FRAGMENTS DE MÉMOIRE 5

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Sont reproduits ici les textes qui ont été mis en voix par la Compagnie Cano López le 20 novembre 2015 au Plessis-Théâtres  à  La Riche (Indre-et-Loire).

« Tuntún ¿Quién llama a la puerta ? »

 

Comptine chantée dans les cours d’école (années 40) « Tuntún ¿Quién llama a la puerta ? Es la policía … Tuntún ¡me van a matar ! »

 

Pendant les bombardements, elle a pris le train avec sa sœur aînée et sa mère pour se réfugier en France. Comme elle était la plus petite, mon grand-père avait dissimulé des billets dans sa chaussette pour que sa famille ait un peu d’argent. Quand ma grand-mère a trouvé les billets elle était furieuse car il était interdit de sortir des billets d’Espagne et elles auraient risqué une arrestation. De toutes façons, les franquistes une fois au pouvoir, ont décrété que la monnaie républicaine n’aurait plus cours et ne valait plus rien.

Elles ont passé la guerre à Bezons (banlieue parisienne) chez des amis communistes (mes grands-parents étaient anarchistes). Là-bas, les amis René et Marcelle ont publié dans un journal (communiste je crois) le témoignage « de deux petites réfugiées de la guerre d »Espagne » que ma mère et ma tante avaient rédigé (Elles avaient entre 9 et 10 ans). Le but de cet article était de sensibiliser la population française à ce qu’il se passait en Espagne.

La République de 1931 avait permis que les élèves apprennent le catalan à l’école. Je conserve encore un livre d’alphabet de cette époque. Après la guerre, le catalan était interdit à l’école.

Dans le quartier de mes grands-parents il y avait un aviateur qui avait participé aux bombardements de Barcelone sous les ordres de Franco. Il avait bombardé le quartier de Gracia et du Guinardó. La guerre terminée il avait continué d’habiter près de la Sagrada Familia. Mais il ne sortait guère de sa maison car les gens savaient ce qu’il avait fait, et même s’il était dans le camp des vainqueurs,  il y avait de l’animosité contre lui.

 Sylvie Dulos

 

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