Sont reproduits ici les textes qui ont été mis en voix par la Compagnie Cano López le 20 novembre 2015 au Plessis-Théâtres à La Riche (Indre-et-Loire).
Un » abric »
Cette histoire m’a été racontée par ma mère Je ne peux pas donner de date exacte mais je pense que je peux la situer au cours de l’hiver 1940.
« Il fait froid. Les hivers sont rudes en Creuse, très rudes même pour ces jeunes femmes trimballées d’un camp à l’autre au bon vouloir des autorités
Paquita, (c’est ma maman mais on ne se connait pas encore) marche à pas lents, seule, certainement triste en pensant au petit garçon de 6 ans qu’elle a laissé là-bas, dans sa Catalogne, pour ne pas qu’il souffre dans un voyage improbable. Elle pense aussi à son cher mari, Juan, interné dans un autre camp.
En marchant, elle s’est approchée des limites du camp et voit un brave homme qui la regarde gentiment et la salue et tente de communiquer avec elle. Pas facile quand on ne parle pas la même langue. Elle finit par comprendre que cet homme lui apportera une brique pour qu’elle puisse se réchauffer les pieds.
Toute contente elle s’en va le dire à ses compagnes, Juana Font et la « mallorquina « ,
Le lendemain elle retrouve le bon monsieur qui lui remet un paquet entouré de papier journal.
Déception. C’est une brique.
En catalan un « abric » signifie manteau. »
Cette anecdote pas vraiment guerrière m’a toujours amusé et si tu peux en faire quelque chose je serai ravi.
Tony Torne
Cette histoire m’avait fait penser à maman qui, invitée à prendre le café chez une voisine, cette dernière lui proposait « un gâteau », elle trouvait curieux que ces français « mangeaient » du chat !!!