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Les Galiciens qui ont vaincu les nazis

Vous trouverez ci-joint la traduction, d’un article d’Arturo Losada dans Luzes/Publico paru le 20 décembre 2022.
Il retrace, entre autres, la vie d’Angel Rodriguez Leira, surnommé « Cariño Lopez » père de Mar y Luz Cariño Lopez, adhérente de notre association Retirada37.

 » Víctor Lantes, fils d’aubergistes de La Corogne, a utilisé un mortier dans les forêts de France contre les chars Panzer de l’armée allemande. Ángel Rodríguez Leira, surnommé « Cariño López », a participé à la libération de Paris et à l’assaut de la résidence du Führer. Ils ont mené une guerre de neuf ans contre le fascisme. Ils ont combattu Franco et Hitler. Ils ont perdu à domicile et gagné à l’extérieur. Plus jamais ils ne retourneront au sud des Pyrénées.

20 décembre 2022

Arturo Losada/ Luzes-Publico

Ángel Rodríguez Leira est né à Cariño (La Corogne) en 1914.

Il a travaillé comme pêcheur de pouces-pieds et marin, était un militant CNT, s’est marié et a eu deux enfants, Ángel et Marina. Et puis la guerre civile a éclaté. Il a été recruté de force par les rebelles et contraint de porter leur uniforme. Mais ce fut pour une courte période, puisqu’il déserta dès qu’il le put pour se battre avec le côté loyaliste avec un autre habitant de Cariño, Antonio Yáñez, ou Gharepo.
En mars 1939, ils se retrouvent piégés à Alicante, l’une des dernières provinces à tomber. Avec cinq autres compagnons, ils ont quitté Guardamar del Segura dans un petit bateau qui était « une embarcation de fortune », selon l’un des petits-fils d’Ángel, Andrés Alonso. Ils l’ont rempli d’oranges et ont traversé la Méditerranée en quatorze jours, jusqu’à Beni Saf, en Algérie française. Comme beaucoup d’autres exilés républicains à cette époque, ils sont considérés comme dangereux par les autorités et sont internés au pénitencier de Suzzoni.
Selon Alicia Alted dans le livre « La voix des vaincus », Suzzoni était une ancienne forteresse transformée en prison, dépourvue d’hygiène, où quelque 300 républicains étaient détenus. L’un d’eux, l’aviateur Joaquín Tarazaga, se souvient : « Le régime alimentaire était très spartiate, ils ne nous donnaient qu’un morceau de pain pour quatre, des lentilles et du rutabaga, une sorte de navet. Lorsque j’ai été hospitalisé, en avril 1939, je pesais 67 kilos, et en décembre, quand je me suis évadé, seulement 35″.

Cariño Lopez

Les deux amis galiciens ont également tenté de s’échapper de cet enfer à deux reprises, sans succès. L’opportunité n’arriva qu’en 1942, lorsqu’ils furent recrutés, à nouveau de force, dans le Corps Francs d’Afrique.

L’armée américaine venait de débarquer au Maroc et en Algérie et les colonies françaises s’étaient dépêchés de vider les camps de prisonniers pour former ce bataillon avec lequel affronter l’Afrika Korps de Rommel.
La France connaît alors une schizophrénie, entre la soumission collaborationniste au régime de Vichy et la résistance de la France libre des partisans de De Gaulle en exil. L’arrivée des Américains fit que personne ne voulait être pris pour un Vichyste. Cependant, ces Corps Francs furent immédiatement dissous, après quelques combats en Tunisie. Ángel et Antonio choisirent alors de s’enrôler avec le général Leclerc, qui venait de se battre dans toute l’Afrique sous la bannière de la France libre. En raison de son prestige acquis au combat, il fut choisi pour commander la 2e division blindée, une unité nouvellement créée au sein de l’armée du général Patton. Elle était composée de 14 000 hommes de 32 nationalités, dont quelque 2 000 étaient des républicains espagnols. Les deux fugitifs du village de Cariño se sont ainsi retrouvés dans la 9e compagnie, La Nueve, presque entièrement composée de vétérans de la guerre civile.

Ángel Rodríguez Leira a décidé d’utiliser le nom de Cariño López, pour cacher son identité et laisser ainsi son lieu d’origine indiqué. C’était une pratique courante parmi les soldats, et même dans le commandement. Leclerc lui-même a caché son vrai nom, Philippe de Hauteclocque, pour épargner à sa famille d’éventuelles représailles de la part des Vichystes.

La 2e division blindée s’installa en Écosse, avant de débarquer en Normandie début août 1944, deux mois après le jour J, la zone étant déjà sécurisée pour permettre le passage des blindés. La 9e compagnie, composée d’hommes ayant l’expérience du combat, était toujours à l’avant-garde. C’était une unité motorisée, transportant des armes antichars sur des half-tracks tout-terrain rapides. Les soldats y avaient peint le drapeau de la République espagnole et les baptisèrent avec des noms de batailles de la guerre civile, comme Madrid, Ebro, Guadalajara ou Brunete. Cariño López pilotait le Guernica, et il ne lui aura pas fallu longtemps pour se faire un nom avec son adresse au tir avec le canon .57.

C’est ainsi que le raconte le capitaine Raymond Dronne, l’officier français commandant cette compagnie d’exilés. Dans ses mémoires, « Carnets de route d’un croisé de la France Libre », il met en exergue le rôle des républicains espagnols dans la lutte pour la libération de la France, « animés d’un énorme désir de revanche et de victoire ». Il y loue la capacité de Cariño López à détruire les véhicules blindés allemands et le définit comme « un homme de grand sang-froid ». Il a dû le prouver très tôt. Le 19 août, La Nueve contenait toute une division SS dans la ville d’Écouché, dans une bataille acharnée. Cariño López a passé 24 heures sans s’éloigner de son canon, sur lequel  » il inscrivait une croix gammée pour chaque char détruit « , selon son petit-fils Andrés.

Dans la nuit du 24 août, cette unité sera la première à entrer dans Paris et à atteindre l’Hôtel de Ville. Là, de façon surprenante, un lieutenant valencien , Amado Granell, rencontre le chef de la résistance, Georges Bidault, et la photo de la rencontre fit la une du journal Libération. En deux jours, la capitale fut libérée, dans une victoire qui marqua le début de la fin de la guerre. Ces half-tracks aux noms étranges occupèrent une place prépondérante dans le défilé triomphal sur les Champs-Élysées.

Dans les semaines qui suivirent, la compagnie paya un lourd tribut en vies humaines pour contenir les Allemands sur les rives de la Moselle, couvrant l’avancée du reste de la division. Le caporal Cariño López de nouveau joua un rôle de premier plan : il détruisit cinq Panzers en cinq coups. Le 26 septembre 1944, il fut décoré à Nancy avec le sous-lieutenant Miguel Campos et le sergent Fermín Pujol, par Charles De Gaulle lui-même. Le même De Gaulle qui affirmera plus tard que seuls des Français ont participé à la libération de Paris. La récompense a dû être amère pour le Galicien : quatre jours plus tard, il verra mourir son ami Antonio Yáñez, dans une attaque contre la ville alsacienne de Vaqueville, avec deux autres compagnons.
Le pêcheur de pouces-pieds devint sergent et participa à la libération de Strasbourg, où le froid était un ennemi aussi dangereux que les Allemands. Il restait peu d’hommes parmi ceux qui s’étaient enrôlés en Algérie. Raymond Dronne explique qu’après chaque combat, les vides étaient comblés par de jeunes Français, presque tous dépourvus de formation militaire. »  Les anciens combattants prenaient sous leur aile ces recrues inexpérimentées, les entraînaient et les protégeaient ; ils se comportaient en parents inquiets « . À la fin de la guerre, seuls 16 des 156 de La Nueve sont revenus vivants à la maison.

Sa dernière étape dans ce périple guerrier fut au Nid d’Aigle, le refuge de hauts fonctionnaires nazis. Il était situé dans le village alpin de Berschtesgaden, au sud de Salzbourg, et défendu par les dernières troupes SS. Beaucoup d’entre eux n’étaient guère plus que des adolescents fanatiques, mais la bataille n’en fut pas moins rude. Les Américains atteignirent la ville les premiers, mais ce sont les hommes de Leclerc qui prirent le Nid d’Aigle, et y firent flotter le drapeau français le 5 mai 1945. L’artilleur de Cariño était présent, et en ressortit avec une montre en or qui est toujours dans la maison d’une de ses filles aujourd’hui.

Ángel a gagné sa grande guerre contre le fascisme en Europe, mais il dû rester chez lui. Il n’est jamais revenu en Espagne, sachant qu’un peloton d’exécution ou une balle dans la nuque l’attendait ici. Il séjourna en France, où il se maria et aura deux autres filles avant de mourir à Paris en 1979. Depuis 2010, une plaque à Cariño (Galice) commémore ce vétéran du combat pour la liberté. Ses enfants galiciens et certains de ses petits-enfants vivent toujours dans cette ville.

Victor Lantes en 2005 foto Evelyn Mezquida

Deux fois exilé, trois fois prisonnier

Víctor Lantes est né à La Corogne en 1919 et mort en 2007 à Paris. Dans les dernières années de sa vie, il a été interviewé par l’historienne Evelyn Mesquida, pour son livre « La NUEVE, ces Espagnols qui ont libéré Paris ». Il a raconté que ses parents avaient « une auberge » près de la gare de San Cristóbal, où il a passé « les années heureuses de la petite enfance ». Cependant, déjà en 1923, il a dû fuir avec sa famille. A cette époque, la ville connut une dure grève générale, convoquée par les anarchistes, qui fut brutalement réprimée par la dictature de Miguel Primo de Rivera. Les parents de Lantes, aubergistes, avaient hébergé et aider plusieurs dirigeants syndicaux, c’est pourquoi ils ont été forcés de s’enfuir.

Le petit Víctor Lantes a grandi à Bayonne (France) avec sa grand-mère et quelques oncles. Les parents ont suivi la voie ouverte par tant d’autres Galiciens et sont allés à Cuba pour gagner de l’argent. « Ma mère est revenue cinq ans plus tard. Elle a eu deux autres enfants, un garçon et une fille. Peu de temps après nous sommes partis pour Alger. Mon père est parti pour New York, et de là il envoyait de l’argent de temps en temps. Puis il est revenu avec nous. Ma mère avait déjà une épicerie et ils travaillaient ensemble », dit-il dans le livre de Mesquida.
Lorsque l’armée s’est soulevée contre la République, Víctor Lantes, 17 ans, travaillait dans une usine comme monteur et était membre des Jeunesses communistes. Au début de 1937, Víctor Lantes est mobilisé et entre dans l’artillerie, mais il pense avoir passé assez de temps dans l’armée espagnole et déserte. Il arrive par bateau au Maroc, où il est arrêté dès qu’il a mis le pied à terre.

Il se retrouve en prison, au pénitencier d’Oudja, contrôlé par des sympathisants du régime de Vichy. Au bout de quelques semaines, ils lui font une offre : soit s’enrôler dans la Légion étrangère, soit retourner en Espagne. Il choisit la première option et fut envoyé pour contenir l’avancée des Anglais et des Américains. Il a passé trois mois ainsi avant d’avoir l’opportunité de déserter.

En août 1943, sous le surnom de Vedrune, Lantes s’engage dans la 2e division blindée du général Leclerc,  » un homme extraordinaire « . Il conduisait un half-track américain, le Catapulte, qu’il pris à Casablanca et dont il ne descendit qu’à la Libération. Il rejoint la compagnie de soutien au Troisième Bataillon, où un tiers des soldats étaient espagnols.

Après avoir débarqué en Europe, son unité se confronte aux Allemands à Laval et à Argentan, près de la Normandie, et surtout dans les batailles d’Écouché et de la forêt d’Écouves : « Là j’ai vu comment un garçon qui voulait sortir d’un char en feu et ne le pouvait pas. Il criait et hurlait, et le char était en feu, et nous ne pûmes rien faire pour lui », se souvient Victor Lantes. Ils sortirent vainqueurs de ces batailles, et parcoururent 270 kilomètres en deux jours pour atteindre Anthony, dans la banlieue de Paris, où ils surprirent les forces allemandes et les dispersèrent à coups de mortier. Ce jour-là, l’homme de La Corogne a tiré plus de vingt obus. Ils ont ainsi contribué à ouvrir la voie à La Nueve pour entrer dans la capitale française et s’emparer de l’hôtel de ville le soir même.

 » Peur ? Non, honnêtement, je n’avais pas peur. J’ai vécu des moments très difficiles, mais j’ai toujours cru que j’aurais de la chance « , a assuré Víctor Lantes à Evelyn Mesquida, quelques années avant de mourir chez lui, avec sa famille. Il s’est marié en France et a eu deux enfants, qui vivent aujourd’hui à Toulon, en Provence. Il n’est jamais retourné dans sa Corogne natale, où personne ne connaît son nom, mais où jusqu’à récemment il y avait une rue pour la « division azul » et une avenue pour le général Sanjurjo.

Quelques rares cas en exil galicien

La plupart des Galiciens qui ont fui pendant la guerre civile ont regardé de l’autre côté de l’Atlantique.  » Après tout, Buenos Aires, La Havane, Montevideo ou New York pouvaient paraître plus proches que la France ou l’Algérie pour un paysan ou un marin galicien, en raison des réseaux microsociaux tissés par l’émigration au XIXe siècle « , explique le professeur Xosé Manoel Núñez Seixas, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Santiago et auteur avec Pilar Cagiao du livre Itinéraires de l’exil. Il était plus facile de demander l’aide d’un oncle, d’un cousin ou d’un parent aux Amériques que de tenter sa chance de l’autre côté des Pyrénées ou en Afrique du Nord. Surtout si l’on tient compte du fait que la Galice est tombée aux mains des rebelles en l’espace de dix jours.
Cependant, il existe plusieurs cas de Galiciens qui ont réussi à fuir ou qui se trouvaient dans la zone loyaliste au moment du soulèvement militaire, raison pour laquelle ils ont fait la guerre avec le camp républicain. Il y avait même un bataillon de milices populaires galiciennes, composé de paysans qui faisaient la moisson en Castille, et qui joua un rôle important dans la défense de Madrid.  » Ceux qui ont survécu au conflit ont été contraints de suivre le sort des exilés. Ils ont franchi la frontière française dans les premiers mois de 1939. Ceux qui ne pouvaient s’embarquer pour l’Amérique n’avaient d’autre choix que de survivre à Vichy en France ou de participer à la Résistance « , dit Núñez Seixas.

Entre janvier et avril seulement, plus d’un demi-million de personnes ont traversé les Pyrénées pour fuir le régime de terreur des vainqueurs, selon le chiffre qui semble faire le plus consensus parmi les historiens. Le gouvernement français ne leur a pas réservé un très bon accueil. Tous ceux qui avaient des antécédents de combattants ou de militants politiques étaient enfermés dans des prisons et des camps de concentration, où ils souffraient de la faim, du froid et des mauvais traitements. Beaucoup sont morts à l’intérieur de ces clôtures, certains se sont échappés, d’autres ont été réclamés par des proches. Beaucoup d’entre eux se sont vus
obligés de s’enrôler dans l’armée française. Hitler pratiquait le blitzkrieg (guerre éclair) et il n’était pas question de gaspiller des vétérans.

Geneviève Dreyfus-Armand calcule qu’en juin 1939 il y avait 170 000 détenus dans les camps, mais qu’en novembre il y en avait encore 53 000. Le Répertoire bibliographique de l’exil galicien a identifié 1 320 Galiciens dans cette situation. « Leur nombre est peut-être sous-estimé, mais ils ne représentent, en tout cas, pas plus de 6 % du groupe des exilés républicains en France fin 1939 », calcule Núñez Seixas.

L’un d’eux était José Romero, un pêcheur et militant anarchiste de Boiro (La Corogne), que le coup d’État de 1936 a surpris en train de travailler dans le port de Pasaia, à Guipúzcoa. Il a fait la guerre sur le front nord jusqu’à ce que fuir avait plus de sens que de se battre. Il était dans le camp de réfugiés du Barcarès en France, dont il a réussi à sortir en 1940, lors de l’invasion nazie. Après la défaite rapide de l’armée française, il rejoint les maquis qui résistent aux Allemands et reste dans leurs rangs jusqu’en 1945. Au fil du temps, il écrit de Marseille à sa sœur émigrée en Argentine pour lui demander son aide et il arrive à Buenos Aires en 1950. Son nom figure au répertoire, ainsi que celui de bien d’autres Galiciens qui furent dans les camps d’Argelès sur Mer, Bezièrs, Sepfonds, Tarne-et-Garonne, Le Vernet…

Il faut aussi se souvenir d’un certain Gayoso. Il a combattu en Norvège et a été décoré pour sa bravoure. Il fait partie de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, postée en Scandinavie en mai 1940 pour contenir l’attaque allemande. Il a combattu dans la bataille de Narvik, un village de pêcheurs stratégiquement important. Les journaux de campagne relatent l’exploit de 40 hommes, qui se sont vu confier la mission suicide d’expulser les nazis de la ligne de front 220, un col de montagne d’où ils dominaient le champ de bataille. Ils traversèrent un torrent d’eau et de glace, sautèrent de pierre en pierre et sous le feu de quatre armes automatiques, et ensuite gravir la pente. Avec des grenades, ils ont réussi à déloger trois des nids de mitrailleuses, mais le quatrième a nécessité un assaut frontal.

Erwan Bergot explique dans le livre La Légion au combat, que  » les uns après les autres, les hommes tombèrent sous le feu allemand. La dernière tentative fut faite par trois légionnaires espagnols —Málaga, Pepe et Gayoso—, les deux premiers tombèrent bientôt dans un ravin en contrebas , et furent fauchés par les tirs de la quatrième mitrailleuse, mais le troisième réussit à poser le pied sur le rebord, à renverser la mitrailleuse et à abattre l’officier allemand d’un coup de crosse . Ainsi fut conquise la ligne de front 220  » . Gayoso a reçu la médaille militaire de la bravoure, et on sait peu de choses sur lui. La 13e demi-brigade était l’un des corps militaires qui suivirent De Gaulle dans l’exil anglais, pour combattre pour la France libre.

Je crois qu’il y a bien d’autres d’histoires similaires, mais il est difficile de reconstruire les pistes. Nous avons déjà vu que dans leur enchaînement d’évasions, de désertions et de passages de frontière, les exilés changeaient de nom pour éviter les représailles. Ajoutez à cela le fait que les Français avaient tendance à s’empêtrer dans cette manie ibérique d’avoir deux noms de famille, et nous verrons pourquoi les registres officiels prêtent à confusion. Certains, comme Víctor Lantes et Cariño López, ont survécu pour raconter l’histoire. Beaucoup d’autres ont été laissés pour compte, sans que personne n’ait la possibilité de savoir qui ils étaient, où ils étaient nés ou pourquoi ils se battaient.

Winnipeg, le navire qui a mené vers l’exil des centaines d’Espagnols opprimés.

Le 4 août 1939, après la défaite des républicains dans la guerre civile, des centaines de familles espagnoles exilées et survivant dans les camps de concentration français montent à bord d’un vieux cargo pour fuir vers le Chili. Et ce plan avait un père : le poète Pablo Neruda. C’est une histoire où la solidarité finit par vaincre la douleur.

MARCEL BELTRAN@BELTRAN_MARCEL
Toutes les histoires de guerre sont marquées par la cruauté et la souffrance. Certaines, cependant, s’échappent des lignes et avancent dans une direction opposée, comme si quelqu’un les avait écrites à l’envers. En voici une d’entre elles. Lola Patau avait cinq ans lorsqu’elle est montée sur le bateau qui a changé sa vie avec sa mère et son père. Aujourd’hui, à 88 ans, lorsqu’elle décroche à l’appel du journal Público et qu’on l’interroge sur ce voyage plein d’incertitudes, elle répond avec un enthousiasme implacable : « C’était une belle aventure. »
Lola est une de ces plus de 2 000 personnes de nationalité espagnole qui, le 4 août 1939, embarquent à bord du Winnipeg depuis le port de Pauillac, près de Bordeaux, pour se rendre au Chili. Des centaines de familles qui, après avoir perdu la guerre civile, avaient traversé la frontière avec bien d’autres pour finir entassées, la plupart, dans des camps de concentration français, où les conditions de vie étaient misérables. Ils n’ont pas hésité à s’inscrire lorsqu’ils ont appris que Pablo Neruda y Abraham Ortega Aguayo, ministre des Affaires étrangères et du Commerce du gouvernement chilien de Pedro Aguirre Cerda, s’étaient lancés dans l’organisation d’un voyage avec un vieux cargo pour emmener des victimes du franquisme de l’autre côté de l’Atlantique. Ce voyage,deviendrait en fait celui avec le plus grand contingent de passagers de toute l’histoire de l’exil républicain espagnol. Même si personne ne savait alors comment ils seraient reçus lorsqu’ils arriveraient à destination.
« Les filles et les garçons du Winnipeg étaient les plus choyés par les membres de l’équipage. Tout le monde veillait sur nous. On jouait toute la journée, il y avait même des professeurs qui nous donnaient des cours. Pour les adultes, peut-être pas tant que ça, mais pour nous , sans aucun doute, ce furent quelques semaines très heureuses », explique Lola, la voix claire, sans égratignure. Elle est née à Barcelone, ville dans laquelle elle est revenue après avoir vécu 24 ans à Santiago du Chili. Son père travaillait pour la Generalitat de Catalunya et, après le déclenchement du conflit, il fut le premier à franchir les Pyrénées. Il fut interné dans l’un des camps situés au bord de la frontière, et arriva plus tard à Toulouse, où il avait de la famille. Sa mère a traversé les montagnes pour le retrouver, puis est revenue la chercher, elle qui était sa fille unique. Quelques mois après, ils obtenaient une autorisation pour repartir de zéro à l’autre bout du monde. Le jour de leur embarquement, Neruda, qui était en France personnellement chargé des préparatifs, a donné aux plus petits une mallette avec des produits d’hygiène de base pour le voyage.

Le poète, aujourd’hui très remis en cause par la gauche et le féminisme en raison de certains passages polémiques de ses mémoires, a sympathisé avec la cause républicaine puisqu’il a été Consul du Chili en Espagne quelques années plus tôt. Après la fin de la guerre civile et apprenant la situation dans laquelle des milliers de réfugiés étaient piégés, il proposa d’en aider quelques-uns en convainquant Aguirre Cerda de leur ouvrir les portes du Chili. Le président le nomma Consul spécial pour l’émigration espagnole à Paris pour coordonner le transfert. Le voyage fut financé par le Service d’Evacuation des Réfugiés Espagnols (SERE), la Fédération des Organisations Argentines pour les Réfugiés Espagnols (FOARE) et le Comité Chilien d’Aide au Réfugié Espagnol (CChARE), et compta aussi sur l’appui financier de l’Uruguay et de la Colombie.
Bien que les secteurs les plus conservateurs et une grande partie de la presse du pays d’accueil aient d’emblée manifesté leur rejet de cette idée. « Cela ne facilite pas l’immigration, cela remplit nos rues de voyous », s’est plaint un député de droite dans les couloirs du Congrès chilien alors que le Winnipeg avait déjà tracé sa route qui, une fois avoir traversé l’Atlantique, devait passer par le canal de Panama et se diriger vers le sud à travers le Pacifique. Le débat gagna les rues et prit de l’ampleur, beaucoup interprétant qu’ils tendaient la main à des « rouges purs et à des communistes ». Aguirre Cerda lui-même menaça de faire marche arrière. Mais à ce moment-là, grâce à la pression d’Ortega Aguayo, l’un des visages les plus connus de son cabinet, prêt à mettre sa démission dans la balance s’il faisait avorter le projet. Pour le ramener à la raison, il lui assura que le navire amènerait de nombreux ouvriers qualifiés au Chili.

« Ce qui s’est passé avec Winnipeg est un exemple de la façon dont l’immigration peut devenir un modèle de succès absolu pour n’importe quel pays », affirme Laura Martel, une écrivaine et scénariste canarienne qui a fait des recherches pendant des années pour connaître tous les détails de cette histoire. En 2014, elle lui dédie la bande dessinée Winnipeg : le bateau de Neruda, avec des dessins d’Antonia Santolaya, qui deviendra plus tard une pièce de théâtre et pourrait bientôt être un film. « Le poète lui-même était chargé de sélectionner les membres de l’équipage et de rédiger les rapports pertinents pour le ministère des Affaires étrangères. Il a fait du bon travail, bien que Neruda ait été un désastre pour ces choses là, ce qui fait penser que la responsable du ce succès était son épouse, Delia del Carril, « la petite fourmi » raconte Laura.
Le gouvernement chilien avait ordonné que l’on choisisse des profils de techniciens avant tout, mais de nombreux pêcheurs, paysans, maçons, cordonniers, artistes montèrent également sur le cargo. Et leurs enfants, bien sûr.
Tous, un mois seulement après leur départ, ont atteint la côte chilienne. Certains ont débarqué à Arica, où il n’y avait même pas de port et où le navire devait mouiller. La plupart sont descendus à Valparaíso. Au moment de son arrivée, la Seconde Guerre mondiale venait de commencer. Le dernier tronçon du voyage devait se faire de nuit, pour éviter d’éventuelles attaques de sous-marins allemands. Ce que les migrants ont trouvé sur cette autre côte était loin de ce qu’ils avaient tant craint. Le Chili les a reçus avec les honneurs. Une foule impressionnante s’est bousculée sur la jetée, grimpant sur les grues et les toits des immeubles pour les saluer. Il y avait des drapeaux, des bannières et de la musique, ainsi que des stands de collecte de nourriture et de vêtements.
Dans la foule, un jeune homme à lunettes au sourire franc tentait de gagner une place au premier rang en tant que représentant du gouvernement. C’était le ministre de la Santé. Votre nom? Salvador Allende. Tous les doutes sur le bien-fondé de l’accueil des réfugiés ont été effacés d’un trait de plume. Laura confirme ce rebondissement : « Les journaux chiliens, à cette époque, avaient deux éditions. Le 3 septembre 1939, au matin, ils rapportaient que la guerre avait commencé en Europe. Et le soir, ils répétaient tous les mêmes titres. : ce sont des hommes, des femmes et des enfants pauvres qui ont tout perdu : accueillons-les. Le sentiment de solidarité a été instantané. Personne n’allait plus leur tourner le dos.

« Je n’ai jamais entendu de mauvaises paroles contre moi ou ma famille », se souvient Lola. « Jamais ». Dès le moment où l’équipage a posé le pied sur la terre ferme, ils ont su qu’ils avaient trouvé une nouvelle maison. Ce voile d’espoir et de générosité qui a fini par couvrir le voyage du Winnipeg est ce qui a fasciné Laura dès le début, ce qui l’a poussée à vouloir en savoir plus. « Chaque fois qu’on nous raconte des histoires de cette époque, ce sont des histoires tragiques et cruelles qui montrent le pire des êtres humains « , raconte-t-elle. « Mais cette histoire m’a semblé être l’antidote à tout ça. C’était une histoire de solidarité. Et la solidarité est l’antidote à la guerre »

Pour écrire la bande dessinée, qui devait d’abord être un documentaire, l’écrivain s’est rendu au Chili en 2010 pour interviewer ces exilés encore vivants. À sa grande surprise, après tant de temps, loin du pays où ils sont nés, elle a trouvé des personnes pleines de vie et agréables qui lui ont offert de l’aide de manière désintéressée. Ils lui ont remis les dossiers et les objets qu’ils gardaient, ils lui ont raconté les anecdotes dont ils se souvenaient du voyage, ils l’ont mise en contact avec d’autres passagers. Tout, sans rien demander en retour. « Les gens qui ont à un moment donné bénéficié de la solidarité des autres sont des gens heureux », estime-t-il. « Et prêt à vous aider dans tout ce qu’il faut. »
Les passagers ont trouvé au Chili une deuxième patrie dans laquelle ils ont tenter de reconstruire leur vie. Et le Chili a trouvé en eux une poignée de citoyens reconnaissants et prêts à s’intégrer dans leur société. Certains resteront pendant des décennies avant de retourner en Espagne (dont quelques-uns ont dû faire leurs valises après le coup d’État de Pinochet en 1973, avec lequel ils ont dû faire face à un deuxième exil). D’autres, directement, ne reviendraient jamais. Mais ils ont tous laissé leur empreinte sur le pays qui les a accueillis.
Sur la liste des passagers de Winnipeg, par exemple, le nom de Víctor Pey apparaît, un ingénieur de Madrid qui a combattu pendant la guerre civile avec les républicains dans la colonne Durruti, et qui finira par devenir le propre conseiller d’Allende lorsqu’il a été nommé président. . Soit dit en passant, Pey, avec son frère Raúl, a été chargé de construire le premier port commercial d’Arica dans les années 1960. La même ville que vingt ans auparavant ils avaient vue du pont du vieux cargo avec les yeux mouillés après 30 jours de navigation en haute mer. Voyageaient également sur le bateau Leopoldo Castedo, un historien renommé qui a fini par travailler à la Bibliothèque nationale du Chili ; le peintre José Balmes, lauréat du Prix national des arts plastiques en 1999, ou Carmen Machado, la nièce des poètes Antonio et Manuel. Et, bien évidemment, Roser Bru, qui débarqua avec sa famille à Valparaíso en 1939 à l’âge de 16 ans et est aujourd’hui considérée comme l’une des figures les plus influentes de l’histoire de l’art chilien moderne, après avoir exposé ses peintures dans les musées les plus importants de monde, comme le MoMA de New York.
Roser Bru a continué à voir Lola pendant des années à Santiago. Plus précisément, au Centre Català, que les exilés de la région ont transformé en un point de rencontre régulier pour parler et se se mettre à jour. Dans le même but, le Centre Basque, ou Centre Républicain, situé au Café Miraflores de cette même capitale, a été fondé. « Nous n’avons pas laissé le lien se perdre. Nous étions comme une grande famille. Avec certaines personnes que j’ai rencontrées à Winnipeg, nous avons continué à rester en contact même lorsque nous étions déjà retournés en Espagne », explique Lola.
Dans son cas, elle est rentré chez elle en 1963, sur décision de son père. Pour elle, peut-être un peu trop tôt. « J’ai été la plus touchée, car toute ma jeunesse, ma carrière et mes amis étaient au Chili », raconte-t-elle. Installée à Santiago, la famille subvient à ses besoins pendant des années grâce à une cave à vins, Viña Santa Lucía. Elle s’est inscrite à l’université. Et plus encore : au fil du temps, elle est devenue la première journaliste chilienne diplômée, en se présentant et réussir avec deux autres camarades de classe aux examens de l’École de journalisme récemment créée. Elle reconnait que ces années intenses et passionnantes sont encore très fraîches dans sa mémoire : « Comme on me le dit souvent, je suis plus chilienne que les haricots porotos chiliens, car j’ai été éduquée là-bas, et cela me semble toujours être un pays merveilleux. » Elle y est retourné en plusieurs occasions. Dans l’une d’elles, elle réalise un rêve : que ses enfants, catalans, connaissent la terre où leur mère a grandi.
Le Winnipeg a quitté le port de Pauillac il y a 84 ans. Ce jour d’août, alors que le navire venait de lever l’ancre, Neruda ouvrit son carnet et lui dédia quelques mots : « Que la critique efface toute ma poésie, si cela vous arrange. Mais ce poème, dont je me souviens aujourd’hui, personne ne pourra l’effacer. » Pour Laura Martel, malgré le fait que personne n’ait pu l’effacer, il est moins présent qu’il ne devrait l’être, notamment en Espagne, où beaucoup ne savent même pas qu’il a existé. Le poème de Winnipeg, un antidote à la douleur. « C’est un épisode peu connu ici, mais parce que dans ce pays, pour des raisons absurdes, il y a une partie de la société qui ne veut rien entendre de la guerre civile », explique l’auteur. Pour elle, il n’y a qu’un seul remède pour combattre ce silence : « Raconter l’histoire encore et encore, et encore et encore, jusqu’à la nausée, de toutes les manières possibles. C’est ce qu’il continuera à faire.
Traduction par mes soins de l’article du journal Publico de Marcel Beltran Winnipeg, el barco que llevó al exilio a cientos de represaliados españoles

​ Winnipeg, el barco que llevó al exilio a cientos de represaliados españoles

​ El 4 de agosto de 1939, tras la derrota del bando republicano en la guerra civil, cientos de familias españolas que se habían exiliado y malvivían en campos de concentración franceses se subieron a un viejo carguero para huir a Chile. Y aquel plan tenía un padre: el poeta Pablo Neruda. Esta es una historia en la que la solidaridad le gana el pulso al dolor.

MARCEL BELTRAN@BELTRAN_MARCEL
Todas las historias de guerra están marcadas por la crueldad y el sufrimiento. Algunas, sin embargo, escapan de los renglones y avanzan en dirección contraria, como si alguien las hubiera escrito al revés. Esta es una de ellas. Lola Patau tenía cinco años cuando se subió con su madre y su padre al barco que le cambió la vida. Hoy, a los 88, cuando descuelga la llamada de Público y le preguntan por ese viaje colmado de incertidumbres, responde con un entusiasmo implacable: « Fue una gran aventura ».
Lola fue una de las más de 2.000 personas con nacionalidad española que el 4 de agosto de 1939 zarparon a bordo del Winnipeg desde el puerto de Pauillac, cerca de Burdeos, para dirigirse a Chile. Cientos de familias que, después de perder la guerrra civil, habían cruzado la frontera junto a muchas otras para acabar hacinadas, la mayoría, en campos de concentración franceses, donde las condiciones de vida eran miserables. Y que no dudaron en postularse cuando supieron que Pablo Neruday Abraham Ortega Aguayo, ministro de Relaciones Exteriores y Comercio del Gobierno chileno de Pedro Aguirre Cerda, se habían embarcado en la organización de una travesía con un antiguo carguero para llevarse a represaliados del franquismo al otro lado del Atlántico. Aquel viaje, a la postre, se convertiría en el de mayor contingente de pasajeros de toda la historia del Exilio republicano espanol. Aunque entonces nadie sabía cómo iban a ser recibidos cuando llegaran a su destino.
« Las niñas y los niños del Winnipeg éramos los más privilegiados de la tripulación. Todo el mundo estaba pendiente de nosotros. Jugábamos todo el día, incluso había algunas profesoras que nos daban clase. Para los adultos, quizá no tanto, pero para nosotros, sin duda, fueron unas semanas muy felices », explica Lola, la voz clara, sin un raspeo. Nació en Barcelona, ciudad a la que volvió después de vivir 24 años en Santiago de Chile. Su padre trabajaba en la Generalitat de Catalunya, y, tras estallar el conflicto, fue el primero en atravesar los Pirineos. Ingresó en uno de los campos situados al borde de la frontera, y más tarde llegó a Toulouse, donde tenía familia. Su madre cruzó las montañas para encontrarlo, y luego volvió a por ella, su única hija. A los pocos meses conseguirían un permiso para empezar de cero en la otra punta del mundo. El día que embarcaron,Neruda que estaba en Francia encargándose personalmente de los preparativos, les regalaba a los más pequeños un maletín con productos básicos de higiene para que los acompañara en el trayecto.
El poeta, hoy muy cuestionado por la izquierda y el feminismo debido a algunos pasajes polémicos de sus memorias, simpatizaba con la causa republicanadesde que ejerciera unos años antes como cónsul chileno en España. Tras acabar la guerra civil y conocer la situación en la que habían quedado atrapados miles de refugiados, se prestó a ayudar a unos cuantos convenciendo a Aguirre Cerda para que les abriera las puertas de Chile.El presidente lo nombró Cónsul Especial de Emigración Española en París para que coordinara el traslado. El viaje lo financiarían el Servicio de Evacuación de los Refugiados Españoles (SERE), la Federación de Organizaciones Argentinas pro Refugiados Españoles (FOARE) y el Comité Chileno de Ayuda al Refugiado Español (CChARE), y también contaría con el apoyo económico de Uruguay y Colombia.
Aunque los sectores más conservadores y gran parte de la prensa del país receptor mostraron desde el primer momento su rechazo a aquella idea. « Esto no es facilitar la inmigración, esto es llenar nuestras calles de maleantes », llegó a quejarse un diputado de derechas en los salones del Congreso chileno cuando el Winnipeg ya había trazado su ruta, que, una vez cruzado el Atlántico, debía pasar por el Canal de Panamá y dirigirse por el Pacífico hacia el sur. La discusión saltó a las calles y subió de tono, al interpretar muchos que se estaba tendiendo la mano a « puros rojos y comunistas ». Aguirre Cerda, incluso, amagó con echarse para atrás. Pero en ese punto fue clave la presión de Ortega Aguayo, una de las caras más conocidas de su gabinete, que le comunicó que estaba dispuesto a presentar su dimisión si abortaba el proyecto. Para que entrara en razón, le aseguró que aquel buque traería muchas trabajadoras y trabajadores cualificados a Chile

« Lo que ocurrió con el Winnipeg es un ejemplo de cómo la inmigración puede ser un caso de éxito absoluto para cualquier país », reivindica Laura Martel, escritora y guionista canaria que se documentó durante años para conocer todos los detalles de la historia. En 2014 le dedicó la novela gráfica Winnipeg: el barco de Neruda, con dibujos de Antonia Santolaya, que luego fue obra de teatro y pronto podría ser película. « El propio poeta se encargaba de seleccionar a los tripulantes y de redactar los informes pertinentes para el Ministerio de Relaciones Exteriores. Hizo un buen trabajo, aunque Neruda era un desastre para estas cosas, lo que hace pensar que mucha culpa de ese éxito la tuviera su esposa, Delia del Carril, la Hormiguita », detalla Laura. El Gobierno chileno había ordenado que se eligieran sobre todo perfiles técnicos, pero al carguero subieron también muchos pescadores, campesinos, albañiles, zapateros, artistas. Y sus hijos, claro.
Todos ellos, un mes justo después de partir, alcanzaron las costas chilenas. Algunos desembarcaron en Arica, donde ni tan siquiera había puerto y el barco tuvo que fondear. La mayoría bajó en Valparaíso. En el momento de su llegada acababa de empezar la Segunda Guerra Mundial. El último tramo del trayecto se tuvo que hacer de noche, para evitar posibles atentados de submarinos alemanes. Aunque lo que los desplazados encontraron en el otro costado distaba mucho de lo que tanto habían temido. Chile los recibía por todo lo alto. Una multitud impresionante colapsaba el muelle, subiéndose a las grúas y a los tejados de los edificios para saludarlos. Había banderas, pancartas y música, además de puestos de recogida de ropa y comida.
Entre la muchedumbre, un jovencito con gafas y una sonrisa prominente trataba de hacerse un hueco en la primera fila como representante del Gobierno. Era el ministro de Sanidad. ¿Su nombre? Salvador Allende.Todas las dudas acerca de la conveniencia de acoger a los refugiados se habían borrado de un plumazo. Laura confirma ese giro: « Los periódicos de Chile, en aquella época, tenían dos ediciones. El 3 de septiembre de 1939, por la mañana, informaron de que la guerra había comenzado en Europa. Y por la noche, todos repetían los mismos titulares: Son pobres hombres, mujeres y niños que lo han perdido todo: démosles la bienvenida. El sentimiento de solidaridad fue instantáneo. Nadie les iba a dar la espalda ».

« Nunca escuché una mala palabra contra mí o contra mi familia », recuerda Lola. « Nunca ». Desde el instante en el que la tripulación pisó tierra firme, supieron que habían encontrado un nuevo hogar. Ese velo de esperanza y generosidad que acabó cubriendo el periplo del Winnipeg es el que fascinó a Laura desde el principio, lo que la empujó a querer conocer más. « Siempre que nos cuentan historias de aquellos tiempos, son historias trágicas, crueles, que muestran lo peor que tiene el ser humano », razona. « Pero esa historia me pareció que era el antídoto a todo eso. Era un relato de solidaridad. Y la solidaridad es el antídoto a la guerra »

Para escribir el cómic, que primero tenía que ser un documental, la escritora viajó a Chile en 2010 para entrevistarse con aquellos exiliados que todavía vivían. Para su sorpresa, después de tanto tiempo lejos del país en el que habían nacido, se encontró a personas vitales, agradables, que le brindaban ayuda desinteresadamente. Ponían en sus manos los archivos y los objetos que conservaban, le contaban las anécdotas que recordaban de la travesía, la ponían en contacto con otros pasajeros. Todo, sin pedir nada a cambio. « La gente que ha sido en algún momento beneficiaria de la solidaridad de los demás, es gente feliz », reflexiona. « Y dispuesta a ayudarte en lo que haga falta ».
Los tripulantes encontraron en Chile una segunda patria en la que intentar reconstruir sus vidas. Y Chile encontró en ellos un puñado de ciudadanos agradecidos que estaban dispuestos a integrarse en su sociedad. Algunos se quedarían por décadas antes de volver a España (de esos, unos cuantos tuvieron que hacer las maletas tras el golpe de estado de Pinochet en el 73, con lo que tuvieron que afrontar un segundo exilio). Otros, directamente, ya no regresarían nunca. Pero todos dejaron su huella en el país que los acogió
En la lista de pasajeros del Winnipeg, por ejemplo, aparece el nombre de Víctor Pey, ingeniero madrileño que luchó en la guerra civil por el bando republicano en la Columna Durruti, y que a la larga acabaría siendo consejero del propio Allende cuando este fue nombrado presidente. Pey, por cierto, se encargó junto a su hermano Raúl de la construcción del primer puerto comercial de Arica en los 60. Sí, la misma ciudad que veinte años antes habían visto desde la cubierta del viejo carguero con los ojos húmedos después de 30 días navegando en alta mar. En la embarcación también viajaban Leopoldo Castedo, reconocido historiador que acabó trabajando en la Biblioteca Nacional de Chile; el pintor José Balmes, que fue galardonado en 1999 con el Premio Nacional de Artes Plásticas, o Carmen Machado, la sobrina de los poetas Antonio y Manuel. Y, por supuesto, Roser Bru, que desembarcó con su familia en Valparaíso en el 39 con 16 años y hoy está considerada como una de las figuras más influyentes de la historia del arte moderno chileno, tras exponer sus cuadros en los museos más importantes del mundo, como el MoMA de Nueva York.

Roser Bru se siguió viendo durante años en Santiago con Lola. Concretamente, en el Centre Català, que los exiliados provenientes de la región convirtieron en un punto de encuentro habitual para conversar y ponerse al día. Con idéntico propósito se fundó el Centro Vasco, o el Centro Republicano, ubicado en el Café Miraflores de la misma capital. « No dejamos que el vínculo se perdiera. Éramos como una gran familia. Con algunas personas que conocí en el Winnipeg seguimos quedando incluso cuando ya habíamos vuelto a España », precisa Lola.
En su caso, regresó a casa en 1963, por decisión de su padre. Para ella, tal vez demasiado pronto. « Yo fui la más perjudicada, porque toda mi juventud, mi carrera y mis amigos estaban en Chile », señala. Instalada en Santiago, la familia se mantuvo durante años gracias a una bodega de vinos, Viña Santa Lucía. Ella se apuntó a la universidad. No solo eso: con el tiempo, se convirtió en la primera periodista titulada chilena, al presentarse y aprobar junto a otros dos compañeros los exámenes de la Escuela de Periodismo, creada hacía poco. Admite que aquellos años intensos y apasionantes siguen muy frescos en su memoria: « Como suelen decirme, yo soy más chilena que los porotos, porque me eduqué allí, y me sigue pareciendo un país maravilloso ». Ha vuelto en varias ocasiones. En una de ellas, cumplió un sueño: que sus hijos, catalanes, conocieran la tierra en la que creció su madre.
El Winnipeg dejó atrás el puerto de Pauillac hace 84 años. Aquel día de agosto, cuando el barco acababa de levar anclas, Neruda abrió su cuaderno y le dedicó unas palabras: « Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie ». Para Laura Martel, pese a que nadie haya sido capaz de borrarlo, se tiene menos presente de lo que se debería, sobre todo en España, donde muchos ni tan siquiera saben que existió. El poema del Winnipeg, un antídoto contra el dolor. « Es un episodio que aquí se conoce poco, pero porque en este país, por motivos absurdos, hay una parte de la sociedad que no quiere oír hablar de nada que esté relacionado con la guerra civil », dice la autora. Para ella, solo hay un remedio para combatir ese silencio: « Contar la historia una y otra vez, y otra más, hasta la saciedad, de todas las formas posibles ». Es lo que seguirá haciendo.

DESIRS PARTAGÉS AVEC LA RETIRADA 37, VENDREDI 7 AVRIL

Dans le cadre des désirs partagés, le Plessis a une fois de plus le plaisir d’accueillir la Retirada 37. Une soirée consacrée à la mémoire des volontaires étrangères et la solidarité internationale féminine durant la guerre d’Espagne. En écho aux luttes d’aujourd’hui !

Projection, mise en voix, rencontre, dégustations

19H

Bar à tapas

20H

Projection du film LAS MAMAS BELGAS de Sven Tuytens
et rencontre avec Edouard Sill autour de son livre SOLIDARIAS

Infos et réservation : 02.47.38.29.29

ou info@plessis-tierslieu.fr

Tarifs : Libre à partir de 5€

LAS MAMAS BELGAS

LAS MAMAS BELGAS est un film documentaire qui explore l’histoire de la présence des femmes européennes dans la guerre d’Espagne.

Le premier mai 1937 un groupe de 21 femmes originaires de l’est de l’Europe, venant de Belgique, arrive à l’hôpital militaire d’Ontinyent (province de Valence), fondé par le mouvement ouvrier socialiste belge avec l’aide d’Albert Marteaux, du Pob, parti ouvrier belge. Parmi elles, Anna et Adela Korn. Elles ont soigné les soldats dont beaucoup étaient des Brigadistes venant de Belgique, pour la défense de l’Espagne républicaine.

¡Solidarias!

La participation des femmes étrangères durant la guerre civile (1936-1939) -et notamment celles qui s’engagèrent dans les Brigades internationales pour défendre la République et combattre le fascisme- n’avait fait l’objet jusqu’à présent que de très peu de travaux historiques.

Il s’agit pourtant d’une dimension majeure de l’histoire de l’antifasciste et des engagements internationalistes féminins.

A l’initiative de l’ACER (Amis des combattants volontaires en Espagne Républicaine) et de partenaires institutionnels et universitaires, l’ouvrage¡Solidarias! met en valeur cette mobilisation solidaire, humanitaire, militaire et sanitaire de centaines d’étrangères.

EDOUARD SILL

Edouard Sill est docteur en Histoire de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE PSL) en 2019, avec la réalisation d’une thèse portant sur le sujet suivant : Du combattant volontaire international au soldat-militant transnational : le volontariat étranger antifasciste durant la guerre d’Espagne (1936-1938).

Il obtient en 2021 la qualification de Maître de conférence, et remporte le premier accessit au prix d’excellence Joinet (ex Varennes) en 2020 dans la catégorie « Histoire politique et sociale depuis 1870 ».

Edouard Sill est aujourd’hui chargé de cours en Histoire contemporaine et en science politique à l’Institut catholique de Paris (ICP).

Ses thèmes de recherche de prédilection sont variés : Histoire sociale et politique de l’entre-deux-guerres en Europe, Histoire culturelle du mouvement social au XXe siècle, Histoire visuelle, Histoire des femmes, Histoire militaire, Guerre civile espagnole, Volontariat international combattant, Mobilités transnationales armées, Volontariat armé féminin, Enfance en guerre, Marginalités militaires, Engagements/désengagements, Mercenariat moderne et contemporain, Antimilitarisme, Communisme/Anticommunisme, Anarchisme, Fascisme/Antifascisme…

Numérisation Archives des réfugiés espagnols par l’OFPRA

INFOS

L’OFPRA va numériser ses archives sur les réfugiés espagnols

Lors du dernier sommet franco-espagnol du 19 janvier 2023, une déclaration d’intention a été signée entre le directeur de l’OFPRA et le représentant du ministère de la Culture espagnole pour mener à bien la numérisation des archives de l’OFPRA sur l’exil espagnol. Cela fait suite à l’adoption par l’Espagne en octobre 2022 d’une loi sur la mémoire démocratique. Celle-ci comporte d’importantes dispositions sur les archives de l’exode espagnol, sur la protection des fonds et leur centralisation. C’est l’Espagne qui va financer la numérisation des fonds conservés par l’OFPRA sur ce thème.

Aline Angoustures, cheffe de la mission Histoire et exploitation des archives à l’OFPRA explique que le projet comporte deux étapes : « Dans un premier temps, nous allons numériser le fichier manuel, qui est un fichier papier comprenant environ 200.000 fiches. Ces fiches classées par ordre alphabétique comportent les noms et prénoms des protégés, quelques informations et surtout les numéros qui renvoient aux dossiers eux-mêmes. Dans un second temps, le projet vise à numériser les dossiers eux-mêmes. C’est un périmètre beaucoup plus large, avec 140.000 dossiers contenant chacun une trentaine de documents en moyenne ».

Les fiches et les dossiers seront indexés afin de constituer une base de données interrogeable. Les modalités de mise à disposition ne sont pas encore définies, mais il n’est pas prévu de mettre l’intégralité de ces fichiers en ligne, car ils comportent des mentions et des données personnelles et pour certains, leur délai de communicabilité de 50 ans n’est pas encore atteint. Toutefois, une dérogation générale est évoquée afin de permettre une diffusion plus large, les craintes de répression sur les personnes concernées et leurs descendants n’ayant pas lieu d’être.

Un trajet que ma mère a dû effectuer en quittant l’orphelinat de Guadalajara en direction de la Catalogne

Article du journal ElDiario.es

Guadalajara reconstruye la memoria de los ‘niños de la guerra’

Niños de la guerra

“Una mañana me desperté con mucho calor en los pies, no veía más que llamas a mi alrededor y salí corriendo asustada hasta que caí por un agujero”. Éste es el testimonio de María Teresa Palacio, una de las ‘niñas de la guerra’ que, a los siete años de edad, se vio forzada a marchar al exilio por el avance imparable de la Guerra Civil en 1937.

Dejaba atrás a su madre Isabel, que la había criado sola hasta entonces, a camino entre Madrid y Sotodosos, un pueblecito de la provincia de Guadalajara de donde procedía su familia materna. Hoy, 81 años después de aquella inolvidable experiencia, María Teresa, a sus 88 años, comparte feliz su historia desde Guadalajara con eldiarioclm.es. La acompaña su hija Rosa García, que plasmó su azarosa biografía, a modo de homenaje a su madre en el libro ‘Los baches del camino’.

La historia de supervivencia de María Teresa arranca en la inclusa de Guadalajara, desde donde partió camino de Cataluña en julio de 1937, cuando la ofensiva de las tropas fascistas había bombardeado la ciudad alcarreña, por segunda vez, destruyendo el internado en el que vivían los pequeños. Entonces, el Gobierno republicano organizó cuatro expediciones, entre 1937 y 1938, con el objetivo de evacuar a los niños del peligro que entrañaba el enfrentamiento civil. “Recuerdo que fue un viaje larguísimo en diez camiones y muchos compañeros murieron por el alcance de las bombas de la aviación nacional”, explica Palacio.

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Después de semanas de viaje, hambre y miedo, la expedición llegó a Barcelona y Terrasa, ciudades donde los niños permanecieron varios meses en distintos orfanatos hasta que prosiguieron la ruta hacia los campamentos de acogida en Francia. “En Catalunya no lo pasé mal, aunque cogí el sarampión, me cortaron el pelo y solo comíamos cuando venían los militares a la inclusa. Sufrimos hambre, pero había una mujer buena que nos alimentaba con patatas”, relata María Teresa.

Uno de los periodos más delicados del exilio para esta niña de ocho años transcurrió a su llegada al campamento, ubicado al sur de Francia, cerca de la frontera con España. Según cuenta la protagonista, “estaba herida en la cabeza, padecía del estómago y no podía comer”.

Entonces, el destino de María Teresa dio un vuelco inesperado, cuando conoció a su familia de acogida; un hecho que la alejó del grupo de compañeros de evacuación: “Mi mamá Berta, que trabajaba en el campamento de voluntaria, me regaló chocolate para que lo compartiera con los amigos, pero tenía tanta hambre que me lo comí todo”. A partir de ese primer contacto, la convivencia con sus padres franceses en la localidad de Bagnères de Bigorre, en la región gala de los Altos Pirineos, marcó un punto de inflexión en la vida de María Teresa hasta que finalizó la II Guerra Mundial. “Crecí feliz junto a mis padres, aprendí francés en el colegio, viajé a París y disfruté de todas las comodidades”. Un tiempo que le sirvió a María Teresa para recuperarse de las heridas de la guerra y recuperar su infancia, lejos de la guerra fratricida, que fracturó tantas familias. A pesar de todo, el recuerdo de su madre Isabel permaneció vivo, gracias a lo que le contaba de ella su madre adoptiva.

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A mediados de los años 40, Berta y su marido, un excombatiente de la I Guerra Mundial, deciden adoptar a la niña Teresa. Al mismo tiempo, desde España, su madre Isabel, angustiada, porque pensaba que su hija había muerto, averigua que fue una de las niñas desplazadas a Francia y lucha por encontrarla para que vuelva a casa. “Berta ofrece a mi abuela Isabel y a su familia instalarse en Francia para reencontrarse con su hija, pero mi abuela se negó y consiguió traer a su niña de vuelta”, explica Rosa García.

El retorno de María Teresa a España con 16 años se convirtió en la etapa más dura del exilio. Pasaba de vivir en un país desarrollado y próspero a otro, inmerso en las penurias de posguerra. Esa etapa conmocionó a María Teresa por la miseria que se vivía en el pueblo. “Llegué con sombrero, ropa y zapatos y en el pueblo no había ni luz, ni suelo ni baño. Tuve que trabajar en el campo y fue duro”. En estos años, María Teresa acudió también a la escuela para aprender a hablar y escribir español. Su madre era consciente de que la niña necesitaba educarse. Poco después, la escasez de la familia empujó a María Teresa a la independencia. En los años siguientes, María Teresa trabajó en Guadalajara sirviendo en una casa y bordando a mano para ganarse la vida, hasta que finalmente se instaló en Madrid, su ciudad natal. Allí comenzaba a construir su propia familia. Se casó con Eduardo, un albañil manchego, que combatió en el ejército rojo. “Deseaba tener una gran familia y estoy orgullosa de mis cinco niños, diez nietos y tres bisnietos”, concluye.

‘Los niños de la guerra’

El relato de María Teresa, Ángel, Araceli da voz al legado de los ‘Niños de la Guerra’, la historia de miles de pequeños españoles que vieron cómo su infancia se frenó en seco por culpa de la guerra y debieron emigrar a otros países para sobrevivir. El estallido de la Guerra Civil, en julio de 1936, trastorna la vida política y social de España. También la educación y la infancia. Es el fenómeno que la profesora e investigadora de la Universidad de Alcalá, Verónica Sierra, denomina como ‘socialización bélica’: “Las guerras contemporáneas se caracterizaron por ser totales, implicaron  a toda la población, de tal forma que la sociedad y la economía giraban alrededor del conflicto. A los niños se les involucró en la guerra, a través de su adoctrinamiento ideológico en la escuela y mediante la literatura y los juegos”.

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En este contexto histórico, el enfrentamiento bélico convirtió a los niños en sujetos activos de la guerra. Sin embargo, a medida que avanzaba el conflicto, “la elevada mortalidad, la falta de higiene, las enfermedades y el hambre llevaron al Gobierno de la República a organizar la evacuación de los menores para salvaguardarles del peligro de los bombardeos”, explica Verónica Sierra a este digital.

La evacuación de los niños se planificó en dos fases. La primera de ella se desarrolló entre 1936 y 1939 hasta la caída de Cataluña. Durante este periodo, las autoridades desplazaron a los menores a las colonias escolares situadas en Levante, para sortear los efectos devastadores del conflicto. A pesar de que la evacuación se inició con celeridad, la guerra provocó la muerte de 140.000 niños. La Guerra Civil se saldó con medio millón de víctimas.

El avance del bando sublevado hacia el este del país provoca que no se pueda garantizar la seguridad de los menores desplazados a Valencia y Cataluña. Es el momento en el que arranca la internacionalización de las cuatro expediciones de los ‘niños de la guerra’, que, desde mediados de 1937 hasta finales de 1938, condujeron a 2.895 niños al exilio en la Unión Soviética. “Algunos países como Francia, Inglaterra, Bélgica, Méjico y Rusia que decidieron no intervenir en la guerra española, respondieron al llamamiento de acogida a la infancia que realizó el Gobierno y se hicieron cargo del cuidado y educación de miles de niños, después de que Alemania e Italia apoyaran a Franco en la contienda”, afirma Sierra.

El exilio de los niños a la URSS se desarrolló de una forma diferente a las evacuaciones a otros países europeos. Rusia, núcleo del comunismo, se convirtió, en la mayoría de los casos, en un “exilio sin retorno, porque nadie esperaba que la República perdiera la guerra y que estallase luego la II Guerra Mundial”, asevera la investigadora. La vida cotidiana de estos infantes se desenvolvió “con un trato privilegiado” en las dieciséis ‘Dietsky Dom’ o Casas de niños, repartidos por toda la Federación Rusa hasta los primeros años la Segunda Guerra Mundial.

Los propios niños relataban en la correspondencia que enviaban a sus familias que “aquí estamos como en jauja. Comemos cuatro veces al día, nos levantamos de la cama, nos lavamos y vamos a almorzar. Nos suelen dar dos cachos de pan con mantequilla y otro con queso y una taza o un vaso de chocolate”. Además, entre las viandas de que disfrutaban se encontraba el caviar o “esas cosas negras que nos gustaban nada”. Laura García, una de las ‘niñas de la guerra’, mandó unas miguitas de pan blanco dentro de una carta dirigida a su madre en la que le explicaba cómo se sentía en su nuevo hogar. Durante este tiempo, el Gobierno soviético creó ‘un microclima’ en estas casas de acogida, que marcó la instrucción que recibieron estos niños, siempre vinculada a su origen. De este modo, la educación incluía el estudio de la cultura española, la lectura del Quijote o el aprendizaje de los bailes folklóricos.

La invasión de la Unión Soviética por el ejército de Hitler, a finales de 1941, supuso un cambio radical en el devenir de estos pequeños. “Algunos niños se vieron envueltos en una arriesgada evacuación a lugares lejanos como Siberia, mientras que los mayores combatieron en el frente o en la retaguardia de la guerra, como forma de recoger el testigo de sus padres en la lucha contra el fascismo”, asegura Sierra.

Al término del conflicto mundial, en 1945, la suerte que corrieron estos niños fue dispar. Se estima que setenta murieron en el frente de la guerra. Otros perecieron por el hambre y el frio en la retaguardia;  mientras que otros tantos fueron depurados por Stalin en Gulags o retornados forzosamente a España. A partir de este momento, su destino se desliga y cada uno se esfuerza por sobrevivir y formar su propia familia.

En 1953, la muerte de Stalin abre la primera puerta al regreso a España, una vez que las relaciones diplomáticas entre ambos países se normalizaron. Durante los años 60 y 70, muchos ‘niños rusos’ consiguieron volver en expediciones a un país, que ya no reconocían como el de su infancia. “Muchos niños fueron perseguidos, encarcelados y rechazados por sus familias; no se reconocieron sus matrimonios civiles ni estudios, explica la investigadora. Como consecuencia, muchos volvieron a Rusia. Otros regresaron, ya jubilados, en los años ochenta a algunos países como España o Méjico. En torno a un centenar de ‘niños de la guerra’ viven hoy para relatar su historia de exilio a las nuevas generaciones.

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La exposición

‘Entre España y Rusia, recuperando la historia de los Niños de la Guerra’ es la muestra que  exhibe actualmente el Archivo Histórico Provincial de Guadalajara sobre el exilio ruso de estos menores, que huyeron de la barbarie de la Guerra Civil. Esta exposición histórica hunde su origen en la publicación de ‘Palabras huérfanas’, los niños y la Guerra Civil’, el libro escrito por la historiadora Verónica Sierra, en 2009, que compendia multitud de documentos personales de niños, soldados y presos, que sufrieron el conflicto civil en primera persona, entre 1936 y 1939.

Este proyecto cultural, subvencionado por el Ministerio de la Presidencia y en el que colaboran la Junta, el Archivo Histórico de Guadalajara (AHPG) y la Universidad de Alcalá, llega por vez primera a Guadalajara, después de haber recorrido más de 50 ciudades españolas y francesas desde 2012. El objetivo de la muestra es “recuperar una época de nuestra historia, a través de un fondo documental desconocido hasta ahora que da a conocer al público las evacuaciones de niños guadalajareños durante la Guerra Civil a Cataluña y Rusia”, explica a eldiarioclm.es Rafael De Lucas, director del Archivo Histórico de Guadalajara.

Entre el material inédito que aporta el AHPG a esta exposición destacan documentos administrativos de la inclusa de Guadalajara, registros de los niños que partieron al exilio, organizados por los pueblos de origen; telegramas o cartas familiares que “recogen el sufrimiento, las emociones y frustraciones de los padres y los niños que, ahora damos a conocer al público”, matiza De Lucas. Una serie de 40 fotos y unos 2.000 folios en los que se narra la vida cotidiana de los ‘niños de la guerra’ durante su estancia en las casas de acogida en Cataluña y Rusia, a finales de los años 30. La muestra se completa también con objetos personales de los protagonistas como juguetes de época o las maletas que acompañaron a los pequeños en su viaje.

La exposición se organiza en seis paneles que siguen la evolución de los ‘niños rusos’, en paralelo al contexto bélico de la Guerra Civil y II Guerra Mundial (1939-1945), cuando los pequeños vivían ya en internados de Rusia. En los primeros dos paneles  ‘Guerra e infancia’ y ‘De la evacuación al exilio’ se describe con imágenes y textos cómo el estallido del conflicto civil condicionó la existencia de estos niños, que dejaron de jugar para participar de la realidad bélica que les rodeaba. Además se explica la planificación de las cuatro evacuaciones con las que el Gobierno republicano alejó a estos menores del horror de las bombas y de la pobreza.

A continuación, a través del tercer panel ‘Una patria, mil destinos’ y del cuarto ‘De Españoles a rusos. Vida Cotidiana, educación y política’, se informa al visitante de cómo se desarrolló el exilio internacional de los niños, su acogida y educación en los centros rusos, su nuevo hogar. Finalmente, los expositores quinto ‘Entre dos guerras’ y sexto ‘Retornos y memorias’ relatan la vivencia de estos pequeños al tener que sufrir un segundo exilio, propiciado por la invasión de la URSS por los nazis y el retorno a España, a partir de los años 60, cuando se reestablecieron las relaciones diplomáticas entre Madrid y Moscú.

Al acto de inauguración, celebrado en la sede del AHPG el 6 de febrero asistieron el Delegado de la Junta en Guadalajara, Alberto Rojo, además de otras personalidades como el Embajador de Rusia en España; diversos políticos de Guadalajara, representantes de la universidad de Alcalá y el director de la UNED en Guadalajara, Jesús De Andrés. Las conferencias a cerca del exilio y el retorno de los Niños de la Guerra estuvieron conducidas por la Comisaria de la exposición, Verónica Sierra y la profesora de la UNED, Alicia Alted.

La muestra, que permanecerá abierta hasta el próximo 10 de abril en la sede del Archivo Histórico provincial de Guadalajara, se acompañará de una mesa redonda, moderada por Xulio y Pedro García Bilbao, representantes del Foro por la Memoria de Guadalajara. El coloquio contará con el testimonio de los niños de la guerra, localizados, a través de los fondos del archivo y de las bases de datos, que forman parte de la investigación desarrollada por los hermanos García Bilbao sobre los represaliados del franquismo en Guadalajara. Xulio García, destaca la dificultad de identificar a los ‘niños de la guerra’, a través del análisis de las sentencias de los represaliados de la dictadura, “porque estas sentencias eran personales y no aportaban información sobre los cónyuges o familiares de estos niños evacuados”.

Las visitas guiadas para escolares, la proyección del documental ‘El último maestro ruso’ en marzo y una conferencia sobre las memorias de los ‘niños de Rusia’, en abril, cerrarán este ciclo expositivo.