« Après Franco, la peur a été remplacée par le silence » : rencontre avec les auteurs de la BD « l’Abîme de l’oubli »
Le bédéiste Paco Roca et le journaliste Rodrigo Terrasa signent « l’Abîme de l’oubli », roman graphique sur la quête des familles des victimes de la dictature franquiste encore ensevelies dans les fosses communes.
Paco Roca (l’illustrateur) et Rodrigo Terrasa (l’auteur), le 27 janvier 2025, à Paris, dans les locaux de la maison d’édition Delcourt.
Malgré un dédale d’obstacles, l’octogénaire Pepica Celda est parvenue à faire exhumer son père, exécuté par les franquistes en 1940 et jeté dans une fosse commune du cimetière de Paterna (Valence). Un demi-siècle après la mort de Franco, des milliers d’opposants politiques assassinés hantent encore l’Espagne. Dans un roman graphique touchant, le bédéiste Paco Roca et le journaliste Rodrigo Terrasa retracent la quête de Pepica dans un pays où la transition démocratique a confiné à l’oubli les victimes de la dictature. On y découvre également Leoncio Badia, condamné à être fossoyeur et qui prendra soin des dépouilles de ses compagnons d’infortune. L’Abîme de l’oubli est un îlot d’humanité et d’intelligence dans un pays qui n’a toujours pas soldé les crimes franquistes.
Votre ouvrage manie la microhistoire – Pepica Celda qui veut exhumer le corps de son père enfoui dans une fosse commune – et la macrohistoire, à savoir les crimes de la dictature franquiste. Comment êtes-vous parvenus à les faire cohabiter avec vos genres respectifs ?
Paco Rosa, bédéiste
Avec Rodrigo Terrasa, nous cherchions un projet qui puisse faire cohabiter les deux genres, le journalisme et la bande dessinée. La seule narration dramatique ne permet pas de nuances. Avec l’histoire de Pepica, tout s’emboîtait : émouvoir avec une narration et inviter à la réflexion grâce au discours journalistique qui nous permettait de développer les idées au-delà de simples dialogues.
Rodrigo Terrasa Journaliste