aucun sujet de côté !

Je me présente : M. Jean-François GRIVAUX, professeur agrégé d’espagnol depuis 2013 et en poste fixe au lycée Jean Moulin de Torcy (77200) depuis 2014.

Je souhaitais ici vous faire part d’une très vive inquiétude, partagée par de nombreux collègues de la communauté enseignante d’espagnol cosignataires de ce courrier, suite à la lecture des « recommandations » suivantes, émises dans la note officielle aux concepteurs de corpus pour l’épreuve écrite de LLCER espagnol 2023 et transmises le 9 juin 2022 par l’inspection d’espagnol de l’académie de Paris :

« Recommandations :

Les documents pouvant heurter la sensibilité des candidats (disparitions d’enfants, enlèvement, torture, viol, attentats) mais aussi les sujets d’actualité trop polémiques et récents (nationalisme et régionalisme en Espagne, la violence d’état en Amérique Latine) doivent être évités.

Attention : des extraits des ouvrages au programme peuvent être considérés comme polémiques pour un sujet national. Cela signifie que que votre corpus ne sera pas choisi pour être travaillé car aucun recteur ou rectrice ne prendra le risque de le signer.

Ainsi, nous éviterons, dans la mesure du possible :

Les textes faisant référence à la Guerre Civile espagnole, à la dictature franquiste ou aux dictatures latino-américaines afin de proposer une réflexion ouverte sur des objets d’études plus divers et sur des enjeux plus contemporains.
Les textes également présents dans les manuels scolaires. »

Jamais, de toute ma carrière d’enseignant, je n’aurais pu imaginer être amené à lire des attentes d’une telle teneur, et encore moins les savoir transmises par l’inspection d’espagnol. J’ai cru littéralement tomber de ma chaise au moment d’en prendre connaissance.

Depuis ma prise de poste, au-delà des compétences linguistiques et des objectifs culturels travaillés avec mes lycéens, je n’ai jamais perdu de vue l’importance capitale d’aiguiser leur esprit critique. L’intérêt est bien de pouvoir les amener à réfléchir précisément sur ce qui fait problème dans le monde hispanique (socialement, historiquement), de pratiquer un débat contradictoire fécond autour de sujets d’actualité ou de thèmes historiques parfois complexes et délicats, en prenant soin d’écarter le risque de réappropriation(s) politique(s) ou d’instrumentalisation, notamment médiatique, des discours.

La confrontation respectueuse des idées et la sensibilisation des élèves à la pluralité des perspectives, en classe comme lors des épreuves, sont le meilleur moyen de former des citoyens éclairés et instruits, désireux de protéger les valeurs démocratiques qui nous animent. Enfin, la pensée critique qui émerge du débat est plus souvent encline à soulever des interrogations qu’à imposer des jugements péremptoires, ce qui est d’autant plus précieux. Telle est, selon moi, l’essence de notre devoir républicain et le sens même notre pratique professionnelle qui ne devrait rien discriminer des sujets qu’elle aborde (bien que certaines précautions méritent évidemment d’être prises).

Or l’histoire, contemporaine comme passée, est à mon sens notre meilleur matériau de travail, le vivier et la matrice de tout ce qui a traversé et continue de secouer nos sociétés, parfois certes sans ménagement. Prétendre ainsi l’écarter en partie ou en faire abstraction, même seulement à l’occasion d’une épreuve, c’est à mes yeux faire le choix d’un évitement périlleux -et moyennement responsable- dans un monde qui, lui, n’attend pas pour se radicaliser dangereusement et venir porter régulièrement atteinte à la démocratie. Face à des polarisations toujours plus vives et déjà particulièrement patentes en milieu scolaire, nous avons grand besoin de force de volonté, de détermination, de fermeté et non de pusillanimité. Nous avons été formés à l’école de la pensée libre, alors défendons-la.

Les soubresauts de l’Histoire sont indissociables de notre mémoire collective. Difficile dans ce cas de ne pas pouvoir librement aborder la question de la violence d’État en Amérique latine, ou encore de devoir éviter de proposer un sujet sur la guerre civile espagnole, alors que les enseignants abordent bien souvent Guernica avec leurs élèves dès le collège…Que recherche-t-on exactement par là ? À lisser la moindre aspérité, à déserter la réflexion historique, à ignorer soigneusement un devoir de mémoire pourtant mené avec une remarquable dignité ces dernières décennies ? Combien d’auteurs actuels, d’écrivains, d’essayistes, d’historiens et plus généralement de penseurs tomberaient probablement des nues devant la lecture de pareilles « recommandations » ?

D’autant que l’enseignement de spécialité a pour vocation, entre autre, de préparer nos élèves aux attentes et aux contenus universitaires. Or peut-on raisonnablement imaginer que dès les premiers mois de L1, les facultés écartent quelque sujet que ce soit en littérature ou en civilisation ? Alors pourquoi donc nous demander de le faire lors des épreuves ? Même d’un point de vue purement et strictement disciplinaire, nous ne rendons pas service aux élèves. PRAG, maîtres de conférences ou enseignants-chercheurs : eux aussi seraient certainement abasourdis devant de telles restrictions de choix de sujets en spécialité LLCER.

Si l’Éducation nationale se raidit de peur face au moindre risque (de recours ou d’autre nature) et que l’on antépose le principe du « pas de vague » aux bienfaits émancipateurs de la réflexion critique sur des sujets complexes ou délicats, alors oui, la bataille pour la pensée libre semble perdue d’avance. Je pense cependant avoir bien compris, étant donné le caractère explicite de certains passages de la note, qu’il s’agissait, avant même de ménager la sensibilité des élèves, de protéger prioritairement monsieur le recteur face à la responsabilité engagée par la validation des sujets.

Je m’interroge alors : de quoi sera fait l’avenir ? Comptons-nous vider progressivement les programmes de leur substance « sensible », rogner notre liberté pédagogique, faire la promotion de l’amnésie collective ou encore maquiller d’opaques stratégies évoquant lointainement la censure (le terme « recommandations » ne semblant pas le plus honnête et approprié pour s’ajuster au contenu du paragraphe de cette note) ?

Ce message, entendu et soutenu par de nombreux collègues de la communauté d’enseignants d’espagnol, semble appeler une réponse : pourriez-vous clarifier les fondements de ces nouvelles directives inquiétantes ?

En mon nom et celui des cosignataires de ce courrier, nous vous remercions tous par avance de l’attention portée à notre demande.

Cordialement,

M. Jean-François GRIVAUX, professeur d’espagnol au lycée Jean Moulin de Torcy (77200)

Signer la pétition ici : https://www.change.org/p/penser-rend-libre-%C3%A9preuve-%C3%A9crite-d-espagnol-de-sp%C3%A9cialit%C3%A9-2023-aucun-sujet-de-c%C3%B4t%C3%A9?signed=true

Châteaudun : Inauguration du Jardin de La Nueve, le 3ème après Paris et Madrid

Bonsoir à toutes et à tous,

Notre amie Mar y Luz Cariño Lopez, membre de l’association Retirada 37 – fille de républicain espagnol soldat de La Nueve – a été conviée à l’inauguration d’un Jardin de La Nueve à Châteaudun le 8 mai dernier.

Mar y Luz a accepté de nous faire un compte-rendu de cette manifestation, et nous tenons à la remercier.

Châteaudun est jumelée avec un ville de la province de Séville – Marchena -, et une délégation était présente à la cérémonie.

Ci-dessous le compte-rendu réalisé par Mar y Luz, quelques photos de la cérémonie ainsi que des liens de cette journée et du travail effectué par les élèves de l’école Emile Zola de Châteaudun depuis plusieurs années.

Bonne lecture,

Le Bureau de Caminar

https://www.24-aout-1944.org/Le-8-mai-a-Chateaudun-la-Nueve-a-l

https://www.lechorepublicain.fr/chateaudun-28200/actualites/chateaudun-l-inauguration-du-jardin-des-combattants-de-la-nueve-en-images_14126831/

https://www.24-aout-1944.org/La-Nueve-au-lycee-Emile-zola-de

https://www.histogames.com/HTML/chronologie/articles/0010-la-nueve-ou-comment-la-creme-de-l-espagne-republicaine-libere-paris.php

Châteaudun (Eure et Loir) Dimanche 8 Mai 2022

Inauguration du Jardin de La Nueve,
le 3ème après Paris et Madrid

Cette inauguration s’inscrit dans le cadre des festivités du 25ème anniversaire du jumelage de Châteaudun avec la ville de Marchena (Séville).

Ce projet est dû à l’initiative d’un professeur d’espagnol qui l’a proposé au maire de la ville M Fabien Verdier.

S’il a pu se concrétiser c’est donc grâce à l’accord de la municipalité de Châteaudun mais également grâce à l’engagement et la mobilisation des enseignants d’espagnol de la ville.

Ces festivités se sont déroulées du 3 au 11 Mai avec une programmation variée tant sur le plan historique que culturel.

– Exposition sur La Retirada et les hommes de La Nueve grâce à l’Association du 24 Août 1944.

– Projection de films suivis de débats.

– Intervention d’une historienne.

– Travail artistique d’élèves autour d’un poème de Garcia Lorca.

– Groupe de reconstitution de véhicules militaires avec présentation d’un half track ayant appartenu à la 2ème DB et portant le nom de Guadalajara ( il a servi pour le tournage d’un film en Espagne).

L’inauguration du jardin a eu lieu le Dimanche 8 Mai,sous un soleil particulièrement clément,en présence des différents officiels espagnols et français,de représentants d’anciens combattants et de nombreux jeunes des écoles publiques et privées qui avaient travaillé sur ce sujet. Ces derniers sont d’ailleurs intervenus au cours de la cérémonie pour lire différents textes ou poèmes, en espagnol ou en français.

Le Jardin, aménagé par le personnel municipal, se situe dans la partie ancienne de la ville au pied d’un mur d’enceinte et offre une magnifique perspective sur le donjon du château.

En tant que fille de républicain espagnol soldat de La Nueve,j’ai été très touchée que l’on me demande de participer à cette inauguration.
J’ai vécu au cours de cette journée deux moments très émouvants.

Le premier en faisant le trajet de l’Hôtel de ville au Jardin de La Nueve dans le half track.
J’ai bien sûr pensé à tous ces combattants pour qui ce véhicule a dû être pendant longtemps peut être « leur seule maison ».A travers les noms qu’ils leurs avaient donnés, tout spécialement pour les espagnols,ils arboraient ainsi leur identité et les raisons de leurs combats.

Le second,alors qu’avec les officiels nous avons dévoilé la plaque commémorative car j’ai eu la surprise de découvrir le Guernica, le half track de mon père.
Je remercie d’ailleurs Daniel pour sa délicatesse à avoir choisi ce véhicule.

Par ce choix, cet hommage aux hommes de La Nueve avait pour moi un aspect plus intime.
Je tiens à préciser que ces professeurs d’espagnol, s’ils enseignent la langue, font beaucoup plus auprès de leurs élèves car ils les inscrivent aussi dans l’histoire et la culture de l’Espagne.

J’avais eu le plaisir de collaborer avec eux en 2019,déjà au sujet de La Nueve, et j’avais pu me rendre compte de leur engagement mais aussi de l’écoute et de la mobilisation de leurs élèves.

Encore merci à toutes et à tous pour cette journée de retrouvailles,de nouvelles rencontres et d’échanges enrichissants qui a permis à travers les hommes de La Nueve d’aborder aussi l’exil,problème qui trouve actuellement une résonance toute particulière.

Mar-y-Luz Cariño Lopez

Ligue des champions. Le président oublié du Real Madrid

Militant communiste et républicain, Antonio Ortega a dirigé le club en 1937 et 1938. Un nom que le Real, longtemps lié au franquisme, a fait disparaître de son histoire officielle.
Publié le
Mardi 6 Mars 2018
Nicolas Guillermin
L’Humanité
Club le plus titré au monde et parmi les plus riches, le Real Madrid CF incarne à lui seul la version capitaliste globalisée du football. Toujours prompte à signer de juteux partenariats avec de nouveaux sponsors ou à recruter des joueurs « galactiques » pour des montants mirobolants, la Maison blanche, un de ses nombreux surnoms, est bien plus discrète lorsqu’il s’agit d’évoquer son histoire en dehors des terrains de football.
On connaissait le passé franquiste du club merengue (meringue), incarné par Santiago Bernabeu, ancien footballeur, combattant franquiste puis président qui sut utiliser sa proximité avec le régime dictatorial de Franco pour favoriser le Real durant son règne de 1943 à 1978. On savait moins que le Real Madrid avait eu à sa tête un président communiste en 1937 et 1938 issu du Front populaire, en la personne d’Antonio Ortega Gutierrez, condamné à mort après un procès sommaire dans une prison d’Alicante et exécuté le 15 juillet 1939 à l’âge de 51 ans.
Si l’information était connue en Espagne, elle s’est peu diffusée par-delà les Pyrénées durant toutes ces années. Il a fallu que Sapiens, un magazine catalan d’histoire, fasse sa une sur le dixième président du Real Madrid « assassiné par Franco » pour que l’information resurgisse via les réseaux sociaux. Dans leur enquête, l’historien Ramon Usall et le producteur de télé Frédéric Porta s’intéressent tout particulièrement à sa disparition de l’histoire officielle du club. D’Antonio Ortega, colonel communiste devenu président martyr, pas la moindre trace ne subsiste sur le site Internet du club. Juste un grand vide entre Rafael Sanchez Guerra, qui quitta la présidence au début de la guerre d’Espagne, et Adolfo Melendez, premier président après le conflit.
​ Le Real Madrid Club de Futbol, renommé Madrid Football Club
Originaire de la petite ville de Rabé de las Calzadas, dans la province de Burgos, rien ne prédestinait Ortega, né en 1888, à accéder aux plus hautes fonctions de ce club « royal ». Issu d’une famille modeste, Ortega commence sa carrière militaire en 1906 et grimpe les échelons. Lorsque la guerre d’Espagne éclate, il est lieutenant de carabiniers à Irun, au Pays basque. Peu de temps après, il devient gouverneur civil de Guipuzcoa et conduit les troupes républicaines dans le Nord. En mai 1937, le nouveau gouvernement républicain de Juan Negrin appelle ce militant communiste à Madrid, où il est nommé directeur général de la sécurité.
À cette époque, le Real Madrid Club de Futbol, renommé Madrid Football Club depuis 1931, date de la dissolution de la monarchie et de l’avènement de la Seconde République, a entamé sa mue. La couronne, symbolisant le titre royal accordé par Alphonse XIII en 1920, a disparu du blason et a été remplacée par une « bande de lilas » dont la couleur violette est une référence au drapeau républicain. En août 1936, quelques semaines après l’insurrection militaire, le club est saisi par le Front populaire, et la Fédération du sport ouvrier, représentée par Juan José Vallejo, prend la tête du conseil d’administration. C’est en sa qualité de directeur général de la sécurité qu’Ortega est désigné, peu après, comme président de transition afin de superviser le processus électoral qui doit mener Vallejo à la présidence.
Rapidement Ortega se prend au jeu. Dans une interview accordée au supplément de ABC, Blanc et Noir, le 15 novembre 1938, il dévoile sa vision du futur pour ce sport, loin du mercantilisme et centrée sur la formation : « Le football ne ressemblera en rien à celui qui était pratiqué avant le 18 juillet. Je veux parler de son organisation, bien sûr. Les joueurs ne seront plus échangés comme des jetons, ni les as, ni les jeunes. » Pour le club, Ortega voit grand avec la construction d’un nouveau stade : « Madrid doit obtenir le meilleur terrain de sport en Espagne, le stade le plus important. » Une idée qui sera ensuite reprise à son compte par Bernabeu avec l’inauguration d’une nouvelle enceinte en 1947 qui prendra le nom d’Estadio Santiago Bernabeu en 1955. C’est également durant cette période que le conseil d’administration entérina le principe d’« un socio, une voix » lors des élections à la présidence du club. Mécanisme toujours en vigueur.
Alors comment expliquer l’absence de Vallejo et d’Ortega dans les annales du club ? La direction du club s’est toujours retranchée derrière les mêmes arguments selon lesquels « pendant la guerre civile, le football était paralysé » (le club n’a disputé aucune compétition entre 1936 et 1939) et que ces deux présidents n’ont pas été élus. Durant l’ère Bernabeu, la direction « madridiste » ira même jusqu’à dire que le violet est la couleur de la Castille et, au fil des années, le ton changera jusqu’à devenir bleu aujourd’hui.
Avec le temps, ce déni n’a guère évolué. Comme Sapiens le rappelle, en 2002 déjà, l’historien du football espagnol Bernardo Salazar déplorait dans le quotidien sportif AS que « dans le livre officiel du centenaire pas un mot n’est écrit sur la saisie du club par la Fédération du sport ouvrier ou la nomination d’Antonio Ortega comme président du Madrid FC ». Durant leur enquête, les deux auteurs n’ont jamais pu consulter les archives du club, trouvant porte close malgré leurs demandes répétées. Le Centre du patrimoine historique du Real Madrid « ne peut être visité, n’est pas ouvert au public », leur a-t-on expliqué. Finalement, c’est le journaliste et écrivain de livres historiques Julian Garcia Candau qui dans Sapiens résume le mieux la vraie raison pour laquelle le Real Madrid a toujours refusé de reconnaître Ortega : « Parce qu’il est communiste, tout simplement. »
C’est avec le salut républicain que le Real Madrid se présente avant les matchs dans les années de la Seconde République avant la guerre civile. Avec l’État républicain et l’acquisition par le Front populaire, le club a été contraint de se débarrasser de son passé monarchique et a été rebaptisé Madrid CF. Bien que sous le régime franquiste, le Real Madrid en soit venu à être considéré comme l’équipe du Régime, il faut dire par curiosité que de cette époque républicaine, le Real Madrid conserve la bande violette de son bouclier.

Sur l’émigration économique espagnole dans les années 60

Documentaire Notes sur l’émigration – Espagne 1960
réalisé par l’Espagnol Jacinto Esteva Grewe et l’Italien Paolo Brunatto

Traduction par Luis d’un extrait de l’article du journal Nuevatribuna.es
https://www.nuevatribuna.es/articulo/cultura—ocio/memoria-documental-emigracion-espanola-prohibido-franquismo/20220507194125198332.html

Un documentaire sur l’émigration espagnole interdit par le franquisme

Santiago Alba signale qu’un pays sans mémoire est un pays soumis au gré du vent, et dans lequel tout peut arriver. Et notre Espagne, ou plus précisément nous les Espagnols oublions beaucoup.

Je vais essayer de rafraîchir notre mémoire, avec un évènement ponctuel d’il y a 60 ans. Il s’agit des vicissitudes dont a souffert un documentaire intitulé « Notes sur l’immigration. Espagne 1960 » (en français dans le texte), réalisé par Jacinto Esteva Grewe et l’Italien Paolo Brunatto, deux étudiants de l’Ecole d’Architecture de l’Université de Genève en Suisse. Ils étaient curieux de rechercher les causes de l’émigration espagnole vers l’étranger, avec l’objectif de faciliter leur insertion dans la société helvétique. Esteva demanda à son ami Juan Goytisolo dans quels endroits il pourrait tourner en Espagne pour connaître la situation socio-économique. Celui-ci lui prêta un exemplaire de « Campos de Nijar » et son son roman « La Resaca » se déroulant dans les bidonvilles et les quartiers miséreux de Barcelone. Et prenant beaucoup de risques avec une caméra 16 mm ils tournèrent un documentaire d’une vingtaine de minutes dans les quartiers d’Almeria, La Chanca, la Torrassa ; et dans les bidonvilles du quartier de Barcelone, que nous pouvons voir sur Youtube, Notes sur l’émigration – Espagne 1960 – La col-leccio del 2CR.
C’est un documentaire d’une technique rudimentaire, très expressif, dans lequel est dénoncée la situation socio-économique dans les villes espagnoles, où affluait une avalanche incontrôlable d’émigrés d’autres régions espagnoles. Il commence par une interview de quelques émigrants espagnols dans la gare de Genève, qui expliquent leurs difficultés d’adaptation en Suisse à cause de la langue et de l’hébergement. ; et à la question « pourquoi vous quittez l’Espagne ? La réponse est tranchante : la faim. Ensuite on voit la pauvreté et la misère de l’Espagne d’alors : des rues non goudronnées pleine de boue, sans électricité et sans eau courante, sans services sanitaires et services éducatifs ; des enfants faméliques se promenant nus, le ventre gonflé. Apparaît une corrida avec d’abondantes effusions de sang sur un taureau avant de mourir et une des tribunes pleine de gardes civils. La scène finale est très touchante et émouvante ; le départ du père sur le quai de la gare en présence de sa femme et plusieurs enfants en bas âge. Ces scènes de la vie courante semblent pour les Espagnols relever de la préhistoire ou du Tiers Monde.
L’objectif de ce documentaire courageux, engagé et imprégné de solidarité sociale envers ceux qui souffrent le plus, est de faire connaître et de dénoncer les très grandes difficultés d’adaptation des émigrants espagnols et de mettre en relief les carences dans les années 60 dans l’Espagne franquiste, qui sans ces devises n’auraient pu connaître le développement économique des années 1960/70…..
​ Un documental sobre la emigración española prohibido por el franquismo

CÁNDIDO MARQUESÁN MILLÁN
8 DE MAYO DE 2022, 9:18
Santiago Alba Rico señala que un país sin memoria es un país a merced del viento, en el que puede ocurrir cualquier cosa. Y esta España nuestra, o mejor, los españoles somos muy olvidadizos

Voy a tratar de refrescar nuestra memoria, con un hecho puntual ocurrido, hace unos 60 años. Se trata de las vicisitudes sufridas por un documental titulado “Notes sur l’émigration. Espagne 1960”, realizado por el español Jacinto Esteva Grewe y el italiano Paolo Brunatto, dos estudiantes de la Escuela de Arquitectura de la Universidad de Ginebra en Suiza. Estaban interesados en descubrir las causas de la emigración española hacia el extranjero, con el objetivo de facilitar su inserción en la sociedad helvética.
Esteva le preguntó a su amigo Juan Goytisolo en qué lugares podían rodar en España para conocer la situación socio-económica. Este le prestó un ejemplar de Campos de Níjar y su novela La resaca ambientada en las chabolas y barrios míseros de Barcelona. Y asumiendo muchos riesgos, Esteva y Brunatto con una cámara de 16 milímetros rodaron un documental de unos 19 minutos de duración en los barrios de Almería, La Chanca, La Torrassa; y en la aglomeración de chabolas del barrio de la Barceloneta, que hoy podemos visionar en YouTube, Notes sur l’émigration – Espagne 1960 – La col·lecció del 2CR.

 Es un documental técnicamente rudimentario, muy expresivo, y que denuncia la situación socioeconómica en las ciudades españolas, a donde acudían una avalancha descontrolada de emigrantes de otras regiones españolas. Se inicia con una entrevista a unos emigrantes españoles en la estación ferroviaria de Ginebra, los cuales muestran sus dificultades de adaptación en Suiza por el idioma y para el alojamiento; y a la pregunta. ¿por qué salen de España? La respuesta es contundente, el hambre. Luego se refleja la pobreza y la miseria de la España de entonces: calles sin asfaltar llenas de fango, casas sin luz ni agua corriente, sin servicios sanitarios y educativos; niños desnudos y famélicos con el vientre hinchado. Aparece una corrida de toros con un abundante derramamiento de sangre del toro antes de morir, y con uno de los palcos lleno de miembros de la Benemérita. La escena final es muy emotiva y conmovedora: la despedida al padre en el andén por parte de la esposa con varios hijos pequeños. Estas escenas a muchos españoles les parecen prehistóricas o del Tercer Mundo.
El objetivo de este documental valiente, comprometido e impregnado de solidaridad social con los que lo están pasado peor, es el dar a conocer y denunciar las extraordinarias dificultades de adaptación de los emigrantes españoles y reflejar la penuria de los años 60 en la España franquista, sin cuyas divisas no se hubiera llevado a cabo el desarrollo de la economía en los años 60 y 70.

Vendredi 23 février à 20 h Concert Serge UTGE-ROYO

No Pasaran !

Centre Culturel Communal

Saint-Pierre-des-Corps Vendredi 23 février 2018 à 20h

Concert – SERGE UTGE-ROYO

 

 

Spectacle renouvelé à l’occasion de l’anniversaire : 1936-2016, dans lequel Serge Utgé-Royo, fils d’exilés catalan-castillan, revient aux sources et rassemble ses propres chansons portant la mémoire et les espoirs des siens, ainsi que des chants de la guerre d’Espagne et des poèmes (Hernandez, Celaya, Jara… des chansons de Llach, Ibañez…)

En première partie Véro LP chante Golondrina, la parole des poètes et l’effervescence d’un monde où la rue est le décor du grand théâtre de la vie, à travers un répertoire de chansons populaires d’Espagne et d’Amérique Latine : des tangos argentins aux coplas espagnoles.

Serge Utgé-Royo est compositeur- interprète, comédien, et traducteur. A son actif, plus de 200 chansons, une quinzaine d’albums, de nombreuses aventures discographiques collectives, avec, entre autres, Moustaki, Higelin, Théodorakis, Lluis Llach… Plusieurs recueils de poèmes ont été publiés, ainsi qu’un roman historique, un conte, des nouvelles… 

Adios a Federico par la compagnie DIOTIMA de Jose Manuel Cano Lopez

La première de Adios a Federico a été présentée, devant une salle comble, au théâtre du Plessis à La Riche en Indre-et-Loire ce 28 avril 2022. Le grand-père de Jose Manuel fut compagnon de classe du jeune Federico à Fuente Vaqueros, petit village de la province de Grenade. Cette proximité sensible traverse chacun des propos de notre Andalou tourangeau, racontant les derniers moments de la vie de Federico à travers les textes du poète et dramaturge mais aussi dans les écrits de José, par les témoignages recueillis, retraçant avec minutie et fidélité ce qui tisse la trame de cette histoire, après deux années de recherches. Dans une sobre mise en scène, dans des décors minimalistes, à travers des éclairages écrasants et des musiques lancinantes, les comédiens nous font partager cette noirceur et cette atmosphère des ultimes instants du poète. Seule la jeune danseuse flamenca, qui ponctue le texte, avec le « taconeo » et « las palmas » donne une note d’espoir, de fraîcheur et de vie à cette tonalité angoissante du noir ambiant. Noirs sont les costumes stricts, noirs sont les éclairages sous des halos blanchâtres, noire est la musique anxiogène, noire est la dramatique qui nous transporte dans cet ultime voyage jusqu’au 19 juillet 1936. Cette création théâtrale préparée de longue date et diffusée quelques jours après un deuxième tour des présidentielles ne peut que nous alerter sur la dangerosité de toutes ces tenants de l’extrême droite, qui assassinent la culture, qui suppriment les poètes que ce soit Federico en les fusillant, Miguel Hernandez en l’emprisonnant à vie, ou Antonio Machado qui ne résista pas à l’exil en s’éteignant à Collioure quelques jours après avoir traversé la frontière. En tenue de camouflage, chacun de ces prédateurs, pour mieux faire passer la pilule, prend soin de soigner son image avec une feinte empathie, en caressant des chiens comme Hitler, dans des postures affectueuses avec ses petits enfants comme Franco ou en s’exposant avec des chats comme une autre personnalité plus locale, mais toujours avec cette obsession de proscrire la création culturelle au nom d’un nationalisme étroit.
Adios a Federico comme La résistible ascension d’Arturo Ui de Bertolt Brecht nous rappellent que le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde.
Retirada37 l’association tourangelle qui milite pour faire vivre les mémoires et les valeurs des Républicains Espagnols exilés est fière d’être partenaire de cette création théâtrale et remercie José et sa troupe pour cette émouvante prestation. A voir et à revoir !
Informations et réservations
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