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Hispaniste, libertaire et camusien.

INAUGURATION D’UN JARDIN EN L’HONNEUR DE « LA NUEVE » A MADRID : LA VIDEO.

On remarquera en particulier la présence de Rafael Gómez (et de son fils Jean-Louis) le dernier survivant de La Nueve  ; de l’écrivaine Almudena Grandes ; d’Anne Hidalgo (discours) ; de Manuela Carmena (discours) ; de Pablo Iglesias et de Íñigo Errejón de Podemos ; Evelyn Mesquida auteure de l’ouvrage de référence sur La Nueve ; Colette Dronne, fille du commandant de La Nueve  et Mar y Luz Cariño López, vice présidente de notre association Retirada 37 dont le papa commanda le char « Guernica » de La Nueve.

Luisa Royo dépose dans le colombarium du cimetière de La Almudena les cendres de son père, Luis Royo, décédé l’an dernier.

Un hommage très émouvant.

 

Source :

Á PROPOS DES PHOTOS DU CAMP DE MAUTHAUSEN, ANTONIO GARCÍA ET FRANCISCO BOIX : QUELQUES VERITES.

Merci à Véronique Salou Olivares pour ces précisions en réponse à notre article :

PARÍS DARÁ EL MAYOR RECONOCIMIENTO AL FOTÓGRAFO DE MAUTHAUSEN

 

Juste dire qu’au-delà de tous les mérites et les risques pris par Francisco Boix pour collecter ce témoignage précieux de photos et les sortir du camp ou les cacher dans le camp, il n’était pas seul. Il a beaucoup oeuvré pour ce devoir collectif de résistance et de survivre. Mais son décès très jeune en a fait un martyr idéal pour ceux qui voulaient créer une figure « d’Épinal » pour la résistance du camp, et pour cause il ne pouvait plus rien dire.
Antonio Garcia Alonso par son fils Claude : (extraits)

Lorsque Boix arrive à L’Erkennungsdienst (labo photo du camp de Mauthausen) il y a déjà une résistance organisée au sein de ce Kommando:
« Six déportés travaillaient au labo photo en mai 1941 : un socialiste autrichien, Hans, était le Kapo; un jeune républicain espagnol, Antonio García Alonso, ( N°4665) travaillait depuis début mai au labo photo; Stefan Grabowski, le « Polonais rouge », qui avait combattu en Espagne dans les Brigades internationales, Miroslav Lastowka, un autre Polonais ; Johann Gralinski ; enfin un autre Espagnol, Ruiz.
Antonio García s’est vite rendu compte que Grabowski, responsable avant son arrivée du développement, tirait clandestinement un sixième exemplaire de certaines photos et cachait cette collection dans le labo. Il continua lui-même ce travail qui, découvert, leur aurait valu une mort atroce, et a probablement mis de côté quelques clichés de la visite de Himmler du 31 mai. Fin 1942, García demanda un assistant, étant donné la surcharge de travail due aux arrivées massives de déportés, et proposa à Paul Ricken (adjudant SS responsable du labo) un nom, choisi en fait par les dirigeants clandestins à Mauthausen du parti communiste espagnol : un autre Catalan, Francesc Boix Campo, appelé couramment Francisco Boix. en 1944, arriva dans le service photo un dernier Espagnol : José Cereceda.
Trois déportés étaient au courant de la collection secrète : Grabowski, mort fin 1944, García et Boix. Très malade, García fut hospitalisé au Revier (hôpital) de février à mars 1945. À son retour, la collection, d’environ 200 clichés, avait disparu de sa cachette. Boix, devenu dans l’intervalle Kapo du labo (mais il le nia au procès de Nuremberg), finit par dire à García l’avoir remise aux dirigeants communistes clandestins, qui l’avaient dispersée et camouflée dans le camp. Après le suicide de Hitler le 30 avril, annoncé à la radio le lendemain, le commandant de Mauthausen ordonna à Paul Ricken de détruire l’ensemble des négatifs et des photos de l’Erkennungsdienst, pour effacer les traces de l’esclavage et de la barbarie à l’oeuvre dans le camp. García et Boix réussirent alors à soustraire encore des négatifs et des photos.
L’organisation clandestine espagnole avait, quelques semaines avant, décidé de faire sortir du camp les clichés cachés depuis quatre ans, grâce à deux jeunes communistes catalans, Jacinto Cortés et Jesús Grau, qui portaient chaque jour ses repas à un Kommando d’Espagnols travaillant au village de Mauthausen. Ils avaient sympathisé au fil des mois avec Anna Pointner, une habitante voisine du chantier, qui accepta de dissimuler les photos dans une lézarde du mur de son jardin. Et le 5 mai, donc, le camp fut libéré.

Boix, apparemment, récupéra le lot de clichés et l’emporta en France où il travailla pour la presse communiste : le 1er juillet, l’hebdomadaire Regards publia 21 des photographies ; le 1er août, le quotidien Ce soir leur consacra un numéro spécial. En 1946, Boix s’attribua le mérite d’avoir sauvé 20 000 photos… Mais « sa » collection fut éclatée : García récupéra certains tirages, Boix en vendit à des agences de presse, notamment tchèques, avant sa mort survenue en 1951, à l’âge de 31 ans, de tuberculose – il est enterré au cimetière parisien de Thiais. Boix devint ensuite un héros porté par la mémoire du Parti communiste espagnol, clandestin sous Franco, et du PCF. García, lui, soupçonné de sympathies trotskystes, n’a pas bénéficié de la même valorisation. L’historien américain David Wingeate Pike, qui a très longuement interviewé García, décédé en 2000, a réhabilité aujourd’hui son rôle dans la soustraction et le sauvetage des photos.

NDLR : Les restes Francisco Boix seront tranférés au cimetière du Père Lachaise à Paris lors d’une cérémonie prévue le 16 juin 2017.

 

Antonio Garcia Alonso :

Né le 19 mai 1913, à Tortosa, province de Catalogne, décédé le 10 juillet 2000. Il écrivit sur le bulletin de la FEDIP sous le pseudonyme de « Juan de Portado ». Au camp il fut très actif dans son kommando le Erkennungdiens, service anthropométrique des prisonniers, pour collecter les preuves des assassinats. (informations données par sa femme Odette) Matricule N° 4665.
Des photos SS présentées comme preuves aux procès de Nuremberg et Dachau
Francisco Boix fut le seul Espagnol appelé à témoigner devant le tribunal militaire international de Nuremberg, les 28 – le même jour que Marie-Claude Vaillant-Couturier – et 29 janvier 1946. Six photos apportées par Boix furent projetées devant le tribunal et versées au dossier des preuves. Dans sa déposition, il certifia, par le biais des photos développées et tirées à l’Erkennungsdienst, la présence de Kaltenbrunner (en compagnie de Himmler) et de Speer (en mars 1943) lors de visites officielles de Mauthausen ou de l’annexe de Gusen – alors que les deux accusés niaient connaître le camp. C’était là la raison d’être de la comparution de Boix, cité comme témoin de l’accusation par Charles Dubost, procureur adjoint de la délégation française.
C’est à Dachau qu’eut lieu, du 7 mars au 13 mai 1946, le procès de 61 responsables, médecins, gardes et Kapos du camp de Mauthausen. Ils furent jugés par un tribunal militaire américain, bien que Mauthausen fît partie de la zone d’occupation soviétique : c’était en effet l’armée américaine qui avait libéré le camp. Francisco Boix témoigna de nouveau, le 11 mai, et fournit 30 photographies qui furent versées au dossier d’accusation comme preuves.

Mémoires Partagées, Association 1901
62 rue du 11 Novembre, 91600 Savigny sur Orge,

http://www.24-aout-1944.org/

 

 

PARÍS DARÁ EL MAYOR RECONOCIMIENTO AL FOTÓGRAFO DE MAUTHAUSEN

Le cercueil de Francisco Boix sera transféré du cimetière de Thiais (Val de Marne) à celui du Père Lachaise à Paris. Un hommage lui sera rendu en présence d’Anne Hidalgo et de Ramiro Santisteban dont le père fut sauvé de la mort à Mauthausen par Francisco Boix.

La cérémonie aura lieu le vendredi 16 juin à 13h30.

Sa reconnaissance officielle est tardive mais bien méritée. Il est méconnu en Espagne.

Photographe espagnol interné au camp de Mauthausen, Boix a réussi à sauvegarder 2000 clichés qui ont servi de preuves au procès de Nuremberg (il est le seul témoin espagnol au procès). Des photos montrent une visite de hauts responsables nazis dont le chef du Bureau de la Sécurité du Reich, Ernst Kaltenbrünner. Celui-ci avait  pourtant nié avoir visité le camp… Il avait probablement perdu la mémoire, mais les victimes, elles, ne peuvent oublier.

Au cimetière du Père Lachaise reposent  également Juan Negrín López dans la 88e division et, dans la 97e division, en face du Mur des Fédérés, sont inhumés plusieurs participants de la Guerre d’Espagne, espagnols et étrangers, notamment membres des Brigades Internationales, à proximité du tombeau de Francisco Largo Caballero.

Cette même 97e division accueille le Mémorial des Espagnols morts pour la Liberté (environ 35 000 dont 10 000 déportés, principalement à Mauthausen, de 1939 à 1945). Erigé à l’initiative de la Fédération Espagnole des Déportés et Internés Politiques, ce Mémorial est aujourd’hui la propriété de l’Etat Espagnol.

Il doit de ce fait être considéré comme un monument national espagnol.

 

Sa biographie en français :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Francisco_Boix

 

París dará el mayor reconocimiento al fotógrafo español de Mauthausen
Los restos de Francesc Boix serán trasladados al Père Lachaise, el cementerio más conocido de la capital francesa

Al acto asistirá la alcaldesa de la ciudad y el deportado Ramiro Santisteban, a cuyo padre salvó Boix de la muerte en el campo de concentración de Mauthausen

El fotógrafo catalán organizó el robo de las fotografías que probaban los crímenes cometidos por los SS y testificó en los Juicios de Núremberg

Carlos Hernández

eldiario.es
07/04/2017

 

Francesc Boix fotografiado en Mauthausen / MHC (Fons Amical de Mauthausen)

MÁS INFO (véase eldiario.es)
• « Si los españoles terminaron en Mauthausen fue gracias al cuñadísimo Serrano Súñer »
• Un convoy de 22 españoles acabó en Mauthausen porque Buchenwald no era lo bastante duro

 

 

El viaje de Eugenio Sánchez a la cámara de gas nazi

 » Boix merece un monumento. Tenía la cara más dura que el cemento, pero ayudaba todo lo que podía en el campo de concentración ». Quien así habla es Ramiro Santisteban, un cántabro que sobrevivió a Mauthausen y que aún puede contarlo. A sus 95 años de edad la memoria a corto plazo le juega malas pasadas, pero lo que no olvida son los casi cinco años que pasó en el infierno de los campos nazis junto a su hermano Manuel y a su padre, Nicasio.
« Mi padre era mayor y si hubiera trabajado mucho tiempo en la cantera de Mauthausen habría muerto como tantos otros. Yo quería colocarle en la cocina, pelando patatas, y Boix lo hizo posible. Él tenía buena relación con algunos SS porque les conseguía cosas en el mercado negro del campo. Coincidió que sorprendieron a un cocinero alemán robando un salchichón; así que le mandaron a la cantera y mi padre cubrió su hueco pelando patatas. Eso le salvó la vida y fue gracias a Boix », recordaba Ramiro con los ojos enrojecidos por la emoción.
El viejo luchador de Laredo tiene previsto desafiar una vez más a sus achaques para asistir en primera fila al gran homenaje que París prepara al fotógrafo de Mauthausen. En el mediodía del próximo 16 de junio, los restos mortales de Francesc Boix serán trasladados desde su humilde tumba de la necrópolis de Thiais hasta un privilegiado sepulcro del Père Lachaise, el cementerio de las celebridades de la capital francesa.
Reposar en este lugar no es una posibilidad al alcance de cualquiera porque simboliza el más alto reconocimiento de la ciudad. Buena prueba de ello será la presencia de la alcaldesa, Anne Hidalgo, de la asistencia de representantes del Gobierno central y de los honores de Estado con que contará la ceremonia.
Este apoyo institucional no ha sido espontáneo, sino que es fruto del intenso trabajo realizado durante años por la Amicale de Mauthausen de París. Desde su sede central en la capital francesa, se realizó una colecta popular para sufragar los gastos del traslado y se negoció hasta la saciedad con el Ayuntamiento parisino para conseguir ayudas, permisos y hasta su implicación directa en el evento. « Es un mérito de toda la asociación », afirma una de sus dirigentes, que insiste en no ser identificada para no apropiarse de un éxito que, asegura, « tiene muchos nombres ».

Photos et vidéos. Sur la première vidéo, à 2’20“, on assiste à son témoignage – en français – au tribunal de Nuremberg. Des images peuvent choquer :

https://alchetron.com/Francisco-Boix-762703-W

 

Ramiro Santisteban estuvo casi cinco años compartiendo cautiverio en Mauthausen / Carlos Hernández

 

Olvidado en España, reconocido en Francia

Analizando el simbolismo del acto, Juan Ocaña, hijo de un deportado español superviviente de Mauthausen, afirma que este reconocimiento a Francesc Boix tiene dos lecturas: « En clave francesa es un paso extraordinario porque, tras la guerra, De Gaulle ocultó el decisivo papel que los republicanos españoles habían jugado en la Resistencia y también el sufrimiento de miles de ellos en los campos nazis. Si Boix fuera francés, tendría desde hace muchos años una estatua en París. Esa injusticia, poco a poco, se va corrigiendo y ahora este acto servirá para poner en primer nivel la figura de ese gran hombre. En clave española, el acto creo que dejará más en evidencia al Estado español que sigue ignorando a todos estos hombres y mujeres que lucharon contra el fascismo ».
Otros hijos y nietos de compañeros de Boix en Mauthausen también se preguntan por qué no tiene una estatua en Madrid, Sevilla o Barcelona. Su vida, que muy pronto se convertirá en película, atravesó dos guerras. En la de España trabajó como fotógrafo en las filas republicanas; en la europea apenas pudo hacer nada antes de ser capturado por las tropas nazis y deportado a Mauthausen. Fue en este campo de concentración donde el catalán escribió sus páginas más gloriosas.
Los SS aprovecharon su experiencia como fotógrafo para colocarle como ayudante en el laboratorio fotográfico. Allí, junto al también español Antonio García, empezaron a robar copias y negativos en los que se veían los crímenes cometidos en el campo. Boix organizó un plan para sacar del recinto ese material con la ayuda de tres jóvenes prisioneros españoles: Jacinto Cortés, Jesús Grau y José Alcubierre. El paquete acabó en las manos de una vecina del pueblo de Mauthausen, simpatizante antifascista, que lo guardó hasta el final de la guerra.
Tras la llegada de las tropas estadounidenses, Boix recuperó los negativos que acabarían siendo exhibidos en los Juicios de Núremberg en los que se juzgó a la cúpula del régimen nazi. El fotógrafo catalán fue el único español que testificó ante ese histórico tribunal, armado con sus fotografías.

 

Monumento a las víctimas de Mauthausen en el cementerio de Père Lachaise / Carlos Hernández

 

Además de todo tipo de crímenes, en las imágenes se veía a algunos de los jerarcas nazis recorriendo Mauthausen. Entre ellos estaba el Jefe de la Oficina de Seguridad del Reich, Ernst Kaltenbrünner, que había negado previamente haber visitado el campo de concentración. El general de las SS enmudeció al verse en las fotos exhibidas por Boix. Meses después pagaría sus crímenes en la horca.
Boix volvió a testificar en el juicio de Dachau en el que comparecieron algunos de los responsables nazis que dirigieron Mauthausen. La tuberculosis y otras secuelas que le dejó el campo le acompañaron hasta su fallecimiento, el 7 de julio de 1951. Estaba a punto de cumplir los 31 años de edad. Sesenta y seis años después, sus restos mortales realizarán un último viaje hacia el cementerio de las celebridades.

 

Morada de personalidades, lugar de conmemoraciones

Una de las calles del gigantesco Père Lachaise está dedicada a recordar a las víctimas de los campos de concentración nazis. En medio de un conmovedor silencio y entre los árboles, se alza un monumento por cada campo. Esqueléticas figuras de bronce arrastran un carro con un compañero muerto para conmemorar el sufrimiento en Auschwitz III; dos grandes manos, atadas, recuerdan a las mujeres cautivas y asesinadas en Ravensbrück; un agónica figura, acarreando una piedra por una inacabable escalera, representa el sufrimiento vivido por los deportados de Mauthausen.
Este cementerio es el más visitado del mundo y es la última morada de cientos de celebridades históricas como Molière, Georges Bizet, Frédéric Chopin, Marcel Proust, Oscar Wilde o más contemporáneas como Jim Morrison o Édith Piaf. El que fuera presidente de la República española, Juan Negrín, y la mítica fotoperiodista Gerda Taro, colega y compañera de Robert Capa, también descansan en un rincón de sus más de 40 hectáreas. Difícil imaginar un lugar mejor para que reposen los restos mortales del fotógrafo de Mauthausen.

 

Source :

http://www.eldiario.es/sociedad/Ciudadanos-Gobierno-Francesc-Boix-Mauthausen_0_634487443.html

Camp d’internement de Gurs, en Béarn : un documentaire à voir en replay

« Gurs, un silence assourdissant » a été diffusé lundi 24 avril 2017. Un documentaire sur ce sombre pan de l’histoire, à revoir en replay

« Gurs, un silence assourdissant » a été diffusé lundi 24 avril 2017 sur France 3. Ce documentaire de 52 minutes revient sur ce sombre pan de l’histoire française.

Le camp de Gurs, situé près de Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques), est créé en janvier 1939, après la débâcle des Républicains espagnols face aux troupes du Général Franco.

Des Républicains espagnols, des membres des brigades internationales sont placés dans 428 baraques, organisées en 13 îlots ceinturés de barbelés.

L’enfer de Gurs

Au début de la Seconde Guerre mondiale, « le camp s’ouvre, et la plupart des Espagnols décident de partir […] Le camp se dégrade […] Il doit être détruit. Mais les événements se précipitent. La IIIe République agonise, la France capitule […] Le camp de Gurs est une aubaine pour les autorités. Gurs devient une prison, ou plutôt un enfer », relate le documentaire.

« De 1939 à 1945, 60 000 personnes sont internées au camp de Gurs. Après les Espagnols, des opposants politiques, des réfugiés ayant fui l’Allemagne, des Tziganes, des homosexuels, mais en majorité des Juifs. »

Dans l’un des plus grands camps d’internement de France, 1074 personnes perdront la vie, selon l’historien, Claude Laharie.  « A Gurs, on ne meurt pas de torture, on ne meurt pas parce que l’on vous fait mourir. On vous laisse mourir ».

Les déportations des prisonniers débuteront l’été 1942.

Le camp sera dissout le 31 décembre 1945. Dans les mois qui suivront, une forêt sera plantée à la place. Il faudra attendre plusieurs années pour que l’histoire refasse surface.

Le documentaire, à revoir ici, en replay :

http://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/emissions/les-documentaires-en-aquitaine/gurs-silence-assourdissant-film-ne-jamais-oublier-1240321.html

 

Source :

http://www.sudouest.fr/2017/04/25/video-camp-d-internement-de-gurs-en-bearn-un-documentaire-diffuse-sur-france-3-3395654-4693.php

« LES BASQUES ONT EUX-MEMES BRULÉ GUERNICA »

Publié par Alencontre le 25 – avril – 2017

 

Par Joseph Lang

Le soir du 26 avril 1937, la «Légion Condor» rencontre des conditions météorologiques claires (propices) à la destruction de la ville de Guernica, dans le Pays Basque. Les nouvelles de ce bombardement d’une durée de trois heures circulent rapidement.

En effet, quatre correspondants spéciaux de médias prestigieux – le Times de Londres, le New York Times et l’agence Reuters – se trouvaient par hasard dans la petite ville basque peu avant ou peu après l’attaque aérienne. Leurs rapports détaillés, basés sur des observations directes et de nombreux témoignages avec des survivants, soulèvent une vague d’indignation mondiale.

«Les Basques ont eux-mêmes brûlé Guernica»: seuls quelques titres de presse reprendront ce grossier mensonge. Parmi eux, le Vaterland de Lucerne, conservateur catholique, et la Neue Zürcher Zeitung(NZZ).

 

 

Un «épisode»

Dans un premier temps, ces deux journaux avaient pourtant donné une information correcte. Dans le cas de la NZZ, c’est grâce à son correspondant londonien, qui cite longuement le Times dans un article qui paraît le 29 avril. La rédaction de la NZZ présente elle-même le bombardement comme un fait, dans un article en première page de l’édition du 30 avril, avec pour titre «Guernica». Toutefois le texte vise surtout à relativiser l’événement en le qualifiant d’«épisode», déclarant que celui qui croirait «à une destruction intentionnelle par les avions allemands» serait dans l’erreur. L’utilisation de bombes incendiaires correspond «sans aucun doute aux considérations les plus élémentaires sur les nécessités militaires», écrit la NZZ.

 

 

La Nueva España.

 

Le texte articule en particulier une critique forte par rapport à l’Angleterre, qui entretiendrait «une polémique artificielle» contre l’Espagne de Franco et l’Allemagne. La NZZ soupçonne le gouvernement conservateur de Londres de mener une campagne contre le «bombardement d’une “ville sans défense”» dans le but de justifier ses propres efforts de «réarmement». Un argument qui sera repris et salué par les médias de l’Allemagne nazie.

Les Basques qualifiés d’incendiaires

Face aux réactions indignées, les généraux franquistes font des déclarations diverses et parfois contradictoires. Le soir du 27 avril, Franco commence par nier l’intervention d’une armée de l’air étrangère. Il affirme que ce sont les Basques qui auraient incendié la ville. Et que le lundi en question, les conditions atmosphériques n’auraient pas permis une attaque aérienne. Certaines des déclarations suivantes contestent le bombardement, arguant que le mardi et le mercredi, la bruine typiquement basque appelée «sirimiri» aurait empêché toute intervention aérienne.

 

 

Les Franquistes mettent plusieurs jours à se mettre d’accord sur le jour précis où ils n’ont pas détruit Guernica. En réalité, le bombardement du lundi a eu lieu dans des conditions météorologiques idéales. Ce n’est qu’à partir de mardi que le temps devient nuageux et pluvieux.

 

Jo Lang

 

Propagande autour de dépêches d’agences

Le 29 avril, la NZZ publie, sans commentaire aucun, deux de ces déclarations franquistes sous la forme de dépêches d’agence de presse fortement abrégées. Dans l’édition de midi, le journal cite une déclaration qui confond les dates mais donne correctement le temps qu’il faisait. L’édition du soir se réfère au même communiqué franquiste que le jour précédent, qui indique la bonne date mais falsifie les conditions atmosphériques. Malgré les contradictions évidentes de Franco, et la cohérence des articles des journalistes anglo-saxons, la NZZ remet en question le bombardement de Guernica dans son édition du 2 mai, accusant les «milices basques» de la destruction de la ville. Un nouvel article du 3 mai publie deux photos de ruines, avec un commentaire qui évoque les deux versions tout en présentant celle de Franco comme la plus crédible.

 

 

De son côté, le journal Vaterland est embarrassé: les Basques sont en effet les forces les plus catholiques d’Espagne. C’est probablement pour cette raison que l’édition du 1er mai n’impute pas la destruction de Guernica aux bons chrétiens que sont les Basques, mais aux «dynamiteurs asturiens», c’est-à-dire aux mineurs de gauche. Le 4 mai, le Vaterland fait une lecture fautive d’une dépêche de Reuters évoquant le type d’avion Heinkel 111, et avance ainsi le chiffre improbable de «155 avions» qui auraient participé à l’attaque.

Cette diffusion de «fake news» franquistes s’explique uniquement par un état d’aveuglement idéologique. Dans son édition du 4 mai, le Vaterland défendra la crédibilité du général Franco, expliquant qu’il serait connu pour être «un soldat et un homme d’honneur». Et le 7 mai 1937, le correspondant de la NZZ en Espagne raillera la «malheureuse république naine d’Euskadi».

En réalité, la volonté de détruire l’autonomie et la démocratie basque était le motif principal du bombardement de Guernica. (Article paru dans le quotidien zurichois Tages-Anzeiger du 18 avril 2017; traduction par Karin Vogt)

 

 

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PS. Joseph Lang: «Trois jours après la parution de ce texte dans le Tages-Anzeiger, la NZZ a publié un article intéressant de sa correspondante en Espagne, qui aborde le bombardement de Guernica et les événements de commémoration organisés quatre-vingts ans après les faits. L’édition sur papier ne dit pas un mot du traitement journalistique de Guernica par la NZZ de l’époque. La version en ligne donne quatre liens sur des éditions parues peu après le raid, en omettant celle du 2 mai 1937, qui impute la destruction de la ville aux “milices basques”, et celle du 7 mai, qui ironise sur la république basque. Ne sont pas non plus mentionnés les articles qui se félicitaient de la chute de Bilbao, dans un esprit très éloigné d’une attitude neutre.» (Traduction par Karin Vogt)

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• Joseph Lang avait publié dans Le Temps un article sur le même sujet, en date du 9 mai 2012.

• Joseph Lang a été de 2003 à 2011 membre des Verts et conseiller national. Il a milité, antérieurement, dans les rangs de la Ligue marxiste révolutionnaire (LMR/RML) et du Parti socialiste ouvrier (PSO/SAP). Il fut élu au Conseil communal de Zoug comme membre du PSO. Il sera, en 1986, un des fondateurs du SGA (Alternative socialiste verte de Zoug). Dès 1982, il est un des animateurs du Groupe pour un Suisse sans armée (GSSA). Il est historien de formation. Son intérêt pour la «question basque» date de longtemps. Sa thèse, présentée à l’Université de Zurich en 1980, a été publiée en 1983 par ISP-Verlag (et en 1988 dans une version amplifiée). L’ouvrage a pour titre: Das baskische Labyrinth. Unterdrückung und Widerstand in Euskadi. (Réd. A l’Encontre)

Source :

http://alencontre.org/europe/espagne/histoire-les-basques-ont-eux-memes-brule-guernica.html

HOMENAJE A MAX AUB

L’Institut Cervantes rend un hommage à Max Aub, grand écrivain connu en particulier pour sa série de six romans sur la guerre d’Espagne et ses lendemains « El laberinto mágico » – « Le labyrinthe magique ». Ces ouvrages sont édités en français aux éditions « Fondeurs de briques ». Un homme d’exception.

« Je retournerai en Espagne. Même poussière j’y retournerai ».

 

Immeuble situé au 3 cité de Trévise, Paris 9è.

En français :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Max_Aub

 

HOMENAJE A MAX AUB
“A España volveré. Hecho polvo, pero volveré”

El Instituto Cervantes inaugura la exposición ‘Retorno a Max Aub’, recorrido por la vida y obra creativa de una de las figuras clave de nuestra literatura. Nómada por obligación, ‘outsider’ por vocación, su legado se mantiene vigente.

 

Retrato de Max Aub en su despacho de Radio UNAM. México, 1962. (Foto: Ricardo Salazar. Fundación Max Aub)

 

MADRID
19/04/2017 20:21 Actualizado: 20/04/2017 07:00
JUAN LOSA
@jotalosa

 

Ni francés ni alemán ni mexicano ni judío, a Max Aub solo le quedaba ser español a “destiempo”, de una época desvanecida, como ya sabía y por eso anotó en su diario: “Soy un turista al revés: vengo a ver lo que ya no existe”. Lo escribió durante su primera visita a España después de treinta años de ausencia, y lo que encontró, sobra decir, fue desolador.
Nómada por obligación. El eterno judío errante de nuestra literatura nació en París en el seno de una familia judía alemana. Fue la Primera Guerra Mundial la que hizo que creciera en Valencia y, de rebote, la que nos brindó una de nuestras mayores —y más sui generis— figuras literarias. “Yo no contaba, tan de viaje siempre…”, llegó a escribir, colmado de nostalgia. Su periplo vital le convirtió en un outsider,ajeno a los principales focos culturales de la época, pero al mismo tiempo valorado y referenciado por ellos.
“No fue el mejor novelista de sus años, ni el mejor dramaturgo, ni el mejor crítico, ni el mejor ensayista, ni el mejor diarista, ni por supuesto el mejor poeta de su contexto… y, sin embargo, tal vez con la excepción insuperable de su admirado Juan Ramón Jiménez, seguramente no hay un escritor más completo y sólido entre la nómina del exilio republicano español”, explica el profesor y crítico literario Domingo Ródenas de Moya en el libreto de la exposición.
Y no es para menos, basta un recorrido por Retorno a Max Aub para evidenciar la naturaleza insólita de su talento. Como explica Juan Marqués, poeta y comisario de la exposición, “la obra de Aub es un laberinto divertido pero también desgarrador, a veces rudo y a menudo sensible, hecho de violencia y de poesía”. Fiel reflejo de cómo encaró sus días en el exilio; renuente al ensimismamiento en lo que no pudo ser, pero —y al mismo tiempo— reacio a pasar página. “Si existe algún escritor español en cuya obra no haya repercutido la guerra abominable que nos ha sido impuesta, o no es escritor o no es español”, llegó a decir. Humor y compromiso son la misma cosa en Aub. “Sus chanzas —apunta Marqués— hay que entenderlas como un medio para llegar a sitios más profundos, el humor es para Aub un camino más”.

Pasaporte mexicano de Max Aub, que le permitió la entrada en España en 1969. (Foto: Fundación Max Aub)

Cuatro etapas vitales

La muestra se divide en cuatro apartados: Primeros años, primeros libros (1903-1936) que aborda su nacimiento en París, el posterior traslado con su familia a Valencia en 1914 y el comienzo de la Guerra Civil. Una segunda etapa, denominada Campo de sangre (1936-1942) en la que se recorre su vida durante la contienda y la primera posguerra en Francia, donde fue agregado cultural de la Embajada de España en la Exposición Internacional de París en 1937. En esta sección se incluye su etapa como condenado en campos de concentración franceses y argelinos por « comunista » y su marcha de Argelia a México, donde fue acogido.
La última sección corresponde a Regreso(s) a España. Campo abierto (1968-1972), cuando el autor volvió a España en dos ocasiones; una en plena dictadura en 1969 para escribir un libro sobre Buñuel, y la otra en 1972, poco antes de morir, tal y como vaticinó en su obra La gallina ciega: “A España volveré. Hecho polvo, pero volveré”.

 

Fundación Max Aub :

http://www.maxaub.org/

 

Source :
http://www.publico.es/culturas/homenaje-max-aub-espana-volvere.html

JOURNEE D’ETUDES PLURIDISCIPLINAIRE LE 28 AVRIL 2017 – UNIVERSITE FRANÇOIS RABELAIS A TOURS : DICTATURES, ARTS, MÉMOIRES : ESPAGNE – CÔNE SUD

 

Journée d’études pluridisciplinaire organisée par le Laboratoire Interactions Culturelles et Discursives

(EA 6297)

CREDIT PHOTOS:

catherine felix

Programme de la journée d’études

« Dictatures, arts, mémoires : regards croisés Espagne – Cône Sud »

Vendredi 28 avril 2017, 9h00-17h00

Université François-Rabelais de Tours

Bibliothèque Universitaire (5° étage)

 

 

 

 

De la part de Cathy FELIX

Quelques informations sur les communications de la Journée d’étude proposée par Samya Dahech le vendredi 28 avril 2017 à l’université François Rabelais.

L’Espagne d’une part, l’Argentine, le Chili et l’Uruguay d’autre part, ont connu à des époques diverses des régimes dictatoriaux. Dans les années 2000, dans tous ces pays, de nombreuses études ont travaillé à la récupération de la mémoire historique bien souvent occultée dans les périodes dites de transition après le retour à la démocratie.

Cette récupération de la mémoire suit deux cheminements différents. Elle peut s’ancrer dans la réalité historique à l’aide des archives, des témoignages, des musées, des plaques et des manifestations commémoratives mais elle peut aussi emprunter la voie de toutes les formes artistiques, littérature, BD, musique, cinéma, théâtre, danse…

C’est ce rapport entre les manifestations mémorielles concrètes et les re-créations artistiques du passé historique qui sera au coeur de cette journée d’études.

Les communications seront présentées en espagnol ou en français.

 

Table ronde n°1 : Esthétiques visuelles de la mémoire

9h30 – 10h00

La pulsión política de las estéticas de desecho en la cultura catalana postfranquista (Mercé PICORNELL, Universitat de les Illes Balears)

10h00 – 10h30

Los lugares de memoria y la creación audiovisual en Chile : estudios de « Trazos de Memoria » (Angélica María MATEUS MORA, Université François Rabelais de Tours)

Trazos de Memoria est un court-métrage de 14’31’’ basé sur six histoires en lien avec la Casa Londres 38. Cette maison située dans le quartier Londres de Santiago du Chili a été un lieu de répression et d’extermination de la DIrección de Inteligencia Nacional (DINA) de septembre 1973 à 1975. Elle est maintenant un Musée de la Mémoire et l’organisation Londres 38, depuis 2005, s’attache à la sauvegarde de la mémoire du lieu.

Le court-métrage est visible sur YouTube.

10h30 – 10h45 Pause

10h45 – 11h15

Le sauvetage et la transmission de la mémoire dans le cinéma argentin (Kostoula KALOUDI, Université du Péloponèse)

Le cinéma argentin a une renommée internationale qui dépasse largement les frontières du pays et nombreux sont les réalisateurs qui ont fouillé la mémoire des années de la dictature, soit en faisant le choix de la fiction, soit en utilisant le documentaire, soit en s’appuyant sur des souvenirs personnels…

11h15 – 11h45

La patrimonialisation du souvenir dans le film « Ciudadano Negrín » (Sabrina Grillo, Université d’Artois)

Ce film est un documentaire nominé aux Goya 2011 comme Meilleur Film Documentaire qui retrace la vie de Juan Negrín, dernier chef du gouvernement de la Seconde République espagnole, figure controversée de la Guerre Civile, à travers ses écrits et ses discours, les souvenirs de ses petits-enfants et les images de sa famille qu’il a filmées dans son exil.

11h45 – 12h15 Débat

 

Table ronde n°2 : Reconfigurations des enjeux discursifs

14h15 – 14h45

Poéticas visuales en contacto : la huella de la(s) dictadura(s) en J.M. Calleja y Clemente Padín (María Victoria PARRA MOYA, Universitat de les Illes Balears)

José María Calleja est un journaliste, écrivain et universitaire espagnol qui a été emprisonné dans les geôles franquistes pour son opposition au régime de Franco, entre 1973 et 1974, alors qu’il était âgé de 18 ans.

Clemente Padín, qui est né en 1939, est un poète et artiste visuel uruguayen qui a passé deux ans en prison pour son opposition à la dictature. Jusqu’en 1984 il a été placé en liberté surveillée.

14h45 – 15h15

Auprès de la mémoire : les oeuvres d’Enrique Raírez et de Nicolas Jaar en tant que récits de la postmémoire (Nicholas DAWSON, Université du Québec de Montréal)

Enrique Ramírez est un artiste visuel chilien né en 1979 sous la dictature de Pinochet et qui pose dans certaines de ses réalisations audiovisuelles le problème de l’histoire et de la mémoire de son pays.

Nicolas Jaar est un compositeur et producteur américano-chilien de musique électronique né en 1990. Une de ses chansons, « No », rappelle la réponse des Chiliens au referendum de Pinochet en 1988.

15h15 – 15h30 Pause

15h30 – 16h00

Le théâtre de la mémoire : Los niños perdidos et Santa Perpetua de Laila Ripoll ou les fantômes du franquisme (Adelina LAURENCE, Université de Poitiers / Université de Grenade)

Laila Ripoll est une metteure en scène et dramaturge espagnole contemporaine qui privilégie une esthétique du grotesque pour aborder les thèmes de la récupération de la mémoire historique en Espagne.

16h00 – 16h30

Quelles mémoires pour les exilés politiques uruguayens en France. Le cas du projet « Faire avec l’exil » (Mathilde ROUSSIGNÉ, Université Paris 8 Saint Denis)

Une exposition qui est une réflexion sur la mémoire de l’exil politique uruguayen (1973-1984), qui croise archives et témoignages du quotidien et qui pose la question du lien entre l’intime et le politique.

16h30 – 17h00 Débat

 

 

Laboratoire Interactions Culturelles et Discursives (ICD) 3 rue des Tanneurs BP 4103 37041 Tours Cedex 1

Contacts :

samya.dahech@univ-tours.fr

icd@univ-tours.fr

http://icd.univ-tours.fr/accueil/

LES MAIRES DE MADRID ET DE PARIS INAUGURENT UN JARDIN EN L’HONNEUR DE LA « NUEVE »

Manuela Carmena et Anne Hidalgo, respectivement maire de Madrid et de Paris, ont inauguré le jeudi 20 avril 2017, dans le quartier madrilène de Ciudad Lineal un jardin en l’honneur de la « Nueve » à l’instar de celui de Paris situé près de l’Hôtel de Ville.

Est cité dans cet article l’ouvrage d’Evelyn Mesquida consacré à La Nueve.

 

¿Qué es La Nueve a la que homenajean Manuela Carmena y la alcaldesa de París?

La Nueve es el nombre que recibe la división republicana que participó en la liberación de París de nazismo el 24 de agosto de 1944

Manuela Carmena y Anne Hidalgo han inaugurado este jueves un jardín en Ciudad Lineal en honor a los combatientes republicanos

La contribución de los republicanos españoles en la liberación de París ha sido durante muchos años silenciada: el reconocimiento francés llegó en 2004, 60 años después

Andrés Gil

19/04/2017

eldiario.es

Foto de archivo de la Tanqueta Guadalajara llegando a la alcaldía de París durante la II Guerra Mundial, el 24 de agosto de 2004.. EFE EFE/LAFOTOTECA.COM

 

 

Combatientes republicanos españoles estuvieron en la vanguardia de la liberación de París del nazismo. Era el 24 de agosto de 1944. Miles de republicanos españoles lucharon codo con codo con soldados franceses en la resistencia frente al fascismo, después de haber combatido en España contra el franquismo –y de haber caído derrotados–.

Los republicanos españoles participaron el desfile de la victoria por las calles de París, con el general Charles de Gaulle. Pero su reconocimiento oficial, con placa incluida, no llegó hasta el 60 aniversario de la liberación de París, en agosto de 2004.

 

Los combatientes Luis Royo y Manuel Fernández posan junto a la placa conmemorativa de la compañía llamada « La Nueve », durante el homenaje a los republicanos españoles que participaron en la liberación de París, el 24 de agosto de 2004. ORGE SCLAR/EFE/LAFOTOTECA.COM

 

 

El reconocimiento de la ciudad de Madrid llega ahora: con un jardín en honor de La Nueve en el distrito de Ciudad Lineal, inaugurado este jueves por las alcaldesas de Madrid y París, Manuela Carmena y Anne Hidalgo, junto con la concejala del distrito, Yolanda Rodríguez. Al acto han anunciado su asistencia el secretario general de Podemos, Pablo Iglesias, y el diputado de Unidos Podemos por Madrid Íñigo Errejón.

El acto de este jueves constitiuye el primer homenaje oficial de la capital española a esta compañía. Y es un primer paso para poner en valor una historia « realmente increíble » que habría dado para hacer « diez o quince películas » si « hubieran sido americanos », aseguraba a Efe la escritora Evelyn Mesquida, autora del libro La Nueve, los españoles que liberaron París (Ediciones B), y que participa en el ciclo municipal de conferencias y actos sobre La Nueve que se celebra en el Centro Cultural Príncipe de Asturias.

 

Vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=8umkB-w0Ssk

 

La Nueve nace con la derrota de la Guerra Civil, con el exilio que le siguió de muchos republicanos que dieron sus huesos en los campos de refugiados en el suroeste francés, Túnez, Argelia y Marruecos. « Les ofrecían volver a España o alistarse a la Legión Extranjera francesa », explica Mesquida, y muchos de ellos fueron a parar a la compañía denominada La Nueve, en la que 146 de los 160 soldados eran españoles y que en 1943 se integró en la recién creada 2º División Blindada del general Leclerc, bajo el mando de la Francia Libre de Charles de Gaulle.

Aunque hubo « más de treinta nacionalidades » combatiendo el nazismo junto a los franceses, La Nueve fue el único escuadrón con « oficiales de alto rango » de nacionalidad española, y sus tanquetas tenían nombres como Ebro, Guernica, Don Quijote, Guadalajara o España cañí.

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AHCC La Nueve @AHCCLaNueve

Mañana desde aquí rendiremos homenaje a los combatientes de #LaNueve, narrando su entrada en #París ¿Nos acompañas?

1:14 PM – 23 Aug 2016

El antifascismo y la libertad, el odio al nazismo y y la experiencia militar adquirida en la Guerra Civil hicieron de La Nueve un grupo temible. Tras llegar a Normandía semanas después del desembarco estadounidense, la División Leclerc llegó a las inmediaciones de París y envió a La Nueve como avanzadilla de reconocimiento, de tal modo que, el 24 de octubre, la tanqueta Guadalajara fue la primera del ejército aliado en pisar suelo parisiense.

Sin embargo, lo que pasó la Historia fue el discurso pronunciado por De Gaulle dos días más tarde.

NB : Une coquille dans l’article ; il faut lire Dronne au lieu de Bronne.

 

AHCC La Nueve @AHCCLaNueve

Aunque se omite en el titular, el oficial que aparece en la fotografía es español: #AmadoGranell

9:26 PM – 24 Aug 2016

Tampoco quedó constancia del « verdadero héroe » de La Nueve, el protagonista de la « única foto » que se tomó del escuadrón en París, un teniente de Burriana (Castellón) llamado Amado Granel que por su « valor extraordinario » fue condecorado hasta la saciedad. A Granel le ofrecieron, incluso, ascender a general en el ejército francés, pero renunció por no querer aceptar la única condición que le impusieron: nacionalizarse francés.

A los combatientes de La Nueve el final de la Segunda Guerra Mundial les pilló en Berchtesgaden (Alemania), y es que también fueron los primeros en llegar al refugio de montaña que allí tenía Adolf Hitler, el conocido como « Nido del águila ». « Pero su guerra no había terminado », apunta Mesquida, ya que para los exiliados, que « no habían luchado por Francia, sino por España, para poder volver », el combate no podía acabar mientras el franquismo siguiera en pie.

No les quedó más remedio: tras nueve años de campaña militar prácticamente ininterrumpida (desde el inicio de la Guerra Civil en 1936 hasta el final de la Segunda Guerra Mundial en 1945), los integrantes de La Nueve colgaron el fusil y se quedaron « en soledad » al otro lado de los Pirineos. Por lo general, lograron « salir adelante » gracias a que, por su experiencia militar, eran « magníficos mecánicos » y, en muchos casos, encontraron acomodo en Renault, Citroën u otros gigantes del sector automovilístico.

Sin embargo, nunca consiguieron desprenderse de la sombra de la « desmemoria », y sólo uno de los 146 soldados, el almeriense Rafael Gómez, vive hoy para ver cómo la capital de su país natal rinde tributo a su compañía. Gómez, de 97 años y residente en Estrasburgo, fue uno de tantos jóvenes arrojados a las trincheras con la mayoría de edad por cumplir, uno de tantos exiliados humillados en los campos de concentración que encontraron en La Nueve un instrumento para mantener viva su lucha por la libertad.

Source :

http://www.eldiario.es/politica/La-Nueve-homenajean-Manuela-Carmena-alcaldesa-Paris_0_634837564.html

LE RÉGIME DE SÉJOUR DU RÉFUGIE ESPAGNOL ET DE L’ETRANGER EN FRANCE (1938-1943)

ÉTRANGES ÉTRANGERS, Jacques Prévert

Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
Hommes de pays loin
Cobayes des colonies
Doux petits musiciens
Soleils adolescents de la porte d’Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d’Aubervilliers
Brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
Ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
Au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
Embauchés débauchés
Manœuvres désœuvrés
Polacks du Marais du Temple des Rosiers
Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
Pêcheurs des Baléares ou du cap Finistère
Rescapés de Franco
Et déportés de France et de Navarre
Pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
La liberté des autres.
Esclaves noirs de Fréjus
Tiraillés et parqués
Au bord d’une petite mer
Où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
Qui évoquez chaque soir
Dans les locaux disciplinaires
Avec une vieille boîte à cigares
Et quelques bouts de fil de fer
Tous les échos de vos villages
Tous les oiseaux de vos forêts
Et ne venez dans la capitale
Que pour fêter au pas cadencé
La prise de la Bastille le quatorze juillet.
Enfants du Sénégal
Départriés expatriés et naturalisés.
Enfants indochinois
Jongleurs aux innocents couteaux
Qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
De jolis dragons d’or faits de papier plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
Qui dormez aujourd’hui de retour au pays
Le visage dans la terre
Et des hommes incendiaires labourant vos rizières.
On vous a renvoyé
La monnaie de vos papiers dorés
On vous a retourné
Vos petits couteaux dans le dos.
Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
Vous êtes de sa vie
Même si mal en vivez
Même si vous en mourez.

Vincent Parello (Université Bordeaux Montaigne)

 

A  mon  grand-­‐père  paternel,  réfugié  de  la  guerre civile espagnole, qui me recommandait toujours d’avoir mes papiers en règle !

 

  

 

Résumé : Cet article analyse le régime du réfugié espagnol et de l’étranger en France au cours de la période 1938-­‐1943. Il aborde, plus particulièrement, la carte d’identité d’étranger, la carte d’identité de travailleur, les déplacements et la circulation de l’étranger, ainsi que les modes d’acquisition et de déchéance de la nationalité française.

Resumen : Este artículo analiza el régimen del refugiado español y del extranjero en Francia durante los años 1938-­‐1943.  Aborda,  más  precisamente,  la  carta  de  identidad   de  extranjero,  la  carta  de  trabajador,  los desplazamientos y la circulación del extranjero, así como los modos de adquirir y de perder la nacionalidad francesa.

 

 

 

 

 

Le droit d’asile, hérité de la Révolution française qui, dans sa constitution adoptée le 24 juin 1793 stipule explicitement que le peuple français « donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté. Il le refuse aux tyrans »(330), repose sur une contradiction fondamentale inhérente à sa nature même. D’une part, il vise à faire respecter les « droits de l’homme » en portant secours à l’infortune ; d’autre part, il veille à défendre les « intérêts des citoyens et de la nation ». Ainsi, la politique de bienfaisance publique va-­‐t-­‐ elle de pair avec les techniques policières et bureaucratiques mises en place par l’État pour contrôler et surveiller le réfugié.

Dans le contexte de la crise des années trente et avec l’accession au pouvoir des radicaux  en  la  personne  de  Daladier,  la  politique  d’ouverture  et  de  tolérance  vis-­‐à-­‐vis  de l’étranger cède progressivement le pas à une politique de fermeture nationale et à la réapparition d’une violente xénophobie (331). Il ne s’agit plus d’intégrer l’étranger, comme cela était encore le cas après la Première Guerre mondiale, mais de l’exclure de la société en édictant des lois et des mesures discriminatoires et coercitives à son égard. Trois conséquences principales découlent de ce processus de nationalisation en profondeur de la société française. En premier lieu, on renforce les moyens consistant à interdire l’entrée des étrangers sur le sol national et à favoriser leur extradition. En second lieu, on adopte des mesures de type protectionniste, en excluant les étrangers de nouveaux secteurs d’emplois. Finalement, on modifie en 1934 le Code de la nationalité en vigueur depuis 1927 (332). C’est ainsi que le décret-­‐loi du 22 juillet 1940 précise qu’il sera procédé à la révision de toutes les acquisitions de nationalité française intervenues depuis la promulgation de la loi du 10 août 1927, que l’on évince des naturalisés des emplois réservés aux nationaux, que le droit de vote est repoussé à 10 ans et l’exercice des mandats électifs à 20 ans…

Grâce à un recueil de textes administratifs rédigé en 1943 par le préfet de l’Hérault à l’attention de ses personnels subalternes, nous avons pu reconstituer le cadre légal  du séjour du réfugié et de l’étranger en France au cours de la période qui va de la fin de la Troisième République au gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale (333). A la lecture de ce document, il apparaît clairement que l’État français entendait encadrer la vie publique et privée de tous ces individus qui se situaient en marge du national, et contrôler  les divers modes d’acquisition et de perte de la nationalité française. Le bon étranger, l’étranger désirable, c’était l’étranger utile à la collectivité nationale, en règle par rapport à  la législation française et à jour de ses papiers administratifs.

 

 

La carte d’identité d’étranger.

 Grâce aux progrès de la technique photographique et au système d’anthropométrie judiciaire mis au point par Alphonse Bertillon, dans les années 1880-­‐1890, l’État français se débarrassa peu à peu du passeport intérieur et du livret ouvrier en vigueur durant toute la période  du  Second  Empire.  En  1912,  le  port  du  carnet  anthropométrique, précédent immédiat de la carte d’identité, fut imposé aux nomades et aux vagabonds. Selon l’article 8 du décret d’application de 1913, ce nouvel instrument de preuve identitaire devait :

(…) recevoir le signalement anthropométrique qui indique notamment la  hauteur de la taille, celle du buste, l’envergure, la longueur et la largeur de la tête, le diamètre bizygomatique, la longueur de l’oreille droite, la longueur des doigts médius et auriculaires gauches, celle de la coudée gauche, celle du pied gauche, la couleur des yeux : des cases sont réservées pour les empreintes digitales et pour les deux photographies (profil et face) du porteur du carnet (334).

En 1917, la carte d’identité devint obligatoire pour tous les étrangers (335). Comme le signale Gérard Noiriel : « A partir de 1917, il faut en effet obtenir une carte d’identité délivrée par la police sur présentation du passeport et qui vaut autorisation de séjour. Dès ce moment, avoir une nationalité est devenu pour un individu aussi vital que le nez au milieu de la figure »(336). En 1921, à l’initiative du préfet de police du département de la Seine, Robert Leullier, l’usage de la carte d’identité se généralisa ; elle était obligatoire pour les étrangers, mais demeurait facultative pour les nationaux. Le 27 octobre 1940, le maréchal Pétain imposa l’obligation de la « carte d’identité de Français » à l’ensemble de la communauté nationale.  Désormais  nationaux  et  non-­‐nationaux  devaient  apporter  la  preuve  de  leur identité, à travers la possession de ce nouvel instrument. A partir de 1943, le numéro d’inscription de chaque carte d’identité fut intégré au répertoire national d’identification des personnes physiques (NIR).

 

Les étrangers qui désiraient séjourner plus de deux mois en France étaient dans l’obligation de se faire établir une carte d’identité. Il fallait en faire la demande auprès du commissariat de police ou à la mairie (337), et prouver :

  • soit  qu’on   était   entré   en   France   d’une   façon   régulière,   c’est-­‐à-­‐dire   en possession d’un passeport valable visé d’un agent diplomatique ou consulaire français et du poste-­‐frontière par lequel on avait franchi la frontière ;
  • soit qu’on résidait en France en qualité de réfugié politique. Selon la définition de la Convention de Genève du 28 juillet 1951, le réfugié désignait :

(…) toute personne qui craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa  race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social  ou  de  ses  opinions  politiques,  se  trouve  hors  du  pays  dont  elle  a    la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner (338) ;

  • soit qu’on bénéficiait du statut Nansen, en tant qu’étranger apatride (339). Etaient considérées comme apatrides les personnes connues sous le nom de « réfugiés Nansen » (Arméniens, Assyriens, Assyrochaldéens, Caucasiens, Georgiens, Kurdes, Nord-­‐Azerbaidjaniens, Russes, Sarrois, Syriens, Turcs et Ukrainiens) ainsi que les étrangers en mesure de démontrer qu’ils étaient sans nationalité. A la différence de ces étrangers, les réfugiés politiques espagnols, italiens et allemands, n’avaient pas perdu leur nationalité, et continuaient à être ressortissants de leur pays d’origine ;
  • soit qu’on était né en France.

 

 

 

 

 

 

Le dossier type de première demande de carte d’identité devait comprendre les pièces suivantes : une lettre manuscrite sur feuille de papier timbré à 6 francs adressée au préfet, cinq photographies de profil droit, oreille dégagée et sans chapeau, d’au moins 4cm x 4cm, récentes et parfaitement ressemblantes, une fiche blanche et une fiche bulle comportant les empreintes digitales du demandeur, un récépissé postal attestant le versement de la taxe (taxe pleine : 400 francs, taxe réduite : 100 francs), un certificat de nationalité (340) de moins d’un an si la demande émanait d’un Espagnol sollicitant une carte à validité normale (3 ans) ou à validité de plus d’un an, ainsi qu’un certificat sanitaire pour les étrangers ayant résidé moins de 5 ans en France (341).

Il existait à l’époque trois catégories de cartes d’identité qui ne possédaient pas la même durée ni la même extension territoriale. La carte d’identité normale était valable trois ans à compter de la date à laquelle la demande avait été faite ; elle indiquait que le titulaire était domicilié en France et faisait office, en quelque sorte, de permis de séjour illimité. La carte d’identité temporaire d’une validité supérieure à un an (et inférieure à 3 ans) permettait à l’étranger de se déplacer librement sur l’ensemble du territoire national,  tandis que la carte d’identité temporaire d’une validité inférieure à un an limitait considérablement ses possibilités de circulation. Ces cartes temporaires étaient délivrées aux travailleurs pour la durée indiquée par les Services de la main-­‐d’œuvre étrangère, aux ressortissants de pays soumis à la procédure du visa consulaire, aux étrangers venus en France en voyages d’affaires, en visite de famille ou pour y faire des études, aux réfugiés espagnols entrés en France depuis le 17 juillet 1936, et aux réfugiés d’autres nationalités entrés en France depuis le 10 mai 1940 (342). Au sein du collectif des étrangers, les juifs constituaient un groupe à part, fortement discriminé sous le régime de Vichy en raison de leur statut ethnico-­‐religieux. Conformément aux dispositions de la loi du 9 novembre 1942 et de la loi du 11 décembre 1942, les Israélites étaient astreints à résidence sur le territoire de leur commune et devaient porter la mention « Juif » sur leur carte d’identité et leur titre d’alimentation (343). La liberté de déplacement restait somme toute illusoire, dans la mesure où l’étranger ne pouvait se rendre dans les départements de l’Allier, des Alpes-­‐Maritimes et de la Haute-­‐Savoie, les zones réservées ou interdites (344). En outre, le ministre de l’Intérieur pouvait, à tout moment, au nom de la Sûreté nationale, interdire aux étrangers l’accès à tel ou tel département de son choix.

Certaines catégories de personnes étaient dispensées de la carte d’identité d’étranger (345). Il s’agissait des représentants diplomatiques et consulaires munis de la carte consulaire (346), des étrangers titulaires d’une carte de tourisme d’une validité de six mois maximum, des étrangers âgés de moins de 15 ans, des Andorrans (347) et des Monégasques,  des étrangers incorporés dans les Compagnies de travailleurs étrangers (CTE) (348) et des étrangers travaillant sur le territoire du Reich (349).

 

 

La carte d’identité de travailleur.

 La  carte  d’identité  ne  se  contentait  pas  de  prouver  la  nationalité  (ou  la  non-­‐ nationalité) du détenteur ; elle indiquait également son statut social et professionnel. L’administration  française  de  l’époque  faisait  la  distinction  entre  les  non-­‐travailleurs,  les travailleurs agricoles ou industriels, et les commerçants et artisans. Les « étrangers du sexe masculin, âgés de 18 à 55 ans, réfugiés en France et en surnombre dans l’économie  nationale » (350), autrement dit, les personnes incorporées dans les Compagnies de  travailleurs étrangers, faisaient l’objet d’un recensement à part.

Figuraient dans la catégorie des non-­‐travailleurs ou des non-­‐salariés, les rentiers, les propriétaires agricoles, les individus exerçant une profession libérale, les touristes, les étudiants, les étrangers sans profession… Les pharmaciens et les médecins devaient fournir la preuve qu’ils étaient habilités à exercer leur activité, faute de quoi la mention « sans profession »   était   apposée   sur   leur   carte   d’identité.   En   dehors   de   la   carte,   les   non-­‐ travailleurs n’avaient pas de pièces particulières à fournir à l’administration.

L’étranger était considéré comme travailleur agricole ou industriel dès lors qu’il occupait « un emploi le plaçant dans une situation de subordination vis-­‐à-­‐vis d’un employeur pour l’exécution de son travail, quelle que soit la nature de cet emploi et indépendamment du mode de rémunération utilisée ou même de l’absence de toute rémunération »(351). Bien qu’ils constituent une sous-­‐catégorie à part entière, les fermiers et métayers entraient dans le groupe des travailleurs agricoles (352). Leurs femmes, leurs ascendants et descendants étaient considérés également comme des salariés de l’agriculture, s’ils aidaient le chef de famille dans ses multiples tâches professionnelles. Pour obtenir sa carte de travailleur, l’étranger devait constituer un dossier spécial –extrêmement lourd !– à la mairie ou au commissariat de police de son lieu de résidence. En voici la composition détaillée :

Le dossier comportera les pièces ci-­‐après :

1° Le récépissé de versement de la taxe de 25 francs que doit acquitter l’employeur à la Trésorerie générale, à la Recette des Finances ou dans une Perception ;

2° Une demande sur feuille de papier timbré à 6 fr. adressée à M. le Ministre Secrétaire d’État au Travail et ainsi conçue : « Je soussigné…de nationalité…demeurant à…rue…ai l’honneur de solliciter de Monsieur le Ministre Secrétaire d’État au Travail, l’avis favorable nécessaire à l’obtention de la carte d’identité de travailleur agricole (ou industriel) pour la profession de…» (Date et signature).

3° Deux exemplaires d’un certificat d’engagement d’une durée de 3 mois minimum n’ayant pas plus d’un mois de date. La signature de l’employeur doit être légalisée par le Maire ou le Commissaire de Police (Annexe IV) ;

4° Deux feuilles de renseignements, couleur orange, intégralement remplies, datées et signées par l’étranger qui doit répondre sans exception et avec précision à toutes les questions posées dans la partie qui lui est réservée.

La partie réservée au contrôle est remplie par le correspondant de l’Office ou, à défaut, par le Maire qui attestera devant chaque rubrique la nature, le numéro,  la date et la durée de validité des pièces présentées, ou indiquera que les déclarations n’ont pu être prouvées, puis datera et signera à l’endroit indiqué et finalement motivera son avis favorable ou défavorable dans la case « Avis de l’Office municipal de placement » (Annexe III).

5° Le ou les certificats de résidence, ou à défaut, toutes pièces justifiant la date d’entrée et le séjour en France du requérant ;

6° S’il s’agit d’un ouvrier agricole, l’employeur devra joindre au dossier une déclaration de la Caisse d’allocations familiales à laquelle il est affilié ;

7° S’il s’agit d’un enfant né en France de parents étrangers, joindre un bulletin de naissance sur papier libre ;

8° S’il s’agit d’étrangers de moins de 18 ans, joindre les certificats de scolarité ;

9° Pour les étrangers comptant moins de 5 ans de séjour ininterrompu en France, il y a lieu de produire un certificat sanitaire délivré par le Préfet. La formule sera fournie sur demande par l’Office régionale du Travail (…);

10° Une enveloppe suffisamment affranchie et portant l’adresse exacte et complète du demandeur ;

11° Un questionnaire rempli, daté et signé par les femmes sollicitant l’obtention de la carte d’identité de travailleur industriel (353).

 

Nul étranger ne pouvait exercer une profession commerciale ou artisanale sur le territoire  français,  à  moins  de  justifier  de  la  possession  d’une  carte  d’identité   spéciale portant la mention « commerçant » (354) . La demande de cette carte devait être faite directement à la préfecture du lieu où l’étranger avait fixé son établissement principal. Elle n’était délivrée que sur autorisation ministérielle et à la suite d’une enquête spéciale prescrite par le préfet. Pour établir légalement un fonds de commerce, il fallait être inscrit au Registre des métiers ou à la Chambre de commerce.

Il existait alors trois types de cartes d’identité de travailleur agricole ou industriel. Les étrangers installés depuis moins de cinq ans en France ne pouvaient prétendre qu’à une carte   d’identité   de   travailleur   de   type   A   (temporaire).   Celle-­‐ci   permettait   d’exercer uniquement la profession mentionnée dans le ou les départements désignés sur la carte et pour la durée fixée. Les étrangers ayant séjourné de façon régulière en France pendant au moins dix ans, ayant obtenu de l’Office départemental du Travail une autorisation à durée normale (3 ans) ou ayant servi sous les drapeaux français, étaient en droit de solliciter une carte d’identité de travailleur de type B (validité normale) qui permettait d’exercer seulement la profession mentionnée, mais dans tous les départements, à l’exception toutefois des zones réservées. Finalement, les étrangers résidant en France depuis plus de quinze ans, mariés depuis au moins deux ans à des Françaises ou père ou mère d’enfants français, les Françaises de naissance mariées à un étranger et n’ayant pas conservé leur nationalité d’origine, les engagés volontaires dans l’armée française ou dans la Légion étrangère,  pouvaient  bénéficier  d’une  carte  d’identité  de  travailleur  de  type  C    (toutes professions) qui permettait d’exercer toutes les professions, tant industrielles qu’agricoles, sur l’ensemble du territoire (départements réservés exceptés) (355).

 

Les déplacements et la circulation de l’étranger

 Comme nous l’avons déjà signalé, l’étranger n’était pas libre de ses mouvements à l’intérieur du territoire national et tous ses déplacements étaient soumis à une étroite surveillance. Ces mesures visant à contrôler la mobilité spatiale des populations immigrées remontaient de fait au XIXe siècle. Dans les années 1830-­‐1840, à une époque où les réfugiés arrivaient par milliers aux frontières, l’État français prit toute une série de mesures à l’encontre des exilés espagnols. Il leur interdit de se concentrer à certains endroits en les disséminant sur l’ensemble du territoire, et de se fixer dans certaines zones, comme Paris et sa  région,  les  départements  frontaliers  du  Sud-­‐Ouest,  les  départements  de  l’Est  et  la frontière avec les Alpes. Dans de nombreux cas, il eut recours à l’assignation à résidence (356). lllustrons notre propos par quelques exemples précis ; en août 1841, suite à la tentative manquée du général O’Donnell en Espagne, tous les officiers supérieurs réfugiés en France furent regroupés dans la ville d’Orléans. En 1843, après la chute de Barcelone, les Catalans furent internés dans quatre départements du Massif Central. Par la loi du 11 juillet 1839, vingt-­‐huit  départements  du  Sud  furent  interdits  aux  carlistes,  etc. (357).  En  1939,  lors  de  la Retirada, les réfugiés espagnols furent victimes de mesures similaires de la part de l’État français. Les soldats de l’armée républicaine furent internés dans des « camps de concentration »  sur  les  plages  du  Roussillon  (Argelès,  Saint-­‐Cyprien,  Barcarès)  ou  dans  six autres structures réparties dans le Midi de la France (Bram, Vernet, Agde, Gurs, Septfonds et Rivesaltes), tandis que la population civile, composée de femmes, d’enfants et d’hommes non combattants, fut dirigée dans 77 départements français où des camps d’hébergement avaient progressivement été aménagés (358).

En vertu du décret du 25 octobre 1940, l’étranger ne pouvait se déplacer librement que sur le territoire de sa commune et celui des communes limitrophes. Cette règle fut assouplie par le décret du 20 mai 1943 qui autorisait tout étranger à circuler librement dans le périmètre déterminé par la validité territoriale de son titre de séjour « sous réserve de   se conformer à la réglementation concernant le franchissement de la ligne de démarcation et aux dispositions relatives aux zones interdites »(359). En effet, aucun étranger n’était admis à franchir la ligne de démarcation en dehors des points de passage suivants : Orthez, Mont-­‐de-­‐ Marsan, Langon, Montpont, La Rochefoucault, Fleure, Jardres, Vierzon, Bourges, Moulins, Digoin,  Paray-­‐le-­‐Monial,  Chalon-­‐sur-­‐Saône,  Pourre-­‐Parcey  et  Coupy (360).  Quant  aux  réfugiés espagnols et aux apatrides, ils devaient, pour franchir ladite ligne, être porteurs d’un laissez-­‐ passer délivré par les autorités allemandes, d’une carte d’identité et d’un sauf-­‐conduit. Par ailleurs, pour se déplacer en dehors du périmètre assigné par la carte d’identité (Allier,

Alpes-­‐Maritimes, Haute-­‐Savoie, zones interdites de la zone Nord, etc.), l’étranger devait être en possession d’un titre de circulation délivré sur l’avis conforme du préfet du lieu de destination. Le sauf-­‐conduit était, en principe, valable quinze jours pour un seul voyage, mais à titre exceptionnel, des cartes de circulation temporaires, valables trois mois, pouvaient être délivrées par le préfet, les officiers de gendarmerie et les commissaires de police :

 

Pour obtenir un titre de circulation, il doit se présenter au Commissariat de  Police le plus proche de sa résidence ou, à défaut, à la brigade de gendarmerie. Il remplit une demande sur un imprimé conforme au modèle ci-­‐joint (Pièce annexe n° VIII) à l’appui de laquelle il produit deux photos 4 x 4 de profil droit, oreille dégagée et sans chapeau, tête d’une hauteur de 2cm au moins, ainsi que, éventuellement, toutes pièces justificatives utiles. L’autorisation concrétisée par un  sauf-­‐conduit  conforme  au  modèle  joint  (Pièce  annexe  n°  IX),  peut  être délivrée sur le champ par le Commissaire de Police ou le Chef de brigade de gendarmerie. Toutefois, si le demandeur fait l’objet de renseignements défavorables ou s’il est signalé comme suspect, l’autorité qui reçoit la demande de titre doit me consulter en me fournissant, le cas échéant, tous  renseignements utiles. Il m’appartient alors de statuer sur la demande (361).

 

Les étrangers incorporés dans des Compagnies de travailleurs étrangers ne pouvaient, quant à eux, circuler que munis d’un ordre de mission ou d’un titre de permission établi par le chef de la formation. Dans ce cas, les services municipaux, de police et de gendarmerie n’avaient pas leur mot à dire.

En marge des sauf-­‐conduits et des cartes de circulation temporaires, les étrangers ne pouvaient changer de domicile sans en faire la déclaration au départ et à l’arrivée auprès du commissariat de police ou de la mairie (362). Les travailleurs devaient fournir un contrat de travail   visé   favorablement   par   l’Office   régional   du   Travail   du   département ;   les   non-­‐ travailleurs, un certificat d’hébergement établi par le maire de la commune où ils  comptaient s’installer. Les personnes qui logeaient ou hébergeaient des étrangers –même à titre gracieux– étaient tenues d’en faire la déclaration aux autorités municipale ou policière (363).

 

 

Les modes d’acquisition et de déchéance de la nationalité française

 La nationalité française s’acquérait de diverses manières : par l’effet de la naissance, par le mariage, par réintégration ou naturalisation, et par participation volontaire aux opérations de recrutement militaire.

Nationalité française par l’effet de la naissance : Selon la loi du 10 août 1927, modifiée en 1934 et 1938, étaient considérés dès leur naissance comme citoyens français à titre définitif (364), les enfants légitimes nés d’un père français en France ou à l’étranger, les enfants légitimes nés en France d’une mère française ou d’un père lui-­‐même né en France, les enfants naturels reconnus, nés en France, si l’un des parents était français, ainsi que  tous

les  enfants  nés  en  France  de  parents  inconnus,  avant  la  promulgation  du  décret-­‐loi  du 12 novembre 1938. Les enfants légitimes nés en France d’une mère étrangère, mais née elle-­‐ même en France, et les enfants naturels nés en France de parents étrangers, étaient également considérés comme Français, mais ils avaient à leur majorité la faculté de répudier leur nationalité au profit de celle de leurs parents. Les enfants nés en France de parents dont ni l’un ni l’autre n’était Français ou né en France, devenaient français de droit à l’âge de 18 ans pour les hommes et de 21 ans pour les femmes, s’ils étaient domiciliés en France et en possession d’une carte d’identité supérieure à un an (365).

Nationalité française par le mariage : Si l’étranger du sexe masculin ne pouvait acquérir la nationalité française que par naturalisation, en revanche la femme étrangère pouvait devenir française à la suite de son mariage avec un Français. Pour cela, il lui fallait en faire la demande à la mairie avant la célébration de l’union matrimoniale. Tant que l’intéressée n’avait pas reçu la notification ministérielle lui accordant la nationalité française, elle continuait à être étrangère, et donc assujettie aux lois régissant le séjour des étrangers en France.

Nationalité française par réintégration : Depuis la loi du 10 août 1927, la Française  qui se mariait avec un étranger conservait sa nationalité d’origine, à moins qu’elle n’ait émis le souhait d’obtenir la nationalité de son mari (366). En cas de décès de celui-­‐ci, de divorce ou de séparation de corps, l’épouse avait la possibilité de recouvrer sa nationalité française   par voie de réintégration (367), à condition toutefois de ne pas avoir acquis par son mariage la nationalité d’un ressortissant d’une nation ennemie (368).

Nationalité française par naturalisation : En période de paix, il fallait, pour être naturalisable, être âgé de 18 ans et résider en France depuis au moins trois ans. La requête de naturalisation devait être adressée au garde des Sceaux, ministre de la Justice et déposée à la préfecture. Pendant la période de guerre, les naturalisations avaient été suspendues, à l’exception de certaines dérogations accordées aux prisonniers et à leurs proches, aux membres des familles d’étrangers morts pour la France, et aux Espagnols installés en France depuis leur plus jeune âge, et qui souhaitaient se soumettre aux obligations militaires.

Nationalité française par participation volontaire aux opérations de recrutement : Au moment du recrutement de sa classe d’âge, l’étranger régulièrement domicilié en France devait souscrire à la mairie une déclaration d’intention dans laquelle il affirmait son désir d’obtenir la nationalité française. Cette première intention devait être confirmée lors de sa comparution volontaire devant le Conseil de révision (369).

Si la loi prévoyait l’acquisition de la nationalité française pour l’étranger, elle envisageait aussi sa perte et sa déchéance (370). Le Français naturalisé à l’étranger, le Français qui avait répudié la nationalité française, la Française qui avait opté pour la nationalité étrangère de son mari, et le Français qui se comportait comme le national d’un pays étranger, étaient déclarés avoir perdu ipso facto la nationalité française par décret prévu à l’article 10 de la loi du 10 août 1927. Quant à la procédure de déchéance, elle était rendue par le Conseil d’État, publiée au Journal officiel et notifiée à l’intéressé par la voie administrative :

 

Cette déchéance sera encourue :

1° Pour avoir accompli des actes contraires à l’ordre public, à la sûreté intérieure, ou extérieure de l’État, ou au fonctionnement de ses institutions ;

2° Pour s’être livré, au profit d’un pays étranger, à des actes incompatibles avec la qualité de citoyen français ;

3° Pour s’être soustrait aux obligations résultant pour lui des lois de recrutement ;

4° Pour avoir, en France ou à l’étranger, commis un crime ou un délit ayant entraîné une condamnation à une peine d’au moins une année d’emprisonnement (….)

Remarques : (…) 2° Les lois des 23 juillet 1940, 10 septembre 1940, 6 février 1941, 28 février 1941, 8 mars 1941 prévoient la déchéance de la nationalité française à l’égard des Français :

  • Qui ont quitté les territoires de la métropole ou d’outre-­‐mer depuis le 10 mai 1940 ;
  • Qui hors du territoire ont trahi les devoirs qui leur incombent en tant que membres de la communauté française ;
  • Qui depuis le 1er décembre 1940 se sont rendus dans une zone dissidente (371).

 

En guise de conclusion, nous dirons que les conditions de séjour de l’étranger en France ne firent qu’empirer entre la fin de la Troisième République et le gouvernement de Vichy, dont la politique raciste et antisémite ne fait aujourd’hui plus aucun doute parmi les historiens. Progressivement, la législation française traça une ligne de partage très nette entre le national et le non-­‐national, et l’étranger devint un être suspect qu’il fallait surveiller de très près. Par le biais de la carte d’identité d’étranger, de la carte de travailleur, du certificat sanitaire, du sauf-­‐conduit, du laissez-­‐passer, etc., les intentions du gouvernement étaient on ne peut plus claires. Le ministère de l’Intérieur était chargé de la surveillance politique des étrangers et de la gestion de la population civile réfugiée, le ministère de la Défense nationale et de la Guerre contrôlait les soldats réfugiés internés dans des « camps de concentration », le ministère du Travail et celui de l’Agriculture s’occupaient de la main-­‐ d’œuvre étrangère et de son reclassement dans l’économie nationale, tandis que le  ministère de la Santé publique apportait une attention toute particulière à la surveillance sanitaire et au soin des étrangers porteurs de maladies infectieuses ou vénériennes. Contrairement au mauvais étranger qui s’était mis volontairement en marge de la loi par« un usage illégitime du statut de réfugié », le bon étranger, était celui dont les papiers étaient en règle et qui faisait montre d’une attitude correcte vis-­‐à-­‐vis de la République et de ses institutions (372). Celui-­‐là seul se montrait digne d’acquérir un jour la nationalité française !

 

 

 

 

Annexe

 

(ADH, 4M1798). Association des amis de la République française

 

Comme en 1914, l’Association des amis de la République française dont le siège se situait à Paris, 12 avenue de la Grande Armée (17ème), se proposa lors de l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, d’associer les étrangers à la juste cause que la République française entendait défendre par les armes. Sa Commission de défense nationale, présidée par M. Paul Boncour, et sa Commission de collaboration civile, présidée par M. Justin Godart, se chargèrent, en accord avec le gouvernement français, d’organiser les contributions volontaires individuelles sous la forme du service civil ou de l’engagement militaire. Elle fit appel, bien entendu, aux réfugiés espagnols à qui elle envoya un document dans lequel étaient évoquées les  obligations militaires des étrangers en temps de guerre, les règles concernant la circulation à travers le territoire national et les différentes lois sur le travail. Nous reproduisons ci-­‐dessous certains de ces passages rédigés en langue espagnole par le secrétaire de direction Eduard Ragasol.

 

Censo y obligaciones militares

 

El decreto de 12 de abril de 1939 contiene dos disposiciones esenciales : la primera es la que autoriza  a todo extranjero a alistarse, en tiempos de paz, en un Cuerpo del Ejército Francés. Por la segunda, los extranjeros sin nacionalidad y los demás extranjeros beneficiarios del derecho de asilo están sometidos a todas la obligaciones impuestas a los franceses por la ley de 11 de julio de 1939 sobre la organización del país en tiempo de guerra y pueden ser objeto de requisiciones individuales o colectivas, generales o locales, fundamentadas en la nacionalidad, la edad y la profesión.

En virtud del artículo 3 de este Decreto los mismos extranjeros apatrida y los beneficiarions  del derecho de asilo tienen la obligación de asegurar, desde el tiempo de paz, a las Autoridades militares francesas, por igual duración a la del servicio impuesto a los franceses, unas prestaciones cuyos carácter y modalidad de ejecución serán determinadas por Decreto.

El primer Decreto complementario del 12 de abril fue publicado con fecha 20 de julio. En el mismo se instituía un “relevé général” de los extranjeros a que se refiere el artículo 3 del Decreto antes mencionado. En este “relevé” han de estar inscritos todos los extranjeros de 20 a 48 años que no justifiquen nacionalidad ninguna o declaren estar refugiados en Francia y sean admitidos al beneficio del derecho de asilo. Serán inscritos en este “relevé” todos los extranjeros admitidos al beneficio del derecho de asilo y en posesión de una carta de identidad de duración normal o que, de no tener este documento, haga más de dos meses que residan en Francia.

Para el que justifique gestiones para abandonar el territorio francés, la inscripción en este censo será aplazada por tres meses (…) Los extranjeros que, en ocasión de las operaciones de censo declaren que no se consideran como refugiados o que no hayan sido admitidos al derecho de asilo no podrán invocar este derecho si reciben ulteriormente la orden de abandonar el territorio. Tampoco podrán invocar este derecho si no responden en el término de veinte días a las convocatorias que les serán dirigidas.

Sin embargo, si por razón de un nuevo hecho, el extranjero reune ulteriormente las condiciones previstas por el Decreto, será inscrito en el censo. Este censo se efectuará según la edad alcanzada por los interesados a primero de enero del año en curso.

Los extranjeros sin nacionalidad, de 20 a 48 años y los extranjeros beneficiarios del derecho de asilo que tengan de 20 a 27 años serán inscritos en el censo antes del 1° de septiembre de 1939. Los hombres de 27 a 35 años, serán inscritos antes del 1° de enero de 1940 ; los de 35 a 40, antes del 1° de marzo de 1940 ; y los  de 40 a 48 años antes del 1° de octubre del mismo año.

Este censo se confeccionará por los Servicios de la Prefectura en donde residan los extranjeros, que serán inscritos de oficio, a petición de los mismos o de sus padres o representantes legales. El Decreto anuncia también que una disposición complementaria determinará en que condiciones se efectuará la revisión de los extranjeros, fijará las unidades en las cuales servirán y la duración de su servicio (…).

 

 

Trabajo de los extranjeros

 El Journal Officiel de 20 de septiembre de 1939 publica dos Decretos muy interesantes, fechados de 20 de enero 1939 y de 19 de abril del mismo año, respectivamente, en los que se fija la “situación de los trabajadores de nacionalidad extranjera en caso de guerra” y el “empleo, en caso de guerra, de la mano de  obra extranjera por las administraciones públicas y los establecimientos y servicios que funcionan en el interés de la nación”.

El primero de dichos Decretos establece, en su artículo 1°, que está prohibido colocar a ningún extranjero, aunque éste reuna las condiciones fijadas por el artículo 64 del libro II del Código del Trabajo (que determina la obligatoriedad de posesión de la Carta de Identidad de Trabajador), si no se cuenta de antemano con la autorización de la Oficina departamental de Colocación del lugar de trabajo. Esta prohibición no se aplica a los patronos de profesiones agrícolas (Art. 1).

Sin embargo, por el artículo 2 se concede un plazo de quince días a los patronos que ocupan actualmente a trabajadores extranjeros para pedir esta autorización.

Las oficinas departamentales de colocación están autorizadas a colocar a los extranjeros no provistos de la carta de identidad de trabajador. En los ocho días siguientes de la colocación estos extranjero deberán solicitar su carta de trabajador (art. 3).

Cuando un patrono despide a algún trabajador extranjero deberá declararlo a la misma oficina. Esta obligación no rige para los patronos agrícolas (art. 4).

La aplicación de las disposiciones que contingentan la mano de obra extranjera para la protección del trabajo nacional es suspendida (art. 5).

Este Decreto tiende, por tanto, a dar facilidades para la colocación de los trabajadores extranjeros, según las necesidades departamentales y permitirá la legalización de muchos casos individuales, por la obtención de la Carta de trabajador.

La segunda de las disposiciones publicadas en el JO de 20 de septiembre autoriza todas las Administraciones públicas y a los establecimientos y servicios de interés nacional a emplear extranjeros a título precario, en las condiciones prescritas por la ley, según reglas que serán precisadas, según el caso, por orden del Ministro interesado o por disposición prefectural en lo que concierne a las colectividades locales (art. 1).

Estas disposiciones ministeriales o prefectorales deberán determinar los servicios en los que el empleo eventual de la mano de obra extranjera puede ser prevista sin peligro para el orden público y la seguridad nacional (art. 2).

Se prevé, por último, en este Decreto, la concesión de indemnizaciones especiales por conocimiento de lenguas extranjeras, en los servicios que se ocupen de extranjeros (art. 3).

La importancia de esta disposición estriba en que las modalidades de “Servicio civil” previstas por la ASSOCIATION DES AMIS DE LA RÉPUBLIQUE FRANCAISE, como consecuencia de los ofrecimientos voluntarios recogidos en sus oficinas, y a que responden las fichas que se incluyen, podrán ser utilizadas por los diferentes servicios oficiales franceses, a medida de las necesidades, con toda libertad y por simple decisión ministerial.

 

Carte d’identité de Pablo Picasso.

 

 

 

Références bibliographiques

 

Naudin, Charles, 2009, Histoire de l’identité individuelle d’hier et de demain, Paris, Ellipses. Noiriel, Gérard, 1991, La tyrannie du national. Le droit d’asile en Europe (XIXe-­‐XXe siècles), Paris, Seuil.

Noiriel,  Gérard,  1992,  Population,  immigration  et  identité  nationale  en  France  (XIXe-­‐XXe siècles), Paris, Hachette.

Noiriel, Gérard, 1992, Le creuset français. Histoire de l’immigration (XIXe-­‐XXe siècles), Paris, Hachette.

Noiriel, Gérard, 1998, Réfugiés et sans-­‐papiers. La République face au droit d’asile XIXe-­‐XXe siècles, Paris, Hachette.

Parello, Vincent, 2010, Des réfugiés espagnols de la guerre civile dans le département de l’Hérault (1937-­‐1939), Perpignan, PUP.

Piazza, Pierre, 2002, «Sociogenèse du carnet anthropométrique des nomades», Les Cahiers de la sécurité intérieure, n° 48, p. 210-­‐225.

Piazza, Pierre, 2004, Histoire de la carte nationale d’identité, Paris, Odile Jacob. Ponty, Janine, 2004, L’immigration dans les textes. France, 1789- ‐2002, Paris, Belin.

 

 

 


 

 

 

330 Article 120. Cité par Noiriel 1998, 34.

331 Janine Ponty a recensé une centaine de décrets-­‐lois, dont beaucoup concernent les étrangers, promulgués sous le gouvernement Daladier. Ces décrets conféraient au pouvoir exécutif une  grande  rapidité  d’action (Ponty 2004).

332 Comme l’a démontré, entre autres, Gérard Noiriel, le parlement, la presse, l’éducation et l’opinion publique représentent les principaux instruments de cette émergence du sentiment national : Noiriel 1992, 50-­‐70.

333 Archives départementales de l’Hérault (ADH), 2W 614. Régime du séjour de l’étranger en France.

334 Piazza 2002, 213.

335 Naudin 2009; Piazza 2004.

336 Noiriel 1998, 92.

337 Le dossier était ensuite adressé à la préfecture, seule habilitée à délivrer la carte.

338 Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés. Article premier, paragraphe 2.

339 Circulaire du préfet de l’Hérault du 11 juin 1942.

340 Pour les réfugiés espagnols qui ne pouvaient pas fournir de certificat d’identité, la mention «Asilé espagnol» devait figurer de façon apparente sur la chemise du dossier. Circulaire ministérielle n° 387 du 27 septembre 1941.

341 En étaient exemptés les étrangers résidant en France depuis plus de 5 ans, les femmes d’origine française ayant perdu leur nationalité à la suite d’un mariage avec un étranger, les étrangers ayant combattu pendant la guerre comme engagés volontaires ou comme légionnaires, les enfants de travailleurs étrangers âgés de moins de 18 ans et les étrangers au service d’agents diplomatiques ou consulaires  régulièrement  accrédités  en France.

342 Décrets du 14 mai 1938 et du 9 septembre 1938.

343 Circulaire du préfet de l’Hérault des 5 et 14 janvier 1943.

344 Les réfugiés politiques n’avaient pas le droit de résider à Paris et dans sa région.

345 Décret du 14 mai 1938; Circulaires 118 du 2 janvier 1941, 173 du 11 mars 1941 et 646 du 30 décembre 1942. 346 Le personnel subalterne des corps consulaires n’avait pas droit à la carte consulaire. L’administration française lui délivrait gratuitement une carte d’identité normale de non-­‐travailleur (valable 3 ans).

347 Recueil des actes administratifs de l’Hérault n°14 du 10 avril 1943. Les Andorrans avaient été privés de leur nationalité en application des décrets de 1939 pris par les co-­‐princes d’Andorre.

348 ADH, 2W 614. Régime du séjour de l’étranger en France, p. 8: «Mes instructions diverses, notamment celles des 5 et 15 juillet 1942 vous donnent toutes directives en ce qui les concerne. Je vous rappelle qu’une fois incorporés ces étrangers sont munis par les soins du groupe auquel ils appartiennent d’une carte d’identité spéciale. Tout autre titre de séjour qu’ils pourraient détenir doit donc leur être retiré pour être transmis à ma Préfecture».

349 Ces étrangers pouvaient, à chaque permission, séjourner sur le territoire français pendant deux mois, munis soit du passeport national, soit du titre de voyage français, soit du titre de voyage allemand. Ces dispositions n’étaient applicables que pendant la durée de la guerre.

350 ADH, 2W 614. Régime du séjour de l’étranger en France, p. 8.

351 ADH, 2W 614. Régime du séjour de l’étranger en France, p. 9.

352 Instruction ministérielle du 19 juillet 1939.

353 ADH, 2W 614. Régime du séjour de l’étranger en France, p. 12-­‐13.

354 Décret-­‐loi du 12 novembre 1938 (J.O. du 13 novembre 1938).

355 Décret du 14 mai 1938, Article 8. La carte de type C ne pouvait être délivrée qu’après enquête administrative et sous réserve de renseignements favorables à tous les égards.

356 L’assignation à résidence est une décision par laquelle l’administration centrale contraint un étranger à résider dans le lieu qu’elle détermine, l’oblige à se présenter périodiquement aux services de polices et de gendarmerie le privant ainsi de la liberté de circuler librement en France (Parello 2010, 20-­‐29).

357 Noiriel 1998, 50-­‐60.

358 Parello 2010, 30-­‐36.

359 ADH, 2W 614. Régime du séjour de l’étranger en France, p. 20.

360 Les juifs, quelle que soit leur nationalité, n’étaient pas autorisés à franchir la ligne de démarcation, même  aux points de passage prévus.

361 ADH, 2W 614. Régime du séjour de l’étranger en France, p. 22.

362 Décret du 2 mai 1938; Lois des 30 mai 1941et 10 février 1943.

363 Décret-­‐loi des 2 et 14 mai 1938; Circulaire du préfet de l’Hérault du 8 juin 1942.

364 «A titre définitif» signifiait que l’individu n’avait pas la possibilité de répudier sa nationalité française à sa majorité.

365 Ils pouvaient aussi devenir français à leur naissance, à la suite d’une déclaration devant le Juge de Paix souscrite par les parents. Décret-­‐loi du 9 septembre 1939.

366 Décret-­‐loi du 12 novembre 1938. Article 19.

367 Loi du 10 octobre 1939.

368 Cette disposition ne s’appliquait que pour la durée de la guerre.

369 Décret-­‐loi du 12 novembre 1938. L’étranger expulsé ou assigné à résidence ne pouvait pas être inscrit sur les tableaux de recensement.

370 Loi du 16 juillet 1940; Décret-­‐loi du 22 juillet 1940.

371 ADH, 2W 614. Régime du séjour de l’étranger en France, p. 34.

372 Journal Officiel du 3 mai 1938, p. 4967: «(La France) reste toujours aussi largement ouverte à la pensée, à l’idéal persécutés, qui lui demandent asile, à la condition toutefois qu’il ne soit pas fait du titre respectable de réfugié politique un usage illégitime qui serait un abus de confiance, et qu’une conduite exempte de tout reproche, une attitude absolument correcte vis-­‐à-­‐vis de la République et de ses institutions, soient l’inflexible règle pour tous ceux qui bénéficient de l’accueil français. Cet esprit de générosité envers celui que nous nommerons  l’étranger  de  bonne  foi  trouve  sa  contre-­‐partie  légitime  dans  une  volonté  formelle  de  frapper désormais de peines sévères tout étranger qui se serait montré indigne de notre hospitalité. Et tout d’abord, la France  ne  veut  plus  chez  elle  d’étrangers  clandestins,  d’hôtes  irréguliers:  ceux-­‐ci  devront,  dans  un  délai  d’un mois fixé par le présent texte, s’être mis en règle avec la loi ou, s’ils le préfèrent, avoir quitté notre sol».

 

 

Source :

Cahiers d’Études des Cultures Ibériques et Latino-­‐américaines -­‐ CECIL

ISSN  2428-­‐7245.
Numéro 2
-­‐
Année 2016.
Université Toulouse-­‐Jean-­‐Jaurès

Université Paul-­‐Valéry, Montpellier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ARMAND GATTI NOUS A QUITTÉ.

Armand Gatti, miroir éclaté des utopies

Engagé sa vie durant auprès des sans-voix, le reporter, écrivain et metteur en scène s’est éteint, jeudi 6 avril, à l’âge de 93 ans.

LE MONDE | 06.04.2017 à 12h47 • Mis à jour le 07.04.2017 à 07h47 |Par Brigitte Salino

Le poète et dramaturge Armand Gatti, en 2006.

Son arme était la parole, son horizon l’utopie. Armand Gatti, mort jeudi 6 avril, à l’hôpital Begin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne), à 93 ans, aura passé sa vie à se battre avec les mots, d’abord comme journaliste, puis dans le théâtre, où il s’est engagé auprès des sans nom, les gens ordinaires ou à la marge, les sans voix et les exclus.

Travailleur infatigable, écrivain insatiable et exalté de la rencontre, Armand Gatti a mené un chemin unique dans le théâtre français du XXe siècle. Lui qui aimait les arbres évoquait un chêne : grand, robuste, planté, la tête ébouriffée dans le ciel, et une petite voix qui contrastait avec son allure. Le temps a eu raison de sa force, mais son parcours témoigne d’un élan vital rare, et d’un désir d’être au monde passionné. C’était un conteur hors pair, un fabulateur aussi, à l’occasion, comme en témoigne le triste épisode de la seconde guerre mondiale, où il s’engagea comme résistant et combattant des forces françaises, mais où il ne fut pas déporté en camp de concentration, comme il a voulu le faire croire.

Personne n’est taillé dans une seule étoffe. Armand Gatti a eu des vérités multiples et plusieurs vies, qui épousent le siècle dernier dans tous ses paradoxes. Le premier fut celui qui le vit grandir, pauvre dans un endroit riche : le rocher de Monaco. C’est là qu’il naît, le 26 janvier 1924. Sa mère est femme de ménage, son père, balayeur et anarchiste. Ils vivent au Tonkin, un bidonville de Beausoleil, qui jouxte Monte-Carlo. La discipline n’est pas la première vertu du petit Gatti, encouragé par le rêve libertaire de son père : en 1941, il se fait exclure du petit séminaire Saint-Paul de Cannes. C’est alors qu’il rejoint le maquis, en Corrèze.

Les mots sont tout pour lui

Dans sa besace, il a emporté des livres. Déjà les mots sont tout pour lui. Mots des poètes, comme Henri Michaux, son « maître ». Mots des révolutionnaires, comme Antonio Gramsci. Mots des scientifiques, comme Niels Bohr. Et ses mots à lui, bien sûr. Quand il se fait prendre, dans le trou de la forêt de Tarnac où il se cache avec des camarades, il répond au gendarme qui lui demande ce qu’il est allé faire là : « Je suis venu faire tomber Dieu dans le temps ! »

Condamné à mort en 1943, Armand Gatti est gracié, en raison de son jeune âge. C’est à ce moment-là que se joue la part la plus trouble, et la plus troublante, de son histoire : pendant des décennies, Armand Gatti a raconté qu’il avait été déporté au camp de concentration de Neuengamme, dans le nord de l’Allemagne, où il avait eu la révélation du théâtre, en voyant la première pièce de sa vie, jouée par des Juifs baltes, qui tenait en trois phrases : « Ich bin. Ich war. Ich werde sein. » (« Je suis. J’étais. Je serai. »). Ce fut, disait Gatti, une expérience fondatrice pour son œuvre : « Essayer de construire des hommes non pas en vertu de leur état-civil, mais de leur possibilité. »

L’AMICALE DE NEUENGAMME A DEMANDÉ À ARMAND GATTI DE « NE PLUS USURPER LE TITRE DE DÉPORTÉ »

Ce socle s’est effondré en 2011, quand l’amicale de Neuengamme a prouvé que le nom d’Armand Gatti ne figurait pas dans le livre mémorial de Neuengamme, ni dans celui de la Fondation pour la mémoire de la déportation. L’amicale a demandé à Armand Gatti de « ne plususurper le titre de déporté », et Armand Gatti a reconnu n’avoir jamais été au camp de Neuengamme, mais dans un camp de travail. Ce qui est certain, c’est que le jeune résistant a rejoint les Forces françaises, à Londres, en 1944. Il a combattu dans l’armée de l’air, et son engagement lui a valu d’être décoré à la Libération.

Lire l’éclairage :   « Je n’ai jamais été au camp de Neuengamme »

Prix Albert-Londres en 1954

Tristement déplorable, sur le plan moral, ce mensonge sur les camps a permis, sur le plan artistique et politique, de fonder un théâtre qui restera comme une des aventures les plus engagées et les plus marquantes du XXe siècle. A la fin de la seconde guerre mondiale, Gatti, qui s’appelle Dante Sauveur à l’état civil, travaille pour plusieurs journaux, et devient Armand. Il voyage en Algérie, où il rencontre Kateb Yacine, il effectue des reportages en Europe sur les « personnes déplacées », il va jusqu’en Chine avec Michel Leiris, Chris Marker, Paul Ricœur. Il rend compte aussi des combats ouvriers en France et du massacre des Indiens au Guatemala… Ses reportages lui valent le prix Albert-Londres, en 1954.

Déjà, Armand Gatti est engagé sur tous les fronts du monde qui bouge et combat. Il ne cessera de suivre cette route, quand il laissera le journalisme et deviendra « passeur des paroles de l’homme », en écrivant et en réalisant des films. En 1959, Jean Vilar met en scène sa pièce Le Crapaud-Buffle. En 1960, il tourne L’Enclos, un film sur l’univers concentrationnaire, primé en 1961 à Cannes, où Armand Gatti revient en 1963 avec El Otro Cristobal, qui représente Cuba.

Mais le succès n’est pas au rendez-vous. Armand Gatti laisse le cinéma et retourne vers le théâtre, où il enchaîne les pièces : La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste G., La Deuxième Existence du camp de Tatenberg, Chroniques d’une planète provisoire, Chant public devant deux chaises électriques, V comme Vietnam…

Lire le reportage (août 2010) :   Armand Gatti, aux sources de sa résistance en Corrèze

Armand Gatti s’adresse au public dans le cadre de sa pièce « Adam quoi ? » à Marseille, le 27 juillet 1993.

« Un théâtre d’agitation »

Armand Gatti veut faire « un théâtre d’agitation, un théâtre qui divise ». Il y arrive si bien qu’il est victime de censure, en 1968. Cette année-là, il doit présenter, au Théâtre de Chaillot, à Paris, La Passion enviolet, jaune et rouge, qui met en scène le général Franco. A la demande du gouvernement espagnol, et malgré le soutien d’André Malraux, ministre de la culture, la pièce est interdite par le général de Gaulle, qui appelle Armand Gatti « le poète surchauffé ».

Cet acte marque un tournant : Armand Gatti décide de rompre avec le théâtre institutionnel. Il commence une autre vie, qui le mène de Berlin à Gênes en passant par l’Irlande. Il se voit comme un « Indien », le miroir éclaté des utopies du siècle, dont il rend compte en travaillant de manière collective.

DANS SON ŒUVRE COMME DANS SA VIE, IL Y A TOUJOURS DEUX VÉRITÉS : LA VÉRITÉ HISTORIQUE ET LA VÉRITÉ « GATTIENNE »

Un exemple : en 1979, pour son opéra RogerRouxel (du nom d’un des héros de L’Affiche rouge, mort à 18 ans en 1941), il fait d’abord un film, qu’il montre à des apprentis, des couturières, des gendarmes, des résistants, des lycéens, des Gitans… de L’Isle-d’Abeau et de Bourgoin-Jallieu (Isère). Puis chacun participe à la création d’une scène de l’opéra, en composant de la musique…

Démesure

S’il pratique la création collective, et s’il aborde tous les thèmes, la misère et la prison, l’asile psychiatrique et les luttes ouvrières, Armand Gatti reste le poète, celui qui écrit avec des mots fous comme le vent, beaux comme l’espoir, délesté de l’obligation de coller à la réalité. Dans son œuvre comme dans sa vie, il y a toujours deux vérités : la vérité historique et la vérité « gattienne ». Parce que les mots sont faits pour « donner à l’homme sa seule dimension habitable : la démesure ».

C’est cette démesure qui fait la grandeur d’Armand Gatti. A partir de 1984, elle s’inscrit dans des pièces nées de la rencontre avec des jeunes, souvent en stage de réinsertion, à Toulouse, Marseille ou Strasbourg. Gatti les appelle ses « loulous ». Il leur donne des armes pour exister, les invite à réinventer le monde.

Et toujours, il écrit, poursuivant son Aventure de la parole errante qui constitue une œuvre unique, et a trouvé, ces dernières années, refuge à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dans La Maison de l’arbre où il vivait. Dans le maquis, il avait choisi le nom de Don Quichotte. Le Don Quichotte d’un monde d’avenir.

Le dramaturge Armand Gatti à Paris, le 13 juin 2005.

Sur le Web : www.la-parole-errante.org et www.archives-gatti.org

La Nueve mise en scène au théâtre :

https://chroniques-rebelles.info/spip.php?article866