Un auteur à lire, à relire ou à découvrir : Agustín GOMEZ – ARCOS

Agustín Gómez-Arcos est né à Almería (Andalousie) le 15 janvier 1933 et est décédé à Paris le 20 mars 1998 à l’âge de 65 ans.

C’est un écrivain espagnol de tendance libertaire, d’expression espagnole et française.

Après des études de droit, il quitte l’université pour le théâtre. Certaines de ses pièces ayant été interdites, il quitte l’Espagne pour la France en 1966. Il est l’auteur de romans traduits dans le monde entier.

L’Agneau carnivore est son premier roman écrit en français ; le narrateur y évoque son enfance dans l’Espagne franquiste, l’inceste et l’homosexualité.

Mais d’autres romans sont davantage connus, notamment Ana Non qui a fait l’objet d’une adaptation à la télévision par Jean Prat en 1985.

Trois récompenses lui ont été attribuées : le prix du LIVRE INTER en 1977, à sa parution, le prix THYDE-MONNIER « Société des gens de lettres », le prix ROLAND DORGELES en 1978.

Ce livre, c’est l’histoire d’un voyage, mais d’un voyage très particulier qui est à la fois un et multiple : voyage à travers une vie, voyage d’amour, voyage initiatique et imaginaire, voyage de mort et voyage à travers une époque.

C’est le voyage que va accomplir l’héroïne, Anna Paucha, Anna la rouge, Anna NON, à pied, en suivant la voie de chemin de fer pour monter vers le nord de l’Espagne.

Avant, Ana était comblée, sa vie se résumait à peu de choses : un homme, trois fils, la République et une barque.

Mais la guerre civile va anéantir ce bonheur qu’elle croyait à jamais acquis. Elle perd le mari et les deux fils ainés. Le cadet, « le petit », 52 ans, accusé d’être un rouge, est en prison dans les geôles franquistes dans le nord de l’Espagne, depuis 30 ans et pour toujours.

Et c’est portée par l’espérance folle de pouvoir embrasser son fils une dernière fois, qu’à 75 ans, elle entreprend ce voyage emportant avec elle pour tout bagage, un pain qu’elle a confectionné «un pain aux amandes, huilé, anisé et sucré comme un gâteau », un pain comme il les aimait.

Ce gâteau va être le « cordon ombilical » imaginaire qui la relie à son fils et qui va lui permettre de se maintenir vivante tout au long du voyage malgré les épreuves qu’elle va devoir subir.

Tout au long de ce voyage, la mort, cette « putain » avec laquelle elle va dialoguer, se confier, l’appelant, la repoussant, est omniprésente.

Ces épreuves, ces dialogues avec la mort, sa confidente, vont lui permettre de retrouver une conscience politique et une identité, ainsi que d’apprendre à lire et de se métamorphoser en Ana OUI.

C’est aussi un voyage à travers l’Espagne colorée et typique mais surtout à travers l’Espagne franquiste, avec toutes ses injustices, ses absurdités, ses aberrations, sa misère et ses interrogations. Et l’on voit transparaitre les idées de Gomez Arcos, son anticléricalisme, son ironie et son mépris pour le Caudillo et son aéropage ainsi que sa haine de la patrie.

Franco est ainsi qualifié de « décompositions miniature, d’agonie naine » et son héritier Juan Carlos, de « Bourbon fade et jaune comme une crème tournée ». De même que les curés sont décrits ainsi : « les curés enrobés, folâtrant depuis mâtine comme des donzelles ».

Les autres oeuvres de GOMEZ-ARCOS :

Maria República

Scène de chasse (furtive)

Un oiseau brulé vif

Pré-papa ou roman des fées

L’enfant pain

L’enfant miraculée

L’homme à genoux.

J. Parès.

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La tragédie des Brigades Internationales

À travers de poignantes archives, Patrick Rotman retrace l’histoire des trente-cinq mille volontaires venus du monde entier combattre le franquisme dans la guerre civile espagnole.

( Diffusé sur ARTE le 25 octobre 2016 ).

Pendant la guerre d’Espagne (1936-1939), des volontaires affluent du monde entier pour défendre la jeune République, menacée par le putsch de Franco, lui-même soutenu d’emblée par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Ouvriers parisiens, tchèques et britanniques, dockers new-yorkais, mineurs polonais ou anglais, militants antifascistes allemands et italiens… : en tout, quelque trente-cinq mille hommes, venus d’une cinquantaine de pays, vont combattre, souvent en première ligne et sans aucune formation, dans des batailles de plus en plus désespérées. Ils répondent à l’appel lancé sous l’égide de Moscou par l’Internationale communiste, alors que les démocraties occidentales ont décidé de ne pas intervenir. Ils ont entendu aussi les plaidoyers d’André Malraux et de George Orwell, engagés dès la première heure, l’écrivain français à la tête d’une escadrille aérienne, l’Anglais au sein du Poum (Parti ouvrier unifié marxiste, antistalinien) . Ils ont peut-être vu aussi les clichés incroyables qu’un couple de jeunes photographes, Gerta Pohorylle et Endre Friedmann, alias Gerda Taro et Robert Capa, expédient jour après jour du front. Comme eux, les écrivains Ernest Hemingway, John Dos Passos, Gustave Regler ou le documentariste Joris Ivens vont aussi contribuer à exalter la résistance héroïque du peuple espagnol, face à une armée franquiste bien supérieure en nombre et surarmée, qui multiplie les massacres au fil de ses victoires. À leurs côtés, le correspondant de la Pravda, Mikhaïl Koltsov, informe aussi le NKVD…

Entre deux feux

Dès 1937, les Soviétiques, affirmant leur emprise sur le camp républicain, agissent en effet en Espagne comme à domicile, arrêtant, torturant, exécutant tous ceux qui s’opposent au stalinisme. Les militants anarchistes et libertaires, parmi lesquels figurent nombre de brigadistes, se retrouvent pris ainsi entre deux feux totalitaires. Restituant à la fois destins individuels et complexité historique, Patrick Rotman retrace ces trois années d’un combat perdu, dont les faits d’armes continuent de nourrir, aujourd’hui encore, le romantisme révolutionnaire. Un récit intense et détaillé, porté par de poignantes archives, dont nombre des images magnifiques de Robert Capa et de Gerda Taro, qui mourra avant la défaite finale, à 27 ans, écrasée accidentellement par un char républicain. « Quand je pense à la quantité de gens extraordinaires que j’ai connus et qui sont morts dans cette guerre, avait-elle écrit peu de temps auparavant, j’ai le sentiment absurde que ce n’est vraiment pas juste d’être encore en vie. »