Les fortes mobilisations des 14 et 21 janvier 2024 contre la loi immigration, loi raciste et xénophobe, ont permis le retrait des dispositions les plus nauséabondes par le Conseil Constitutionnel.
Ce qui en reste demeure l’une des pires loi anti-immigrés. Non seulement elle les précarise davantage mais de plus elle favorise le dumping social entre tous les travailleur.ses.
Elle facilitera grandement les conditions d’expulsions, sans respect des droits fondamentaux, rendra plus précaire l’accueil des réfugié.es et plus difficile les conditions de vie, pas seulement pour les sans-papiers, mais pour l’ensemble des personnes d’origine étrangère.
Nous dénonçons l’ouverture de nouveaux « Camps » de rétention administratif (CRA), qui sont des lieux d’enfermement et de privation de liberté pour des familles avant l’expulsion, comme celui qui vient d’ouvrir à Olivet (45).
En conséquence nous appelons à une nouvelle mobilisation le samedi 3 février à 15 h place de la Liberté à Tours pour l’abrogation de la Loi Immigration.
Contre le racisme, la xénophobie et pour défendre une politique migratoire d’accueil et de solidarité, pour une véritable égalité des droits humains et des papiers pour tous.tes.
Notre collectif s’inscrit dans les mobilisations unitaires nationales initiées depuis le 14 janvier jusqu’à l’abrogation de cette loi scélérate.
Collectif Interorga unitaire contre la Loi immigration.
Signataires :
Associations et collectifs : Action Féministes Tours, AMMI-Val d’Amboise, ATTAC 37, Chrétien Migrants,
CIMADE37, CIP 37, Collectif Notre Santé en Danger 37, Collectif Pas d’Enfants à la Rue, Convergence Services
Publics 37, Dernière Rénovation Tours, Emmaüs 100 pour 1, Entraide et Solidarité, Extinction Rébellion,
FEUTRE, ICEM – Pédagogie Freinet 37, Le CAT, LISTE, Organisation de Solidarité Trans Tours, Réseau
Féministe 37, RESF 37, Retirada 37, LDH 37, Le collectif des sports et loisirs pour les migrants chinonais,
Les Soulèvements De La Terre Touraine, Naya, Stop Harcèlement De Rue Tours, La Table de Jeanne Marie,
Tours Antifa, Utopia 56, Le Mouvement pour la Paix.
Syndicats : FSE, SET, SOLIDAIRES 37, Solidaires étudiant.es, USL 37, UD CGT 37.
Organisations politiques : CATDP, Les Ecologistes 37, GES 37, Les Jeunes Ecologistes 37, Les Jeunes.Insoumis.es 37, Jeunes Socialistes Touraine, LFI 37, MJCF 37, NPA 37, Parti des Travailleurs 37, PCF 37, PCOF
37, Parti de Gauche 37, POI 37, PS 37, UCL 37
Tous les articles par Luis Lopez
Les archives de la Brigade Lincoln : « La civilisation doit être sauvée de la destruction d’un groupe de dégénérés »
En 1979, un groupe de membres des brigades internationales américaines de la guerre civile espagnole a lancé ses archives historiques. Aujourd’hui, il contient plus de 300 collections utilisées pour l’enseignement aux États-Unis.
Par Leire Ariz Sarasketa
Publico
4/11/2023
traduit par Luis
« Chère mère et cher père :
Je pense qu’au moment où vous recevrez cette lettre, je serai mort depuis plusieurs semaines. Évidemment, la guerre entretient la confusion et j’ai vu suffisamment de morts attestées pour savoir qu’il faut être quelque peu prudent, mais si vous recevez cette lettre accompagnée d’une annonce officielle, considérez-la comme définitive. »
Avec cette force teintée d’ironie qui imprègne le reste de sa lettre, commence l’annonce du décès écrite de la main de cet habitant de l’Ohio Sam Levinger, combattant international de la Brigade Abraham Lincoln pendant la guerre civile espagnole, blessé à Belchite et tué à La Puebla del Hijar par manque d’assistance médicale. Il avait 22 ans.
Cette lettre fait partie de la collection de documents, plus de 10 000 photographies et divers souvenirs des 2 800 membres de la brigade américaine stockés à la bibliothèque Tamiment de l’université de New York (NYU) depuis 2000.
La collection a été initialement mise en oeuvre à Boston par le bibliothécaire de l’Université Brandeis, Victor Berch, qui, en 1979, a dirigé et accompagné l’initiative des anciens combattants de la Brigade Abraham Lincoln (VALB) pour créer la Fondation des Archives de la Brigade Abraham Lincoln (ALBA). À ce jour, bien que l’association n’ait aucun lien juridique, elle entretient une relation en symbiose avec les archives de l’Université de New York (NYU)pour la collecte de nouveaux documents et de promotion de ceux existants.
Selon Sebastiaan Faber, écrivain, professeur hispaniste et président du conseil d’administration de l’ALBA depuis 2018, l’histoire de la collection « est fondamentalement une reconnaissance de l’importance de la guerre civile espagnole pour la gauche mondiale. Personne ne conteste l’importance de cet épisode, dont la portée dépasse largement les limites de l’Espagne.»
Parmi les premiers à prendre conscience de la nécessité de créer des archives historiques de la guerre, avant les membres de l’ALBA eux-mêmes on trouve les anarchistes et anarcho-syndicalistes de la Confédération nationale du travail et de la Fédération anarchiste ibérique, mieux connus sous le nom de CNT, qui, juste avant la fin de la guerre, en janvier 1939, réussirent à stocker leurs archives dans 43 caisses en bois, dites « les caisses d’Amsterdam», et à les envoyer à l’Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam.
En réalité, elles n’arriveront à leur destination finale qu’en 1946. Car elles devaient d’abord passer par Paris et la succursale que l’institut néerlandais avait créée à Oxford, avec suffisamment de prudence pour éviter le pillage nazi en cas d’occupation allemande des Pays-Bas, comme ce fut le cas.
Au même moment, mais de l’autre côté de l’Atlantique, le bibliothécaire Herbert Southworth, mentor d’hispanistes comme Paul Preston et Ángel Viñas, « fut saisi par une furieuse obsession de collectionner des documents, des brochures pamphlétaires, des livres, des articles, notamment du matériel bibliographique. », selon les mots de Faber, et a fini par créer la plus grande bibliothèque privée du monde sur la guerre civile. Au début des années 1970, il vend ses archives à l’Université de Californie à San Diego.
Après la mort de Southworth en 1999, la chronique nécrologique du Guardian le définissait comme « le fléau intellectuel pour la dictature franquiste en Espagne », rappelant que son livre The Myth Of Franco’s Crusade avait amené le ministre de l’Information de l’époque, Manuel Fraga, à créer une section dédiée à moderniser l’historiographie du régime.
C’est dans ce contexte que les vétérans de la Brigade Lincoln ont commencé à parler de ce qu’ils devaient faire de leurs propres archives, alors qu’en Espagne, toute la documentation saisie pendant la guerre était conservée dans les services documentaires de la dictature, hébergés à Salamanque.
« Ces archives sont également pionnières », rappelle Faber, « mais elles sont nées comme faisant partie de l’effort de Franco pour la cause générale. Il s’agit en fait d’un cadre judiciaire pénal qui sert à cibler la soi-disant barbarie rouge.» En 2007, les Archives générales de la guerre civile espagnole ont été intégrées au Centre documentaire de la mémoire historique, dont le siège est à Salamanque.
Faber estime que les archives américaines s’expliquent par le dynamisme organisationnel des vétérans de la Brigade Lincoln, mais aussi parce que « compte tenu de l’énorme infrastructure académique et de la richesse économique des universités nord-américaines, il est beaucoup plus facile de financer et de mettre en place des projets comme celui-ci. »
Aujourd’hui, les archives de l’ALBA comptent plus de 300 collections individuelles comme celle de Sam Levinger, dont celles des 60 femmes qui ont rejoint la guerre depuis les États-Unis. Parmi elles, l’infirmière afro-américaine Salaria Kea, qui a quitté Harlem pour prodiguer des soins à Portbou et est décédée dans l’Ohio en 1991.
Avec une histoire similaire à celle de Kea, le Jamaïcain Canute Frankson a écrit une lettre à un ami le 6 juillet 1937, expliquant les raisons pour lesquelles il a rejoint la guerre : « Je suis sûr que tu attends toujours une explication détaillée sur ce qu’a à voir ce combat international avec moi. Il s’agit d’une guerre entre Blancs qui nous ont asservis depuis des siècles. […] Mais nous ne sommes plus un groupe minoritaire isolé luttant désespérément contre un immense géant, parce que, cher ami, nous nous sommes unis et faisons partie d’une force progressiste, sur les épaules de laquelle repose la responsabilité de sauver la civilisation humaine de la destruction planifiée d’un petit groupe de dégénérés qui sont devenus fous dans leur désir de pouvoir. »
James Lardner, correspondant à Paris du New York Herald Tribune depuis 1938, a écrit à sa mère une liste détaillée des raisons pour lesquelles il s’est enrôlé dans les Brigades internationales, dont la première était : « Parce que je crois que le fascisme est mauvais et doit être exterminé, et que la démocratie libérale, ou plus probablement le communisme est la bonne voie. »
A cela il en ajoutait d’autres aussi diverses comme : « Parce que dans ma recherche ambitieuse de connaissances dans tous les domaines, je ne peux pas me permettre, dans ce cas, de laisser la guerre de côté », « parce qu’il y a une fille à Paris qui devra apprendre que ma présence n’est pas nécessaire à son existence », ou « parce que j’ai besoin de quelque chose d’impressionnant chez moi pour compenser ma malheureuse timidité dans les relations sociales ».
« J’ai également examiné les quelques raisons pour lesquelles je ne devrais pas rejoindre l’armée, conclut-il. Je suis désolé pour toi mais elles n’ont pas suffi à me dissuader. » Le 23 septembre 1938, ce qui était censé être le dernier jour de combat des Brigades internationales, Lardner ne revint pas à la base après avoir patrouillé avec deux compagnons. Son corps n’a jamais été retrouvé. Selon le journaliste Vincent Sheean, qui était son compagnon, « Lardner fut le dernier Américain à s’enrôler et le dernier à être tué ».
« Ce qui motive les volontaires est très différent selon les personnes », explique Faber. « Certains n’ont que 20 ans, ils sont célibataires et c’est en partie une aventure. D’autres ont 35 ans, ont déjà une expérience de la guerre et partent parce qu’ils croient pouvoir aider à quelque chose de concret », explique-t-il.
« Il y a des gens du monde syndical. Il y a beaucoup de Juifs, enfants de migrants ou migrants eux-mêmes, qui reviennent essentiellement en Europe pour lutter contre le fascisme, ils savent que celui-ci harcèle leurs proches là-bas, en Allemagne, en Autriche… Il y a des Afro-Américains qui voient clairement les raisons de lutter contre le même fascisme qui les harcèle depuis des années et des siècles aux États-Unis. Et je pense que cette conscience de l’importance de l’expérience espagnole les rend très ouverts pour partager leurs documents à travers des archives publiques », explique-t-il.
Et à propos des efforts déployés pour préserver leur expérience, il ajoute : « Beaucoup de ces vétérans ont senti que leur expérience en Espagne constituait une sorte de moment d’exception dans leur propre vie. Ils ont appris des choses qui ont changé le cours de leur vie, qu’ils ne pourront jamais surpasser en termes d’intensité ou de pertinence. Ils ont fini par vivre une vie parfois dédiée à la mémoire, ou du moins à la tentative de rendre hommage à leur propre expérience en Espagne.
Aujourd’hui, l’ALBA produit également du matériel pédagogique pour les enseignants aux États-Unis et, selon Faber, « d’une part, l’intérêt grandit » – comme l’illustre l’annonce d’une mini-série télévisée du célèbre David Simon sur la Brigade – « et d’autre part, il existe d’autres courants qui s’opposent à l’existence de ces espaces et, notamment dans le domaine de l’éducation, les gouvernements des États tentent de limiter et de censurer ou du moins de façonner ce qui est enseigné. »
« Maintenant qu’ils sont tous morts, nous nous engageons à maintenir leur mémoire vivante, avec l’idée très claire que ce qui nous incombe est d’expliquer et de démontrer aujourd’hui la pertinence des idées qui les ont animés « , conclut Faber. « La solidarité internationale, une préoccupation très spécifique pour l’Espagne et son développement démocratique, la justice sociale aux États-Unis, le mouvement ouvrier aux États-Unis… Tout cet ensemble de questions qui étaient au centre de leurs inquiétudes et que nous pensons toujours importantes ou, qui peut-être, sont encore plus importantes à un moment où dans le monde et les États-Unis nous sommes confrontés à de très grands défis.
tiré de l’article de Publico du 4 novembre 2023
El archivo de la brigada Lincoln: “Hay que salvar la civilización de la destrucción de un grupo de degenerados”
En 1979, un grupo de brigadistas estadounidenses de la guerra civil española pusieron en marcha su archivo histórico. Hoy, contiene más de 300 colecciones, utilizadas para dar clase en EEUU.
04.11.2023
Por Leire Ariz Sarasketa
Publico
“Queridos madre y padre:
Supongo que cuando recibáis esta carta, llevaré muerto varias semanas. Evidentemente, la guerra es una cosa confusa y he visto suficientes muertos certificados caminando por ahí para saber que hay que ser algo escéptico, pero si recibís esta carta junto con un anuncio oficial, dadlo por definitivo”.
Con esa contundencia irónica que impregna el resto de su carta, empieza el anuncio de muerte escrito de puño y letra por el ohioano Sam Levinger, combatiente internacional de la Brigada Abraham Lincoln durante la guerra civil española, herido en Belchite y muerto en La Puebla de Hijar por falta de asistencia médica. Tenía 22 años.
Su carta forma parte de la colección de documentos, más de 10.000 fotografías y diversa memorabilia de los 2.800 brigadistas estadounidenses alojada en la biblioteca Tamiment de la Universidad de Nueva York (NYU) desde el año 2000.
La colección fue originalmente puesta en marcha en Boston por el bibliotecario de la Universidad de Brandeis Victor Berch que, en 1979, lideró y organizó la iniciativa de los Veteranos de la Brigada Abraham Lincoln (VALB) para crear la fundación Abraham Lincoln Brigade Archives (ALBA). A día de hoy, si bien la asociación no tiene ningún vínculo legal con el archivo de NYU, mantiene una relación simbiótica de recopilación de nuevos materiales y promoción de los ya existentes.
Según Sebastiaan Faber, escritor, profesor hispanista y presidente de la junta de ALBA desde 2018, la historia de la colección “es básicamente un reconocimiento de la importancia para la izquierda mundial de la guerra civil española. No hay nadie que dispute la importancia del episodio, cuya trascendencia va mucho más allá de España”.
Algunos de los primeros en darse cuenta de la necesidad de generar un archivo histórico de la guerra, antes que los propios miembros de ALBA, fueron los anarquistas y anarcosindicalistas de la Confederación Nacional del Trabajo y la Federación Anarquista Ibérica, más conocidas como la CNT-FAI que, justo antes del fin de la guerra, en enero de 1939, consiguieron almacenar sus archivos en 43 cajas de madera, conocidas como “las cajas de Ámsterdam”, y enviarlos al Instituto Internacional de Historia Social de Ámsterdam.
En realidad, llegarían a su destino final en 1946. Porque antes tuvieron que pasar por París y por la sucursal que el instituto holandés había creado en Oxford, con la previsión suficiente para evitar un saqueo nazi en caso de ocupación alemana de los Países Bajos, como así ocurrió.
Al mismo tiempo, pero al otro lado del Atlántico, el también bibliotecario Herbert Southworth, mentor de hispanistas como Paul Preston y Ángel Viñas, “fue preso de una obsesión furiosa por recoger materiales, panfletos, libros, artículos, sobre todo material bibliográfico”, en palabras de Faber, y terminó montando la mayor biblioteca privada del mundo sobre la guerra civil. A principios de los años 70, vendió su archivo a la Universidad de California en San Diego.
Tras la muerte de Southworth en 1999, el obituario de The Guardian lo definió como “el azote intelectual de la dictadura de Franco en España”, recordando que su libro The Myth Of Franco’s Crusade había provocado que el entonces ministro de Información, Manuel Fraga, estableciera un departamento dedicado a modernizar la historiografía del régimen.
Ese era el contexto en el que los veteranos de la Brigada Lincoln empezaron a hablar sobre qué hacer con su propio archivo, mientras en España toda la documentación incautada durante la guerra se almacenaba en los Servicios Documentales de la dictadura, alojados en Salamanca.
“Ese archivo también es pionero”, recuerda Faber, “pero nace como parte del esfuerzo franquista de la causa general. Es un marco judicial criminal que sirve para documentar la llamada barbarie roja”. En 2007, el Archivo General de la Guerra Civil Española se integró en el Centro Documental de la Memoria Histórica, con sede en Salamanca.
Faber cree que el archivo de Estados Unidos se explica por el impulso organizativo de los veteranos de la Brigada Lincoln, pero también porque “dada la enorme infraestructura académica y la riqueza en términos económicos de las universidades norteamericanas, hace que sea bastante más fácil financiar y montar cosas así”.
A día de hoy, los archivos de ALBA cuentan con más de 300 colecciones individuales como la de Sam Levinger, incluyendo la de las 60 mujeres que se unieron a la guerra desde EEUU. Entre ellas, la enfermera afroamericana Salaria Kea, que dejó Harlem para ofrecer asistencia sanitaria en Portbou y murió en Ohio en 1991.
Con una historia similar a la de Kea, el jamaicano Canute Frankson escribió una carta a un amigo el 6 de julio de 1937 en la que explicaba sus motivos para unirse a la guerra:
“Estoy seguro de que aún esperas una explicación detallada de qué tiene que ver esta lucha internacional conmigo. Esta es una guerra entre blancos que nos han esclavizado durante siglos. […] Pero ya no somos un grupo minoritario aislado luchando desesperadamente contra un gigante inmenso, porque, querido, nos hemos unido y convertido en parte de una fuerza progresista, en cuyos hombros se eleva la responsabilidad de salvar la civilización humana de la destrucción planificada de un pequeño grupo de degenerados que se han vuelto locos en su deseo de poder”.
James Lardner, corresponsal en París del New York Herald Tribune desde 1938, escribió a su madre una lista detallada de razones por las que se alistaba en las Brigadas Internacionales, la primera de las cuales era: “Porque creo que el fascismo está equivocado y debe ser exterminado, y que la democracia liberal, o más probablemente el comunismo, está en lo correcto”.
A esta le añadía otras tan diversas como: “Porque en mi ambiciosa búsqueda de conocimiento en todos los campos no puedo permitirme, en esta, era dejar la guerra de lado”, “porque hay una chica en París que tendrá que aprender que mi presencia no es necesaria para su existencia”, o “porque necesito algo que impresione de mí para compensar mi desafortunada timidez en las interacciones sociales”.
“También he considerado unas pocas razones por las que no debería unirme al Ejército”, concluye, “siento por ti que no hayan sido suficiente para disuadirme”.
El 23 de septiembre de 1938, el que se suponía que iba a ser el último día de lucha para las Brigadas Internacionales, Lardner no volvió a la base después de un patrullaje con dos compañeros. Su cuerpo nunca fue recuperado. De acuerdo al periodista Vincent Sheean, que fue su compañero, “Lardner fue el último americano en alistarse y el último en ser asesinado”.
“Lo que motiva a los voluntarios es muy diferente según la persona”, reflexiona Faber. “Algunos solo tienen 20 años, son solteros y es, en parte, una aventura. Otros tienen 35, ya tienen experiencia bélica, y van porque creen que pueden contribuir a algo en concreto”, explica.
“Hay personas del mundo sindical. Hay muchísimos judíos, hijos de migrantes o migrantes ellos mismos, que vuelven básicamente a Europa para luchar contra el fascismo, que saben que está acosando a sus parientes ahí mismo, en Alemania, en Austria… Hay afroamericanos que ven claramente los problemas de luchar contra el mismo fascismo que les lleva acosando años y siglos en Estados Unidos. Y creo que esa conciencia de la trascendencia de la experiencia española hace que estén muy dispuestos a compartir sus materiales a través de un archivo público”, explica.
Y sobre el esfuerzo para preservar su experiencia añade: “Muchos de estos veteranos sintieron que su experiencia en España constituía una especie de momento de trascendencia en su propia vida. Aprendieron cosas que cambiaron el curso de su vida, que nunca pudieron superar en términos de intensidad o de relevancia. Acabaron viviendo una vida dedicada a veces a la memoria, o al menos al intento de honrar su propia experiencia en España”.
A día de hoy, ALBA también elabora materiales educativos para profesores de Estados Unidos y, según Faber, “por un lado, el interés crece” -como ilustra el anuncio de una miniserie para televisión del célebre David Simon sobre la brigada-, “y por otro, hay otras corrientes que trabajan en contra de que haya estos espacios y, especialmente en la educación, hay intentos por parte de los gobiernos estatales por limitar y censurar o al menos moldear lo que se enseña”.
“Ahora que todos han muerto, nos dedicamos a mantener viva su memoria, con una idea muy clara de que lo que nos incumbe es explicar y demostrar la relevancia de las ideas que les movieron hoy”, concluye Faber. “La solidaridad internacional, una preocupación muy específica con España y su desarrollo democrático, la justicia social en Estados Unidos, el movimiento obrero en Estados Unidos… Todo ese conglomerado de temas que les preocuparon a ellos y que nos parece que siguen siendo importantes o, quizá, son aún más importantes en un momento en el que el mundo y Estados Unidos estamos viéndonos enfrentados a desafíos muy grandes”.
Une Mémoire Démocratique pour une Démocratie en Danger
Le manifeste adopté à l’occasion des XIe Rencontres Transfrontalières des Associations de mémoire historique, démocratique et antifasciste se terminait sur l’engagement des participants aux groupes de travail à « agir au sein des sociétés dans lesquelles elles vivent et se développent » car « elles ne peuvent ni ne doivent rester silencieuses face à la dégradation de la démocratie dans leurs pays (tant en France qu’en Espagne) et dans le monde. » En ce sens, le manifeste souligne que la mémoire démocratique est « le vaccin qui immunisera notre société d’aujourd’hui contre le virus de la haine dont l’extrême droite a besoin pour grandir et triompher ».
En France les groupes d’extrême droite et nazis n’hésitent plus à se montrer, diffusent de la propagande antisémite et tentent de profaner les camps comme ce fut le cas pour le camp de Gurs. L’intervention de la gendarmerie a permis d’éviter la profanation. Les mesures adoptées par le gouvernement Macron affectent les couches les plus pauvres du pays y compris les classes moyennes ou la jeunesse étudiante, dont une grande partie est contrainte d’abandonner ses études ou, comme le démontrent les statistiques, doit se limiter à un seul repas par jour en raison de l’inflation (46 %). Tout cela constitue désormais un terreau favorable à la réception du discours de Marine Le Pen qui, avec 89 sièges sur les 577 que compte l’Assemblée Nationale, s’affiche comme la seule personnalité capable de battre Emmanuel Macron aux élections pour la Présidence de la République de 2027. Cependant, alors qu’à l’intérieur elle adopte un discours trompeur et se présente comme une force respectable, modérée et au profil social, (sur la base cependant d’un État providence réservé aux seuls nationaux du pays) dans le but de susciter et de recueillir le vote des secteurs les moins politisés, habituellement abstentionnistes, à l’extérieur, au contraire, pour les élections au Parlement européen prévues en 2024, elle montre son vrai visage et cherche des alliances avec d’autres forces de l’extrême droite européenne telles la Ligue de Salvini dont elle partage le même discours xénophobe, raciste et anti-immigrés.
Parallèlement l’extrême droite prend le contrôle de publications et de médias audiovisuels et y installe des journalistes affidés chargés de vulgariser sa propagande révisionniste dans le but de neutraliser l’antifascisme.
L’Espagne, de son côté, si elle a enregistré quelques nouvelles positives avec un rapport du parquet favorable à l’admission de la plainte déposée par Carles Vallejo à la suite des tortures subies lors de sa détention au début des années 70, ou avec la première audition de Julio Pacheco par un juge sur les tortures dont il a été victime en 1975 après son arrestation par la police secrète de Franco, a vu malheureusement s’affirmer une forte présence électorale de l’extrême droite.
Et, ce qui est bien pire, l’extrême droite a réussi à contaminer une partie de la société avec son discours de haine et d’exclusion et à amener d’autres formations comme le P.P à calquer leur agenda et leurs propositions sur les siens jusqu’à s’associer à VOX pour gouverner de nombreuses communautés autonomes.
Heureusement, la mobilisation de la gauche lors des élections générales de juillet a empêché, au moins pour l’instant, qu’ils puissent gouverner ensemble le pays. Ils ont conclu des accords prévoyant des mesures, développées avant et après les élections, qui, en plus de vouloir restreindre les droits fondamentaux des femmes, nient la diversité sexuelle, favorisent les plus riches et les plus puissants à travers une politique fiscale qui réduit (et parfois élimine) les impôts qui taxent la richesse. Ils veulent récupérer ce qu’ils considèrent comme l’essence de l’hispanité. Ils veulent en finir avec la Mémoire Démocratique en abrogeant les lois promulguées en ce domaine ou en les laissant sans application, tout en prônant un discours qu’ils fondent sur ce qu’ils appellent la concorde et la réconciliation, mais qui n’est rien d’autre que l’oubli et le silence.
La Mémoire Démocratique ne peut être tributaire du gouvernement en place. Elle constitue un axe central de l’État lui-même, pour autant qu’il soit défini comme démocratique. Les politiques de mémoire publique sont une obligation dont le respect ne peut dépendre de la volonté de gouvernants car elles constituent une partie inaltérable de l’héritage démocratique de la société. L’élimination de la mémoire démocratique sape les fondations sur lesquelles l’État démocratique s’est construit et se soutient. Il ne s’agit pas, comme le prétend à tort la droite espagnole, d’imposer un récit historique partisan mais de transmettre une série de valeurs démocratiques apprises de nos expériences en tant que société et qui doivent être communes aux citoyens car elles constituent le noyau de la conscience démocratique nécessaire à la construction de celle-ci. En définitive, il s’agit de récupérer, réhabiliter et reconnaître le patrimoine commun et universel de tous ceux qui ont lutté pour la démocratie dans le passé.
Pour cette raison, au moment où la démocratie est menacée, la protéger implique de revendiquer la Mémoire Démocratique et, par conséquent, de défendre les groupes et les entités qui se consacrent à sa promotion et à sa diffusion. Ces derniers sont devenus des ennemis à abattre car, tant qu’ils résistent, l’extrême droite ne pourra imposer sa vision sociale et politique d’exclusion absolue. Notre rôle revêt par conséquent une importance particulière et, comme nous l’avons vu tout au long de ces XIIe Rencontres Transfrontalières des associations de mémoire historique, démocratique et antifasciste organisées à Villeneuve-sur-Lot (France), nous devons mettre en place une grande diversité d’ actions et propositions pour faire face au défi qui nous est posé, ce qui nécessite également que nous nous dotions des outils et des instruments qui nous permettent de toucher le plus grand nombre possible de nos concitoyens.
Comme l’a déclaré Enzo Traverso, qui a inauguré ces XIIe Rencontres, « nous sommes au milieu d’un processus de transition dont les résultats sont encore inconnus et ouverts soit à un New Deal du XXIe siècle, capable d’affronter le changement climatique et d’inverser les transformations produites par quarante ans de néolibéralisme soit à un virage à l’extrême droite qui jettera notre planète dans la catastrophe annoncée. Dans le contexte actuel, les deux résultats sont parfaitement possibles ».
C’est la raison pour laquelle les associations de mémoire et chacune des personnes qui s’y impliquent activement, constituent un barrage défensif contre cette marée noire et pestilentielle de haine et d’exclusion.
Mais nous devons aussi être des agents actifs dans la bataille pour l’hégémonie culturelle en opposant à sa conception du monde un modèle de société dans lequel les valeurs propres à notre Mémoire Démocratique assurent la liberté et la coexistence pacifique de tous ses membres. Car une société n’est démocratique que si elle garantit les droits fondamentaux de chacune des personnes qui la composent.
Cela étant dit, nous entendons affirmer :
PREMIÈREMENT : En matière éducative, il est essentiel de souligner les aspects positifs du changement de cadre légal qui oblige désormais à « la connaissance de l’histoire et de la mémoire démocratique espagnole et de la lutte pour les valeurs et libertés démocratiques », même si cela peut être affecté par la charge de travail administratif importante du personnel enseignant et des ratios par classe très élevés. Quoi qu’il en soit, l’étude de l’Histoire doit sans aucun doute se relier aux principes de vérité, de justice, de réparation et de garantie de non-répétition.
Pour y parvenir, la présence des entités et associations mémorielles est essentielle ainsi que la nécessité d’incorporer d’autres acteurs de la communauté éducative comme les associations familiales. Et cela non seulement dans les écoles publiques, ce qui est notre engagement sans équivoque, mais aussi en essayant d’atteindre les élèves des écoles sous contrat et privées tant qu’elles existeront.
D’autre part, nous devons nous intégrer aux réseaux académiques et chercher à les étendre au niveau transfrontalier, mais avec la volonté de favoriser les échanges, dans un dialogue enrichissant et permanent, afin que la contribution des entités et associations mémorielles soit effective et assure leur participation active à la tâche cruciale de l’éducation.
Mais la mémoire n’est éloignée ni du présent ni du futur et il ne faut donc pas oublier de lier l’apprentissage de l’Histoire et de la mémoire aux débats actuels sur les luttes des femmes, les droits sexuels, l’immigration, les réfugiés ou autres.
Concernant la terminologie utilisée, le débat lexical est ouvert et questionne l’utilisation du terme « guerre civile » qui ne reflète pas pleinement ce qui s’est passé en Espagne (persécutions politiques, répression et extermination). La terminologie « guerre civile ne prend pas en compte le contexte que fut le conflit contre le fascisme, prélude à la Seconde Guerre mondiale.
Enfin, la formation des enseignants universitaires doit inclure la Mémoire Démocratique dans ses programmes, comme cela se fait déjà, par exemple, en Navarre.
DEUXIÈMEMENT : Concernant l’actuelle loi 20/2022 du 19 octobre sur la Mémoire Démocratique, nous reconnaissons qu’elle contient des avancées importantes même s’il y a aussi certains aspects qui pourraient être améliorés.
Mais il est évident qu’elle va au-delà de la loi de 2007, en intégrant des éléments fondamentaux comme, par exemple, la condamnation affirmée du coup d’État ou la déclaration d’illégalité du régime franquiste. Cependant, nous sommes préoccupés par le retard opéré dans la mise en œuvre des nombreuses propositions contenues dans ce texte qui sont dans l’attente de l’approbation de la norme réglementaire correspondante. En effet, à l’heure actuelle, aucun texte réglementaire n’a été promulgué et le seul projet de texte qui avait été élaboré se trouve suspendu en raison des échéances électorales. Cela signifie qu’un non-respect des délais peut survenir générant des situations indésirables ou une perte de droits. Il est essentiel, en ce sens, de mettre en place un cadre institutionnel qui garantisse le respect des dispositions légales, afin que la loi ne se cantonne pas à être purement déclarative mais permette réellement de mener à bien des politiques et des actions concrètes sur lesquelles il ne soit pas possible de revenir ensuite.
Pour mettre en exergue cette problématique, il est proposé d’adresser aux forces politiques avec représentation institutionnelle un modèle de motion à approuver dans l’institution correspondante dans laquelle il est demandé le respect et le développement de la Loi dans tous ses aspects.
En outre, il est proposé que les associations et entités de mémoire, tant françaises qu’espagnoles, signent une demande d’inscription au Registre des entités prévu à l’article 59 de la loi, dont l’élaboration réglementaire est encore en attente, afin qu’elle serve de moyen de pression sur le gouvernement pour qu’il prenne les dispositions réglementaires adéquates et installe le Conseil de la Mémoire Démocratique.
Enfin, un appel est formé contre le risque de privatisation et de marchandisation de la mémoire, qui en ferait un business lucratif au lieu d’un outil de sensibilisation. En ce sens, l’État doit prévoir les mécanismes juridiques appropriés pour garantir que l’objectif prévu par la Loi de Mémoire soit atteint, en s’appuyant dans cette tâche sur les associations mémorielles.
TROISIÈMEMENT : Il est nécessaire que le travail des entités et associations mémorielles, avec toutes les ressources qu’elles ont pu générer, les documents qu’elles ont produits, ainsi que les expériences qui ont façonné leurs actions (travail avec les écoles, les ciné-clubs, les expositions, etc.), soit rendu public et valorisé. Pour ce faire, il est proposé de partager mutuellement tout ce bagage au travers d’une base de données dans laquelle seront répertoriés matériels, expositions, ressources pédagogiques… qui pourront ensuite être utilisés non seulement par les différentes associations, mais aussi par d’autres types de publics : chercheurs, membres de la famille, etc., afin de générer des dynamiques permettant la transmission efficace de la mémoire et l’incorporation de nouveaux membres. Ainsi, un groupe de travail permanent est créé afin de faire avancer le développement de la plateforme télématique qui sert d’outil pour réaliser cet objectif, en évaluant notamment comment assurer la conservation à long terme de ce matériel (transfert aux archives, numérisation …).
QUATRIÈMEMENT : Nous devons intégrer et reconnaître la trajectoire et la mémoire du féminisme tout au long du XXe siècle, dans sa lutte pour les valeurs démocratiques et l’égalité, d’autant plus maintenant que ses acquis et ses conquêtes sont en danger, menacés par les discours et les pratiques de l’extrême droite, suivis par ceux de la droite traditionnelle.
En outre, la montée de la violence contre les femmes nous oblige à chercher des solutions, en analysant, comme cela a été fait lors de ces XIIe Rencontres, la construction de politiques d’égalité et de luttes contre la violence de genre en France et en Espagne, et les risques actuels de régression. Le déni des violences sexistes ou la montée des violences sexuelles sont des réalités qui deviennent aussi des champs de bataille pour les entités mémorielles et les associations.
La fin de ces XIIe Rencontres Transfrontalières des associations de mémoire historique, démocratique et antifasciste coïncide avec le début d’une nouvelle période de défense d’une démocratie que l’extrême droite assiège et cherche à remplacer par un monde de rejet et d’exclusion dans lequel prédomineraient l’autoritarisme, le déni et le suprématisme. C’est la raison pour laquelle les associations mémorielles et leurs membres renouvellent, ici et maintenant, leur engagement en faveur de la Mémoire Démocratique et, avec elle, leur engagement sans équivoque en faveur de la tolérance, du respect et de l’inclusion de tous dans notre idéal d’un monde meilleur, authentiquement libre, égalitaire et fraternel, c’est-à-dire antifasciste.
Agen le 1er octobre 2023.
ENTITÉS SIGNATAIRES :
AFFNA 36, Ay Carmela, Brigadas Internacionales de Catalunya, Associacio Catalana Ex presos Politics del Franquisme, Caminar, Fundación 14 de abril, La Barranca, MER 47, MER 64, TML, Txinparta RMC, Instituto Navarro de la Memoria, Circulo Republicano Huesca, Amarres (Association Mémorielle Auvergnate Réfugiés Républicains Espagnols), MHRE 89, Asociación de Memoria Histórica “Los Barracones”, M.R.A.S.T (Mémoire Résistance en Ariège – Solidarité Transfrontalière), Fundación Domingo Malagón, Asociación Sobrarbense la Bolsa, Ateneu de Memoria Popular.
Jean Ortiz nous a quitté
Nous avons la tristesse d’apprendre le décès de Jean Ortiz. Ami de notre association Retirada37 il était venu à Saint-Pierre-des-Corps en février 2018 nous parler avec la passion qui le caractérisait des Brigades internationales et de bien autres choses. Il avait présenté en juin 2016 avec émotion son film Compañeras réalisé avec Dominique Gauthier. José Manuel Cano López touché par ce film, nous a raconté dans sa pièce de théâtre documentaire « Romancero des ombres » la vie de ces « femmes aujourd’hui âgées qui ont été plongées dans les horreurs de la guerre, ont connu la disparition d’êtres chers, l’exil vers la France. Ces témoignages bouleversants sont tirés du commentaire « Companeras » de Jean Ortiz et Dominique Gautier. »
l’Article dans l’Huma
Disparition : Jean Ortiz, rouge passion
Spécialiste de l’Espagne républicaine et de l’Amérique latine, l’ancien correspondant de l’Humanité à Cuba s’est éteint, samedi, à l’âge de 74 ans.
Publié le
Dimanche 23 juillet 2023
Patrick Apel-Muller314091.
« L’ennemi s’est infiltré », disait-il de sa maladie et de ce « diable de scanner qui a marqué un avant et un après », rendant plus épisodiques ses textes sur son blog de l’humanite.fr. Mais, bien conscient de la « défaite à venir », Jean Ortiz était de ces « insomniaques qui guettent angoissés l’aurore afin de reprendre la marche, chaque jour plus claudicante ». Pour ce « rojo, fils de rojo », une retirada n’interrompait pas le combat. Il s’est éteint, samedi, à l’âge de 74 ans.
De l’histoire tragique de l’Espagne qui avait marqué sa famille, comme de la Résistance dans laquelle son père avait combattu dans l’Aveyron, Jean Ortiz tirait une leçon de courage et se faisait un devoir par ses livres d’enquêtes historiques et ses documentaires de rétablir l’ampleur du crime franquiste avec ses massacres, ses enfants volés, ses tombes effacées. En 2010, il avait vigoureusement appuyé le juge Garzon qui voulait que les crimes des partisans du Caudillo soient jugés, malgré la loi d’amnistie de 1977.
« Je suis du pays de Jaurès, disait aussi Jean Ortiz, du pays des prolétaires du textile, de la sidérurgie, de la mine »
« Je suis du pays de Jaurès, disait aussi Jean Ortiz, du pays des prolétaires du textile, de la sidérurgie, de la mine. » Cet enracinement de classe l’avait naturellement conduit à l’engagement communiste. Il fut même candidat du PCF à deux reprises, lors d’élections législatives dans ses terres tarnaises à Castres (1973), puis en 9 e position dans le Sud-Ouest lors des élections européennes de 2009.
« Être révolutionnaire, affirmait-il, c’est contribuer à faire de l’humanité le moteur d’une vie. » Il tissait son militantisme de tout ce qui faisait son être singulier – pouvait-il faire autrement ? –, de ses passions, de ses « provocations jamais gratuites », de son verbe enfiévré, de ses colères parfois injustes sur lesquelles il savait revenir, de ce sentiment d’urgence qui ne le quittait pas et qui le conduisait à téléphoner au beau milieu de la nuit au directeur de la rédaction de l’Humanité. Comment lui en vouloir de partager ses insomnies ? Sa sensibilité à vif mettait souvent le doigt sur une arête de l’actualité, sur le revers d’un fait ou une information incomplète.
Devenu correspondant de l’Humanité à Cuba de 1977 à 1981 – il succédait à José Fort et précédait Maité Pineiro –, Jean Ortiz réalise aussi de grands reportages en Amérique latine. Il est ainsi au cœur de la révolution au Nicaragua et accompagne une colonne de guérilleros sandinistes jusqu’à la prise de Managua. Épopée inoubliable.
Après un bref passage parisien comme collaborateur du comité central du PCF sur l’Amérique latine, il quitte le journalisme pour une carrière d’enseignant, même si l’écriture d’un « papier » le démangeait toujours et qu’il y revenait comme à une féconde addiction.
En 1982, Jean Ortiz soutient une thèse de troisième cycle et le jeune agrégé d’espagnol devient maître de conférences à l’université de Pau.
CulturAmerica, un festival devenu vite incontournable
Ses passions l’y accompagnent et il crée un festival, CulturAmerica, dont il fait un pont avec l’Amérique latine, accueillant les personnalités progressistes et les intellectuels du continent, questionnant les expériences citoyennes qui y naissent et nouant des amitiés, avec Evo Morales notamment.
Le rendez-vous devient vite incontournable pour les chercheurs comme pour les amoureux de cette région du monde. Devenu un spécialiste reconnu de l’Amérique centrale et du Sud, il produit plusieurs ouvrages – dont l’un consacré à Che Guevara (2) – et secoue les consciences sur les crimes de Pinochet avec l’avocat chilien, son ami, Eduardo Contreras.
Producteur d’articles universitaires, Jean Ortiz touche à de multiples domaines, scénariste et metteur en scène avec son ami Dominique Gautier (3), mais également aficionado averti. Dans l’Humanité, il rédige plusieurs articles de défense de la corrida et publie un ouvrage de référence, Tauromachie et représentation du monde en Amérique latine (éditions Atlantica, 2005).
Les équipes de l’Humanité expriment leurs condoléances et leur amitié à la famille de Jean et à ses proches.
(1) Lire notamment chez Atlantica : Mi guerra civil (2005) ; Rouges. Maquis de France et d’Espagne. les guérilleros (2006) ; Guérilleros en Béarn. Étranges « terroristes » étrangers(2007) ; chez la Librairie des territoires : Franco n’est pas mort culo al sol ! (2019). (2) Le Socialisme à la cubaine, avec Georges Fournial (Éditons sociales, 1983) ; Fulgencio Batista et les communistes. Qui a trompé le diable ? (l’Harmattan, 1998) ; Vive le Che ! (Arcane 17, 2017) ; Julio Antonio Mella, l’ange rebelle. Aux origines du communisme cubain (l’Harmattan, 1999). (3) Rouge miroir(2005) ; Le Cri du silence (2007) ; Confidences cubaines (2007) ; Paroles d’anciens (2008) ; Fils de rojo (2009).
Poema a Jean Ortiz
Fallecido el 22 de julio de 2023.
Rojo camarada Juan Ortiz,
Rojo como la sangre de España.
Rojo como la solidaridad obrera,
La tuya, siempre con la mano tendida.
Con Eloi y el Comandante Robert
Quisiste echarnos una mano amiga,
Desde Pau hasta París.
Gracias, Rojo camarada indisciplinado Jean Ortiz.
Tu guerra civil fue la nuestra.
Rojos maquis de Francia y de España
Los Guerrilleros,
Rojas vidas, rojas memorias.
Rojo audaz de todos los combates,
Sindicales, universitarios,
Sociales, culturales, políticos
Sin olvidar al humilde obrero,
A tu padre Enrique, obrero,
Al mío, Daniel, obrero también,
Quienes en España,
En Francia soñaron con Lenin.
Tus nobles ideales : Cuba y el Che,
Chile, Evo Morales, Hugo Chaves,
Cecilio Gordillo, la reforma agraria en Andalucía.
Hijo de rojo, allez, allez !
Compañeras, Dominique Gautier.
La République est de retour
S í, como no, ya vuelve la Niña Bonita
Para tí, su gran paladín,
Para todos los rojos, para hombres nuevos, de ideales nuevos.
Rêvons, c’est pour bientôt, camarade Jean Ortiz.
Duerme en paz, camarada, amigo Juan Ortiz,
¡ Aquí, con nosotros, con la Tricolor,
Para siempre estás !
Rose-Marie Serrano
(Amis des Républicains Espagnols de RP, París 25/07/23).
Une vídeo de Jean Ortiz prise par Elizabeth Maugars lors de son passage à la bibliothèque de Saint-Pierre-des-Corps le 20 février 2018 à l’invitation de Retirada37 :
L’opération Bolero-Paprika
Un « Bolero » très anti-communiste
7 septembre 1950 , nom de code : « Opération Bolero-Paprika ». Une rafle du gouvernement Pleven, socialistes et « radicaux » entre autres, contre les « communistes étrangers » réfugiés en France… essentiellement espagnols.
Mercredi 8 août 2018
Jean Ortiz
Les guérilleros… A la Libération, nombre d’entre eux furent décorés pour leur contribution à la victoire sur le nazisme. Mais pour eux, guérilleros antifascistes espagnols, pas d’euphorie ; la guerre n’était pas terminée. La lutte frontale pour chasser Franco, ils la poursuivaient… Et seuls. Quasiment seuls. Le parti communiste d’Espagne, le front « Union Nationale » (UNE) et la « Agrupación de guerrilleros españoles (AGE-UNE-FFI) », préparaient l’opération armée « Reconquista » (« Reconquête ») de l’Espagne. Bouter Franco à la mer ! Le contexte, celui de la victoire sur le fascisme, selon le PCE , s’y prêtait. L’initiative n’était donc pas insensée. Son échec a servi cependant à régler de nombreux comptes, internes et externes au PCE. « Il n’existe à ce jour, aucun document, aucun témoignage de l’époque, attestant du désaccord de quelque dirigeant communiste (espagnol) que ce soit avec l’opération»[1].
OPERATION « RECONQUISTA »
Du 19 au 29 octobre 1944, 3000 guérilleros espagnols pénètrent en Espagne, au Val d’Aran, qu’ils occupent. A « l’attentisme », à la « stratégie diplomatique » , les guérilleros opposent « le volontarisme ».
Les gouvernements français, anglais et américain, considèrent, eux, que « l’Espagne ne les concerne pas », et ils se drapent dans une sorte de nouvelle « non-intervention », en réalité tout à fait interventionniste. Les combattants antifascistes espagnols se retrouvent une nouvelle fois lâchés par les « démocraties occidentales » et même persécutés, des deux côtés de la frontière. Non seulement ils entrent au Val d’Aran dans de mauvaises conditions, mais on les abandonne, et on poursuivra même ultérieurement des militants qui ont pris pourtant leur part de sang à la Libération du pays qui les expulse. L’échec des « invasions » militaires provoque dans le PCE (et hors PCE) d’interminables controverses et manipulations.
Santiago Carrillo « en profite » pour écarter de la direction l’homme de la reconstruction autonome du PCE, dès le début de 1939, et artisan de l’Union Nationale Espagnole, Jesús Monzón. Deux ouvrages analysent cette période et notamment le rôle de Monzon…[2] La CIA jette de l’huile sur le feu. A posteriori, le 2 décembre 1948, elle le confirme en publiant un rapport dans lequel elle affirme que la direction du PCE aurait délibérément envoyé au casse-pipe les meilleurs des guérilleros »[3]. Des historiens avaient déjà plus ou moins suggéré cette hypothèse, non établie, propagandistique, et relevant plutôt d’une « littérature du ressentiment »[4].
La situation internationale a pesé dans l’échec… Dès mai 1944, un message de Churchill indiquait : l’ESPAGNE, affaire des Espagnols. Au moment où les guérilleros pénètrent, une note des RG indique que « Franco a le soutien de la presse occidentale et des Anglo-Américains »[5].
COMPRENDRE LE CONTEXTE
La résistance postérieure à 1945 était en Espagne majoritairement communiste ; (quelques groupes libertaires s’organisèrent en maquis surtout urbains), mais le PCE était le seul parti espagnol à porter cette ligne de lutte armée insurrectionnelle antifranquiste ; et il l’abandonnera en 1948. Sur « ordre » de Staline, a-t-on trop souvent écrit. Rien à ce jour ne permet de le fonder vraiment. Le PCE a « infiltré » des centaines de militants armés en Espagne, dans le cadre de sa stratégie de « Reconquista », d’insurrection nationale…
Dès l’automne 1944, les autorités françaises déclarent la frontière « zone interdite ». Le 27 juillet 1945, elles en éloignent les guérilléros, afin qu’ils ne puissent plus la franchir. Le capitalisme espagnol soutient plus que jamais son camp, qu’il a grassement financé : la dictature . Et Franco, « sentinelle de l’occident », multiplie les gages envers la France (et vice-versa), pour un rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
Les brigades de guérilleros, dissoutes le 31 mars 1945 par le gouvernement provisoire de libération, pour s’en débarrasser, deviennent des « bataillons de sécurité ». Par la suite, De Gaulle invitera les guérilleros espagnols à partir combattre en Indochine, dans une sale guerre coloniale.
Au pied des Pyrénées, pour beaucoup d’ antifascistes espagnols d’alors, la « Guerre froide » commence dès l’automne 1944. Objectif principal des « Alliés »: isoler le PCE, consolider plus ou moins discrètement Franco. Le PCE a construit en France un appareil clandestin, (surveillé de près par la DST) pour soutenir ses « maquis » de l’intérieur : guérilleros, passeurs, agents de liaison, dépôts d’armes… Franco souhaite normaliser rapidement les relations avec Paris, à condition que la France « nettoie » le grand sud-ouest, en élimine les « rouges », présentés en Espagne comme exagérément influents en France. Depuis 1948, les rapports se dégèlent lentement entre la dictature franquiste et le gouvernement français. La « Guerre froide » va faire du communisme le mal absolu. « L’opération Boléro-Paprika va porter un coup sérieux au PCE mais au-delà, aux autres organisations antifascistes, à la France progressiste et à la cause républicaine, qui n’avait pas besoin de cela…
Le gouvernement français (22 ministres) socialistes et radicaux, (on dirait aujourd’hui de « centre-gauche »), en place depuis juillet 1950 et présidé par René Pleven, réprime sans ménagement les grandes grèves ouvrières… Le gouvernement comporte 9 ministres MRP, 8 Radicaux dont Edgar Faure, 4 PRL (Antoine Pinay) trois UDSR Union Démocratique, socialiste, de la Résistance. (Pleven, Mitterrand (secrétaire d’Etat), Claudius Petit ), etc.
Le 7 septembre 1950, à 5h du matin, commence brutalement « l’Opération Boléro-Paprika » ; des portes volent en éclats. A l’aide de gros moyens, la rafle apparaît comme l’une des plus importantes de la « Guerre froide »[6] L’Opération Boléro-Paprika vise des dizaines de militants exilés en France, communistes espagnols (« boléro ») 13 Italiens, et quelques autres militants d’Europe de l’est : 59 Polonais, 4 Roumains, 14 Soviétiques (« Paprika »)… Au total la rafle, cette page noire, cette honteuse persécution de « héros », sépare des familles, accentue la dureté des conditions de vie de l’exil et des « doublement déportés » (une soixantaine en Corse)… Capturés, 288 militants (selon les archives policières) dont 177 communistes espagnols, sont déportés, placés en résidence surveillée, en Corse (61), en Algérie, et même en « Allemagne de l’Est », en Tchécoslovaquie, assignés à résidence, ou en France métropolitaine, par décret (toujours pas abrogé), loin de chez eux. Ces anciens guérilleros font valoir leurs états de service… Rien ne dissuade Paris. Les intérêts de classe priment sur tout le reste. La « Guerre froide » percute de plein fouet un exil très investi contre Franco…
La presse espagnole, « Arriba », « La Vanguardia »… exulte. Peu avant l’opération, le PCE et le PSUC (communistes catalans) et leurs organisations féminines, de jeunesse, syndicales… proches, leurs journaux et publications : « Mundo Obrero », « Lluita » (organe du PSUC), « Nuestra Bandera » (revue théorique), « El Obrero español », « Solidaridad española » avaient été interdits le 26 août et le premier septembre les organisations communisantes illégalisées.
La plupart des hauts dirigeants du PCE (Líster, Carrillo, Claudín, Mije, Uribe, Antón, Luis Fernández…)° échappent à l’arrestation. La direction communiste du puissant PCF parvint à les informer afin qu’ils puissent se cacher…
(fin de la première partie)
[1] « Rouges. Maquis de France et d’Espagne. Les guérilleros », coord Jean Ortiz, Biarritz, ed. Atlantica, 2006, p. 260
[2] AZCARATE, Manuel (ancien dirigeant communiste) « Derrotas y esperanzas… », Tusquets ed., Barcelona, 1994) et MARTORELL, Manuel, (journaliste et historien) Jesús Monzón, el líder comunista olvivado por la historia » (Pamiela ed., Pamplona, 2000)
[3] Rapport CIA, 2/12/ 1948, Barcelona, La Vanguardia, 17/11/2005
[4] ARASA, Daniel, “Años 40: los maquis y el PCE”, Barcelona, ed. Argos Vergara, 1984, MORÁN, Gregorio, “Miseria y grandeza del PCE, 1939-1985”, Barcelona, ed. Planeta, 1986
[5] Note des RG, Préfecture des Basses Pyrénées, 2 oct. 1944, n 5249, Pau, ADPA, 1031W237
[6] Archives nationales, Paris, F.7 161114
UN « BOLERO » TRÈS ANTI-COMMUNISTE . 2ème partie
Le général communiste Enrique Líster a joué un rôle de premier plan dans l’organisation et la direction des « maquis » espagnols.
Mercredi 8 août 2018
Jean Ortiz
L’opération « Reconquista de España» supposait également qu’un hôpital de l’arrière, en France et pas loin de la frontière, serve de « retaguardia » médicale (arrière-garde) aux guérilleros blessés. Le PCE et « l’Amicale des anciens FFI et résistants espagnols » aménagent à Toulouse, quartier Saint-Cyprien, un vieux bâtiment qui devient « l’Hôpital Varsovie », au 15 de la rue du même nom, un hôpital de qualité, solidaire, militant, qui peu à peu opère et soigne bien au-delà des guérilleros. La plupart des médecins sont militants du PCE ou proches de lui.
L’hôpital sera lui aussi, impitoyablement, victime du déploiement policier du gouvernement de « centre-droit et gauche », de l’ Opération de « Guerre froide » « Boléro-Paprika » ; « el hospital de los guerrilleros », véritablement décapité, et ses médecins espagnols arrêtés, déportés eux aussi, ou assignés à résidence, etc. Dans la journée même, des médecins communistes français prennent le relais, et l’hôpital prendra le nom de « Joseph Ducuing » en hommage à celui qui reprit la direction et le flambeau. La grande rafle suscite peu de réactions en France de l’époque. Plus il est gros et répété, mieux le mensonge passe… « L’Humanité », la CGT, le PCF, la Ligue des Droits de l’Homme… mènent une campagne de dénonciation et de solidarité. Le chef d’accusation finalement unique appliqué à tous les détenus, au-delà du grotesque : « intelligence avec une puissance étrangère », c’est l’accusation « d’appartenance communiste », et de surcroît étrangère.
Léon Blum vole au secours des « boléristes » et lance : « le communisme international a déclaré la guerre à la démocratie »[1].
Les militants espagnols, intégrés aux syndicats français, luttent avec leurs camarades. Les autorités françaises, de droite, gaullistes, socialistes, radicales, de « troisième force », haïssent ces « rouges espagnols » révolutionnaires, « bouffeurs de curés », et de patrons. Une belle « union sacrée » ! Le 29 octobre 1948, le président du gouvernement, en pleine grève minière, accuse « la foule criminelle des communistes espagnols » d’avoir « attaqué les forces de l’ordre… ». Il fait porter aux Espagnols la responsabilité des affrontements sanglants, fruits de sa terrible répression contre les puits d’Alès, de Saint-Etienne, du Nord… et les mineurs grévistes. A partir de 1947, la France tourne le dos totalement aux Républicains espagnols et se place ouvertement sous la tutelle des Etats-Unis.
La presse française, « Le Figaro » en tête, accusent, eux-aussi, « la cinquième colonne » qui préparerait une « invasion soviétique » du sud de la France. Un danger mortel, totalement fantasmé, mais matraqué jusqu’à plus soif. Une telle parano , il faut le faire ! Ces propos sont repris par le très référentiel « Le Monde », et même « Le Populaire », journal du PS, « France Soir »… « L’Humanité » s’insurge contre l’arrestation de 300 antifranquistes, et le gouvernement qui cède aux pressions de Madrid[2], maltraite des héros de la Résistance, veut « nettoyer » de leur présence le grand sud de la France.
Peu à peu, la lutte des classes reprend ouvertement son cours normal. « Mieux vaut Franco que le ‘frente crapular’ ! ». Les socialistes jouent l’attentisme ; en septembre 1945, le plenum du PSOE condamnait l’organisation « de révoltes et d’incidents » qui pourrait légitimer, au plan international, l’existence d’un gouvernement de fait en Espagne »[3]. Le premier août 1950, le sénat nord-américain avait autorisé l’octroi d’un prêt de 62,5 millions de dollars à l’Espagne franquiste. Le 4 novembre 1950, l’ONU revient sur sa résolution du 12 décembre 1946 et autorise désormais ses membres à rétablir les relations diplomatiques avec l’Espagne. Décembre 1951, en ce qui concerne la France… Quelques semaines après « Boléro-Paprika ». Tout est là. Le 8 mai 1948, et le 14 juin 1949, la France et l’Espagne avaient déjà signé des accords commerciaux et financiers.
Le 23 septembre 1953, le président Eisenhower paraphe à Madrid avec Franco, en grande pompe, les « Accords de Madrid », en toute « cohérence » : reconnaissance diplomatique du fascisme espagnol contre soutien économique et militaire de Washington, et quatre bases militaires.
Comme Somoza, Franco était un « fils de pute », mais c’était « notre fils de pute », comme le déclara, un jour d’inhabituelle lucidité, le président nord-américain.
[1] DENOYER Aurélie, « Résonances françaises de la guerre d’Espagne », HAL, Archives ouvertes, ed. D’Albray, 2011, p. 295-312.
[2] Archives nationales, Paris, f 7/16114, Boléro-Paprika
[3] SERRANO Segundino, « Maquis », Madrid, ed. Temas de hoy, 2001, p. 145.
Les Brigades internationales : un « grand récit » fondateur, une épopée nécessaire aujourd’hui
Les BI (53 pays, environ 32.000-35.000 volontaires, la plupart jeunes et ouvriers) sont un patrimoine héroïque de l’histoire des communistes et de celle de tous les révolutionnaires, de tous les antifascistes, de tous les progressistes…
Les classes dominantes voudraient nous dépouiller de notre histoire, celle des combats émancipateurs de classe, des luttes populaires… Raison de plus pour la brandir, l’assumer, l’étudier, la faire vivre concrètement dans le monde actuel… En être fiers. Fiers de valeurs à réactiver, du travail de l’ACER, les Amis des combattants en Espagne républicaine présidée par notre chère Claire, fille de ROL et de Cécile, entourée d’autres internationalistes d’aujourd’hui, passionnés, généreux, et qui font honneur à la cause qu’ils portent et perpétuent.
Les BI ne sont pas « l’armée du Kominterm » mais « une armée et un univers communistes », aime à répéter l’historien spécialiste Rémy Skoutelsky. Le contingent français était le plus nombreux (un tiers) et comptait entre 50% et 60% de communistes encartés. Pourquoi tant de bave aujourd’hui pour décommuniser les Brigades ? Pourquoi tant d’acharnement à les dénigrer : Brigadistes, tous « staliniens », donc tous mercenaires sanguinaires!! Les autres brigadistes non membres du PCF étaient des ouvriers antifascistes, des syndicalistes, des militants de gauche, des idéalistes, des républicains, une minorité d’anarchistes, de socialistes…
Les BI (53 pays, environ 32.000-35.000 volontaires, la plupart jeunes et ouvriers) sont un patrimoine héroïque de l’histoire des communistes et de celle de tous les révolutionnaires, de tous les antifascistes, de tous les progressistes…
La rentrée 2016 (septembre, octobre, novembre) marquera le 80e anniversaire de leur création par l’Internationale communiste et leur arrivée en novembre sur un front de Madrid sur le point de tomber… « No pasarán ! » Et les fascistes n’ont pas pris Madrid ! Ne nous loupons pas ! Ne nous laissons pas déposséder !
Un ouvrage collectif évènement politico-littéraire de rentrée, un documentaire (30 minutes), prêt fin septembre sur ce qu’il reste aujourd’hui de cette épopée, tourné à Albacete (base des BI), seront en plein dans le mille d’une célébration qui doit être vivante, historique, politique, festive, liée aux enjeux de 2016. Nous avons ô combien besoin des valeurs que portaient ces hommes : justice sociale ; solidarité internationaliste, socialisme, engagement total, désintéressé…
Il ne s’agit pas ici de rentrer dans l’analyse, les contradictions, les conflits, les motivations, la composition des BI… cela sera fait ultérieurement. Précisons seulement qu’avant la création des BI, dès que le « golpe » éclate, des centaines de militants anarchistes, communistes français, des socialistes, des trotskystes, des immigrés antifascistes réfugiés en France, traversent les Pyrénées, partent individuellement combattre aux côtés des milices antifranquistes…
Que se lèvent les internationalistes d’aujourd’hui ! « Vous êtes le mythe, vous êtes la légende » (Dolores). Douleur et fierté. « ¡Se siente, se siente, las Brigadas están presentes ! »
Jean Ortiz
12 AOÛT 2016
Recherche de descendants de Gabriel Álvarez Arjona
Ci-dessous un échange de messages pour la recherche de descendants de Gabriel Alvarez Arjona en France. Janine Molina de Ay Carmela de Bordeaux nous donne de premières pistes. Nous sommes preneurs d’autres informations pour aboutir à cette recherche
S y R
Luis
Reçu d’Isabel de Madrid
Hola, buenas noches.
Jesús y yo queremos pediros un favor.
Estamos buscando descendientes de Gabriel Álvarez Arjona, natural de Madrid, estuvo en el campo de concentración de Neuengamme. Sobrevivió y se quedó a vivir en Francia.
En Arolsen hay algunas pertenencias suyas y nos gustaría que sus familiares pudiesen recuperarlas.
Hemos localizado una rama de la familia aquí en Madrid y otra en Australia. Pero querríamos descartar que hubiese tenido hijos y hubiese una rama más directa.
Si podéis averiguar algo os lo agradecemos.”
Adressé à TML
Bonjour
Je me présente Luis Lopez je réside en Touraine et suis membre de Retirada37 association adhérente à Caminar. Une amie de Madrid m’a envoyé le message ci-dessous de recherche de famille d’un déporté républicain espagnol. Mar y Luz Cariño López une amie adhérente de notre association m’a conseillé de vous contacter pour que ce message soit largement porté dans les associations de Caminar ou par tout moyen.
Je vous remercie pour tout ce que vous pourrez faire
S y R
Vous pouvez m’adresser vos réponses si vous le souhaitez
à Luis López
luis.a.lopez@wanadoo.fr
Réponse de TML
Merci, je diffuse à toutes nos adresses française et espagnoles et autres…
Monique Demay Pour TML
première réponse
Bonjour,
Peut-être que le document que j’ai élaboré pourrait vous être utile…
Très imparfait il ne demande qu’à être amélioré grâce à vos contributions.
Le site de AROELSEN m’a fourni pas mal de renseignements sur mon oncle Juan Molina Olmos mort/assassiné à Mauthausen.
En revanche je n’ai rien trouvé sur ma sœur qui est morte bébé et enterré dans une fosse commune entre Los Olivares (prés de Granada) et Jaen.
Bon courage.
Un saludo fraterno.
Janine Molina
Ay Carmela Bordeaux
Winnipeg, le navire qui a mené vers l’exil des centaines d’Espagnols opprimés.
Le 4 août 1939, après la défaite des républicains dans la guerre civile, des centaines de familles espagnoles exilées et survivant dans les camps de concentration français montent à bord d’un vieux cargo pour fuir vers le Chili. Et ce plan avait un père : le poète Pablo Neruda. C’est une histoire où la solidarité finit par vaincre la douleur.
MARCEL BELTRAN@BELTRAN_MARCEL
Toutes les histoires de guerre sont marquées par la cruauté et la souffrance. Certaines, cependant, s’échappent des lignes et avancent dans une direction opposée, comme si quelqu’un les avait écrites à l’envers. En voici une d’entre elles. Lola Patau avait cinq ans lorsqu’elle est montée sur le bateau qui a changé sa vie avec sa mère et son père. Aujourd’hui, à 88 ans, lorsqu’elle décroche à l’appel du journal Público et qu’on l’interroge sur ce voyage plein d’incertitudes, elle répond avec un enthousiasme implacable : « C’était une belle aventure. »
Lola est une de ces plus de 2 000 personnes de nationalité espagnole qui, le 4 août 1939, embarquent à bord du Winnipeg depuis le port de Pauillac, près de Bordeaux, pour se rendre au Chili. Des centaines de familles qui, après avoir perdu la guerre civile, avaient traversé la frontière avec bien d’autres pour finir entassées, la plupart, dans des camps de concentration français, où les conditions de vie étaient misérables. Ils n’ont pas hésité à s’inscrire lorsqu’ils ont appris que Pablo Neruda y Abraham Ortega Aguayo, ministre des Affaires étrangères et du Commerce du gouvernement chilien de Pedro Aguirre Cerda, s’étaient lancés dans l’organisation d’un voyage avec un vieux cargo pour emmener des victimes du franquisme de l’autre côté de l’Atlantique. Ce voyage,deviendrait en fait celui avec le plus grand contingent de passagers de toute l’histoire de l’exil républicain espagnol. Même si personne ne savait alors comment ils seraient reçus lorsqu’ils arriveraient à destination.
« Les filles et les garçons du Winnipeg étaient les plus choyés par les membres de l’équipage. Tout le monde veillait sur nous. On jouait toute la journée, il y avait même des professeurs qui nous donnaient des cours. Pour les adultes, peut-être pas tant que ça, mais pour nous , sans aucun doute, ce furent quelques semaines très heureuses », explique Lola, la voix claire, sans égratignure. Elle est née à Barcelone, ville dans laquelle elle est revenue après avoir vécu 24 ans à Santiago du Chili. Son père travaillait pour la Generalitat de Catalunya et, après le déclenchement du conflit, il fut le premier à franchir les Pyrénées. Il fut interné dans l’un des camps situés au bord de la frontière, et arriva plus tard à Toulouse, où il avait de la famille. Sa mère a traversé les montagnes pour le retrouver, puis est revenue la chercher, elle qui était sa fille unique. Quelques mois après, ils obtenaient une autorisation pour repartir de zéro à l’autre bout du monde. Le jour de leur embarquement, Neruda, qui était en France personnellement chargé des préparatifs, a donné aux plus petits une mallette avec des produits d’hygiène de base pour le voyage.
Le poète, aujourd’hui très remis en cause par la gauche et le féminisme en raison de certains passages polémiques de ses mémoires, a sympathisé avec la cause républicaine puisqu’il a été Consul du Chili en Espagne quelques années plus tôt. Après la fin de la guerre civile et apprenant la situation dans laquelle des milliers de réfugiés étaient piégés, il proposa d’en aider quelques-uns en convainquant Aguirre Cerda de leur ouvrir les portes du Chili. Le président le nomma Consul spécial pour l’émigration espagnole à Paris pour coordonner le transfert. Le voyage fut financé par le Service d’Evacuation des Réfugiés Espagnols (SERE), la Fédération des Organisations Argentines pour les Réfugiés Espagnols (FOARE) et le Comité Chilien d’Aide au Réfugié Espagnol (CChARE), et compta aussi sur l’appui financier de l’Uruguay et de la Colombie.
Bien que les secteurs les plus conservateurs et une grande partie de la presse du pays d’accueil aient d’emblée manifesté leur rejet de cette idée. « Cela ne facilite pas l’immigration, cela remplit nos rues de voyous », s’est plaint un député de droite dans les couloirs du Congrès chilien alors que le Winnipeg avait déjà tracé sa route qui, une fois avoir traversé l’Atlantique, devait passer par le canal de Panama et se diriger vers le sud à travers le Pacifique. Le débat gagna les rues et prit de l’ampleur, beaucoup interprétant qu’ils tendaient la main à des « rouges purs et à des communistes ». Aguirre Cerda lui-même menaça de faire marche arrière. Mais à ce moment-là, grâce à la pression d’Ortega Aguayo, l’un des visages les plus connus de son cabinet, prêt à mettre sa démission dans la balance s’il faisait avorter le projet. Pour le ramener à la raison, il lui assura que le navire amènerait de nombreux ouvriers qualifiés au Chili.
« Ce qui s’est passé avec Winnipeg est un exemple de la façon dont l’immigration peut devenir un modèle de succès absolu pour n’importe quel pays », affirme Laura Martel, une écrivaine et scénariste canarienne qui a fait des recherches pendant des années pour connaître tous les détails de cette histoire. En 2014, elle lui dédie la bande dessinée Winnipeg : le bateau de Neruda, avec des dessins d’Antonia Santolaya, qui deviendra plus tard une pièce de théâtre et pourrait bientôt être un film. « Le poète lui-même était chargé de sélectionner les membres de l’équipage et de rédiger les rapports pertinents pour le ministère des Affaires étrangères. Il a fait du bon travail, bien que Neruda ait été un désastre pour ces choses là, ce qui fait penser que la responsable du ce succès était son épouse, Delia del Carril, « la petite fourmi » raconte Laura.
Le gouvernement chilien avait ordonné que l’on choisisse des profils de techniciens avant tout, mais de nombreux pêcheurs, paysans, maçons, cordonniers, artistes montèrent également sur le cargo. Et leurs enfants, bien sûr.
Tous, un mois seulement après leur départ, ont atteint la côte chilienne. Certains ont débarqué à Arica, où il n’y avait même pas de port et où le navire devait mouiller. La plupart sont descendus à Valparaíso. Au moment de son arrivée, la Seconde Guerre mondiale venait de commencer. Le dernier tronçon du voyage devait se faire de nuit, pour éviter d’éventuelles attaques de sous-marins allemands. Ce que les migrants ont trouvé sur cette autre côte était loin de ce qu’ils avaient tant craint. Le Chili les a reçus avec les honneurs. Une foule impressionnante s’est bousculée sur la jetée, grimpant sur les grues et les toits des immeubles pour les saluer. Il y avait des drapeaux, des bannières et de la musique, ainsi que des stands de collecte de nourriture et de vêtements.
Dans la foule, un jeune homme à lunettes au sourire franc tentait de gagner une place au premier rang en tant que représentant du gouvernement. C’était le ministre de la Santé. Votre nom? Salvador Allende. Tous les doutes sur le bien-fondé de l’accueil des réfugiés ont été effacés d’un trait de plume. Laura confirme ce rebondissement : « Les journaux chiliens, à cette époque, avaient deux éditions. Le 3 septembre 1939, au matin, ils rapportaient que la guerre avait commencé en Europe. Et le soir, ils répétaient tous les mêmes titres. : ce sont des hommes, des femmes et des enfants pauvres qui ont tout perdu : accueillons-les. Le sentiment de solidarité a été instantané. Personne n’allait plus leur tourner le dos.
« Je n’ai jamais entendu de mauvaises paroles contre moi ou ma famille », se souvient Lola. « Jamais ». Dès le moment où l’équipage a posé le pied sur la terre ferme, ils ont su qu’ils avaient trouvé une nouvelle maison. Ce voile d’espoir et de générosité qui a fini par couvrir le voyage du Winnipeg est ce qui a fasciné Laura dès le début, ce qui l’a poussée à vouloir en savoir plus. « Chaque fois qu’on nous raconte des histoires de cette époque, ce sont des histoires tragiques et cruelles qui montrent le pire des êtres humains « , raconte-t-elle. « Mais cette histoire m’a semblé être l’antidote à tout ça. C’était une histoire de solidarité. Et la solidarité est l’antidote à la guerre »
Pour écrire la bande dessinée, qui devait d’abord être un documentaire, l’écrivain s’est rendu au Chili en 2010 pour interviewer ces exilés encore vivants. À sa grande surprise, après tant de temps, loin du pays où ils sont nés, elle a trouvé des personnes pleines de vie et agréables qui lui ont offert de l’aide de manière désintéressée. Ils lui ont remis les dossiers et les objets qu’ils gardaient, ils lui ont raconté les anecdotes dont ils se souvenaient du voyage, ils l’ont mise en contact avec d’autres passagers. Tout, sans rien demander en retour. « Les gens qui ont à un moment donné bénéficié de la solidarité des autres sont des gens heureux », estime-t-il. « Et prêt à vous aider dans tout ce qu’il faut. »
Les passagers ont trouvé au Chili une deuxième patrie dans laquelle ils ont tenter de reconstruire leur vie. Et le Chili a trouvé en eux une poignée de citoyens reconnaissants et prêts à s’intégrer dans leur société. Certains resteront pendant des décennies avant de retourner en Espagne (dont quelques-uns ont dû faire leurs valises après le coup d’État de Pinochet en 1973, avec lequel ils ont dû faire face à un deuxième exil). D’autres, directement, ne reviendraient jamais. Mais ils ont tous laissé leur empreinte sur le pays qui les a accueillis.
Sur la liste des passagers de Winnipeg, par exemple, le nom de Víctor Pey apparaît, un ingénieur de Madrid qui a combattu pendant la guerre civile avec les républicains dans la colonne Durruti, et qui finira par devenir le propre conseiller d’Allende lorsqu’il a été nommé président. . Soit dit en passant, Pey, avec son frère Raúl, a été chargé de construire le premier port commercial d’Arica dans les années 1960. La même ville que vingt ans auparavant ils avaient vue du pont du vieux cargo avec les yeux mouillés après 30 jours de navigation en haute mer. Voyageaient également sur le bateau Leopoldo Castedo, un historien renommé qui a fini par travailler à la Bibliothèque nationale du Chili ; le peintre José Balmes, lauréat du Prix national des arts plastiques en 1999, ou Carmen Machado, la nièce des poètes Antonio et Manuel. Et, bien évidemment, Roser Bru, qui débarqua avec sa famille à Valparaíso en 1939 à l’âge de 16 ans et est aujourd’hui considérée comme l’une des figures les plus influentes de l’histoire de l’art chilien moderne, après avoir exposé ses peintures dans les musées les plus importants de monde, comme le MoMA de New York.
Roser Bru a continué à voir Lola pendant des années à Santiago. Plus précisément, au Centre Català, que les exilés de la région ont transformé en un point de rencontre régulier pour parler et se se mettre à jour. Dans le même but, le Centre Basque, ou Centre Républicain, situé au Café Miraflores de cette même capitale, a été fondé. « Nous n’avons pas laissé le lien se perdre. Nous étions comme une grande famille. Avec certaines personnes que j’ai rencontrées à Winnipeg, nous avons continué à rester en contact même lorsque nous étions déjà retournés en Espagne », explique Lola.
Dans son cas, elle est rentré chez elle en 1963, sur décision de son père. Pour elle, peut-être un peu trop tôt. « J’ai été la plus touchée, car toute ma jeunesse, ma carrière et mes amis étaient au Chili », raconte-t-elle. Installée à Santiago, la famille subvient à ses besoins pendant des années grâce à une cave à vins, Viña Santa Lucía. Elle s’est inscrite à l’université. Et plus encore : au fil du temps, elle est devenue la première journaliste chilienne diplômée, en se présentant et réussir avec deux autres camarades de classe aux examens de l’École de journalisme récemment créée. Elle reconnait que ces années intenses et passionnantes sont encore très fraîches dans sa mémoire : « Comme on me le dit souvent, je suis plus chilienne que les haricots porotos chiliens, car j’ai été éduquée là-bas, et cela me semble toujours être un pays merveilleux. » Elle y est retourné en plusieurs occasions. Dans l’une d’elles, elle réalise un rêve : que ses enfants, catalans, connaissent la terre où leur mère a grandi.
Le Winnipeg a quitté le port de Pauillac il y a 84 ans. Ce jour d’août, alors que le navire venait de lever l’ancre, Neruda ouvrit son carnet et lui dédia quelques mots : « Que la critique efface toute ma poésie, si cela vous arrange. Mais ce poème, dont je me souviens aujourd’hui, personne ne pourra l’effacer. » Pour Laura Martel, malgré le fait que personne n’ait pu l’effacer, il est moins présent qu’il ne devrait l’être, notamment en Espagne, où beaucoup ne savent même pas qu’il a existé. Le poème de Winnipeg, un antidote à la douleur. « C’est un épisode peu connu ici, mais parce que dans ce pays, pour des raisons absurdes, il y a une partie de la société qui ne veut rien entendre de la guerre civile », explique l’auteur. Pour elle, il n’y a qu’un seul remède pour combattre ce silence : « Raconter l’histoire encore et encore, et encore et encore, jusqu’à la nausée, de toutes les manières possibles. C’est ce qu’il continuera à faire.
Traduction par mes soins de l’article du journal Publico de Marcel Beltran Winnipeg, el barco que llevó al exilio a cientos de represaliados españoles
Winnipeg, el barco que llevó al exilio a cientos de represaliados españoles
El 4 de agosto de 1939, tras la derrota del bando republicano en la guerra civil, cientos de familias españolas que se habían exiliado y malvivían en campos de concentración franceses se subieron a un viejo carguero para huir a Chile. Y aquel plan tenía un padre: el poeta Pablo Neruda. Esta es una historia en la que la solidaridad le gana el pulso al dolor.
MARCEL BELTRAN@BELTRAN_MARCEL
Todas las historias de guerra están marcadas por la crueldad y el sufrimiento. Algunas, sin embargo, escapan de los renglones y avanzan en dirección contraria, como si alguien las hubiera escrito al revés. Esta es una de ellas. Lola Patau tenía cinco años cuando se subió con su madre y su padre al barco que le cambió la vida. Hoy, a los 88, cuando descuelga la llamada de Público y le preguntan por ese viaje colmado de incertidumbres, responde con un entusiasmo implacable: « Fue una gran aventura ».
Lola fue una de las más de 2.000 personas con nacionalidad española que el 4 de agosto de 1939 zarparon a bordo del Winnipeg desde el puerto de Pauillac, cerca de Burdeos, para dirigirse a Chile. Cientos de familias que, después de perder la guerrra civil, habían cruzado la frontera junto a muchas otras para acabar hacinadas, la mayoría, en campos de concentración franceses, donde las condiciones de vida eran miserables. Y que no dudaron en postularse cuando supieron que Pablo Neruday Abraham Ortega Aguayo, ministro de Relaciones Exteriores y Comercio del Gobierno chileno de Pedro Aguirre Cerda, se habían embarcado en la organización de una travesía con un antiguo carguero para llevarse a represaliados del franquismo al otro lado del Atlántico. Aquel viaje, a la postre, se convertiría en el de mayor contingente de pasajeros de toda la historia del Exilio republicano espanol. Aunque entonces nadie sabía cómo iban a ser recibidos cuando llegaran a su destino.
« Las niñas y los niños del Winnipeg éramos los más privilegiados de la tripulación. Todo el mundo estaba pendiente de nosotros. Jugábamos todo el día, incluso había algunas profesoras que nos daban clase. Para los adultos, quizá no tanto, pero para nosotros, sin duda, fueron unas semanas muy felices », explica Lola, la voz clara, sin un raspeo. Nació en Barcelona, ciudad a la que volvió después de vivir 24 años en Santiago de Chile. Su padre trabajaba en la Generalitat de Catalunya, y, tras estallar el conflicto, fue el primero en atravesar los Pirineos. Ingresó en uno de los campos situados al borde de la frontera, y más tarde llegó a Toulouse, donde tenía familia. Su madre cruzó las montañas para encontrarlo, y luego volvió a por ella, su única hija. A los pocos meses conseguirían un permiso para empezar de cero en la otra punta del mundo. El día que embarcaron,Neruda que estaba en Francia encargándose personalmente de los preparativos, les regalaba a los más pequeños un maletín con productos básicos de higiene para que los acompañara en el trayecto.
El poeta, hoy muy cuestionado por la izquierda y el feminismo debido a algunos pasajes polémicos de sus memorias, simpatizaba con la causa republicanadesde que ejerciera unos años antes como cónsul chileno en España. Tras acabar la guerra civil y conocer la situación en la que habían quedado atrapados miles de refugiados, se prestó a ayudar a unos cuantos convenciendo a Aguirre Cerda para que les abriera las puertas de Chile.El presidente lo nombró Cónsul Especial de Emigración Española en París para que coordinara el traslado. El viaje lo financiarían el Servicio de Evacuación de los Refugiados Españoles (SERE), la Federación de Organizaciones Argentinas pro Refugiados Españoles (FOARE) y el Comité Chileno de Ayuda al Refugiado Español (CChARE), y también contaría con el apoyo económico de Uruguay y Colombia.
Aunque los sectores más conservadores y gran parte de la prensa del país receptor mostraron desde el primer momento su rechazo a aquella idea. « Esto no es facilitar la inmigración, esto es llenar nuestras calles de maleantes », llegó a quejarse un diputado de derechas en los salones del Congreso chileno cuando el Winnipeg ya había trazado su ruta, que, una vez cruzado el Atlántico, debía pasar por el Canal de Panamá y dirigirse por el Pacífico hacia el sur. La discusión saltó a las calles y subió de tono, al interpretar muchos que se estaba tendiendo la mano a « puros rojos y comunistas ». Aguirre Cerda, incluso, amagó con echarse para atrás. Pero en ese punto fue clave la presión de Ortega Aguayo, una de las caras más conocidas de su gabinete, que le comunicó que estaba dispuesto a presentar su dimisión si abortaba el proyecto. Para que entrara en razón, le aseguró que aquel buque traería muchas trabajadoras y trabajadores cualificados a Chile
« Lo que ocurrió con el Winnipeg es un ejemplo de cómo la inmigración puede ser un caso de éxito absoluto para cualquier país », reivindica Laura Martel, escritora y guionista canaria que se documentó durante años para conocer todos los detalles de la historia. En 2014 le dedicó la novela gráfica Winnipeg: el barco de Neruda, con dibujos de Antonia Santolaya, que luego fue obra de teatro y pronto podría ser película. « El propio poeta se encargaba de seleccionar a los tripulantes y de redactar los informes pertinentes para el Ministerio de Relaciones Exteriores. Hizo un buen trabajo, aunque Neruda era un desastre para estas cosas, lo que hace pensar que mucha culpa de ese éxito la tuviera su esposa, Delia del Carril, la Hormiguita », detalla Laura. El Gobierno chileno había ordenado que se eligieran sobre todo perfiles técnicos, pero al carguero subieron también muchos pescadores, campesinos, albañiles, zapateros, artistas. Y sus hijos, claro.
Todos ellos, un mes justo después de partir, alcanzaron las costas chilenas. Algunos desembarcaron en Arica, donde ni tan siquiera había puerto y el barco tuvo que fondear. La mayoría bajó en Valparaíso. En el momento de su llegada acababa de empezar la Segunda Guerra Mundial. El último tramo del trayecto se tuvo que hacer de noche, para evitar posibles atentados de submarinos alemanes. Aunque lo que los desplazados encontraron en el otro costado distaba mucho de lo que tanto habían temido. Chile los recibía por todo lo alto. Una multitud impresionante colapsaba el muelle, subiéndose a las grúas y a los tejados de los edificios para saludarlos. Había banderas, pancartas y música, además de puestos de recogida de ropa y comida.
Entre la muchedumbre, un jovencito con gafas y una sonrisa prominente trataba de hacerse un hueco en la primera fila como representante del Gobierno. Era el ministro de Sanidad. ¿Su nombre? Salvador Allende.Todas las dudas acerca de la conveniencia de acoger a los refugiados se habían borrado de un plumazo. Laura confirma ese giro: « Los periódicos de Chile, en aquella época, tenían dos ediciones. El 3 de septiembre de 1939, por la mañana, informaron de que la guerra había comenzado en Europa. Y por la noche, todos repetían los mismos titulares: Son pobres hombres, mujeres y niños que lo han perdido todo: démosles la bienvenida. El sentimiento de solidaridad fue instantáneo. Nadie les iba a dar la espalda ».
« Nunca escuché una mala palabra contra mí o contra mi familia », recuerda Lola. « Nunca ». Desde el instante en el que la tripulación pisó tierra firme, supieron que habían encontrado un nuevo hogar. Ese velo de esperanza y generosidad que acabó cubriendo el periplo del Winnipeg es el que fascinó a Laura desde el principio, lo que la empujó a querer conocer más. « Siempre que nos cuentan historias de aquellos tiempos, son historias trágicas, crueles, que muestran lo peor que tiene el ser humano », razona. « Pero esa historia me pareció que era el antídoto a todo eso. Era un relato de solidaridad. Y la solidaridad es el antídoto a la guerra »
Para escribir el cómic, que primero tenía que ser un documental, la escritora viajó a Chile en 2010 para entrevistarse con aquellos exiliados que todavía vivían. Para su sorpresa, después de tanto tiempo lejos del país en el que habían nacido, se encontró a personas vitales, agradables, que le brindaban ayuda desinteresadamente. Ponían en sus manos los archivos y los objetos que conservaban, le contaban las anécdotas que recordaban de la travesía, la ponían en contacto con otros pasajeros. Todo, sin pedir nada a cambio. « La gente que ha sido en algún momento beneficiaria de la solidaridad de los demás, es gente feliz », reflexiona. « Y dispuesta a ayudarte en lo que haga falta ».
Los tripulantes encontraron en Chile una segunda patria en la que intentar reconstruir sus vidas. Y Chile encontró en ellos un puñado de ciudadanos agradecidos que estaban dispuestos a integrarse en su sociedad. Algunos se quedarían por décadas antes de volver a España (de esos, unos cuantos tuvieron que hacer las maletas tras el golpe de estado de Pinochet en el 73, con lo que tuvieron que afrontar un segundo exilio). Otros, directamente, ya no regresarían nunca. Pero todos dejaron su huella en el país que los acogió
En la lista de pasajeros del Winnipeg, por ejemplo, aparece el nombre de Víctor Pey, ingeniero madrileño que luchó en la guerra civil por el bando republicano en la Columna Durruti, y que a la larga acabaría siendo consejero del propio Allende cuando este fue nombrado presidente. Pey, por cierto, se encargó junto a su hermano Raúl de la construcción del primer puerto comercial de Arica en los 60. Sí, la misma ciudad que veinte años antes habían visto desde la cubierta del viejo carguero con los ojos húmedos después de 30 días navegando en alta mar. En la embarcación también viajaban Leopoldo Castedo, reconocido historiador que acabó trabajando en la Biblioteca Nacional de Chile; el pintor José Balmes, que fue galardonado en 1999 con el Premio Nacional de Artes Plásticas, o Carmen Machado, la sobrina de los poetas Antonio y Manuel. Y, por supuesto, Roser Bru, que desembarcó con su familia en Valparaíso en el 39 con 16 años y hoy está considerada como una de las figuras más influyentes de la historia del arte moderno chileno, tras exponer sus cuadros en los museos más importantes del mundo, como el MoMA de Nueva York.
Roser Bru se siguió viendo durante años en Santiago con Lola. Concretamente, en el Centre Català, que los exiliados provenientes de la región convirtieron en un punto de encuentro habitual para conversar y ponerse al día. Con idéntico propósito se fundó el Centro Vasco, o el Centro Republicano, ubicado en el Café Miraflores de la misma capital. « No dejamos que el vínculo se perdiera. Éramos como una gran familia. Con algunas personas que conocí en el Winnipeg seguimos quedando incluso cuando ya habíamos vuelto a España », precisa Lola.
En su caso, regresó a casa en 1963, por decisión de su padre. Para ella, tal vez demasiado pronto. « Yo fui la más perjudicada, porque toda mi juventud, mi carrera y mis amigos estaban en Chile », señala. Instalada en Santiago, la familia se mantuvo durante años gracias a una bodega de vinos, Viña Santa Lucía. Ella se apuntó a la universidad. No solo eso: con el tiempo, se convirtió en la primera periodista titulada chilena, al presentarse y aprobar junto a otros dos compañeros los exámenes de la Escuela de Periodismo, creada hacía poco. Admite que aquellos años intensos y apasionantes siguen muy frescos en su memoria: « Como suelen decirme, yo soy más chilena que los porotos, porque me eduqué allí, y me sigue pareciendo un país maravilloso ». Ha vuelto en varias ocasiones. En una de ellas, cumplió un sueño: que sus hijos, catalanes, conocieran la tierra en la que creció su madre.
El Winnipeg dejó atrás el puerto de Pauillac hace 84 años. Aquel día de agosto, cuando el barco acababa de levar anclas, Neruda abrió su cuaderno y le dedicó unas palabras: « Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie ». Para Laura Martel, pese a que nadie haya sido capaz de borrarlo, se tiene menos presente de lo que se debería, sobre todo en España, donde muchos ni tan siquiera saben que existió. El poema del Winnipeg, un antídoto contra el dolor. « Es un episodio que aquí se conoce poco, pero porque en este país, por motivos absurdos, hay una parte de la sociedad que no quiere oír hablar de nada que esté relacionado con la guerra civil », dice la autora. Para ella, solo hay un remedio para combatir ese silencio: « Contar la historia una y otra vez, y otra más, hasta la saciedad, de todas las formas posibles ». Es lo que seguirá haciendo.
Le massacre d’Atocha, un crime d’État en pleine transition
Article du 24 janvier 2023 de Adéla LOBO du journal PÚBLICO traduit par mes soins : pour ne pas oublier !
Luis
Dans la nuit du 24 janvier 1977, des nervis armés d’extrême droite ont fait irruption dans un cabinet d’avocats du travail situé au numéro 55 de la rue Atocha. Les assaillants ont tué cinq personnes. Quatre autres ont été blessés.
MADRID
24/01/2023
ADÉLA LOBO
Le récit de la transition comme pacifique et exemplaire se poursuit dans l’imaginaire social malgré les meurtres commis alors que Francisco Franco était déjà mort. Les événements de ce qu’on appelle la Semaine tragique de la Transition en sont exemplaires.
Le 23 janvier 1977, un membre de la guérilla paramilitaire de Cristo Rey assassine l’étudiant Arturo Ruiz lors d’une manifestation pro-amnistie.
Le lendemain, lors du rassemblement pour sa mort, María Luz Nájera Julián est décédée des suites de l’impact d’un fumigène lancé par la police anti-émeute. Cette même nuit, un groupe d’ultra-droitiers a attaqué le cabinet d’avocats du travail situé au numéro 55 de la rue Atocha.
C’est arrivé le 24 janvier 1977. Trois fascistes armés ont fait irruption dans ce bureau. Ils cherchaient Joaquin Navarro, dirigeant du syndicat des transports des Commissions Ouvrières. Alors que le célèbre syndicaliste était parti plus tôt et n’était plus au bureau, les militants d’extrême-droite ont tiré sur les personnes présentes. Ils ont tué trois avocats du travail, un étudiant en droit et un agent administratif. Quatre autres personnes ont été blessées
Le chercheur Carlos Portomeñe a publié Le Massacre d’Atocha et autres crimes d’État, un ouvrage qui traite du terrorisme d’extrême droite à la fin du franquisme et pendant la Transition.
Le travail de recherche de Portomeñe montre que l’État et des groupes de l’extrême droite italienne qui faisaient partie de l’Internationale Noire ont été impliqués dans le massacre d’Atocha.
« Nous parlons d’Italiens qui ont commis les attentats les plus sanglants, qui étaient recherchés dans leur pays et qui vivaient tranquillement en Espagne sous la protection des services de renseignement et de l’État », a expliqué Portomeñe à Público.
L’enquête de Carlos Portomeñe indique que Stefano Delle Chiaie, le chef de l’Internationale Noire, a été impliqué dans les événements de Montejurra, un autre crime d’État, selon les documents auxquels ce journal a eu accès. Le fasciste italien a également participé au meurtre d’Arturo Ruiz. « Delle Chiaie faisait partie du groupe de cinq personnes qui étaient présentes lors de l’assassinat d’Arturo Ruiz.
Et dans ce groupe se trouvait Fernández Cerra, qui le lendemain est l’un de ceux qui assassinent les avocats d’Atocha », précise Portomeñe. Tout cela prouve que les événements de la semaine tragique n’étaient pas le fruit du hasard mais étaient fortement liés les uns aux autres.
La nuit du 24 janvier
L’œuvre de Portomeñe recueille le témoignage de Miguel Sarabia, blessé lors de la fusillade : « Nous étions assis dans le salon lorsqu’un individu qui tenait une arme nous a dit de nous lever et de mettre les mains en l’air. » Les assaillants ont demandé si Joaquín Navarro se trouvait ici et les avocats ont répondu qu’il n’était plus dans ce bureau. Mais les nervis fascistes étaient certains qu’il était à cet endroit. Malgré l’absence du syndicaliste, ils ont tiré à bout portant.
Carlos García Juliay, José Fernández Cerra sont les assaillants qui ont appuyé sur la gâchette. Un troisième, Fernando Lerdo de Tejada, n’a jamais pu entrer dans le bureau. « Il était derrière la cloison vitrée qui se trouvait dans le bureau d’Atocha, il n’avait pas de balles dans son arme, mais il portait un énorme pistolet », a déclaré Alejandro Ruiz-Huerta, le seul avocat qui a subi cette attaque et qui est actuellement toujours en vie.
Les trois mis en cause sont entrés en prison en mars 1977. « Tous les 24 janvier, ils célébraient leur séjour en prison et la mort qu’ils avaient causée en réclamant un plateau de fruits de mer », révèle Ruiz-Huerta. Les militants syndicaux ont appris cette nouvelle par l’intermédiaire de leurs avocats et des responsables de la surveillance pénitentiaire. « Ils ne l’ont pas regretté à cet instant et ne l’ont jamais regretté », dit-il.
Défense du mouvement ouvrier
Les avocats du travail étaient dans le collimateur des groupes d’ultra-droite. Non seulement en raison de ses liens avec le CCOO et le PCE, mais aussi en raison de leur engagement pour la démocratie et de leur travail inlassable pour améliorer les conditions de travail des travailleurs.
« La tension a été très forte en janvier, entre autres évènements, parce que la grève des transports a été organisée ce mois-là », explique Ruiz-Huerta. « Entre nous, nous avions l’habitude d’accompagner nos collègues en voiture chez eux et nous attendions jusqu’à ce qu’ils rentrent », raconte-t-il.
Le bureau contre lequel ils ont mené l’attaque dans la nuit du 24 janvier 1977 était l’extension d’un autre similaire situé au numéro 49 Rue Atocha, qui était resté un peu à l’étroit en raison de sa grande activité. Tous deux appartenaient à un réseau de cabinets créés dans les années 1960 par le PCE pour défendre le mouvement ouvrier.
Les avocats effectuaient les démarches avec les administrations, recevaient dans leurs cabinets et se rendaient aux procès.
L’un des nombreux exemples du travail acharné des avocats du travail est la consultation qu’ils menèrent depuis leur balcon du cabinet. « Au moment où on a dit « au suivant’ » tous les salariés d’une entreprise sont entrés, ils avaient tous été licenciés », raconte Ruiz-Huerta. « Nous avons dû mener la concertation depuis le balcon pour parler aux 250 travailleurs », poursuit-il. C’était toute une entreprise du secteur chimique dont les ouvriers n’avaient pas touché leurs salaires depuis 2 mois. Finalement, ils ont réussi à gagner le procès.
Ce 24 janvier, les nervis d’extrême-droite ont assassiné Javier Sauquillo Pérez del Arco, Luis Javier Benavides Orgaz, Enrique Valdelvira Ibáñez, Serafín Holgado de Antonio et Ángel Rodríguez Leal. Que leurs noms ne soient pas oubliés !
Miguel Campos « L’envoi de l’or à Moscou ne fut pas idéologique »
Cette question de l’or de Moscou est toujours sujette à polémiques. Faisons confiance aux historiens et mettons en débat ce thème avec toutes les avancées sur les dernières recherches. Merci à Eric pour son dernier article.
Miguel Campos vient de sortir un livre Armas para la Republica qui recentre le sujet sur la situation de l’époque par rapport à la non-intervention et ses conséquences. Cet article de Publico que j’ai traduit porte un nouvel éclairage sur l’Or de Moscou. Sa thèse de doctorat dirigée par Angel Vinas nous éclaire sur cette question
ci-dessous article en Français et en Espagnol
Si une traduction plus exacte ou des corrections peuvent être apportées n’hésitez pas
S y R
Luis
Miguel Campos « L’envoi de l’or à Moscou ne fut pas idéologique »
son livre : https://www.planetadelibros.com/libro-armas-para-la-republica/343864
L’historien nous renseigne sur les obstacles rencontrés par la République pour obtenir du matériel de guerre après le coup d’État et « l’absurde étranglement militaire » dicté par les puissances démocratiques, le Royaume uni et la France.
Barcelone
21 août 2022
Jose Oliva (EFE)
L’historien Miguel Campos reconstruit les efforts de la République pour surmonter jusqu’au mois de mai 1937 et « l’absurde étranglement militaire » dicté par les puissances démocratiques, le Royaume uni et la France, et donne des précisions sur l’envoi de l’or à Moscou qui ne fut pas « une décision aléatoire ou idéologique du gouvernement républicain » ;
La recherche de Campos, faisant partie de sa thèse de Doctorat, dirigée par Angel Viñas, a été reproduite dans le livre « Armes pour la République » (Critica) fruit de la consultation de plus d’une quinzaine d’archives espagnoles, françaises et mexicaines, certaines d’entre elles inédites, comme les archives personnelles de celui qui fut ambassadeur du Mexique à Paris, Adalberto de Tejeda.
Dans une interview à EFE, Campos rappelle que lors de l’éclatement du conflit en Espagne, Londres ne souhaitait pas que ce qui se passait en Espagne puisse dériver subitement en un conflit européen et ce, bien que « la France, si dans un premier temps était favorable à une intervention dans le conflit, les anglais lui font voir rapidement que si elle était entrainée dans un conflit avec l’Allemagne en raison de la question espagnole, elle resterait seule face à elle. »
ESCROQUERIES, TRAFIQUES ET PILLAGES DANS L’ACHAT DES ARMES
L’historien de Madrid soutient que les serviteurs de la République rencontrèrent des « difficultés pour rapatrier le matériel de guerre acheté clandestinement à certains pays » et de plus la République elle-même créa ses propres difficultés. « Aucune politique claire pour l’acquisition ne fut établie et se produisit alors la pagaille avec l’arrivée massive et dangereuse de commissionnaires de divers partis politiques , syndicats et des régions, particulièrement les basques et les catalans. »
Tous, ajoute-t-il « se faisaient la concurrence entre eux, rendant plus difficiles les efforts des émissaires officiels, leur faisant perdre du temps en cherchant à les découvrir et surtout en faisant monter les prix ». Cette désorganisation conduisit à ce qu’ils furent à certains moments victimes d’escroqueries, de trafiquants et d’émissaires officiels qui s’enrichirent à leurs dépens.
« Beaucoup de ces représentants républicains acheteurs d’armements n’avaient jamais vu un pistolet de leur vie et savaient d’autant moins mener des négociations dans le commerce des armes au marché noir et nombreux de ces principaux trafiquants avec lesquels ils firent affaire étaient des pronazis ou même avaient leurs quartiers d’opération en Allemagne, bien que ce qui fut encore plus triste et pathétique dans cette histoire est que les supposés défenseurs de la République profitèrent de la conjoncture et de leurs responsabilités pour s’enrichir. » souligne-t-il.
Entre ces escrocs « le cas le plus flagrant fut probablement celui du ministre du PSOE Angel Galarza, qui avec ses complices, déroba 20 millions de francs de l’époque ; et en Tchécoslovaquie, Juan Sanchez Quintana en collaboration avec le trafiquant Auerbach, comptant avec la protection de l’ex-ministre des Finances Gabriel Franco, de Izquierda Republicana (gauche républicaine), imaginèrent une opération pour se partager 11000 livres entre les trois et un certain Gobleman. »
Avec des exemples Campos illustre les opérations sabotées par des espions et des agents franquistes, par des diplomates dont certains passèrent dans le camps des factieux ou jouèrent le double jeu, comme l’ambassadeur de Paris au début du coup d’État, laissa filtrer dans la presse la demande la République provoquant ainsi un scandale médiatique dont le dénouement fut la non-intervention ; ou celui de Gaspar Sanz de Tovar, passé au camp des factieux, dont les tractations furent la clef pour ne pas obtenir des armes en Tchécoslovaquie
LES BANQUES INTERNATIONALES « TORPILLAIENT LES TRANSACTIONS »
L’auteur attribue les rares succès diplomatiques de la République pour recevoir de l’aide « à la mauvaise planification qu’elle fit de ses intérêts sur la scène internationale. » tout spécialement en se satisfaisant de la dénommée non-intervention, ce dont se rendirent compte les diplomates mexicains qui défendirent les intérêts de la République à la Société des Nations et informèrent le président Cardenas de cette erreur. »
Sans que ce soit l’objet principal de sa recherche, Campos démontre par divers exemples que l’envoi de l’or de la Banque d’Espagne à Moscou se produisit « après plusieurs essais dans les banques britanniques, françaises et dans une moindre mesure, nord américaines, et il arrive à la conclusion, que les dites banques torpillaient au maximum les transactions républicaines. » Le seul espoir de rentrer des devises de la manière la plus opaque et rapide possible, continue Campos, étaient garantie par la Banque Commerciale pour l’Europe du Nord (BCEN) et pour cela l’argent devait être à Moscou.
Sans vouloir faire de l’Histoire-fiction, Campos pense que « si le blocus de la part des puissances démocratiques ne s’était pas produit de la part surtout de l’Angleterre et la France, il est très possible que le résultat du coup d’État et de la guerre aurait été autre, ainsi comme sa durée et son vainqueur, mais il ne faut pas oublier que Mussolini s’était engagé à appuyer le coup d’Etat avant qu’il n’éclate. »
Après cette recherche, Campos, professeur à l’Université Rey Juan Carlos, travaille avec le professeur Jose Manuel Azcona à un livre sur la Guerre civile en Amérique Latine.
Traducido por Luis
Miguel Campos: « El envío del oro de la República a Moscú no fue ideológico »
El historiador documenta las trabas de la República para conseguir material de guerra tras el golpe y el « absurdo estrangulamiento militar » dictado por las potencias democráticas Reino Unido y Francia.
BARCELONA
21/08/2022 17:56 ACTUALIZADO: 21/08/2022 19:04
JOSE OLIVA (EFE)
El historiador Miguel Campos reconstruye los esfuerzos de la República para superar hasta mayo de 1937 el « absurdo estrangulamiento militar » dictado por las potencias democráticas Reino unido y Francia llas potencias democráticas Reino Unido y Francila, y documenta que el envío del oro a Moscú no fue « una decisión aleatoria o ideológica del gobierno republicano ».
La investigación de Campos, que formó parte de su tesis doctoral, dirigida por Ángel Viñas, ha sido recogida en el libro Armas para la República (Crítica), fruto de la consulta de fuentes de más de una quincena de archivos españoles, franceses y mexicanos, algunos inéditas como el archivo personal del que fuera embajador de México en París, Adalberto de Tejeda.
En una entrevista con Efe, Campos recuerda que al estallar el conflicto de España, Londres no quería que lo que ocurriera dentro de España pudiera derivar en un conflicto europeo nuevamente y aunque « Francia sí estaba por la labor al principio de intervenir en el conflicto, los ingleses le hicieron ver rápidamente que si se veía envuelta en un conflicto con Alemania por la cuestion Españolala cuestión española se quedaría solo ante ella ».
Estafas, tráfico y expolio en la compra de armas
El historiador madrileño reivindica a los servidores de la República que se encontraron con « la dificultad de sacar el material de guerra comprado clandestinamente de cualquier país » y además la propia República se creó sus propias dificultades: « No se estableció una política clara de adquisiciones y se produjo un descontrol con la llegada masiva y peligrosa de comisionados de diversos partidos políticos, sindicatos y regiones, especialmente los vascos y los catalanes ».
Todos ellos, añade, « se hacían la competencia entre sí, dificultando las gestiones a los emisarios oficiales, haciéndoles perder el tiempo en detectarlos y, sobre todo, encareciendo los precios ». Este desbarajuste les llevó en algún caso a ser víctimas de estafas, de traficantes y de emisarios oficiales que se enriquecieron a su costa.
« Muchos representantes republicanos para comprar armamento no habían visto una pistola en su vida y mucho menos sabían lidiar en el mercado negro y muchos de los principales traficantes con los que hizo negocios la República eran filonazis o incluso tenían sus bases de operaciones en Alemania, aunque lo más triste y patético de esta historia fueron los supuestos defensores de la República que aprovecharon la coyuntura y su cargo para enriquecerse », señala.
Entre los expoliadores, « el caso más flagrante fue probablemente el del ministro del PSOE Ángel Galarza, quien junto a sus compinches, supuestamente, robaron 20 millones de francos de la época; y en Checoslovaquia, de nuevo supuestamente, Juan Sánchez Quintanajunto con el traficante Auerbach, contando ambos con la protección del exministro de Hacienda Gabriel Franco, de Izquierda Republicana, idearon una operación para repartirse 11.000 libras entre los tres y un tal Goblemann ».
Ilustra Campos operaciones saboteadas por espías y agentes franquistas, y por diplomáticos que o se pasaron al bando sublevado o durante un tiempo jugaron a doble banda, como el embajador en París en los momentos iniciales del golpe, que filtró a la prensa la solicitud inicial de la República provocando con ello que estallara un escándalo mediático cuyo desenlace fue la no intervención; o el de Gaspar Sanz de Tovar, pasado al bando sublevado y cuyas gestiones fueron clave para que no consiguiera armas en Checoslovaquia.
Las bancas internacionales « torpedeaban las transacciones »
El autor atribuye el escaso éxito diplomático de la República para recibir ayuda a « la mala planificación que hizo de sus intereses en la escena internacional, especialmente acatando la denominada no intervención, de lo que se dieron cuenta los diplomáticos mexicanos que defendieron los intereses republicanos en la Sociedad de Naciones e informaron al presidente Cárdenas de ese error ».
Sin ser el objetivo principal de la investigación, Campos demuestra con varios ejemplos que el envío del oro del Banco de España a Moscú se produjo « tras realizar diversas pruebas en las bancas británica, francesa y, en menor medida, norteamericana, y llegar a la conclusión, que dichas bancas torpedeaban todo lo posible las transacciones republicanas ». La única esperanza de mover divisas de la manera más opaca y rápida posible, continúa Campos, las garantizaba la Banque Commerciale pour l´Europe du Nord (BCEN) y para ello el dinero tenía que estar en Moscú.
Sin querer hacer historia contraactual, Campos piensa que « si no se hubiese producido ese bloqueo por parte de las potencias democráticas, sobre todo Inglaterra y Francia, es muy posible que el resultado del golpe y de la guerra hubiera sido otro, así como el tiempo que hubiese durado (mucho menos), como quién salió victorioso, pero no se debe olvidar que Mussolini se había comprometido a apoyar el golpe antes de que estallara ».
Tras esta investigación, Campos, profesor visitante en la Universidad Rey Juan Carlos, está trabajando junto con el profesor José Manuel Azcona en un libro sobre la guerra civil en América Latina.