Tous les articles par Eric Sionneau

Le concert de David et Juan Francisco Ortiz

Le vendredi 11 mars, Retirada 37 reprenait ses modestes activités après deux ans d’inaction.

Pour le bonheur de tous, ce fut un succès !!!

Merci à José Manuel et toute son équipe « Le Plessis Tiers-lieu culturel et humaniste », et aux membres de Retirada 37 pour leur implication.

En présence d’un nombreux public, ce sont produit en concert Juan Francisco Ortiz à la guitare et David Ortiz son fils au violoncelle, ce fut une soirée emprunte d‘émotions avec une musique de qualité, les musiciens ont terminé leur concert sous des applaudissements chaleureux.

Merci à eux, ils nous ont offert ce concert gracieusement.

James ( président de Retirada37)

Le 27 janvier dernier Juan Francisco Ortiz et son fils David donnaient un concert pour la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste dans le musée Séfarade à Tolède. Ils étaient ce 11 mars sur la scène du Château du Plessis à l’invitation de notre association en partenariat avec ce nouveau tiers-lieu culturel et humaniste, à La Riche, pour rendre hommage à Francisco Ortiz et à tous les espagnols déportés à Mauthausen-Gusen (Autriche). Les Espagnols portaient un triangle bleu marqué de la lettre « S » pour Spaniers. Plus de 5000 Espagnols y moururent. Les rescapés furent libérés par l’armée américaine le 5 mai 1945. Francisco Ortiz fut de ceux-là.

Aujourd’hui le fils et le petit fils leur rendent hommage à travers leurs concerts de guitare et de violoncelle, avec des œuvres originales composées par Juan Francisco Ortiz et d’autres pièces musicales, de l’art populaire comme le célèbre « Emigrante » de Juanito Valderrama connu de tous les Espagnols réfugiés en France, ou de la poésie avec Federico Garcia Lorca, Antonio Machado et Miguel Hernadez.

Le drapeau républicain que le matricule 4252, Francisco rapporta du camp fut confectionné avec ses camarades. Le fac-similé du drapeau fut offert à José Manuel Cano lopez, responsable du Plessis et sera exposé à la vue du public. Juan Francisco le présenta au Mémorial de Mauthausen lors d’un concert en 2015.

Dans son concert il nous a raconté la vie de son père à travers les morceaux écrits, mais aussi les souffrances de tous ceux qui vécurent sous le franquisme, comme ces 13 jeunes filles qui furent exécutées le 5 août 1939 dans le cimetière de Madrid pour leur seule appartenance aux Jeunesses communistes. Ce fut lors de cet hommage le 5 août dernier que nous rencontrions, mon épouse et moi, Juan Francisco et David à Madrid où ils nous firent la promesse de venir jouer gratuitement à Tours à l’invitation de Retirada37.

La salle était comble, ce 11 mars au Plessis et ils furent nombreux, sur un liste d’attente, à ne pouvoir y participer. L’émotion était forte dans la salle. Juan Francisco et David furent longuement applaudis.
Ce fut une soirée de grande qualité musicale et d’une charge émotionnelle qui restera longtemps gravée dans nos mémoires.

Merci à Juan Francisco, merci à David, merci à José Manuel pour avoir accueilli ce magnifique spectacle. Merci à Viviane et Hervé pour leurs très belles photos. Merci à tous les adhérents de Retirada37 pour leur implication dans cette belle initiative.

Luis et Sylviane (adhérents de Retirada37)

Concierto Juan Francisco y David Ortiz – Memoria
Este 27 de enero pasado, Juan Francisco Ortiz y su hijo David daban un concierto por el día internacional de conmemoración de las víctimas del Holocausto en la Sinagoga del Tránsito (Museo sefardí de Toledo). Este 11 de marzo estaban con nosotros en el escenario del Castillo de Plessis (La Riche – Tours) invitados por nuestra asociación – Retirada37 – en colaboración con este nuevo espacio cultural y humanista, en el pueblo de La Riche, para rendir homenaje a Francisco Ortiz (padre y abuelo de los artistas) así como a todos los españoles exiliados y deportados en el campo de concentración nazi de Mauthausen-Gusen (Austria, 1940-1945). Asignaron a los presos españoles el tristemente famoso Triángulo Azul, con una «S» bordada por «Spaniers». Más de cinco mil españoles murieron durante esos años hasta la liberación del campo el 5 de mayo de 1945. Francisco Ortiz, preso número 4245 fue uno de los que sobrevivieron.

Hoy, el hijo y el nieto de Francisco, les rinden homenaje con un concierto de guitarra y violonchelo con obras originales compuestas por Juan Francisco Ortiz y otras piezas musicales, algunas populares como «El emigrante» de Juanito Valderrama, conocida por todos los españoles exiliados. Otras obras son adaptaciones de obras poéticas de Federico García Lorca, Antonio Machado o Miguel Hernández

La bandera republicana original, echa en Mauthausen por los propios presos sastres y que conservó el preso 4245, fue presentada al público y la familia Ortiz regaló un facsímil al responsable de Plessis, José Manuel Cano López y esta será expuesta en el mismo centro para el público visitante.

En este concierto, a través de la historia de Francisco Ortiz, los artistas cuentan con música y poesía el exilio, la deportación, así como el sufrimiento de las víctimas del franquismo, de las 13 Rosas fusiladas… El pasado 5 de agosto, durante la ceremonia de conmemoración del fusilamiento de las 13 Rosas en el cementerio del Este conocimos a Francisco y a David quienes nos hicieron la promesa de venir a tocar gratis a Tours con la invitación de nuestra asociación Retirada37.

Se llenó la sala este 11 de marzo en el Plessis y hasta tuvimos una larga lista de espera que no pudo asistir. Fue fuerte la emoción durante todo el concierto. Los artistas David y Francisco fueron largamente aplaudidos, una noche de gran calidad musical y con una carga emocional intensa que quedará grabada en nuestra memoria.
Gracias a Juan Francisco y a David. Gracias a José Manuel por haber recibido a los artistas y haber hecho posible este magnífico espectáculo. Gracias a Viviane y a Hervé por las increíbles fotos. Gracias a todos los miembros de Retirada 37 por su implicación en tan bella iniciativa.

Luis et Sylviane (Miembros de Retirada37) traducido por David
James Marco, le président de Retirada37, et José Manuel Cano Lopez, le taulier du théâtre du Plessis.


David et Juan Francisco Ortiz


José Manuel Cano Lopez et Juan Francisco Ortiz déployant le drapeau de république Espagnole.

Les réfugiés républicains espagnols piliers de la Résistance en Limousin

Il y a 80 ans, en Espagne, le général Franco remportait la victoire sur les Républicains, provoquant un exode massif de réfugiés vers la France.
Plusieurs milliers d’entre eux furent accueillis en Limousin et beaucoup jouèrent un rôle essentiel dans la Résistance…

Spécialiste de l’époque troublée de la guerre civile espagnole, l’universitaire Tiphaine Catalan travaille depuis plusieurs années sur le parcours des exilés espagnols réfugiés en Limousin après la défaite des Républicains.

Au fil de ses recherches elle a constaté l’ampleur de cet exil.

Quatre-vingt ans plus tard, ses travaux bientôt publiés montrent également le rôle essentiel qu’ont joué de de nombreux anciens combattants républicains de la Guerre d’Espagne dans les mouvements de résistance du Limousin.

Une guerre civile

Espagne, 1936 : après l’arrivée au pouvoir d’un Front Populaire, la contre révolution du général Franco dégénère en guerre civile.

La lutte entre les militaires nationalistes et les défenseurs de la République pousse de nombreux Espagnols sur les routes de l’exil.

En 1937 les premiers réfugiés, une centaine de femmes et d’enfants, arrivent en Limousin. Ils suscitent un important élan de solidarité. Des comités de soutien se mettent en place.

La Retirada : 7 000 réfugiés espagnols arrivent en Limousin

En 1939 Franco écrase les Républicains : des milliers de nouveaux réfugiés franchissent alors la frontière, c’est la Retirada.

En quelques semaines, près de 7 000 exilés espagnols arrivent en Limousin, beaucoup par le train.

Des femmes et des enfants encore, mais aussi pour la première fois, 3 500 d’hommes. La plupart sont des combattants républicains qui ont combattu les troupes de Franco pendant plusieurs années et qui ne peuvent plus rester en Espagne.

Femmes et hommes vont être séparés.

700 femmes vont être regroupées dans l’ancienne caserne de Magnac-Laval dans le nord de la Haute-Vienne.

D’autres seront envoyées à Bellac, dans le château du Chatelard à Saint-Junien ou dans l’ancienne prison désaffectée d’Aubusson en Creuse.

70 morts dans le camp de Nexon

La plupart des hommes vont être regroupés dans des camps, puis dans 14 compagnies de travailleurs étrangers (CTE) où ils jouissent d’une relative autonomie. Dépendants du ministère des armées ils effectuent des travaux pénibles laissés en jachère par les français mobilisés.

Des camps dits « de concentration » sont implantés à Saint Germain les Belles, Saint Paul d’Eyjeaux , Nexon, Sereilhac et La Meyze.

Durant l’hiver 1942, 70 réfugiés espagnols mourront de froid, de maladie et d’épuisement dans le camp de Nexon.

En 1940, après la défaite et l’armistice face à l’Allemagne, les réfugiés espagnols deviennent indésirables et suspects pour le gouvernement de Collaboration de Pétain.

En Limousin, beaucoup de femmes et d’enfants vont être expulsés de leurs lieux d’accueil pour laisser la place aux nouveaux réfugiés alsaciens.

Disséminés dans des Groupements de Travailleurs Etrangers

La surveillance des hommes va se renforcer. Les Compagnies de Travailleurs Etrangers (CTE) vont être transformées en Groupements de Travailleurs Etrangers (GTE).

Bien que le régime de Vichy les considère comme des ennemis potentiels, ils vont être dispersés dans les campagnes dans des petits groupes jouissant d’une relative autonomie.

Pour pallier le manque d’hommes mobilisés sur le Front ils effectuent des travaux de force sur des chantiers, dans les forêts, dans les fermes ou dans les mines.

En Corrèze, les barrages de l’Aigle et de Bort-les-Orgues seront construits en partie par les GTE espagnols.

Ces petits groupes d’anciens combattants soudés, politisés (ndc : notamment à la CNT en ce qui concerne le barrage de l’Aigle) et éloignés des villes vont rapidement devenir l’un des principaux terreaux des maquis limousins en gestation.

Le temps des Maquis

En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone libre.

C’est aussi le début de l’entrée des Espagnols dans les mouvements de la Résistance limousine.

Avec l’instauration du Service de Travail Obligatoire en Allemagne (STO) la plupart des hommes des Groupements de Travailleurs Etrangers (GTE) espagnols disséminés dans les campagnes du Limousin vont prendre le Maquis.

Ils vont rapidement y être appréciés et très recherchés. Ils vont s’illustrer par leur expérience, leur efficacité et leur courage.

On va les retrouver indifféremment dans les trois principaux mouvements de Résistance à l’œuvre dans la Région : les Francs-Tireurs et Partisans (FTP), l’Armée Secrète (AS) et l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA).

Forts de leur expérience de la guérilla contre les troupes franquistes mais aussi de leur culture politique, les réfugiés espagnols joueront souvent un rôle de formateurs et d’instructeurs auprès des jeunes Français inexpérimentés qui ont rejoint le Maquis.

Les anciens de la Guerre d’Espagne sont également réputés pour leur expertise en matière d’explosifs. Les « dynamiteros », comme certains les appelaient à l’époque, seront à l’origine de nombreuses opérations de sabotage.

On estime qu’au moins 2 000 réfugiés républicains espagnols ont combattu dans la Résistance en Limousin.

Des figures marquantes de la Résistance

En Creuse, dans les environs de Grand-Bourg, une douzaine d’hommes du 420ème GTE se regroupent et prennent le Maquis autour de Vidal de Juan Baldazo, dit Vidal. Quatre d’entre eux seront arrêtés, torturés et fusillés à la prison de Limoges en 1944.

A Limoges, Casto Balesta, un anarchiste de la CNT qui avait participé à des expériences de collectivisation en Catalogne, prend contact avec l’Armée Secrète. Il en deviendra un des leaders jusqu’à la Libération.

A Treignac, en Corrèze, Joaquim Muro, dit Quino, ancien combattant communiste en Andalousie, rejoint le Colonel Guingouin, le chef du Maquis Limousin, dont il deviendra l’un des hommes de confiance jusqu’à la fin de la Guerre.

La socialiste barcelonaise Neus Català combat les nazis dans les Maquis de Dordogne et de Corrèze avant d’être arrêtée, emprisonnée à Limoges, torturée puis déportée à Ravensbrûck.

En juillet 1944, lors de la célèbre bataille du Mont Gargan, le colonel Guingouin les charge de contenir l’avancée allemande dans le cimetière de Saint-Gilles-les-Forêts.
Ils tiendront leur position pendant plusieurs jours face aux Allemands et aux miliciens, permettant à la Résistance d’évacuer plus facilement les armes et les munitions parachutées par les Alliés.

Le « Capitaine Tito »

En 1942, âgée de 5 ans, Amada Pedrola Rousseaud arrive à Bellac avec sa mère, une militante communiste qui avait fui Barcelone. Elle se souvient de son oncle qui les y a rejoints.

Après avoir combattu Franco dans l’armée républicaine en Catalogne Francisco Valero avait fui l’Espagne en 1939 avec les derniers réfugiés à franchir la frontière. Puis il avait rejoint la Résistance en Limousin après s’être évadé d’un camp de travail de l’organisation Todt en Bretagne.

Devenu le « capitaine Tito », il créé alors son propre groupe de l’Armée Secrète à Bellac : le « groupe Cherbourg ».

Avec 200 maquisards sous ses ordres, dont une majorité d’Espagnols, le « capitaine Tito » se spécialise rapidement dans les opérations de commandos et de sabotage.

Depuis son camp dissimulé dans les bois du Roy il organise des opérations de récupération de parachutage d’armes effectués par les alliés au Dorat.

Il fait exploser un pont sur la Glayeule à Bellac et en 1944 il mène des combats contre les Allemands à Droux.

Avec ses hommes Francisco Valero participe à la libération de Bellac et il défilera dans les rues de la ville lors des cérémonies de la Victoire.

D’autres groupes de résistants espagnols défileront aux côtés des hommes de Georges Guingouin à la libération de Limoges.

L’impossible retour

Après la Libération, comme beaucoup de réfugiés espagnols ayant participé à la Résistance, le « capitaine Tito » ne parlera plus de la guerre, même à sa famille.

Il se fondra dans la vie civile, abandonnera toute activité militante et tentera de reconstruire une vie paisible, avec dans le cœur, la blessure de l’impossible retour vers sa terre natale gouvernée d’une main de fer par la dictature franquiste jusqu’en 1975.

Une exposition consacrée aux Brigades Internationales espagnoles se tient actuellement au Musée de la Résistance à Limoges.

VIDEO : de la Guerre d’Espagne à la Résistance en Limousin

https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/guerre-espagne-resistance-limousin-1759675.html

Motion au regard du conflit en Ukraine

Le Conseil d’Administration de Caminar a adopté hier le principe et les orientations d’une motion au regard du conflit en Ukraine.

Vous trouverez ci-dessous le texte de cette motion.

Nous sommes descendants et amis des exilés de l’Espagne républicaine.

Nos parents, nos amis ont subi il y a 86 ans des interventions extérieures sans lesquelles un quarteron de généraux putschistes n’aurait pu imposer au peuple espagnol une dictature sanglante qui s’est prolongée pendant plus de quarante années.

A ce titre nous ne pouvons que condamner l’agression militaire décidée par le Président Poutine contre un État souverain, l’Ukraine.

C’est sous l’égide de l’O.N.U, dans le respect des principes du droit international et de la diversité des populations des États souverains constituant la communauté internationale, que doivent se résoudre les conflits éventuels et non par la guerre et l’occupation.

Descendants et amis de l’exil républicain, nous savons les souffrances engendrées par la guerre. Pour beaucoup des nôtres elle a été à l’origine d’un exil définitif.

Le France des droits humains a accueilli dans des conditions souvent inhumaines et indignes les exilés de la République espagnole.

Déjà par centaines de milliers des Ukrainiens, femmes et enfants, fuient les combats cherchant refuge dans des États limitrophes.

Nous exigeons que notre pays, la France, remplisse ses devoirs humanitaires et respecte enfin un droit d’asile malheureusement mis à mal à l’occasion des conflits récents du Moyen Orient et de l’Afrique.

CONCIERTO PARA LA MEMORIA

Juan Francisco Ortiz à la guitare
et David Ortiz au violoncelle


11 Mars

DÉSIRS PARTAGÉS AVEC LA RETIRADA 37

LE PLESSIS,
tiers-lieu culturel et humaniste
LA RICHE

19h – BAR-RESTAURATION – produits bios et circuits courts

20h – CONCERT – « Concierto para la memoria » Juan Francisco et David Ortiz
TARIF LIBRE

5€ mini (tarif minimas sociaux, enfants, scolaires, étudiants)

8€ mini (tarif partagé)

10€ mini (tarif solidaire)

Réservations au 02.47.38.29.29

ou info@plessis-tierslieu.fr

Entrée sur présentation d’un pass vaccinal.

19h – EXPOSITION – Jean Louis Maître, Alain Papillon, Maxime Leroy Guerlot, Julie Sillard, Josselyn David, Agathe Bordeau, Karin Opolko Gonin.

Pour donner un coup de projecteur sur la gouvernance partagée du nouveau
projet du Plessis, l’exposition du mois de février met à l’honneur le comité
des usagers. Ancrée dans le partage et la solidarité, la première Exposition
des usagers propose la découverte d’œuvres des artistes Maxime Leroy, Guerlot, Alain Papillon, Karin, Opolko Gonin et Julie Sillard autour de la photographie, Jean-Louis Maitre, autour d’un travail sur le papier, et Josselyn David et Agathe Bordeau à travers la peinture, notamment.

Un dialogue entre pratiques professionnelles et amateurs au cœur des droits culturels et du projet du Plessis, /ers-lieu culturel et humaniste.
+ BAR-RESTAURATION

Retrouvez nos produits bios et en circuit court ! Clubs sandwich, soupes, gâteaux, vins, jus et tisanes bios.

20h – « CONCIERTO PARA LA MEMORIA» – Juan Francisco et David Ortiz

Le musicien franco-espagnol rend hommage à son père à la guitare et son fils David à son grand-père au violoncelle, Francisco Ortiz, prisonnier 4252 à Mauthausen-Gusen (Autriche). Il s’agit aussi d’un hommage aux Espagnols qui furent déportés dans les camps d’extermination nazis. Ils jouent en duo avec son fils David Dans ce programme il évoque son père, le camp de Mauthausen et l’histoire d‘un drapeau républicain, œuvre composée par lui-même inspirée par l’escalier de la mort du camp : 190 marches que les prisonniers étaient obligés de monter avec des blocs de pierre de plus de cinquante kilos. « Beaucoup d’entre eux périrent succombant à l’épuisement » rappelle F. Ortiz. Il interprète également « El Emigrante » de Juanito Valderrama, un texte que son père “chantait beaucoup” en souvenir de l’Espagne perdue; une suite juive de trois morceaux ainsi qu’une en Yiddish ; une autre composition de sa création sur les Treize Roses, résistantes républicaines fusillées par les franquistes (Que mon nom ne s’efface pas), un hommage aux poètes Lorca, Machado et Hernandez, avant de terminer sur trois œuvres symboliques de la résistance : La liste de Schlinder, El Cants dels Ocells, et Bella Ciao.

Élève des maîtres Alexandre Lagoya et Andrés Segovia, il a partagé des festivals avec Paco de Lucia, Manolo Sanlucar et Carmen Linares.
Nommé Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques en janvier 1985, en mai 2001, il est récompensé par la Médaille d’Argent de l’Académie des Arts, Sciences et Lettres et en septembre il est décoré de la Croix d’Argent du Mérite et
Dévouement français. En 2003, il obtient pour son travail la récompense « 21st Century Award of Achievement » de l’Université de Cambridge (Angleterre).

David Ortiz a suivi depuis son enfance, des cours de formation musicale aux
conservatoires de Pau et de Perpignan jusqu’à atteindre la Master classe de
Violoncelle et de musique de Chambre. Il a également été professeur de violoncelle au conservatoire de musique de Prades. Il joue pour de nombreuses associations de Mémoire historique et souvent en duo avec son père Juan Francisco Ortiz.

Juan et David Ortiz jouent gracieusement pour cet hommage musical au Plessis.
Cette manifestation vous est proposée en partenariat avec l’association Retirada
37 qui a pour but de faire vivre les mémoires et les valeurs des Républicains
espagnols exilés à travers des expositions, des conférences, des débats mais aussi par un travail de recherche sur cette histoire.

La Retirada désigne l’exode des réfugiés espagnols en 1939 suite à la guerre civile remportée par Franco. « L’association est née suite aux retrouvailles d’un vieil ami qui faisait partie d’Europe de la Mémoire et qui m’a proposé de faire quelque chose ensemble sur les mémoires des Républicains espagnols » explique Luis Lopez, le président à la création de l’association la Retirada 37.

RAICES Y SEMILLAS

Hola tod@s. Je me permet de re partager ici aujourd’hui une chanson que j’ai écrite intitulée ABUELO. J’ai essayé d’y raconter le parcours de mi abuelo, Manuel Jimenez , militant andalou qui n’avait que 18 ans quand le coup d’état puis la guerre d’Espagne ont commencé. Après le front de Jarama, la défense de madrid … il s’est retrouvé comme tant d’autres prisonniers au camp d’argelès puis à la base sous marine de Bordeaux dont il s’évada pour rejoindre la résistance dans les Landes. C’est aussi pour lui rendre hommage que le groupe s’appelle EL COMUNERO. C’est ainsi que l’avaient surnommé ces camarades de lutte de la CNT pour railler son engagement communiste. A travers lui, c’est aussi aux centaines de milliers d’hommes et de femmes qui ont vécu ces événements que j’ai voulu rendre hommage. Depuis 13 ans maintenant, nous sillonnons avec le groupe les scènes de France et d’Espagne. Au delà des concerts, nous essayons de raconter et transmette cette histoire et les valeurs qu’elle véhicule aux plus jeunes en montant des projets en lycée et en collège, en travaillant avec des réalisateurs, des historiens, des témoins, des auteurs, des acteurs de théâtre etc, pour trouver d’autres façons de transmettre ce que nos abuel@s nous ont transmis. En ces temps troubles de surenchère populiste et néo fasciste, cela me parait plus que jamais nécessaire. Ce post un peu long pour vous expliquer aussi qu’étant donné les valeurs que nous défendons, nous n’intéressons pas les labels et producteurs, qui ne nous intéressent pas non plus d’ailleurs. Nous travaillons en totale indépendance et cela aussi colle aux valeurs que nous voulons porter. Nous avons enregistré un 5eme album qui doit sortir en septembre 2022. Il s’appellera RAICES Y SEMILLAS. Pour parvenir à le sortir et à boucler notre budget, nous avons monté un financement participatif. Chaque don donne droit à une contrepartie. Dès 10 euros vous pouvez précommander l’album en format numérique ici : https://www.helloasso.com/associations/tu%20veux%20qu%20on%20en%20parle/collectes/nouvel-album-de-el-comunero . Nous avons besoin de toute les bonnes volontés pour remplir l’objectif. Aussi un grand merci d’avance à celles et ceux qui pourront et voudront nous soutenir.

Un abrazo fraterno a todos.


SEGUIMOS LUCHANDO

extrait du 4eme album « 10 años de rebeldía.  » du groupe EL COMUNERO. Filmé et enregistré en live à la dynamo en mai 2018 à Toulouse. Sortie prévue en 2019. Images et montage, Fiasco Prod

La Nueve, ces anarchistes qui libérèrent Paris…

Manuel se souvient… Il a perdu la plupart de sa famille pendant le bombardement nazi en Espagne. Après la défaite, Manuel rejoint la Neuvième compagnie, La Nueve, dans une lutte désespérée pour libérer l’Europe du Nazisme et retrouver sa fille.

Voir ce le lien vers ce petit film (en espagnol) de 14 minutes
: https://fibabc.abc.es/cortos/la-nueve/

La Retirada ou l’exil républicain espagnol d’après guerre

La guerre d’Espagne a entraîné le départ de plusieurs vagues de réfugiés vers la France, de 1936 jusqu’en 1939 où la chute de Barcelone provoque, en quinze jours, un exode sans précédent. Près d’un demi million de personnes franchissent alors la frontière des Pyrénées, dans de terribles conditions. C’est la Retirada.


1936-1939 : Un pays divisé par une guerre civile

À partir de la fin du XIXe siècle, les conflits sociaux et politiques se succèdent en Espagne et la proclamation de la Seconde République, le 14 avril 1931, vient nourrir l’espoir d’une société meilleure. Le gouvernement entreprend une série de réformes novatrices, au caractère progressiste, venant rompre avec les régimes et gouvernements précédents, fortement soutenus par l’Église et d’obédience plutôt conservatrice. Les changements opérés face au modèle séculier sont immédiats et radicaux : séparation de l’Église et de l’État, mariage et divorce civil, réformes de l’armée, de l’enseignement, réforme agraire, mesures sociales et professionnelles, statut d’autonomie pour la région catalane et de façon notable, droit de vote pour les femmes et droit à l’avortement.

Mais malgré des avancées, dans l’enseignement ou les droits des femmes notamment, la déception grandit et, petit à petit, les illusions s’évanouissent pour laisser place à l’expression du mécontentement populaire qui exacerbe les tensions sociopolitiques. Le 18 juillet 1936, le soulèvement militaire, préparé par les nationalistes, éclate, la guerre d’Espagne commence. Durant près de trois ans, le peuple espagnol se trouve divisé : d’un côté, les nationalistes, dirigés par le Général Francisco Franco et soutenus par l’Église et l’armée, de l’autre les Républicains qui comptent dans leurs rangs différentes tendances de gauche – marxistes, anarchistes, socialistes, communistes et républicains modérés. Souvent considérée comme un prélude à la Seconde Guerre mondiale, l’Espagne devient aussi le terrain de confrontations internationales. Dans le camp nationaliste, les troupes d’Hitler et de Mussolini s’entraînent et testent leur matériel. La République espagnole reçoit, de son côté, l’appui de milliers de volontaires étrangers.

Le début de l’exode

L’avancée des troupes franquistes oblige, dès 1936, de nombreux républicains à quitter provisoirement l’Espagne pour fuir les combats. Un exode intérieur jette également sur les routes des milliers d’Espagnols, qui trouvent progressivement refuge en Catalogne. Quand le 26 janvier 1939, Barcelone tombe aux mains du général Franco, la population catalane – et avec elle des milliers de républicains provenant de toute l’Espagne – se dirige vers la frontière française pour échapper à la répression et aux bombardements. Ces civils sont bientôt rejoints par une partie de l’armée républicaine en déroute. Cette retraite – la Retirada – entraîne dans l’exode des centaines de milliers de réfugiés. Le passage de la frontière se fait dans des conditions particulièrement pénibles : les populations sont affaiblies par trois ans de combats et de privations, les cols sont enneigés, l’aviation franquiste bombarde les réfugiés sur les routes catalanes. Civils et militaires sont le plus souvent partis précipitamment, avec peu d’affaires, et ils arrivent en France dans le dénuement le plus complet.

Partagé entre la crainte de voir des « hordes » de révolutionnaires « rouges » déferler sur le pays et le respect des valeurs républicaines qui accordent asile et hospitalité aux persécutés, le gouvernement français du radical Edouard Daladier décide finalement d’ouvrir la frontière le 28 janvier 1939, mais aux seuls réfugiés civils. Les hommes armés patientent quelques jours de plus sous les bombardements franquistes.

Le 5 février, la frontière est enfin ouverte aux soldats républicains. Du 28 janvier au 13 février, ce sont 475 000 personnes qui passent la frontière française, en différents points du territoire : Cerbère, Le Perthus, Prats de Mollo, Bourg-Madame, etc.

Un accueil mitigé

Ces réfugiés ne bénéficient pas d’un accueil optimal. En dépit du soutien de la gauche et des tenants d’une attitude humaniste, la France de 1939 est loin d’être pour les Espagnols la République sœur dont ils espéraient obtenir réconfort et soutien. Rongée par la crise économique, en proie aux sentiments xénophobes, repliée sur elle-même, la société française offre aux réfugiés un accueil plus que mitigé. Avant même la Retirada, plusieurs décrets-lois ont été édictés par le gouvernement Daladier, dont celui du 12 novembre 1938 qui prévoit l’internement administratif des étrangers « indésirables », c’est-à-dire susceptibles de troubler l’ordre public et la sécurité nationale. Les Espagnols sont les premiers à subir les conséquences de cette politique nouvelle en direction des populations allogènes.

Le gouvernement français avait envisagé l’afflux de réfugiés à sa frontière mais jamais dans de telles proportions et il se retrouve débordé par la situation. Les autorités déploient les troupes militaires aux différents points de passage. Les Espagnols, comme les volontaires étrangers, sont désarmés, fouillés, identifiés puis envoyés dans des centres de recueil dispersés le long de la frontière pour y être vaccinés et ravitaillés.

Dans l’urgence et face à la pression des réfugiés qui se pressent à la frontière, certaines opérations d’identification et de vaccination ne peuvent être menées à bien. Les familles sont séparées. Les femmes, les enfants et les vieillards sont envoyés en train vers les départements de l’intérieur de la France. Plus de 70 départements français accueillent ainsi des groupes de réfugiés civils, durant plusieurs mois, dans des structures d’hébergement diverses, mises à disposition par les municipalités. Les conditions de vie dans ces centres d’hébergement sont variables et dépendent en partie de l’accueil que leur réserve l’équipe municipale en poste et de la mobilisation de la population locale.

Les camps d’internement

Les hommes, eux, sont parqués dans des camps d’internement, montés à la hâte sur les plages du Roussillon et dans le sud-ouest de la France. Quelques groupes de femmes et d’enfants sont aussi du voyage, preuve de la désorganisation des autorités à la frontière. Les camps d’Argelès-sur-mer, du Barcarès et de Saint-Cyprien sont construits à même le sable, par les réfugiés, utilisés comme main d’œuvre par les autorités. Les camps du Vernet d’Ariège, de Septfonds, de Rieucros, de Gurs, de Bram et d’Agde viennent compléter ce dispositif d’internement. Ils sont pensés pour désengorger les camps du Roussillon où sont internés plusieurs dizaines de milliers d’hommes – 87 000 personnes pour le seul camp d’Argelès début mars 1939 (chiffre donné à la date du 6 mars 1939 – archives départementales des Pyrénées Orientales, 31W274).

Les conditions de vie dans ces camps, que les autorités françaises nomment elles-mêmes, en 1939, « camps de concentration », sont extrêmement précaires (début février 1939, à l’occasion d’une conférence de presse à propos du camp d’Argelès, le ministre de l’Intérieur Albert Sarraut s’exprime en ces termes : « le camp d’Argelès sur Mer ne sera pas un lieu pénitentiaire, mais un camp de concentration. Ce n’est pas la même chose », in Geneviève Dreyfus-Armand, Émile Temime, Les Camps sur la plage, un exil espagnol, Paris, éditions Autrement, 1995, 141 p.).

Les premières semaines, les hommes dorment à même le sable ou la terre, sans baraquement pour s’abriter. Les décès sont réguliers en raison du manque d’hygiène et des difficultés d’approvisionnement en eau potable et en nourriture. Les conditions de surveillance sont drastiques et assurées par les troupes militaires, tirailleurs sénégalais, spahis ou garde républicaine mobile.
Humiliés par cet accueil et les conditions de vie qu’ils subissent durant leurs premiers mois en France, les réfugiés tentent cependant d’améliorer leur quotidien dans les centres d’hébergement et dans les camps. En comptant parfois sur l’aide de différentes organisations internationales de soutien aux réfugiés espagnols, ils organisent différentes activités afin de ne pas sombrer dans la folie et la dépression. Jeux de cartes, parties d’échecs, rencontres sportives, cours scolaires de tous niveaux, rédaction de journaux ou de bulletins, conférences improvisées et discussions politiques constituent l’emploi du temps de la majorité des réfugiés.

Dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale

À la mi-juin 1939, 173 000 Espagnols sont encore internés dans les camps français. La situation, qui devait être temporaire, se prolonge. Les autorités favorisent les rapatriements en Espagne pour alléger la charge représentée par les réfugiés. Nombreux sont alors les Espagnols à retourner en terre franquiste, pas toujours volontairement. Des cas de rapatriements forcés sont signalés, notamment au départ des centres d’hébergement. Certains réfugiés essaient alors d’émigrer en Amérique latine, refusant le retour en Espagne tant que Franco est au pouvoir. Le Mexique accueille des réfugiés, mais les effectifs resteront limités. Alors que la guerre se profile, ceux qui restent deviennent pour le gouvernement français une possible main d’œuvre pour remplacer les appelés au front. Les Compagnies de Travailleurs Étrangers sont organisées dès le mois d’avril 1939 par un décret-loi et des milliers d’Espagnols, de sexe masculin et âgés de 20 à 48 ans, sont embauchés dans le but de fortifier les frontières et de participer à des travaux publics de grande envergure. Les autorités militaires proposent aussi aux réfugiés espagnols de rejoindre la Légion Étrangère ou le corps des Régiments de Marche de Volontaires Étrangers.

Durant la Seconde Guerre mondiale, des groupes de réfugiés espagnols s’organisent dans les maquis et entrent en résistance contre l’occupant nazi et le gouvernement de Vichy. La motivation des Espagnols est portée par l’espoir de renverser, avec l’aide des démocraties européennes, le régime de Franco. Or, les puissances alliées ne tiendront pas leurs promesses. Franco reste au pouvoir jusqu’en 1975, prolongeant ainsi l’exode des réfugiés qui deviendront des exilés politiques (à noter qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on compte 240 000 Espagnols en France, parmi lesquels 40% d’exilés républicains).

Aujourd’hui, plus de soixante-dix ans après la Retirada, de nombreux Espagnols – anciens réfugiés – sont toujours installés dans les régions françaises, notamment dans le Sud-Ouest. Leurs enfants et petits-enfants se chargent d’entretenir la mémoire de ceux qui, à leurs yeux, ont lutté jusqu’à la mort pour un idéal humaniste.

Dossier réalisé par Cindy Coignard et Maëlle Maugendre de l’Association Adelante

https://www.histoire-immigration.fr/dossiers-thematiques/caracteristiques-migratoires-selon-les-pays-d-origine/la-retirada-ou-l-exil »

La révolution espagnole étranglée par Staline

En 1937, en pleine guerre contre les forces franquistes, le Parti communiste espagnol, fort de l’appui soviétique, attaquait d’autres composantes de gauche – la CNT anarco-syndicaliste et le POUM léniniste antistalinien. Une offensive qui a signé l’amorce du démantèlement des collectivités libertaires de Catalogne et d’Aragon. Eclairage de Karel Bosco.

Barcelone est occupée par les troupes franquistes le 26 janvier 1939, Madrid-la-Courageuse le 28 mars. La terrible Guerre civile espagnole s’achève dans le fracas des armes – 600 000 à un million de morts. Mais elle va se poursuivre dans le silence. Déjà en 1939 ont été enfermées en camps de concentration 700 000 personnes, dont le travail forcé visera à redresser la situation économique catastrophique de la péninsule saccagée, puis à construire usines, casernes, prisons, barrages, aéroports et lignes ferroviaires, sans parler de l’exploitation de l’étain, du fer, du charbon. Entre 1939 et 1944, près de 200 000 personnes sont assassinées par les escadrons franquistes, sans compter les prisonniers morts de froid, de faim, d’épuisement et de maladies, ni ceux qui ont succombé sous les tortures ou qui ont préféré se suicider. En 1948, 20 mineurs du bassin asturien sont jetés dans un puits, attachés les uns aux autres et brûlés vifs par des unités de police. Entre 1947 et 1949, c’est la terreur de masse qui brise les ultimes résistances paysannes.

Ce système concentrationnaire et totalitaire devait durer jusqu’à la mort de son chef, en 1975, et les aménagements de surface – ainsi dans le domaine du tourisme – ne changèrent rien à sa nature criminelle, « lointain héritage de l’Etat-Eglise inquisitorial, esclavagiste et génocidaire du dénommé Siècle d’Or » (César Lorenzo).

Les divisions tragiques du camp républicain

Si Franco a écrasé la République et massacré tant de paysans et d’ouvriers, ce fut grâce à la complicité tacite des Etats européens, dont l’Angleterre – qui entraîna la France dans la désastreuse politique de « non-intervention » – et surtout grâce à l’appui militaire de Mussolini et d’Hitler. Mais on ne peut plus passer sous silence aujourd’hui les tragiques divisions qui minèrent et affaiblirent le camp républicain. Il s’agit d’un chapitre de l’histoire de la Guerre civile que les militants des gauches révolutionnaires ont gardé au cœur comme une flèche empoisonnée et que des historiens, d’abord peu nombreux, ont cherché à éclairer. Le grand public ne l’a vraiment découvert qu’à travers le film de Ken Loach, Land and Freedom (1995), libre adaptation du témoignage de l’écrivain engagé George Orwell, Hommage à la Catalogne (1938).

Trois ans avant le film de Loach, un téléfilm espagnol de haute qualité – diffusé en France par Arte – avait déjà jeté une lumière crue sur cet arrière-fond sordide : Opération Nikolaï, de Maria D. Genovés et Llibert Ferri. Une manière rigoureuse de confirmer ce qu’avaient rapporté Julian Gorkin, du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM), dans son livre rageur de 1941, Canibales Politicos : Hitler y Stalin en España, publié à Mexico, ou encore José Peirats dans la somme qu’il avait consacrée à la Confédération nationale du travail (CNT) en 1951-1953 – 1200 pages !

En 1961, les historiens Broué et Témime proposaient une première et monumentale synthèse en langue française, La Révolution et la Guerre d’Espagne (Ed. De Minuit). Depuis la mort de Franco, le retour difficile de l’Espagne à la démocratie et l’ouverture partielle des archives du KGB en Russie ainsi que celles des partis communistes en Occident, quantité d’études ont été publiées, notamment Le POUM : Révolution dans la guerre d’Espagne de Wilebaldo Solano, un ouvrage militant (Ed. Syllepse, 2002) et le très substantiel Mouvement anarchiste en Espagne – Pouvoir et révolution sociale de César M. Lorenzo (Ed. Libertaires, 2006).

En 1969, dans Le vif du sujet, Edgar Morin avait mis en évidence les arêtes de la problématique, sans détours ni litotes : « La guerre d’Espagne continue à être perçue comme épopée et non comme tragédie (…). Il y eut tragédie dès 1936, et la suite fut le pourrissement de cette tragédie. L’alternative franquisme-république continue à masquer des contradictions qui ont pourtant éclaté dans le sang. (…) A l’intérieur de la république, avant même [le putsch de Franco], le conflit entre la révolution et l’ordre bourgeois avait éclaté. Dans ce conflit, le stalinisme devait intervenir de plus en plus efficacement comme le tiers excluant, tuant la révolution et faisant progresser sa révolution sous le couvert de l’ordre. Il y eut une montée révolutionnaire culminant au partage des terres et des biens en Aragon [et en Catalogne] (…). Et ce furent les républicains, et non Franco, qui la brisèrent, et ce fut dans cette répression que se scella la belle et bonne alliance entre bourgeois républicains et communistes staliniens. L’actuelle mythologie antifasciste se fonde sur l’anéantissement des communes [libertaires] d’Aragon et de Catalogne ».

Des soi-disant contre-révolutionnaires soumis à la question

Il faut approfondir. Lorsque la révolution sociale éclate en Espagne en 1936, suite à la victoire électorale des forces de gauche rassemblées dans le Frente popular, et que le coup d’Etat de Franco va fracasser dans les conditions que l’on sait, les visages du changement et du renouveau sont multiples : les anarcho-syndicalistes de la CNT – près d’un million de militants – ; les socialistes divisés en une aile réformiste et une aile radicale ; le POUM léniniste mais violemment antistalinien et distant de Trotsky ; les divers courants républicains de gauche ; les militants des autonomies basque et catalane ; le Parti communiste espagnol, encore très minoritaire.

La révolution, en Catalogne et en Aragon, dans une certaine mesure en Estrémadure et en Andalousie, c’est, sous l’égide la CNT mais pas d’elle seule, le partage des terres et la socialisation des outils de production, celle-ci étant particulièrement visible à Barcelone, promue « capitale du prolétariat mondial », où les ouvriers gèrent eux-mêmes leurs entreprises, non sans difficultés. Sur le plan militaire, Staline apporte le soutien de la Russie soviétique, salué avec émotion et enthousiasme par le peuple qui doit affronter les armées de Franco, bien entraînées, bien équipées et parfois fanatisées.

Un soutien qui se paie : 500 000 kilos de lingots d’or – les deux tiers des réserves de la Banque d’Espagne – sont « mis en sûreté » en URSS par le gouvernement républicain (et ils ne seront jamais restitués) : Madrid était déjà assiégée, il est vrai, toutefois Barcelone ou Valence auraient pu abriter ce trésor, mais elles étaient sous le contrôle d’une CNT fort mal vue des autorités.

Fort de l’aide soviétique, le PC espagnol monte en puissance et passe à l’offensive en 1937. Sa volonté de mettre la main sur la centrale téléphonique de Barcelone, lieu stratégique occupé par les anarchistes, débouche sur un affrontement armé entre ses militants et ceux de la CNT et du POUM, qui coûtera la vie à 500 personnes. Un affrontement qui s’étendra à l’ensemble de la Catalogne et de l’Aragon, où les troupes « marteau et faucille » s’activeront à liquider les communes paysannes, qui assurent pourtant le ravitaillement des zones républicaines. Et cela alors que les milices révolutionnaires et que les volontaires des 70 nations engagés dans les Brigades internationales sont au feu face à la barbarie franquiste…

Non contents de détruire, les dirigeants du PC salissent et insultent, sur les conseils des agents du NKVD – la police secrète soviétique – infiltrés dans l’administration républicaine : les militants de la CNT et plus encore ceux du POUM, haïs de Staline, sont accusés de complicité active avec Franco, avec Hitler. Les tchekas, culs-de-basse-fosse du NKVD en Espagne, se remplissent de soi-disant contre-révolutionnaires soumis à la question. Andrès (Andreu) Nin du POUM, la figure la plus respectée et la plus prestigieuse de la révolution espagnole, est kidnappé, torturé et assassiné par les nervis staliniens, entre autres par le Hongrois Erno Gerö – ce qu’a révélé le téléfilm Opération Nikolaï.

La révolution est écrasée, la liberté recule partout en Espagne, les armés franquistes progressent inexorablement. Staline se retire sur la pointe des pieds – il a d’autres soucis, d’ordre diplomatique. Valence, Barcelone, Madrid tombent. La tentative de constituer une première « démocratie populaire » de style soviétique sur sol étranger a échoué. Et c’est tout un peuple qui a été massacré, et qui va subir le martyre durant près de quarante ans.

Pour une autre image du futur humain

Il est évident que l’histoire de la Guerre civile espagnole ne se réduit pas à cette seule tragédie, ni que l’engagement d’une bonne partie des militants du PC ne se limite aux pratiques criminelles de ses dirigeants sous influence, mais il est inconcevable de négliger, pire, d’oublier ces événements et leur profonde signification politique à l’heure où la mondialisation meurtrière des économies nous met au défi de penser et de développer une alternative solidaire et démocratique à caractère écologique et socialiste. L’expérience, même brève, même cassée, des communes libertaires et des usines autogérées de Catalogne et d’Aragon n’est pas un passé qui n’intéresserait que des universitaires. Elle peut être une des images possibles du futur humain.

Les efforts et les sacrifices inouïs qui furent ceux du peuple russe et de son armée durant la Seconde Guerre mondiale, et qui contribuèrent plus que largement à libérer l’Europe de l’hydre nazie, ne changèrent rien aux pratiques staliniennes une fois la victoire acquise : tortures et procès truqués dans les Etats satellisés par l’URSS – Bulgarie, Hongrie, Tchécoslovaquie notamment –, au cours desquels sont liquidés de vieux militants, des résistants à l’occupant allemand, des anciens combattants de la Guerre d’Espagne. Et la répression, sinon le feu, pour la classe ouvrière quand elle n’est plus docile : à Berlin-Est et dans les grandes villes de l’Allemagne communiste en 1953 ; en Hongrie en 1956 – face aux conseils d’usines – ; en Tchécoslovaquie en 1968 – toujours face aux conseils d’usines – ; en Pologne en 1970 – les forces armées tirent sur les ouvriers de la Baltique. Certaines bonnes leçons avaient été retenues : à Budapest, le 25 octobre 1956, le peuple défilait pacifiquement devant l’immeuble de la radio ; sur l’ordre du secrétaire du Parti, les agents de la police secrète ouvrent le feu, précipitant la violence. Le secrétaire ? Erno Gerö, l’assassin d’Andrès Nin.

* Historien, Genève.

https://lecourrier.ch/2017/09/11/la-revolution-espagnole-etranglee-par-staline/

Label Histoire – Les réfugiés Espagnols

Et vous, auriez-vous tendu la main aux réfugiés de la guerre d’Espagne ?

En février 1939, après la victoire de Franco, un demi-million d’espagnols traverse les Pyrénées pour chercher refuge en France. Ils n’ont plus rien. Juste faim et froid. Et fuient 3 ans de guerre civile qui les ont déjà épuisé.

Mais désignés comme des « étrangers indésirables », les réfugiés vont être traités comme du bétail, logés dans ce qu’on n’a pas peur d’appeler à l’époque « des camps de concentration » avant d’être emportés dans le tourbillon de ce qu’ils appellent la guerre de France, c’est-à-dire la seconde guerre mondiale !

Pourquoi Léon Blum n’a-t-il pas soutenu le Front Populaire espagnol ? La France a-t-elle trahi les républicains ? Et vous, auriez-vous tendu la main aux réfugiés de la guerre d’Espagne ?

Myriam Bounafaa et François Reynaert mènent l’enquête auprès de Cali, le chanteur, et ceux qui ont vécu le drame …