Notre association fête en 2025 ses 10 ans et revient ainsi sur sa propre mémoire.

ASSEMBLEE GENERALE de RETIRADA 37
Du 6 MARS 2025 au Château du PLESSIS à LA RICHE

10 ans d’activités mémorielles, solidaires, antifascistes.
10 ans de vie, qui n’ont pas toujours été un long fleuve tranquille.
10 ans de débats entre nous, avec les autres, toujours enrichissants.

Comme beaucoup d’associations nous avons souffert en 2020 de la pandémie du Covid de laquelle nombre d’entre elles ne se sont pas relevées.
Nous sommes toujours là, certes affaiblis, mais toujours là.

La guerre d’Espagne, la Retirada, la deuxième guerre mondiale, la vie en France des réfugiés politiques mais aussi celle de leurs enfants, dont nous sommes pour beaucoup d’entre nous, sont les sujets historiques qui sous-tendent l’activité de notre association.
Et ces sujets ne sont pas des sujets ordinaires, leurs liens avec l’Histoire, la politique, les questions philosophiques et religieuses sont empreints souvent de violences, d’exclusion de l’autre, d’inimitiés entre familles, fruits de cette guerre pas tout à fait comme les autres.
Notre association s’est construite pendant ces 10 ans sur ces périodes troublées, sur ces idéologies progressistes qui au lieu de converger ont divergé, et ont permis ainsi la victoire du fascisme et sa dictature pendant 40 ans, sur ces plaies toujours ouvertes, sur ces guerres fratricides vécues par nos parents mais aussi et surtout avec la volonté de leurs enfants mais aussi d’amis de ces combattants antifascistes de reconstruire des liens non pas pour effacer les différences mais pour les reconnaître et trouver si nécessaire des points de convergences pour combattre le fascisme qui aujourd’hui réapparaît avec force dans le monde.

Notre devise
« faire vivre les mémoires et les valeurs des Républicains espagnols exilés »,
la matrice de ce qui nous a construit reste aujourd’hui le moteur qui nous permet d’exister en tant qu’association.

Fidèles à cette devise nous avons su faire de nos différences une richesse, qui au cours des années a permis de construire également des amitiés, a priori improbables mais bien réelles aujourd’hui.

Comment a commencé à vivre Retirada37 en 2015 ?

Quelles ont été les premières manifestations publiques ?

D’abord sur le net le 7 février 2015 avec en première page de notre site Retirada 37 une présence de notre association sur radio Béton dans l’émission « Demain Le Grand Soir », un documentaire de Label Histoire sur Noirlac dans le Cher où séjournèrent des réfugiés espagnols, avec une interview de Cali qui rappelle ses souvenirs d’enfance.
Une première page qui en a suscité 51 autres au cours de ces 10 ans d’existence. Sur cette première page nous mettions l’accent sur l’implication citoyenne pour faire vivre Retirada37

« Enfin, nous voici sur notre site Retirada37, et cela 24 heures après la réunion du petit groupe qui s’est constitué pour le mettre en oeuvre.
Nous en ferons ce que nous déciderons ensemble.
Pour le faire vivre nous devons être plus nombreux, plus actifs, plus créatifs.
C’est pourquoi nous vous invitons le 12 mars à 18h à l’Espace Chabrier pour faire un point sur toutes les questions que nous avons « sur le grill ».
Ensuite nous participerons à une journée de formation le 27 mars entre 17 heures et 20 heures pour que nous soyons tous au même niveau d’information.
C’est à cette seule condition que Retirada37 trouvera son développement sur le web.
Il faut nous convaincre que ce n’est pas une affaire de spécialiste mais seulement une implication citoyenne et républicaine. »

Notre première action publique a été sur La Nueve, grâce à Mar Y Luz, fille de combattant de la Nueve, qui nous permettait d’accueillir le 21 avril 2015 Evelyn Mesquida venue nous présenter son livre.
Notre association entamait ainsi un long cycle de conférences, de films, de débats autour de la Retirada, mais pas seulement.

Elle s’engageait sur le plan culturel puisqu’une de ses premières prises de position fut de soutenir le Plessis Théâtre le 7 juin 2015 : avec un Communiqué de l’association RETIRADA 37 :« Le CA de l’association Retirada 37, dont le but est de faire vivre les mémoires et les valeurs des Républicains espagnols exilés, a décidé unanimement le jeudi 4 juin 2015 d’adhérer au Comité de soutien du Plessis-Théâtre Gabriel Monnet.
L’association Retirada 37 a trouvé auprès de la Compagnie soutien et coopération pour construire un événement artistique, mémoriel et convivial le 20 novembre 2015 afin de commémorer le 40ème anniversaire de la fin du dictateur Franco et l’espoir pour de nombreux Républicains espagnols exilés d’un retour à la démocratie.
Retirada 37 compte parmi ses valeurs celles de l’éducation populaire, de la démocratie culturelle, de la promotion des découvertes artistiques, du partage, de l’accueil qui sont également celles de la Compagnie José Manuel Cano Lopez.
Le CA de Retirada 37 estime donc nécessaire de reconsidérer la baisse de subvention et de maintenir au Plessis le projet de la Compagnie, dans ce lieu où elle a su unir ses valeurs, ses créations, ses multiples actions artistiques et l’âme de ce lieu qu’elle a d’ailleurs aidé à sauvegarder. »

Retirada 37 à travers son site, ce ne sont pas seulement des références historiques, ce sont aussi des poèmes, des musiques, des chansons.
Nos mémoires plurielles, sont des mémoires empreintes de valeurs celles de l’éducation populaire et de la démocratie culturelle comme nous le disions dans un communiqué le 7 juin 2015.
Notre association prenait ainsi la voie du combat et de la résistance aux atteintes à la liberté d’expression qui fut bafouée pendant 40 ans de dictature. Et le 9 septembre 2015 nous recevions un message depuis Viznar pour l’hommage à Federico Garcia Lorca de Jose Manuel présent sur ces lieux.
« Bonjour les ami(e)s de la Retirada 37,
juste un petit salut amical pour vous dire que j’ai beaucoup pensé à vous tous hier soir dans le Parc Federico Garcia Lorca à Viznar au cours de l’hommage qui lui était rendu (à lui et à tous les « desaparecidos ») pour le 79 anniversaire de son assassinat.
Des prises de paroles très fortes et un récital vibrant et sobre de Soléa Morente (une des filles du grand Enrique) tout près des centaines de corps toujours enfouis dans ses montes près de Granada. Il a beaucoup été question, bien sûr, de tout ce qui nous unit.
Un abrazo a todos y a todas.
José Manuel Cano Lopez »

Le 20 novembre Jose Manuel mettait en scène des textes écrits par Quinze membres de Retirada 37 qui lui étaient confiés ces « fragments de leur mémoire ». Un « collage » de ces textes fut mis en voix par des acteurs de la Compagnie.

Un moment d’émotion au Plessis Théâtre.

Une semaine après notre ami le journaliste espagnol Paco Audije venait nous faire part de son expérience de vie personnelle sur la transition à La Riche.

Telle fut cette première année qui fut suivie de neuf autres où à chaque fois les mémoires furent réactivées pour que nos mères, nos pères, nos sœurs, nos frères, nos amis puissent être honorées de la plus belle façon.

Des temps forts comme à La Riche en 2016 pour l’œuvre réformatrice de la République espagnole et un premier accent sur la lutte des femmes, mises à l’honneur de multiples fois.
Un hommage non pas seulement à des figures connues mais d’autres plus locales comme en juin de cette année l’hommage à Emilio Marco et ses compagnons de lutte à la bibliothèque de Saint-Pierre-des-Corps.
En septembre un moment très fort avec la rencontre avec Geneviève Dreyfus Armand qui remplissait la bibliothèque de Saint-Pierre qui n’avait jamais autant de monde.

Notre présence chaque 11 novembre pour le rassemblement anti-militariste devant l’Université, voyait le drapeau Retirada37 flotter.

Notre activité avec le CNP au Studio en février 2017 commençait avec un film : Histoires et mémoires manipulées…et aujourd’hui ?
Animée par Anne Jollet puis en mars au CNP, avec Les femmes dans les luttes armées, avec Edouard Sill, un autre habitué de nos activités.

Jean-Michel Rodrigo nous présentait en juin son film sur Federica Montseny.
Les femmes encore à l’honneur avec Les conditions d’émancipation de celles-ci : le rapport entre politique et religieux en septembre.

Un grand évènement se déroula à Saint-Pierre-des-Corps en janvier et février 2018 avec l’exposition sur les Brigades internationales, des conférences avec Edouard Sill, Jean Ortiz et un fabuleux concert avec Serge Utge Royo dans un Centre culturel archi-plein.

Le prix Goncourt 2014 Lydie Salvayre nous faisait le plaisir de sa venue en avril 2018 pour son livre Pas pleurer.
En septembre notre ami Luis Garrido venait nos raconter le périple de son père dans sa fuite à travers l’Espagne.
Mar y Luz intervenait le 24 août devant le jardin de la Nueve pour la Libération de Paris.
En décembre Jose Manuel nous présentait le Romancero Gitano en hommage a Federico Garcia Lorca.
Le 12 février Enrique Lister le fils du célèbre Général républicain venait nous parler d l’interdiction du Parti Communiste espagnol en France en 1950.

Exposition Guernica à La Riche en février 2019.
Carmen Negrin venait nous parler à l’Université de Tours de son grand-père Juan Negrin dernier président du gouvernement de la République espagnole.
En octobre une conférence sur les bébés volés avait lieu à La Médaille.
Le 30 novembre Maelle Maugendre venait nous parler des femmes en exil à la bibliothèque de Saint-Pierre.
Le 6 mars 2020 Jose Manuel nous présentait de nouveau le Romancero des ombres.
11 Mars 2022 concierto para la memoria par Juan Francisco Ortiz à la guitare et David Ortiz au violoncelle, magnifique prestation au Plessis devant une salle comble, des musiciens que Luis avait rencontré à l’hommage aux 13 Roses au cimetière de Madrid.

Adios a Federico en avril 2022 par la compagnie de Jose Manuel.
Avril 2023 retour au Plessis avec désirs partagés à la mémoire des volontaires étrangères et la solidarité internationale féminine durant la guerre d’Espagne, en écho aux luttes d’aujourd’hui !

Avec la projection du film Las mamas Belgas et la présence d’Edouard Sill.
Triste nouvelle le 23 juillet 2023 avec la disparition de Jean Ortiz, notre ami, dont restera gravée sa verve et sa capacité à nous passionner pour tous ces sujets qui sont les nôtres.
Le 2 décembre un bon débat à La Médaille à Saint-Pierre Raynal Pellicer et Titwane autour du récit illustré « Photographes de guerre. »

En janvier 2024 notre association se prononçait contre la loi immigration en signant une pétition et en participant à la manifestation dans Tours où de nouveau flottait dans les rues le drapeau de Retirada37.

Le 17 février 2024 Juan Francisco Ortiz revenait pour un concert mémorable au Plessis.
Le 6 avril 2024 Le Plessis accueillait le magnifique et émouvant spectacle Memorias lejanas par la compagnie Arsenika.
En juin notre association signait la pétition Ensemble contre l’extrême droite.

Dans le cadre du 80ème anniversaire de la Libération notre association s’inscrivait dans un collectif sur Saint-Pierre-des-Corps pour honorer cette période de Résistance où les étrangers participèrent et en particulier les Espagnols.

L’affiche Manouchian a donné lieu à une exposition au Centre Culturel et à plusieurs manifestations et conférences où nous avons participé.

En décembre 2024 ce fut la première manifestation de nos 10 ans avec une conférence d’Anne Jollet sur l’extrême droite et le magnifique spectacle de la P’tite Rouge de Touraine et du Comunero, plein de convivialité et d’une ambiance chaleureuse, salle Jacques Villeret à Tours. Une magnifique soirée !

En 2024, une page Facebook a été créée pour notre association (avec, pour l’instant, 310 personnes qui le regardent).

Le 1er mars à La Riche Myrtille revenait pour nous faire part de l’analyse des Giménologues sur la Retirada et comme à son habitude de façon la plus rigoureuse et la plus plus fraternelle.
Belle journée à La Riche rendant ainsi hommage à ces anarchistes qui luttèrent contre le franquisme.

Tout ce rappel de ce que nous avons réalisé, de ce que nous avons fait et non pas seulement de ce que nous avons dit est la preuve de la confirmation de nos orientations de départ, dans nos écrits sur le site Retirada37.com et dans les positionnements culturels et politiques au fil de nos 10 ans de notre association.

Il est important de le rappeler, de le partager pour ne pas oublier la réalité de nos initiatives.
« Faire vivre les mémoires et les valeurs des Républicains espagnols exilés »

Nous avons rempli notre mission, c’est certain. Aurions-nous pu faire mieux, peut-être… mais de tout ce que nous avons fait nous devons en être fiers, très fiers.
Cela fait partie de notre débat sur les orientations.

Les adhérents du début ne sont pas tous là, certains sont partis d’autres nous ont rejoints.
Il y a eu des crises, avec des départs, mais nous les avons surmonté avec tranquillité, il y a eu des périodes fastes et d’autres moins fastes.
L’important est de rester fidèles à nos positions de principe et de les perpétuer de la façon la plus conviviale possible.

L’arrivée de la droite à la municipalité de Saint-Pierre nous a porté un coup.

Notre relation avec la précédente municipalité nous a permis de réaliser de belles expositions, de belles conférences, de beaux spectacles, et tout cela s’est effondré d’un seul coup.
Le maintien de notre relation avec Le Plessis et disons-le avec José Manuel nous a permis de rebondir avec succès.
D’où l’importance de multiplier les lieux et les villes pour organiser nos différents évènements.
Le pire moment a été surtout la période du Covid qui nous a plombée comme beaucoup d’autres associations. Néanmoins, grâce à notre site, nous avons pu maintenir un lien actif durant cette période.
Mais encore une fois nous nous sommes ressaisis et nous sommes encore là.

La question qui se pose à nous aujourd’hui est quelle orientation pour les prochaines années, pour demain, pour nos 10 ans à venir.

La situation géopolitique a changé par rapport à 2014 avec l’élection de Trump en 2024 et la montée de plus en plus forte des idéologies fascistes, des pouvoirs d’extrême droite dans le monde, et particulièrement en Europe mais aussi de façon forte en Espagne et en France.
Dans une interview au journal l’Humanité l’historien Johann Chapoutot nous disait dans son dernier livre que ce sont « les libéraux autoritaires qui ont porté Hitler au pouvoir » un véritable réquisitoire contre « l’extrême centre » d’hier et d’aujourd’hui qui imposent leurs politiques d’austérité et de casse sociale et s’accrochent au pouvoir malgré les déconvenues électorales, des classes dominantes qui refusent de partager les richesses, une extrême droite dont les thèmes sont imposés dans l’espace public par un magnat des médias.

« Le soutien d’Elon Musk aux extrêmes droites américaine et européenne est évident. Ses gestes et déclarations s’inscrivent dans un discours raciste, antisémite, climatosceptique et transphobe. Héritier de millionnaires sud-africains enrichis sous l’apartheid, il perpétue cet héritage. »

Ces jours derniers Steve Bannon renouvelait le même salut nazi.
Les suppôts français et espagnols de ces figures de l’extrême droite US font les mêmes choix de fond et empreignent les esprits de ces idéologies nauséabondes.

Nous ne pouvons ignorer ce qui se passe autour de nous comme ont pu le faire dans les années 30 certains politiciens mais aussi beaucoup trop de personnes, laissant ainsi le champ libre à la pire catastrophe humaine du XXème siècle.

La deuxième guerre mondiale qui nous a été enseigné à l’école ne commence pas en 1939, mais bien en 1936 en Espagne où les forces nazies et mussoliniennes venaient en appui de Franco pour briser la République, le système démocratique.

La voie des élections ne leur suffisant plus ce fut un coup d’État qui fut nécessaire pour mettre à bas le système en place.
C’est ce qu’affirmait récemment Steve Bannon en accompagnant son salut nazi de la mise à bas de la démocratie Etats-unienne.
C’est ce que soutiennent en France, Bardella et Le Pen avec le rassemblement national et en Espagne Abascal et ses amis de Vox.
C’est ce que prônent les néo-nazis de l’AFD en Allemagne qui viennent de remporter un score historique avec plus de 20 % des voix en février dernier. Il y a de quoi s’inquiéter !

Le danger est réel.

Il y a 10 ans nous pouvions dire : les fascistes sont aux portes du pouvoir… aujourd’hui nous pouvons affirmer qu’ils sont présents et bien là dans toutes les sphères de la société, dans plusieurs gouvernements au niveau européen et leur idéologie bien installée dans les consciences.
C’est pourquoi nous devons porter nos projets mémoriels, historiques avec autant de force que nos actions pour dénoncer les extrêmes droites.

En nous appuyant davantage sur l’Histoire de cette période pour mieux comprendre notre Histoire en construction.
Mais aussi en questionnant les limites de nos démocraties représentatives, qui n’existent que par la délégation de pouvoir, alors des aspirations contemporaines à une démocratie plus directe se font de plus en plus présente.

Ces questionnements avaient déjà été abordés en 1936, notamment en Aragon ou en Catalogne, par les secteurs libertaires des républicains espagnols.

La militarisation galopante des Etats dans le monde pose aussi problème.

Outre les sommes colossales dépensées pour construire et entretenir des engins de mort, quel monde cela nous dessine-t-il ?
Anatole France, décédé en 1924, tout près d’ici, à Saint-Cyr-sur-Loire, ne disait-il pas : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels ! »
Notre association doit entrer en résistance par rapport à cette nouvelle situation, en organisant elle-même des actions culturelles multiformes mais aussi en s’associant avec les organisations syndicales, associatives, mémorielles, politiques qui œuvrent contre le fascisme.
Le renforcement de cette orientation doit nous permettre de mieux
« faire vivre les mémoires et les valeurs des Républicains espagnols exilés »

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