FRAGMENTS DE MÉMOIRE 8

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Sont reproduits ici les textes qui ont été mis en voix par la Compagnie Cano López le 20 novembre 2015 au Plessis-Théâtres  à  La Riche (Indre-et-Loire).

Un curé révolutionnaire !

Quand j’étais jeune (8-12 ans), j’ai eu l’occasion d’aller quelques fois en Espagne, en Catalogne, avec ma mère et ma sœur voir quelques membres de sa famille qui étaient restés là-bas à la fin de la guerre civile et qui continuaient à avoir quelques contacts avec ma mère.

Nous y allions sans mon père, ancien de la CNT marqué « d’une croix rouge » qui ne pouvait s’y rendre sans prendre le risque de représailles certaines.

Ma mère, Sofia, était catalane originaire de Rubi près de Barcelone. Elle avait un oncle curé (le frère de sa mère, ma grand-mère maternelle, l’avia en catalan) qui vivait à Vilasar-de-Mar, une station balnéaire un peu au nord de Barcelone.

Il s’appelait Monseigneur Jean Rebull (Mosèn Joan en catalan).

Il habitait une assez jolie maison blanche, en centre-ville, avec un petit jardin qui comportait en son centre un puits et une sorte de fontaine recouverte de plantes et de mousse d’où coulait un filet d’eau permanent.

Contrairement à la plupart des ecclésiastiques espagnols, Mosèn Joan, qui avait une forte et virulente personnalité, avait pris le parti de défendre la République dès le début de la guerre civile, et avait caché et défendu des républicains.

Cela lui valut d’être emprisonné dans une prison de la banlieue de Barcelone, torturé et condamné à mort par les franquistes.

Un jour, appelé à donner l’extrême onction à un prisonnier qui mourrait, il a réussi à s’évader de la prison.

Il s’est ensuite caché dans sa propre maison, au fond de son puits, pendant un mois.

N’imaginant pas qu’il soit retourné chez lui, la guardia civil ne l’a pas trouvé.

Des habitants du village lui apportaient en cachette de la nourriture.

Le temps passant, il a réapparu et a réussi à bénéficier d’une sorte d’amnistie. Il faut dire qu’il était également diacre au célèbre monastère de Montserrat et qu’il jouissait d’une certaine notoriété.

Quand nous allions le voir, dans les années qui précédèrent la mort de Franco, pour bien marquer sa liberté de penser, il ouvrait grand les fenêtres de sa maison et il mettait à fond la musique de « La Santa Espina », sardane emblématique des Catalans, interdite sous les dictatures de Primo de Rivera et de Franco.

Sa vieille servante se mettait alors à le disputer car elle craignait toujours des représailles de la guardia civil.

 

Georges Pares

 

La Santa Espina :

https://www.youtube.com/watch?v=48_yGM4e164

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Santa_Espina

Une rue de Vilasar-de-Mar porte le nom de Mosen Juan Rebull.

 

 

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