Archives de catégorie : Histoire

L’Espagne toujours déchirée face à la mémoire du franquisme

 

“Franco n’a pas été jugé et ne le sera jamais” : c’est le point de départ de la réflexion de l’historienne Sophie Baby, et peut-être le début de la malédiction de l’Espagne lorsqu’elle se confronte à sa mémoire.

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https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-internationaux/l-espagne-toujours-dechiree-face-a-la-memoire-du-franquisme-2830860

 

 

 

 

 

Parce que nous n’oublierons jamais. …

Les religieux, supplétifs de tous temps des fascistes…

En 1939, la lutte du peuple espagnol contre le coup d’etat fasciste touche à sa fin. anarchistes et communistes paient leur défaite face à la troika brune franco/hitler/Mussolini .

Dans la prison de Ventas, dirigée par des religieuses, Hortensia, Elvira et Tomasa attendent de connaître leur sort. A l’extérieur, leurs familles et leurs amis vivent dans l’angoisse.

Peu à peu, avec la discrétion de ceux qui se sentent épiés, des liens se tissent, des histoires se racontent…
Et celles qui se savent condamnées formulent un dernier vœu : n’être jamais oubliées. Grâce à ce récit bouleversant, elles sont enfin exaucées.

Leny Escudero, vieux Gavroche

Leny Escudero, 65 ans, chanteur, reste fidèle à son enfance réfugiée, à l’anarcho-communisme et aux amourettes.

Le chanteur français Leny Escudero (né Joaquim Leny Escudero le 05 novembre 1932 à Espinal en Espagne) est photographié, le 27 mars 1985 lors de son concert au théâtre de Paris. Leny Escudero a composé quatre chansons devenues d’immenses succès populaires « Pour une amourette », « Ballade à Sylvie », « Parce que tui lui ressembles » et « Vingt ans après ».
(FILM) AFP PHOTO/JEAN-LOUP GAUTREAU

Aux autres, il sert du saumon fumé. Lui, il préfère les maquereaux au vin blanc. Les tranches de pain blanc sont larges et denses. Il n’y touche pas. Leny Escudero n’est pas de ceux qui festoient dans les décombres pour oublier les amours éventrées, les espoirs défenestrés et l’hébétude de la mort qui veille. Avec cette frugalité fiévreuse qui le fait ressembler à un lanceur de couteaux sur cibles puissantes, il continue à faire ronfler des colères anarchistes, des violences impies, des compréhensions populaires.

Chanteur à succès au début des années 60, Escudero a taillé sa route, farouche et fleur bleue. La maison de production qu’il avait montée a périclité, les radios et télés l’ont oublié, il a généreusement distribué ses droits d’auteur à son clan, mais il insiste. En artisan, il a enregistré quatorze albums originaux et vient de sortir un recueil de chants révolutionnaires nappés de trop d’accordéon. Après «avoir fait plus de galas de soutien que personne, et des vrais, au petit matin à la porte des usines, pas à la Mutualité pour soigner son image de grande conscience de gauche» (dixit un producteur), il remplit toujours des salles de 600 à 1 000 personnes.

Ce samedi au Bataclan, il va à nouveau se planter derrière le micro et rester là, comme statufié, avec juste les mains qui exigent. Un connaisseur: «Il est de sa génération. Il a un jeu de scène minimal. Mais ça passe. Il est comme habité. Edith Piaf non plus ne bougeait pas.» Escudero a 65 ans et une allure de jeune homme. Il promène une silhouette séchée à coups de trique, ceux qu’on évite à la Gavroche et qu’on salue d’un bras d’honneur, ceux qu’on rend façon loulou de Belleville d’après guerre: «Pour un oeil, les deux yeux. Pour une dent, la mâchoire.» Il affiche une dégaine de Géronimo descendu des fortifs en jean’s et cuir, une sombre indépendance de Gitan vraiment pas enfant des Saintes-Maries («Je m’en fous des racines et des origines», assène-t-il), une stricte force de conviction de commis voyageur de l’insoumission.

Il y a bien un peu de gris dans les cheveux toujours longs qui, avant les Beatles, fascinaient déjà les jeunes filles. Il y a bien la chiennerie de cet oeil qui coule en cataracte. Mais se dégage une impression de temps qui ne passerait pas. Ce n’est pas la constance du bonhomme qui lui a évité l’empâtement des renoncements. C’est plutôt qu’il a été vieux si tôt, si jeune, si durement, qu’il n’y a plus à y revenir. Il a 5 ans. C’est la guerre d’Espagne dans ce village du pays basque. Le père est bûcheron et républicain. «Parce que, dit Escudero, les autres s’étaient réjouis qu’on ne sache ni lire ni écrire.»

Ailleurs, les enfants vont chercher le lait à la ferme, lui ramène des cartouches. La nuit, il dort avec ses chaussures, «pour pouvoir fuir à tout moment». Des types des Brigades internationales débarquent. On leur fait fête, un avion les mitraille. Le père soulève le drap blanc qui recouvre les cadavres et ordonne: «N’oublie jamais. Ils sont morts pour que tu sois libre.» Il a 6 ans. C’est l’exil. Le père est en camp de concentration à Argelès. Lui, déjà, décampe. Il franchit la frontière espagnole en douce.

Echoue en Mayenne. Des mois durant, il fait vivre sa petite soeur en prélevant sa dîme sur le rata d’une base militaire. Il a 12 ans. ça tiraille en tous sens. Celle qu’il appelle sa «petite mère» ne veut pas abandonner son seul bien, sa batterie de casseroles. Il l’accompagne, passant et repassant la ligne de front, voltigeur de ses peurs, reproche excessivement vivant pour l’époque voleuse de jeunesse. Le père rentre enfin. Embauche comme manoeuvre. La vie reprend, miséreuse mais tendre. Escudero: «J’interdis à quiconque de dire que j’ai eu une enfance malheureuse…» Souvent, pourtant, il disparaît. Gamin de grand chemin, il se fait chapardeur d’insouciance. Il modère: «Ce n’étaient pas des fugues. J’avais faim, et mon père, scrupuleusement honnête, ne supportait pas qu’on se livre à de petites rapines dans les fermes.»

Avec l’école, il entretient des rapports contrastés. Il abhorre l’autorité des maîtres autant qu’il dévore une culture neuve, lui l’exilé à la langue perdue. Il se châtaigne avec l’instituteur qui prépare au certif et ne cesse de lui montrer la porte. L’y attend l’institutrice qui le fait entrer dans le logement de fonction et lui sert du chocolat chaud. Devenu «vedette de la chanson», la télé permettra à Escudero de lancer un avis de recherche et de dire sa gratitude à ses enseignants et à «l’école laïque, obligatoire et gratuite qu’on est en train de foutre en l’air».

Pourtant, ce lecteur de Kafka, de Céline, de Perec, se forme à la diable, dictionnaire en main. Mais ses connaissances de bric et de broc ne lui obscurcissent pas l’esprit. Un copain: «Je n’ai jamais vu un autodidacte à la pensée si claire.» Déjà à l’adolescence, ses chansons sont sur l’établi. Aucun terme précieux, aucune poudre aux yeux. Lui qui disait «les riches nous ont volé les mots, il faut les leur reprendre» explique au magazine Chorus: «J’essaie de savoir pourquoi j’ai refusé de m’en servir. Comme s’ils les avaient salis…» Donc, il fait très, très simple. Et ça donne Pour une amourette, où il rime: «Une petite amourette/ Faut la prendre comme ça/ Un jour, deux peut-être/ Longtemps quelquefois/ Va sécher tes larmes/ Un nouvel amour/ Te guette et désarme/ Les peines d’un jour.»

Autre expérience fondatrice: les années ouvrières. Il a 17 ans. Il monte à Paris, s’installe à Belleville «où il faut se la donner pour avoir le droit de marcher sur le trottoir». Il veut être carreleur. Il n’y connaît rien, se met en cheville avec un vieux compagnon fatigué. Echange sa vigueur contre son savoir. Et l’anarchiste «qui a toujours refusé de marcher derrière un drapeau, même noir», découvre la fraternité de la pelle et de la pioche, avec le communisme en prime paradoxale. Il dit:«J’aime moins le PC que les communistes. On n’a pas fait de petits, mais on a vécu à la colle.» Il vote rouge, fait un triomphe à la fête de l’Huma avant de ne plus y être invité, et colle des boutons à la direction, en prônant l’eurocommunisme ou en reprochant à Jeannette Vermeersch d’être contre la pilule. Antistalinien de toujours, cet admirateur d’Arthur Koestler savait très tôt pour le goulag, quand un copain de son père avait raconté son retour d’URSS. Alors, cet actuel supporteur de Robert Hue stigmatise ces «salauds qui ont trahi», maisil veut croire que Marx n’est pas mort, que «les quatre, cinq types qui stockent le blé pour faire monter les cours et qui affament la planète» ne peuvent s’exonérer de leurs responsabilités en poussant en avant les dictateurs du peuple.

Il fait sombre dans la maison perdue au fond des bois. Il y a des bougies allumées, des citrouilles sur l’escalier, la tête de Guevara au mur, et Leny E. en photo avec Léo F. Reviennent les ombres de cette châtelaine qui voulait le lancer dans le monde et avait invité l’ambassadeur franquiste à qui il avait réglé théâtralement son compte du haut de ses 17 ans. De ce flic qui, le coffrant après la dramatique manif d’octobre 1961 pour l’Algérie, lui disait: «J’aurais aimé avoir un fils comme toi.» De ses parents et de la tête qu’ils firent quand la fratrie leur offrit une maison neuve. Revient aussi ce rêve qu’il fait souvent: «Vider une banque. Distribuer les sous. Supprimer l’argent.»

https://www.liberation.fr/musique/1997/11/29/leny-escudero-65-ans-chanteur-reste-fidele-a-son-enfance-refugiee-a-l-anarcho-communisme-et-aux-amou_219711/

El abismo del olvido – L’abîme de l’oubli

« L’oubli est l’abîme qui sépare la vie de la mort. »

Le peuple espagnol n’en finit pas de récupérer la mémoire historique de la guerre civile et de solder les comptes avec son passé tragique. Ainsi, près de 85 ans après la fin de la guerre civile et après plus de quatre décennies de démocratie, le pays demeure jonché de centaines de fosses communes qui abritent des dizaines de milliers de restes d’êtres humains qui attendent de sortir, un jour peut être, de l’oubli auquel les avait condamné le régime franquiste.

Cette question douloureuse est le sujet du roman graphique El abismo del olvido, réalisé par Paco Roca et Rodrigo Terrasa. Originaires de Valence, les deux auteurs ne sont pas des inconnus en Espagne. Paco Roca s’est imposé depuis deux décennies comme l’un des meilleurs dessinateurs de romans graphiques de son pays, tandis que Rodrigo Terrasa est un journaliste chevronné qui travaille depuis 22 ans pour le grand quotidien espagnol El Mundo. C’est ce dernier qui est à l’origine du projet de ce roman graphique et qui en est le scénariste principal.

El abismo del olvido suit le combat obstiné de Pepica Celda pour récupérer les restes de son père, José Celda, agriculteur républicain fusillé en 1940 et enterré dans une fosse commune, dans le cimetière de Paterna. Située dans la province de Valence, Paterna abrite dans son cimetière 135 fosses communes où ont été enterrées plus de 2.200 personnes fusillées entre 1940 et 1945, victimes de la terrible répression franquiste de l’après la guerre civile. Le scénariste a donc fait un travail préalable de recherche historique, afin de coller le plus possible à la vérité des faits et des personnages.

Le roman graphique est divisé en une quinzaine de chapitres entrelaçant deux trames narratives : l’une située au début des années 40, au plus fort de la répression franquiste, l’autre basée en 2013, au moment de l’excavation de fosses communes dans le cimetière de Paterna. Cette structure narrative binaire permet un va-et-vient constant entre passé et présent qui est l’essence même du fonctionnement de la mémoire. Cela permet de suivre les péripéties et les enjeux de la course contre la montre entreprise contre l’oubli par Pepica Celda, afin de donner à son père une digne sépulture et ainsi, accomplir une promesse faite quand elle était enfant, quelque 70 ans plus tôt…

Outre celui de Pepica, les auteurs dessinent quelques autres beaux portraits. Celui de Leoncio Badía, le fossoyeur humaniste, occupe une place essentielle : républicain, il échappe de peu au peloton d’exécution et doit en échange exercer les fonctions de fossoyeur dans le cimetière de Paterna, chargé d’enterrer les fusillés dans les fosses communes. Pendant près de 5 ans, il accorde un soin particulier aux corps des défunts, laisse des traces dans l’espoir de leur identification future et aident les familles à faire leur deuil. Personnage hors du commun auquel les auteurs rendent ici justice. Celui de l’archéologue enceinte, symbolisant ainsi en sa personne le lien entre le passé, le présent et l’avenir, qui apporte le recours de la science archéologique et son engagement citoyen, deux éléments indispensables pour mener à bien cette entreprise de récupération de la mémoire. Enfin, comment ne pas mentionner le personnage collectif des femmes, mères, veuves et soeurs, toutes victimes mais courageuses et solidaires, empêchées pendant des décennies de faire leur deuil ?

Gilles Legroux https://clio-cr.clionautes.org/el-abismo-del-olvido-abime-de-loubli.html

El abismo el olvido est donc un roman graphique à la fois instructif et par moments poignant. Le soin particulier apporté à la documentation historique par le scénariste en fait une belle leçon d’histoire sur cette page sombre du passé de l’Espagne et permet également d’éclairer les enjeux politiques et culturels de cette question mémorielle. J’en recommande vivement la lecture à tous les hispanisants et hispanisantes qui s’intéressent à l’histoire contemporaine de l’Espagne.

Paco Roca, Rodrigo Terrasa

Bilbao, Astiberri Ediciones, 2023, 23,75€

Les travailleurs esclaves des franquistes dans les Pyrénées navarraises : « Ils ont séché jusqu’à ce qu’ils meurent »

Plus de 2 000 prisonniers ont été contraints de travailler dans des conditions extrêmes à la construction de la route reliant les vallées de Roncal et de Salazar dans les Pyrénées. Leurs familles ont intenté la première action en justice pour travail forcé pendant la dictature

Les larmes aux yeux, Agurtzane se souvient du temps qu’il a fallu à son père, Rafael Gorroño, pour lui dire qu’il était un travailleur esclave sous Franco. C’était alors qu’elle était déjà adulte lors d’un voyage qu’ils avaient déjà fait à Roncal (Navarre). Mais cette fois, il lui a demandé s’ils pouvaient se rendre à Vidángoz, une ville située au cœur des Pyrénées navarraises, à environ 11 kilomètres de Roncal. « C’est à ce moment-là qu’il a commencé à nous dire qu’il était prisonnier et qu’il construisait une route. » L’histoire de Rafael est celle de milliers de prisonniers du régime franquiste qui ont été utilisés comme esclaves pour construire des infrastructures dans toute l’Espagne dans des conditions extrêmes et d’exploitation. Vendredi, une dizaine de familles ont déposé leur première plainte pour travail forcé pendant la dictature.

Quelque 15 000 prisonniers ont travaillé pendant les premières années de la dictature franquiste à la fortification de la frontière avec la France avec la construction de quatre routes, ainsi que de structures défensives telles que des bunkers qui ont été placés sur toute la longueur de la frontière. Pour ce faire, on utilisait des prisonniers du côté républicain qui se trouvaient dans des camps de concentration et qui étaient organisés en bataillons. La grande majorité d’entre eux étaient connus comme des « mécontents », des personnes qui ne soutenaient pas le nouveau régime franquiste, mais qui n’étaient pas accusées de crimes graves contre le régime et, sans être jugées, étaient utilisées pour ces tâches qui ont duré des années, comme le raconte l’historien et professeur à l’Université publique de Navarre Fernando Mendiola. qui est également l’auteur du livre « Esclaves du franquisme dans les Pyrénées », où il se plonge dans l’histoire des bataillons de travailleurs forcés pendant la dictature en Navarre.

C’est le cas de Juan Manuel Esteban Rico qui, après avoir combattu sur différents fronts, a été arrêté à Vic en décembre 1937. Après être passé par différentes prisons franquistes et le camp de concentration de Miranda de Ebro, il est transféré à Vidángoz en juillet 1940 pour travailler sur la route qui relie les vallées de Roncal et de Salazar dans les Pyrénées navarraises, l’Igal-Vidángoz-Roncal, longue de 17 kilomètres. « Mon père m’a dit qu’il avait de la chance ; d’abord, pour avoir été étiqueté comme mécontent lorsqu’il avait été lieutenant du côté républicain ; et plus tard, parce qu’il avait étudié l’ingénierie minière, il a été chargé de la conception de la caserne et de la garde des outils de travail », explique son fils Valentín.

Les conditions dans lesquelles ils travaillaient et vivaient étaient extrêmes et précaires, les pioches, les pelles et les marteaux étant le seul matériau pour broyer la pierre et construire les routes. En plus d’être privés de liberté – ils étaient constamment gardés par des soldats armés – ils avaient faim, avaient froid et dormaient entassés dans des baraquements et même des tentes en tissu au cœur des Pyrénées. « Des hommes grands et forts qui séchaient et séchaient jusqu’à ce qu’ils meurent », a expliqué José Barajas Galindo, l’un des prisonniers, dans une lettre à sa famille. Il a ajouté : « Parfois, le compagnon avec qui je dormais à côté, sur la même couchette, était vivant la nuit précédente et le matin, il se réveillait mort. »

« Ils avaient très faim, mon père m’a raconté comment les hommes de grande taille pesant plus de 90 kilos en quelques mois perdaient du poids jusqu’à tomber malades », raconte Valentín Esteban. « Ils venaient manger des tiges de chou bouillies et d’autres racines », ajoute Emilio Elizondo, gendre du prisonnier Rafael Gorroño. L’un des témoignages recueillis par l’historien Fernando Mendiola dans son livre est celui de Félix, un autre prisonnier, qui raconte : « D’en haut, nous avons regardé de la route du camp pour voir s’il y avait de la fumée ; S’il y en avait, nous savions qu’il y avait de la nourriture, et s’il n’y avait pas de fumée, un autre jour, nous savions que nous n’allions pas manger !
Ainsi, beaucoup d’entre eux sont morts de maladies telles que la tuberculose. D’autres ont tenté de s’échapper et ont été abattus. Bien qu’il n’y ait que treize décès enregistrés de travailleurs sur l’autoroute Igal-Vidángoz-Roncal, on pense qu’il y en a eu davantage.

Au-delà de la faim et du froid, les proches s’accordent à dire que l’une des principales causes de souffrance est l’incertitude dont ils ont souffert parce qu’ils ne savaient pas comment allait leur famille et combien de temps il leur faudrait pour les revoir. « La mère de Rafael avait également été prisonnière, elle avait été mise à la prison pour femmes de Saturraran, près d’Ondarroa (Biscaye). Elle y est emprisonnée jusqu’en 1940 et meurt quelques mois plus tard. Il ne pouvait pas lui parler, il ne pouvait pas lui dire au revoir », se lamente son gendre.

Les prisonniers ne savaient pas combien de temps ils allaient rester dans chaque endroit et, en fait, ils étaient émus par différentes œuvres. Juan Manuel Esteban Rico a ensuite été emmené dans la ville de Rentería, dans la province de Gipuzkoa, et, après avoir été libéré, il a été envoyé faire son service militaire à La Corogne.

« Ils n’ont ni cornes ni queues »

L’isolement auquel ils étaient soumis a également été très dur, selon leurs proches. Bien qu’ils vivent dans le village, les voisins les regardent d’abord avec méfiance en raison de la propagande franquiste. « La phrase la plus impressionnante que j’aie jamais entendue est celle d’un enfant demandant à sa mère si nous étions les ‘rouges’, ce à quoi la mère a répondu oui, et il a répondu : ‘Eh bien, ils n’ont ni cornes ni queue’ », a déclaré le prisonnier Adenso Dapena à l’historien Fernando Mendiola.

Au fil des mois, la confiance et la relation avec les voisins se sont accrues au point qu’ils ont reçu des vêtements et de la nourriture. « Mon père a demandé à ma mère par lettre de lui envoyer du savon pour qu’il le donne à une femme de Vidángoz qui lavait son linge », explique Valentín Esteban, qui ajoute que l’un des prisonniers a même épousé une fille du village, selon ce que son père lui a dit.

Après plusieurs années de prisonniers esclaves, ceux qui ont survécu et ont été libérés ont été « marqués » pour le reste de leur vie et beaucoup ont eu du mal à trouver du travail parce que leurs dossiers indiquaient qu’ils étaient « mécontents ». C’est pourquoi leurs familles demandent aujourd’hui justice et reconnaissance pour eux en tant que victimes de la dictature.

Memòria Repressió Franquista.

Blog d’en Jordi Grau i Gatell d’informació sobre les atrocitats del Franquisme….. « Les voix et les images du passé se mêlent à celles du présent pour éviter l’oubli. Mais ces voix et ces images servent aussi à nous rappeler la lâcheté de ceux qui n’ont rien fait lorsque des crimes atroces ont été commis, de ceux qui ont permis l’impunité des coupables et de ceux qui, aujourd’hui, continuent d’être indifférents à l’impuissance des victimes » (Baltasar Garzón)

La xénophobie existait à Barcelone fin du XIXème siècle !!!

Cette xénophobie est traitée ici par l’historien britannique Chris Ealham, ce qui suit n’en est qu’un condensé de son livre « La lucha por Barcelona ». On voit que certains Barcelonais considéraient les gens de Murcia comme des immigrants s’ils venaient tenter de trouver une vie meilleure à Barcelone.
L’appel au rassemblement du 21 janvier 2024 nous rappelle qu’il ne faut pas oublier et qu’il faut :

« Mettre à bas la bête immonde !

La loi immigration distille un avant-goût idéologique d’extrême droite, d’idéologie fascisante en restreignant les droits aux immigrés, en inscrivant la préférence nationale dans la loi, en prônant la discrimination envers les étrangers. »

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Sobre la xenofobia de antes y la historia del presente:
« En 2005, el historiador e hispanista británico Chris Ealham publicó La lucha por Barcelona (Alianza Editorial), un libro en el que analizaba la protesta social, el conflicto urbano, las culturas de clase y la represión en uno de los centros revolucionarios más importantes del siglo XX. Ealham investigó las fuentes del poder anarquista en la ciudad, colocando a esta en el centro de la vida política, cultural, social y económica de España entre 1898 y 1937. Durante ese periodo, una variedad de grupos sociales, movimientos e instituciones competían entre ellos para imponer su propio proyecto urbano y político. Las autoridades centrales luchaban para retener el control de la ciudad española más rebelde; los grupos nacionalistas deseaban crear la capital de Cataluña; los industriales locales querían construir una urbe industrial moderna; las clases medias urbanas peleaban por democratizar la ciudad… Y, mientras tanto, los anarquistas buscaban terminar con la opresión y explotación a la que estaban sometidos los obreros. Todo ello desencadenó un torrente de conflictos, con frecuencia violentos, por el control de la ciudad, tanto antes como después de la Guerra Civil.
Hay algunos pasajes en la obra de Ealham que resultan especialmente reveladores sobre el concepto que ya algunos tenían del fenómeno de la inmigración en aquel tiempo. Especialmente con la que provenía del sur de España y específicamente sobre la procedente de la provincia de Murcia. Escribe al respecto: “Los murcianos eran el principal blanco de estas críticas, pese a representar tan sólo un porcentaje pequeño de la población inmigrante de Barcelona. Se les vilipendiaba de forma muy parecida a los irlandeses durante la Inglaterra victoriana, acusándoles de ser fuente de crimen, enfermedad y conflicto. Según el estereotipo del «murciano inculto», los inmigrantes eran una tribu inferior de degenerados, como los miembros «retrasados» y «salvajes» de las tribus africanas. Esta mentalidad de tipo colonial podía vislumbrarse en las viñetas de hombres y mujeres murcianos, donde aparecían como feos seres infrahumanos. Carles Sentís, un periodista republicano que publicó una serie de informes sobre La Torrassa («La pequeña Murcia») en L’Hospitalet, promocionó este tipo de actitud, resaltando las prácticas moralmente aborrecibles y la indisciplina general de los inmigrantes. Para Sentís, los inmigrantes eran una raza primitiva con una cultura «previa», que vivían en estado de naturaleza. En concreto, atribuía el origen de todos los problemas sanitarios y sociales de La Torrassa, como el tracoma y la delincuencia juvenil, a la promiscuidad de la mujer murciana y un «régimen de amor libre». Desgraciadamente, para el resto de los parados, estos inmigrantes «vegetantes» eran una carga «asfixiante» sobre unos recursos de asistencia social ya de por sí al límite de sus posibilidades: «Cuando llegan a la ciudad lo primero que preguntan es dónde está la oficina de beneficencia», «robando el pan a nuestros niños catalanes» y convirtiendo Barcelona en un enorme «asilo para pobres». De hecho, Esquerra afirmó querer hacer más por los parados, pero que temía que sólo lograría con ello «atraer a Barcelona a los parados de toda España»”.
Lees esto pasadas unas cuantas décadas y, cambiando algunas denominaciones, te traslada a nuestros días. Ese carrusel de frases hechas, de falsos estereotipos, del miedo sistemático al que viene de fuera, siempre enraizó en buena parte de la sociedad de este país. Ahora mucha de esa gente, protagonista de las nuevas oleadas migratorias, sigue viniendo del sur, pero de más al sur, ese que siempre estuvo ahí, necesitado y frágil en sus costuras, en contraposición a la pujanza que suele exhibir históricamente el vigoroso norte. La memoria, que es corta y, como decía Cortázar, siempre trabaja por su cuenta, esa que nos ayuda engañándonos o quizá nos engañe para ayudarnos. »