1936 : les premiers réfugiés espagnols arrivent

Ci- dessous, la reproduction d’une série d’articles parus dans « La Nouvelle République » (édition du Loir et Cher) entre juillet et août 2017 :

CARTE POSTALE PLACE DE LA REPUBLIQUE


La Halle aux grains de Blois abrita 160 petits Madrilènes – (Archives départementales de Loir-et-Cher)
Été 1936. La guerre civile éclate en Espagne et l’exil commence pour beaucoup d’habitants. Les premiers réfugiés, surtout des enfants, arrivent à Blois.

Grâce au Front populaire arrivé au pouvoir au printemps 1936, les Français profitent pour la première fois des congés payés. Au même moment, l’Espagne plonge dans la tourmente. La guerre civile éclate à la mi-juillet suite au soulèvement militaire dirigé par le général Franco contre la jeune République. Dans les semaines qui suivent, les combats autour de Madrid et au Pays Basque coupent pratiquement le pays en deux, entraînant les premiers départs de réfugiés vers la France. Dès le 18 août, comme l’indique Jeanine Sodigne Lostau dans sa thèse (*) , des réfugiés arrivent seuls ou par petits groupes en Loir-et-Cher et se présentent aux services de police.
Le dimanche 13 septembre 1936, plus de 160 enfants madrilènes sont accueillis en tenue de plage avec leurs accompagnateurs, en gare de Blois. Ils appartiennent à une colonie de vacances de Santander sur la côte cantabrique qui a été évacuée en urgence. Les autorités préfectorales et municipales leur proposent un repas servi au buffet de la gare et offert par le Bureau de bienfaisance. Puis les enfants sont conduits à la Halle aux grains où l’armée a installé des couchages. Le lendemain, les petits Madrilènes partent en promenade dans les rues de la ville puis sont répartis dans des lieux d’hébergement en l’occurrence l’hôtel d’Angleterre et son annexe située rue Foulerie ainsi qu’une ancienne école de garçons, place Louis-XII.

Un Blésois s’inquiète particulièrement de leur sort. Il s’agit de l’avocat Hubert Fillay qui, le 16 septembre, écrit au préfet : « En voyant passer les petits Espagnols réfugiés à Blois, il est impossible de ne pas éprouver un sentiment de pitié pour ces malheureux innocents et de ne pas se demander, aux approches de l’hiver, comment on subviendra à tous leurs besoins en vêtements chauds, linge, chaussures, aliments etc. »

Et le juriste de suggérer au représentant de l’État de réunir un comité d’accueil précédemment créé pour la venue de Canadiens et de lui faire lancer un appel à la population en faveur des petits réfugiés. Un couple d’origine espagnole et domicilié à Saint-Lubin (l’homme exerce la profession de carrier) se propose d’accueillir des enfants à son domicile. La communauté de la Providence à Blois se déclare, elle aussi, prête à en héberger. Finalement, les combats s’interrompent temporairement et les enfants peuvent regagner Madrid via la Catalogne.

En prévision de l’arrivée de nouveaux réfugiés, le préfet s’adresse aux principales communes pour dresser un inventaire de leurs capacités d’hébergement. La ville de Blois dispose alors de 280 places, celle de Vendôme ne peut offrir qu’un hébergement « très provisoire » pour 50 personnes.
Une nouvelle vague de civils arrive en France après le déclenchement de l’offensive nationaliste dans le nord de l’Espagne au printemps 1937. Cet afflux oblige les pouvoirs publics à rechercher d’autres lieux d’accueil. Ce seront principalement les communs du château de La Gaudinière à La Ville-aux-Clercs et le camp de Remonte de Selles-sur-Cher, deux sites qui accueilleront près de 1.000 personnes durant l’été 1937.

La municipalité de Selles-sur-Cher propose un haras militaire désaffecté qui peut abriter jusqu’à 500 personnes. Le camp de Remonte se compose d’une caserne, de hangars et de deux écuries qui seront transformées en dortoirs. D’après les recherches de Jeanine Sodigné Lostau (*), le lieu est décrit comme un « abri sommaire et peu recommandable ». « L’air et la lumière ne pénètrent que par une grande porte fermant mal. » Les réfugiés dorment dans des couchages rudimentaires disposés sur un sol en terre battue.
(*) L’immigration politique espagnole en région Centre de 1936 à 1946, Université Paris 7.

Réfugiés espagnols : l’exode s’intensifie


Le château de la Gaudinière à La Ville-aux-Clercs abrita dans ses communs 300 réfugiés entre juin et septembre 1937.

Au printemps 1937, la guerre civile redouble d’intensité en Espagne. Le Loir-et-Cher doit faire face à un afflux de plusieurs centaines de réfugiés.

Si dans les premiers mois de la guerre civile qui éclate en Espagne en juillet 1936, la France a pu accueillir des réfugiés sans trop de difficultés, la situation se complique à partir du printemps 1937. L’offensive des troupes franquistes sur la Biscaye et Bilbao pousse des milliers de civils à fuir vers la mer et la France. Le 27 avril, jour de marché, la petite cité de Guernica est écrasée sous les bombes de la légion Condor.

Au début de juin 1937, des réfugiés, 476 personnes (dont seulement 16 hommes) arrivent à « pleins trains » (1) en gare de Selles-sur-Cher. La commune utilise alors l’annexe du camp de remonte, situé près du canal de Berry et de la route nationale 76, pour les installer. Beaucoup n’ont plus rien ou seulement quelques effets personnels. Le docteur René Massacré, à la tête de la municipalité socialiste alors en place, fait appel à la générosité de ses concitoyens pour leur fournir des vêtements. Le comité local d’accueil réunit 4.000 francs de dons.

Fin juillet, la population du camp atteint son maximum avec 679 personnes. Parmi elles, 327 enfants dont l’état sanitaire est préoccupant. L’hospice de Selles note de nombreux cas de rougeoles et de diarrhées. Une infirmerie sera ensuite installée dans le haras tandis que les cas les plus graves sont évacués vers les hôpitaux de Blois et de Romorantin.

En cette deuxième année de guerre civile, un autre lieu d’accueil se distingue dans le département. Il s’agit du château de la Gaudinière à La Ville-aux-Clercs.

Jean-Jacques Loisel a consacré un article très fouillé (2) à ce sujet. L’auteur évoque l’installation des réfugiés espagnols dans ce lieu qui fut, de 1924 à 1934, un centre d’accueil et d’apprentissage pour les orphelins du génocide arménien fondé par un mécène américain d’origine arménienne. Il aborde aussi le traitement journalistique de la guerre d’Espagne dans les deux titres de la presse locale, Le Progrès du Loir-et-Cher, favorable au Front populaire et à la cause républicaine, et Le Carillon de Vendôme, alors classé très à droite et hostile aux réfugiés espagnols considérés comme des « rouges » anticléricaux.
La Ville-aux-Clercs est en 1936 située dans un canton où le Parti communiste est bien représenté. L’ancien centre de vacances est pressenti une première fois pour accueillir des écoliers madrilènes arrivés à Blois et qui finalement repartent en Espagne sans y séjourner. Le château de la Gaudinière fut détruit par un incendie le 17 novembre 1934. La propriété était en vente et il ne restait guère que les gardiens quand furent accueillis en juin 1937 environ 300 réfugiés, essentiellement des femmes et des enfants ayant fui Bilbao et ses environs, qui s’établirent dans les communs du château. Leur séjour fut payé par la préfecture qui recruta un directeur, un économe, un cuisinier, un électricien, une infirmière et un instituteur. Le ravitaillement était assuré par les boulangers et les bouchers de la commune et des environs.

Le journal Le Progrès se fit l’écho de leur présence et lança un appel aux dons. Une chaîne de solidarité se mit en place.

Sur le front du nord, les nationalistes achèvent leur conquête du Pays basque durant l’automne 1937. Une grande partie des civils accueillis à Selles-sur-Cher et La Ville-aux-Clercs retournent au pays, souvent sous la pression des autorités françaises.

(1) Souvenir de Roger Blondeau rapporté dans « Le camp des Espagnols (1937-1939) » par Yves Tanguy et Michel Ollier. (2) « Les réfugiés espagnols de la Gaudinière », par Jean-Jacques Loisel, Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, 2009.

Bois-Brûlé de sinistre mémoire


A Boisseau, le camp de Bois-Brûlé ouvre ses portes le 1er septembre 1939. Il accueillera jusqu’à 1.600 personnes. – (Dessin réalisé par un réfugié et offert au préfet de l’époque en remerciement)
Début 1939. La République espagnole agonise. Le Loir-et-Cher se mobilise pour accueillir les réfugiés. Le camp de Bois-Brûlé est construit à Boisseau (4).

Dans les premières semaines de l’année 1939, la guerre civile espagnole touche à sa fin, la République est à l’agonie. Le 26 janvier, la prise de Barcelone par les troupes franquistes provoque un exode massif vers la frontière française. Plusieurs centaines de milliers de combattants et de civils fuient la répression des nationalistes et franchissent les Pyrénées. Les autorités françaises sont complètement débordées par l’ampleur de la Retirada (retraite). Des camps sont ouverts en urgence dans la région de Perpignan mais ils sont rapidement saturés. Les départements situés plus au nord sont appelés à la rescousse.

En prévision d’un afflux massif de civils, la préfecture du Loir-et-Cher charge la gendarmerie de repérer des lieux appropriés à l’aménagement d’un camp. Un site est repéré non loin de Oucques, en bordure de la départementale qui relie Blois à Châteaudun (D924). Le lieu-dit s’appelle Bois-Brûlé, non loin du bourg de Boisseau. Des appels d’offre sont passés aux entreprises locales pour fournir entre 15 et 30 baraquements en bois d’une longueur de 40 m sur 6 m de large. Au mois d’août, un directeur est recruté avec un traitement mensuel de 1.500 francs, ainsi qu’un secrétaire interprète, un enseignant, un cuisinier, un responsable d’atelier.

Le camp de Bois-Brûlé ouvre ses portes le 1er septembre 1939, le jour où les troupes nazies entrent en Pologne, déclenchant le second conflit mondial. Trois semaines plus tard, le site abrite 1.618 personnes, en majorité des femmes et des enfants, répartis en 28 baraques dépourvues de plafond. Les réfugiés sont placés sous la surveillance continuelle de gendarmes et d’hommes de troupe.
Les conditions de vie sont difficiles d’autant que l’hiver 1939-1940 est glacial. Jeannine Sodigné Loustau, dans sa thèse consacrée aux réfugiés espagnols dans la région (1), cite le témoignage du médecin affecté au centre. Celui-ci craint les incendies si on installe des poêles dans les baraquements : « Les Espagnols mettent leur linge dessus, les gosses se feront flamber, si on donne bois ou charbon pour 8 jours, il sera brûlé en 48 h d’où six jours sans feu. » Il faudra l’intervention de la Commission internationale d’aide aux enfants réfugiés pour que l’administration du camp installe en mars 1940 des plafonds, des lavabos et des douches. Le rapporteur de cette commission a décrit le camp comme l’un des pires qu’il ait visité. « Environ 250 réfugiés étaient installés dans des baraques sales, dans lesquelles la température était proche de zéro […] Le sol était maculé d’urine gelée. »

Originaire de la région de Saragosse, Carmen Martin née Lazaro a témoigné de son passage à Bois-Brûlé (2). Elle avait à peine 7 ans. « J’ai le souvenir qu’avec d’autres de nos compatriotes, nous avons été poussés dans des wagons à bestiaux. On a dit aux mères que nous allions nous diriger vers le camp de concentration du Bois-Brûlé. Dans ce train on nous vaccinait (avec des produits périmés !) et j’en ai été très malade. Nous avons donc attendu dans ce camp jusqu’en février 1940. Nous y avons souffert de froid car l’hiver fut très rude, et de malnutrition (un pain qui gelait dans la journée, pour 7 personnes et une boîte de conserve contenant un bouillon chaud) »

Un autre témoignage poignant, celui de Rosa Casany, évoque des conditions de vie « inhumaines ». « La construction des baraques n’avait pas été achevée et le froid passait entre le haut du mur et le toit. La nourriture… il n’y en avait pas. L’eau était gelée.

Pendant cette période, ma tante a accouché de son fils qui est mort quand il avait trois mois, faute de médicaments. »

Juste après le début de l’offensive allemande contre la France et le Bénélux, à la mi-mai 1940, le camp ne comptait plus que 21 personnes. Beaucoup de réfugiés avaient été répartis dans différentes communes ou renvoyés vers l’Espagne.

(1) L’immigration politique en région Centre de 1936 à 1946, Université Paris 7 (2) Mémoire Histoire des Républicains Espagnols de l’Yonne


Le triste sort des réfugiés espagnols

Une réfugiée espagnole. Le Loir-et-Cher accueillit en majorité des femmes et des enfants.

Les conditions de vie des réfugiés ayant fui la guerre civile espagnole étaient difficiles. Ils furent répartis dans une quarantaine de communes (5).

Entre 1936 et 1939, le département accueillit de nombreux réfugiés espagnols qui fuyaient les horreurs de la guerre civile. L’exode prit une ampleur particulière durant les derniers mois du conflit (janvier-avril 1939). Alors que les combattants républicains résistaient encore aux franquistes dans Barcelone, Madrid et Valence, des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants trouvèrent refuge en France.

Durant cette période, environ 3.000 personnes furent réparties dans une quarantaine de communes. Leurs conditions de vie furent difficiles car les moyens alloués aux préfectures étaient limités. Des épidémies de typhoïde et de diphtérie touchèrent cette population fragile, surtout les enfants. Les pouvoirs publics se méfiaient de ces exilés qu’ils surveillaient en permanence. Les réfugiés n’avaient pas le droit de quitter leur lieu de résidence sans une autorisation qui leur était le plus souvent refusée.

Le rapport d’un gendarme de Mondoubleau datant de mars 1939 évoque l’escapade de femmes parties prendre un peu de bon temps au bal de Souday un dimanche soir. « Effectant une visite aux abords du camp de réfugiés, j’ai constaté que les locaux étaient ouverts et éclairés. Deux femmes gardaient les enfants, toutes les autres se trouvant au bal public installé sur la place à l’occasion de la fête locale. A notre vue, une quinzaine de femmes et de jeunes filles se sont précipitées vers la sortie pour regagner leur camp. »

 » Considérés comme des prisonniers  »

La nourriture fut souvent source de polémique. A Lamotte-Beuvron, un scandale éclate dans la salle à manger, les réfugiés se plaignent qu’« il y a surtout du gras et beaucoup d’os dans la viande », relève Jeanine Sodigné-Loustau (1).
En mars 1939, un habitant de Pontlevoy écrit au député socialiste Robert Mauger au sujet des réfugiés hébergés dans sa commune. « Ces pauvres gens sont considérés comme des prisonniers gardés par un garde champêtre qui fait de la propagande fasciste […] Ils n’ont pas le droit de sortir ni de recevoir des amis. […] La nourriture n’est pas ce qu’elle devrait être, dimanche dernier encore il y avait de la viande avariée. »

Bien des habitants se sont émus du sort qui leur réservé, en particulier les enfants. Telle cette institutrice de Lamotte-Beuvron, Mme Moreau, qui propose d’organiser une fête au sanatorium au profit des petits Espagnols. « Je crois qu’ils ont à peu près ce qui leur est nécessaire mais aucune gâterie et je suis navrée quand je les vois contempler les devantures », confie-t-elle dans une lettre adressée à M. Coursaget, conseiller général.Elle sollicite l’autorisation d’entrer dans le camp. Mais le préfet décline le projet qui lui paraît « peu opportun, pour l’instant tout au moins ».

Dans certains lieux d’hébergement, on s’accuse de favoritisme parce que des « douceurs » sont accordées à certains. Parfois des discussions houleuses opposent les sympathisants nationalistes et les pro-républicains. Dans une commune de la vallée du Cher, un délégué d’un comité d’accueil proteste contre le médecin qui, « appelé quatre fois, n’est venu qu’après la mort d’un enfant ».
Au début de l’année 1940, en pleine « Drôle de guerre », les autorités décident de fermer les centres et d’organiser le retour vers l’Espagne des « inaptes » au travail. Certains réfugiés choisissent de s’exiler en Amérique du Sud pour éviter les représailles franquistes. La mobilisation a cependant entraîné un besoin de main-d’œuvre dans l’agriculture et l’industrie (en particuliers les ateliers de chargement de munitions de Salbris) si bien que de nombreux hommes restent dans la région.

(1) L’immigration politique en région Centre de 1936 à 1946, Université Paris 7.
 à 1946, Université Paris 7.

Ces réfugiés espagnols résistants sous l’Occupation

Le 10 mai 1940, l’Allemagne lance une offensive foudroyante qui submerge rapidement le Benelux et la France. Après l’armistice du 22 juin 1940, le pays est coupé en deux. En Loir-et-Cher, les communes situées sur la rive sud du Cher se retrouvent en zone « libre ». Comme le précise Jeanine Sodigné Loustau dans sa thèse (1), les réfugiés espagnols, environ 1.000 personnes recensées dans le département, sont vite considérés comme indésirables par le maréchal Pétain, chef de l’État français installé à Vichy. En zone occupée, la police allemande, avec l’aide des autorités françaises, surveille de près les « Espagnols rouges ». Les hommes se retrouvent au chômage en raison du chaos entraîné par l’exode et la défaite, puis retrouvent progressivement du travail dans les fermes ou comme bûcherons.

La justice plus sévère avec ces réfugiés

L’occupant va par la suite en réintégrer un certain nombre dans des chantiers militaires comme à Pruniers ou Salbris au sein de groupement de travailleurs étrangers (GTE). À partir de 1943 et de l’instauration du service du travail obligatoire (STO), le Reich réquisitionne aussi des Espagnols pour les envoyer dans les usines allemandes. Les femmes se voient, quant à elles, proposer des emplois domestiques. Sous l’Occupation, la justice se montre plus sévère avec ces réfugiés : pour un Espagnol, le moindre délit est puni systématiquement d’un minimum 15 jours d’internement et d’une amende.

La présence de républicains espagnols dans les réseaux de Résistance est signalée dès 1941. Leur engagement constitue la poursuite sur le sol français de la guerre civile, l’occupant nazi ayant soutenu activement le général Franco. Il s’agit aussi pour eux d’exprimer leur gratitude envers leurs camarades français qui avaient défendu la République espagnole au sein des brigades internationales. Parmi les résistants espagnols, les communistes sont particulièrement actifs au sein de l’organisation MOI (Main d’œuvre immigrée).

Des groupes de combat

Des groupes de combat sont créés et intègrent des Espagnols dans leurs rangs pour effectuer des sabotages ou des attentats. Et lorsqu’ils sont capturés, ils partagent le même sort que leurs camarades français, à savoir la torture, la déportation, le peloton d’exécution.

Peu après le Débarquement du 6 juin 1944, le préfet du Loir-et-Cher fait prononcer l’internement de 19 personnes dont des Espagnols qui seront libérés le 16 août par les FFI.

La forêt domaniale de Chambord employait à l’époque des bûcherons, dont des réfugiés espagnols, qui cachèrent sous des fours à charbon de bois, des armes parachutées par les Alliés et qui furent utilisées lors des combats pour la libération de Blois et du département. Plusieurs dizaines de « guérilleros » étaient alors actifs au sein du maquis de Mont-près-Chambord où le drapeau espagnol flottait au côté du drapeau tricolore (2). Certains tombèrent lors des affrontements qui marquèrent la retraite des Allemands ou furent capturés et fusillés, à l’exemple de Juan Correas, exécuté le 21 août 1944 à La Ferté-Saint-Cyr avec deux de ses camarades

L’engagement des républicains espagnols dans la Résistance est, malheureusement, trop souvent oublié. Mais si la France retrouve la liberté et la paix en 1945, l’Espagne reste sous la férule de Franco jusqu’à sa mort en 1975. C’est pourquoi, dans les années d’après-guerre, bien d’autres Espagnols traversèrent les Pyrénées pour construire une nouvelle vie en France.

(1) « L’immigration politique espagnole en région Centre de 1936 à 1946 », Université Paris 7. (2) « La Résistance en Loir-et-Cher », par Lucien Jardel et Raymond Casas.

Lionel Oger

Une réflexion sur « 1936 : les premiers réfugiés espagnols arrivent »

  1. Bonsoir Eric, merci de ce récit qui me ramène en arrière car je me souviens de ma mère qui nous a parlés de Bois Brûlé ainsi que de La Motte Beuvron, où elle a dû être internée après être passée par la case d’Argelès. J’ai déjà essayé de retrouver s’il existait des registres de ces périodes, mais sans succès. Ensuite elle a été « accueillie » par de la famille, des cousins qui demeuraient en Indre-et-Loire mais je ne sais pas depuis quand. C’étaient de fervents communistes qui ont fini dans un train pour l’Allemagne, dénoncés par des voisins très certainement. Viva la Republica !

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