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“Guérilleros, France 1944. Une contre-enquête” par Christophe Castellano & Henri Melich

Un témoignage et une enquête pour l’histoire

La connaissance historique ne progresse pas de façon linéaire. Il faut, bien souvent, la conjonction de recherches et de témoignages mais aussi la conviction qu’un aspect important d’une période est mal connu, voire occulté, et qu’il mérite d’être mis en lumière afin de mieux comprendre la complexité des événements. La volonté de savoir et de comprendre est donc nécessaire. La volonté aussi de reconstituer des itinéraires méconnus et de redonner une identité à des personnes éliminées physiquement par d’autres sous des prétextes plus ou moins obscurs et longtemps restées dans les oubliettes de l’histoire.

Cette publication réunit ces trois composantes : le témoignage d’un acteur, l’enquête menée par lui-même et son coauteur ainsi que le souci d’éclairer les mystérieuses disparitions – treize – survenues dans le département de l’Aude à l’été et à l’automne 1944. Treize exilés espagnols antifranquistes assassinés par d’autres Espagnols également en exil et se réclamant de la 5e brigade de guérilleros de l‘Aude, mouvement armé de résistance. Comment expliquer de tels actes ? C’est ce à quoi les deux auteurs s’emploient.

Afin d’éviter immédiatement toute fausse interprétation ou tout mauvais procès, les auteurs, Christophe Castellano et Henri Melich, déclarent d’emblée qu’en en aucun cas ils ne veulent remettre en question le courage et l’engagement de l’immense majorité des guérilleros espagnols qui ont combattu dans la Résistance en France au sein du XIVe Corps de guérilleros, organisation armée autonome mais étroitement connectée aux mouvements français de la Résistance. En effet, les unités de guérilleros ont été particulièrement actives dans tout le Sud-Ouest, des Pyrénées à la Dordogne et, à l’été 1944, les Espagnols ont joué un rôle important dans les combats menés pour retarder la retraite allemande et ont pris une part active à la libération de nombreux départements. Ils ne veulent pas non plus stigmatiser tous les guérilleros de la 5e brigade de l’Aude, dont l’engagement résistant, les souffrances et l’héroïsme ne sont pas en cause, mais seulement tenter de comprendre pourquoi et comment certains membres de cette formation – ou supposés tels – ont pu commettre ces méfaits. De même, les deux auteurs préviennent qu’ils ne comparent en aucune manière des crimes commis dans cette période avec la politique de terreur systématique et la volonté exterminatrice du franquisme vis-à-vis de ses opposants. Les intentions des auteurs sont claires et affirmées. Mais des hommes ont péri dans des conditions inexpliquées, voire mystérieuses, et on devrait ne pas en parler, passer ces faits sous silence ? Aucun crime ne peut être justifié par un plus grand, disent-ils à juste titre.

Ces faits ne surgissent pas du néant au tout début de cette troisième décennie du XXIe siècle, plus de soixante-quinze ans après. Henri Melich, acteur et témoin, résistant dans les maquis audois à 17 ans, militant antifranquiste durant de longues années, a déjà apporté son témoignage sur ces exécutions au début des années 1980[1] et les a évoquées dans une autobiographie récente[2]. Mes propres travaux faisaient état de cas analogues il y a plus de vingt ans[3]. Henri Melich se rappelle particulièrement de Ramón Mialet, l’une des premières victimes, militant de la Confédération nationale du travail (CNT) comme lui ; il a encore présent à l’esprit le rendez-vous manqué avec celui-ci alors que lui-même partait dans une opération Reconquista de España impulsée par l’Union nationale espagnole (UNE), direction politique des guérilleros. C’est que les antagonismes entre l’UNE, où les communistes étaient prépondérants, et les mouvements espagnols non communistes sont apparus au grand jour à la libération de la France ; il ne s’agissait plus seulement de divergences politiques et il fut imputé à l’UNE la disparition et l’assassinat de récalcitrants et d’opposants.

Il est exact d’affirmer que l’UNE a acquis une prépondérance incontestable dans la structuration politique de l’exil espagnol pendant la clandestinité, qu’elle a rassemblé à titre individuel des Espagnols exilés de toutes tendances – communistes, socialistes, républicains ou anarchistes – et que le Parti communiste espagnol (PCE) était le seul mouvement organisé en son sein. Et, encore une fois, le rôle des guérilleros a été important dans la libération du grand Sud-Ouest. Mais il ne faut pas oublier non plus que des républicains espagnols ont combattu aussi dans des mouvements français de Résistance, que les réseaux de passage clandestin des Pyrénées ont été organisés par des militants de la CNT et du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM, parti communiste non stalinien) et que des formations espagnoles de résistance ont existé en dehors de l’UNE tel le groupe anarchiste du barrage de l’Aigle, aux confins du Cantal et de la Corrèze. La réalité historique est toujours beaucoup plus complexe que certains veulent parfois le faire croire ; il est nécessaire de l’appréhender dans sa globalité[4].

La situation d’hégémonie politique de l’UNE, et par voie de conséquence celle du PCE, qui a prévalu au sein de l’exil espagnol pendant la clandestinité était en voie d’éclatement rapide après la libération de nombreuses régions. Les organisations politiques et syndicales espagnoles non communistes remettaient en cause la volonté de l’UNE à une représentation exclusive de l’exil républicain et se regroupèrent dans une Alliance démocratique espagnole (ADE), devenue Junte espagnole de libération (JEL). Il est vraisemblable que l’UNE a voulu alors engager une épreuve de force et une course de vitesse non seulement contre le franquisme mais aussi face aux Alliés – afin de les mettre devant le fait accompli – et aux autres courants politiques de l’exil, de manière à conserver sa prééminence. Mais la tentative d’invasion du val d’Aran, à l’automne 1944, s’est soldée par un double échec, militaire et politique, pour l’UNE. Henri Melich qui, dans l’euphorie de la Libération, a participé à cette opération porte témoignage de ses conditions de réalisation.

D’où, avant l’opération et juste après, dans la suite des combats de la Libération, la survenue de règlements de comptes politiques ou d’assassinats sordides aux motifs troubles, faisant que des groupes plus ou moins contrôlés par l’UNE – du moins se réclamant d’elle – aient pu mettre à profit leur toute-puissance du moment pour se débarrasser d’opposants ou régler des différends. L’Aude ne fut pas le seul département touché. Les journaux de la JEL firent état de nombreux meetings perturbés du fait de l’intervention de sympathisants de l’UNE et même d’assassinats ; ce fut le cas à Toulouse, dans l’Ariège, l’Aveyron, le Lot ou la Haute-Garonne, avec détentions, menaces de mort, disparitions voire exécutions. Les auteurs analysent la genèse, depuis la guerre d’Espagne, des pratiques des tenants du stalinisme. Pour ne citer qu’un exemple récemment réexploré, celui de Decazeville, dans l’Aveyron, où se produisirent des manœuvres d’intimidations, des menaces, des arrestations de militants libertaires ou socialistes et même l’exécution de certains[5]. Il faut prendre en compte que cette période d’après la Libération a été extrêmement troublée en France, avec les excès de l’épuration extra-judiciaire ou les actes crapuleux masqués derrière des « assassinats politiques » de pseudo-traitres par des résistants de la 25e heure.

Que quelques exilés espagnols qui avaient connu huit ans de guerre aient pu se livrer à des exactions semblables à celles de Français de leur époque n’enlève rien, au contraire, au courage et à l’abnégation de l’immense majorité d’entre eux. Toutefois, dans ce cas comme dans bien d’autres, la phrase bien connue de George Orwell trouve son sens : « En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ».

Geneviève Dreyfus-Armand

Historienne

[1] Les Dossiers noirs d’une certaine Résistance : trajectoire du fascisme rouge, Perpignan, éd. du CES, 1984, pp. 130-141.

[2] Henri Melich, À chacun son exil. Itinéraire d’un militant libertaire espagnol, La Bussière, éditions Acratie, 2014.

[3] Cf. L’Exil des républicains espagnols en France, Paris, Albin Michel, 1999, pp. 162-178.

[4] Depuis des décennies, je m’efforce à cela, même si certains lisent une page qui leur convient en rejetant ce qui ne convient pas à leur schéma de pensée

[5] Jean Vaz Aransáez, « Les réfugiés espagnols en Aveyron », in Espagne, un exil républicain, Toulouse/Caminar et Nérac/les éditions d’Albret, à paraître en 2020.

Alexandre Orlov, tueur à la solde de Staline et vrai-faux transfuge

France Inter,vendredi 31 juillet 2020, par Stéphanie Duncan

En 1953, un homme à l’accent russe, se présente au directeur du célèbre magazine Life, à New York. Il affirme qu’il s’appelle Alexandre Orlov, qu’il est russe, qu’il vit aux États-Unis depuis 1938 sous une fausse identité et, surtout, qu’il a été, pendant vingt années, un espion au service de l’Union soviétique et de Staline.

Son histoire hallucinante nous ramènera au temps de la Terreur stalinienne et de la guerre d’Espagne, lorsque Orlov, en 1936, est envoyé à Barcelone pour liquider les partisans du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM) et de Trotsky, une tâche que ce tueur méthodique accomplira avec zèle et sang-froid.

Et c’est à Orlov que le NKVD (futur KGB) confie la mission d’organiser le transport par bateau de l’or espagnol vers Moscou. Mais au moment où la Terreur s’apprêtera à se retourner contre lui, Orlov réussira à fuir… emportant avec lui son secret.

« RÊVES COLLECTIFS »

Un documentaire à partager

https://potyomkinproducciones.wordpress.com/suenos-colectivos-2011/

Un avis à lire sur le doc « suenos collectivos »

J’avais relayé ce film, par l’intermédiaire de Luis L . et Eric S. , je relaie donc aussi cette analyse (postée sur FB par Claude Mariejean)

SUENOS COLLECTIVOS

Il y a trois ans, j’ai participé à une réunion publique de la CNT AIT Toulouse pendant laquelle a été projeté le film documentaire « Sueños colectivos » (« rêves collectifs »). Comme probablement la majorité des spectateurs, j’avais trouvé ce film très intéressant et je n’avais pas grand-chose à y redire. Lors du débat qui suivit, un compagnon, aujourd’hui décédé, affirma : « ce film n’est pas un film anarchiste, il ne défend pas l’anarcho-syndicalisme ». Je l’avoue, sur le moment je n’ai pas compris ces objections. Il y a peu, j’ai revu ce film ; les paroles du compagnon me sont revenues à l’esprit et tout est devenu clair.

« Sueños colectivos » retrace l’histoire des collectivités rurales en Aragon entre juillet 1936 et mars 1938. Après le 19 juillet 36, dans toute l’Espagne républicaine, les populations des villes et des campagnes ont pris leur destin en main en collectivisant les outils de production, en renversant le vieil ordre social et en établissant les bases d’une société plus égalitaire, plus libre, plus démocratique.

En s’appuyant sur des documents d’époque (films, photos…), le réalisateur met en scène les témoignages de personnes ayant vécu et travaillé dans ces collectivités et il faut le dire, c’est un vrai bonheur que d’entendre ces villageois, aujourd’hui très âgés nous raconter leur expérience : la dureté de la vie dans l’Espagne rurale d’avant 36, puis la création et le fonctionnement au quotidien des collectivités et enfin (le film suit la chronologie des événements) la destruction des collectivités par la colonne républicaine Lister (général communiste), leur reconstruction envers et contre tout, et au final leur anéantissement par l’armée franquiste.

Après chaque témoignage, des intellectuels, historiens pour la plupart commentent les dires des collectivistes et resituent les événements dans le contexte historique. Tout le film est donc rythmé par l’alternance entre les paroles, choisies par le réalisateur, de travailleurs manuels et intellectuels, maintenant très âgés qui nous racontent leur vécu dans cette période qui a vu la transformation radicale de leurs conditions, et celles donc d’historiens qui, forts de leur savoir précisent, corrigent, mettent des bémols et montrent surtout les limites de l’ « expérience ». L’opposition entre les témoignages des vieux villageois qui n’ont -malgré le temps passé- rien perdu de la foi et de l’enthousiasme qui, dans leur jeunesse, les amena à transformer radicalement les rapports sociaux, et les regards désincarnés et « objectifs » que des érudits posent sur ces réalisations, génère un sentiment de doute.

Ce sentiment est encore augmenté par les choix très subjectifs du réalisateur. Par exemple aucun des historiens n’emploie jamais le mot « anarchie » alors que ce mouvement de collectivisation a été très fortement influencé par les idées anarchistes, et que des militants anarchistes y ont pris une part très active. On dirait que ce mot fait peur. Les anciens collectivistes, eux même, ne prononcent ce mot que quatre fois dans le film : une fois associé au mot vengeance, une autre fois prononcé par une ancienne maîtresse d’école qui définit l’anarchisme comme une utopie impossible, une horreur … et les deux autres fois par un vieux cénétiste qui en parle comme d’un idéal lointain.

On pourrait croire qu’il y a de la part du cinéaste une volonté de minorer l’influence anarchiste dans ce mouvement des collectivités. Pourtant, plusieurs des témoins cités, anciens paysans ou ouvriers, étaient des militants anarchistes convaincus mais le réalisateur ne leur donne jamais l’occasion de donner leur sentiment à ce sujet. De la même façon, on ne peut que s’étonner de l’intérêt que la narration accorde à la présence de militants du Parti Communiste dans les collectivités. On nous dit qu’il y a eu une collectivité très influencée par les communistes, que les paysans de cette collectivité ont copié l’expérience soviétique et que lors de la destruction par le communiste Lister des collectivités, nombre de militants du PC espagnol ont été choqués. La vérité est qu’en 1936, le Parti Communiste était groupusculaire, que son influence dans le monde rural était insignifiante et qu’il a été pendant toute la période un ennemi acharné des collectivisations tant à la ville qu’à la campagne.

De même, quand le cinéaste nous parle de la genèse du mouvement, il cite nombre de théoriciens du collectivisme, Costa, Reclus, etc… sans jamais dire que ce sont des socialistes très à gauche (Costa) ou des anarchistes convaincus (les autres). Si l’on en croit le film, la divulgation de leurs idées a été faite par les maîtres d’école, donc entre 1931 et 1936 pendant la seconde république, mais ce que le film ne nous dit pas, c’est que depuis bien plus longtemps, nombre de militants anarchistes et anarcho-syndicalistes diffusaient dans les campagnes les principes anarchistes et collectivistes. C’est cet effort continu de diffusion des idées par la parole, la brochure, les actes, poursuivi pendant des années par des centaines de militants anonymes, relayé dans les athénées libertaires et les syndicats (athénées libertaires et syndicats avaient un rôle d’éducateurs, nombre de syndiqués y apprenaient à lire et à écrire ; pourtant leur rôle n’est pas évoqué dans le film) qui a permis l’élévation du niveau de conscience des populations aragonaises et qui a abouti à la création des collectivités.

Tous ceux qui ont l’âme libertaire, qui s’intéressent à la révolution sociale espagnole, qui ont de l’empathie pour les vieux anarchistes, tous ceux-là trouveront le film superbe. Mais tous les autres, tous ceux qui ne connaissent pas l’histoire de l’Espagne, tous ceux qui ignorent celle du mouvement anarchiste donc l’immense majorité ne verront dans ce film que la description d’une expérience sociale intéressante, celle de villageois utopistes qui ont voulu vivre un rêve et qui au final, ont été rattrapés par la réalité. La leçon qu’ils en tireront est que leurs illusions se sont brisées sur le socle invincible des nécessités, il ne pouvait pas en être autrement.

Depuis plus d’un siècle, les états et les défenseurs de l’ordre social existant, pour combattre les idées anarchistes, hésitent entre deux discours : soit ils affirment que les anarchistes prônent la haine et la violence, que Ravachol et Vaillant furent de pires assassins qu’Hitler et Staline réunis, soit ils définissent l’anarchie comme une utopie irréalisable, un rêve impossible. Il n’est pas d’anarchiste qui n’ait été un jour ou l’autre traité de doux rêveur.
Ce film renforcera donc la conviction partagée par tous les bien-pensants qu’une révolution sociale est impossible, que tous ceux qui défendent un projet révolutionnaire sont des rêveurs, des utopistes, des fous. Les dernières séquences du film sont très explicites : immédiatement après qu’un vieux collectiviste ait dans un éclair, prononcé les mots révolution, communisme libertaire, anarchie ; un historien nous donne les leçons, adaptées au monde d’aujourd’hui, qu’il faut retenir de l’expérience des collectivités : plus question de révolution, de communisme libertaire, de renversement des rapports sociaux, contentons-nous nous dit-il de réformer la société en développant l’entraide, la solidarité, en favorisant l’écologie, voilà selon-lui des objectifs réalistes pour l’époque actuelle.

Libre à lui de penser ainsi mais c’est absolument scandaleux de mettre les combats et les réalisations sociales des collectivistes aragonais au service de cette idéologie. C’est par ce qu’ils avaient la certitude qu’une révolution sociale était possible, qu’il est possible si on le veut vraiment de mettre un terme à l’exploitation de l’homme par l’homme que les révolutionnaires aragonais, catalans, valenciens etc… ont en juillet 1936 écrasé les forces de répression, puis mis en place des rapports sociaux libres et égalitaires. C’est parce qu’ils ne rêvaient pas, parce qu’ils avaient bien compris les mécanismes du système qui les opprimait, parce qu’ils savaient exactement qui étaient leurs ennemis et qu’ils avaient acquis la conviction qu’il n’y avait pas d’autre solution que de détruire le système existant pour parvenir à l’émancipation que ces hommes et ces femmes ont trouvé l’énergie pour réellement construire un nouveau monde.
En finançant ce film, le gouvernement Aragonais et la municipalité de Huesca poursuivaient deux objectifs : d’une part émasculer l’image révolutionnaire traditionnellement associée au mouvement des collectivités et d’autre part « enrichir » l’image de l’Aragon. Puisque aujourd’hui, les champs de bataille de la guerre de 14-18, les cimetières militaires, les forts de la ligne Maginot etc… sont devenus des lieux touristiques, sources de profits pour les territoires, le souvenir des collectivités aragonaises et autres peut bien lui aussi être récupéré au service du tourisme aragonais. L’Aragon, ses montagnes, ses canyons, ses « collectivités »… et de plus, ça leur donne bonne conscience !
Dans un monde où tout est marchandise, même le souvenir des révolutionnaires les plus sincères est transformé en une énième et écœurante interprétation de l’histoire. Malgré l’importance et la qualité des témoignages produits dans ce documentaire, le titre et le discours sur lesquels s’achève le film, minorent les faits et donnent à penser aux spectateurs que l’expérience des collectivités ne pouvait être autre que ce qu’elle a été par manque de réalisme ; c’est à dire parce que leurs membres poursuivaient un idéal aussi utopique qu’inaccessible.
Même si la révolution sociale qu’ils avaient entreprise a connu une fin tragique, de « rêves », il n’y en eut aucun.

« Révolution sociale 36/38 » en Aragon, en Catalogne, dans le Levant etc… aurait été un titre moins onirique et littéraire que « Sueños colectivos » plus accrocheur, certes, mais beaucoup moins juste et fidèle aux réalisations concrètes des populations de ces collectivités, debout pour leur dignité et qui ont mis en place une nouvelle organisation sociale, sur des principes anarchistes et anarchosyndicalistes :

La fin de l’exploitation de l’homme par l’homme, égalité homme/femme

L’abolition de l’argent et de la propriété privée

« A chacun selon ses moyens, a chacun selon ses besoins ! »

Éducation et instruction rationaliste.

Et durant 18 mois, Femmes et Hommes de ces collectivités ont vécu concrètement selon les règles qu’ils avaient librement et collectivement choisis. Les sentiments d’échec et de déception qu’entretient le film n’ont pas lieu d’être, les membres des collectivités ne sont en aucune façon responsables de la triste fin de celles-ci. Elle n’est que la conséquence de l’affrontement des dirigeants du vieux monde qui ont en commun les mêmes rêves d’ambition et de domination, le même goût pour le pouvoir et la même volonté de puissance.

C’est pour satisfaire ces rêves inaccessibles, ces pulsions qui ne sont que pures folies qu’ils n’ont aucunement hésité à liquider jusqu’au dernier les tenants de cette nouvelle organisation sociale.

Article d’Anarchosyndicalisme ! n°166

Libération de Paris : la Nueve et ses républicains espagnols enfin pleinement reconnus

Comment est né la Nueve ? Qui exactement la formait ? Avec quelle formation et dans quel état d’esprit ? Ramon Pino raconte ce qui a débuté dans des camps de concentration français.

Eux ont pourtant été les premiers à entrer dans la capitale, le 24 août 1944, par la porte d’Italie ?

Oui, et ils bénéficient de l’aide inattendue de l’aide d’un Arménien de banlieue qui les guide dans les rues de Paris pour éviter les barrages allemands. Ils vont suivre un parcours un peu tortueux mais en une heure seulement, ils passent de la porte d’Italie à la place de l’Hôtel de Ville, sans avoir tiré un coup de feu. Il est 21h30, il va y avoir des échanges de tirs pour prendre l’Hôtel de Ville mais cela va se faire assez rapidement.

En revanche, le lendemain, il y aura d’autres combats entre autres place de la République. Quelques petits bastions de soldats allemands subsistent et il faut reprendre tous les bâtiments  officiels où l’état-major allemand s’était installé. Mais le 26 août, c’est fini, malgré quelques tirs sporadiques de soldats allemands ou de Français collaborateurs.

Avaient-ils revendiqué ce privilège de libérer Paris ?

Cette libération est un événement qui a marqué le monde entier, avec des cloches qui ont sonné y compris à Buenos Aires.

Mais il faut être nuancé : ils ne se battaient pas pour la libération de la France mais pour la liberté, en libérant le monde du fascisme. Et la promesse qui leur avait été été faite oralement par le Général Leclerc, le capitaine Dronne, était qu’après avoir viré Mussolini en Italie, viré Hitler en Allemagne, on les aiderait à virer Franco en Espagne. C’était ça leur désir. Ils pensaient qu’on allait libérer l’Espagne. Cela n’a pas été le cas évidemment parce qu’on était déjà pratiquement au début de la guerre froide, les Américains ont ensuite commencé à installer des bases militaires en Espagne et Franco a obtenu en échange qu’on le laisse tranquille. Et seul le Mexique et la Yougoslavie de Tito se sont toujours refusés à reconnaître le régime de Franco.

Les hommes de la Nueve ont éprouvé une double trahison : leur rôle à Paris gommé et pas d’aide ensuite pour sauver leur pays.

Quelques uns des hommes de la Nueve
Quelques uns des hommes de la Nueve Crédits : Association 24 août 1944

A commencer par de Gaulle et pendant des années ensuite, cette opération de la Nueve est donc restée presque taboue ?

Absolument. Il fallait pour l’imagerie populaire que la France ait été libérée par des Français. Cela a d’abord été bien martelé par de Gaulle, par les gaullistes et par les communistes aussi. Il fallait que cela soit absolument une libération franco-française.

C’était un argument politique. Au lendemain de la libération de Paris, les gaullistes et les communistes sont les nouvelles forces qui occupent le devant de la scène politique. Et on ne sait pas à ce moment-là qui va l’emporter. De Gaulle était très soucieux justement de faire libérer Paris et quand il a vu l’ordre de reddition du gouverneur allemand à Paris avec à côté de la signature de Général Leclerc, il y avait également celle de Rol-Tanguy, membre du Parti communiste. Il était furieux. Il a engueulé Leclerc qui avait permis la signature d’un gouvernement communiste. On est à un moment de bascule pour le devenir de la France et d’ailleurs le gouvernement qui va être formé comportera des communistes et des gaullistes.

Pourquoi alors de Gaulle a-t-il fait défiler la Nueve à ses côtés sur les Champs-Elysées ?

Je ne pense pas que cela venait de de Gaulle mais plutôt du Général Leclerc. Mais pour une raison très pratique : c’était quand même une troupe de choc, l’avant-garde de la 2e DB, que l’on envoyait toujours devant au casse-pipe. Après presque trois ans d’expérience de guerre civile en Espagne, puis des combats en Tunisie et en Normandie, ils étaient les plus aguerris. Et on leur faisait le plus confiance pour assurer la sécurité du Général de Gaulle. C’était davantage d’un point de vue pratique, pas tellement par reconnaissance d’être arrivés les premiers.

D’ailleurs, après quelques jours de repos à Paris, ils ont continué avec Leclerc jusqu’à Strasbourg, puis jusqu’au nid d’aigle d’Hitler, à Berchtesgaden. Arrivés en Allemagne, ils n’étaient plus que 16 sur 160 environ au départ de Normandie, même s’ils n’étaient pas tous morts.

26 août 1944, les soldats espagnols de la Nueve défilent sur les Champs-Elysées à bord de leurs half-track (véhicules blindés avec des chenilles à l'arrière). Ici, le Guernica
26 août 1944, les soldats espagnols de la Nueve défilent sur les Champs-Elysées à bord de leurs half-track (véhicules blindés avec des chenilles à l’arrière). Ici, le Guernica Crédits : Association 24 août 1944

Il y a quand même eu une reconnaissance militaire des soldats de la Nueve ? Certains ont été médaillés.  

Oui, mais une reconnaissance individuelle. Les combattants de la Nueve ont été décorés à titre individuel. On ne parle pas de la Nueve en tant qu’entité. De la même façon, de Gaulle ne voudra pas voir dans le défilé des combattants qui ont libéré Foix des drapeaux républicains espagnols. ll les fait tous retirer, il faut que ce soit des drapeaux français.

Sur les Champs-Élysées, il y en a eu très peu. Mais il y a eu une très grande banderole du drapeau républicain tenue par des Espagnols qui étaient à Paris. Mais de Gaulle l’a faite retirer également. En revanche, ce que l’on voit sur les documents d’époque (vidéo ci-dessus), que l’on ne pouvait pas retirer, c’est la quinzaine de blindés qui l’escortent avec toujours les noms des batailles de la guerre d’Espagne. Par exemple, le « Madrid », le « Teruel », le « Guadalajara » ou le « Don Quichotte ». Un des véhicules avait aussi été baptisé « Les Pingouins », par autodérision parce que c’était le surnom que les Français donnaient aux Espagnols, pingouins ou espingouins.

La seule chose que l’on ne voit pas dans les images d’époque c’est une jeep qui portait le nom « Mort aux cons ». Cela n’avait pas plus à Leclerc qui avait dit que cela n’allait pas faire bon effet à l’arrivée dans Paris.

Ce dimanche 25 août 2019, le Madrid faisait partie du défilé de commémoration des 75 ans de la libération de Paris
Ce dimanche 25 août 2019, le Madrid faisait partie du défilé de commémoration des 75 ans de la libération de Paris Crédits : Eric ChaverouAFP

Quand et pourquoi alors a débuté la reconnaissance ? Il a fallu attendre la mort de Franco, plus tard encore ? 

Plus tard encore. Il a fallu attendre l’arrivée de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris avec sa principale adjointe Anne Hidalgo. Cela a commencé en 2004, avec l’apposition d’une douzaine de médaillons commémoratifs, le long du parcours qu’avait emprunté la Nueve.

Et en 2012, pour la première fois, un président de la République française a rendu hommage à ces républicains espagnols. C’était le 25 août, dans le discours de François Hollande.

Jusqu’à aujourd’hui, avec des commémorations officielles : chaque 24 août, à côté de l’Hôtel de Ville, au jardin des combattants de la Nueve, qui a été renommé par la mairie de Paris en 2015. Un jardin du même nom ayant été inauguré à Madrid en 2017.

Article de Camus de septembre 44 dont une photo évoque la Nueve
Article de Camus de septembre 44 dont une photo évoque la Nueve Crédits : Association 24 août 1944

Cette mémoire a bénéficié de l’arrivée au pouvoir de dirigeant.es socialistes, dont une à l’histoire intimement lié à la guerre d’Espagne ?

C’est surtout Anne Hidalgo qui a dû pousser à cette reconnaissance du rôle des républicains espagnols, de par son parcours personnel. Elle a effectivement toujours aidé sur ce plan-là  notre association. Elle a facilité pas mal de choses et a elle-même organisé de son côté des événements à chaque fois conjointement, d’ailleurs, avec la mairie de Madrid.

Nous étions ainsi la seule association française à participer à l’inauguration du jardin de Madrid.

Plaque du jardin des Combattants de la Nueve (Paris, 4e)
Plaque du jardin des Combattants de la Nueve (Paris, 4e) Crédits : One work / Wikimedia Commons

Et quel est l’esprit de la fresque inaugurée ce samedi ? Un travail de mémoire plus grand public, plus jeune ?

Exactement. Une des plaques commémoratives du passage de la Nueve est à cette adresse. Avec toute une façade de 17 m de haut. On s’était dit qu’il serait bien de faire une fresque au-dessus du médaillon. Nous avons un artiste peintre dans l’association – Juan Chica Ventura – et donc l’idée s’est réalisée : faire une espèce de triptyque, genre bande dessinée. Avec trois dessins et trois petits commentaires qui figurent trois moments de la libération de Paris.

Nous avons obtenu assez vite la façade mais sans aucune subvention. Nous avons donc lancé une souscription en ligne et nous avons récolté des chèques de dix à mille euros pour arriver au bout d’un an à nous auto financer.

« C’est très bien parce que cela questionne. J’espère que cela va tenir longtemps. » Une voisine de la fresque, ancienne professeure d’Histoire

Cette fresque est très importante parce qu’elle complète la plaque commémorative déjà présente. Mais qui s’arrêtait pour regarder la plaque ? Je sais qu’ils sont passés par là mais presque personne ne le sait. Alors que maintenant les peintures de se sont beaucoup développées dans le 13e arrondissement et les gens les cherchent, seul ou en groupe avec des guides. Ils vont s’arrêter là.
Martine Champeaux, voisine et ancienne professeure d’Histoire

Intégralité de la fresque BD du 20 rue Esquirol, dans le 13e arrondissement, avec tout en bas, au centre, le médaillon pré existant commémorant le passage de la Nueve ici même.
Intégralité de la fresque BD du 20 rue Esquirol, dans le 13e arrondissement, avec tout en bas, au centre, le médaillon pré existant commémorant le passage de la Nueve ici même. Crédits : Eric ChaverouRadio France

A écouter aussi, une chanson sur la Nueve : « Un nuage espagnol » dans sa version française, « Una nube hispana », dans sa version castillane.

Elle est signée Serge Utgé-Royo, fils de républicains espagnols, né dans l’exil à Paris.

Romancero des Ombres – La Pléiade à La Riche

LE GROUPE K. (Cie JM Cano Lopez) présente :

ROMANCERO DES OMBRES

 » Romancero des ombres est une pièce documentaire d’une rare intensité.

Plongés dans une pénombre tantôt apaisante, tantôt inquiétante, les trois comédiens deviennent la voix de femmes qui ont vécu la guerre civile espagnole.

Des femmes aujourd’hui âgées qui ont été plongées dans les horreurs de la guerre, ont connu la disparition d’êtres chers, l’exil vers la France. Ces témoignages bouleversants sont tirés du commentaire « Companeras » de Jean Ortiz et Dominique Gautier.

Seule voix masculine de « Romancero des ombres », celle de Manuel Cano Lopez, le père du metteur en scène et comédien, gronde de profondeur et de retenue.

Lui aussi, enfant, a dû vivre le tourbillon de la guerre civile.

Les paroles, les larmes souvent retenues, la musique, les images projetées de ces femmes font de cette pièce une oeuvre forte et indispensable.

« Ne pas oublier, jamais. Et continuer à dire, toujours. » « 

La Nouvelle République

Trois comédiens – ombres (deux femmes et un homme), les témoignages projetés de femmes résistantes espagnoles, le récit partagé d’un petit garçon, des musiques et rumeurs du Sud s’entrelacent étroitement et nous renvoient avec force les douleurs des temps passés mais toujours d’actualité.

Une oeuvre forte et rare pour vaincre nos incertitudes et nos peurs d’aujourd’hui.

D’après le film « Compañeras » de Jean Ortiz et Dominique Gautier et le récit « En remontant le temps lointain » de Manuel Cano Lopez.

FICHE TECHNIQUE

D’après le film Compañeras de Jean Ortiz et Dominique Gautier et le récit de Manuel Cano Lopez.

Conception et mise en scène : José Manuel Cano Lopez

Univers sonore et création musicale, création lumières : Clément Cano Lopez

Images : Dominique Gautier et Jean Ortiz

Scénographie : Camille Lebègue

Régie lumière: Quentin Hautecouverture

Jeu : Françoise Cano Lopez, Matilde Thomas, José Manuel Cano Lopez

Production : Groupe K (Cie J. M. Cano Lopez) avec l’aide de la Pléiade – La Riche, La Retirada37 et des coproducteurs particuliers du Château du Plessis

Spectacle bénéficiant de l’aide au projet du Conseil régional Centre-Val de Loire.

vendredi 6 mars 2020, à 20h à la Pléiade à La Riche (37).

TARIFS

Tarif partagé : 14€

Tarif solidaire : 20€

Minimas : libre à partir de 5€

Bar et restauration à partir de 19h

La Pléiade (154 rue de la mairie, 37520 La Riche)

Bus ligne 3 arrêt La Pléiade direction La Pléiade

Bus ligne 15 arrêt Grand Carroi, direction La Riche Soleil

Seulement 15min de la place Plumereau en vélo

Site web : https://www.facebook.com/events/235706134114206/

Infos réservation :

☎️ Infos complémentaires et réservations : 📬
02 47 38 29 29 / info@ciecanolopez.fr

MOURIR À MADRID…UNE SECONDE FOIS !

PÉTITION : 

¡MORIR A MADRID…UNA SECUNDA VEZ!

L’Association 24 Aout 1944 à Jose Luis Martinez Almeida, maire de Madrid.

Notre association s’émeut et proteste contre le fait que l’équipe municipale dirigée actuellement par Jose Luis Martinez Almeida ait pu voter et procéder au démantèlement du monument élevé dans le cimetière de l’est, en hommage aux 2937 victimes de la répression franquiste, fusillés à Madrid, dans les années 1939 à 1944.

Notre association, constituée à Paris en 2013, a pour but de faire connaître la mémoire des Espagnol(e)s antifranquistes qui se réfugièrent en France en 1939 ; et en particulier la mémoire de ceux, et ils furent nombreux, qui s’engagèrent dans la résistance contre le fascisme soit en s’incorporant dans les rangs de la résistance en France soit dans les Forces Françaises Libres qui combattaient aux côtés des armées alliées contre Hitler et Mussolini.

Ainsi la « Nueve », de la 2° DB commandée par le général Leclerc, entra la première dans Paris le 24 Aout 1944. Dans ses rangs, que des républicains espagnols.

La Mairie de Paris dès 2004, engagea la reconnaissance de ces combattants.

En 2014 pour les 70 ans de la libération de Paris, une cérémonie à notre initiative rassembla plus de 2000 personnes. Elles purent admirer le « halftrack » Guadalajara de la Nueve, gardé par l’armée française dans une de ses garnisons, et qui pour la première fois était exposé tout près de l’Hôtel de Ville de Paris.

En 2015, à notre grand étonnement le roi Felipe VI et la reine ainsi que Mme Hidalgo, Maire de Paris inauguraient le jardin de la Nueve, attenant à l’hôtel de ville de Paris.

En 2017, le 20 avril, la Mairie de Madrid dirigée par Madame Manuela Carmena, décida aussi d’honorer ces républicains engagés dans la lutte pour la libération de l’Europe du joug fasciste, nazi et franquiste, en inaugurant à son tour un jardin de la « Nueve ».

Pour toutes ces raisons, liées à la mémoire de celles et ceux qui ne cessèrent jamais de se battre pour la liberté, en Europe comme en Espagne et plus particulièrement à Madrid, au prix le plus souvent de leur vie, nous sommes particulièrement ulcérés par cet acte de destruction de la mémoire historique de votre ville et par conséquent de votre pays auquel votre municipalité vient bassement de se livrer. À savoir, la destruction du mémorial dédié aux fusillés du cimetière de l’Almudena, à l’Est de Madrid.

Regarder en face l’histoire et ses vérités c’est faire en sorte d’éviter que de telles monstruosités ne se reproduisent.

En tant qu’association mémorielle et au nom de tous les descendants de ces hommes et ces femmes qui ont donné leur vie ou qui ont dû fuir leur pays pour la liberté contre le fascisme, nous protestons et exigeons que vous rétablissiez ces plaques qui comportent les listes des noms des fusillés, et que vous garantissiez le maintien de ce mémorial intact dans l’avenir.

Nous rejoignons dans ce combat, les associations mémorielles de Madrid et de la péninsule qui se battent pour la mémoire des républicains espagnols morts pour la liberté.

Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir, pour informer le plus grand nombre de personnes et de responsables européens de cette situation et pour qu’un large mouvement de soutien au maintien du mémorial se fasse jour.

D’ores et déjà nous engageons chaque personne, choquée par un tel saccage, à signer ce texte.

En l’attente de votre réponse et prise en compte de notre requête, Recevez Monsieur Le maire, nos salutation associatives.

Association 24-août-1944

Nous convions toutes celles et ceux, choqués par cet acte, à signer cette pétition pour obtenir réparation et reconstitution du monument aux 2937 fusillés du franquisme à Madrid.

 À diffuser largement.

La Asociación 24 de agosto de 1944 a José Luis Martínez Almeida, Alcalde de Madrid.

Nuestra asociación se conmueve y protesta por el hecho de que el equipo municipal que actualmente dirige José Luis Martínez Almeida haya podido votar y desmantelar el monumento erigido en el cementerio oriental, en homenaje a las 2.937 víctimas de la represión franquista que fueron fusiladas en Madrid entre los años 1939 y 1944.

Nuestra asociación, fundada en París en 2013, tiene como objetivo dar a conocer la memoria de los antifranquistas españoles que se refugiaron en Francia en 1939 y, en particular, la memoria de aquellos, y de muchos, que participaron en la resistencia contra el fascismo, ya sea uniéndose a las filas de la resistencia en Francia o en las Fuerzas Francesas Libres que lucharon junto a los ejércitos aliados contra Hitler y Mussolini.

Así, la « Nueve », del 2º DB comandada por el general Leclerc, entró en París por primera vez el 24 de agosto de 1944. En sus filas, sólo republicanos españoles.

El Ayuntamiento de París, en 2004, comenzó a reconocer a estos combatientes.

En 2014, con motivo del 70º aniversario de la liberación de París, una ceremonia por iniciativa nuestra reunió a más de 2.000 personas. Pudieron admirar el « halftrack » nombrado Guadalajara de la Nueve, custodiado por el ejército francés en una de sus guarniciones, y que por primera vez se exhibió muy cerca del Hôtel de Ville de París.

En 2015, para nuestra gran sorpresa, el Rey Felipe VI y la Reina, así como la Sra. Hidalgo, Alcaldesa de París, inauguraron el Jardín de las Nueve, adyacente al Ayuntamiento de París.

En 2017, el 20 de abril, el Ayuntamiento de Madrid, encabezado por la Sra. Manuela Carmena, decidió también honrar a los republicanos comprometidos en la lucha por la liberación de Europa del yugo fascista, nazi y franquista, inaugurando a su vez un jardín de la »Nueve ».

Por todas estas razones, ligadas a la memoria de quienes nunca dejaron de luchar por la libertad, en Europa y en España y más concretamente en Madrid, a costa de la mayor parte de sus vidas, estamos particularmente ulcerados por este acto de destrucción de la memoria histórica de su ciudad y, en consecuencia, de su país en el que su municipio acaba de comprometerse de manera tan vil. A saber, la destrucción del monumento dedicado a los fusilados en el cementerio de la Almudena, al este de Madrid.

Mirar a la historia y sus verdades a la cara es para asegurar que tales monstruosidades no vuelvan a ocurrir.

Como asociación conmemorativa y en nombre de todos los descendientes de aquellos hombres y mujeres que dieron su vida o tuvieron que huir de su país por la libertad contra el fascismo, protestamos y exigimos que restauren estas placas que contienen las listas de los nombres de los que recibieron los disparos, y que se aseguren de que este monumento permanezca intacto en el futuro.

En esta lucha, nos unimos a las asociaciones de memoria de Madrid y de la península que luchan por la memoria de los republicanos españoles que murieron por la libertad.

Haremos todo lo que esté en nuestras manos para informar al mayor número posible de personas y funcionarios europeos sobre esta situación y para garantizar que surja un amplio movimiento a favor del mantenimiento del monumento.

Ya comprometemos a cada persona, conmocionada por el saqueo, a firmar este texto.

A la espera de su respuesta y teniendo en cuenta nuestra petición, le rogamos que reciba al Sr. Alcalde, nuestro saludo de las asociaciones.

Association 24-août-1944

Invitamos a todos los que están conmocionados por este acto a firmar esta petición para obtener la reparación y reconstrucción del monumento a los 2937 muertos a tiros durante el régimen franquista en Madrid.

 Para difundir lo mas posible.

SIGNER LA PÉTITION

Femmes en exil, les réfugiées espagnoles en France 1939-1942

Maëlle Maugendre est historienne. Après avoir travaillé sur le camp du Vernet d’Ariège, elle a consacré sa thèse au devenir des femmes espagnoles réfugiées sur le sol français entre 1939 et 1942. Elle a aussi co-réalisé “A posteriori ”, un film documentaire sur la trajectoire de deux anciens réfugiés espagnols anarchistes en France (dont Emilio Marco). Elle poursuit aujourd’hui ses recherches sur les actions menées par des femmes espagnoles anarchistes dans les années 1920, tout en étant professeure documentaliste dans un collège de Seine-Saint-Denis.

Elles sont entre 75 000 et 95 000 à chercher refuge en France. Des femmes dont on ne parle pas. Des figures subalternes de l’histoire, qui restent dans l’ombre de leurs compagnons d’armes. Des femmes dont les trajectoires et les expériences restent invisibles. Lors de la « Retirada », l’exode antifranquiste au début de l’année 1939, des hommes mais aussi des femmes et des enfants traversent la frontière pyrénéenne pour se réfugier en France. Des centres de triage aux centres d’hébergement disséminés sur tout le territoire, en passant par les camps d’internement pour certaines d’entre elles, les Espagnoles subissent des pratiques coercitives qui les contraignent et les violentent. Mais elles résistent aussi, et de multiples manières! Au croisement de l’histoire des femmes, du genre et des migrations, la conférence de Maëlle Maugendre rend visibles les expériences des femmes espagnoles réfugiées en France de 1939 à 1942. Cette historienne propose une narration au féminin de l’exode sur le sol français pour faire advenir ces femmes comme sujets politiques sur la scène historique. 80 ans après la retirada, il est temps de mettre en lumière la dimension résolument politique de ces femmes en exil.

Communiqué de l’Association pour le Souvenir de l’Exil républicain Espagnol en France ASEREF

Liberté !

La sentence digne des heures les plus sombres du franquisme est tombée ce lundi 14 octobre à Madrid : entre 9 ans et 13 ans de prison pour sédition et désobéissance pour des élus et représentants associatifs catalans. Deux ans après la tenue du referendum jugé illégal par le pouvoir central du 1er octobre 2017. Juste pour avoir décidé de consulter démocratiquement la population.

L’Association pour le Souvenir de l’Exil Républicain Espagnol en France (ASEREF) une fois de plus dénonce l’escalade des nostalgiques du franquisme qui veulent opposer les peuples d’Espagne entre eux. L’attitude du gouvernement espagnol demandant dans cette situation le soutien des partis fidèles à la constitution démontre à quel point cette soi-disant transition démocratique après Franco ne l’a jamais été.

Il faut sortir de ce carcan qui ne vise qu’à étouffer toute velléité de recherche de la vérité historique.

Ce qui se passe aujourd’hui est d’une extrême gravité, Franco et ses crimes jouissent toujours d’une impunité indécente.

Aujourd’hui Il est question d’exhumer Franco de son Mausolée mais c’est une sinistre farce, le franquisme est encore installé en Espagne avec un Roi qui veille sur cet indigne patrimoine et avec des gouvernements qui se succèdent et qui pactisent les uns après les autres avec cette indignité.

Il faut exiger la libération des prisonniers politiques catalans même si on peut ne pas être d’accord avec leurs idées. Nous devons lutter pour qu’ils puissent les exprimer.

ASEREF appelle à participer à toutes les manifestations en France et en Espagne qui exigent leur libération.

Eloi Martinez Président d’ASEREF

14 octobre 2019

 

 

 

ENTERRAR Y CALLAR

« RETIRADA 37 » VOUS INVITE AU DÉBAT SUR LES BÉBÉS VOLÉS

SAMEDI 19 OCTOBRE

De 14 h à 18 h Salle de la Médaille à St Pierre des Corps

Avec la participation de ANNA LOPEZ LUNA

(auteur de)

ENTERRAR Y CALLAR

(Enterrer et Taire)

Le titre d’une gravure de Francisco Goya pour un film qui ouvre sur le paysage inquiétant d’une Espagne.

Car ce qui se révèle ne procède pas seulement d’un passé qui peut être tenu dans une distance qui rassure, mais continue de servir le présent : le vol des nouveaux nés dans les maternités.

Abus de pouvoir médical, contrôle religieux, corruption institutionnalisée, mépris de l’autre :

Ces mots et ces sentiments résonnent d’une parole à l’autre et dévoilent des procédés qui ont été perpétrés pendant la dictature franquiste et qui ont continué dans la démocratie.
Une série d’entretiens recueillie dans toute l’Espagne :

Des mères, pères, enfants, l’un après l’autre, déposent leurs histoires enfouies sous terre.

Alors, la parole, dans l’espace du film, commence à penser et se révolter contre le vide juridique qui les étouffe.

Ce vide toujours actif s’emmêle à une situation de l’Espagne contemporaine: l’impunité des crimes, la corruption de l’état, la spoliation du système social et le durcissement d’une morale sexuelle de droite. Contre l’humiliation sourde, les personnes se tiennent là, fragiles mais pourtant l’une à côté de l’autre dans le cadre de l’écran.

Et c’est par le lien de l’écoute que le film propose l’affrontement du cynisme et de son autorité.