Archives de catégorie : Actualités

Un livre oublié depuis 1937 à découvrir

CHAVEZ NOGALES Manuel, A Sangre y fuego / Héroes, bestias y mártires de España. Barcelona : Libros del Asteroide, 2015.

IMG_20160316_0002

Né en 1897 à Séville, Manuel Chavez Nogales embrasse très tôt la carrière de journaliste. En 1922 il part pour Madrid où il devient le rédacteur en chef du quotidien El Heraldo, puis de 1931 à 1936, il dirige le journal Ahora, qui dès le départ apporte son soutien à la République espagnole. Chavez Nogales aura d’ailleurs de nombreux entretiens et contacts avec le président Manuel Azaña et il occupera son poste au sein du journal jusqu’à ce que le gouvernement républicain quitte Madrid pour Valence. A ce moment-là, menacé autant par les fascistes que par les révolutionnaires, il choisit de s’exiler en France où il continue sa carrière de journaliste d’investigation en participant à de nombreux journaux français et hispano-américains. Parallèlement à sa carrière de journaliste, il rédige d’abord A Sangre y Fuego (1937) puis La Agonía de Francia, réflexion sans concession sur la Débâcle française en 1940. Suite à la publication de cet essai, fiché par la Gestapo, il s’exile à Londres où il meurt en mai 1944.
A Sangre y fuego. Héroes, bestias y mártires de España dont les récits qui le composent avaient d’abord paru en ordre dispersé dans la presse argentine, a été publié pour la première fois au Chili en 1937. Ce livre connaitra deux rééditions, l’une aux Etats-Unis en 1937, l’autre au Canada en 1938 puis il sombrera dans l’oubli, jusqu’à ce qu’Abelardo Linares, célèbre éditeur, bibliophile et poète sévillan le redécouvre en 1993 lors de ses voyages en Amérique. Il faudra attendre 2001 pour que le livre soit publié pour la première fois en Espagne.
Manuel Chavez Nogales se définissait avant tout comme un démocrate, « ciudadano de una república democrática y parlementaria », comme il l’écrit lui-même dans le Prologue de son livre en 1937. Dans A Sangre y fuego, il raconte dans les débuts de la Guerre Civile les exactions qui eurent lieu dans les deux camps et sans doute a-t-il payé cette audace de l’oubli dans lequel son œuvre a très vite sombré. Très lucidement il écrit, toujours dans le Prologue, depuis son exil à Montrouge en 1937 :
« De mi pequeña experiencia personal puedo decir que un hombre como yo, por insignificante que fuese, había contraído méritos bastantes para haber sido fusilado por los unos y los otros. Me consta por confidencias fidedignas que, aun antes de que comenzase la Guerra Civil, un grupo fascista de Madrid había tomado el acuerdo, perfectamente reglamentario, de proceder a mi asesinato como una de las medidas preventivas que había que adoptar contra el posible triunfo de la revolución social, sin perjuicio de que los revolucionarios, anarquistas y comunistas, considerasen por su parte que yo era perfectamente fusilable ».

Ce livre qui, sur le plan littéraire, tient un parfait équilibre entre articles de journaux et récits de fiction a été écrit dans l’urgence et raconte des épisodes dramatiques du début de la Guerre Civile sans exaltation ni excès mais de manière sobre et directe. Ni réactionnaire ni révolutionnaire, Manuel Chavez Nogales constate la réalité atroce de la Guerre Civile dans les deux camps et préfigurant dans une certaine mesure la philosophie de Hannah Arendt, il montre comment le Mal peut entraîner à des exactions abominables des êtres tout à fait ordinaires. En effet ce sont bien des êtres ordinaires que présente ce livre, simples héros, bêtes sanguinaires sans conscience ou martyres… Tout ce qui est écrit dans ce livre est sorti de la propre réalité personnelle de l’auteur et des nouvelles que d’autres exilés lui apportaient à Montrouge dans la maison de son exil.

– Un bombardement franquiste aveugle sur Madrid  entraîne des représailles tout aussi aveugles. (¡ Massacre, massacre !)
– Un jeune marquis qui accompagne son père dans une battue pour en finir avec les bandits rouges ne peut se résoudre à dénoncer un ancien camarade de classe… (La gesta de los caballistas)
– Un jeune milicien dont le rêve est de dormir enfin une fois la guerre terminée, pourchasse toute une nuit une petite lumière qui est celle des traîtres qu’il faut empêcher de nuire, avant de tomber sous les balles de l’ennemi. « En la guerra y la revolución era difícil dormir. ¡ Pero qué a gusto se dormía al final ! » (Y a lo lejos, una lucecita)
– Un groupe de l’arrière-garde républicaine composée de déserteurs et d’éléments incontrôlés sème la terreur sur son passage. (La columna de hierro)
– Un artiste commissionné par la République pour sauver les trésors artistiques découvre le drame de ces soldats républicains lancés dans une guerre sans aucune préparation face à une armée organisée et impitoyable. (El tesoro de Briesca)
– Quel sort réserver à un mercenaire de la garde maure de Franco, tombé aux mains des Républicains ? (Los guerreros marroquíes)
– Le phalangiste don Cayetano Tirón laisse lâchement fusiller trois jeunes filles qui lui avaient pourtant sauvé la vie et calme sa conscience de lâche en se disant qu’elles n’ont pas souffert. (¡ Viva la muerte !)
– Bigornia, « un ogro convertido en proletario metalúrgico », remet en service de vieux tanks et lance son armada pour couper la route aux soldats de Franco qui avancent en Extremadura. Il montre l’exemple du courage le plus insensé aux commandes de son monstre d’acier jusqu’au sacrifice final. (Bigornia)
– Daniel, un ouvrier accusé d’être un laquais des patrons veut seulement travailler et refuse de s’engager politiquement. Ne trouvant plus de travail et mourant de faim, il s’engage dans les rangs de la République, se bat comme un lion et triste ironie du sort, « murió batiéndose por una causa que no era la suya ». (Consejo obrero)
– Un père perd ses deux fils enterrés sous les décombres de l’abri que l’aviation franquiste a bombardé et il cherche désespérément à sauver sa petite fille prisonnière sous des blocs de ciment. (El refugio)
– Sous les bombes, au milieu des blessés et des mourants, une religieuse écrit à son oncle Ministre de la Défense du Gouvernement de la République. (Hospital de sangre)
Après avoir essayé en vain de classer les personnages en héros, bêtes et martyres, j’ai finalement choisi de respecter l’ordre des récits choisi par l’éditeur car c’est ce qui m’a semblé le plus objectif.
Il faut lire dans leur intégralité  ces récits des tout premiers mois de la Guerre Civile. Jamais Manuel Chavez Nogales ne se laisse emporter par la passion partisane ou l’esprit de propagande, et choisissant un style direct et pourtant travaillé, il ne veut rien justifier, rien mythifier. Sans doute est-ce cette position qui lui a valu l’oubli. En lisant ces récits, j’ai souvent pensé à la noirceur des cartons de Goya que j’ai vus récemment à Zaragoza, Los Desastres de la guerra.

Il existe une traduction française du livre par Catherine Vasseur, parue aux éditions du Quai Voltaire à Paris en mars 2011 :
A Feu et à sang
Héros, brutes et martyrs d’Espagne.

Conférence à Argenton-sur Creuse : l’exil républicain en France

ARGENTON WP_20160116_002ARGENTON SUR CREUSE 001De la part de Mar-y-Luz CARINO LOPEZ

Dans le cadre de l’Université Populaire d’Argenton-sur-Creuse (UPAC, 69 rue Auclert Descottes, 36200 Argenton-sur-Creuse, courriel : upopargenton36@orange.fr), une conférence est organisée  avec la participation de Geneviève Dreyfus-Armand :  « L’exil républicain espagnol en France : de l’histoire à la mémoire ».

Cliquez sur l’image.

Entrée : 2 € pour les adhérents, 5 € pour les non adhérents.

Maternité suisse d’Elne (66) : la mémoire retrouvée

Maternité suisse photoDe la part d’Alice CHANIOUX

LA MEMOIRE RETROUVEE

Autour d’une exposition au Musée Terrus d’Elne (Pyrénées Orientales) « Un berceau d’humanité au cœur de l’inhumain », une belle histoire racontée : celle de la maternité Suisse d’Elne, installée dans le château d’En Bardou (vieille famille roussillonnaise).

Ce lieu a d’ailleurs été classé monument historique pour que personne n’oublie le combat d’une femme : Elisabeth EIDENBENZ, membre du secours Suisse aux enfants d’Espagne, elle sera l’âme et la cheville ouvrière de ce lieu de vie et d’espoir.

Le maire d’Elne, lui même petit fils de Républicains Espagnols, outré par la façon dont la France avait « accueilli » ces réfugiés qui fuyaient l’Espagne fasciste de Franco, les rescapés de la Retirada, disait que pour beaucoup, la seule chose qui leur soit arrivé de bien en France, c’était leur passage à Elne car « la Republica volvia la espalda a la Republica »  (la République – française – avait tournait le dos à la République – espagnole).

C’est   lui qui a remué «  ciel et terre » pour que ce lieu soit restauré et cette histoire connue.

En effet, entre 1939 et 1944, durant 5 ans, 600 enfants de mères Républicaines (principalement) sont nés dans cette maternité, mères extraites des camps de prisonniers du sud (Rivesaltes, Le Barcarès, Argelés, Saint Cyprien) où elles survivaient à grand peine. En plus de ces naissances, un millier de femmes et d’enfants seront ici accueillis, dans un îlot de paix, échappant ainsi à l’horreur !

Un film de Frédéric Goldbronn a retracé cette histoire en 2002.

On peut retrouver également sur Wikipédia   « Mémoria   del exilio »,   une émouvante interview d’Elisabeth (en espagnol) qui est décédée en 2011.

La Reine Sophie d’Espagne a d’ailleurs décoré le maire d’Elne (en l’absence de l’héroïne), au nom de son pays, la Région ( la Provencia )de Catalogne en a fait de même !

La restauration de ce lieu est quasiment terminée.

Les enfants d’Elisabeth s’y retrouvent déjà avec leurs descendants car Elisabeth EIDENBENZ avait pris soin de photographier chaque enfant pour que les mamans aient un souvenir. Elle donnait un prénom espagnol aux bébés de mamans juives pour qu’ils échappent à la Gestapo, cela a failli lui coûter la vie !

Pour en savoir plus :

http://www.ville-elne.fr/fr/information/71625/la-maternite-suisse

http://www.racontemoilhistoire.com/2015/09/20/elisabeth-eidenbenz-maternite-suisse/

 

……

101 ANS DE GUERRES IMPÉRIALISTES, ÇA SUFFIT !

Le 11 novembre prochain marquera les 97 ans de la fin de la Grande Boucherie de 14-18, commencée il y a 101 ans.

Les cérémonies officielles tenteront de nous faire oublier que cette guerre fut une monstruosité qui coûta la vie à 9 millions de personnes (et laissa autant d’invalides) pour répondre à des jeux d’alliances politiques et à des intérêts économiques.
Ce 11 novembre 2015, nous rendrons encore hommage aux militant-e-s internationalistes qui tentèrent de résister aux appels à « l’Union sacrée » à l’instar des mutins de 1917 qui le payèrent de leur vie.

Nous rappellerons également que 101 ans après, l’impérialisme reste le principal moteur des guerres en cours, et que les peuples en sont toujours victimes. Que ce soit le peuple d’Ukraine pris en tenaille entre les intérêts américains et russes, le peuple kurde massacré par les fascistes islamistes et du régime Turc sous le regard complice de l’OTAN, le peuple palestinien écrasé par le colonialisme israélien, ou tous les peuples du Moyen-Orient ou d’Afrique, dont les ressources sont régulièrement pillées sous couvert de guerres humanitaires trouvant leur justification dans des situations instables créées par les interventions militaires passées.

Le rassemblement sera ponctué d’interventions, et se terminera par un verre de l’amitié.
Guerre à la guerre. Fraternité entre les peuples !

RASSEMBLEMENT ANTI MILITARISTE, DEVANT LA FACULTÉ DES TANNEURS, TOURS, 10H, CE 11 NOVEMBRE 2015

Premiers signataires : SOLIDAIRES 37, Les Amis de Demain Le Grand Soir, RETIRADA 37, Alternative Libertaire 37, NPA 37, JC 37, PCOF 37, etc