Vous trouverez ci-joint la traduction, d’un article d’Arturo Losada dans Luzes/Publico paru le 20 décembre 2022.
Il retrace, entre autres, la vie d’Angel Rodriguez Leira, surnommé « Cariño Lopez » père de Mar y Luz Cariño Lopez, adhérente de notre association Retirada37.
» Víctor Lantes, fils d’aubergistes de La Corogne, a utilisé un mortier dans les forêts de France contre les chars Panzer de l’armée allemande. Ángel Rodríguez Leira, surnommé « Cariño López », a participé à la libération de Paris et à l’assaut de la résidence du Führer. Ils ont mené une guerre de neuf ans contre le fascisme. Ils ont combattu Franco et Hitler. Ils ont perdu à domicile et gagné à l’extérieur. Plus jamais ils ne retourneront au sud des Pyrénées.
20 décembre 2022
Arturo Losada/ Luzes-Publico
Ángel Rodríguez Leira est né à Cariño (La Corogne) en 1914.
Il a travaillé comme pêcheur de pouces-pieds et marin, était un militant CNT, s’est marié et a eu deux enfants, Ángel et Marina. Et puis la guerre civile a éclaté. Il a été recruté de force par les rebelles et contraint de porter leur uniforme. Mais ce fut pour une courte période, puisqu’il déserta dès qu’il le put pour se battre avec le côté loyaliste avec un autre habitant de Cariño, Antonio Yáñez, ou Gharepo.
En mars 1939, ils se retrouvent piégés à Alicante, l’une des dernières provinces à tomber. Avec cinq autres compagnons, ils ont quitté Guardamar del Segura dans un petit bateau qui était « une embarcation de fortune », selon l’un des petits-fils d’Ángel, Andrés Alonso. Ils l’ont rempli d’oranges et ont traversé la Méditerranée en quatorze jours, jusqu’à Beni Saf, en Algérie française. Comme beaucoup d’autres exilés républicains à cette époque, ils sont considérés comme dangereux par les autorités et sont internés au pénitencier de Suzzoni.
Selon Alicia Alted dans le livre « La voix des vaincus », Suzzoni était une ancienne forteresse transformée en prison, dépourvue d’hygiène, où quelque 300 républicains étaient détenus. L’un d’eux, l’aviateur Joaquín Tarazaga, se souvient : « Le régime alimentaire était très spartiate, ils ne nous donnaient qu’un morceau de pain pour quatre, des lentilles et du rutabaga, une sorte de navet. Lorsque j’ai été hospitalisé, en avril 1939, je pesais 67 kilos, et en décembre, quand je me suis évadé, seulement 35″.
Cariño Lopez
Les deux amis galiciens ont également tenté de s’échapper de cet enfer à deux reprises, sans succès. L’opportunité n’arriva qu’en 1942, lorsqu’ils furent recrutés, à nouveau de force, dans le Corps Francs d’Afrique.
L’armée américaine venait de débarquer au Maroc et en Algérie et les colonies françaises s’étaient dépêchés de vider les camps de prisonniers pour former ce bataillon avec lequel affronter l’Afrika Korps de Rommel.
La France connaît alors une schizophrénie, entre la soumission collaborationniste au régime de Vichy et la résistance de la France libre des partisans de De Gaulle en exil. L’arrivée des Américains fit que personne ne voulait être pris pour un Vichyste. Cependant, ces Corps Francs furent immédiatement dissous, après quelques combats en Tunisie. Ángel et Antonio choisirent alors de s’enrôler avec le général Leclerc, qui venait de se battre dans toute l’Afrique sous la bannière de la France libre. En raison de son prestige acquis au combat, il fut choisi pour commander la 2e division blindée, une unité nouvellement créée au sein de l’armée du général Patton. Elle était composée de 14 000 hommes de 32 nationalités, dont quelque 2 000 étaient des républicains espagnols. Les deux fugitifs du village de Cariño se sont ainsi retrouvés dans la 9e compagnie, La Nueve, presque entièrement composée de vétérans de la guerre civile.
Ángel Rodríguez Leira a décidé d’utiliser le nom de Cariño López, pour cacher son identité et laisser ainsi son lieu d’origine indiqué. C’était une pratique courante parmi les soldats, et même dans le commandement. Leclerc lui-même a caché son vrai nom, Philippe de Hauteclocque, pour épargner à sa famille d’éventuelles représailles de la part des Vichystes.
La 2e division blindée s’installa en Écosse, avant de débarquer en Normandie début août 1944, deux mois après le jour J, la zone étant déjà sécurisée pour permettre le passage des blindés. La 9e compagnie, composée d’hommes ayant l’expérience du combat, était toujours à l’avant-garde. C’était une unité motorisée, transportant des armes antichars sur des half-tracks tout-terrain rapides. Les soldats y avaient peint le drapeau de la République espagnole et les baptisèrent avec des noms de batailles de la guerre civile, comme Madrid, Ebro, Guadalajara ou Brunete. Cariño López pilotait le Guernica, et il ne lui aura pas fallu longtemps pour se faire un nom avec son adresse au tir avec le canon .57.
C’est ainsi que le raconte le capitaine Raymond Dronne, l’officier français commandant cette compagnie d’exilés. Dans ses mémoires, « Carnets de route d’un croisé de la France Libre », il met en exergue le rôle des républicains espagnols dans la lutte pour la libération de la France, « animés d’un énorme désir de revanche et de victoire ». Il y loue la capacité de Cariño López à détruire les véhicules blindés allemands et le définit comme « un homme de grand sang-froid ». Il a dû le prouver très tôt. Le 19 août, La Nueve contenait toute une division SS dans la ville d’Écouché, dans une bataille acharnée. Cariño López a passé 24 heures sans s’éloigner de son canon, sur lequel » il inscrivait une croix gammée pour chaque char détruit « , selon son petit-fils Andrés.
Dans la nuit du 24 août, cette unité sera la première à entrer dans Paris et à atteindre l’Hôtel de Ville. Là, de façon surprenante, un lieutenant valencien , Amado Granell, rencontre le chef de la résistance, Georges Bidault, et la photo de la rencontre fit la une du journal Libération. En deux jours, la capitale fut libérée, dans une victoire qui marqua le début de la fin de la guerre. Ces half-tracks aux noms étranges occupèrent une place prépondérante dans le défilé triomphal sur les Champs-Élysées.
Dans les semaines qui suivirent, la compagnie paya un lourd tribut en vies humaines pour contenir les Allemands sur les rives de la Moselle, couvrant l’avancée du reste de la division. Le caporal Cariño López de nouveau joua un rôle de premier plan : il détruisit cinq Panzers en cinq coups. Le 26 septembre 1944, il fut décoré à Nancy avec le sous-lieutenant Miguel Campos et le sergent Fermín Pujol, par Charles De Gaulle lui-même. Le même De Gaulle qui affirmera plus tard que seuls des Français ont participé à la libération de Paris. La récompense a dû être amère pour le Galicien : quatre jours plus tard, il verra mourir son ami Antonio Yáñez, dans une attaque contre la ville alsacienne de Vaqueville, avec deux autres compagnons.
Le pêcheur de pouces-pieds devint sergent et participa à la libération de Strasbourg, où le froid était un ennemi aussi dangereux que les Allemands. Il restait peu d’hommes parmi ceux qui s’étaient enrôlés en Algérie. Raymond Dronne explique qu’après chaque combat, les vides étaient comblés par de jeunes Français, presque tous dépourvus de formation militaire. » Les anciens combattants prenaient sous leur aile ces recrues inexpérimentées, les entraînaient et les protégeaient ; ils se comportaient en parents inquiets « . À la fin de la guerre, seuls 16 des 156 de La Nueve sont revenus vivants à la maison.
Sa dernière étape dans ce périple guerrier fut au Nid d’Aigle, le refuge de hauts fonctionnaires nazis. Il était situé dans le village alpin de Berschtesgaden, au sud de Salzbourg, et défendu par les dernières troupes SS. Beaucoup d’entre eux n’étaient guère plus que des adolescents fanatiques, mais la bataille n’en fut pas moins rude. Les Américains atteignirent la ville les premiers, mais ce sont les hommes de Leclerc qui prirent le Nid d’Aigle, et y firent flotter le drapeau français le 5 mai 1945. L’artilleur de Cariño était présent, et en ressortit avec une montre en or qui est toujours dans la maison d’une de ses filles aujourd’hui.
Ángel a gagné sa grande guerre contre le fascisme en Europe, mais il dû rester chez lui. Il n’est jamais revenu en Espagne, sachant qu’un peloton d’exécution ou une balle dans la nuque l’attendait ici. Il séjourna en France, où il se maria et aura deux autres filles avant de mourir à Paris en 1979. Depuis 2010, une plaque à Cariño (Galice) commémore ce vétéran du combat pour la liberté. Ses enfants galiciens et certains de ses petits-enfants vivent toujours dans cette ville.
Victor Lantes en 2005 foto Evelyn Mezquida
Deux fois exilé, trois fois prisonnier
Víctor Lantes est né à La Corogne en 1919 et mort en 2007 à Paris. Dans les dernières années de sa vie, il a été interviewé par l’historienne Evelyn Mesquida, pour son livre « La NUEVE, ces Espagnols qui ont libéré Paris ». Il a raconté que ses parents avaient « une auberge » près de la gare de San Cristóbal, où il a passé « les années heureuses de la petite enfance ». Cependant, déjà en 1923, il a dû fuir avec sa famille. A cette époque, la ville connut une dure grève générale, convoquée par les anarchistes, qui fut brutalement réprimée par la dictature de Miguel Primo de Rivera. Les parents de Lantes, aubergistes, avaient hébergé et aider plusieurs dirigeants syndicaux, c’est pourquoi ils ont été forcés de s’enfuir.
Le petit Víctor Lantes a grandi à Bayonne (France) avec sa grand-mère et quelques oncles. Les parents ont suivi la voie ouverte par tant d’autres Galiciens et sont allés à Cuba pour gagner de l’argent. « Ma mère est revenue cinq ans plus tard. Elle a eu deux autres enfants, un garçon et une fille. Peu de temps après nous sommes partis pour Alger. Mon père est parti pour New York, et de là il envoyait de l’argent de temps en temps. Puis il est revenu avec nous. Ma mère avait déjà une épicerie et ils travaillaient ensemble », dit-il dans le livre de Mesquida.
Lorsque l’armée s’est soulevée contre la République, Víctor Lantes, 17 ans, travaillait dans une usine comme monteur et était membre des Jeunesses communistes. Au début de 1937, Víctor Lantes est mobilisé et entre dans l’artillerie, mais il pense avoir passé assez de temps dans l’armée espagnole et déserte. Il arrive par bateau au Maroc, où il est arrêté dès qu’il a mis le pied à terre.
Il se retrouve en prison, au pénitencier d’Oudja, contrôlé par des sympathisants du régime de Vichy. Au bout de quelques semaines, ils lui font une offre : soit s’enrôler dans la Légion étrangère, soit retourner en Espagne. Il choisit la première option et fut envoyé pour contenir l’avancée des Anglais et des Américains. Il a passé trois mois ainsi avant d’avoir l’opportunité de déserter.
En août 1943, sous le surnom de Vedrune, Lantes s’engage dans la 2e division blindée du général Leclerc, » un homme extraordinaire « . Il conduisait un half-track américain, le Catapulte, qu’il pris à Casablanca et dont il ne descendit qu’à la Libération. Il rejoint la compagnie de soutien au Troisième Bataillon, où un tiers des soldats étaient espagnols.
Après avoir débarqué en Europe, son unité se confronte aux Allemands à Laval et à Argentan, près de la Normandie, et surtout dans les batailles d’Écouché et de la forêt d’Écouves : « Là j’ai vu comment un garçon qui voulait sortir d’un char en feu et ne le pouvait pas. Il criait et hurlait, et le char était en feu, et nous ne pûmes rien faire pour lui », se souvient Victor Lantes. Ils sortirent vainqueurs de ces batailles, et parcoururent 270 kilomètres en deux jours pour atteindre Anthony, dans la banlieue de Paris, où ils surprirent les forces allemandes et les dispersèrent à coups de mortier. Ce jour-là, l’homme de La Corogne a tiré plus de vingt obus. Ils ont ainsi contribué à ouvrir la voie à La Nueve pour entrer dans la capitale française et s’emparer de l’hôtel de ville le soir même.
» Peur ? Non, honnêtement, je n’avais pas peur. J’ai vécu des moments très difficiles, mais j’ai toujours cru que j’aurais de la chance « , a assuré Víctor Lantes à Evelyn Mesquida, quelques années avant de mourir chez lui, avec sa famille. Il s’est marié en France et a eu deux enfants, qui vivent aujourd’hui à Toulon, en Provence. Il n’est jamais retourné dans sa Corogne natale, où personne ne connaît son nom, mais où jusqu’à récemment il y avait une rue pour la « division azul » et une avenue pour le général Sanjurjo.
Quelques rares cas en exil galicien
La plupart des Galiciens qui ont fui pendant la guerre civile ont regardé de l’autre côté de l’Atlantique. » Après tout, Buenos Aires, La Havane, Montevideo ou New York pouvaient paraître plus proches que la France ou l’Algérie pour un paysan ou un marin galicien, en raison des réseaux microsociaux tissés par l’émigration au XIXe siècle « , explique le professeur Xosé Manoel Núñez Seixas, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Santiago et auteur avec Pilar Cagiao du livre Itinéraires de l’exil. Il était plus facile de demander l’aide d’un oncle, d’un cousin ou d’un parent aux Amériques que de tenter sa chance de l’autre côté des Pyrénées ou en Afrique du Nord. Surtout si l’on tient compte du fait que la Galice est tombée aux mains des rebelles en l’espace de dix jours.
Cependant, il existe plusieurs cas de Galiciens qui ont réussi à fuir ou qui se trouvaient dans la zone loyaliste au moment du soulèvement militaire, raison pour laquelle ils ont fait la guerre avec le camp républicain. Il y avait même un bataillon de milices populaires galiciennes, composé de paysans qui faisaient la moisson en Castille, et qui joua un rôle important dans la défense de Madrid. » Ceux qui ont survécu au conflit ont été contraints de suivre le sort des exilés. Ils ont franchi la frontière française dans les premiers mois de 1939. Ceux qui ne pouvaient s’embarquer pour l’Amérique n’avaient d’autre choix que de survivre à Vichy en France ou de participer à la Résistance « , dit Núñez Seixas.
Entre janvier et avril seulement, plus d’un demi-million de personnes ont traversé les Pyrénées pour fuir le régime de terreur des vainqueurs, selon le chiffre qui semble faire le plus consensus parmi les historiens. Le gouvernement français ne leur a pas réservé un très bon accueil. Tous ceux qui avaient des antécédents de combattants ou de militants politiques étaient enfermés dans des prisons et des camps de concentration, où ils souffraient de la faim, du froid et des mauvais traitements. Beaucoup sont morts à l’intérieur de ces clôtures, certains se sont échappés, d’autres ont été réclamés par des proches. Beaucoup d’entre eux se sont vus
obligés de s’enrôler dans l’armée française. Hitler pratiquait le blitzkrieg (guerre éclair) et il n’était pas question de gaspiller des vétérans.
Geneviève Dreyfus-Armand calcule qu’en juin 1939 il y avait 170 000 détenus dans les camps, mais qu’en novembre il y en avait encore 53 000. Le Répertoire bibliographique de l’exil galicien a identifié 1 320 Galiciens dans cette situation. « Leur nombre est peut-être sous-estimé, mais ils ne représentent, en tout cas, pas plus de 6 % du groupe des exilés républicains en France fin 1939 », calcule Núñez Seixas.
L’un d’eux était José Romero, un pêcheur et militant anarchiste de Boiro (La Corogne), que le coup d’État de 1936 a surpris en train de travailler dans le port de Pasaia, à Guipúzcoa. Il a fait la guerre sur le front nord jusqu’à ce que fuir avait plus de sens que de se battre. Il était dans le camp de réfugiés du Barcarès en France, dont il a réussi à sortir en 1940, lors de l’invasion nazie. Après la défaite rapide de l’armée française, il rejoint les maquis qui résistent aux Allemands et reste dans leurs rangs jusqu’en 1945. Au fil du temps, il écrit de Marseille à sa sœur émigrée en Argentine pour lui demander son aide et il arrive à Buenos Aires en 1950. Son nom figure au répertoire, ainsi que celui de bien d’autres Galiciens qui furent dans les camps d’Argelès sur Mer, Bezièrs, Sepfonds, Tarne-et-Garonne, Le Vernet…
Il faut aussi se souvenir d’un certain Gayoso. Il a combattu en Norvège et a été décoré pour sa bravoure. Il fait partie de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, postée en Scandinavie en mai 1940 pour contenir l’attaque allemande. Il a combattu dans la bataille de Narvik, un village de pêcheurs stratégiquement important. Les journaux de campagne relatent l’exploit de 40 hommes, qui se sont vu confier la mission suicide d’expulser les nazis de la ligne de front 220, un col de montagne d’où ils dominaient le champ de bataille. Ils traversèrent un torrent d’eau et de glace, sautèrent de pierre en pierre et sous le feu de quatre armes automatiques, et ensuite gravir la pente. Avec des grenades, ils ont réussi à déloger trois des nids de mitrailleuses, mais le quatrième a nécessité un assaut frontal.
Erwan Bergot explique dans le livre La Légion au combat, que » les uns après les autres, les hommes tombèrent sous le feu allemand. La dernière tentative fut faite par trois légionnaires espagnols —Málaga, Pepe et Gayoso—, les deux premiers tombèrent bientôt dans un ravin en contrebas , et furent fauchés par les tirs de la quatrième mitrailleuse, mais le troisième réussit à poser le pied sur le rebord, à renverser la mitrailleuse et à abattre l’officier allemand d’un coup de crosse . Ainsi fut conquise la ligne de front 220 » . Gayoso a reçu la médaille militaire de la bravoure, et on sait peu de choses sur lui. La 13e demi-brigade était l’un des corps militaires qui suivirent De Gaulle dans l’exil anglais, pour combattre pour la France libre.
Je crois qu’il y a bien d’autres d’histoires similaires, mais il est difficile de reconstruire les pistes. Nous avons déjà vu que dans leur enchaînement d’évasions, de désertions et de passages de frontière, les exilés changeaient de nom pour éviter les représailles. Ajoutez à cela le fait que les Français avaient tendance à s’empêtrer dans cette manie ibérique d’avoir deux noms de famille, et nous verrons pourquoi les registres officiels prêtent à confusion. Certains, comme Víctor Lantes et Cariño López, ont survécu pour raconter l’histoire. Beaucoup d’autres ont été laissés pour compte, sans que personne n’ait la possibilité de savoir qui ils étaient, où ils étaient nés ou pourquoi ils se battaient.