Tous les articles par Eric Sionneau

Le dernier grand trésor photographique de la guerre civile espagnole

Retrouvées dans deux boîtes rouges au fond d’un garage, 5 000 photos cachées du photographe Antoni Campañà, prises durant la guerre civile espagnole, sont dévoilées pour la première fois.

On dit des photographes qui ont couvert la guerre d’Espagne (1936-1939) qu’ils ont été les pionniers du photojournalisme. A l’époque, cette guerre civile enflamme le pays. Elle oppose le camp des républicains espagnols composé de loyalistes à l’égard du gouvernement légalement établi, de communistes, de léninistes, d’anarchistes à celui des nationalistes et rebelles putschistes dirigés par le général Franco. Robert Capa, David Seymour, Gerda Taro ont photographié le conflit. Leurs images ont fait le tour du monde.

On pense alors avoir tout vu de cette guerre avant qu’en 2018, près de Barcelone, lors de la démolition d’une maison ayant appartenu au photographe catalan Antoni Campañà apparaissent, au fond d’un garage, deux boîtes rouges. Elle contiennent plus de 5 000 photos, des négatifs pour la plupart, mais également plusieurs centaines de tirages, le tout réalisé durant les trois années d’affrontements. Selon le quotidien catalan La Vanguardia, il s’agit « du dernier grand trésor photographique de la guerre civile espagnole ».

Mais qui est Antoni Campañà ? Dans le très beau texte d’introduction du livre La boîte rouge (Seuil) qui revient sur cette histoire et a été codirigé par le journaliste Plàcid Garcia-Planas, l’historien Arnau Gonzàlez Vilalta et le photographe David Ramos, la question est posée. « Qui fut Antoni Campañà Bandranas ? Un artiste, un photojournaliste de sport, un reporter de la vie politique et de la guerre, un représentant de commerce pour Leica et Contax, un éditeur de cartes postales ? Ou encore un saxophoniste de l’Iberian Orchestra, qui se produisait dans les années 1930 à Barcelone ? En guise de réponse, on pourrait dire que (…) Campañà fut un parfait homme-orchestre de la photographie. » Fils et petit-fils d’entrepreneurs dans le domaine de la construction, issu d’une famille aisée, Campañà décide très jeune de faire de la photographie sa vie. À douze ans, il vend déjà ses positifs. À quatorze ans, il réalise un reportage « graphique » sur le roi Alphonse XIII, publié dans une revue espagnole. Dès lors, l’appareil photo devient un inséparable compagnon.

Campañà a trente ans quand débute la guerre civile espagnole. Républicain, catalaniste et fervent catholique, le photographe manifestera très peu de prises de position politiques publiques, affirmant simplement être du côté de ceux « qui gouverneront, s’ils me plaisent ». Il adopte en quelque sorte la position d’un diplomate, et cette diplomatie lui permet de photographier les uns et les autres sans distinction : « De la Ligue de Cambò ou la gauche républicaine de Catalogne de Companys de février et mars 1936, puis, quelques mois plus tard, les révolutionnaires anarchistes et les franquistes victorieux, puis les fascistes et les nazis en 1939. »

Ses images, aussi exposées en ce moment au Musée national d’art de Catalogne, dépeignent une réalité tragique pleine de nuances et de contrastes douloureux. Elles sont une découverte incroyable sur la guerre civile espagnole, une véritable fresque allant du coup d’état de Franco, à la « Barcelone soviétique », jusqu’aux portraits des miliciens antifascistes se rendant au front. Campañà observe ce qui l’entoure, se soucie de son prochain et il se rend partout où il peut aller. Il photographie parfois au Leica, parfois au Rolleiflex, tout ce qu’il considère comme important, en particulier des évènements qui l’ont profondément heurté ou marqué : des églises victimes des révolutionnaires iconoclastes aux portraits d’attirants combattants libertaires, des protestations de rues aux conséquences misérables de la guerre.Retour ligne automatique

Car c’est de cela qu’il s’agit dans ces images cachées et retrouvées près de trente ans après la mort du photographe : de l’histoire d’un homme meurtri de voir son pays détruit. « Campañà a photographié la guerre civile espagnole avec amertume et tristesse, cet état d’âme a guidé son refus de diffuser ses photographies », écrit la commissaire d’exposition Marta Gili. Le photographe n’a pourtant pas aimé photographier la pauvreté, comme il l’a confié à ses enfants. Ainsi son fils Antoni se rappelle-t-il que son père « n’a jamais voulu que l’on sache qu’il avait réalisé des images de la guerre ». A qui se destinaient alors ces photos ? Nul ne le sait mais comme il est joliment écrit sur la quatrième couverture du livre La boîte rouge : « Aujourd’hui, par bonheur, elles nous sont offertes. »

Par Sabyl Ghoussoub

P.-S.

Né à Paris en 1988 dans une famille libanaise, Sabyl Ghoussoub est un écrivain, chroniqueur et commissaire d’exposition. Son deuxième roman Beyrouth entre parenthèses est sorti aux éditions de l’Antilope en août 2020.

https://www.blind-magazine.com/fr/stories/1276/Le-Dernier-Grand-Tresor-Photographique-De-La-Guerre-Civile-Espagnole

A posteriori

Regards croisés sur notre compagnon Emilio Marco et François. Emilio est né en 1921 à Falset (Catalogne).Il combattra dans la centurie de Juan Peñalver, cénétiste de Sant Feliu de Llobregat pendant la Guerre d’Espagne. Il passe la frontière en 1939 et sera, comme beaucoup de compagnons, interné dans de nombreux camps. Anti-fasciste convaincu, il s’engagera rapidement dans la Résistance. A la fin de la Seconde guerre mondiale, il s’intégrera petit à petit dans la société française et finira à Saint-Pierre-des-Corps où il militera jusqu’à sa mort le 30 janvier 2013.

Documentaire de Mickaël Foucault et Maëlle Maugendre

Disparition de Colette Flandrin-Dronne

Suite à la disparition de Colette Flandrin-Dronne, Mar y Luz Carino, fille d’un combattant de La Nueve, membre de Retirada 37 – association membre de Caminar – qui connaissait très bien Colette, a souhaité s’exprimer dans un texte que vous trouverez ci-dessous.

Le bureau de Caminar

C’est avec beaucoup d’émotion et une grande tristesse que j’ai appris le décès de Colette Flandrin-Dronne, la fille de celui qui est resté pour toutes et tous le capitaine de La Nueve, son père Raymond Dronne.

Fidèle et infatigable, Colette était toujours présente lors des commémorations ou divers évènements à Paris, Madrid, Ecouché ….

Pour évoquer les hommes de La Nueve, elle s’est toujours investie, en particulier auprès des jeunes, pour transmettre leur mémoire et leur combat.

Elle avait des souvenirs et des anecdotes qui les rendaient vivants.

Bien souvent, elle parlait plus des hommes de La Nueve que de son père, et ainsi elle pense avoir plus appris sur son père grâce à eux, en mettant toujours en avant le lien si particulier qui les unissait.

Elle était de ces personnes dont on pensait qu’elle serait toujours là pour eux.

Comme une évidence, presque toujours ses interventions se concluaient par : « Que voulez-vous, ils étaient ma famille ».

Elle va terriblement manquer aux descendants de cette famille.

Mar y Luz Cariño

A propos du film JOSEP, l’histoire amnésique

Le succès du film « Josep »remet en mémoire occultation de la révolution espagnole, le Poum dont Bartoli était un commissaire ,la propagande ,rouleau compresseur stalinienne.

Le film « Josep » que l’association 24 aout 1944 a présenté le 29 septembre, date de sa sortie sur les écrans en compagnie du réalisateur Aurel, « aux sept parnassiens », et qui a été sélectionné à Cannes, vient de recevoir le « Bayard spécial du jury » au festival de Namur. En quinze jours, il a enregistré 120 000 entrées. Chiffre considérable pour un film d’animation, sur un sujet quasi inconnu du public français : « La RETIRADA », du nom de l’épisode tragique de l’exil en France des républicains espagnols en 1939. Le catalan BARTOLI et ses dessins, reconnu mondialement, disparu en 1995, l’est tout autant, et cette découverte de l’homme, de l’œuvre, et d’une histoire oubliée ou volontairement tue, est le grand mérite d’Aurel et du scénariste de « Marius et jeannette » Jean Louis Milési .

Aurel a voulu, dit-il, partir d’un homme, et de son œuvre pour déboucher sur une page d’Histoire, qu’il ignore qu’il veut connaitre, et qu’ainsi il met au jour.
BARTOLI, dessinateur estimé est aussi un militant révolutionnaire. « LA RETIRADA » telle que nous la restitue Aurel, c’est son histoire, celles des 500 000 républicains espagnols réfugiés en France en janvier-février 1939, celle de la guerre d’Espagne et de la révolution.
Josep BARTOLI, commissaire politique du POUM (parti ouvrier d’unification marxiste) franchit les Pyrénées dans une colonne sous commandement anarchiste. Il fuit comme tous, les armées franquistes mais également parce que révolutionnaire et poumiste, les tueurs de la GPU, comme tous ses camarades de parti et bon nombre des militants « des amis de Durruti, » .Pour cela, il a dû rejoindre et s’y incorporer, l’armée dite régulière du gouvernement Négrin, exigée par Staline. Combattre les fascistes et être à l’abri d’un assassinat des hommes de main de Staline, nécessite de trouver un bataillon dont le commandement leur échappe, lui ce sera celui qui porte le nom du cénétiste, révolutionnaire ASCASO. C’est dans ses rangs qu’il entrera en France.

C’est la RETIRADA pour tous les républicains espagnols, mais leur lutte contre le fascisme n’est pas terminée, pour un grand nombre, ils la reprendront les armes à la main, dans les maquis, l’armée de Leclerc, la légion étrangère ou le

subiront dans les camps de la morts, quand prisonniers des allemands dans l’armée française, ils seront remis aux nazis et déclarés apatrides.

Pour tous, femmes enfants vieillards, ce seront, dès leur arrivée de ce côté des Pyrénées, les camps de concentration du gouvernement Daladier. Cependant qu’en Espagne se multiplient les bagnes, les exécutions, qu’on se prépare à assassiner plus de cent mille « rouges », souvent sans sépulture, comme en témoignent les centaines de fosses qu’on ne cesse encore de découvrir.

LA GUERRE D’ESPAGNE, LA REVOLUTION ? CONNAIT PAS

Pendant des dizaines d’années on a occulté la guerre d’Espagne, d’avantage encore la révolution

*La guerre au cinéma, quelques exceptions notables, « mourir à Madrid », « la guerre est finie »…

*La révolution : il a fallu attendre Ken Loach « Land and freedom », ( terre

et liberté).

*Le sort réservé aux 500 000 exilés, réfugiés en France, l’existence des camps de concentration de la troisième république de Daladier sur les plages et le long des Pyrénées (le camps du Vernet dans « la lie de la terre » d’Arthur Koestler). Au début des années 90, les travaux de Geneviève Dreyfus Armand..

*La retirada, une allusion lors d’hommages tardifs à Antonio Machado…

*La résistance : « le roman des Glières » de Véronique Salou, qui a eu le prix littéraire de la Résistance pour connaitre le rôle des républicains espagnols dans le maquis de Haute Savoie (2007).

L’histoire de la « nueve » composée de républicains espagnols sous le commandement du capitaine Dronne , de l’armée Leclerc , et qui arrive à paris Le 24 aout1944 , émerge peu à peu grâce à l’association « 24 aout 1944 » dont la présidente est Véronique Salou.

*L es 9000 républicains espagnols dont la quasi-totalité appartenant aux compagnies de travailleurs, sous commandement français et qui seront après les accords Pétain, Hitler,Franco déclarés apatrides et déportés à Mauthausen

Grace aux archives de la FEDIP, l’ouvrage en français et en espagnol de Pierre et Véronique Salou « les républicains espagnols dans le camp de concentration nazi de Mauthausen ».

L’HISTORIOGRAPHIE AMNESIQUE

Et puis la chape de plomb sur l’historiographie, qui obéit à la nécessité de ne pas traiter des raisons de la défaite, taire la révolution qui s’est dressée pour faire face au coup d’état fasciste.

Pendant des dizaines d’années les historiens, ont regardé ailleurs, trop avaient un fil à la patte et certains depuis 1936. Le souci qui domine, évacuer la révolution, est tellement partagé .La révolution, les collectivisations spontanées ont été au cœur de la prise de position pendant la guerre de trop de protagonistes, encore puissants. Il s’agit de ne pas en parler, car si par malheur elle avait été déterminante dans l’histoire de ce qu’on préfère appeler une guerre civile.

Il y a ceux qui dès le 19 juillet 1936, l’ont craint puis tuée. Et tout d’abord staline et les républicains de droite qui réussiront à s’imposer grâce à lui avec Négrin, le dernier président du conseil, quand la contre révolution prend le dessus et les responsables du POUM, et de la CNT, éliminés des centres de décisions du pouvoir central.

Et puis les fils spirituels des dirigeants des démocraties occidentales qui ne veulent pas chercher les raisons de la non intervention, socialistes, qui ont fait de Blum une icône, et radicaux ,mais aussi le parti communiste qui préfère qu’on laisse ,ignorée, la position de Staline favorable en 1936 à la non –intervention.

Paradoxalement les amis français de Franco qui présente le pronunciamiento comme une croisade, un sursaut de l’occident chrétien contre Moscou, dans une période où avec la guerre froide, il ne peut y avoir que deux camps, dont les capitales sont Moscou et Washington. Il convient donc de renforcer l’idée, comme dans la propagande franquiste, que les ennemis, les seuls combattants républicains étaient les communistes. Exit le POUM, la confédération nationale du travail (CNT), les anarchistes .Il n’y a jamais eu de révolution en Espagne. Cela convient à tout le monde.

CELA A COMMENCE DES 1937

Des 1937 la propagande stalinienne déroule le rouleau compresseur de sa puissante propagande. avec agents qui travaillent avec le NKVD comme l’envoyé spécial de l’Humanité en Espagne, Georges Soria qui deviendra après-guerre, un historien du mouvement ouvrier et de la Révolution française, au-dessus de tout soupçon. Il est à ce moment en 1937, le complice d’Alexandre Orlow, agent du NKVD (GPU) chargé d’éliminer les communistes anti staliniens ,et qui organisera l’assassinat d’Andreu Nin, le dirigeant du POUM en mai 1937.Il écrit une brochure contre le POUM, si évidemment mensongère qu’on lui préférera , le titre « l’espionnage trotskyste en Espagne. » Mais il faut quand même viser coute que coute le POUM, et il n’hésitera pas dans un des articles de « Ce soir » à l’intituler « le POUM organisation de terrorisme et d’espionnage au service de Franco »

CE SOIR : Staline a demandé à Thorez de produire un journal, grand public. Thorez en confie la direction à Aragon qui s’entoure des meilleures plumes, certaines honnêtes comme Louis Guilloux qui comprenant qu’il s’agit d’un instrument stalinien de propagande, s’en ira, mais discrètement, sans esclandre. Ce soir atteindra les 240000 exemplaires, distillant la vérité vraie, stalinienne aux militants ouvriers et a toute la très grande communauté espagnole, qui n’auront que le son de cloche sur ce qui se passe en Espagne , celui d’Aragon qui sait faire, il le prouvera quand il écrira « les communistes » et qu’ après Thorez qui l’aura traite de flic, il fera de Nizan un traitre. Tous les compagnons de route ne s’appellent pas Guilloux, même quand on est Malraux, tout le monde n’est pas Gide ou Panait Istrati. Les compagnons de route suivent .Il n’y aura donc chaque jour qu’une version officielle. Elle va perdurer des dizaines d’années. Que pourront cénétistes et poumistes après-guerre ?

Faute d’explication, on ne pourra que constater que la communauté espagnole aura intégré cette vérité sur la défaite, qui fait l’affaire de tout le monde « nous oui hélas, les espagnols on n’est bons qu’à se battre entre nous » Bref des immatures.

DONC CONCERNANT LE POUM, IL N’EXISTE PAS

Qui a accès à Orwell, Victor Serge, David Rousset, Daniel Guérin, Dos Passos, Marceau Pivert, Fred Zeller encore moins Benjamin Perret… qui a lu Arthur Koestler, et « la lie d la terre » et « le testament espagnol » décrété agent de l’impérialisme après « le zéro et l’infini » ?

Edgar Morin, après la résistance, attendra comme beaucoup d’autres 1956 Budapest et le rapport Kroutchev, il rencontrera le secrétaire des jeunesses du POUM Wilebaldo Solano dont il deviendra l’ami, pour accéder pleinement à cette histoire que les relais français de Staline, y compris à l’université, comme Soria auront tout fait pour occulter. Il faudra attendre Broué, Temine , leur histoire de la guerre et de la révolution en Espagne.

Le lien très fort entre la culture et la révolution continue à vivre porté comme en Espagne par le monde libertaire. Confiné, interdit d’expression grand public,

Ni lui ni le POUM n’ont d’existence visible. Hommage à la Catalogne d’Orwell devra attendre le film fidèle de Ken Loach « land and freedom ».

Qui connaissait le révolutionnaire du POUM, Bartoli, reconnu du monde des arts, comme l’était TOSQUELLES de celui de la médecine et de la psychiatrie ? Il faut du temps pour se libérer de la chape de plomb.

Tosquelles , est membre du POUM, il est catalan lui aussi de Reus dans la province de Tarragone, à deux pas du Vendrell d’Andreu Nin.

Frances Tosquelles, psychiatre, psychanalyste, est un des inventeurs de la psychanalyse institutionnelle. Membre du BOC, le bloc ouvrier et paysan de MAURIN, il participe à la création du POUM en septembre 1935. Quand en France on accueille les antis fascistes allemands ou d’Europe centrale en les enfermant dans des camps comme celui du Vernet où fut Koestler au début de la guerre, Barcelone en 1936 devient « une petite Vienne » Mais en même temps il combat dans les milices du POUM en Andalousie. Lors de la Retirada lui sera interné au camp de Septfonds en septembre 1939. Plus tard en Lozère, il dirige l’hôpital psychiatrique de San Alban où il développe sa pratique de la lutte contre l’aliénation sociale et les thèses de Lacan. C’est aussi un lieu de résistance. Il contribue à la formation de Frantz Fanon.

Ces hommes Bartoli, Tosquelles allient leur soif de culture et leur idéal révolutionnaire. Et ce n’est pas par hasard que Bartoli se retrouve au Mexique au sein du groupe Frida Kahlo, Rivéra, Vlady, le fils de Victor Serge, qui signe à la place de Trotsky , avec André Breton, « le manifeste pour un art révolutionnaire » . Pourquoi ? Parce que c’est le règne du « réalisme socialiste » entendons, stalinien et que pour reprendre l’expression de Victor Serge « il est minuit dans le siècle ».

Bartoli, Tosquelles, Orwell, Victor Serge, Benjamin Perret (le plus entêté, le plus fidèle, après Breton au surréalisme) .Le plus intransigeant aussi. En désaccord avec la direction du POUM, et de la CNT il préféra se battre et rejoindre la colonne DURRUTI, dans le bataillon « Makhno ».

L’art, la science, l’esprit au service de l’idéal révolutionnaire, on est forcément très loin du franquisme et du stalinisme et après la guerre du ronron social-démocrate qui va couvrir les camps qu’il a ouvert en 1939 d’Argeles ,de Septfonds, d’Agde, du Vernet…

LA REPRESSION CONTRE LE POUM, C’EST AUSSI LA DEFAITE DE LA CNT, LA CONTRE REVOLUTION VOULUE PAR STALINE, SOUHAITEE PAR LES REPUBLICAINS DE DROITE

Orwell ,engagé dans les combats sur le front d’Aragon, dans une colonne du POUM, après sa blessure découvre après les combats qu’ont menés vainement les comités d’ouvriers ,sur les barricades, le 4 mai 1937 pour défendre « la téléfonica » contre les gardes d’assaut gouvernementaux ,les communistes et les membres du PSUC encadrés par les agents de Staline, concrètement le reflux de l’esprit révolutionnaire .Les femmes désormais ne portaient plus de fusils écrit –il dans « hommage à la Catalogne », elle sont redevenues cantinières ou infirmières.

Fred Zeller, un moment secrétaire de Trotsky, et qui deviendra grand maître du Grand Orient écrit « Partout la révolution sociale accompagne la guerre civile. Pour écraser le fascisme, les travailleurs s’emparent des terres, des usines et les font marcher après avoir chassé les capitalistes et face au vieil état bourgeois, construisent leur propre état ouvrier » et il pose la question suivante « Quel était le programme politique de Staline-Négrin pour l’Espagne sinon restaurer la société capitaliste en torpillant la révolution ».

Alors bien sûr, ceux qui ne se plieront pas aux plans de Staline seront pourchassés et exterminés, ceux du POUM, de la CNT, de la FAI. Les comités ouvriers qui se sont spontanément créés dès le 19 juillet1936 doivent être démantelés, les terres et les usines collectivisées restituées dans le respect de la propriété privée.

Cette stratégie était dénoncée dans le journal du POUM, « la Batalla » le 15 novembre 1936 qui résume l’option de Moscou « ce qui intéresse vraiment Staline ce n’est pas le sort du prolétariat espagnol ou international, c’est la défense de son propre pouvoir, suivant la politique des pactes conclus par des états ,face à d’autres états et d’ailleurs le parti communiste espagnol, après avoir proclamé en mars 1936, « qu’il fallait lutter pour un gouvernement ouvrier et paysan, s’appuyant sur les alliances ouvrières et paysannes » En juin 1936déclare que son seul but est « la défense de l’ordre républicain dans le respect de la propriété »

Staline après s’être rallié dans un premier temps à la non-intervention de Paris et de Londres, comprend qu’une telle politique laisse le champs libre aux communistes anti- staliniens du POUM et aux anarchistes, et surtout à la révolution dont il ne veut à aucun prix.

Le PCE, pratiquement inexistant il lui faut démontrer qu’il maitrise le prolétariat espagnol.

L’envoi d’armes en quantité et qualité dérisoire, contre le rapt des neuf dixièmes des réserves d’or espagnol, l’Espagne possède à ce moment-là, la troisième des réserves mondiales, doivent lui procurer la sympathie du camp républicain complétement démuni.

Cette stratégie implique la main mise sur les rouages de l’Etat, et sur les brigades internationales qui se sont formées spontanément et qu’il doit diriger.
Marty entre autre sera à la hauteur de la tâche que contrôlent les agents envoyés par Staline. Il gagnera le surnom « de boucher d’Albacete ».Les talents d’oratrice de la pasionaria permettront de s’approprier une des plus belles des pages de la solidarité ouvrière et démocratique, la lutte héroïque en particulier des brigades dans la défense de Madrid.

Devant la réaction ouvrière et paysanne, les collectivisations, les premiers soviétiques engagés, pourraient espérer « un octobre espagnol »,ils seront perçus au moments ou se multiplient à Moscou ,les procès , comme d’éventuels opposants. Rappelés, ils seront fusillés.

Une politique qui convient à la bourgeoisie républicaine, aux sociaux-démocrates anglais et francais. Marceau Pivert propose à Blum de libérer Abd el Krim, assigné à résidence en France, pour soulever le Maroc espagnol, Blum refuse .David Rousset fait la même proposition au gouvernement espagnol et à Compagnys président de la généralité catalane. C’était la défaite assurée de Franco en le prenant en tenaille .Il reçoit la même réponse. Un tel soulèvement, serait insupportable aux anglais, ce serait un signal pour les colonies.

La stratégie de Staline ne peut que trouver un échos favorable chez la bourgeoise républicaine, prête a s’offrir, c’est ce que fera Négrin qui exigera après les évènement du 4 mai à Barcelone, des magistrats qui hésitent ,la condamnation des dirigeants du POUM, alors que des milliers de ses militants sont au front.

Staline n’a-t-il pas déjà déclaré le 20 mars1937, a la veille de l’attaque de « la téléfonica » et de la persécution des militants du POUM :

« Il faut dire au peuple et au monde entier : le peuple espagnol, n’est pas en état d’accomplir la révolution prolétarienne. La situation intérieure et surtout internationale n’est pas favorable »

Pourtant les collectivisations, au Levant, en Aragon, En catalogne, sur le plan économique, et commercial sont un succès total, productions et échanges sont supérieurs à ceux d’avant-guerre. Partout le pouvoir échappe au contrôle d’un parti ou d’un syndicat institué, partout la démocratie est directe. Dans les milices les officiers sont élus.

A partir de mai 1937, la répression va prendre les formes voulues par les envoyés de Staline. Andreu Nin est enlevé, par les tueurs d’Orlow, .A la question des militants du POUM, placardée sur les murs : « a donde esta Nin », la réponse des agents du Kominterm est « A Salamanca o à Berlin ». La torture doit obtenir que NIN dise qu’il est un agent nazi, selon la pratique employée contre Zinoviev et Kamenew. Pour justifier une répression totale et rapide du POUM.

Les mêmes calomnies qui pourvoient le goulag sont désormais ouvertement à l’œuvre en Espagne.

Quant aux collectivités, elles doivent résister aux assauts des agents gouvernementaux, et des responsables du parti communiste, c’est le cas en Aragon où le général communiste Lister, n’a de cesse de restituer les terres et les fabriques aux anciens propriétaires.

L’aliance Negrin –Staline peut enfin répondre totalement à ce que demandait Santiago Carillo dès janvier 1937 quand le POUM fut écarté du gouvernement de la généralité en Catalogne « les revendications révolutionnaires et socialistes constituent un obstacle pour l’unité de toute la jeunesse, les dirigeants du POUM sont des agents de Franco et de Mola .Il faut s’orienter vers la création d’une alliance nationale de la jeunesse espagnole, sans distinction de classe ni d’opinion.

Lors de la formation du gouvernement Négrin, « le Temps »indique la réelle signification de la chute du socialiste Largo Caballero au profit de Négrin et du bloc stalino-bourgeois : « le gouvernement de Valence (donc officiel) a atteint le point où il doit prendre une décision. Il ne peut plus longtemps demeurer dans l’ambiguïté dans laquelle, il s’est tenu jusqu’ici. Il doit choisir entre la démocratie et la dictature du prolétariat. Entre l’ordre et l’anarchie.

Jean Estivill

bibliographie

Louis Gil: George Orwell, de la guerre civile espagnole à 1984

Ma guerre d’espagne à moi de Mika Etchebehere (seule femme commandant de

milices , elle est du poum)

Antoine Gimenez, collect ,les « gimenologues » , Les fils de la nuit »

Libertalia

ma guerre d’espagne, les brigades internationales ,Sygmund Stein, seuil

(la mainmise sur les brigades par les staliniens et le GPU)

Bien sur G.Orwell qui fut dans les brigades : « hommage à la Catalogne » et le film de Ken Loach qui s’en est inspiré « Land and Freedom » terre et liberté

Pierre Broué et Emile Témine :la révolution et la guerre d’Espagne, 1961 Editions de Minuit

Godicheau ; la guerre d’Espagne : république et révolution en Catalogne

Wilebaldo Solano : Le POUM, Révolution dans la guerre d’Espagne Syllepses

Un témoignage : Guerre, exil et prison d’un anarcho syndicaliste CIPRIANO MERA ,les Coquelicots.

Les mouvements d’émancipation nationale d’ ANDREU NIN Syros

Julien Blanc « le temps des hommes » roman auto biographique ( sur l’engagement de l’immense écrivain, au côté de la république)

Et un formidable roman historique ,meilleure vente, plusieurs mois en Espagne en 2015 de Padura qui dévoile le parcours de Mercader l’assassin de Trotsky ,organisé par le GPU en Espagne des 1936 : « L’homme qui aimait les chiens »

Association 24 aout 1944

https://www.24-aout-1944.org/L-association-24-aout-1944

Les cahiers du CTDEE, centre toulousain de documentation sur l’exil espagnol( treize numéros parus.

Les camps sur la plage,un exil espagnol Geneviève Dreyfus-Armand. Emile Témine .Autrement.

La Nueve

https://fibabc.abc.es/cortos/la-nueve/?ref=http%3A%2F%2Fm.facebook.com%2F

Sinopsis: Manuel se une a la Novena Compañía para salvar a su hija del París ocupado por los nazis. Inspirado en la historia real de la Novena Compañía, formada íntegramente por exiliados españoles, punta de lanza del ejército aliado en la liberación de Europa. www.la9.es

Duración: 13:59 min.

País de Producción: España

Reparto: Emilio Gutiérrez CabaCristina de InzaRamón ÁlvarezSamy Kalil
Guión: Daniel H. Torrado

Música: Carlos López Amor

Productora: Virtual World Pictures / Canary Film Factory

Distribución: Virtual World Pictures

Fecha de Estreno: 2018-10-06

Nacionalidad del director o directores: Español

Le Maquis en Catalogne (1939 – 1963)

De Jaume Serra i Fontelles

Catalogne – 1988

Catalan sous-titré en français

Un documentaire, en sept chapitres, qui traite de l’histoire du mouvement de guérilla antifranquiste en Catalogne, de la fin de la guerre civile jusqu’à sa fin dans les années 1960.

Ch. 1 : L’émergence du Maquis

Le 1er avril 1939, la guerre se termine par la victoire des forces franquistes. Quelques semaines auparavant, environ un demi-million de personnes avaient entamé le chemin de l’exil vers la France.
Mais beaucoup d’entre elles n’ont pas accepté la défaite. Certaines choisissent de continuer à se battre dans la résistance française contre l’occupation nazie, et d’autres s’infiltrent, au sud des Pyrénées, pour rejoindre les maquis catalans, dans les villes ou les campagnes, qui ont été actifs dès 1939.
Ces maquis se sont créés pour se défendre et résister contre une terrible répression qui a frappé toute la Catalogne pendant les premières années du régime franquiste.

Ch. 2 : L’invasion du Val d’Aran

La libération d’une grande partie de la France, à l’été 44, et la retraite des Allemands ont provoqué une euphorie chez les guérilleros et les réfugiés qui ont cru que les jours du franquisme étaient comptés.
C’est alors que la plateforme politique de l’UNE (Union nationale espagnole) du PCE, a commencé à préparer l’opération « Reconquête de l’Espagne » qui consistait à faire passer des Pyrénées basques aux Pyrénées catalanes huit ou dix mille guérilleros. La zone de pénétration la plus importante devait être le Val d’Aran.
De juin à septembre, l’état-major général de la guérilla a envoyé plusieurs groupes de l’autre côté des Pyrénées afin d’explorer le terrain et de savoir si la population était prête à soutenir le soulèvement armé contre le régime de Franco.

Ch. 3 : Essor et défaite du maquis urbain

Domènec Ibars, surnommé “El Rosset”, qui avait lutté en France à la tête de 35 résistants catalans, se trouvait par hasard à Hendaye. Quand il a appris, que ce jour-là aurait lieu la rencontre historique entre le “Caudillo” et le “Führer”, il a décidé de mener la première d’une série d’actions toujours occultées par le régime franquiste : les tentatives d’assassinats du général Franco.
Domènec Ibars, a attendu en vain son partenaire; il n’est jamais arrivé parce qu’il avait été détenu. La station était prise militairement. Déterminé à agir seul, armé de suffisamment d’explosifs pour tuer les deux dictateurs, « El Rosset » s’est dirigé vers la gare d’Hendaye. Malgré le contrôle militaire, il a réussi à passer un point de contrôle et à s’approcher du quai.
Mais il ne pouvait pas aller plus loin. Il a dû faire demi-tour, impuissant. De là où il était, il était impossible d’attaquer.

Chap. 4 : Marcellino Massana

Bien que la guérilla urbaine de Barcelone soit la plus connue, car elle concentrait ses actions sur la ville et ses alentours, il existait une importante activité de guérilla dans de nombreuses régions de Catalogne.
Le groupe du maquis rural le plus connu était celui de Marcel·lí Massana, alias “Pancho” dans le maquis. Dans la région du Bages et surtout du Berguedà et ses alentours, pendant plus de six ans, le groupe de Massana a tenu la dragée haute au régime franquiste.
Né à Berga le 3 octobre 1918, 8 rue du Révérend Huch, Marcel.li Massana était le plus jeune de trois frères. Il a perdu sa mère quand il avait sept jours. À cette époque, sa mère adoptive était Filomena Solé, « La dida », pour laquelle il a toujours eu une grande estime et pour laquelle il a pris le risque de lui rendre visite à de nombreuses reprises à Berga, pendant les années du Maquis.

Chap. 5 : José Luis Facerías

José Luis Facerias, plus connu sous le nom de « Face » ou « Petronio » par ses plus proches amis et compagnons, était, avec Quico Sabater, l’un des principaux représentants de la guérilla urbaine en Catalogne dans les années quarante et cinquante.
Il était physiquement un homme bien bâti, élégant, un vrai « Dandy ».
Homme d’action intrépide, il se distingue par son talent et sa lucidité exceptionnels, devenant l’un des plus compétents organisateurs du maquis libertaire urbain de l’époque. Il occupe bientôt des postes à responsabilité au sein du mouvement libertaire clandestin catalan.
Né à Barcelone le 6 janvier 1920, il adhère, en 1936, au syndicat du bois de la CNT et aux Jeunesses libertaires de Poble Sec (quartier de Barcelone).

Ch. 6 : Quico Sabaté Llopart

Fin décembre 1959, Quico Sabaté, avec quatre autres guérilleros, entame ce qui sera son dernier voyage. Bien qu’il connaisse l’échange d’informations entre les polices espagnole et française. Quico a traversé la frontière par Cuscoià. La Garde civile était stationnée sur tous les passages de la frontière par groupes de trois et de nombreuses patrouilles écumaient continuellement la région.
De 1945 à 1960, les groupes d’action de Quico Sabaté ont participé à de nombreuses actions : transport d’armes d’un côté des Pyrénées à l’autre, attentats politiques, hold-up et autres actes de propagande antifranquiste.

Ch. 7 : Ramón Vila « Caracremada ».

Ramón Vila Capdevila, également connu sous les noms de « Pasos Largos » ( Grands pas), « Caracremada » (Face brûlée) et « Capitaine Raymond » dans la résistance française, était l’un des guérilleros les plus remarquables du maquis catalan.
D’un courage personnel et d’une bravoure extraordinaires, il n’a jamais toléré le fascisme, qu’il a combattu jusqu’à la mort. L’autre chef de la guérilla du Bergadà, Marcelino Massana, a dit de lui : « Ramón était, sans aucun doute, le meilleur d’entre nous ».
C’était un homme grand, avec une grande force physique. Il avait un corps large, un visage énergique, des yeux vifs, un front large avec un air entre sauvage et timide. Il était simple et modeste, avec une grande agilité.
Né dans le petit village de Pequera, dans le Bergadà, en 1908, il était appelé « El Maroto », du nom de la ferme où il vivait.