France-Navigation – Une épopée rouge (2/5)

Trouver des bateaux, des capitaines avertis, des équipages motivés, cela ne s’improvise pas ; et puis cela coûte cher. En temps ordinaire, il faudrait prendre conseil, s’adresser aux autorités portuaires, jusqu’à Londres ou Amsterdam, pourquoi pas, suivre un protocole très précis, et surtout, pour pouvoir sortir des cargos, payer des assurances d’un montant pharamineux à la fameuse société britannique « Lloyd’s ».
Mais les temps ne sont pas ordinaires, il faut faire très vite, avec assez peu de moyens. Ceretti explique dans son livre (À l’ombre des deux T) comment l’aventure commence. « France-Navigation », qui aura son siège respectivement carrefour Richelieu-Drouot, rue Lamennais dans le 8e arrondissement parisien et 1 boulevard Haussmann, recrute des capitaines à la retraite, des commandants de sous-marins en chômage, « de véritables loups de mer ». Les marins viennent de différents ports, certains arrivent de Tunisie. La compagnie débute avec un, deux navires, qui prennent la mer sans être assurés. L’avantage, c’est qu’en évitant de payer des primes exorbitantes, elle fait de grosses économies qui lui permettent « d’acheter un bateau tous les trois voyages ». Pour déjouer les contrôles des douanes d’ici, des militaires franquistes là-bas, des espions de tout poil qui pullulent ces années-là, les navires de « France-Navigation » n’hésitent pas à user de méthodes de pirate, de la piraterie pour la bonne cause. Les bateaux de la compagnie sont capables durant leur trajet de changer d’identité et de se transformer du tout au tout. « Toutes les ruses étaient bonnes », dit Ceretti : par exemple, si un navire à une seule cheminée se savait signalé aux franquistes, il arrivait dans les eaux territoriales espagnoles avec deux cheminées, un autre nom, une immatriculation différente et peint d’une autre couleur… « Une fois il nous arriva même de changer de bateau en pleine mer et, en raison du danger de plus en plus menaçant, les transbordements furent désormais fréquents. »
Dans les cahiers de Georges Gosnat (cf. numéro précédent), qui est alors sans conteste le plus jeune dirigeant de compagnies maritimes au monde, on voit comment ce commerce avec l’Espagne se développe. Madrid a besoin de tout, et les échanges croissent à grande vitesse, la taille de la compagnie aussi puisqu’elle a, de fait, le monopole du ravitaillement.
On peut lire des brèves comme « 2/10/37, Bonifacio part ce soir 18h30, pièces détachées, tracteurs », ou « 12/4/38, Smith veut voir Pierre entre 5 et 6h » : on peut parier que Smith est un pseudo (pour un patronyme qui aurait peut-être un accent d’Europe centrale ?) et Pierre, c’est Pierre Allard, ou Giulio Ceretti, on l’a vu.
Si les méthodes de « France-Navigation » ne sont pas toujours très orthodoxes, la compagnie prend soin de se présenter sur le marché comme une société « normale ». Elle a le fonctionnement d’une société capitaliste, c’est une entreprise comme une autre.
On lit avec émotion, dans les cahiers en question, entre deux infos sur les transports des bateaux, les recommandations de Gosnat, écrites à la hâte, sur la marche à suivre : France-Navigation est une société par actions ; l’identité des actionnaires est régulièrement mentionnée : « Penser à la répartition des actions, à l’entrée de nouveaux administrateurs », est-il écrit. Il faut un conseil d’administration, des réunions régulières, des jetons de présence, une périodicité des réunions de direction (elles se tiennent le premier et troisième vendredi du mois…). Une bonne tenue de livres de compte est importante. On peut même lire cet avis : « Bien timbrer les délibérations des Assemblées générales ». C’est dire si on est méticuleux.
« France-Navigation » est donc juridiquement irréprochable. Dans ces années d’extrême tension, d’anticommunisme virulent, où la presse d’extrême droite (Action française, Gringoire) est à l’affut, cet aspect est tout à fait important et va expliquer – en partie – pourquoi cette société, on y reviendra, guettée de toutes parts, convoitée, jalousée, saura traverser (osons la métaphore) les pires tempêtes.
Bref, une compagnie rouge aux allures marchandes. On retrouve cette ambivalence dans certains papiers à en-tête de « France-Navigation ». Officiellement, son logo est un drapeau rouge bordé de bleu avec l’inscription Compagnie France Navigation. Mais un autre logo a aussi existé ; il ressemble un peu à la lettre grecque « phi » (oublions vite toute référence à l’actualité…), plus exactement il s’agissait d’un I majuscule traversant un O où les initiés pouvaient lire Internationale Ouvrière.
Gérad Streiff

SIGNEZ L’Appel des descendants et amis des républicains espagnols à Emmanuel Macron Président de la République

Bonjour veuillez prendre connaissance de notre appel à Emmanuel Macron
à l’occasion de sa rencontre avec Pedro Sanchez lundi 15 mars à Montauban

Rencontre de Pedro Sanchez et Emmanuel Macron: ASEREF lance un appel à cette occasion. Tous les signataires sont les bienvenus et seront ajoutés à l’appel ci-dessous. Transmettre par mail à: eloimartinez34@gmail.com

ASSOCIATION POUR LE SOUVENIR DE L’EXIL REPUBLICAIN ESPAGNOL EN FRANCE (ASEREF)

le 10 mars 2021

Rencontre d’Emmanuel Macron Président de la République française avec Pedro Sanchez Premier Ministre d’Espagne le 15 mars 2021 à Montauban (Tarn et Garonne). A cette occasion Les deux chefs d’Etats vont fleurir la tombe de Manuel Azaña Président de la République espagnole en exil et enterré dans cette ville.

Appel des descendants et amis des républicains espagnols

à Emmanuel Macron Président de la République

Guerre d’Espagne, camps de concentrations en France : Monsieur le Président de la République

· La France doit reconnaître la part de sa responsabilité de dans la chute de la République espagnole de par sa politique de non-intervention
· La France doit reconnaître son attitude indigne dans l’accueil des républicains espagnols en février 1939 internés dans des camps de concentration
· La France doit reconnaître le rôle des républicains espagnols dans les combats pour la libération de la France

En préambule, nous souhaitons la bienvenue à Pedro Sanchez chef du gouvernement d’Espagne, nous formulons le vœu que l’Espagne avance rapidement vers l’élimination de tous les symboles du franquisme et qu’elle mette fin à l’impunité des ses crimes, que les moyens soient donnés aux associations de récupération de la mémoire historique pour mener à bien les recherches des disparus assassiné par les franquistes et pour mettre à jour cette histoire largement occultée. Nous savons les obstacles qui se dressent en Espagne avec la résurgence grave de l’extrême droite mais c’est en affrontant sans concessions, fermement et démocratiquement les nostalgiques du franquisme qu’il sera possible d’éradiquer les idéologies nauséabondes.

L’appel au Président de la République française

Le 13 février 1941 le dictateur Franco rencontrait Philippe Pétain à Montpellier. Ce 15 mars 2021, 90 ans plus tard à Montauban Pedro Sanchez Premier Ministre et chef du gouvernement espagnol rencontre Emmanuel Macron Président de la république française.

Évidemment rien de comparable fort heureusement entre ces deux rencontres. Il s’agissait à Montpellier, entre Pétain et Franco deux vieux complices, de peaufiner les plans de répression à l’égard des républicains espagnols, les plans pour renvoyer en Espagne notamment les enfants réfugiés en France

Rien de comparable en effet, sauf le fait que cette rencontre de Montauban pourrait permettre, par la voix du Président de la République, de dire enfin la responsabilité historique de la France sur le déroulement de la guerre d’Espagne qui s’est conclue par la dictature de Franco et sa responsabilité pour la mort de milliers de républicains espagnols dans les camps de concentration français dès février 1939.

Ø Rappelons la décision du gouvernement de la France pour la non-intervention dès le début de la guerre d’Espagne de concert avec la Grande Bretagne, décision qui a laissé les mains libres à Hitler et Mussolini pour aider Franco à abattre la République espagnole.
Ø Rappelons le rôle héroïque des volontaires internationaux (venus de 53 pays) pendant la guerre d’Espagne dont près de 8500 français, 3000 d’entre eux sont morts au combat en terre d’Espagne pour défendre la République, pendant que dans les salons dorés de la finance française et anglaise, dans les coulisses de la politique gangrénée par ces derniers ont cherchait le moyen d’entraver la lutte de la république espagnole contre l’invasion fasciste.
Ø Rappelons, l’exil républicain espagnol en février 1939 et l’internement dans des camps de concentration français de plus de deux cent mille républicains espagnols, dès les premiers mois, sur les plages du Roussillon notamment (Argelès sur mer, Saint-Cyprien, le Barcarès…) des milliers sont morts dans ces camps, faute de soins et victimes de la répression.
Ø Rappelons que dès février 1939, le Président du Conseil Edouard Daladier et son gouvernement renvoyaient à Franco par convois entiers dans des trains réquisitionnés pour l’occasion des milliers d’espagnols qui à l’arrivée étaient emprisonnés, torturés, fusillés…
Ø Rappelons, l’esclavage qu’ont eu à subir les républicains espagnols lorsque la France en septembre 1939 payant ses fautes (non-intervention en Espagne, traité de capitulation à Munich…) devait entrer en guerre contre l’Allemagne nazi. Oui esclavage, car ces espagnols étaient sortis des camps pour remplacer à très bon marché la main d’œuvre française mobilisée pour la guerre. Ils étaient recrutés tel du bétail souvent en tâtant leurs muscles, les plus faibles étaient renvoyés dans les camps. L’indignité et l’humiliation.
Ø Rappelons que dans cette guerre de nombreux espagnols sortis des camps de concentration français, se sont engagés dans l’armée française et que nombre d’entre eux sont tombés au combat notamment à Sedan au début de l’avancée des forces nazis, la France les mettaient en première ligne comme de la chair à canon.
Ø Rappelons, que parmi les résistants, les espagnols et d’autres étrangers qui avaient été dans les brigades internationale sont été dans les premiers à prendre les armes pour combattre l’occupant nazi afin de libérer la France ce pays qui les avaient si mal accueillis en février 1939. Ils avaient derrière eux l’expérience militaire après près de trois ans de guerre en Espagne contre le même ennemi.
Ø Rappelons que nombreux se sont engagés dans la deuxième DB avec Leclerc et qu’ils participèrent aussi à la libération de Paris les 24 et 25 août 1944
Ø Rappelons, qu’après le gouvernement de la troisième République celui qui nomma Pétain ambassadeur de France auprès de Franco alors que la République espagnole n’avait pas encore chuté, Vichy a envoyé en déportation en Allemagne des milliers de républicains espagnols.
Ø Rappelons, qu’après la libération, la France a lâché une nouvelle fois les républicains espagnols qui voulaient pousser la victoire contre le fascisme jusqu’en Espagne.
Ø Rappelons la répression à l’encontre des républicains espagnols en France dans les années cinquante l’opération dénommée « Boléro Paprika »

Pour toutes ces raisons les descendants, amis, associations mémorielles de l’exil républicain espagnol signataires demandent au Président de la République Emmanuel Macron présent à Montauban le 15 mars 2021 de prendre position clairement sur la responsabilité historique de la France

• La France doit reconnaître la part de sa responsabilité de dans la chute de la République espagnole par sa politique de non-intervention

• La France doit reconnaître son attitude indigne dans l’accueil des républicains espagnols en février 1939 internés dans des camps de concentration

• La France doit reconnaître le rôle des républicains espagnols dans les combats pour la libération de la France

Eloy Martinez Monegal Président l’Association pour le Souvenir de l’Exil Républicain Espagnol en France (ASEREF)

Bien cordialement

Eloy Martinez Monegal
Président d’ASEREF

France-Navigation – Une épopée rouge 1/5

Un épisode mal connu de la guerre d’Espagne et de la solidarité des communistes français en 5 articles de Gérard Streiff, journaliste, écrivain.
Alors que l’Espagne du Front Populaire est victime de la non-intervention, lâchée par Paris et Londres, les communistes mettent sur pied une compagnie maritime pour nourrir et armer les Républicains.

Le service des archives de la ville d’Ivry (piloté par Michele Rault) possède un beau fonds Georges Gosnat (1914/1982), qui fut à la Libération sous-secrétaire d’État à l’Armement puis député, succéd·ant à Maurice Thorez (ainsi que trésorier du PCF). Dans ce fonds il y a un carton intitulé « France-Navigation », deux mots qui désignent une étonnante aventure. 
« France-Navigation » fut une compagnie maritime communiste qui se chargea d’alimenter et d’armer la République espagnole. Deux livres (au moins) racontent cette histoire : À l’ombre des deux T (Thorez et Togliatti), de Giulio Ceretti (Julliard, 1973) et Les brigades de la mer de Dominique Grisoni et Gilles Herzog (Grasset, 1979) ; le lecteur pourra s’y référer avec profit.
Le carton « France-Navigation » comprend notamment plusieurs cahiers grand format qui constituent une sorte de journal de bord de l’aventure de cette société. Des dizaines de pages remplies d’une foultitude de données, toutes inscrites là dans l’urgence, dans un apparent désordre. Ce sont autant d’éléments d’un puzzle dramatique : des noms de bateaux (leur port de départ, leur date d’arrivée, le type de cargaisons), des additions, des rappels, des notes, des pense-bêtes, des conseils à suivre, des rendez-vous à ne pas manquer. Une masse de phrases rapides du genre « Gravelines, 23 avril 38, débarquement terminé, grandes caisses pas par routes, mais tunnel affaissé, réponse du ch de fer demain ». Ce genre d’annotations courent tout au long des années 1937/1938.
Petit rappel : le Front populaire l’emporte en Espagne en février 1936. Cinq mois plus tard, le putsch de Franco marque le déclenchement de la guerre civile. Une coalition internationale menée par la Grande-Bretagne choisit la « non-intervention » en Espagne, la France du gouvernement Blum se plie à ce choix malgré la pression des milieux populaires. Une posture hypocrite alors que le camp fasciste, l’Italie de Mussolini et l’Allemagne de Hitler, va vite ouvertement soutenir les factieux. C’est en fait une manière d’abandonner, d’étrangler le Front populaire espagnol. Une politique lâche, suicidaire qui amorce le processus de la Seconde Guerre mondiale.
Les républicains espagnols appellent à l’aide. La solidarité internationale va se manifester de différentes formes, la plus spectaculaire étant la formation des Brigades internationales. Mais l’Espagne se retrouve victime d’un blocus ; des autorités républicaines souhaitent échapper à ce piège, notamment par la voie maritime. Ce n’est pas sans risque, les franquistes, à mesure qu’ils progressent, contrôlent ou ferment les ports. Et puis des navires de guerre allemands et italiens, des sous-marins surveillent certaines voies de passage. En même temps, l’opération n’est pas impossible non plus : on raconte alors qu’un bateau français vient de réussir à aller à Santander (en Cantabrie) au nez et à la barbe des fascistes.
L’appel de Madrid est entendu. À Paris, le communiste franco-italien -si l’on ose dire – Giulio Ceretti préside alors le Comité international pour l’aide à l’Espagne. Avec le soutien de la direction du PCF, de l’Internationale, il se voit chargé de cette mission : créer de toutes pièces une flottille de bateaux pour approvisionner l’Espagne, ce qui veut dire réunir des hommes, des équipages, des fonds, des technologies dans des délais incroyablement courts.
En deux ans, parti de zéro, la compagnie « France-Navigation » va compter 22 navires et 2 000 marins ; elle va effectuer un total de 227 voyages ! Et multiplier par trente son capital initial.
À l’origine de ce petit miracle, on trouve donc Giulio Ceretti (1903/1985), communiste italien chassé de son pays par le fascisme, militant de l’Internationale, devenu membre de la direction du PCF sous le nom de Pierre Allard (à la Libération de l’Italie, il deviendra ministre à Rome) ; Auguste Dumay (1888/1955) ex-secrétaire de la Fédération des marins de Marseille, chef mécanicien qui jouera un rôle clé dans l’armement des bateaux (voir sa longue bio dans le « Maîtron » où on dit de lui que c’était « un vieux militant de l’Internationale des marins, une tête de lard, un homme terrible mais un révolutionnaire ») ; Simon Pozner, qui apporte ses compétences d’homme d’affaires, intime du banquier rouge (et suédois) Olof Aschberg, qu’on dit lui proche des « finances soviétiques » et par ailleurs oncle de l’écrivain Vladimir Pozner (Simon Pozner trouvera la mort à Auschwitz) ; et Georges Gosnat (1914/1982), tout jeune officier qui devient secrétaire général (puis directeur) de France-Navigation ; il a 23 ans.
Gérard Streiff

La Nueve

https://fibabc.abc.es/cortos/la-nueve/?ref=http%3A%2F%2Fm.facebook.com%2F

Sinopsis: Manuel se une a la Novena Compañía para salvar a su hija del París ocupado por los nazis. Inspirado en la historia real de la Novena Compañía, formada íntegramente por exiliados españoles, punta de lanza del ejército aliado en la liberación de Europa. www.la9.es

Duración: 13:59 min.

País de Producción: España

Reparto: Emilio Gutiérrez CabaCristina de InzaRamón ÁlvarezSamy Kalil
Guión: Daniel H. Torrado

Música: Carlos López Amor

Productora: Virtual World Pictures / Canary Film Factory

Distribución: Virtual World Pictures

Fecha de Estreno: 2018-10-06

Nacionalidad del director o directores: Español

Le Maquis en Catalogne (1939 – 1963)

De Jaume Serra i Fontelles

Catalogne – 1988

Catalan sous-titré en français

Un documentaire, en sept chapitres, qui traite de l’histoire du mouvement de guérilla antifranquiste en Catalogne, de la fin de la guerre civile jusqu’à sa fin dans les années 1960.

Ch. 1 : L’émergence du Maquis

Le 1er avril 1939, la guerre se termine par la victoire des forces franquistes. Quelques semaines auparavant, environ un demi-million de personnes avaient entamé le chemin de l’exil vers la France.
Mais beaucoup d’entre elles n’ont pas accepté la défaite. Certaines choisissent de continuer à se battre dans la résistance française contre l’occupation nazie, et d’autres s’infiltrent, au sud des Pyrénées, pour rejoindre les maquis catalans, dans les villes ou les campagnes, qui ont été actifs dès 1939.
Ces maquis se sont créés pour se défendre et résister contre une terrible répression qui a frappé toute la Catalogne pendant les premières années du régime franquiste.

Ch. 2 : L’invasion du Val d’Aran

La libération d’une grande partie de la France, à l’été 44, et la retraite des Allemands ont provoqué une euphorie chez les guérilleros et les réfugiés qui ont cru que les jours du franquisme étaient comptés.
C’est alors que la plateforme politique de l’UNE (Union nationale espagnole) du PCE, a commencé à préparer l’opération « Reconquête de l’Espagne » qui consistait à faire passer des Pyrénées basques aux Pyrénées catalanes huit ou dix mille guérilleros. La zone de pénétration la plus importante devait être le Val d’Aran.
De juin à septembre, l’état-major général de la guérilla a envoyé plusieurs groupes de l’autre côté des Pyrénées afin d’explorer le terrain et de savoir si la population était prête à soutenir le soulèvement armé contre le régime de Franco.

Ch. 3 : Essor et défaite du maquis urbain

Domènec Ibars, surnommé “El Rosset”, qui avait lutté en France à la tête de 35 résistants catalans, se trouvait par hasard à Hendaye. Quand il a appris, que ce jour-là aurait lieu la rencontre historique entre le “Caudillo” et le “Führer”, il a décidé de mener la première d’une série d’actions toujours occultées par le régime franquiste : les tentatives d’assassinats du général Franco.
Domènec Ibars, a attendu en vain son partenaire; il n’est jamais arrivé parce qu’il avait été détenu. La station était prise militairement. Déterminé à agir seul, armé de suffisamment d’explosifs pour tuer les deux dictateurs, « El Rosset » s’est dirigé vers la gare d’Hendaye. Malgré le contrôle militaire, il a réussi à passer un point de contrôle et à s’approcher du quai.
Mais il ne pouvait pas aller plus loin. Il a dû faire demi-tour, impuissant. De là où il était, il était impossible d’attaquer.

Chap. 4 : Marcellino Massana

Bien que la guérilla urbaine de Barcelone soit la plus connue, car elle concentrait ses actions sur la ville et ses alentours, il existait une importante activité de guérilla dans de nombreuses régions de Catalogne.
Le groupe du maquis rural le plus connu était celui de Marcel·lí Massana, alias “Pancho” dans le maquis. Dans la région du Bages et surtout du Berguedà et ses alentours, pendant plus de six ans, le groupe de Massana a tenu la dragée haute au régime franquiste.
Né à Berga le 3 octobre 1918, 8 rue du Révérend Huch, Marcel.li Massana était le plus jeune de trois frères. Il a perdu sa mère quand il avait sept jours. À cette époque, sa mère adoptive était Filomena Solé, « La dida », pour laquelle il a toujours eu une grande estime et pour laquelle il a pris le risque de lui rendre visite à de nombreuses reprises à Berga, pendant les années du Maquis.

Chap. 5 : José Luis Facerías

José Luis Facerias, plus connu sous le nom de « Face » ou « Petronio » par ses plus proches amis et compagnons, était, avec Quico Sabater, l’un des principaux représentants de la guérilla urbaine en Catalogne dans les années quarante et cinquante.
Il était physiquement un homme bien bâti, élégant, un vrai « Dandy ».
Homme d’action intrépide, il se distingue par son talent et sa lucidité exceptionnels, devenant l’un des plus compétents organisateurs du maquis libertaire urbain de l’époque. Il occupe bientôt des postes à responsabilité au sein du mouvement libertaire clandestin catalan.
Né à Barcelone le 6 janvier 1920, il adhère, en 1936, au syndicat du bois de la CNT et aux Jeunesses libertaires de Poble Sec (quartier de Barcelone).

Ch. 6 : Quico Sabaté Llopart

Fin décembre 1959, Quico Sabaté, avec quatre autres guérilleros, entame ce qui sera son dernier voyage. Bien qu’il connaisse l’échange d’informations entre les polices espagnole et française. Quico a traversé la frontière par Cuscoià. La Garde civile était stationnée sur tous les passages de la frontière par groupes de trois et de nombreuses patrouilles écumaient continuellement la région.
De 1945 à 1960, les groupes d’action de Quico Sabaté ont participé à de nombreuses actions : transport d’armes d’un côté des Pyrénées à l’autre, attentats politiques, hold-up et autres actes de propagande antifranquiste.

Ch. 7 : Ramón Vila « Caracremada ».

Ramón Vila Capdevila, également connu sous les noms de « Pasos Largos » ( Grands pas), « Caracremada » (Face brûlée) et « Capitaine Raymond » dans la résistance française, était l’un des guérilleros les plus remarquables du maquis catalan.
D’un courage personnel et d’une bravoure extraordinaires, il n’a jamais toléré le fascisme, qu’il a combattu jusqu’à la mort. L’autre chef de la guérilla du Bergadà, Marcelino Massana, a dit de lui : « Ramón était, sans aucun doute, le meilleur d’entre nous ».
C’était un homme grand, avec une grande force physique. Il avait un corps large, un visage énergique, des yeux vifs, un front large avec un air entre sauvage et timide. Il était simple et modeste, avec une grande agilité.
Né dans le petit village de Pequera, dans le Bergadà, en 1908, il était appelé « El Maroto », du nom de la ferme où il vivait.

Mujeres Libres: les anarchistes qui ont révolutionné la classe ouvrière en Espagne

À la fin de la Deuxième République, quelque 21 000 anarchistes ont formé le premier mouvement féministe radical de base populaire authentique en Espagne. Un des groupes précurseurs des revendications de la libération de genre, qui plusieurs années plus tard, sont toujours d’actualité.

On dit de l’histoire que les vainqueurs l’écrivent, mais ce qui n’est pas dit, c’est que les gagnants, presque dans leur totalité, sont des hommes. Et, on ne dit pas non plus, qu’ils oublient souvent les femmes : si nous regardons en arrière et pensons aux grands moments de changement de l’humanité, ou aux grandes révolutions, aucun nom de femme ou presque ne vient à l’esprit. .

L’histoire de l’ Espagne n’a pas été moins dure avec les femmes , enterrant pendant de nombreuses années le rôle qu’elles ont joué pendant la plus grande révolte du pays, la guerre civile. Cependant, les organisations sociales essaient constamment de faire un trou dans notre mémoire collective et de faire face à l’oubli. A titre d’exemple, CGT et Mujeres Anarquistas à l’ Agrupación de Mujeres Libres , que ce 2017 soit 80 ans depuis sa fondation. Une organisation qui a ensuite été formée en tant que premier mouvement féministe radical de base populaire authentique et précurseur dans la lutte pour les revendications qui, de nombreuses années plus tard, sont toujours présents aujourd’hui.

Comment sont-ils nés? A la fin de la Seconde République dans une dynamique politique et culturelle qui a ouvert de nouvelles possibilités pour la participation des femmes dans la lutte sociale. CNT, la Confédération nationale du travail , était depuis 1910 le principal centre syndical orienté par l’anarchisme, dont la CGT dériva plus tard. Un syndicat qui avait une forte présence de femmes et qui reconnaissait les droits fondamentaux du travail tels que la liberté économique ou l’égalité des salaires, mais dans lequel il y avait peu d’initiatives de luttes spécifiques.

Les femmes ont marqué leur propre voie dans l’anarchisme et en 1936 elles ont créé leur propre organisation

Avant cela, les femmes devaient marquer leur propre chemin. À Barcelone, le noyau principal du mouvement anarchiste, le Groupe Culturel Féminin a été fondé en 1934, un pionnier dans l’articulation des femmes au sein de l’union. Mais le déclenchement de la guerre civile a changé le rythme des formations, ils ont avancé et décidé de créer leur propre organisation. Le 2 mai 1936 plusieurs femmes ont publié le premier numéro de libre femmes qui, comme il l’ écrit Paula Ruíz Roa , chef de la femme du secrétariat CGT « était la base de la création d’ un groupe libertaire et l’organisation de sa première premier et unique congrès qui pourrait avoir lieu en août 1937. » En peu de temps, ils ont compté avec 147 groupes locaux et21 000 femmes affiliées .

Le premier groupe autonome de femmes

Dès le début, Mujeres Libres a été formé en tant que groupe totalement autonome. La majorité des militants faisaient déjà partie d’autres organisations du mouvement libertaire – CNT, FAI, Juventudes Libertarias -, cependant, ils n’étaient subordonnés à aucune des structures précédentes.

Ce fut une bataille d’anarchistes dans le produit rejetant le mouvement libertaire une organisation que des femmes: « Ce sont eux qui ne voient la nécessité d’ organisations distinctes toutes les organisations ouvrières des femmes pour différencier les revendications les deux, parce que dans la lutte de la classe ouvrière n’a pas eu l’importance qu’ils avaient « , explique au public l’actuel secrétaire de la CGT Espagnole, José Manuel Muñoz Poliz.

écrivain et historien américain Martha Ackelsberg a dit que la plus grande réussite de l’organisation était d’ être le « pionnier des organisations féministes » et « participer à la lutte contre l’ exploitation capitaliste l’ oppression patriarcale ». Ainsi, Mujeres était la ligne Libres idéologique du CNT, mais a développé son propre objectif: émanciper les femmes de l’esclavage triple , « l’ esclavage de l’ ignorance, l’ esclavage des femmes et l’ esclavage des producteurs ». Avec le début de la guerre, un autre objectif a été marqué, « fournir une aide ordonnée et efficace à la défense de la République ».
Réclamations toujours présentes aujourd’hui

«Ce qui attire le plus l’attention de ce groupe, c’est la façon dont ils posent le problème des femmes, surtout à l’époque, avec des problèmes allant de l’abolition de la prostitution, à l’éducation mixte, aux soupes populaires ou à l’amour libre. », explique l’historien brésilien Thiago Lemos Silva , qui a étudié l’histoire de ce groupe pendant plus de dix ans.

Dès le début, ils ont appelé à l’importance de l’ incorporation des femmes dans le travail rémunéré , en effectuant de multiples emplois, ainsi que des activités d’arrière-garde: de l’alphabétisation à la formation sur le tas dans tous les secteurs du travail. Et, pour que cette incorporation ne soit pas un double fardeau pour les femmes, elles ont exigé – comme elles le font aujourd’hui – et mis en place des soupes populaires et des garderies sur le lieu de travail.

Ils ont travaillé dans l’arrière-garde et dans les usines, enseignant l’alphabétisation et la formation à des centaines de femmes

Ils ont rompu avec l’idée que les relations familiales et intimes étaient privées: ils dénonçaient avec ferveur le contrôle au sein même du couple et de l’État et de l’Église catholique. Ils ont proclamé l’amour libre et dénoncé que le modèle familial traditionnel favorise les inégalités. D’une part, parce qu’il maintient les dépendances économiques sur lesquelles le patriarcat est basé. D’autre part, parce qu’elle protège la soumission des femmes aux hommes au sein de la famille, elles n’ont donc aucun droit de s’y exprimer.

Un autre sujet qui ressort le plus est l’ éducation des enfants . Ils ont assuré que dans les écoles une mentalité s’obtient encadrée par les valeurs bourgeoises par ce que il était essentiel que l’éducation donnât un tour total en promouvant une école pour la liberté. Dans le domaine de l’éducation, ils ont également revendiqué la nécessité de l’éducation sexuelle, soulevant des problèmes jusqu’alors tabous tels que les méthodes contraceptives ou l’avortement.

La répression contre les anarchistes

Comme avec presque tous les groupes révolutionnaires, la répression pendant la guerre par les troupes franquistes fut colossale. Plus avec des groupes de femmes comme celui-ci qui posait un double danger en ne se battant pas seulement pour l’émancipation de la classe ouvrière, mais aussi pour l’ émancipation des femmes.

Il semble impossible de documenter le nombre exact de femmes qui ont subi l’apaisement de la torture, des assassinats, des disparitions et des violences sexuelles . Mais nous savons que, comme la majorité des miliciens et des militants, les membres de Mujeres Libres ont fini en prison , en exil ou, dans le meilleur des cas, soumis à un silence absolu, niant avoir participé à cette organisation.. Ni de l’étranger ils ont réussi à maintenir des structures organisées dans la clandestinité, donc à trois ans, en 1939, Mujeres Libres a fini par se dissoudre. Bien qu’ils aient conservé un héritage: « a créé un grand désir chez les femmes de la liberté en chacun de nous », explique Ruíz Roa. Et, comme le souligne Thiago, « il faut connaître l’histoire de ces femmes pour pouvoir questionner le machisme ».

24/12/2017 – BEATRIZ ASUAR GALLEGO- Publico

Visages de femmes rebelles et solidaires. L’engagement des femmes espagnoles pour la Liberté

L’association 24 août 1944 vous convie à l’exposition :

Visages de femmes rebelles et solidaires

L’engagement des femmes espagnoles pour la Liberté …

26 portraits peints par l’artiste Juan Chica-Ventura, pour illustrer le combat des femmes espagnoles pour la Liberté.

Le mois de la solidarité ouvre ses portes place des fêtes dans le 19e arrondissement. Malgré la pandémie, vous pourrez déambuler dans les couloirs du Centre Paris’Anim de la Place des Fêtes. Vous y rencontrerez ces femmes au destin exceptionnel, ces mères courage, ces filles volontaires, ces êtres décidées à conquérir, à sauvegarder, la grandeur de leur dignité. Elles ont imposé leurs droits à décider de leur vie, en défendant leur liberté et celle de tous contre les fascistes, les oppresseurs, les dictateurs, les capitalistes, les exploiteurs……

Elles sont nées dans les milieux les plus pauvres ou dans des cercles favorisés mais elles ont tout donner et abandonner pour leur idéal, qu’elles ont jugé plus important que leur propre existence.

Elles sont nos mères, nos sœurs, celles qui nous ont ouvert le chemin de la Liberté et de la résistance, elles sont celles qui nous ont éduqués, en nous apprenant à réfléchir et à penser par nous-mêmes.

Venez nombreux prendre pied

sur le rivage de leur vie.

Exposition du samedi 2 mars au samedi 31 mars

Centre Paris’Anim ; Place des Fêtes

2/4 rue des Lilas 75019 Paris

(métro ligne 11 : Place des Fêtes)

Entrée gratuite :

Mardi et vendredi 10h-17h30 (pause 13h-14h),

Mercredi et samedi 10h-17h30 (sans pause)

Bande dessinée. Une vie de combat contre le franquisme

Une biographie dessinée est dédiée à la mémoire du communiste Miguel Nuñez.

Résistant pendant la guerre d’Espagne, il connaît de longues années de détention, la torture et la clandestinité. Le scénariste Pepe Galvez, lui aussi rescapé des geôles franquistes et le dessinateur Alfonso Lopez ont conçu leur œuvre comme un présent à leur ami Miguel.

MILLE VIES DE PLUS, MIGUEL NUÑEZ,

Pepe Galvez, Alfonso Lopez

Éditions Otium

« Le changement qu’appelle le moment présent, pour qu’il soit un succès, exige, en quelque sorte, des retrouvailles avec nous-même mais sous des formes inédites. » Ces mots ont été écrits par Miguel Nuñez, communiste toute sa vie, dans La Révolution et le Désir. Cette bande dessinée réalisée avec tout le savoir-faire de la coopérative ouvrière Envie de lire, du nom de la librairie ivryienne où il a été conçu, vient s’ajouter aux autres chefs-d’œuvre du 9e art que la guerre d’Espagne a inspirés. Aux côtés de Christin et Bilal, de Bertrand Galic, Kris et Cuvillier, et de l’immense Carlos Gimenez et de son Paracuellos, il faut désormais ajouter cette biographie dessinée de Miguel Nuñez. Seule la couverture affiche les trois couleurs du drapeau républicain, rouge, jaune et violet, couleurs mythiques d’une seconde république dont l’effondrement annonça la catastrophe de la Seconde Guerre mondiale. Le reste de l’ouvrage, superbement dessiné par Alfonso Lopez, offre des noir et blanc d’une grande élégance, sobre, parfaitement à l’unisson du titre. Lopez est un grand artiste et n’impose jamais son style, mais le fond toujours au récit de Nuñez, scénarisé par Galvez et qui valut au livre de recevoir le prix national de la culture en Catalogne, avant de se voir enrichi de 38 planches pour l’édition française. Poétique, strident, expressif, suggestif, réaliste, cauchemardesque, le dessin évoque les lignes du destin de cet homme, entre la clandestinité et l’enfermement les plus sombres, ou bien la liberté et les jours de victoires les plus lumineux. Né en 1920, Miguel était déjà un combattant de Madrid encerclé, et participa à la bataille au corps à corps livré dans la Cité universitaire au mois de novembre 1936, symbole de la résistance héroïque du peuple de gauche d’Espagne face aux armées de Franco.

Pour Miguel Nuñez, la guerre ne s’est pas terminée en 1939, mais en 1975 avec la mort du dictateur. Pendant toutes ces années, entre cachettes en France, planques à Barcelone, entrecoupées de dix-sept années de prison, jamais Miguel ne rendit les armes ni ne faiblit dans sa résistance au franquisme. Les planches sont superbes, celles de la torture sont d’une justesse à peine soutenable, mais essentielles pour comprendre comment s’est forgée la volonté de cet homme, et comment s’est construite sa force à endurer la douleur et narguer ses bourreaux. C’est dans l’enfer carcéral franquiste que se scellent les amitiés pour toujours.

Il y a aussi des instants de bonheur, empreints d’une grande sérénité dans le trait. Et puis la libération avec la mort du sinistre vieillard et la renaissance en 1977 du Parti communiste d’Espagne. Miguel Nuñez est même élu député, mais la politique n’est pas son métier et il s’en détache en 1982 pour aider le Nicaragua. Jamais inactif, il fonde en 2002 l’association Mémoire sociale et démocratique pour faire revivre l’histoire des combattants de l’ombre. Quant aux dernières planches qui racontent le grand départ à 88 ans, après mille vies, le lecteur se retrouve dans une féerie entre un conte lumineux de Saint-Exupéry et toute la poésie du vent, celle de l’exil espagnol, de Rafael Alberti à Arturo Serrano. Toute violence a été bannie. Miguel Nuñez peut partir tranquille. Il a accompli son destin. Derrière cette existence d’un petit Madrilène devenu catalan de cœur, par-delà ce parcours individuel, il est rendu hommage aux 192 000 prisonniers qui moururent dans les geôles de Franco, aux 150 000 disparus dans les fosses encore à découvrir, et aux dizaines de milliers de réfugiés dont le rêve républicain fut brisé. Le dossier offre un complément remarquable pour s’y reconnaître dans l’ensemble des petits partis anarcho-syndicalistes, socialistes et communistes des années 1930 du XXe siècle, pour éclairer les biographies, pour expliquer les événements tournants de cette vie, avec une bibliographie commentée qui permettra d’aller toujours plus loin dans la connaissance de cette guerre d’Espagne dont le fantôme n’a pas fini de hanter l’histoire des révolutions et des républiques avortées… À Miguel Nuñez la conclusion, lucide et combative de cet ouvrage remarquable : « Car l’humanité, à défaut de transformer radicalement le système qui la gouverne, court inéluctablement vers son autodestruction. »

Mardi 23 Février 2021

Pierre Serna