Archives de catégorie : Culture

Ballade de Pablo et de Karim

Il s’appelait Pablo, ne demandait qu’à vivre,
Rêvant sous le soleil d’un futur qui enivre.
Un beau matin d’avril, sur Guernica la basque,
Une vague de feu, gigantesque bourrasque,
Tout à coup s’abattit, imprévue et soudaine.
De grands oiseaux d’acier, aux couleurs de la haine,
Déversèrent l’horreur, la souffrance et la mort.
Pablo méritait-il un aussi triste sort ?

Ô vil fascisme qui tue
L’enfant courant dans la rue.
Ô vil fascisme assassin
Des beaux rêves du matin.

Il s’appelait Karim, ne demandait qu’à vivre
Rêvant sous le soleil d’un futur qui enivre.
Pour le crime accompli ce triste sept octobre,
Faut-il sur tout un peuple en rejeter l’opprobre ?
Détruire et massacrer, génocide voulu,
Détruisent pour toujours l’idée d’un peuple élu,
Fermement convaincu de n’avoir jamais tort.
Karim méritait-il un aussi triste sort ?

Ô vil fascisme qui tue
L’enfant courant dans la rue.
Ô vil fascisme assassin
Des beaux rêves du matin.

Ô toi, grand Picasso, n’as-tu pas trop dormi,
Toi qui as su montrer le cheval et son cri,
La mère et son enfant, par le fer massacrés,
Afin que ces martyrs ne soient pas oubliés ?
Il te faut aujourd’hui reprendre tes pinceaux,
Et décrire l’horreur de ces vastes tombeaux,
Que forment maintenant ces immenses gravats,
De ce qui fut hier la rebelle Gazah.

Ô vil fascisme qui tue
L’enfant courant dans la rue,
Ô vil fascisme assassin
Des beaux rêves du matin.

Jacques Ducol – Retirada 37 – Saint-Pierre-des-Corps

25/12/2023

2 décembre 2023, 16h : Rencontre avec Raynal Pellicer et Titwane autour du récit illustré. Photographes de Guerre.


L’association Retirada 37 et la librairie L’Oiseau-Vigie organisent samedi 2 décembre à 16h à la salle de la Médaille une rencontre autour de l’histoire de la photographie et de la guerre d’Espagne.

Raynal Pellicer et Titwane se sont en effet plongés dans l’histoire de deux jeunes photographes Allemands, opposés à Hitler, venus à Barcelone à l’été 1936 pour couvrir les Olympiades populaires et qui vont témoigner de cette période de retournement pour la République Espagnole.

Réalisateur de documentaires, films et courts-métrages, Raynal Pellicer est aussi passionné de photographie. La Guerre d’Espagne étant marquée par une couverture photographique nouvelle du fait de l’apparition des appareils portables, son intérêt pour l’histoire de Hans Namuth et Georg Reisner est une évidence.

Il a par ailleurs déjà travaillé avec le corpopétrussien Titwane sur d’autres ouvrages consacrés à la police et à l’armée.

La rencontre se tiendra à la salle de la Médaille, 7 avenue de la République à 16h. Elle sera suivie d’une séance de dédicaces. La rencontre est gratuite, on n’est pas obligé d’acheter le livre. Merci à la mairie de Saint-Pierre-des-Corps qui met la salle à disposition.

Renseignements à la Librairie L’Oiseau-Vigie au 02 47 41 28 36 ou bonjour@librairieloiseauvigie.com.

Raynal Pellicer et Titwane, Photographes de guerre, Albin Michel, Octobre 2023, 22,90€

Autres ouvrages des mêmes auteurs :

Le Charles de Gaulle, immersion à bord du porte-avions nucléaire, Editions de la
Martinière, 2020

Brigade des mineurs, immersion au cœur de la brigade de protection des mineurs, Editions de la Martinière, 2017

Brigade Criminelle, immersion au cœur du 36, quai des orfèvres, Editions de la Martinière,2015

Enquêtes Générales, immersion au cœur de la Brigade de Répression du Banditisme,
Editions de la Martinière, 2013

Photographies et travail humanitaire avec Les Réfugiés de la Guerre d’Espagne

Exposition « Philippe Gaussot.

Du 28 octobre 2023 au 18 février 2024

Vernissage : samedi 28 octobre à 12h

Adresse : Carrer Major, 43, 17700 La Jonquera, Girona

Horaire: du mardi au samedi, de 10 à 18h, ainsi que les dimanches et jours fériés de 10 à 14h.

Fermé le lundi

Commissaire de l’exposition: Felip Solé

Collaboration : Famille Gaussot et Association 24 d’Aôut 1944 (Paris)

Le photographe et militant humanitaire français Philippe Gaussot (Belfort, 1911- Chamonix, 1977) a joué, témoin avec son appareil photo, de différents épisodes de la guerre d’Espagne liés à l’aide humanitaire, comme l’organisation de camps d’enfants en France et le soutien aux réfugiés entrant en France. en février 1939.

A la fin de la guerre civile espagnole, aidé par plusieurs camarades catalans et basques, il traverse souvent la frontière pour ravitailler les républicains embourbés dans les désastres de la guerre. En février 1939, il effectue son dernier voyage clandestin et revient dans un camion chargé d’enfants et de femmes : « Notre dernier voyage fut à Puigcerdà, où j’ai conduit un camion de sept tonnes, avec l’aide de deux miliciens, dans des rues minées ». Déjà en France, Philippe Gaussot et le Comité National Catholique animent plusieurs camps de concentration et contribuent à la création d’établissements pour accueillir femmes et enfants. Lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, ne pouvant être mobilisé en raison de problèmes de santé, il est nommé délégué national du Comité où il est chargé de la reconversion des exilés. Il transformait ainsi des avocats ou des commerçants en tourneurs ou en experts en sinistres. Il participe également activement à la résistance contre les nazis et s’engage dans les F.F.I (Forces françaises de l’intérieur). A la fin de la guerre, Philippe Gaussot s’installe dans les Alpes, à Chamonix, où il travaille comme journaliste à Le Dauphiné Libéré jusqu’à sa mort.

L’exposition présente une sélection de photographies de Philippe Gaussot découvertes par son fils Jean-Philippe Gaussot dans une valise après la mort de son père.

Par l’intermédiaire de Felip Solé, réalisateur et cinéaste, les négatifs furent confiés à l’association 24 Août 1944 à Paris. Toute cette équipe, avec la complicité de l’historien Gregory Tuban, a travaillé avec le MUME pour pouvoir montrer pour la première fois en Catalogne cette sélection de près d’une centaine de photographies.

L’exposition est divisée en deux parties. D’une part, la série de photos Philippe Gaussot et les camps d’enfants du Comité national catholique (1937-1940) représente l’accueil des enfants basques et catalans envoyés en France pour échapper aux horreurs de la guerre. Loin du bruit des fusils, ils ont pu retrouver le sourire sur les bancs de l’école ou en effectuant des tâches et des jeux collectifs. D’autre part, La Retirada i les camps (1939) montre les chemins et les circonstances difficiles de l’exil des réfugiés républicains. Gaussot a suivi pas à pas l’exode, en plein mois de février, sur des sentiers de montagne enneigés, pour atteindre un hypothétique refuge en France. L’accueil sera très décevant puisque, notamment les militaires de l’Armée populaire de la République, devront dormir sur les plages glacées des camps de concentration de Roussillon, fermés par des barbelés, gardés par des militaires armés, des spahis sénégalais, algériens et des gendarmes.

Ces négatifs représentent un témoignage exceptionnel et ont la qualité photographique des meilleurs photographes de l’époque. Malgré sa fonction de témoignage, relative à l’œuvre humanitaire liée au Comité national catholique, organisation d’aide religieuse dont il était représentant et délégué, ils transmettent au public non seulement le désordre de l’exode ou l’inquiétude et l’angoisse de ces gens, mais aussi la fierté, la dignité et surtout la combativité.

Plus d’information sur Philippe Gaussot:

Web Gaussot (Jean-Philippe Gaussot) https://www.gaussot.eu/

Ces femmes qui ont pris les armes pendant la guerre d’Espagne

 Qu’elles aient été écartées de la ligne de front ou rayées des mémoires, on savait jusqu’ici peu de choses sur les militantes espagnoles entre 1936 et 1939. Une lacune que viennent heureusement combler deux récents ouvrages.

La participation des femmes à  la guerre civile espagnole  entre 1936 et 1939 demeurait un angle encore peu étudié par  les chercheurs . Comme une représentation de la misogynie de la société masculine de l’époque. S’ajoutent à cela les particularités des combats en  Espagne , des milices transformées en armée régulière jusqu’à l’interdiction totale de la présence des femmes sur le front le 1er décembre 1936. Si Ken Loach avait, dans son film  Land and Freedom , évoqué cet aspect, peu d'éléments permettaient d’en comprendre réellement les enjeux et l’importance. Deux ouvrages viennent utilement combler cette lacune.

«Les Combattantes», la puissance des femmes espagnoles

Les Combattantes , de Gonzalo Berger et Tània Balló est un livre passionnant, écrit par deux spécialistes de  la participation des femmes  dans la guerre civile espagnole. Leur propos est centré sur  la Catalogne , dans une remarquable synthèse des informations existantes.

L’historien et l’autrice commencent par analyser l’organisation de femmes libertaires espagnoles  Mujeres libres . Ce groupe, fondé en 1933, était d’abord une structure féministe avant de se transformer, en 1936, après la victoire du Frente Popular, en organisation politique. Son but était d’obtenir  l’émancipation des femmes par l’alphabétisation  –l’Espagne comptait alors plus de 50% d’illettrées– par la dénonciation du  capitalisme, la lutte contre  la prostitution  et, enfin, par la recherche de  l’égalité  entre les sexes.

Particulièrement active en Catalogne et à Madrid, l'organisation a également appelé à rejoindre le front et à combattre. Mais cet espoir égalitaire a été de courte durée: lors de la militarisation  des groupes de volontaires en octobre 1936 , elles ont été renvoyées à l’arrière. Le groupe Mujeres libres n’a jamais été reconnu comme l’un des noyaux centraux du mouvement libertaire espagnol.

Les deux spécialistes se penchent ensuite sur la participation des femmes à  la bataille de Barcelone  (du 29 juin au 3 juillet 1642), faisant apparaître le caractère quasi légendaire de certaines combattantes,  à l'image de Marina Ginestà , immortalisée le fusil à l’épaule, dominant Barcelone.

Exhumant le poids des femmes dans les familles politiques, Gonzalo Berger et Tània Balló passent en revue les quelques dizaines de  communistes  engagées: des figures comme la sous-lieutenante Rosa Domènech ou la combattante Maricruz Carrasco, les 160 combattantes de  la colonne Durruti  en Catalogne, ou les 109 militantes du  Parti ouvrier d’unification marxiste (le POUM)  de Barcelone. Ils évoquent enfin les femmes victimes de la répression franquiste  fusillées à Montjuïc , la prison militaire de Barcelone, en 1939.

«¡Solidarias!», portraits des internationales militantes

Cette  lecture  peut être complétée par celle de  ¡Solidarias! , ouvrage coordonné par l'historien Édouard Sill. Le livre est né d’un colloque consacré aux volontaires étrangères et à la solidarité internationale féminine durant la guerre d’Espagne, organisé par les  Amis des combattants en Espagne républicaine . Il privilégie quatre thèmes: le retour sur l’histoire et le traitement de la question de la présence féminine; la place des volontaires; la solidarité féminine à l'étranger; et le rôle des intellectuelles. Les contributions rassemblées se penchent sur ce champ méconnu du soutien à la République espagnole.

L’engagement des femmes dans la solidarité internationale –dans les organisations de soutien  aux anarchistes  ou au groupe marxiste du POUM, sur un plan numérique (un peu plus de 600 engagées sur quelque 40.000 volontaires), recouvre plusieurs aspects.

La division sexuée du conflit faisait que les femmes étaient renvoyées à des métiers spécifiques comme celui d’infirmière . La consultation du  Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français , fondé par l’historien Jean Maitron, montre que sur 9.000 Français partis en Espagne, il y avait 96 femmes. L’immense majorité était présente à l’arrière; seules quelquesmilitantes, surtout dans les premiers mois, ont participé aux  combats .

Ce cas de figure se retrouve également chez les volontaires américaines: dans  la Brigade Abraham Lincoln , les femmes étaient surtout vouées au rôle d’infirmière. C’est  Fredericka Martin , infirmière de formation, qui coordonnait l’envoi puis le placement des 116 volontaires (sur les quelque 3.000 combattants nord-américains) dans les dispensaires. Il en est de même pour les Pays-Bas: sur plus de 700 volontaires, 22 femmes se sont rendues en Espagne, principalement pour travailler en tant qu’infirmières. Et sur les 3.500 volontaires italiens, 55 femmes ont participé aux soins.

La photographe Gerda Taro, compagne de Robert Capa, a porté une attention toute particulière à l’engagement
des combattants.

L’ouvrage souligne également que  les femmes  avaient des qualifications plus élevées que leurs homologues masculins, appartenant pour le quart d’entre elles à des groupes sociaux privilégiés, ce qui a conduit à les écarter du front pour qu’elles servent ailleurs –dans le domaine médical déjà évoqué, ou au sein de services de traduction ou de rédaction.

La solidarité internationale organisée depuis l’étranger est aussi analysée. L’étude de l’organisation libertaire  Solidarité internationale antifasciste  et de celle contrôlée par le Parti communiste français,  le Secours rouge , vient souligner la faible visibilité des femmes, à l’exception de quelques figures souvent mises en avant dans ces organisations:  Paula Feldstein  pour la maison d’enfants de la Solidarité internationale antifasciste; et Agnès Dumay  dans le cas du Secours rouge, devenu populaire, morte sous les bombes franquistes en décembre 1938, alors qu’elle organisait le départ d’enfants.

Le rôle des intellectuelles et des  artistes  parties en Espagne est également abordé dans ¡Solidarias! L’engagement de  la photographe Gerda Taro , alors compagne de  Robert Capa , est mis en valeur, l’ouvrage soulignant  l’attention toute particulière  qu’elle a portée à l’engagement des combattants. Certaines de ses photos sont aujourd’hui devenues iconiques. Sa mort près de la ligne de front en 1937 a encore renforcé la légende.

De même, l’article portant sur la reporter de guerre  Martha Gellhorn souligne l’importance du  journalisme  dans cette guerre civile. Son itinéraire, de l939;Espagne jusqu’en 1939;au Panama,  où est intervenue l’armée américaine en 1989 , en passant par la Pologne  occupée par l’URSS  en 1939, vient souligner la continuité de son combat pour la reconnaissance des droits humains.

D’autres femmes se détachent, comme la philosophe  Simone Weil, partie combattre , mais qui, victime d’un accident et en raison de sa myopie, a étéobligée d’être rapatriée précipitamment.

Il est possible d’observer une constante dans tous ces récits: les divisions dans le camp républicain entre socialistes,  anarchistes  et poumistes, et communistes en troisième lieu, sont particulièrement marquées, perceptibles dans tous les articles. L’exemple de l’aide médicale est particulièrement révélateur: d’un côté, il y avait  la Centrale sanitaire internationale , organisée par le Komintern (l’Internationale communiste); de l’autre, les socialistes et les membres de la  Fédération syndicale internationale  organisaient leur propre hôpital; et c’était également ce que faisaient les libertaires et les marxistes du POUM.

Sylvain Boulouque  

Édité par Natacha Zimmermann

L’antifascisme cultivé en chansons

Musique : Le groupe toulousain El Comunero fait vivre la mémoire des résistances antifascistes, notamment celle du peuple espagnol au franquisme. Un travail au long cours que perpétue un nouvel album gracieux, Raíces y Semillas, dialogue captivant entre passé et présent.

La chanson a cette vertu singulière de tisser un lien entre hier et aujourd’hui en rendant le mémorable mémorable. C’est ce que font depuis quinze ans les Toulousains d’El Comunero, menés par le chanteur et guitariste Tomas Jimenez. Un groupe ? Plus, un projet. Avec pour viatique l’histoire des luttes antifascistes à travers la plus exemplaire qui soit, celle de la résistance du peuple espagnol au franquisme. C’est que le matériel source est sublime. Rarement lutte aura offert autant de chansons admirables, ritournelles de tranchées devenues hymnes internationalistes ou grilles harmoniques pour jazzmen. Après avoir investi ce répertoire dans deux albums fébriles, El Comunero, en 2008, et Sigue Luchando, en 2012, le groupe a exploré le registre des frères lutteurs latino-américains avec Son de la Barricada, en 2017. Ils reviennent aujourd’hui avec Raices y Semillas ( roots and seeds), le quatrième opus dans lequel le groupe s’essaie à la composition. « Il était temps de passer à une autre étape en écrivant nos propres chansons », reconnaît Tomas Jimenez, qui a pourtant souhaité inclure dans cet album deux chansons du poète et musicien communiste argentin Atahualpa Yupanqui et du chanteur espagnol Chicho Sánchez Ferlosio.

S’inscrire dans le monde contemporain

Ses racines, Tomas Jimenez les entretient avec ferveur. Le projet El Comunero germe à la mort de son grand-père. C’est lui, militant communiste et combattant républicain, qui a donné au groupe le nom que lui ont donné ses camarades anarchistes, que l’on pourrait traduire par coco ou communard. Un stigmate sympathique que le petit-fils porte fièrement. Le projet trouve rapidement des prolongements militants : le musicien écrit des nouvelles, fréquente les écoles de Lille à Marseille, va jusqu’à composer la musique d’un documentaire, Opération Boléro-Paprika, sur les arrestations coordonnées par le gouvernement français de communistes en 1950, dont beaucoup d’Espagnols. « J’ai commencé à rencontrer des témoins, à travailler avec des historiens, des auteurs, à rencontrer des maquisards et guérilleros qui m’ont appris de nouvelles chansons, souvent inédites et jamais enregistrées. Un ancien de la colonne Durruti nous a même envoyé trois chants, chantés a cappella, qui n’avaient jamais été conservés. Là, ça a pris une autre dimension. »

Raices et Semillas se précipite avec la promenade de Cara Quemada, une composition subtile où l’accordéon s’entrelace avec la basse de la clarinette basse. La chanson raconte en espagnol le destin de Ramon Vila Capdevila. Ce militant anarchiste, emprisonné avant d’être libéré par le gouvernement du Front populaire, alors engagé contre le franquisme et dans la Résistance française, refusa les honneurs pour revenir hanter les montagnes catalanes et y finir assassiné en 1963. « Il n’y avait jamais eu de chanson sur cette vie difficile qui ressemblait à un western. C’est le guérillero ultime, l’un des derniers à tomber. », se souvient Tomas Jimenez. Dans Rosario Dinamiterale groupe reprend les vers du poète Miguel Hernandez dédiés à Rosario Sanchez Mora, combattante de l’armée républicaine, qui perdra une main au front.

Du côté des semences, la chanson Bienvenue à Guernica raconte, l’auto-organisation d’une banlieue de Buenos Aires face aux spéculateurs pendant la pandémie. « Depuis qu’ils avaient choisi Guernica comme nom du quartier, je me suis dit que cette nouvelle expérience devait être racontée. » Avec Daloy Politseyles musiciens s’indignent en français de l’universalisation de la répression policière. « En faisant appel à un chanteur grec (Andreas Melas), un chanteur espagnol (Vicente Pradal) et un chanteur russe (Mitia Khramtsov), nous avons voulu souligner que cette question est partout prégnante. »

Cet album ne cache-t-il pas une volonté de s’inscrire davantage dans le monde contemporain ? « Cela a toujours été l’objectif du processus.corrige Tomas Jimenez. Quand on voit le virage ultra-réactionnaire en Europe, ou quand on tombe sur des textes qui parlent d’exil et de réfugiés, ça me fait penser à ce qu’ont vécu mes grands-parents. Il y avait l’envie de montrer que cette histoire continue, qu’on la retrouve dans d’autres pays, à d’autres époques. » Cultiver ses racines et planter des graines, une œuvre d’intérêt général sublimée par une musique envoûtante.

Humanité du 30 décembre 2022

Clément Garcia