ESPAGNE : LES DERNIERS SYMBOLES DU FRANQUISME DEVRAIENT ÊTRE ÉLIMINÉS AVANT LE 50ème ANNIVERSAIRE DE LA MORT DU DICTATEUR SANGUINAIRE FRANCO !

Le gouvernement de gauche espagnol a annoncé mercredi sa décision de faire disparaître les symboles de la terrible dictature franquiste de l’espace public en novembre, pour le 50e anniversaire de la mort de Franco, qui sévit de 1939 à 1975.

Répondant mercredi aux questions des députés, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a ainsi annoncé « qu’avant la fin du mois de novembre, nous publierons au Journal officiel la liste complète des éléments et symboles franquistes afin qu’ils soient définitivement retirés de notre pays et de nos rues ».

Selon le site internet « Debería Desaparecer » (« Ça devrait disparaître »), qui recense ces éléments, plus de 6000 symboles de l’époque franquiste sont encore présents sur le territoire espagnol.
En déambulant dans les villes du pays, il n’est ainsi pas rare de tomber sur des statues, des emblèmes militaires, des noms de rues ou encore de places et de boulevards à la gloire du dictateur ou des dignitaires de son régime. Une aberration selon de nombreuses associations et le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez.

L’un des cas les plus emblématiques reste l' »Arc de la Victoire », un édifice néoclassique construit dans les années 1950 à l’entrée ouest de Madrid pour célébrer le succès des troupes franquistes sur les soldats républicains lors de la Guerre civile (1936-1939).

Après sa mort, aucun responsable du régime n’a été jugé, cette période ayant fait l’objet d’une vaste amnistie.

En 2007, le gouvernement du socialiste Zapatero, désireux de solder ce douloureux passé, avait amorcé un changement avec sa loi dite de « mémoire historique », qui obligeait les administrations à retirer les symboles « faisant l’apologie » de la dictature dans l’espace public.

RAMON RUFAT LLOP : « DANS LES PRISONS D’ESPAGNE ».

Ramón Rufat Llop (Maella, 28 décembre 1916 – Villanueva et Geltrú, 3 novembre 1993) était un anarchosyndicaliste, agent des services secrets républicains et combattant antifranquiste.

Fils d’un maçon aragonais, sa mère est morte de la grippe de 1918 quand il avait 20 mois. En 1926, il a été envoyé pour suivre l’enseignement gratuit à Calanda (Teruel). Peu avant les élections de février 1936, il adhère à la jeunesse libertaire.

Au début de la guerre civile, il s’est rendu à Barcelone en juillet 1936 pour rejoindre la colonne DURRUTI des miliciens de la Confédération nationale du travail (CNT) avec le projet de libération de Saragosse. Il a été l’un des fondateurs, en octobre 1936, de « Los Fijos de la Nuit » – un groupe spécial devenu en 1937 le Service d’information spéciale périphérique (SIEP) sur les fronts de l’Aragon -, étant l’un des membres les plus éminents.

Entre octobre 1936 et décembre 1938, il a effectué plus de 50 missions de pénétration profonde derrière les lignes ennemies en Aragon et en Catalogne. Il recueille des informations en se faisant passer pour un officier du camp révolté. Petit à petit, il constitue et anime un vaste réseau d’agents. Ses informations ont contribué aux tentatives d’assassinat de Francisco Franco à Salamanque en janvier 1937 et aux funérailles d’Emilio Mola en juin 1937. Sur le front de Levante, les informations qu’il a fournies à l’armée républicaine ont été cruciales pour les offensives de Saragosse (octobre 1936 et août 1937), la bataille de Belchite (septembre 1937), la bataille de Teruel (décembre 1937), l’offensive d’Aragon (mars 1938), puis la Bataille de l’Èbre (juillet 1938).

Il a été dénoncé et capturé par les troupes franquistes alors qu’il traversait le fleuve Turia (Guadalaviar) dans la Sierra de Albarracín au début de l’offensive de Catalogne le 18 décembre 1938.
Le 4 mars 1939, il a été condamné à deux condamnations à mort, l’une pour « espionnage » et l’autre pour « perversité » en raison de son activité politique. En septembre 1940, la Croix-Rouge belge a fourni à l’Espagne un bateau de nourriture en échange d’une liste de 100 personnes à pardonner. Rufat était en haut de la liste et sa sentence a été changée à perpétuité. Après avoir traversé plusieurs camps de concentration tels que Santa Eulalia del Campo, Calatayud, Torrero, Yeserías et exercices d’exécution, Rufat réussit à falsifier son dossier carcéral et à sortir de prison le 10 août 1944.

Le même jour, il s’est rendu directement au Comité national du CNT, avec lequel il avait été en contact pendant son incarcération. Il est immédiatement nommé vice-secrétaire du Mouvement libertaire (ML), organisme de coordination regroupant la Confédération nationale du travail (CNT), la Fédération anarchiste ibérique (FIA) et la Fédération ibérique des jeunes libertaires (FIJL).

Également responsable de la propagande, il a relancé les publications clandestines de la résistance interne du Mouvement libertaire et du CNT, notamment Solidarité Ouvrière, Fragua Sociale et Terre et Liberté, qui avaient été interdites. En juillet 1945, le CNT-ML (intérieur) organise son congrès national à Carabaña (autour de Madrid) avec de nombreux délégués régionaux et réaffirme la ligne d’union antifasciste. Cela se reflète dans sa participation à l’Alliance nationale des forces démocratiques (ANFD) et la désignation d’Horacio Prieto et de José Exposito Leiva comme représentants du CNT au gouvernement républicain en exil de José Giral. C’est l' »âge d’or » de la résistance anarchiste au régime de Franco, avec une large diffusion de la presse clandestine dans toutes les régions, les premières grèves importantes en 1945 à Barcelone puis à Vizcaya, les premières manifestations, puis la reprise de la guérilla urbaine, notamment avec des attaques de banque.

Après l’arrestation de Siegfrido Catalá Tineo, Rufat est élu secrétaire général du CNT. La lutte révolutionnaire dans la clandestinité s’est poursuivie jusqu’à ce qu’il soit arrêté en même temps que la majorité du neuvième Comité national du CNT le 6 octobre 1945 à Madrid par la Brigade Politico-Sociale franquiste.

Rufat a été condamné par la cour martiale du 21 mars 1947 à 20 ans de prison. Il a été interrogé et torturé à Madrid puis emprisonné dans les prisons d’Alcalá de Henares, Ocaña, puis 11 ans à El Dueso. Jusqu’à sept comités nationaux successifs du CNT seront simultanément emprisonnés à la prison d’Ocaña. La résistance anarchiste continue de s’organiser de l’intérieur des prisons franquistes. Obtenant sa liberté provisoire en 1958, 20 ans après son arrestation en 1938, il s’est échappé pour commencer une nouvelle vie en France.

En France, il a travaillé pour l’Office des réfugiés politiques (OFPRA) du Ministère des affaires étrangères. A participé à la création des revues Polémica et Anthropos et publié dans plusieurs autres revues en français et espagnol. De retour à Barcelone en 1976, après la mort de Franco, il découvre que selon les archives, il avait été fusillé deux fois, en 1938 et 1940. Il aurait du mal à faire reconnaître aux nouvelles institutions démocratiques qu’il est toujours en vie malgré ses activités clandestines. Cela l’a amené à consacrer la fin de sa vie à écrire « l’histoire des vaincus », notamment en collaboration avec la Bibliothèque internationale de documentation contemporaine (BDIC) de l’Université de Nanterre. Beaucoup de ses manuscrits, textes et mémoires restent inédits ou non traduits, bien qu’il ait remporté le premier prix Juan García Durán en 1986.

Archives OFPRA : ouverture anticipée des fiches des exilés espagnols

La publication au Journal officiel de l’arrêté du 3 juillet 2025 marque une avancée décisive dans l’accès aux archives des réfugiés espagnols. Ce texte autorise la consultation et la reproduction par toute personne intéressée d’environ 200.000 fiches individuelles conservées par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Ces fiches concernent les ressortissants espagnols ayant sollicité la protection de la France entre le 30 mai 1945 et le 29 décembre 1978, date de l’entrée en vigueur de la Constitution espagnole, tournant symbolique de la sortie de la dictature franquiste.

Jusqu’à présent, une partie de ces fiches n’était pas communicable en raison de la présence d’informations administratives sensibles, notamment sur la délivrance de titres de séjour ou les engagements politiques des intéressés. Le droit français imposait un délai de cinquante ans à compter du dernier document présent dans chaque dossier, ce qui repoussait souvent l’échéance à 2031, voire au-delà. Il fallait obtenir une dérogation pour pouvoir les consulter.

Dès mars 2023, Aline Angoustures, cheffe de la mission Histoire et Exploitation des archives à l’Ofpra, évoquait dans une interview à la Revue française de Généalogie la nécessité d’une dérogation générale, soulignant l’absence de risques pour les descendants et l’intérêt mémoriel de ces documents. Elle rappelait que de nombreux réfugiés espagnols avaient participé à la Résistance, et que leurs parcours relevaient d’une mémoire démocratique européenne, au-delà de la seule histoire espagnole.

L’arrêté du 3 juillet répond ainsi à une double ambition : satisfaire une demande croissante d’accès à ces archives pour des recherches historiques, généalogiques ou universitaires, et s’inscrire dans le cadre de la loi espagnole du 19 octobre 2022 sur la mémoire démocratique. Ce texte garantit un droit d’accès libre, gratuit et universel aux archives relatives à la dictature franquiste et à l’exil.

L’ouverture des fiches françaises complète le vaste chantier lancé par l’OFPRA en partenariat avec le ministère de la Culture espagnol, dans le cadre d’une convention signée en juin 2024. Ce programme prévoit la numérisation, l’indexation et à terme la mise en ligne de milliers de dossiers constitués à l’arrivée des exilés espagnols en France. La consultation en ligne de de cette masse d’archives considérable sera possible avant la fin de l’année 2025, la numérisation étant toujours en cours.

Récemment, l’OFPRA a signé une convention avec les Archives de France qui l’autorise à conserver et à gérer ses archives, sans être obligés de les verser aux Archives nationales.

https://www.rfgenealogie.com/infos/archives-ofpra-ouverture-anticipee-des-fiches-des-exiles-espagnols?sfnsn=scwspwa&fbclid=IwdGRzaANa-yFjbGNrA1r7AWV4dG4DYWVtAjExAAEebzcLmanE_nM_t1zeG5kAyF8D26JBIrA78VvAWrjtUuQ1EsYxGlDaf-xtmRM_aem_HgYMDPuCkeumuWSDGXKKwQ&sfnsn=scwspmo

À Paris, un centre mémoire sur l’Espagne républicaine, antifasciste et libertaire va bientôt voir le jour

Ça y est les travaux ont débuté au 33 rue des Vignoles

Des travaux de grande ampleur ont commencé afin que les nouveaux locaux correspondent aux normes actuelles d’isolation thermique et phonique, d’accueil du public, de sécurité incendie etc.

Cette réhabilitation gardera la mémoire de l’Espagne républicaine, on y reviendra, mais aussi celle de ce quartier faubourien où les ateliers industriels étaient nombreux jusqu’aux années 70 du siècle passé. En effet les travaux menés par la Ville de Paris, propriétaire des lieux, en accord avec l’association Les Pas Sages, porteuse du bail, permettront de garder l’esprit du lieu, industriel, ouvrier, révolutionnaire.

En effet, l’état d’esprit sera conservé aussi parce que les anciens occupants reviendront. L’association Flamenco en France, les artistes, la CNT de France, les tout derniers exilés de Février 1939 et leurs descendants, seront renforcés par l’arrivée de l’association 24 Aout 1944, en charge de réaliser ce Centre mémoire.

La tâche est immense. Car si nous avons beaucoup de choses en tête, il va falloir les transformer concrètement, pour qu’un public large, néophyte ou connaisseur puisse trouver des informations, des textes, des photos, des objets, des personnages, des organisations et associations qui témoignent de la vigueur de cet exil exceptionnel par sa combativité et sa longévité forcée malgré les vents contraires permanents qu’il a dû subir entre 1939 et 1975.

Il s’agira surtout d’évoquer l’exil car le Centre est à Paris. Comme pour tout exil l’évocation du pays d’origine et les évènements qui y sont liés seront évoqués.

Paris, la libération de Paris, avec « La Nueve » sera inévitablement au centre de ce centre. Mais parce que les républicains espagnols ont participé au combat antinazi aussi dans la résistance et au camp de Mauthausen, une partie de l’espace devrait s’intituler : « Les républicains espagnols dans la Seconde Guerre mondiale ».

L’autre partie concernera la longue bataille inégale que les dizaines de milliers réfugiés livrèrent pour continuer le combat contre Franco de 1945 à 1975. Leurs organisations politiques et syndicales, leurs multiples activités culturelles et de solidarité, leur mémoire de la guerre d’Espagne et de la révolution libertaire, leurs efforts pour construire une nouvelle vie… et bien d’autres thèmes encore.

Comme vous pouvez vous en rendre compte, notre ambition est importante. Nous ne pouvons à nous seuls entreprendre une telle démarche. Dans cette entreprise, nous sommes entourés par les nombreux amis de la mémoire de la Nueve et de l’exil républicain en général.

Mais dans le fond, vous, lectrice ou lecteur de ces lignes, avez peut-être des photos, des objets, des journaux, des affiches que vous verriez bien illustrer la vie de vos parents et grands-parents exilés et qui pourraient trouver leur place dans ce centre (originaux ou reproductions que nous pouvons réaliser). N’hésitez pas à rentrer en contact avec nous pour en parler.

Ce centre verra le jour vraisemblablement fin 2026. Il reste un peu plus d’un an pour aboutir à ce que la mémoire de l’exil républicain espagnol continue de vivre contre vents et marée.

Association 24 Aout 1944.

Spanish Bombs

Spanish Bombs est une chanson du groupe britannique The Clash, parue en 1979 sur l’album London Calling. Le morceau composé par Mick Jones et Joe Strummer fait allusion à la guerre d’Espagne qui fit rage de 1936 à 1939. Il s’agit d’une des nombreuses chansons à teneur politique enregistrée par le groupe au cours de sa carrière.

Spanish Bombs traite de la guerre d’Espagne, un conflit important qui dévasta l’Espagne du 17 juillet 1936 au 1er avril 1939. Elle a été écrite lors d’un trajet des studios Wessex jusque chez eux quand Joe Strummer parlait avec Gaby Salter de l’ETA, l’organisation armée séparatiste basque fondée en 1959.

La chanson loue l’héroïsme des républicains et des anarchistes en particulier, durant cette période.

Beaucoup de lieux et d’acteurs associés à la guerre civile espagnole sont mentionnés dans les paroles de la chanson :

l’Andalousie, qui fut une des premières régions de l’Espagne à être prise par les rebelles militaires en 1936, avec les lignes « Spanish songs in Andalucia, the shooting sites in the days of ’39 »,

Federico García Lorca, nommé dans « Federico Lorca is dead and gone », était un poète républicain originaire d’Andalousie qui a été tué pendant la rébellion.

la Garde civile (en espagnol « Guardia civil »), qui est une police militaire sous le contrôle tant du Ministère d’Intérieur que du Ministère de la Défense.

Le passage « They sing the red flag, they wore the black one » (Ils chantent le drapeau rouge, ils ont utilisé le noir) est une référence au drapeau rouge, symbole de la lutte des ouvriers, et au drapeau noir, celui des anarchistes. La confédération nationale du travail (CNT), le syndicat anarcho-syndicaliste grandement responsable du succès initial du côté républicain contre l’insurrection fasciste de général Francisco Franco, a aussi utilisé le drapeau rouge et noir de l’anarcho-communisme.