Mark Bray ou la Retirada d’Amérique

Publié le 3 décembre 2025
L’Humanité

​ Mark Bray, l’historien qui a dû fuir les États-Unis d’un Donald Trump cherchant à « attiser une nouvelle peur du rouge »

Il fut un temps où l’on partait en Espagne pour combattre le fascisme. L’historien états-unien Mark Bray est venu s’y réfugier pour y fuir les menaces d’extrême droite dans son pays d’origine. Son crime ? Avoir écrit l’Antifascisme (publié en France chez Lux). Le 22 septembre, la vie de cet universitaire a basculé.
Dans la foulée de l’assassinat de l’influenceur ultranationaliste Charlie Kirk, le président Donald Trump a inscrit la mouvance « antifa » sur la liste des organisations terroristes. « Ce décret vise à attiser une nouvelle peur du rouge, une menace de gauche »,nous explique Mark Bray, rencontré en marge d’un colloque sur les menaces pesant sur les libertés académiques à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), le 12 novembre.
Selon Trump, qu’importe si rien ne relie le tueur à la mouvance antifa. Qu’importe encore pour ceux qui menacent Mark Bray que l’historien ne soit pas lui-même militant antifasciste. Cette mouvance est d’abord et surtout pour le chercheur un objet d’études. Et si un jour il a milité, c’est au sein du mouvement Occupy Wall Street ou contre les guerres en Afghanistan et Irak.

​ Exil et menaces

Le 2 octobre, une pétition a été mise en ligne afin d’exiger le renvoi de Mark Bray par l’association Tournant (« Turning Point »), qui sévit sur les campus. Ladite pétition est vite relayée par la très trumpiste chaîne Fox News. S’ensuivent de multiples menaces de mort contre l’universitaire. Puis « mon adresse a été diffusée sur les réseaux sociaux », raconte-t-il. En guise de protection, la police a juste promis quelques patrouilles supplémentaires dans son quartier.
Du jour au lendemain, Mark Bray, son épouse et leurs deux enfants décident de s’exiler. Depuis son arrivée en Espagne, il s’adapte à la vie locale, et répond aux demandes d’entretien. Les cours à destination de ses étudiants de l’université Rutgers, dans le New Jersey, sont enregistrés en vidéo, décalage horaire oblige. « Je corresponds avec mes étudiants par courriel », et parfois en visioconférence.

À 43 ans, il poursuit également ses travaux historiques sur un tout nouveau sujet : les escroqueries par courrier au XIXe siècle en Europe. Dans les années 2010, « je faisais des recherches sur l’anarchisme en Espagne » aux archives à Londres, « et en regardant les documents d’un ambassadeur britannique à Barcelone, j’ai vu que celui-ci se plaignait beaucoup des anarchistes, mais aussi de la fraude postale ». Ce détail est resté gravé dans un coin de sa tête pour mieux ressortir aujourd’hui. La mondialisation de la fin du XIXe siècle, avec la circulation des journaux, des télégrammes, « a facilité la création d’espaces pour cette sorte de délit moderne », précise l’historien.

​ « L’autodéfense est une partie essentielle de l’antifascisme depuis ses débuts »

L’ambiance dans son pays natal l’inquiète au plus haut point. Le décret du 22 septembre crée un climat fascisant. « Cela promeut dans la sphère publique la notion d’une gauche présentée comme terroriste, tout comme la protestation », dénonce-t-il. La gauche, les ONG sont estampillées « antifa ». « Ils blâment » même Georges Soros, en mobilisant des tropes antisémites, « d’avoir mis à disposition de l’argent (en soutien aux organisations progressistes – NDLR). C’est toujours la même histoire ».
Le monde universitaire est particulièrement ciblé. Et pour cause : « Selon Donald Trump, les problèmes du pays proviendraient du féminisme, du wokisme, de la lutte contre les discriminations ou en faveur des personnes transgenres. Le président considère que ces idées viennent des universités », se désole Mark Bray.

Aux États-Unis, il a été reproché à l’historien de ne pas condamner la violence des antifascistes. « L’autodéfense est une partie essentielle de l’antifascisme depuis ses débuts. Rappelons que le fascisme est une politique intrinsèquement violente, non seulement parce qu’il a fait preuve de violence, mais parce qu’il glorifie la violence », justifie-t-il, prenant son propre exemple : « Je suis juif. J’ai perdu une partie de ma famille à Treblinka. Je ne vois pas comment on peut parler de s’organiser contre le fascisme sans prendre en considération l’autodéfense. »
Une autodéfense déployée encore aujourd’hui, comme lorsque des citoyens s’organisent contre les déploiements du service de l’immigration et des douanes (ICE) dans les villes en vue de rafler les immigrés privés de papiers. Cette mobilisation « est une sorte de mouvement antifasciste », affirme Mark Bray.
Son œil d’historien tend à faire la différence entre antifascisme de ces dernières décennies et antifascisme des années 1930. Celui d’alors était un mouvement « bien plus massif. La gauche avait ses partis, ses syndicats, ses mouvements sociaux. Lors du Front populaire en France, des centaines de milliers de personnes descendaient dans la rue ». Rompre l’isolement est l’une des réponses de l’antifascisme.

L’Association pour la récupération de la mémoire historique (ARMH) exige la suppression des rues et autres éléments faisant référence à Juan Carlos Ier.

Article traduit du journal Publico du 27 octobre 2025

L’ARMH estime que, pour se conformer à la loi sur la mémoire démocratique, les références au père du roi Felipe VI doivent être éliminées car « elles constituent des glorifications d’un dirigeant de la dictature ».

L’Association pour la récupération de la mémoire historique a déposé lundi un document adressé au Secrétariat d’État à la mémoire exigeant la suppression de tous les éléments faisant référence à la figure de Juan Carlos de Bourbon, puisqu’il a été chef d’État sous la dictature de Franco à deux reprises : entre le 19 juillet et le 2 septembre 1974 et entre le 30 octobre et le 20 novembre 1975.

L’ARMH soutient que, pour se conformer à l’article 35 de la loi 20/2022 relative à la mémoire démocratique, toute référence à Juan Carlos de Bourbon doit être retirée des noms de rues, des bâtiments et de « tout autre élément ». Cet article stipule que « les bâtiments, constructions, armoiries, insignes, plaques et tout autre élément ou objet fixé à des édifices publics ou situé sur la voie publique, qui font référence de manière commémorative, à la gloire personnelle ou collective, du soulèvement militaire et de la dictature, de ses dirigeants, des participants au système répressif ou des organisations ayant soutenu la dictature, sont considérés comme des éléments contraires à la mémoire démocratique ».

« Juan Carlos a occupé la fonction de chef d’État sous la dictature, ce qui fait de lui un dirigeant du régime franquiste », explique Emilio Silva, président de l’ARMH (Association pour la récupération de la mémoire historique). « Il présidait les réunions du conseil des ministres alors que des personnes étaient détenues et torturées, que des milliers de républicains mouraient en exil sans pouvoir rentrer chez eux, que la culture et les médias étaient censurés et que les libertés fondamentales étaient bafouées », ajoute-t-il.

Par ailleurs, le point trois du même article stipule que « les administrations publiques, dans leurs juridictions et territoires respectifs, prendront les mesures appropriées pour le retrait de ces éléments ».

L’ARMH (Association pour la Récupération de la Mémoire Historique) déclare dans son communiqué de presse qu’à la lumière des commémorations gouvernementales du 50e anniversaire du retour de l’Espagne à la liberté, « il convient de rappeler que le 30 octobre prochain marquera le 50e anniversaire de l’accession de Juan Carlos de Bourbonn à la tête de l’État ». Il est ainsi devenu le chef de la dictature, comme Franco l’avait lui-même désigné en le choisissant comme successeur.

« Souvent, lorsqu’on évoque la loi d’amnistie de 1977, on pense qu’elle ne protège que les policiers tortionnaires et certains de leurs supérieurs, mais c’est une loi intouchable car elle garantit l’impunité à tous ceux qui ont participé à la dictature, de haut en bas et de bas en haut », conclut Silva.

Par conséquent, l’ARMH considère que « tout élément faisant référence à Juan Carlos de Bourbon glorifie un dirigeant de la dictature et doit être traité comme une atteinte à la mémoire démocratique, conformément à la loi ». Dans leur déclaration, ils exigent que « tous les outils soient utilisés, y compris la législation administrative contentieuse, pour garantir que chaque organisme l’applique (…) et que les mesures prévues par la législation soient prises pour sanctionner tout infraction »


​ La ARMH exige la eliminación de calles y otros elementos que hagan referencia a Juan Carlos I

www.publico.es / 27 de octubre de 2025

La ARMH considera que para cumplir con la Ley de Memoria Democrática se deben eliminar las referencias al padre del rey Felipe VI puesto que «son exaltaciones de un dirigente de la dictadura »
La Asociación para la Recuperación de la Memoria Histórica (ARMH) ha registrado este lunes un escrito dirigido a la Secretaría de Estado de Memoria reclamando que se retiren todos los elementos que hacen referencia a la figura de Juan Carlos de Borbón, ya que fue Jefe de Estado durante la dictadura franquista en dos ocasiones: entre el 19 de julio y el 2 de septiembre de 1974 y entre el 30 de octubre y el 20 de noviembre de 1975.  
La ARMH argumenta que para cumplir con el Artículo 35 de la Ley 20/2022 de Memoria Democrática deben eliminarse las referencias sobre Juan Carlos de Borbón en denominaciones de calles, edificios y «cualesquiera otros elementos». 
Este artículo estipula que «se consideran elementos contrarios a la memoria democrática las edificaciones, construcciones, escudos, insignias, placas y cualesquiera otros elementos u objetos adosados a edificios públicos o situados en la vía pública en los que se realicen menciones conmemorativas en exaltación, personal o colectiva, de la sublevación militar y de la Dictadura, de sus dirigentes, participantes en el sistema represivo o de las organizaciones que sustentaron la dictadura».
«Juan Carlos ocupó la jefatura de Estado de la dictadura y eso le convierte en dirigente del franquismo», explica Emilio Silva, presidente de la ARMH. «Presidió consejos de ministros mientras había detenidos y torturados, miles de republicanos muriendo en el exilio sin poder volver a sus casas, censura en la cultura y los medios de comunicación y falta de libertades fundamentales», añade.
Además, el punto tres del mismo artículo establece que «las administraciones públicas, en el ejercicio de sus competencias y territorio, adoptarán las medidas oportunas para la retirada de dichos elementos«.   
La ARMH dice en su comunicado que con motivo de los actos del Gobierno para la conmemoración de los 50 años de España en Libertad «conviene recordar que el próximo día 30 de octubre se cumplirán 50 años del día en el que Juan Carlos de Borbón asumió la jefatura del Estado«. De esta forma se convirtió en dirigente de la dictadura como había designado el propio Franco al elegirlo como su sucesor.
«Muchas veces cuando la gente piensa en la Ley de Amnistía de 1977 y cree que protege a policías torturadores y alguno de sus jefes pero es una ley intocable porque garantiza la impunidad a todas las personas que formaron parte de la dictadura, de arriba abajo y de abajo a arriba», concluye Silva.  
Por eso la ARMH considera que «todos aquellos elementos en los que figure el nombre de Juan Carlos de Borbón son exaltaciones de un dirigente de la dictadura y deben ser tratadas como elementos contrarios a la memoria democrática como especifica la ley». En su comunicado exigen que «se utilicen todas las herramientas, incluida la legislación contencioso-administrativa para que así lo cumplan todas y cada una de las entidades (…) y se tomen las medidas previstas en la legislación para sancionar su incumplimiento».