FRAGMENTS DE MÉMOIRE 6

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Sont reproduits ici les textes qui ont été mis en voix par la Compagnie Cano López le 20 novembre 2015 au Plessis-Théâtres  à  La Riche (Indre-et-Loire).

Nous ne pouvons oublier…

 « Españoles, Franco ha muerto » Arias Navarro l’annonçait ainsi à la Télévision Espagnole le 20 novembre 1975. Les radios, les journaux du monde entier s’en faisaient l’écho.

Dans tous les foyers de Républicains Espagnols exilés la nouvelle fut accueillie comme un grand soulagement, l’anis coulait à flot, l’espoir pouvait enfin renaître. Dans le même message télévisé, celui qui fut ministre de l’intérieur et le dernier président du gouvernement franquiste, présentait aussi le successeur désigné par Franco, le futur roi, Juan Carlos 1er.  Trois chefs d’Etat assistaient à ses obsèques, le Prince Rainier III de Monaco, le roi Hussein de Jordanie et le dictateur chilien Augusto Pinochet, une belle brochette !

Deux jours après, devant les Cortes, le parlement espagnol, dans une cérémonie d’intronisation Juan Carlos prononçait ces mots « Un personnage exceptionnel entre dans l’Histoire. Le nom de Francisco Franco sera dorénavant  une référence dans la vie de l’Espagne et un fait historique qu’il faudra continuer de rappeler  pour comprendre les clefs de notre vie politique contemporaine. Je veux, avec respect et gratitude, évoquer le souvenir de ce personnage qui durant tant d’années à assumer la lourde responsabilité de conduire la direction de l’Etat. Je puiserai dans son souvenir les exigences, nécessaires à l’action et à la loyauté, pour assumer les fonctions au service de la Patrie. Ce sont les peuples grands et nobles qui savent se souvenir de ceux qui ont consacré leur vie au service d’un idéal. L’Espagne ne pourra jamais oublier celui qui comme soldat et Homme d’Etat, a consacré toute sa vie à son service. »

J’ai découvert ce discours, en espagnol, il y a seulement quelques semaines, envoyé par un de mes frères qui écrit un livre sur l’histoire de nos parents. J’ai cherché vainement sur internet une traduction française de ce texte. Rien ! Ces extraits, que je vous ai traduits, aident à mieux comprendre ce qui s’est passé par la suite. Certes pour ceux qui ont connu la période franquiste, et je suis de ceux là, il nous faut reconnaître que Juan Carlos, les différents partis politiques ont réussi à imposer un système démocratique, où les libertés individuelles et collectives ont été respectées, rien à voir avec le franquisme, je suis le premier à le dire. Mais il y a aujourd’hui de grandes remises en cause de ces libertés.

Nous ne pouvons oublier les tentatives de criminalisation de l’activité syndicale, avec la LEY MORDAZA, à forte connotation franquiste,  qui  imposera des amendes de 30.000 euros aux citoyens qui refusent de présenter les documents d’identité à la police, ou encore à ceux manifestant en soutien pour s’opposer aux expulsions de domicile  ou alors à celui qui prendrait et  montrerait sur le web des vidéos de violences policières… voilà le niveau de l’intention de cette loi.

Nous ne pouvons oublier que cette transition démocratique a tenté et continue d’effacer les crimes franquistes. 19 criminels de guerre franquistes devraient être jugés actuellement par le Tribunal de Buenos Aires en Argentine et le gouvernement Rajoy s’oppose à leur extradition, avec la bénédiction du roi Felipe VI, qui n’a pas ouvert la bouche sur cette question… qui ne dit mot, consent.

Nous ne pouvons oublier, Monsieur Felipe VI, que, si vous vous exhibiez à l’inauguration du jardin de la Nueve le 3 juin 2015 à Paris vous faisiez aussi interdire, un an plus tôt, le drapeau de la République espagnole lors de votre proclamation le 19 juin 2014 à Madrid, faisant procéder à plusieurs arrestations pour trouble à l’ordre public, par la seule présence de ces drapeaux, les faisant décrocher des balcons madrilènes. Des associations de Républicains vous l’ont dit haut et fort.

   – Ne pas oublier ! Tel est le maître mot qui a conduit à la création de notre association RETIRADA 37, pour faire vivre toutes les mémoires de ceux qui ont combattu le franquisme.

Merci à Lydie Salvayre, fille de Républicains, qui avec le prix Goncourt « Pas Pleurer » nous a fait revivre de drôles de souvenirs. Merci pour son mail envoyé à ma fille journaliste « Saluez votre père de ma part et dites-lui que tous les enfants de républicains que je rencontre à l’occasion de la sortie de Pas Pleurer me disent tous qu’ils ont toujours le poing serré. » Soyons rassemblés et gardons bien haut le poing serré pour que revive l’Espoir, pour que revive la República. ¡NO PASARAN !                                           

Luis Lopez

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