UN CRÉATEUR EN EXIL
À travers une sélection de plus de 150 œuvres, l’exposition « Josep Bartolí. Les couleurs de l’exil » met en perspective des réalisations majeures de l’artiste, toujours inspirées par l’exil, son engagement et ses combats.
Dans une première partie, sont présentés les dessins la guerre et les camps, réalisés au crayon, sans une once de couleur. Ces croquis sont d’une puissance singulière : illustrations politiques riches de détails et de sens, critique du pouvoir, de l’État, de la religion… Pour Bartolí, dessiner est une nécessité, c’est son « œuvre de résistance ». Ces dessins sont également l’apparition d’un genre tout à fait nouveau : le reportage graphique.
La seconde partie de l’exposition fait dialoguer dessin et peinture, qui fait son apparition dans l’œuvre de Bartolí à partir de 1952. Traitant divers thèmes (la société, l’individu, la culture de masses…) il exploitera tout au long de son parcours les ressources de la couleur, qui prendra parfois totalement le pas sur le trait. Toutefois, chacune de ses œuvres témoigne du dialogue constant que Bartolí entretient volontairement entre abstraction et figuration.
Né à Barcelone, Josep Bartolí est dessinateur et caricaturiste. Il est un partisan convaincu de la République, qu’il défendra armes et crayons à la main. En 1936, il fonde le syndicat des dessinateurs de presse de Catalogne et devient, pendant la guerre d’Espagne, commissaire politique. Après la chute de Barcelone, Bartolí s’exile en France le 14 février 1939, lors de la Retirada. Il est interné dans plusieurs camps différents, dont Saint-Cyprien et Agde.
Après un long périple et l’évasion d’un train qui le conduisait au camp de Dachau, il parvient en 1943 au Mexique, qui offre l’asile à de nombreux réfugiés espagnols. En 1944, avec l’aide de Narcís Molins i Fàbregas, paraît son ouvrage Campos de concentración 1939-194…, témoignage iconographique sans précédent. Participant également à l’ébullition de la révolution mexicaine, Bartolí côtoie Diego Rivera et Frida Kahlo, qui le révèle à la couleur.
Josep Bartolí s’installe ensuite à New York. Il y rencontre Rothko, Jackson Pollock, Kline et De Kooning, dessine dans la revue Holiday Magazine et dans le supplément reporter du Saturday Evening Post. Bien que sa notoriété d’artiste se consolide de plus en plus aux États-Unis, il reste un créateur en exil, multipliant les voyages. En dressant un portrait acide de la société, la question politique et sociale est au cœur de son œuvre jusqu’à la fin de sa vie.
« L’idée est plus importante que la peinture ou le dessin. J’ai besoin d’expliquer quelque chose et comme je n’ai pas d’autre langage, je dois l’exprimer avec ce que j’ai, le dessin et la peinture, mais en sacrifiant les canons artistiques, en oubliant le classicisme plastique, les lois qui régissent la peinture. Expliquer quelques problèmes qu’en général les peintres oublient beaucoup. » Josep Bartolí
La donation
C’est grâce à l’engagement de Georges Bartoli, commissaire d’exposition et neveu de Josep, et du dessinateur Aurel, réalisateur du film Josep (soutenu par la Région Occitanie et le Mémorial du Camp de Rivesaltes) que Bernice Bromberg, veuve de l’artiste, prend connaissance du lieu de mémoire.
À l’occasion de la sortie du film en salles, en septembre 2020, Bernice Bromberg annonce la donation au Mémorial. Il s’agit de l’acte fondateur de l’exposition qui est enrichie par les prêts des Archives municipales de Barcelone, de la Généralité de Catalogne, du Centre culturel de Terrassa et de Manel Canyameres et Joëlle Lemmens, collectionneurs privés.
https://www.memorialcamprivesaltes.eu/expositions/josep-bartoli-les-couleurs-de-lexil